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De l’esprit des lois (éd. Nourse)/Livre 24

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De l’esprit des lois (éd. Nourse)
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Nourse (tome 2p. 75-99).


LIVRE XXIV.

Des loix, dans le rapport qu’elles ont avec la religion établie dans chaque pays, considérée dans ses pratiques, & en elle-même.


CHAPITRE PREMIER.

Des religions en général.


COMME on peut juger parmi les ténebres celles qui sont les moins épaisses, & parmi les abymes ceux qui sont les moins profonds ; ainsi l’on peut chercher, entre les religions fausses, celles qui sont les plus conformes au bien de la société ; celles qui, quoiqu’elles n’aient pas l’effet de mener les hommes aux félicités de l’autre vie, peuvent le plus contribuer à leur bonheur dans celle-ci.

Je n’examinerai donc les diverses religions du monde, que par rapport au bien que l’on en tire dans l’état civil ; soit que je parle de celle qui a sa racine dans le ciel, ou bien de celles qui ont la leur sur la terre.

Comme, dans cet ouvrage, je ne suis point théologien, mais écrivain politique, il pourroit y avoir des choses qui ne seroient entiérement vraies que dans une façon de penser humaine, n’ayant point été considérées dans le rapport avec des vérités plus sublimes.

A l’égard de la vraie religion, il ne faudra que très-peu d’équité pour voir que je n’ai jamais prétendu faire céder ses intérêts aux intérêts politiques, mais les unir : or, pour les unir, il faut les connoître.

La religion chrétienne, qui ordonne aux hommes de s’aimer, veut sans doute que chaque peuple ait les meilleures loix politiques & les meilleures loix civiles ; parce qu’elles sont, après elle, le plus grand bien que les hommes puissent donner & recevoir.


CHAPITRE II.

Paradoxe de Bayle.


M. Bayle a prétendu prouver qu’il valoit mieux être athée qu’idolâtre[1] ; c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’il est moins dangereux de n’avoir point du tout de religion, que d’en avoir une mauvaise. "J’aimerois mieux, dit-il, que l’on dît de moi que je n’existe pas, que si l’on disoit que je suis un méchant homme." Ce n’est qu’un sophisme, fondé sur ce qu’il n’est d’aucune utilité au genre humain que l’on croie qu’un certain homme existe ; au lieu qu’il est très-utile que l’on croie que dieu est. De l’idée qu’il n’est pas, suit l’idée de notre indépendance ; ou, si nous ne pouvons pas avoir cette idée, celle de notre révolte. Dire que la religion n’est pas un motif réprimant, parce qu’elle ne réprime pas toujours, c’est dire que les loix civiles ne sont pas un motif réprimant non plus. C’est mal raisonner contre la religion, de rassembler, dans un grand ouvrage, une longue énumération des maux qu’elle a produits, si l’on ne fait de même celle des biens qu’elle a faits. Si je voulois raconter tous les maux qu’ont produit dans le monde les loix civiles, la monarchie, le gouvernement républicain, je dirois des choses effroyables. Quand il seroit inutile que les sujets eussent une religion, il ne le seroit pas que les princes en eussent, & qu’ils blanchissent d’écume le seul frein que ceux qui ne craignent point les loix humaines puissent avoir.

Un prince qui aime la religion, & qui la craint, est un lion qui cede à la main qui le flatte, ou à la voix qui l’appaise : celui qui craint la religion, & qui la hait, est comme les bêtes sauvages qui mordent la chaîne qui les empêche de se jetter fur ceux qui passent : celui qui n’a point du tout de religion, est cet animal terrible qui ne sent sa liberté que lorsqu’il déchire & qu’il dévore.

La question n’est pas de sçavoir s’il vaudroit mieux qu’un certain homme ou qu’un certain peuple n’eût point de religion, que d’abuser de celle qu’il a ; mais de sçavoir quel est le moindre mal, que l’on abuse quelque-fois de la religion, ou qu’il n’y en ait point du tout parmi les hommes.

Pour diminuer l’horreur de l’athéisme, on charge trop l’idolâtrie. Il n’est pas vrai que, quand les anciens élevoient des autels à quelque vice, cela signifiât qu’ils aimassent ce vice : cela signifioit, au contraire, qu’ils le haïssoient. Quand les Lacédémoniens érigèrent une chapelle à la Peur, cela ne signifioit pas que cette nation belliqueuse lui demandât de s’emparer, dans les combats, des cœurs des Lacédémoniens. Il y avoit des divinités à qui on demandoit de ne pas inspirer le crime ; & d’autres à qui on demandoit de le détourner.


CHAPITRE III.

Que le gouvernement modéré convient mieux à la religion chrétienne, & le gouvernement despotique à la mahométane.


LA religion chrétienne est éloignée du pur despotisme : c’est que la douceur étant si recommandée dans l’évangile, elle s’oppose à la colère despotique avec laquelle le prince se feroit justice, & exerceroit ses cruautés.

