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la patricienne

dans le drame intime, plein de mystère, à une scène duquel il assistait.

Un profond soupir parut soulager la poitrine de l’étrangère. Elle reprit de nouveau :

— N’avez-vous pas dit que vous êtes précepteur dans cette maison de campagne ? Oui, n’est-ce pas ? Dans ce cas, vous savez mieux que moi, car je ne l’ai appris que par ruse ; vous savez que de Rosenwelt vient ici pour faire la cour à une jeune fille, belle et très riche. C’est bien la vérité ! Soyez assez bon !…

— Cette propriété appartient à un M. Fininger, dont l’unique fille passe généralement l’été dans la villa, avec son frère et sa tante.

— Parfaitement ! La personne où je loge m’a aussi donné ce même renseignement. L’intention de Max éclate maintenant à mes yeux. Le but qu’il poursuit, mais cela se devine. Je m’explique cette fois ses nombreuses sorties, tantôt à cheval, tantôt en barque. Et elle ne lui aura sans doute pas résisté. Il est si aimable, si séduisant ; quand il veut, c’est un vrai charmeur. Qui pourrait en parler plus sûrement que moi, pauvre, pauvre infortunée que je suis ? Mais, il faut, il est nécessaire pour son repos, pour son avenir surtout qu’elle soit avertie, qu’elle n’ignore absolument rien de ce qui concerne cet homme.

En m’approchant lentement de ce bord, à vrai dire, je ne songeais pas au sentiment, ou, si vous préférez, au motif qui me poussait irrésistiblement en cet endroit. J’étais, je crois, simplement venue pour observer ; espionner est le mot qui exprime mieux ma pensée. La jalousie m’aveuglait. Et je me disais : je le trouverai certainement là, puisqu’il ne s’est pas