Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/991-996

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Fascicules du tome 1
pages 981 à 990

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 991 à 996

Tome 2, p. 1 à 10


BOUILLARD. s. m. Quelques-uns nomment ainsi sur la mer, certain nuage qui donne du vent & de la pluie. Nubes ventorum ac pluviæ prænuncia.

BOUILLE. s. f. Terme de pêche. C’est une longue perche grosse par le bout en forme de rabot, qui sert à remuer la vase & à troubler l’eau, afin que le poisson entre plus facilement dans les filets.

Bouille, est aussi le nom d’un vaisseau servant dans les salines à mesurer du charbon ou de la braise.

BOUILLE-COTONIS, BOUILLE-CHARMAIY. Ce sont deux espèces de ces satins des Indes, qu’on nomme en général des Atlas.

Bouille. Droit qui se paye en Roussillon pour la marque des draps, & autres étoffes de laine. Bouille se dit aussi de l’empreinte ou marque qui se met par les Commis à chaque pièce de drap ou autres étoffes de laine déclarées au bureau des fermes du Roi.

BOUILLER. v. a. Se servir de bouille pour remuer la vase & en faire sortir le poisson afin de le faire entrer dans les filets. Limum agitare. L’Ordonnance des Eaux & Forêts défend aux Pêcheurs de bouiller, de se servir de bouilles & de rabots dans leurs pêches.

Bouiller une étoffe : c’est la marquer de la manière réglée par les arrêts & déclarations du Roi. L’art. 299 du bail des Gabelles, & autres droits réunis, porte que dans le Roussillon, tous les Marchands, Ouvriers & Facteurs de drap, & autres étoffes de laine dudit pays, seront tenus d’en faire leurs déclarations aux plus prochains bureaux, & de les faire bouiller ou marquer de la marque de l’adjudicataire, conformément au Règlement de 1658, & sous les peines y portées.

☞ BOUILLÉ, ÉE. part. Voyez Bouiller.

BOUILLI. s. m. Voyez le participe de Bouillir.

BOUILLIE. s. f. C’est une sorte de mets préparé pour la nourriture des enfans, qui ne peuvent encore mâcher ni digérer les viandes. Puls. Elle se fait avec du lait & de la farine délayée & cuite. Les gens âgés en usent aussi quelquefois. Valère Maxime dit qu’une marque de la sobriété des premiers Romains, c’est qu’ils mangeoient beaucoup plus de bouillie que de pain. Dans le haut pays d’Auvergne les peuples ne mangent aussi que de la bouillie faite de farine de blé noir, & boivent du petit lait, & ils ne laissent pas d’être bien sains & bien vigoureux. Rochef.

Bouillie, se dit familièrement des choses qu’on a fait bouillir trop long-temps, qui sont trop cuites, & qui font une espèce de bouillie. Ce chapon est si cuit, que ce n’est plus que de la bouillie. On fait bouillir les peaux des pieds de bœufs jusqu’à ce qu’ils soient réduits en bouillie.

On dit proverbialement, faire de la bouillie pour les chats ; pour dire, faire une chose qui sera inutile.

BOUILLIR. v. n. Fervere, bullire. Ce verbe se conjugue ainsi. Je bous, tu bous, il bout. Nous bouillons, vous bouillez, ils bouillent. Je bouillois. Je bouillis. J’ai bouilli. Je bouillerai. Bous. Que je bouillisse. Je bouillerois. C’est se renfler, se gonfler, se raréfier, soit par la chaleur naturelle de la fermentation. Voyez Fermentation ; soit par un feu actuel qu’on applique au-dessous de quelque liqueur. Le vin, le cidre bouillent dans les tonneaux en fermentant. La chaux vive bout quand on l’arrose d’eau. Voyez Chaux. L’eau bout sur le feu. Il y a des lacs qui bouillent quand il doit arriver quelque orage.

Les particules du feu poussées en tourbillon avec une grande vitesse, passent à travers les pores du vaisseau, & se mêlant avec la liqueur, communiquent leur mouvement à ses parties. Cette action continuée rend le mouvement du fluide plus violent. Les particules du feu venant à frapper sur celles du fluide qui sont au fonds du vaisseau les poussent en haut, pendant que celles du haut descendent vers le fond : ce qui fait un flux continuel du fluide du fond vers le haut, & du haut vers le fond du vaisseau.

L’eau froide, dans la machine pneumatique, paroît bouillir, quand on a pompé l’air, parce que l’air renfermé dans les interstices de l’eau, n’étant plus pressé par l’air extérieur, se dilate, se dégage avec force, souleve l’eau, & produit une espèce d’ébullition.

Bouillir, se dit d’un vaisseau dans lequel est la liqueur qui bout, & des autres choses qu’on met dedans pour les cuire, ou pour les épaissir. La marmite bout. Faire bouillir. Fervefacere. On fait bouillir la viande pour faire de la soupe. On fait bouillir du miel, du sucre, du sirop, pour lui donner une consistance plus épaisse.

On dit figurément des gens courageux & ardens, que leur sang leur bout dans les veines. On le dit aussi de ceux qui sont encore dans la vigueur de leur jeunesse ; ce qui fait dire à Malherbe ; quand le sang bouilloit dans mes veines, je, &c.

Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans les veines,
En vain dans les combats ont des soins diligens,
Mars est comme l’amour, ses travaux & ses peines,
Veulent de jeunes gens.

On dit encore de ceux qui sont exposés à la grande ardeur du soleil, que la tête, que la cervelle leur bout. On dit encore de celui qui est agité de quelque violente passion d’amour, de colère, & sur-tout d’impatience, qu’il bout de rage, de vengeance ; & absolument qu’il bout.

