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Œuvres d’histoire naturelle de Goethe/Histoire des travaux anatomiques de l’auteur

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Martins.
A. Cherbuliez et Cie (p. 94-113).

HISTOIRE
DES
TRAVAUX ANATOMIQUES
DE L’AUTEUR.

(1820.)

I.

Origine de mon goût pour l’anatomie. — Collections de l’Université d’Iéna. — Travaux théoriques et pratiques.

Le muséum de Weimar fut fondé par le duc Guillaume-Ernest en 1700 ; il contenait, entre autres choses curieuses, des objets d’histoire naturelle fort rares. Le merveilleux est souvent le premier attrait qui nous attire vers la science ; et à cette époque, le goût pour la zoologie fut éveillé surtout par la vue d’animaux bizarres et monstrueux. C’est à ce goût que nous devons la fondation de notre musée ostéologique, où se trouve plus d’un squelette remarquable.

Ces objets furent peu à peu apportés dans le centre de l’Europe ; cinquante ans auparavant, on ne faisait des collections que dans les pays maritimes, où, après s’être gorgé d’or, d’épices et d’ivoire, on se mit à rassembler, d’une manière bien incomplète et bien confuse il est vrai, des objets d’histoire naturelle exotique.

Nous possédons un crâne d’éléphant adulte bien conservé, avec la mâchoire inférieure et quelques défenses isolées.

Nous avons aussi les vertèbres cervicales d’une baleine, soudées entre elles, et ses omoplates énormes sur lesquels on avait peint des vaisseaux pour faire ressortir leurs dimensions colossales. De plus, deux côtes et la mâchoire inférieure tout entière ; celle-ci a une longueur de vingt-deux pieds. On peut d’après cela se faire une idée de la grandeur de l’animal.

On n’avait pas manqué non plus d’acquérir de grandes carapaces de tortues ; puis l’attention s’était dirigée sur des parties dont les anomalies et les déformations sont d’autant plus frappantes que nous les avons habituellement sous les yeux. Par exemple, des cornes d’antilope de toute espèce et de toute grandeur ; les cornes longues, pointues et dirigées en avant du bison américain, que nous avions appris à connaître par les récits du capitaine Thomas Williamson sur les chasses qui se font dans les Indes. Tout cela, plus un crocodile et un boa, fut apporté à Iéna, et devint le commencement d’une collection considérable. Elle s’augmenta peu à peu, parce qu’on se procura des squelettes d’animaux domestiques et sauvages, ainsi que ceux des bêtes fauves du pays. L’habileté du conservateur Dürrbaum, qui aimait à s’occuper de ces travaux, favorisait l’accroissement du musée.

Après avoir perdu les collections de Loder qui furent transportées à Moscou, on prit des mesures pour fonder dans le même local un Museum durable. Il fut commencé grâce aux soins de MM. Ackermann et Fuchs, qui surent mettre à profit l’habileté du prosecteur Homburg, et faire faire simultanément des préparations d’anatomie comparée et d’anatomie humaine.

Jusqu’ici tous les os d’animaux étrangers ou indigènes avaient été placés à côté des animaux empaillés ou conservés dans l’alcool ; leur nombre s’accroissant considérablement, il fallut disposer une nouvelle salle, qui maintenant est encore devenue trop petite : car la bienveillance du duc de Saxe-Weimar accordait à cet établissement les cadavres de tous les chevaux de ses haras, remarquables par la beauté de leurs formes, et ceux des animaux rares ou importants qui mouraient dans les fermes ducales. On achetait de même tous les animaux qui mouraient dans les ménageries ambulantes, quelquefois on les faisait venir de fort loin. C’est ainsi que, par un froid rigoureux, un tigre qui avait succombé à Nürenberg, arriva, gelé, par la poste ; son squelette et sa peau empaillée sont encore aujourd’hui l’ornement de notre musée.

Le séjour que le duc fit à Vienne dans ces derniers temps devint une source d’accroissement pour notre établissement et pour beaucoup d’autres. Le directeur de Schreibers encourageait nos projets, et cet ami, à la fois éclairé, complaisant et actif, nous procura plusieurs animaux que nous désirions vivement posséder. Nous lui sommes redevables des squelettes du castor, du chamois, du kangourou, de l’autruche, du héron ; il y joignit les appareils auditifs de plusieurs oiseaux que l’on prépare admirablement à Vienne, le squelette, désarticulé et complet jusque dans ses plus petites parties, d’un lézard et d’une tortue, enfin des préparations isolées sans nombre, et toutes importantes et instructives.

Ces collections étaient utilisées dans les cours d’anatomie humaine ; il s’ensuivit naturellement qu’on fit plus d’attention à la zootomie, qui prenait un développement de plus en plus remarquable. Je ne négligeais pas moi-même de réunir des préparations et des cas intéressants. Je sciais et fendais des os et des crânes dans tous les sens afin d’obtenir des lumières prévues ou imprévues sur la structure intime des os.

