Maint vieux parent me répète
Que je mange ce que j’ai.
Je veux à cette sornette
Répondre en homme rangé :
Quand on n’a rien,
Landerirette,
On ne saurait manger son bien.
Faut-il que je m’inquiète
Pour quelques frais superflus ?
Si ma conscience est nette,
Ma bourse l’est encor plus.
Quand on n’a rien,
Landerirette,
On ne saurait manger son bien.
Un gourmand dans son assiette
Fond le bien de ses aïeux ;
Mon hôte à crédit me traite ;
J’ai bonne chère et vin vieux.
Quand on n’a rien,
Landerirette,
On ne saurait manger son bien.
Que Dorval, à la roulette,
À tout son or dise adieu :
J’y joûrais bien en cachette ;
Mais il faudrait mettre au jeu…
Quand on n’a rien,
Landerirette,
On ne saurait manger son bien.
Mondor, pour une coquette,
Se ruine en dons coûteux ;
C’est pour rien que ma Lisette
Me trompe et me rend heureux.
Quand on n’a rien,
Landerirette,
On ne saurait manger son bien.