On dit proverbialement il me semble qu’on me bout du lait ; pour dire, qu’on se moque de moi. Dans cette phrase bouillir est employé activement. On peut aussi s’en servir dans un sens favorable, pour signifier, faire plaisir à quelqu’un, lui dire des choses agréables. Loin de le fâcher, c’est lui bouillir du lait. On dit qu’un homme n’est bon ni à rôtir ni à bouillir ; pour dire, qu’il n’est propre à rien, que c’est un homme inutile. On dit aussi d’un profit qui vient journellement, que cela fait bouillir la marmite. Mainard a dit que le feu des vers n’est point propre à la faire bouillir, c’est-à dire, qu’il ne peut fournir à la dépense de la maison. Toutes ces expressions sont populaires.

BOUILLI, IE. part. & adj. Ce qui a bouilli. Decoctus. L’eau bouillie perd ses crudités. Bouilli, en parlant des viandes qu’on a fait bouillir dans l’eau. Elixus. La viande bouillie est plus aisée à digérer. Bouilli se prend aussi substantivement pour la viande qui a bouilli dans l’eau. Elixum. Le bouilli est un aliment succulent & nourrissant, sur-tout celui du bœuf.

On appelle proverbialement un visage de cuir bouilli, un homme qui a le teint noir, le cuir épais & rude. On dit aussi, pour mépriser un mets mal apprêté, rôti, bouilli, traîné par les cendres.

BOUILLITOIRE. s. m. terme de monnoie. Donner le bouillitoire ; pour dire, jeter les flans dans la bouilloire, & les faire bouillir pour les nettoyer jusqu’à ce qu’ils soient devenus tout-à-fait blancs. Ce mot est aussi feminin. Donner la bouillitoire.

BOUILLOIRE. s. f. Vaisseau de cuivre ou d’autre métal, propre à faire bouillir de l’eau.

Bouilloire. s. f. Terme de monnoie. Vaisseau de cuivre dans lequel il y a de l’eau bouillante avec du sel commun & du tartre de Montpellier, ou gravelée, & où l’on jette les flans que l’on a laissés refroidir dans un crible de cuivre rouge, après qu’ils ont été assez recuits. Vas monetæ expurgandæ comparatum. On les fait bouillir dans cette bouilloire pour les décrasser, après quoi on les jete dans une autre bouilloire remplie de même que le premier, où on les fait encore bouillir pour achever de les nettoyer.

BOUILLON. s. m. Partie qui s’éleve en rond sur la surface des liqueurs échauffées, soit par la fermentation naturelle, soit par le feu. Unda. Le pot bout à gros bouillons. Il ne faut que deux ou trois bouillons pour faire de la tisane. Cela se dit des choses qu’il ne faut pas faire bouillir long-temps.

Bouillon, se dit aussi de la liqueur qui a long-temps bouilli avec de la viande, des herbes ou autre chose, pour servir ensuite d’aliment. Bouillon succulent, nourrissant. Mettez du bouillon dans ce potage. Jus.

On dit aussi, prendre un bouillon ; pour dire, prendre une portion de suc de viandes ou d’herbes. Cet homme ne vit que de bouillons, est réduit aux bouillons. On prend aussi des bouillons pour se rafraîchir, & conserver son embonpoint.

☞ Dans les bouillons pris comme remèdes, on emploie des plantes dont la qualité est appropriée à l’état des malades. On les appelle bouillons médicamenteux.

☞ On fait aussi des bouillons de poissons, de tanches, &c. dont les sucs se digerent plus facilement que ceux des viandes, & qui sont d’ailleurs plus rafraîchissans.

☞ On dit aussi, qu’on a donné le bouillon à quelqu’un, pour dire, qu’on l’a empoisonné. On appelle par une expression burlesque & métaphorique, bouillon pointu, un clistère.

Bouillon, se dit encore d’un jet d’eau qui est assez gros ; mais qui retombe incontinent après qu’il est sorti du tuyau, comme s’il sortoit d’une source. Undarum erumpentes globi. On se sert de ces jets d’eau pour garnir des cascades, rigoles, gargouilles, &c.

Bouillon, se prend quelquefois pour les agitations de l’eau & de la mer, ou l’écume que produisent ces agitations. Les bouillons de la mer agitée.

On dit en ce dernier sens, que le sang sort à gros bouillons d’une plaie ; pour dire, qu’il sort avec impétuosité, ou en abondance.


Sire, mon pere est mort : mes yeux ont vû son sang
Sortir à gros bouillons de son généreux flanc.

Corneille.

On dit figurément, les bouillons de l’âge. Ætatis fervor. Les bouillons de la jeunesse. Il faut arrêter les bouillons de sa colère. Modère les bouillons de ta mélancolie. Boil.

On le dit aussi, en termes de brodeur, d’une sorte de cannetille d’or & d’argent très-brillante, qui se coupe par petits morceaux, qui s’enfile comme des perles, qu’on attache sur des habits en forme de bouillon d’écume. Crispatum segmentum.

On appelle encore bouillon, certain cordon d’or ou d’argent tortillé en petites boucles ou anneaux. Aurei funiculi undans sinus. On fait aussi sur les habits des bouillons avec des rubans ou autres étoffes qu’on coud fort lâches, & en y conservant quelque enflure, ou gros plis ronds pour la parure & pour l’ornement. On en fait aussi sur les meubles.

Bouillon, en termes de Manége, est une excroissance de chair qui vient sur la fourchette du pied du cheval, qui est grosse comme une cerise, & fait boiter le cheval. Les chevaux de manège qui ne se mouillent pas le pied, sont plus sujets aux bouillons de chair que les autres. Guillet.