Cette religion défendant la pluralité des femmes, les princes y font moins renfermés, moins séparés de leurs sujets, & par conséquent plus hommes ; ils sont plus disposés à se faire des loix, & plus capables de sentir qu’ils ne peuvent pas tout.

Pendant que les princes mahométans donnent sans cesse la mort, ou la reçoivent ; la religion, chez les chrétiens, rend les princes moins timides, & par conséquent moins cruels. Le prince compte sur ses sujets, & les sujets sur le prince. Chose admirable ; la religion chrétienne, qui ne semble avoir d’autre objet que la félicité de l’autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci.

C’est la religion chrétienne qui, malgré la grandeur de l’empire & le vice du climat, a empêché le despotisme de s’établir en Ethiopie, & a porté au milieu de l’Afrique les mœurs de l’Europe & ses loix.

Le prince héritier d’Ethiopie jouit d’une principauté, & donne aux autres sujets l’exemple de l’amour & de l’obéissance. Tout près de-là, on voit le mahométisme faire enfermer les enfans du roi de Sennar : à sa mort, le conseil les envoie égorger, en faveur de celui qui monte sur le trône[2].

Que, d’un côté, l’on se mette devant les yeux les massacres continuels des rois & des chefs Grecs & Romains ; &, de l’autre, la destruction des peuples & des villes, par ces mêmes chefs ; Thimur & Gengis-kan, qui ont dévasté l’Asie ; & nous verrons que nous devons au christianisme, & dans le gouvernement un certain droit politique, & dans la guerre un certain droit des gens, que la nature humaine ne sçauroit assez reconnoître.

C’est ce droit des gens qui fait que, parmi nous, la victoire laisse aux peuples vaincus ces grandes choses, la vie, la liberté, les loix, les biens, & toujours la religion, lorsqu’on ne s’aveugle pas soi-même.

On peut dire que les peuples de l’Europe ne sont pas aujourd’hui plus désunis que ne l’étoient, dans l’empire Romain devenu despotique & militaire, les peuples & les armées, ou que ne l’étoient les armées entre elles : d’un côté, les armées se faisoient la guerre ; &, de l’autre, on leur donnoit le pillage des villes, & le partage ou la confiscation des terres.


CHAPITRE IV.

Conséquences du caractere de la religion chrétienne, & de celui de la religion mahométane.


SUR le caractere de la religion chrétienne & celui de la mahométane, on doit, sans autre examen, embrasser l’une & rejetter l’autre : car il nous est bien plus évident qu’une religion doit adoucir les mœurs des hommes, qu’il ne l’est qu’une religion soit vraie.

C’est un malheur pour la nature humaine, lorsque la religion est donnée par un conquérant. La religion mahométane, qui ne parle que de glaive, agit encore sur les hommes avec cet esprit destructeur qui l’a fondée.

L’histoire de Sabbacon[3], un des rois pasteurs, est admirable. Le dieu de Thebes lui apparut en songe, & lui ordonna de faire mourir tous les prêtres d’Egypte. Il jugea que les dieux n’avoient plus pour agréable qu’il régnât, puisqu’ils ordonnoient des choses si contraires à leur volonté ordinaire ; & il se retira en Ethiopie.


CHAPITRE V.

Que la religion catholique convient mieux à une monarchie, & que la protestante s’accommode mieux d’une république.


LORSQU’UNE religion naît & se forme dans un état, elle suit ordinairement le plan du gouvernement où elle est établie : car les hommes qui la reçoivent, & ceux qui la font recevoir, n’ont gueres d’autres idées de police que celle de l’état dans lequel ils sont nés.

Quand la religion chrétienne souffrit, il y a deux siecles, ce malheureux partage qui la divisa en catholique & en protestante, les peuples du nord embrasserent la protestante, & ceux du midi garderent la catholique.

C’est que les peuples du nord ont & auront toujours un esprit d’indépendance & de liberté, que n’ont pas les peuples du midi ; & qu’une religion qui n’a point de chef visible, convient mieux à l’indépendance du climat, que celle qui en a un.

Dans les pays même où la religion protestante s’établit, les révolutions se firent sur le plan de l’état politique. Luther ayant pour lui de grands princes n’auroit gueres pu leur faire goûter une autorité ecclésiastique qui n’auroit point eu de prééminence extérieure ; & Calvin ayant pour lui des peuples qui vivoient dans des républiques, ou des bourgeois obscurcis dans des monarchies, pouvoit fort bien ne pas établir des prééminences & des dignités.

Chacune de ces deux religions pouvoit se croire la plus parfaite : la calviniste se jugeant plus conforme à ce que Jesus-Christ avoit dit, & la luthérienne à ce que les apôtres avoient fait.


CHAPITRE VI.

Autre paradoxe de Bayle.


