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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8280

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8280. — À M. DE MAUPEOU,
chancelier de france.
À Ferney, 8 mai.

Monseigneur, sera-t-il permis à un vieillard inutile d’oser vous présenter un jeune avocat[1] dont la famille exerce cette fonction honorable depuis plus de deux cents ans dans la Franche-Comté ? Il est un de vos plus grands admirateurs, et très-capable de servir utilement.

La cause dont il s’est chargé, et que M. Chéry[2] poursuit au conseil de Sa Majesté, est digne assurément d’être jugée par vous. Il s’agit de savoir si douze ou quinze mille Francs-Comtois auront le bonheur d’être sujets du roi, ou esclaves des chanoines de Saint-Claude. Ils produisent leurs titres, qui les mettent au rang des autres Français ; les chanoines n’ont pour eux qu’une usurpation clairement démontrée.

Il est à croire, monseigneur, que parmi les services que vous rendez au roi et à la France en réformant les lois, on comptera l’abolition de la servitude, et que tous les sujets du roi vous devront la jouissance des droits que la nature leur donne. Je respecte trop vos grands travaux pour abuser plus longtemps de votre patience. Souffrez que je joigne à mon admiration le profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Christin ; voyez lettre 8196.
  2. Voyez lettre 8198.