Mais la véritable utilité des collections publiques et de la mienne commença le jour où, cédant au vœu général, le gouvernement décida la création d’une école vétérinaire pour répondre à un besoin qui se faisait vivement sentir. Le professeur Renner fut appelé à la diriger, et entra en fonction avant que l’école fût complétement organisée. C’est avec plaisir que je vis mes préparations, qui pourrissaient dans la poussière, devenir utiles en ressuscitant pour ainsi dire, et mes premiers essais servir aux commencements d’un établissement si important. Ce fut la juste récompense d’un travail persévérant quoique souvent interrompu, car tout labeur sérieux et consciencieux finit par avoir son but et son résultat, quand même on ne les aperçoit pas de prime abord. Chaque peine est elle-même un résultat vivant qui nous fait avancer à notre insu, et devient utile sans que nous l’ayons prévu.

Pour finir l’histoire de tous ces établissements variés qui réagissaient l’un sur l’autre, j’ajouterai qu’on construisit tous les bâtiments nécessaires à l’école vétérinaire sur le Heinrichsberg. Un jeune prosecteur, appelé Schroeder, s’était formé sous la direction du conseiller Fuchs ; et, par ses soins assidus, on admire maintenant sur le Heinrichsberg un cabinet zootomique où l’on peut voir tous les appareils organiques dans leurs rapports avec le squelette. Les préparations principales, destinées à l’instruction des élèves, sont exécutées avec le plus grand soin.

Il existe donc à Iéna trois musées, qui, s’étant élevés successivement et un peu au hasard, n’ont pas chacun en particulier de spécialité bien distincte. Ils empiètent l’un sur l’autre de façon que les professeurs et les conservateurs peuvent, suivant les besoins, s’aider et se communiquer les objets nécessaires. Cependant, un de ces musées est spécialement consacré à l’anatomie humaine, l’autre à l’ostéologie comparée (tous deux sont dans l’enceinte du château ducal) ; le troisième, qui appartient à l’école vétérinaire, renferme les squelettes des animaux domestiques, et des préparations de leurs muscles, de leurs artères, de leurs veines, de leurs nerfs et de leurs vaisseaux lymphatiques.

II.

Pourquoi le Mémoire sur l’os intermaxillaire a paru d’abord sans être accompagné de dessins.

Lorsque je commençai, vers l’année 1780, à m’occuper beaucoup d’anatomie, sous la direction du professeur Loder, l’idée de la métamorphose des plantes n’avait pas encore germé dans mon esprit ; mais je travaillais à l’établissement d’un type ostéologique, et il me fallait, par conséquent, admettre que toutes les parties de l’animal, prises ensemble ou isolément, doivent se trouver dans tous les animaux ; car l’anatomie comparée dont on s’occupe depuis si long-temps ne repose que sur cette idée. Il se trouva que l’on voulait alors différencier l’homme du singe, en admettant chez le second un os intermaxillaire dont on niait l’existence dans l’espèce humaine. Mais cet os ayant surtout cela de remarquable qu’il porte les dents incisives, je ne pouvais comprendre comment l’homme aurait eu des dents de cette espèce sans posséder en même temps l’os dans lequel elles sont enchâssées. J’en recherchai donc les traces, et il ne me fut pas difficile de les trouver, puisqu’il est borné en arrière par les conduits naso-palatins, et que les sutures qui en partent indiquent très bien une séparation de la mâchoire supérieure. Loder parle de cette observation dans son Manuel anatomique, 1787, p. 89, et l’auteur de la découverte en fut très enorgueilli. On fit des dessins pour prouver ce que l’on voulait démontrer ; on rédigea une petite dissertation qu’on traduisit en latin pour la communiquer à Camper. Le format et l’écriture étaient si convenables, que le grand homme en fut frappé. Il loua l’exécution avec beaucoup d’amabilité, mais n’en soutint pas moins comme auparavant que l’homme n’avait pas d’os intermaxillaire.

Un écolier profane qui ose contredire les maîtres de la science, et (ce qui est encore plus extravagant) prétend les convaincre, fait preuve d’une ignorance complète des allures du monde et d’une naïveté toute juvénile. Une expérience de plusieurs années m’a rendu plus sage, et m’a appris que les phrases que l’on répète sans cesse finissent par devenir des convictions, et ossifient les organes de l’intelligence. Cependant il est bon de ne pas faire ces observations trop tôt ; sans cela l’amour du vrai et de l’indépendance qui caractérise la jeunesse est paralysé par le chagrin. Je trouvai bien étonnant néanmoins que les maîtres de la science persistassent dans ces locutions, en même temps que tous les anatomistes contemporains s’accommodaient de cette profession de foi.