Bouillon, est aussi un terme de Gabelles : c’est le nom d’une mesure. Voyez l’art. 39 du tit. XIV de l’Ordonnance pour les Gabelles.

Bouillon. Sel de bouillon. C’est le sel blanc de Normandie. On l’appelle ainsi, parce qu’il se fait en faisant bouillir de l’eau marine dans des espèces de chaudière de plomb.

Bouillon. Ce terme est aussi en usage dans la pêche du hareng, pour signifier une grande abondance de ce poisson. On dit en ce sens, que le hareng passe par bouillons, dans l’endroit de la Manche où est située Boulogne.

Bouillon. Breuvage que le pauvre peuple fait en Picardie, qui a beaucoup de rapport au chousset des Turcs.

Bouillon. C’est encore le nom d’une espèce d’etamine.

Bouillon-Blanc, ou Molène s. m. Verbascum, tapsus barbatus. Plante bis-annuelle, ou triennale. Sa racine est ligneuse, blanche, de l’épaisseur d’un porreau, plus branchue, & chargée de quelques fibres menues & courtes. Elle jette quelques grandes feuilles de neuf pouces de long sur quatre de largeur, ovales, molles, étoffées, couvertes d’un duvet blanc, & crénelées sur leurs bords. La tige qui sort d’entre ces feuilles, s’élève à la hauteur de quatre à cinq pieds, & quelquefois plus, fort velue, moelleuse en dedans, garnie de feuilles assez près les unes des autres, pareilles à celles du bas, hormis celles qui embrassent la tige à demi par leur base, qui forment des pans sur la tige ; ce qui la rend ailée. Ses fleurs sont disposées en épi. Chaque fleur est une rosette jaune, d’une seule pièce, découpée en cinq quartiers arrondis. Elle est soutenue par un calice à cinq pointes & velu. Ses étamines sont jaunes & leurs sommets purpurins. Le pistil qui s’emboîte avec la fleur, devient un fruit, ou une case ovale, terminée en pointe, divisée en deux loges par une cloison mitoyenne, & renferme des semences menues, anguleuses & brunes. Il y a plusieurs espèces de bouillon-blanc, qui different de celui-ci, ou par la couleur de leur fleur, ou par la petitesse des mêmes fleurs, des tiges, feuilles, &c. Le bouillon-blanc est estimé pour les maladies de la poitrine, pour les maux de ventre, dans les dyssenteries, pour les maladies du fondement. C’est une plante fort anodyne. On emploie ses fleurs & ses feuilles.

Bouillon de Constantinople. Terme de Fleuriste. C’est une fleur qui éleve sa tige à deux pieds de hauteur, ou environ. Elle est entourée de plusieurs tasses, qui s’étalant & pullulant, jettent quantité de boutons, qui étant ouverts forment une balle fleurie ; & ces fleurs, qui sont pleines de feuillages rouges, ressemblent à des marguerites. Le bouillon de Constantinople fleurit l’été, & dure long-temps en fleur. Il veut être au soleil, mais dans une terre grande & détrempée. Sa racine se taille par morceaux ; & au commencement du printemps on le met dans des pots à la profondeur de deux doigts, & on l’arrose bien. En hiver on le retire en un lieu chaud ; & l’été, quand il est en fleur, on le met à l’ombre, pour faire durer les fleurs plus long-temps, & les rendre plus belles.

Bouillon. Ville dans le pays de Liége, avec titre de Duché, dont les dépendances sont presque enfermées dans le Duché de Luxembourg. Bullonium.

BOUILLONNEMENT. s. m. Etat d’une liqueur qui bouillonne. Bullitus, ebullitio. Le bouillonnement du vin. Le bouillonnement du sang dans les veines. Le bouillonnement de ce lac a été le présage d’une tempête. Le bouillonnement de l’eau procède du feu par le moyen de l’extrême agitation de ses parties, qui mettent celles de l’eau en mouvement. Voy. Bouillir. Quand on met un peu de limure de laiton dans une grande bouteille où il y ait un peu d’eau-forte, l’on voit tout-à-coup un si grand bouillonnement, que la bouteille paroît toute pleine. Roh. Si l’on mêle ensemble de l’huile de vitriol, & de l’huile de tartre, bien que chacune à part ne soit pas combustible, il arrive cependant qu’elles acquièrent tout d’un coup un bouillonnement incroyable, & en même temps un degré de chaleur assez sensible. Id.

Bouillonnement, se dit quelquefois en marine de l’agitation de la mer au bord du rivage.

☞ BOUILLONNER. v. n. Qui se dit des eaux & des autres liqueurs qui sortent, ou qui s’élèvent par bouillons, soit par la violence de leur propre mouvement, soit par l’action du feu, soit par l’action de quelque autre agent. L’eau bouillonne en sortant de sa source. Uundante scatebia emicare. Le sang bouillonne en sortant de la plaie. L’eau bouillonne sur le feu. Ebullire, in bullas erumpere.

Tout mon sang que noircit un si honteux outrage,
En frémit de colère, en bouillonne de rage.

Corneille.

Bouillonner. v. a. Terme de Boutonnier. C’est enjoliver un bouton avec du bouillon, qui est un fil d’or roulé sur un autre, le plus pressé qu’il se peut, retiré de dessus celui qui lui servoit de patron.

On dit aussi, selon Liger, le vin bouillonne, en parlant de la fermentation du vin nouveau, quand on l’a mis dans la cuve, dans les muids, ou poinçons : mais apparemment c’est dans l’Auxerrois qu’on parle ainsi ; car ailleurs on dit, le vin bout.

Bouillonner, se dit quelquefois pour prendre des bouillons. Ce malade a bien bouillonné pendant sa maladie. C’est un terme populaire.