M. BAYLE, après avoir insulté toutes les religions flétrit la religion chrétienne : il ose avancer que de véritables chrétiens ne formeroient pas un état qui pût subsister. Pourquoi non ? Ce seroient des citoyens infiniment éclairés sur leurs devoirs, & qui auroient un très-grand zèle pour les remplir ; ils sentiroient très-bien les droits de la défense naturelle ; plus ils croiroient devoir à la religion, plus ils penseroient devoir à la patrie. Les principes du christianisme, bien gravés dans le cœur, seroient infiniment plus forts que ce faux honneur des monarchies, ces vertus humaines des républiques, & cette crainte servile des états despotiques.

Il est étonnant qu’on puisse imputer à ce grand homme d’avoir méconnu l’esprit de sa propre religion ; qu’il n’ait pas sçu distinguer les ordres pour l’établissement du christianisme d’avec le christianisme même, ni les préceptes de l’évangile d’avec ses conseils. Lorsque le législateur, au lieu de donner des loix, a donné des conseils, c’est qu’il a vu que ses conseils, s’ils étoient ordonnés comme des loix, seroient contraires à l’esprit de ses loix.


CHAPITRE VII.

Des loix de perfection dans la religion.


LES loix humaines, faites pour parler à l’esprit, doivent donner des préceptes, & point des conseils : la religion, faite pour parler au cœur, doit donner beaucoup de conseils, & peu de préceptes.

Quand, par exemple, elle donne des regles, non pas pour le bien, mais pour le meilleur ; non pas pour ce qui est bon, mais pour ce qui est parfait ; il est convenable que ce soient des conseils, & non pas des loix : car la perfection ne regarde pas l’universalité des hommes ni des choses. De plus, si ce sont des loix, il en faudra une infinité d’autres pour faire observer les premières. Le célibat fut un conseil du christianisme : lorsqu’on en fit une loi pour un certain ordre de gens, il en fallut chaque jour de nouvelles pour réduire les hommes à l’observation de celle-ci[4]. Le législateur se fatigua, il fatigua la société, pour faire exécuter aux hommes par précepte, ce que ceux qui aiment la perfection auroient exécuté comme conseil.


CHAPITRE VIII.

De l’accord des loix de la morale avec celles de la religion.


DANS un pays où l’on a le malheur d’avoir une religion que dieu n’a pas donnée, il est toujours nécessaire qu’elle s’accorde avec la morale ; parce que la religion, même fausse, est le meilleur garant que les hommes puissent avoir de la probité des hommes.

Les points principaux de la religion de ceux de Pégu, sont de ne point tuer, de ne point voler, d’éviter l’impudicité, de ne faire aucun déplaisir à son prochain, de lui faire au contraire tout le bien qu’on peut[5]. Avec cela ils croient qu’on se sauvera, dans quelque religion que ce soit ; ce qui fait que ces peuples, quoique fiers & pauvres, ont de la douceur & de la compassion pour les malheureux.


CHAPITRE IX.

Des Esséens.


LES Esséens[6] faisoient vœu d’observer la justice envers les hommes ; de ne faire de mal à personne, même pour obéir ; de haïr les injustes ; de garder la foi à tout le monde ; de commander avec modestie ; de prendre toujours le parti de la vérité ; de fuir tout gain illicite.


CHAPITRE X.

De la secte stoïque.


LES diverses sectes de philosophie, chez les anciens, pouvoient être considérées comme des especes de religion. Il n’y en a jamais eu dont les principes fussent plus dignes de l’homme, & plus propres à former des gens de bien, que celle des Stoïciens ; &, si je pouvois un moment cesser de penser que je suis chrétien, je ne pourrois m’empêcher de mettre la destruction de la secte de Zénon au nombre des malheurs du genre humain.

Elle n’outroit que les choses dans lesquelles il y a de la grandeur, le mépris des plaisirs & de la douleur.

Elle seule sçavoit faire les citoyens ; elle seule faisoit les grands hommes ; elle seule faisoit les grands empereurs.

Faites, pour un moment, abstraction des vérités révélées ; cherchez dans toute la nature, & vous n’y trouverez pas de plus grand objet que les Antonin. Julien même, Julien (un suffrage ainsi arraché ne me rendra point complice de son apostasie); non, il n’y a point eu après lui de prince plus digne de gouverner les hommes.

Pendant que les Stoïciens regardoient comme une chose vaine les richesses, les grandeurs humaines, la douleur, les chagrins, les plaisirs ; ils n’étoient occupés qu’à travailler au bonheur des hommes, à exercer les devoirs de la société : il sembloit qu’ils regardassent cet esprit sacré, qu’ils croyoient être en eux-mêmes, comme une espece de providence favorable qui veilloit sur le genre humain.

Nés pour la société , ils croyoient tous que leur destin étoit de travailler pour elle : d’autant moins à charge, que leurs récompenses étoient toutes dans eux-mêmes ; qu’heureux par leur philosophie seule, il sembloit que le seul bonheur des autres pût augmenter le leur.