C’est un devoir pour nous de rappeler le souvenir d’un jeune peintre plein de mérite appelé Waiz ; il était habile dans ce genre de travaux, et continuait à faire des esquisses et des dessins achevés ; car mon projet était de publier une série de dissertations sur des points intéressants d’anatomie, accompagnées de planches exécutées avec soin. L’os en question devait être représenté dans une série continue, depuis son plus grand état de simplicité et de faiblesse jusqu’à son plus haut degré de développement en concision et en force, et jusqu’à ce qu’il se dissimule enfin dans la plus noble de toutes les créatures, l’homme, de peur de trahir en lui la voracité de la bête.

Je dirai tout à l’heure ce que ces dessins sont devenus ; comme je voulais passer du simple au composé, du faible au fort, je choisis d’abord le chevreuil, où l’os est faible, en forme d’étrier et dépourvu de dents ; puis on passait au bœuf, où il se fortifie, s’aplatit et s’élargit. Dans le chameau, il était remarquable par son ambiguïté ; d’une forme plus décidée dans le cheval dont les incisives sont caractérisées, la canine petite. Celle-ci est grosse et forte dans le cochon, monstrueuse dans le Sus babirussa, et cependant l’intermaxillaire maintient toujours ses droits ; saillant et gros dans le lion, portant six dents puissantes ; plus obtus dans l’ours, plus avancé dans le loup. Le morse ressemble à l’homme par son angle facial très ouvert ; le singe se rapproche encore plus de nous, quoique certaines espèces s’en éloignent beaucoup. Enfin l’on arrive à l’homme, chez lequel on ne saurait, après tout ce qui vient d’être dit, méconnaître sa présence. Ces dessins ont été faits pour rendre le coup d’œil et la compréhension plus faciles, de manière à faire voir l’os sous toutes les faces, par en haut, par en bas et latéralement ; ils ont été ombrés avec soin. On les a placés depuis, encadrés et sous verre, dans le muséum de Iéna où ils sont exposés à la curiosité du public. Les esquisses des intermaxillaires qui manquaient à la collection étaient déjà faites. Je m’étais procuré d’autres squelettes ; mais la mort du jeune artiste qui s’était voué à ces travaux et d’autres incidents m’empêchèrent de terminer l’ouvrage, d’autant plus que l’opposition continuelle à laquelle j’étais en butte m’ôta le courage de parler sans cesse à des sourds d’une chose si claire et si palpable.

Je recommanderai spécialement à l’attention des amis de la science, quatre dessins qui font partie de ceux du muséum de Iéna, et qui ont été exécutés d’après un jeune éléphant mort à Cassel, et dont Sœmmering eut la bonté de me communiquer le crâne : sur ce jeune sujet que l’hiver avait tué, on voit très bien, d’un côté du moins, les traces de presque toutes les sutures. Les dessins du crâne sont tous réduits de la même quantité et représentent les quatre faces, de manière qu’on peut se faire une idée des connexions de l’ensemble dans lequel l’os intermaxillaire, en particulier, joue un grand rôle. Il contourne véritablement la canine, et l’on conçoit très bien qu’un examen superficiel ait pu faire croire que les défenses étaient enchâssées dans l’os intermaxillaire. Mais la nature, qui jamais ne se départ de ses grandes maximes, surtout dans les cas importants, entoura la racine de la canine d’une lamelle étroite partant du maxillaire supérieur, afin de défendre ces bases organiques contre les empiétements de l’intermaxillaire.

Pour compléter le parallèle, on fit dessiner le crâne d’un éléphant adulte que possédait le muséum, et on fut frappé de voir que dans le jeune sujet la mâchoire supérieure et l’intermaxillaire font une saillie en forme de bec, et que la tête tout entière paraît allongée, tandis qu’elle se laisse circonscrire très bien dans un carré chez l’individu arrivé à l’âge adulte.

Ce qui prouve l’importance que j’attachais à ces travaux, c’est que deux de ces dessins furent gravés avec soin en petit in-folio par Lips pour être joints à la dissertation. On en tira plusieurs épreuves qui furent distribuées à quelques amis scientifiques. D’après cela, on nous pardonnera si la première édition de cet opuscule a été publiée sans planches, surtout si l’on se rappelle que ce n’est que depuis cette époque que l’anatomie comparée est devenue populaire. À peine existe-t-il maintenant un amateur qui ne puisse consulter, dans les collections publiques ou dans la sienne propre, toutes les préparations dont il sera question ici. À défaut des objets en nature, on peut faire usage de la crâniologie de Spix où la description et les figures mettent le fait hors de doute.

