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compte des voies que la statuaire avait suivies pour aller des conventions et des gaucheries de l’archaïsme jusqu’à l’aisance et à l’ampleur de la perfection classique. Quant aux frises du. temple d’Apollon Épikourios, près de Phigalie, c’était encore le Musée britannique qui s’en assurait la possession [1]. Rapprochées ainsi de celles du Parthénon dont elles étaient presque contemporaines, elles fournissaient un renseignement curieux ; elles montraient ce que l’art des Phidias et des Alcamène devenait hors des capitales, dans ce que nous appellerions la province, ce qu’il gardait et ce qu’il perdait de ses qualités dans des édifices bâtis à moins de frais que ceux des grands centres ; partout dans la composition vous sentez l’habileté consommée et la verve du maître qui en a donné l’esquisse et le modèle ; mais l’exécution, qu’il avait bien fallu abandonner aux artistes du pays, a des inégalités et des faiblesses qui trahissent leur infériorité. Il en est tout autrement des figures dont le ciseau d’Alcamène et celui de Pœonios avaient orné les frontons et les métopes du temple de Jupiter à Olympie. C’est ce qu’indiquaient, au lendemain des fouilles d’Égine et de Phigalie, celles que l’expédition française de Morée avait entreprises sur les bords de l’Alphée et les nobles fragmens de sculpture qu’elle avait rapportés au Louvre ; c’est ce que viennent de démontrer jusqu’à l’évidence les nouvelles recherches que l’Allemagne a commencées en 1875 sur ce terrain, après une interruption d’un demi-siècle. Statues et bas-reliefs, toute la décoration du temple d’Olympie pouvait presque rivaliser avec celle des monumens de l’Acropole d’Athènes ; cependant elle s’en distinguait dans certaines parties par les hardiesses et les singularités d’un style tout personnel. A chaque nouvel ensemble monumental que l’on découvrait, on comprenait mieux, non sans quelque surprise, combien l’art grec des beaux temps avait toujours été libre et varié ; nulle part on n’y trouvait cette uniformité que chez d’autres peuples répandent parfois sur toutes les œuvres d’une même époque la prépotence d’un maître trop admiré ou la tyrannie d’une école et l’étroitesse de ses formules.

Ce que faisaient connaître ces fouilles mémorables et bien d’autres encore qu’il serait trop long d’énumérer, ce n’était pas seulement la période la plus féconde et la plus originale de la statuaire grecque, c’était encore l’art auquel la sculpture était si intimement associée dans ces beaux ensembles que reconstituaient pièce à

  1. Ce fut cette même société qui fouilla en 1812 les décombres du temple de Bassæ et qui en tira toute une frise que le Musée de Londres acquit en 1815.