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la patricienne

claire, une vague peur de paraître ridicule. Insensiblement, il devint plus maître de lui. Il ne rencontrait jamais Mlle Fininger sans lui adresser un mot aimable, une flatterie discrète. Si ses lèvres se taisaient, ses regards étaient d’autant plus éloquents. Et, afin de ne rien perdre du terrain si laborieusement conquis, il ne montra pas plus d’amour qu’il n’en fallait. Ses déclarations étaient et restaient dans les tons modérés, avec une pointe de chaleur, de passion qui en affinait le goût et en rendait l’effet beaucoup plus sûr.

Naturellement le docteur Almeneur évitait autant que possible son rival. La plupart du temps, il ne quittait pas sa chambre, où Amédée prenait ses leçons tous les jours ; ou bien le maître et l’élève faisaient une excursion de botanique dans les environs. Si le jeune garçon exprimait le désir de s’associer aux jeux des amies de sa sœur, Jean ne l’en empêchait point ni ne cherchait à l’en dissuader. Alors lui, pendant ce temps, souvent des heures longues et traînantes, ouvrait un livre, le premier qui lui tombait sous la main, et en lisait une page, une, deux, trois fois, sans pouvoir dire ce qu’elle contenait.

Les nobles demoiselles prirent enfin congé de Dougaldine. Elles s’en allèrent, qui à la campagne retrouver ses parents, qui à Berne pour se rendre quelques jours après, dans une station balnéaire quelconque.

Jean respira plus librement lorsqu’il vit le landau conduire la joyeuse société à la gare de Thoune. Mais, il se réjouit trop vite de ce départ.

Max de Rosenwelt continua ses visites. Et,