C’est page 19 que cet auteur déclare positivement et sans détour qu’on ne saurait nier la présence d’un os intermaxillaire chez l’homme ; dans tous les dessins de têtes d’hommes ou d’animaux, cet os est désigné par le numéro 13. Cette question serait définitivement résolue maintenant, si l’esprit de contradiction, inhérent à notre nature, n’avait su trouver, non pas dans le fait lui-même, mais dans les mots et le point de vue sous lequel on l’envisage, des arguments pour nier la vérité la plus évidente. La manière de présenter la chose est déjà un motif d’opposition ; l’un finit où l’autre commence ; où l’un distingue, l’autre confond ; et le lecteur embarrassé se demande si tous les deux, par hasard, n’auraient pas également raison. Il faut aussi remarquer que, dans le cours de cette discussion, des hommes de poids se sont demandé si cette question valait la peine qu’on y revînt sans cesse ; nous dirons franchement qu’une opposition directe nous paraît préférable à cette fin de non-recevoir, qui nie l’intérêt qui s’attache à un sujet, et tue le désir de se livrer à des recherches scientifiques.

Cependant je ne manquai pas d’encouragements. Dans son Ostéologie publiée en 1791, mon ami Sœmmering s’exprime ainsi : « L’essai plein de génie de Goethe, qui date de 1785, et dans lequel il prouve par l’anatomie comparée que l’homme possède un os intermaxillaire, aurait mérité d’être publié avec les planches pleines de vérité qui l’accompagnent. »

III.

Des descriptions détaillées écrites, et de ce qui en résulte.

Le crayon et la plume devaient concourir tous deux à l’exécution de mon travail, car la parole et le dessin rivalisent dans la description des objets d’histoire naturelle. On se servait du modèle rapporté p. 81, pour décrire l’intermaxillaire dans toutes ses parties et dans l’ordre indiqué, quel que fût l’animal sur lequel on l’observait. Il en résulta des masses de papier dont on ne put faire usage pour une description saisissable et compréhensible.

Persistant dans mon projet, je considérai ces travaux comme préparatoires, et me mis à les utiliser pour faire des descriptions exactes, mais rédigées dans un style coulant et moins aride.

Ma constance ne me conduisit pas au but ; ces recherches, souvent interrompues, ne me faisaient pas voir clairement comment je terminerais un travail dont l’intérêt et l’importance m’avaient d’abord si vivement frappé. Dix ans et plus s’étaient écoulés lorsque mes relations avec Schiller me tirèrent de cet ossuaire scientifique pour me transporter dans le jardin fleuri de la vie. Ma participation à ses travaux et aux Heures[1] en particulier, à l’Almanach des Muses, mes plans dramatiques, mes compositions originales telles que Hermann et Dorothée, Achilléis, Benvenuto Cellini ; un projet de retourner en Italie, et enfin, un voyage en Suisse, m’éloignèrent de ces travaux ; la poussière s’accumula sur les papiers, la moisissure envahit les préparations anatomiques, et je ne cessai de souhaiter qu’un de mes jeunes amis entreprît de les ressusciter. Cet espoir eût été rempli si les auteurs contemporains, au lieu de s’entr’aider, n’étaient pas amenés le plus souvent, par des circonstances ou des travers personnels, à travailler les uns contre les autres.

IV.

Écho tardif et hostile vers la fin du siècle.

Gotthelf Fischer, jeune homme qui avait fait ses preuves en anatomie, publia en 1800 un mémoire sur les différentes formes de l’intermaxillaire dans les divers animaux ; page 17, il parle de mon travail en disant : « L’essai ingénieux de Goethe sur l’ostéologie, dans lequel il soutient que l’homme possède un intermaxillaire comme les autres animaux, ne m’est pas connu, et je regrette bien vivement de n’avoir pas pu admirer ses beaux dessins sur ce sujet. Il serait bien à souhaiter que cet observateur plein de sagacité fit connaître au monde savant ses ingénieuses idées sur l’organisation animale, et les principes philosophiques sur lesquels il se fonde. »

Si ce savant laborieux, instruit par le bruit public, s’était mis en rapport avec moi, il se serait pénétré de mes convictions. Je lui aurais cédé volontiers mes manuscrits, mes dessins, mes planches, et l’affaire eût été dès lors terminée ; tandis qu’il s’écoula encore plusieurs années avant qu’une utile vérité fût généralement reconnue.

V.

Élaboration ultérieure du type animal.

Mes travaux consciencieux et persévérants sur la métamorphose des plantes, continués pendant l’année 1790, m’avaient heureusement dévoilé de nouveaux points de vue sur l’organisation animale. Tous mes efforts se tournèrent de ce côté ; j’observais, je pensais, je classais sans relâche, et les objets devenaient de plus en plus clairs à mes yeux. Le psychologiste comprendra, sans que je sois obligé d’ajouter de nouveaux détails, qu’un besoin de produire me soutenait dans les efforts que je faisais pour résoudre ce problème difficile. Mon esprit s’exerçait sur un sujet des plus élevés, en ce qu’il cherchait à approfondir et à analyser la valeur intime des êtres vivants. Mais un semblable travail est nécessairement sans résultat si l’on ne s’y livre pas tout entier.