CHAPITRE XI.

De la contemplation.


LES hommes étant faits pour se conserver, pour se nourrir, pour se vêtir, & faire toutes les actions de la société, la religion ne doit pas leur donner une vie trop contemplative[7].

Les Mahométans deviennent spéculatifs par habitude ; ils prient cinq fois le jour, & chaque fois il faut qu’ils fassent un acte, par lequel ils jettent derriere leur dos tout ce qui appartient à ce monde : cela les forme à la spéculation. Ajoutez à cela cette indifférence pour toutes choses, que donne le dogme d’un destin rigide.

Si, d’ailleurs, d’autres causes concourent à leur inspirer le détachement ; comme si la dureté du gouvernement, si les loix concernant la propriété des terres, donnent un esprit précaire ; tout est perdu.

La religion des Guebres rendit autrefois le royaume de Perse florissant ; elle corrigea les mauvais effets du despotisme : la religion mahométane détruit aujourd’hui ce même empire.


CHAPITRE XII.

Des pénitences.


IL est bon que les pénitences soient jointes avec l’idée de travail, non avec l’idée d’oisiveté ; avec l’idée du bien, non avec l’idée de l’extraordinaire ; avec l’idée de frugalité, non avec l’idée d’avarice.


CHAPITRE XIII.

Des crimes inexpiables.


IL paroît, par un passage des livres des pontifes, rapporté par Cicéron[8], qu’il y avoit, chez les Romains, des crimes inexpiables[9]; & c’est là-dessus que Zozyme fonde le récit si propre à envénimer les motifs de la conversion de Constantin ; & Julien, cette raillerie amere qu’il fait de cette même conversion dans ses Césars.

La religion païenne, qui ne défendoit que quelques crimes grossiers, qui arrêtoit la main & abandonnoit le cœur, pouvoit avoir des crimes inexpiables : mais une religion qui enveloppe toutes les passions ; qui n’est pas plus jalouse des actions que des desirs & des pensées ; qui ne nous tient point attachés par quelques chaînes, mais par un nombre innombrable de fils ; qui laisse derrière elle la justice humaine, & commence une autre justice ; qui est faite pour mener sans cesse du repentir à l’amour, & de l’amour au repentir ; qui met entre le juge & le criminel un grand médiateur, entre le juste & le médiateur un grand juge ; une telle religion ne doit point avoir de crimes inexpiables. Mais, quoiqu’elle donne des craintes & des espérances à tous, elle fait assez sentir que, s’il n’y a point de crime qui, par sa nature, soit inexpiable, toute une vie peut l’être ; qu’il seroit très-dangereux de tourmenter sans cesse la miséricorde par de nouveaux crimes & de nouvelles expiations ; qu’inquiets sur les anciennes dettes, jamais quittes envers le seigneur, nous devons craindre d’en contracter de nouvelles, de combler la mesure, d’aller jusqu’au terme où la bonté paternelle finit.


CHAPITRE XIV.

Comment la force de la religion s’applique à celle des loix civiles.


COMME la religion & les loix civiles doivent tendre principalement à rendre les hommes bons citoyens, on voit que, lorsqu’une des deux s’écartera de ce but, l’autre y doit tendre davantage : moins la religion sera réprimante, plus les loix civiles doivent réprimer.

Ainsi, au Japon, la religion dominante n’ayant presque point de dogmes, & ne proposant point de paradis ni d’enfer, les loix, pour y suppléer, ont été faites avec une sévérité, & exécutées avec une ponctualité extraordinaires.

Lorsque la religion établit le dogme de la nécessité des actions humaines, les peines des loix doivent être plus séveres, & la police plus vigilante ; pour que les hommes, qui, sans cela, s’abandonneroient eux-mêmes, soient déterminés par ces motifs : mais, si la religion établit le dogme de la liberté, c’est autre chose.

De la paresse de l’ame naît le dogme de la prédestination mahométane ; & du dogme de cette prédestination naît la paresse de l’ame. On a dit : cela est dans les décrets de dieu ; il faut donc rester en repos. Dans un cas pareil, on doit exciter, par les loix, les hommes endormis dans la religion.

Lorsque la religion condamne des choses que les loix civiles doivent permettre, il est dangereux que les loix civiles ne permettent, de leur côté, ce que la religion doit condamner ; une de ces choses marquant toujours un défaut d’harmonie & de justesse dans les idées, qui se répand sur l’autre.

Ainsi les Tartares de Gengis-kan, chez lesquels c’étoit un péché, & même un crime capital, de mettre le couteau dans le feu, de s’appuyer contre un fouet, de battre un cheval avec sa bride, de rompre un os avec un autre, ne croyoient pas qu’il y eût de péché à violer la foi, à ravir le bien d’autrui, à faire injure à un homme, à le tuer[10]. En un mot, les loix qui font regarder comme nécessaire ce qui est indifférent, ont cet inconvénient, qu’elles font considérer comme indifférent ce qui est nécessaire.