☞ BOUIN. Île de France sur la mer Océane, entre les côtes de Poitou & de Bretagne.

Bouin, est aussi un bourg de France dans la Province de Farez, près de la rivière de Lignon.

BOVINES, ou BOUVINES. Ville du Pays-Bas dans le Comté de Namur, sur la Meuse. Bovinæ, Boviniacum, Bovinium. Il y a aussi Pont-à-Bovines, bourg de Flandres, sur la Marque, entre Lille & Tournai. La bataille de Bovines gagnée par Philippe Auguste contre l’Empereur Othon en 1213, ne se donna point à Bovines, mais à Pont-à-Bovines, comme le déclare Paul Emile par ces mots ; Hæc est Bovinensis pugna. Ita pontem vocant ad quem commissa suit, prostigataque. T. Corn.

☞ BOVINO. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, avec un Evêché suffragant de Bénévent, dans la province de la Capitanate.

BOUJON. s. m. Terme de Manufacture de laine, en usage dans les Draperies & Sergetteries de Rouen, de Beauvais, & de quelques autres lieux. Il signifie la même chose que Jurande.

BOUJONNEUR. s. m. Espèce de Maître & Garde ou Juré du Corps de la Draperie & Sergetterie de Beauvais.

BOUIS, ou BUIS. Voyez Buis qui est plus usité.

Bouis. Instrument de Cordonnier formé d’un morceau de bouis, qui sert à polir ☞ & lisser le bord des semelles après que le tranchet leur a donné la forme qu’elles doivent avoir, & à lustrer les passe-talons.

On dit figurément en ce sens, donner le bouis ; pour dire, adoucir quelque chose, & la faire voir du bon côté, comme si on l’avoit polie avec ce morceau de bouis.

On appelle aussi un menton large, & qui avance en dehors, un menton de bouis, parce qu’en effet il a la figure de ce bouis des Cordonniers : mais tout cela est bas & populaire. Voyez Buis.

☞ BOUISSE. s. f. Morceau de bois concave servant aux Cordonniers pour donner de la profondeur à leurs semelles, & leur faire prendre le pli de la forme & du pied.

BOUKINGHAM. Voyez Buckingham.

BOUL. s. m. On nomme ainsi à Smyrne un poinçon ou cachet dont on se sert pour marquer les toiles que l’on donne à peindre en indiennes aux Arméniens ou aux Grecs, pour empêcher qu’ils ne les puissent changer. L’empreinte du boul se fait avec du noir de fumée & de l’huile de lin, qui rend la marque ineffaçable.

BOULAC. Nom d’une ville d’Egypte, située à deux milles du Caire.

BOULANGER. s. m. Celui qui fait, cuit & vend le pain. Pistor. Les Boulangers de Gonesse, de gros pain, de petit pain. Un Boulanger ne peut acheter à chaque fois plus d’un muid de blé, & un muid de farine, par les Ordonnances de la Ville.

Autrefois on disoit & on écrivoit boulangier. Les Romains furent plus de 580 ans sans aucuns boulangiers publics. Vigen. Pline, Liv. XVIII, chap. 11, en met l’époque à la guerre contre Persée, & dit qu’avant ce temps-là c’étoient les femmes qui faisoient le pain, comme ce sont encore elles aujourd’hui parmi le peuple, ou bien le Boulanger étoit le cuisinier. Avant ce temps, ceux qu’on appelle Boulangers dans l’histoire Romaine, Pistores, sont ceux qui, à la campagne, dans les moulins, broyoient ou mouloient le blé. C’est Varron qui nous l’apprend au I Liv. de la vie du Peuple Romain & dans les Ménippiennes. C’est de-là qu’ils furent appelés Pistores, de pinsere, pinso, qui signifie broyer, piler dans un mortier, parce que dans le commencement on piloit ainsi le blé pour le réduire en farine. La plus grande partie des peuples de l’Amérique ne broient point encore autrement qu’avec des pierres.

Les Orientaux n’avoient point non plus de Boulangers. C’étoient les meres de famille qui faisoient le pain, comme fait Sara dans la Genèse, chap. 18, v. 6 & suiv. Le même usage étoit dans les Gaules & dans tout le Nord, comme le dit Olaüs Magn. dans son Hist des Nations Septentrionales, Liv. IX, chap. 13 & suiv. Aussi ne faisoit-on point alors de pain levé, mais des galettes, que l’on cuisoit au foyer, comme font encore les Arabes. Quoiqu’on ne sache pas précisément quand les Boulangers commencerent à paroître, il est toujours certain qu’ils sont fort anciens, & qu’ils ont commencé en Orient. Plusieurs veulent qu’il y en eût en Egypte dès le temps de Joseph ; que l’un de ceux dont il expliqua le songe dans la prison, fut le Chef ou Maître des Boulangers de Pharaon ; & c’est ainsi qu’ils interprétent אפם, avec les Septante & la Vulgate. Il est certain que ces אופים, Ophim, ne faisoient pas seulement du pain, mais plusieurs sortes de mets qui se font avec de la farine : cela paroît par le verset 17 du même chapitre. Faisoient-ils même proprement du pain ? C’est une question. Les Septante ne les appellent pas ἀρτοποιοι, faiseurs de pain, mais σιτόποιοι, gens qui font des ouvrages de farine. Quoiqu’il en soit, les Boulangers passerent de Grèce en Italie après la guerre de Macédoine, vers l’an 583 de la fondation de Rome, comme on l’a dit. Apparemment ils étoient venus d’Asie en Grèce. Les Boulangers Cappadociens étoient les plus estimés, selon Athénée, Liv. III, chap. 13, & après eux ceux de Lydie, & de Phénicie. Dans les commencemens, lorsque le pain se cuisoit encore au foyer, les Boulangers n’étoient pas diffèrens des cuisiniers ; & peut-être que les Egyptiens même les אופים, Ophim, étoient l’un & l’autre. Depuis très long-temps ils sont distingués. Aux Boulangers étrangers qui vinrent s’établir à Rome on joignit plusieurs affranchis, & l’on en fit un corps, où, comme l’on parloit, un Collège, dont ni eux, ni leurs enfans ne pouvoient se séparer. Ils avoient des biens en commun, dont ils ne pouvoient disposer. Il y avoit dans chaque boulangerie un Patron qui en avoit l’intendance. Ces Patrons créoient tous les ans un d’entr’eux, qui avoit la Surintendance sur tous les autres, & le soin des affaires du Corps. On tiroit souvent quelques-uns du Corps des Boulangers pour être Sénateurs, mais ils ne pouvoient monter plus haut. Pour conserver l’honneur & la probité dans le Collège des Boulangers, il leur étoit défendu de s’allier avec des Comédiens, ou des Gladiateurs. Ils avoient chacun une boutique, ou boulangerie, & étoient distribués en quatorze régions de la ville : ils étoient déchargés de tutelles, curatelles, & autres charges qui pouvoient les distraire de leur emploi. Il y eut dans la suite des Boulangers du Palais destinés à faire le pain du Palais de l’Empereur.