Comme je m’étais engagé dans ces régions de mon plein gré et dans un but spécial, j’étais obligé de voir par mes propres yeux, et je m’aperçus bientôt que les hommes les plus éminents dans le métier pouvaient bien se détourner quelquefois, par conviction, de la route battue, mais qu’ils ne la quittaient jamais complétement pour entrer dans une voie nouvelle, parce qu’ils trouvaient plus commode, pour eux et pour les autres, de suivre le grand chemin, et d’aborder des rives déjà connues. Je fis encore d’autres remarques singulières, savoir : qu’on se plaisait généralement dans le difficile et le merveilleux, espérant qu’il en sortirait quelque découverte remarquable.

Quant à moi, je persistai dans mon projet, je continuai ma route en cherchant à utiliser tous les moyens qui s’offraient à moi pour séparer et distinguer ; moyens qui avancent considérablement le travail si l’on sait s’arrêter à temps et faire des rapprochements opportuns. Je ne pouvais suivre la méthode des anciens, tels que Gallien et Vésale ; car en quoi l’intelligence des sujets peut-elle devenir plus parfaite si l’on désigne par des chiffres des parties osseuses, unies ou séparées l’une de l’autre, et considérées arbitrairement comme des unités ? Quelle vue générale en peut-il résulter ? Il est vrai qu’on était revenu peu à peu de cette mauvaise manière, mais on ne l’avait pas abandonnée à dessein et par principe ; ainsi l’on réunissait toujours des parties soudées, à la vérité, mais qui n’étaient pas les parties d’un même tout ; et l’on rapprochait de nouveau avec une persévérance singulière, ce que le temps, qui toujours amène le triomphe de la raison, avait déjà séparé depuis long-temps.

Ainsi donc, quand je comparais entre eux des organes identiques dans leur nature intime, mais différents en apparence, j’avais toujours présente à l’esprit cette idée, que l’on doit chercher à déterminer la destination d’un organe en lui-même, et ses rapports avec l’ensemble ; reconnaître les droits de chaque organe isolé, sans méconnaître son influence sur le tout ; double point de vue duquel résultent la nécessité, l’utilité et la convenance de l’être vivant.

On se rappelle combien la démonstration du sphénoïde était autrefois difficile. On ne pouvait en saisir les formes compliquées, ni se fixer dans la mémoire cette terminologie embrouillée ; mais du jour où l’on eut compris qu’il était composé de deux os différant peu l’un de l’autre, tout se simplifia et s’anima pour ainsi dire.

Lorsqu’on démontrait ensemble les organes de l’ouïe et les os qui les entourent, la confusion devenait telle que l’on était conduit naturellement à se rappeler la séparation qui a lieu chez beaucoup d’animaux ; et l’on considérait comme étant séparé et devant être séparé en trois parties, l’os que l’on envisageait auparavant comme un tout unique.

Je regardai la mâchoire inférieure comme tout-à-fait distincte du crâne et comme appartenant aux organes appendiculaires ; je l’assimilai donc aux extrémités antérieures et postérieures. Quoique dans les mammifères elle ne se compose que de deux parties, sa forme, sa courbure, son union avec le crâne, les dents qui s’y développent, tout me fit penser qu’elle était la réunion de plusieurs os formant par leur ensemble un instrument dont le mécanisme est si admirable. Je me confirmai dans cette hypothèse par l’anatomie d’un jeune crocodile où chaque moitié de la mâchoire se composait de cinq portions osseuses enchâssées les unes dans les autres, ou chevauchant les unes sur les autres ; le tout se compose donc de dix parties. C’était pour moi une occupation aussi agréable qu’instructive de rechercher les traces de ces divisions dans les mammifères, et de les marquer sur des mâchoires, de manière à matérialiser aux yeux du corps ce que je croyais avoir découvert avec les yeux de l’esprit, et ce que l’imagination la plus hardie était à peine en état de saisir et de comprendre.

Chaque jour j’embrassais la nature d’un regard plus ferme et plus étendu ; je devenais en même temps plus capable de prendre une part sincère à tout ce qui se faisait de nouveau dans cette branche de la science, et m’élevais peu à peu à un point de vue d’où je pouvais juger, sous le rapport scientifique et philosophique, les travaux qu’engendrait le génie humain dans cette région du savoir.

J’avais employé beaucoup de temps à ces études, lorsqu’en 1795 les frères de Humboldt, qui souvent m’avaient servi de guides, comme deux météores brillants, sur le chemin de la science, firent un séjour assez long à Iéna. Les pensées dont ma tête était pleine débordèrent malgré moi ; je parlai si souvent de mon type, que, lassé de tant d’insistance, on me dit à la fin avec quelque impatience, qu’il fallait rédiger par écrit ce qui était si vivant dans mon esprit, mon intelligence et mon souvenir. Heureusement j’avais alors sous la main un jeune homme, ami de ce genre d’étude et appelé Maximilien Jacobi ; je lui dictai ma dissertation (voy. p. 23), telle qu’on la trouve dans ce recueil ; cette méthode est restée, à peu de chose près, la base de mes études, quoiqu’elle ait subi à la longue plus d’une modification. Le discours sur les trois premiers chapitres, p. 61, est plus achevé. La majeure partie de ce qu’il contient est maintenant sans intérêt pour les adeptes ; mais il ne faut pas oublier qu’il y a toujours des commençants pour lesquels d’anciens éléments sont bien assez nouveaux.