Ceux de Formose croient une espece d’enfer[11]; mais c’est pour punir ceux qui ont manqué d’aller nuds en certaines saisons, qui ont mis des vêtemens de toile & non pas de soie, qui ont été chercher des huîtres, qui ont agi sans consulter le chant des oiseaux : aussi ne regardent-ils point comme péché l’ivrognerie & le déréglement avec les femmes ; ils croient même que les débauches de leurs enfans sont agréables à leurs dieux.

Lorsque la religion justifie pour une chose d’accident, elle perd inutilement le plus grand ressort qui soit parmi les hommes. On croit, chez les Indiens, que les eaux du Gange ont une vertu sanctifiante[12]; ceux qui meurent sur ses bords sont réputés exempts des peines de l’autre vie, & devoir habiter une région pleine de délices : on envoie, des lieux les plus reculés, des urnes pleines des cendres des morts, pour les jetter dans le Gange. Qu’importe qu’on vive vertueusement, ou non, on se sera jetter dans le Gange.

L’idée d’un lieu de récompense emporte nécessairement l’idée d’un séjour de peines ; & quand on espere l’un sans craindre l’autre, les loix civiles n’ont plus de force. Des hommes qui croient des récompenses sûres dans l’autre vie échapperont au législateur : ils auront trop de mépris pour la mort. Quel moyen de contenir, par les loix, un homme qui croit être sûr que la plus grande peine que les magistrats lui pourront infliger, ne finira, dans un moment, que pour commencer son bonheur ?


CHAPITRE XV.

Comment les loix civiles corrigent quelquefois les fausses religions.


LE respect pour les choses anciennes, la simplicité ou la superstition, ont quelquefois établi des mysteres ou des cérémonies qui pouvoient choquer la pudeur ; & de cela les exemples n’ont pas été rares dans le monde. Aristote dit que, dans ce cas, la loi permet que les peres de famille aillent au temple célébrer ces mysteres pour leurs femmes & pour leurs enfans[13]. Loi civile admirable, qui conserve les mœurs contre la religion !

Auguste défendit aux jeunes gens de l’un & de l’autre sexe d’assister à aucune cérémonie nocturne, s’ils n’étoient accompagnés d’un parent plus âgé[14]; &, lorsqu’il rétablit les fêtes lupercales, il ne voulut pas que les jeunes gens courussent nuds[15].


CHAPITRE XVI.

Comment les loix de la religion corrigent les inconvéniens de la constitution politique.


D’UN autre côté, la religion peut soutenir l’état politique, lorsque les loix se trouvent dans l’impuissance.

Ainsi, lorsque l’état est souvent agité par des guerres civiles, la religion fera beaucoup, si elle établit que quelque partie de cet état reste toujours en paix. Chez les Grecs, les Eléens, comme prêtres d’Apollon, jouissoient d’une paix éternelle. Au Japon, on laisse toujours en paix la ville de Méaco, qui est une ville sainte[16]: la religion maintient ce réglement ; & cet empire, qui semble être seul sur la terre, qui n’a & qui ne veut avoir aucune ressource de la part des étrangers, a toujours dans son sein un commerce que la guerre ne ruine pas.

Dans les états où les guerres ne se font pas par une délibération commune, & où les loix ne se sont laissé aucun moyen de les terminer ou de les prévenir, la religion établit des temps de paix ou de treves, pour que le peuple puisse faire les choses sans lesquelles l’état ne pourroit subsister, comme les semailles & les travaux pareils.

Chaque année, pendant quatre mois, toute hostilité cessoit entre les tribus Arabes[17] : le moindre trouble eût été une impiété. Quand chaque seigneur faisoit, en France, la guerre ou la paix, la religion donna des trêves qui devoient avoir lieu dans de certaines saisons.


CHAPITRE XVII.

Continuation du même sujet.


LORSQU’IL y a beaucoup de sujets de haine dans un état, il faut que la religion donne beaucoup de moyens de réconciliation. Les Arabes, peuple brigand, se faisoient souvent des injures & des injustices, Mahomet fit cette loi[18] : "Si quelqu’un pardonne le sang de son frère[19], il pourra poursuivre le malfaicteur pour des dommages & intérêts : mais celui qui fera tort au méchant, après avoir reçu satisfaction de lui, souffrira au jour du jugement des tourmens douloureux."

Chez les Germains, on héritoit des haines & des inimitiés de ses proches : mais elles n’étoient pas éternelles. On expioit l’homicide en donnant une certaine quantité de bétail, & toute la famille recevoit la satisfaction : chose très-utile, dit Tacite[20], parce que les inimitiés sont très-dangereuses chez un peuple libre. Je crois bien que les ministres de la religion, qui avoient tant de crédit parmi eux, entroient dans ces réconciliations.