En France, il y a eu des boulangers dès le commencement de la Monarchie. Il en est parlé dans les Ordonnances de Dagobert II, de l’an 630. Capit. Reg. Franc. Tom. I, page 120. Leur emploi fut d’abord, comme à Rome, de faire moudre le blé au moulin qu’ils avoient chez eux, qu’ils tournoient à bras, ou qu’ils faisoient tourner par des animaux, ou à quelques moulins bâtis sur de petites rivières. Ils vendoient ensuite la farine à ceux qui vouloient cuire chez eux, & en faisoient du pain pour les autres. C’est pour cela qu’on les trouve appelés, jusques sous la troisième race, dans quelques titres, Pistores, ou en François Pestore ; mais plus souvent néanmoins Panetiers, Talmeliers & Boulangers. Il y a aujourd’hui quatre sortes de Boulangers. Ceux des villes, ceux des fauxbourgs & banlieue, les Privilégiés & les Forains. Autrefois la maîtrise s’achetoit du Roi ; mais pour être reçu Maître Boulanger, le prétendant portoit au Maître des Boulangers, ou Lieutenant du Grand Pannetier, un pot de terre neuf rempli de noix & de nieules, fruit que l’on ne connoît plus, & en présence de cet Officier, & des autres Maîtres & Geindres, il cassoit ce pot contre la muraille, & ensuite on buvoit ensemble. Les Rois ont donné au Grand Pannetier de France la maîtrise des Boulangers & Talmeliers en la ville & banlieue de Paris, avec droit de Justice sur eux. Ce fut S. Louis qui donna cette Juridiction sur eux, & sur leurs compagnons, à son Maître Pannetier, pour en jouir tant qu’il plairoit au Prince, comme on l’apprend d’un Recueil des usages de la Police des Boulangers, fait environ l’an 1264, par E. Boileau, Prévôt de Paris. Voy. Pannetier. Les Boulangers privilégiés sont de deux sortes : 1.o Les Boulangers suivans la Cour établis par Henri IV, au nombre de dix, en 1601, & augmenté de deux par Louis XIII. Ils ont tous demeure à Paris. 2.o Ceux qui demeurent en lieux de franchise. Les Boulangers forains sont ceux qui demeurent hors de la ville & des fauxbourgs.

Il y a des Boulangers de petit pain, & des Boulangers de gros pain. De crainte que sous le titre de Marchands, les Boulangers ne se rendissent les maîtres de tous les grains, les loix Romaines leur défendoient d’être Pilotes, ou Mariniers des vaisseaux qui amenoient des blés à Rome, ou Mesureurs de grains. Voyez L. I. Navicularios Cod. Theod. de Naviculariis. L. IX. Ex Libertinis Cod. Theod. de Pistoribus. L. X. Libertini Cod. Theod. codem titulo : & Godefroy sur ces loix. En France, ils ne peuvent être ni Mesureurs de grains, Arrêt du Parlem. 4 Mai 1476, Ordonnance de Charles VI, Févr. 1415, Edit de Dec. 1672 : ni Meuniers, Ordonnance de 1415, Arrêt du 13 Juillet 1420. Il y a dans Paris deux cent cinquante Boulangers de petit pain. Il y a dans les fauxbourgs environ neuf cens Boulangers de gros pain. Suivant le compte qui fut fait environ l’an 1686, ils emploient tous ensemble environ six mille muids de blé par semaine. De la Mare. Voyez le Traité de la Police de cet Auteur. Tout le titre XII du Ve livre, traite de la Police, tant ancienne que moderne, par rapport aux Boulangers.