VI.

De la méthode à suivre pour établir une comparaison réelle entre diverses parties isolées.

Pour multiplier, faciliter et faire saillir les points de comparaison qui peuvent être établis dans un champ aussi vaste, je plaçai différentes parties animales les unes à côté des autres, mais toujours dans un ordre différent. Ainsi je rangeai les vertèbres cervicales en allant de la plus longue à la plus courte, ce qui rendit évidente à mes yeux la loi de leurs différences. Il y avait loin de la girafe à la baleine ; mais je ne m’égarai pas, parce que j’avais placé les jalons les plus importants pour indiquer la route. Quand je n’avais pas les os eux-mêmes, j’y suppléais par des dessins ; Merk ayant donné une excellente figure de la girafe qui existait alors à La Haye.

Le bras et la main furent étudiés à partir du point où ils sont de simples colonnes de sustentation, des appuis aptes à exécuter seulement les mouvements les plus indispensables, jusqu’à celui où, dans les animaux supérieurs, on voit paraître les mouvements, si dignes d’admiration, de la pronation et de la supination.

Je procédai de même à l’égard des jambes et des pieds, qui peuvent n’être que de simples appuis immobiles ou bien se métamorphoser en ressorts déliés, ou permettre une comparaison avec les bras pour la forme et les fonctions. L’allongement graduel des membres antérieurs considéré comparativement à leur plus grand état de raccourcissement, devait, en partant du phoque pour arriver au singe, satisfaire en même temps l’œil et l’intelligence ; quelques uns de ces parallèles sont achevés, d’autres préparés, d’autres détruits ou perdus. Peut-être nos vœux seront-ils accomplis sous l’influence de l’astre favorable qui régit la science ; de semblables comparaisons sont faciles à faire aujourd’hui que chaque muséum possède des pièces incomplètes que l’on peut employer avantageusement à cet usage.

La comparaison de l’os ethmoïde, qui acquiert tout son développement et sa plus grande largeur dans le Dasypus, et se trouve réduit à presque rien par l’agrandissement extraordinaire des cavités de l’œil qui anéantit l’espace interorbitaire du singe, a donné lieu aux considérations les plus importantes.

Comme je voulais ranger systématiquement les observations déjà faites ou à faire sur ces différents sujets, afin que ces collections fussent sous la main et plus faciles à trouver et à classer, j’avais imaginé un tableau qui m’accompagnait dans mes voyages et sur lequel j’indiquais les observations qui venaient en confirmation ou en opposition avec mes idées, afin d’avoir une vue d’ensemble, et de préparer ainsi la rédaction d’un tableau général. Le modèle ci-joint donnera une idée de mon procédé ; je livre ces observations telles qu’elles ont été faites sur les lieux, sans les revoir ni garantir leur exactitude.

À cette occasion, je dois témoigner ma reconnaissance aux directeurs du cabinet d’histoire naturelle de Dresde ; ils m’ont fourni toutes les facilités imaginables pour remplir les lacunes de mon tableau. Auparavant j’avais tiré parti des fossiles réunis par Merk qui font partie maintenant du muséum de Darmstadt. La belle collection de Sœmmering a éclairci plus d’une question ; et, à l’aide de mon tableau, j’ai pu noter bien des particularités intéressantes, remplir plus d’un vide et rectifier plus d’une idée. La riche collection de M. Froriep n’arriva malheureusement à Weimar qu’à une époque où, devenu totalement étranger à ce genre de travaux, j’ai été forcé de dire un éternel adieu à des études qui m’avaient été si chères.

VII.

Peut-on déduire les os du crâne de ceux des vertèbres, et expliquer ainsi leurs formes et leurs fonctions ?

Passons maintenant à une question dont la solution aurait une grande influence sur tout ce que nous venons de dire. Nous avons tant parlé de formation et de transformation, qu’on est en droit de se demander si l’on peut déduire les os du crâne de la vertèbre, et reconnaître la forme primitive malgré des changements si importants et si complets. J’avouerai avec plaisir que depuis trente ans je suis convaincu de cette affinité secrète, et que j’ai toujours continué à l’étudier. Mais un semblable aperçu, une telle idée, représentation, intuition, ou comme on voudra l’appeler, conserve toujours, quoi qu’on fasse, une singulière propriété. On peut la formuler en général, mais non pas la prouver ; on peut la démontrer en détail, sans rien produire de complet et d’achevé. Deux personnes qui se seraient toutes deux pénétrées de cette idée ne seraient pas d’accord sur son application dans les détails ; il y a plus, nous prétendons que l’observateur isolé, l’ami paisible de la nature, n’est pas toujours d’accord avec lui-même ; et, d’un jour à l’autre, ce sujet est clair ou obscur à ses yeux suivant que ses forces intellectuelles sont plus ou moins actives, plus ou moins énergiques.