Chez les Malais, où la réconciliation n’est pas établie, celui qui a tué quelqu’un, sûr d’être assassiné par les parens ou les amis du mort, s’abandonne à sa fureur, blesse & tue tout ce qu’il rencontre[21].


CHAPITRE XVIII.

Comment les loix de la religion ont l’effet des loix civiles.


LES premiers Grecs étoient de petits peuples souvent dispersés, pirates sur la mer, injustes sur la terre, sans police & sans loix. Les belles actions d’Hercule & de Thésée font voir l’état où se trouvoit ce peuple naissant. Que pouvoit faire la religion, que ce qu’elle fit, pour donner de l’horreur du meurtre ? Elle établit qu’un homme tué par violence étoit d’abord en colere contre le meurtrier ; qu’il lui inspiroit du trouble & de la terreur, & vouloit qu’il lui cédât les lieux qu’il avoit fréquentés[22]; on ne pouvoit toucher le criminel, ni converser avec lui, sans être souillé ou intestable[23]; la présence du meurtrier devoit être épargnée à la ville, & il falloir l’expier[24].


CHAPITRE XIX.

Que c’est moins la vérité ou la fausseté d’un dogme, qui le rend utile ou pernicieux aux hommes dans l’état civil, que l’usage ou l’abus que l’on en fait.


LES dogmes les plus vrais & les plus saints peuvent avoir de très-mauvaises conséquences, lorsqu’on ne les lie pas avec les principes de la société ; &, au contraire, les dogmes les plus faux en peuvent avoir d’admirables, lorsqu’on fait qu’ils se rapportent aux mêmes principes.

La religion de Confucius nie l’immortalité de l’ame[25]; & la secte de Zénon ne la croyait pas. Qui le diroit ? ces deux sectes ont tiré de leurs mauvais principes des conséquences, non pas justes, mais admirables pour la société. La religion des Tao & des Foë croit l’immortalité de l’ame : mais, de ce dogme si saint, ils ont tiré des conséquences affreuses.

Presque par tout le monde, & dans tous les temps, l’opinion de l’immortalité de l’ame, mal prise, a engagé les femmes, les esclaves, les sujets, les amis, à se tuer, pour aller servir dans l’autre monde l’objet de leur respect ou de leur amour. Cela étoit ainsi dans les Indes occidentales ; cela étoit ainsi chez les Danois[26]; & cela est encore aujourd’hui au Japon[27], à Macassar[28], & dans plusieurs autres endroits de la terre.

Ces coutumes émanent moins directement du dogme de l’immortalité de l’ame, que de celui de la résurrection des corps ; d’où l’on a tiré cette conséquence, qu’après la mort, un même individu auroit les mêmes besoins, les mêmes sentimens, les mêmes passions. Dans ce point de vue, le dogme de l’immortalité de l’ame affecte prodigieusement les hommes, parce que l’idée d’un simple changement de demeure est plus à la portée de notre esprit, & flatte plus notre cœur que l’idée d’une modification nouvelle.

Ce n’est pas assez, pour une religion, d’établir un dogme ; il faut encore qu’elle le dirige. C’est ce qu’a fait admirablement bien la religion chrétienne à l’égard des dogmes dont nous parlons : elle nous fait espérer un état que nous croyions ; non pas un état que nous sentions, ou que nous connoissions : tout, jusqu’à la résurrection des corps, nous mene à des idées spirituelles.


CHAPITRE XX.

Continuation du même sujet.


LES livres sacrés des anciens Perses disoient : "Si vous voulez être saint, instruisez vos enfans, parce que toutes les bonnes actions qu’ils feront vous seront imputées[29]." Ils conseilloient de se marier de bonne heure ; parce que les enfans seroient comme un pont au jour du jugement, & que ceux qui n’auroient point d’enfans ne pourroient pas passer. Ces dogmes étoient faux, mais ils étoient très-utiles.


CHAPITRE XXI.

De la métempsycose.


LE dogme de l’immortalité de l’ame se divise en trois branches ; celui de l’immortalité pure, celui du simple changement de demeure, celui de la métempsycose ; c’est-à-dire, le systême des chrétiens, le systême des Scythes, le systême des Indiens. Je viens de parler des deux premiers ; & je dirai du troisieme que, comme il a été bien & mal dirigé, il a aux Indes de bons & de mauvais effets : comme il donne aux hommes une certaine horreur pour verser le sang, il y a aux Indes très-peu de meurtres ; &, quoiqu’on n’y punisse gueres de mort, tout le monde y est tranquille.

D’un autre côté, les femmes s’y brûlent à la mort de leurs maris : il n’y a que les innocens qui y souffrent une mort violente.


CHAPITRE XXII.

Combien il est dangereux que la religion inspire de l’horreur pour des choses indifférentes.


UN certain honneur, que des préjugés de religion établissent aux Indes, fait que les diverses castes ont horreur les unes des autres. Cet honneur est uniquement fondé sur la religion ; ces distinctions de famille ne forment pas des distinctions civiles ; il y a tel Indien qui se croiroit déshonoré, s’il mangeoit avec son roi.