Ce mot est pur françois, & n’est pas bien vieux. On ne le trouve point avant le XIIe siècle. Comme on se servoit du latin dans les Actes publics, on y trouve Bolendegarius, ou Bolengarius. Ménage le dérive de polentarius. Du Cange croit qu’il vient de ce qu’en pétrissant la farine, on la tourne en globe, ou en boule, & on l’arrondit en pain. Caseneuve le tire de buccellarius ; mais il avoue que ce n’est là qu’une simple conjecture qu’il n’avance qu’au hasard. Il se fonde sur ce que Constantin Porphyrog. De Themat. Tom. VI, dit que celui qui a la garde du pain dans les armées s’appelle Βουκελλάριος, Buccellaire ; il ajoute que buccellarius est formé de buccellus, viande de figure ronde : & Cellarius, qui garde le pain. D’où il conclut que de même les Anciens avoient fait de buccellus, ou buccella, le mot buccellatum, pour signifier ce que nous appelons du pain de munition : on aura bien pû du même mot faire Buccelliger, porteur de pain, & de là Boulenger, & que Boulenger de Buccelliger, n’est pas moins vraisemblable, que verger de viridarium. Pithou le tire comme Ménage de pollix, pollenta, pollentarius, bollentarius, bollengarius, Boulanger. Cette étymologie paroît la meilleure. Celle de M. Du Cange ne laisse pas d’être probable, parce que, comme il l’a remarqué, il y a d’anciens titres où ils sont appelés Boulens. Mais celle de Guichard, qui prétend qu’il vient du Chaldéen גבל, gibbel, pinsere, & גבל, gebal, pistor, & en transposant les radicales בלג, belag, d’où Boulanger a été formé : celle-là, dis-je, est tirée de trop loin.

Boulanger de Camp. On nomme ainsi des serges drapées, de demi-aune de large, qui se fabriquent dans quelques endroits du Poitou, & particulièrement à Breuil & à Barez. On les nomme Boulanger, du nom de l’Ouvrier qui en a le premier établi la fabrique ; & de Camp, parce qu’elles sont toutes de laines Espagnoles de Campo.

BOULANGER. v. a. Pétrir la farine, & en faire du pain. Farinam subigere. Un garçon qui boulange bien. Ce mot n’est guère usité que chez les Boulangers.

BOULANGÉ, ÉE. part. Du pain bien boulangé.

BOULANGÈRE. s. f. Nom que l’on donne à une Sœur Converse, qui fait le pain d’un Couvent de Religieuses. Pistrix. On appelle aussi Boulangères les femmes des Boulangers, & celles qui font profession de faire & de vendre du pain.

BOULANGERIE. s. f. L’art de faire le pain. Ars pistoria. Ce garçon entend bien la boulangerie.

Boulangerie, se dit aussi dans les Couvens & ailleurs, du lieu où l’on fait le pain, & où l’on garde la farine. Pistrina, ou pistrinum. Et encore dans les Arsenaux de marine, du lieu où l’on fait le biscuit. Autrefois à Rome, c’étoit une boutique des Boulangers, l’endroit où ils faisoient le pain. Voyez Boulanger.

☞ BOULAY. Ville de France, en Lorraine, environ à douze lieues de Nancy.

BOULDURE. s. f. C’est la fosse qui est sous la roue, & les bâtimens des moulins à eau. Ragueau. Fossa moletrinæ, ou pistrino subjecta.

☞ BOULE. s. f. C’est en général un corps sphérique de quelque matière que ce soit. Ce mot est synonyme à globe ; mais globe a d’autres acceptions qui ne conviennent point au mot boule. Globus.

☞ La boule sert à différens usages, soit pour le jeu, soit pour l’ornement.

☞ Le jeu de boule est une espèce de jeu où plusieurs personnes font rouler des boules d’un endroit à un autre, & jouent à qui fera aller sa boule plus près du but. Le fort de la boule, quand elle est toute ronde, est l’endroit où le bois est plus serré, & par conséquent le plus pesant. Cela vient de ce que les arbres étant de bout, ont leur bois plus serré du côté du nord que du midi. Le fort de la boule, qui n’est pas absolument ronde, est le côté que le Tourneur a fait un peu moins élevé que l’autre. Il est des boules où le fort est presque imperceptible aux yeux : & on est obligé de le rouler, pour voir de quel côté est le fort. Aller à l’appui de la boule, c’est jouer une boule qui en aille soutenir une autre sans la débutter. Jouer à la longue, ou à la courte boule. Charles V défendit le jeu de boule. Le Gendre. On dit, Avoir la boule ; pour dire, avoir l’avantage de jouer le premier. Il faut voir à qui aura la boule. Acad. Fr. ☞ Il y a aussi des boules de mail, plus petites que les autres, d’un bois très-dur & bien tourné, que l’on chasse avec la masse ou mail. Elles sont d’un poids proportionné à celui du mail, c’est-à-dire, environ de moitié. Il y a aussi des boules, c’est-à-dire, des morceaux de bois ronds pour jouer aux quilles. Les Poëtes dépeignent la fortune avec un pied sur une boule, pour marquer son inconstance.

Ménage dérive ce mot de bulla, à cause de la rondeur des bulles, ou petites bouteilles qui se font sur l’eau ; ou plutôt de pola, dont on a fait pila, qui signifie la même chose.

Boule. Terme de Tourneur. Il signifie un morceau de bois tourné en forme ronde, qui sert à soutenir quelque ouvrage de Menuiserie, ou de Tourneur. Ainsi on dit boule d’armoire, boule de table, boule de guéridon, &c.

On appelle aussi boule en termes d’Architecture, tout corps sphérique qui termine une décoration, & qui se met à la pointe d’un clocher, ou sur la lanterne d’un dôme, auquel cette boule est proportionnée. On en met aussi au bas des rampes, & sur les piédestaux dans les jardins. Quand cette boule termine quelque ouvrage, on l’appelle boule d’amortissement.

Boule, en termes de jardinage, se dit aussi de certains arbrisseaux taillés en forme de boule. Une boule de myrthe, une boule de chevre-feuille.

Boule. Terme de Carrier. C’est ce qu’on appelle dans d’autres professions un rouleau, sur lequel on conduit les marbres, les pierres, les poutres, & autres matériaux pesans.