Je vais rendre mon idée plus intelligible par une comparaison. J’avais, il y a quelque temps, pris plaisir à la lecture de manuscrits du quinzième siècle qui sont pleins d’abréviations. Quoique je ne me sois jamais appliqué à déchiffrer des manuscrits, cependant je me mis avec passion à l’ouvrage, et, à mon grand étonnement je lus sans hésiter des caractères inconnus qui auraient dû être des énigmes pour moi. Mon plaisir dura peu ; lorsqu’au bout de quelque temps je voulus reprendre ce travail interrompu, je m’aperçus que je chercherais en vain à accomplir, à force de travail et d’attention, une tâche que j’avais commencée avec amour et intelligence, avec lucidité et indépendance, et je résolus d’attendre le retour de ces heureuses et fugitives inspirations.

Si nous trouvons de telles différences dans la facilité que nous éprouvons à déchiffrer de vieux parchemins dont les lettres sont invariablement fixées, combien la difficulté ne doit-elle pas s’accroître lorsque nous voulons deviner les secrets de la nature qui, toujours mobile, dérobe à nos yeux le mystère de la vie qu’elle nous prête. Tantôt elle indique par des abréviations, ce qui eût été compréhensible écrit en toutes lettres, tantôt elle cause un ennui insupportable par de longues séries d’écriture courante ; elle dévoile ce qu’elle cachait, et cache ce qu’elle vient de dévoiler à l’instant. Quel homme peut se vanter d’être doué de cette sagacité sagement mesurée, de cette assurance modeste qui sait la rendre traitable en tout lieu et en toute occasion ? Mais si, avec un problème de cette nature dont la solution résiste à tout secours étranger, on se produit dans un monde agité et occupé de lui-même, on aura beau le faire avec une audace mesurée, raisonnée, ingénieuse et réservée tout à la fois ; on sera reçu avec froideur, repoussé peut-être, et l’on sentira qu’une création aussi délicate, aussi intellectuelle, n’est pas à sa place dans ce tourbillon. Une idée nouvelle ou renouvelée, simple et grande, peut bien faire quelque impression ; cependant elle n’est jamais continuée et développée dans sa pureté primitive. L’auteur de la découverte et ses amis, les maîtres et les disciples, les élèves entre eux, sans parler des adversaires, embrouillent la question en se disputant, se perdent dans des discussions oiseuses, et tout cela, parce que chacun veut adapter l’idée à son esprit et à sa tête, et qu’il est plus flatteur d’être original en se trompant que de reconnaître, en admettant une vérité, le pouvoir d’une intelligence supérieure.

Celui qui pendant le cours d’une longue existence a suivi cette marche du monde et de la science, celui qui a observé autour de lui et médité l’histoire, celui-là connaît tous ces obstacles ; il sait pourquoi une vérité profonde est si difficile à propager, et on lui pardonnera s’il refuse de se lancer dans un dédale de contrariétés.

Je répéterai donc en peu de mots quelle est ma conviction depuis longues années. C’est que la tête des mammifères se compose de six vertèbres, trois pour la partie postérieure, enfermant le trésor cérébral et les terminaisons de la vie divisées en rameaux ténus qu’il envoie à l’intérieur et à la surface de l’ensemble. Trois composent la partie antérieure qui s’ouvre en présence du monde extérieur qu’elle saisit, qu’elle embrasse et qu’elle comprend.

Les trois premières sont admises ; ce sont :

L’occipital.
Le sphénoïde postérieur.
Le sphénoïde antérieur.

Les trois dernières ne sont pas encore admises ; ce sont :

L’os palatin.
La mâchoire supérieure.
L’os intermaxillaire.

Si l’un des hommes éminents qui s’occupent avec ardeur de ce sujet, prend quelque intérêt à ce simple énoncé du problème, et qu’il y ajoute quelques figures pour indiquer par des signes et des chiffres les relations mutuelles et les affinités secrètes de ces os ; la publicité entraînera forcément les esprits dans cette direction, et nous donnerons peut-être un jour nous-même quelques notes sur la manière de considérer et de traiter ces questions. Il faut, afin de les rendre compréhensibles, en faire jaillir ces résultats pratiques qui font apprécier et reconnaître par tout le monde la grandeur et la portée d’une idée (7).


MODÈLE
D’UN
TABLEAU SYNOPTIQUE
PROPRE À ENREGISTRER MÉTHODIQUEMENT LES OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES.

