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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/91

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Elles m’ont abandonné sans défense à un rouge maraudeur,
Elles s’en viennent toutes sur la pointe pour regarder et prêter main forte à l’ennemi.

Je suis livré par des traîtres,
Je parle comme un fou, j’ai perdu la raison, c’est moi et per­sonne d’autre qui suis le plus grand traître,
C’est moi le premier qui suis venu à cette pointe, ce sont mes mains qui m’y ont amené.

Attouchement scélérat ! Que fais-tu ? Mon souffle s’étran­gle dans ma gorge,
Lève tes vannes, tu es trop fort pour moi.

29


Toucher aveugle, toucher d’amour et de lutte, toucher gainé chaperonné aux dents aiguës !
Cela t’a-t-il fait bien mal de me quitter ?

Sur les talons d’une séparation une arrivée, perpétuel paiement d’un perpétuel emprunt,
Pluie qui tombe en riches ondées, et après plus riche la récompense.

Prennent et grossissent les germes, bridés restent vitaux et prolifiques,
Paysages en projet, mâles, grandeur nature et d’or.

30


Toutes vérités sont en attente dans toutes choses,
Elles ne hâtent ni ne retardent leur venue au monde,