Ces sortes de distinctions sont liées à une certaine aversion pour les autres hommes, bien différente des sentimens que doivent faire naître les différences des rangs, qui parmi nous contiennent l’amour pour les inférieurs.

Les loix de la religion éviteront d’inspirer d’autre mépris que celui du vice, & sur tout d’éloigner les hommes de l’amour & de la pitié pour les hommes.

La religion mahométane & la religion indienne ont, dans leur sein, un nombre infini de peuples : les Indiens haïssent les Mahométans, parce qu’ils mangent de la vache ; les Mahométans détestent les Indiens, parce qu’ils mangent du cochon.


CHAPITRE XXIII.

Des fêtes.


QUAND une religion ordonne la cessation du travail, elle doit avoir égard aux besoins des hommes, plus qu’à la grandeur de l’être qu’elle honore.

C’étoit, à Athènes[30], un grand inconvénient que le trop grand nombre de fêtes. Chez ce peuple dominateur, devant qui toutes les villes de la Grece venoient porter leurs différends, on ne pouvoit suffire aux affaires.

Lorsque Constantin établit que l’on chomeroit le dimanche, il fit cette ordonnance pour les villes[31], & non pour les peuples de la campagne : il sentoit que dans les villes étoient les travaux utiles, & dans les campagnes les travaux nécessaires.

Par la même raison, dans les pays qui se maintiennent par le commerce, le nombre des fêtes doit être relatif à ce commerce même. Les pays protestans & les pays catholiques sont situés de maniere que l’on a plus besoin de travail dans les premiers, que dans les seconds[32] : la suppression des fêtes convenoit donc plus aux pays protestans, qu’aux pays catholiques.

Dampierre[33] remarque que les divertissemens des peuples varient beaucoup selon les climats. Comme les climats chauds produisent quantité de fruits délicats, les barbares, qui trouvent d’abord le nécessaire, emploient plus de temps à le divertir : les Indiens des pays froids n’ont pas tant de loisir ; il faut qu’ils pêchent & chassent continuellement ; il y a donc chez eux moins de danses, de musique & de festins ; & une religion qui s’établiroit chez ces peuples, devroit avoir égard à cela dans l’institution des fêtes.


CHAPITRE XXIV.

Des loix de religion locales.


IL y a beaucoup de loix locales dans les diverses religions. Et quand Montésuma s’obstinoit tant à dire que la religion des Espagnols étoit bonne pour leur pays, & celle du Mexique pour le sien, il ne disoit pas une absurdité ; parce qu’en effet les législateurs n’ont pu s’empêcher d’avoir égard à ce que la nature avoit établi avant eux.

L’opinion de la métempsycose est faite pour le climat des Indes. L’excessive chaleur brûle[34] toutes les campagnes ; on n’y peut nourrir que très-peu de bétail ; on est toujours en danger d’en manquer pour le labourage ; les bœufs ne s’y multiplient[35] que médiocrement, ils sont sujets à beaucoup de maladies : une loi de religion qui les conserve est donc très-convenable à la police du pays.

Pendant que les prairies sont brûlées, le riz & les légumes y croissent heureusement, par les eaux qu’on y peut employer : une loi de religion qui ne permet que cette nourriture est donc très-utile aux hommes dans ces climats.

La chair[36] des bestiaux n’y a pas de goût ; & le lait & le beurre qu’ils en tirent, fait une partie de leur subsistance : la loi qui défend de manger & de tuer des vaches n’est donc pas déraisonnable aux Indes.

Athènes avoit dans son sein une multitude innombrable de peuple ; son territoire étoit stérile : ce fut une maxime religieuse, que ceux qui offroient aux dieux de certains petits présens, les honoroient[37]plus que ceux qui immoloient des bœufs.


CHAPITRE XXV.

Inconvénient du transport d’une religion d’un pays à un autre.


IL suit de-là, qu’il y a très-souvent beaucoup d’inconvéniens à transporter une religion d’un pays dans un autre[38].

"Le cochon, dit M. de. Boulainvilliers[39], doit être très-rare en Arabie, où il n’y a presque point de bois, & presque rien de propre à la nourriture de ces animaux ; d’ailleurs, la salure des eaux & des alimens rend le peuple très-susceptible des maladies de la peau." La loi locale qui le défend ne sçauroit être bonne pour d’autre pays[40], où le cochon est une nourriture presque universelle, & en quelque façon nécessaire.

Je ferai ici une réflexion. Sanctorius a observé que la chair de cochon que l’on mange, se transpire peu ; & que même cette nourriture empêche beaucoup la transpiration des autres alimens ; il a trouvé que la diminution alloit à un tiers[41] ; on sçait d’ailleurs que le défaut de transpiration forme ou aigrit les maladies de la peau : la nourriture du cochon doit donc être défendue dans les climats où l’on est sujet à ces maladies, comme celui de la Palestine, de l’Arabie, de l’Egypte & de la Lybie.


