Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6440

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 368-369).

6440. — À M. THIERIOT.
Ferney, 31 juillet.

J’ai reçu votre lettre du 17 juillet, mon ancien ami, et vous devez en avoir reçu une[1] de moi du 26. Je souhaite que le paquet que vous me destinez soit un peu gros ; il n’y a qu’à l’envoyer par la diligence de Lyon à Meyrin : tout arrive sûrement par cette voie, presque aussi promptement que par la poste. Je croyais qu’on vous avait envoyé les trois volumes des Mélanges[2] ; je vais tout à l’heure recommander au libraire de vous les faire parvenir sans délai. Le livre de Fréret est autre chose que cette Lettre de Thrasybule[3]. C’est un assez gros volume in-8o, imprimé en Allemagne depuis quelques mois ; il est intitulé Examen critique des Apologistes[4]. On dit que c’est un excellent livre, plein de recherches curieuses et de raisonnements vigoureux ; les connaisseurs en font un très-grand cas. Je vous serai très-obligé de me faire avoir la critique de Thomas[5], la Cacomonade[6] et l’Histoire des Jésuites. J’ai le mémoire des sept avocats[7] : il ne me parait pas si intéressant que les extraits[8] que vous enverrez sans doute à votre correspondant : surtout gardez-vous de nommer celui qui a fait tenir ces extraits. La personne dont vous vous plaignez[9] est inébranlable dans la fermeté de ses sentiments, et met dans l’amitié une chaleur toujours active. Elle aura peut-être été effarouchée d’un peu de tiédeur ou de mollesse qu’on vous reproche quelquefois, et de cette insensibilité apparente qui vous fait oublier vos amis pendant plusieurs mois ; mais il faut pardonner à vos maladies. Nous prenons toujours les eaux en Suisse avec Mlle Corneille. Je crois vous avoir mandé[10] que votre correspondant a donné cinq cents francs aux Sirven. Je m’étais trompé, c’est cent écus d’Allemagne ; mais c’est toujours un bienfait honorable dont ils doivent être reconnaissants. Je vous souhaite une meilleure santé qu’à moi, et je vous embrasse de tout mon cœur. J’aimerai toujours mon ancien ami.

  1. C’est la lettre 6432.
  2. Voyez page 214.
  3. Voyez page 89.
  4. Voyez une note sur la lettre 6306.
  5. Examen d’un discours de M. Thomas qui a pour titre : Éloge de Louis, dauphin de France ; Paris, Dehansy, 1766, in-8o de iv et 64 pages.
  6. Ouvrage de Linguet, dont, il est parlé dans l’avertissement de Beuchot du tome XXI, page xii. L’Histoire impartiale des jésuites est du même auteur.
  7. Il y en avait huit ; voyez lettre 6410.
  8. Voyez les lettres 6415 et 6430.
  9. Voltaire lui-même.
  10. Lettre 6432.