VERTÈBRES. LION. CASTOR. DROMADAIRE.
Leur caractère général. Observations générales. Très arrêtées dans leurs formes. Leurs différentes divisions sont très évidentes et très marquées. Leurs gradations insensibles quoique nettement indiquées. Formes peu arrêtées et mal proportionnées, comme le corps de l’animal lui-même. Les vertèbres dorsales sont ramassées et serrées ; celles du cou longues comme les autres extrémités de l’animal.
Du cou.
1.
Atlas.
Masses latérales très grosses. Cavités glénoïdales profondes. Peu développé. Petit proportionnellement, processus latéraux étroits, bien proportionnés.
2.
Axis
Apophyse épineuse saillante. Processus latéraux pointus, étroits et dirigés en arrière. Toutes deux grandes proportionnellement. Extraordinairement long.
3e, Indication d’apophyses transverses ; elles existent à partir de la troisième vertèbre, en ce que les processus latéraux sont munis en bas et en avant d’un appendice aplati. Cet appendice est surtout marqué à la sixième vertèbre et se perd vers la septième, dont le processus latéral est dévié de côté. Toutes les apophyses épineuses des quatre dernières vertèbres cervicales sont déviées de côté. L’apophyse épineuse est soudée avec le tubercule postérieur de l’axis. Les 3e, 4e et 5e diminuent en longueur et augmentent en force ; point d’apophyses épineuses, mais des tubercules rugueux servant d’insertion à des muscles ; arrondis à la 5e, les processus latéraux antérieurs sont longs, dirigés en bas, d’abord pointus. Ils deviennent plus larges à leur partie inférieure, descendent enfin au-dessous des processus latéraux postérieurs, et forment l’apophyse ailée de la sixième qui est très remarquable. Cet os est court et fort, il a une apophyse large et comme pectinée. La septième vertèbre est plus petite, elle a une apophyse lamellaire.
4e,
5e,
6e,
7e.
Les quatre dernières sont faibles, les apophyses épineuses spongieuses.
Du dos
jusqu’au milieu.
Onze. Les quatre premières apophyses épineuses sont verticales, les six suivantes dirigées en arrière ; la onzième verticale. La seconde est la plus saillante ; la onzième petite ; ce qui fait que le dos se termine par une courbe gracieuse. Onze. Les quatre premières apophyses épineuses sont petites et courbées en avant ; les neuf suivantes de même hauteur, la onzième déjà plate comme celles des lombes. Le milieu n’est pas caractérisé ; après la dixième ou onzième, le corps des vertèbres devient très petit, les apophyses épineuses très grandes. La quatrième est la plus saillante, de là la présence d’une bosse. Les processus épineux ont des épiphyses séparées et spongieuses.
Des lombes. Neuf. Deux sont munies de côtes. Les lames sont dirigées en avant ainsi que les apophyses transverses. Toutes les deux augmentent de volume dans de belles proportions, comme les vertèbres elles-mêmes, surtout vers leur partie postérieure. Huit. Trois portent des côtes. Les lames et les apophyses transverses ne suivent pas une belle gradation successive. Huit ou neuf. Leurs rapports avec les côtes sont peu évidents ; les lames surbaissées, les apophyses transverses très grandes, le corps petit.
Du bassin. Trois, peut-être deux seulement, soudées, étroites et petites ; la dernière a des apophyses transverses qui se continuent en arrière. Quatre, avec des apophyses perpendiculaires, qui sont probablement toutes soudées ensemble supérieurement ; dans l’individu que j’ai sous les yeux, les deux premières sont cassées. Quatre soudées entre elles.
De la queue. Quatre à cinq avec des apophyses transverses, dirigées en arrière sans apophyse verticale ; treize à quatorze prenant une apparence phalangoïde, puis devenant de vraies phalanges. La dernière phalangette est soudée avec l’avant-dernière. Onze. Dans cet individu, qui est incomplet, elles sont munies d’apophyses transverses très grandes, qui diminuent en arrière : les cinq ou six premières ont des apophyses épineuses verticales, les autres en portent la trace. Quinze. Passant naturellement et peu à peu par toutes sortes de formes et avec leurs nombreuses épiphyses à l’état de phalanges. Dans le chameau c’est la même chose ; mais dans le dromadaire les caractères et la physionomie du genre, résultant de son allure et de ses qualités, sont plus prononcés.
Du sternum. Huit ; longues, étroites, semblent des os poreux ou du moins peu solides. Épiphyses cartilagineuses inférieurement. La longueur et l’étroitesse diminuent de haut en bas. Cinq. Chacune d’une forme différente ; la première en forme de poignée, la seconde et la troisième phalangoïdes ; la quatrième a inférieurement de larges apophyses ; la cinquième se termine en appendice xyploïde, et laisse entrevoir la forme qu’elle a dans l’homme. Cinq à six. La supérieure pointue, plus large en bas ; appendices latéraux osseux qui vont au-devant des cartilages et des côtes.
  1. Die Horen, journal littéraire que Goethe et Schiller publièrent en commun.