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En cachette, le soir, j’ai embrassé leur bouche |
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Version du 25 septembre 2016 à 10:08
Je sus le nom des vieux martyrs farouches ;
Et maintes fois, ivre, fervent, pleurant et fou,
En cachette, le soir, j’ai embrassé leur bouche
Orde et rouge, sur limage à deux sous.
J’aurais voulu souffrir l’excès de leur torture,
Crier ma rage aussi et sangloter vers eux,
Les clairs, les exaltés, les dompteurs d’aventure,
Les arracheurs de foudre aux mains de Philippe Deux.
Ou bien encor, c’étaient les communes splendides,
Les révoltes, roulant sur le pavé de Gand,
Chocs après chocs, leurs ouragans ;
C’étaient les tisserands et les foulons sordides,
Mordant les rois comme des chiens ardents,
Et leur laissant aux mains la trace de leurs dents.
C’étaient de grands remous de vie armée
Qui s’apaisaient dans le soleil,
Quand les beffrois sonnaient la joie et le réveil
Sur les foules désopprimées.