Poésie (Rilke, trad. Betz)/Livre d’heures/Ma vie n’est pas
Apparence
MA VIE N’EST PAS…
Ma vie n’est pas cette heure abrupte
où tu me vois précipité.
Je suis un arbre devant mon décor,
je ne suis qu’une de mes bouches,
celle de toutes qui se clora la première.
Je suis l’intervalle entre les deux notes
qui ne s’accordent l’une et l’autre qu’à grand’peine,
car celle de la mort voudrait monter plus haut…
Mais toutes deux, vibrant durant l’obscure pause,
se sont réconciliées.
Et le chant reste beau.