Boule, ou Sphère. Instrument de Miroitier-Lunetier, avec lequel ils font les verres concaves qui servent aux lunettes à longue vue, aux lorgnettes, aux microscopes, & autres instrumens.

Boule, chez les fourbisseurs. C’est aussi un instrument de Fourbisseur, qu’on nomme autrement Chasse-pommeau, parce qu’il sert à placer le pommeau d’une épée sur la soie de la lame.

Boule, qu’on appelle aussi enclume-ronde. C’est, en termes de Chaudronnier, l’instrument sur lequel on fait la carre des chaudrons, & autres ouvrages de chaudronnerie, qui ont des enfonçures.

On dit proverbialement, faire une chose à boule vue ; pour dire, inconsidérément, à l’étourdie, à tout hasard, & d’une manière incertaine. Pasquier prétend que ce mot a été dit par corruption au lieu de bonne vue ; de sorte que de son temps, à boule vue, signifioit, certainement, assurément. Sur quoi on peut voir les Observations de Ménage sur la langue françoise. Jouer à boule vue.

On dit au jeu de quilles, pied à boule, pour avertir celui qui joue de tenir le pied à l’endroit où sa boule s’est arrêtée : & figurément, qu’un homme tient pied à boule ; pour dire, qu’il ne quitte point son travail, son occupation ; & faire tenir pied à boule à quelqu’un, pour dire, l’obliger à une grande assiduité. On dit qu’une personne est ronde comme une boule, quand elle est grosse & courte.

Boule de mars. Remède efficace pour les plaies. Voyez Mars.

Boule de chamois. Voyez Chamois.

Boule de mercure. Amalgame de mercure & d’étain, dont on se sert pour purifier l’eau. On fait fondre l’étain ; on y ajoute le mercure, & on coule le tout dans un moule rond. (Les Vocabulistes ajoutent qu’il doit être creux.) On se sert de ces boules au besoin pour purifier l’eau, en mettant la boule dedans quand elle est bouillante.

BOULEAU. s. m. Betula. Arbre qui ressemble au peuplier noir, mais qui en diffère par son bois & ses fruits. Son écorce change de couleur suivant son âge, car elle est roussâtre dans les jeunes troncs, blanchatre dans les plus avancés, & gersée sur les vieux pied. Cette écorce se sépare en plusieurs lames plus fines que du papier, transparentes & blanches. L’extérieure est rousse, ou brune, lorsque l’arbre est encore jeune. Ensuite elle blanchit un peu, & on peut en séparer plusieurs peaux déliées : après elle devient plus blanche, & pleine de fentes : au-dessous de cette écorce il y en a une autre qui est fort mince, polie, & transparente. L’écorce des plus grosses branches est aussi blanche, mais celle des plus petites est d’un rouge éclatant. Ses branches sont composées de verges fort menues, longues, pendantes dans quelques individus. Elles sont garnies de feuilles alternes, semblables à celles du peuplier noir, plus petites cependant, d’un vert plus foncé, visqueuses lorsqu’elles sont jaunes, amères au goût, & un peu odorantes. Ses fleurs sont des chatons qui n’ont pas tout-à-fait deux pouces de long, ni plus d’une ligne & demie d’épaisseur ; ils sont à plusieurs écailles, entre lesquelles sont placées des étamines. Les fruits naissent sur le même pied dans des endroits séparés : ce sont d’abord de petits épis étroits qui n’ont pas un demi-pouce de longueur, & qui en grossissant deviennent longs de plus d’un pouce sur cinq lignes environ d’épaisseur. Ils sont verts, cylindriques & composés de plusieurs écailles coupées en trefle, & attachées à un pivot commun qui occupe le centre du fruit ; entre chaque écaille est placée une semence bordée de deux ailes ou feuillets membraneux. Le bouleau donne par incision au printemps une eau douce & agréable qu’on recommande pour les goutteux, les graveleux & les phthisiques, pour ôter les tâches au visage, pour rendre la peau belle, &c. Le champignon qui vient sur le bouleau est merveilleux pour les hémorroïdes. Cet arbre est très-commun en France. Il croit facilement partout.

On se sert des petites branches du bouleau, pour faire des verges & des balais. En plusieurs endroits on en fait des cercles pour relier des tonneaux, & des côtes pour faire des corbeilles. Comme l’écorce est fort résineuse, on en fait des torches pour brûler la nuit. Plusieurs croient qu’avant l’invention de faire du papier, on se servoit de petites écorces blanches de bouleau pour écrire, à quoi elles semblent fort propres.

Ce mot vient de butelellum, ou betula, qui sont deux vieux mots gaulois qui ont été latinisés, comme Pline le témoigne. Mais Matthiole dit qu’il a été appelé betula, à cause du bitume dont il est plein.

BOULÉE. s. f. Les paysans en Bourgogne donnent le nom de boulée à des raisins attachés en boule, dont ils font des présens pendant la vendange aux gens de leur connoissance qui n’ont point de vignes. On disoit aussi anciennement une boulée de clefs, parce qu’alors elles étoient attachées par un cordon à une boule de bois. Suppl. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Tor-Vises.

BOULENOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Boulogne en France, & du pays de Boulogne. Bononiensis. Les Boulenois sont tous aguerris & bons soldats. Les Boulenois ont plusieurs privilèges, qui leur ont été accordés ou confirmés par nos Rois, depuis que le Comté fut réuni à la Couronne sous Louis XI. Quelques-uns écrivent Boulonois.

