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{{Lettrine|E}}{{Sc|ntre}} Nietzsche et ce grand philosophe de la conscience morale, il y a d’abord le lien glorieux et fort d’une tradition scolaire : celle de Pforta, en Thuringe, où, à quatre-vingts ans de distance, ils ont tous deux reçu l’initiation classique. |
{{Lettrine|E}}{{Sc|ntre}} Nietzsche et ce grand philosophe de la conscience morale, il y a d’abord le lien glorieux et fort d’une tradition scolaire : celle de Pforta, en Thuringe, où, à quatre-vingts ans de distance, ils ont tous deux reçu l’initiation classique. |
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Personne à Pforta ne peut rester étranger à la pensée du philosophe qui a été la gloire du collège. Nietzsche a sans doute lu peu de chose de Fichte ; mais il l’a lu de bonne heure et l’a profondément médité. Quand il dit, dans ''{{Lang|de|Der Wanderer und sein Schatten}}'' qu’il faut tenir Fichte pour un des pères de cet « adolescent allemand » qui a symbolisé pour lui, depuis, le moralisme le plus naïvement arrogant et inculte, Nietzsche veut dire que sa propre jeunesse a été tyrannisée par l’impérieux idéaliste <ref>''{{Lang|de|Der Wanderer und sein Schatten}}'', § 216 (III, 316).</ref>. Les sarcasmes tardifs qui décrivent les ''{{Lang|de|Reden an die deutsche Nation}}'' comme un « marécage de prétention, de confusion et de teutonisme maniéré » <ref>Carnets de l’''{{Lang|de|Umwertungszeit}}'', § 846 (XIII, 340) ; — ''{{Lang|de|Jenseits}}'', § 244</ref>, ou qui, dans ''{{Lang| |
Personne à Pforta ne peut rester étranger à la pensée du philosophe qui a été la gloire du collège. Nietzsche a sans doute lu peu de chose de Fichte ; mais il l’a lu de bonne heure et l’a profondément médité. Quand il dit, dans ''{{Lang|de|Der Wanderer und sein Schatten}}'' qu’il faut tenir Fichte pour un des pères de cet « adolescent allemand » qui a symbolisé pour lui, depuis, le moralisme le plus naïvement arrogant et inculte, Nietzsche veut dire que sa propre jeunesse a été tyrannisée par l’impérieux idéaliste <ref>''{{Lang|de|Der Wanderer und sein Schatten}}'', § 216 (III, 316).</ref>. Les sarcasmes tardifs qui décrivent les ''{{Lang|de|Reden an die deutsche Nation}}'' comme un « marécage de prétention, de confusion et de teutonisme maniéré » <ref>Carnets de l’''{{Lang|de|Umwertungszeit}}'', § 846 (XIII, 340) ; — ''{{Lang|de|Jenseits}}'', § 244</ref>, ou qui, dans ''{{Lang|de|Jenseits von Gut und Boese}}'' raillent Fichte de ses « mensongères, mais patriotiques flagorneries », attestent l’effort qu’il lui a fallu pour se dégager de la redoutable influence. Dans le plan des conférences ''Ueber die Zukunft unserer {{tiret|Bildungsan|stalten}} |
Version du 10 juillet 2018 à 18:52
ntre Nietzsche et ce grand philosophe de la conscience morale, il y a d’abord le lien glorieux et fort d’une tradition scolaire : celle de Pforta, en Thuringe, où, à quatre-vingts ans de distance, ils ont tous deux reçu l’initiation classique.
Personne à Pforta ne peut rester étranger à la pensée du philosophe qui a été la gloire du collège. Nietzsche a sans doute lu peu de chose de Fichte ; mais il l’a lu de bonne heure et l’a profondément médité. Quand il dit, dans Der Wanderer und sein Schatten qu’il faut tenir Fichte pour un des pères de cet « adolescent allemand » qui a symbolisé pour lui, depuis, le moralisme le plus naïvement arrogant et inculte, Nietzsche veut dire que sa propre jeunesse a été tyrannisée par l’impérieux idéaliste [1]. Les sarcasmes tardifs qui décrivent les Reden an die deutsche Nation comme un « marécage de prétention, de confusion et de teutonisme maniéré » [2], ou qui, dans Jenseits von Gut und Boese raillent Fichte de ses « mensongères, mais patriotiques flagorneries », attestent l’effort qu’il lui a fallu pour se dégager de la redoutable influence. Dans le plan des conférences Ueber die Zukunft unserer Bildungsan-