Pensées d’août/Sonnet à madame G.

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Pensée d’aoûtMichel Lévy frères. (p. 225-226).

SONNET

à madame G.[1]


Quæque gerit similes candida turris aves.
Martial.


« Non, je ne suis pas gaie en mes fuites volages,
Autant qu’on croirait bien, disait-elle en jouant ;
Je sens aussi ma peine, et pleurerais souvent ;
Mais c’est que dans l’esprit j’ai beaucoup de passages. »

Mot charmant qui la peint ! — Oui, de légers nuages
Comme en chasse en avril une haleine de vent ;
Des oiseaux de passage au toit d’un vieux couvent :
Au front d’un blanc clocher, de blancs ramiers sauvages !

Ô jeune femme, oubli, joie, enfance et douceur,
Puisse du moins la Vie, ainsi qu’un dur chasseur,
Ne pas guetter sa proie à l’ombre où tu t’abrites,


Ne traverser que tard le chaume de tes blés,
Et, trouvant déjà haut les chantres envolés,
N’ensanglanter jamais tes belles marguerites !


  1. Fille naturelle du duc de Fitz-James.