Boulenois. s. m. Bononiensis ager, ou Comitatus. Pays de Picardie, aux environs de Boulogne, dont il a pris son nom, parce qu’elle en est la capitale. Quelques-uns écrivent aussi Boulonois, & M. Corneille n’écrit même point autrement. Cependant nos cartes de Géographie mettent communément Boulenois, & dans le discours on ne prononce point autrement. Le Boulenois est un Comté, & a eu ses Seigneurs particuliers. Le Boulenois est assez fertile, & a de très-bons haras. T. Corn.

BOULE-PONCHE, ou BONNE-PONCHE. s. f. Boisson angloise. On met un tiers d’eau-de-vie sur de l’eau pure avec de la muscade, & un peu de biscuit de mer grillé & pilé, & l’on bat le tout ensemble jusqu’à ce que les liqueurs soient bien mêlées. Le P. Labat dit, qu’on n’y met point de citron, & qu’à sa place on y met des jaunes d’œufs qui rendent cette liqueur épaisse comme du brouet, & il ajoute qu’au lieu d’eau on y met quelquefois du lait, & que c’est la plus estimée.

Ce mot vient de ces mots Anglois bowl of punch, qui veulent dire une tasse de ponche.

☞ BOULENE. Ville du Comté Venaissin, sur la rivière de Letz, à sept lieues d’Avignon.

BOULER. v. n. se dit de certains pigeons qui ont une grosse gorge, & signifie, enfler la gorge. Intumescere. Les jeunes pigeons de cette espèce commencent à bouler à trois ou quatre mois.

Bouler, en Agriculture est une maladie de plusieurs plantes. On dit que les grains boulent, quand, étant encore fort jeunes, il se forme comme un oignon à leurs racines. L’oignon ordinaire est aussi exposé à bouler. Les plantes boulées ne profitent point. Duhamel.

☞ BOULEROT noir. Gobio niger. Poisson de mer de la grandeur du doigt, rond & noir, principalement sur le devant. Il n’a qu’une nageoire au-dessous des oüies, qui ressemble en quelque sorte à une barbe noire. C’est pourquoi Rondelet le croit le même que celui qu’Athenée appelle bouc. Encyc.

BOULET. s. m. Grosse balle de fer avec laquelle on charge le canon. Globulus ferreus. Un canon de batterie porte depuis 24 jusqu’à 36 & 48 livres de boulet. Quelques-uns le font venir de botellus latin, ou du grec βάλλειν, qui signifie jeter.

☞ Les boulets doivent être ronds & bien ébarbés, afin qu’ils n’éraflent point la pièce ; & sans souflures, afin qu’ils ne pirouettent point en l’air.

Boulet rouge, est un boulet qu’on fait rougir dans une forge, dont on charge le canon pour mettre le feu aux lieux où il tombe, quand il y trouve des matières combustibles. Fervens globulus. M. l’Electeur de Brandebourg est le premier Prince qui ait introduit avec succès l’usage des boulets rouges.

Boulet creux, est celui dont le diamètre est proportionné à celui du canon qui le doit chasser. ☞ Il est long & creux, & renferme des balles, de la mitraille, & de l’artifice. Il a la lumière à l’une de ses extrémités. Gavus globulus. L’usage de cette lumière est d’y mettre le feu, ce que l’on fait en y passant une mêche souffrée, qui s’allume lorsque le boulet sort du canon, en sorte que ce boulet crève lorsqu’il est dans la terre, & produit le même effet qu’un petit fourneau.

Boulets à chaîne, sont deux boulets joints ensemble par une chaîne, qui a trois ou quatre pieds de longueur. Globuli catenati. On en charge un canon, & quand on le tire, l’effet de ces deux boulets est d’autant plus grand, sur-tout dans un combat, que la chaîne embrasse & sépare tout ce qu’elle rencontre.

Boulets à branche, sont deux boulets joints ensemble par une barre de fer longue de cinq à six pouces seulement.

Boulets à deux têtes, qu’on appelle aussi anges. Ce sont deux moitiés de boulets jointes par une barre de fer, ou par une chaîne, comme la balle ramée d’un mousquet. Globuli bicipites. Ces deux moitiés se séparent sitôt qu’elles sont hors du canon, & font presque le même effet que les boulets à chaîne. On s’en sert sur mer pour couper les cables, les mâts & les voiles.

Boulets messagers. Ce sont des boulets creux dont on se servoit autrefois pour porter des nouvelles pour faire pénétrer des lettres dans une place assiégée. On n’y mettoit qu’une foible charge de poudre, pour les faire tomber où l’on vouloit : ils étoient pour l’ordinaire couverts de plomb : la plupart même étoient de plomb, sans mélange de fer.

On dit proverbialement d’un homme rude & brusque, qu’il est brutal comme un boulet de canon.

Boulet, en maréchallerie, c’est la jointure qui est au-dessus du paturon de la jambe d’un cheval. C’est au boulet que le cheval se coupe. Boulet gorgé, enflé. Voyez Gorgé.

BOULETAN. On donne quelquefois ce nom à la pièce de bois nommée courbe. Voyez Courbe.

BOULETÉ, ÉE. adj. Terme de Maréchallerie qui se dit d’un cheval dont le boulet est hors de sa situation naturelle ; ce qui arrive ordinairement par un travail trop violent, ou quand il est court-jointé.

BOULETTE. s. f. Petite boulle. Globulus. Boulette de mie de pain qu’on se jette au visage. les Frondeurs se servoient tantôt de pierres, tantôt de boulettes de plomb. P. Daniel. Ils jetoient les boulettes de plomb avec une telle violence, que le mouvement adoucissoit le plomb en l’air. Id.

On appelle communément boulettes, ces boules de viande hachée qu’on met dans les ragoûts & dans les pâtisseries. On nous servit un pâté de boulettes, un ragoût de boulettes.



FIN DU TOME PREMIER.


Fin du volume