Pensées d’août/Sonnet à madame G.
Apparence
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Sonnet à Mme G (homonymie).
SONNET
à madame G.[1]
Quæque gerit similes candida turris aves.
Martial.
« Non, je ne suis pas gaie en mes fuites volages,
Autant qu’on croirait bien, disait-elle en jouant ;
Je sens aussi ma peine, et pleurerais souvent ;
Mais c’est que dans l’esprit j’ai beaucoup de passages. »
Mot charmant qui la peint ! — Oui, de légers nuages
Comme en chasse en avril une haleine de vent ;
Des oiseaux de passage au toit d’un vieux couvent :
Au front d’un blanc clocher, de blancs ramiers sauvages !
Ô jeune femme, oubli, joie, enfance et douceur,
Puisse du moins la Vie, ainsi qu’un dur chasseur,
Ne pas guetter sa proie à l’ombre où tu t’abrites,
Ne traverser que tard le chaume de tes blés,
Et, trouvant déjà haut les chantres envolés,
N’ensanglanter jamais tes belles marguerites !
- ↑ Fille naturelle du duc de Fitz-James.