CHAPITRE XXVI.

Continuation du même sujet.


M. CHARDIN[42] dit qu’il n’y a point de fleuve navigable en Perse, si ce n’est le fleuve Kur, qui est aux extrémités de l’empire. L’ancienne loi des Guebres, qui défendoit de naviger sur les fleuves, n’avoit donc aucun inconvénient dans leur pays : mais elle auroit ruiné le commerce dans un autre.

Les continuelles lotions sont très en usage dans les climats chauds. Cela fait que la loi mahométane & la religion Indienne les ordonnent. C’est un acte très-méritoire aux Indes de prier dieu dans l’eau courante[43] : mais comment exécuter ces choses dans d’autres climats ?

Lorsque la religion fondée sur le climat a trop choqué le climat d’un autre pays, elle n’a pu s’y établir ; &, quand on l’y a introduite, elle en a été chassée. Il semble, humainement parlant, que ce soit le climat qui a prescrit des bornes à la religion chrétienne & à la religion mahométane.

Il suit de-là qu’il est presque toujours convenable qu’une religion ait des dogmes particuliers & un culte général. Dans les loix qui concernent les pratiques de culte, il faut peu de détails ; par exemple, des mortifications, & non pas une certaine mortification. Le christianisme est plein de bon sens : l’abstinence est de droit divin ; mais une abstinence particulière est de droit de police, & on peut la changer.


  1. Pensées sur la comete, &c.
  2. Relation d’Ethiopie, par le sieur Ponce, médecin, au quatrieme recueil des lettres édifiantes.
  3. Voyez Diodore, liv. II.
  4. Voyez la bibliotheque des auteurs ecclésiastiques du sixieme siecle, tome V, par M. Dupin.
  5. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tom. III, part. I, pag. 63.
  6. Histoire des Juifs, par Prideaux.
  7. C’est l’inconvénient de la doctrine de Foë & de Laockium.
  8. Livre II des loix.
  9. Sacrum commissum, quod neque expiari poterit, impiè commissum est ; quod expiari poterit, publici sacerdotes expianto.
  10. Voyez la relation de frere Jean Duplan Carpin, envoyé en Tartarie par le pape Innocent IV, en l’année 1246.
  11. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tome V, part. I, page 192.
  12. Lettres édifiantes, quinzième recueil.
  13. Polit, liv. VII, chap. XVII.
  14. Suétone, in Augusto, chap. XXXI.
  15. Ibid.
  16. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tome IV, part. I, page 127.
  17. Voyez Prideaux, vie de Mahomet, pag. 64.
  18. Dans l’alcoran, liv. I, chap. de la vache.
  19. En renonçant à la loi du talion.
  20. De morib. Germ.
  21. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tome VII, pag. 303. Voyez aussi les mémoires du comte de Forbin, & ce qu’il dit sur les Macassars.
  22. Platon, des loix, liv. IX.
  23. Voyez la tragédie d’Œdipe à Colonne.
  24. Platon, des loix, liv. IX.
  25. Un philosophe Chinois argumente ainsi contre la doctrine de Foë. Il est dit, dans un livre de cette secte, que notre corps est notre domicile, & l’ame l’hôtesse immortelle qui y loge : mais, si le corps de nos parens n’est qu’un logement, il est naturel de le regarder avec le même mépris qu’on a pour un amas de boue & de terre. N’est-ce pas vouloir arracher du cœur la vertu de l’amour des parens ? Cela porte de même à négliger le soin du corps, & à lui refuser la compassion & l’affection si nécessaires pour sa conservation : ainsi les disciples de Foë se tuent à milliers. Ouvrage d’un philosophe Chinois, dans le recueil du pere du Halde, tome III, page 52.
  26. Voyez Thomas Bartholin, antiquités Danoises.
  27. Relation du Japon, dans le recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes.
  28. Mémoires de Forbin.
  29. M. Hyde.
  30. Xénophon, de la république d’Athenes.
  31. Leg. 3 cod. de feriis. Cette loi n’étoit faite, sans doute, que pour les païens.
  32. Les catholiques sont plus vers le midi, & les protestans vers le nord.
  33. Nouveaux voyages autour du monde, tome II.
  34. Voyage de Bernier, tome II, page 137.
  35. Lettres édifiantes, douzieme recueil, page 95.
  36. Voyage de Bernier, tome II, page 137.
  37. Euripide, dans Athénée, liv. II, pag. 40.
  38. On ne parle point ici de la religion chrétienne ; parce que, comme on a dit au liv. XXIV, chap. I, à la fin, la religion chrétienne est le premier bien.
  39. Vie de Mahomet.
  40. Comme à la Chine.
  41. Médecine statique, sect. 3, aphorisme 23.
  42. Voyage de Perse, tom. II.
  43. Voyage de Bernier, tom. II.