Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/821-830

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Fascicules du tome 2
pages 811 à 820

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 821 à 830

pages 831 à 840


insensible aux reproches & aux remords. On dit, je mets cela sur votre conscience ; c’est-à-dire, je vous en rens responsable devant Dieu. Cet homme n’a point de conscience ; c’est-à-dire, il n’a ni scrupules ni remords.

Conscience, se dit aussi du secret du cœur. Conscientia, animus. Cet homme a déchargé sa conscience ; c’est-à-dire, tout ce qu’il sçavoit, tout ce qu’il avoit sur le cœur. Il parle contre sa conscience ; c’est-à-dire, contre sa propre connoissance, contre ce qu’il sçait. Jurer contre sa conscience, c’est faire un serment contre ses lumières intérieures, en dissimulant, ou en cachant les secrets sentimens du cœur.

On dit proverbialement d’un homme qui ne se fait point scrupule de choses qui devroient lui en faire, qui décide hardiment & prend le parti le plus lâche ; qu’il a la conscience large comme la manche d’un Cordelier. Cela ne se dit que dans le style familier & en badinant. Qui n’a conscience, n’a rien.

Conscience, (En) adv. de bonne foi, selon les loix de la justice. Sincerè, ingenuè, verè. Je vous dis cela en conscience, en vérité. Ce Marchand vend les choses en conscience, il ne trompe point.

On dit aussi, en conscience, vous avez tort ; pour dire, certainement cela n’est pas vrai. En conscience, êtes vous dans ce sentiment ?

On appelle liberté de conscience, la liberté qu’on accorde en quelques pays aux particuliers de croire ce qu’il leur plaît, de professer la religion qu’ils jugent à propos. Un autre vain fantôme vous trompe encore sous une apparence d’équité naturelle, & avec le nom de liberté de conscience, nom funeste, inconnu à toute l’antiquité chrétienne, que la seule fureur des guerres civiles, les batailles sanglantes, l’autorité légitime foulée aux piés, & les édits arrachés par force de la main du Souverain, ont introduit en nos derniers jours. Péliss.

CONSCIENCIEUSEMENT, adv. en conscience. Sincerè, religiosè, ex animo. Il est rare que dans le commerce du monde, on agisse toujours consciencieusement. Je ne sçais si l’on n’auroit pas moins de dépit de se voir tuer brutalement par des gens emportés, que de se sentir consciencieusement poignarder par des gens dévots.

CONSCIENCIEUX, EUSE. adj. qui a la conscience délicate, qui se conduit suivant les règles du devoir & de la justice. Homo integer, religiosus. Vous pouvez vous fier à cet homme-là, il est fort consciencieux, fort homme de bien. Les hypocrites abandonnent souvent de petites utilités, afin de paroître consciencieux ; mais quand il s’agit de quelque intérêt assez considérable pour hazarder leur réputation, ils ne balancent point à le faire. S. Réal. Les hypocrites couvrent du manteau de la religion, le parti le plus utile, quelque peu consciencieux qu’il puisse être. Id.

CONSCRIPTEUR, s. m. terme en usage dans l’Université de Paris. Conscriptor. On donne ce nom dans les assemblées de la Faculté de Théologie à des Docteurs qui sont chargés d’aller au bureau à la fin des délibérations, pour examiner les avis & les vérifier.

CONSCRIT. s. m. Terme dont on est obligé de se servir dans l’Histoire Romaine, en parlant des Sénateurs qu’on appeloit les Peres conscrits, dont les noms étoient écrits dans le régistre, ou catalogue des Sénateurs. Conscriptus. Plutarque dit qu’on appela conscrits, ceux qui étoient ajoûtés aux anciens, & que l’on créoit nouvellement ; on les prenoit de l’Ordre des Chevaliers Romains. Voyez Tite Live au commencement de son II. Livre. Ce qu’il y a de certain, c’est que dans la suite, tous les Sénateurs, indistinctement, furent appelés Peres conscrits. Patres conscripti.

CONSE. Voyez Consus.

CONSÉCRATEUR. s. m. synonime de consacrant. Celui qui consacre. Consecrator. Le consécrateur d’un Evêque doit être accompagné de deux autres Evêques pour le moins. Fleury. Le Consécrateur doit Jeûner la veille de la consécration. Id. Quoi de plus grand que d’être le consécrateur du corps & du sang de J. C. Année du chrétien, Sept. p. 275.

CONSÉCRATION, action par laquelle le Prêtre qui célèbre la messe, consacre le pain & le vin. Christi corporis effectio, confectio, consecratio. L’élévation de l’hostie se fait incontinent après la consécration, afin que le peuple l’adore. Si la substance qui demeure après la consécration a les mêmes dimensions & la même superficie que le pain, & si elle fait la même impression sur nos sens, comme le suppose Descartes, il s’ensuit nécessairement que le pain demeure après la consécration. Pere Dan.

Il y a de grandes difficultés entre les Théologiens, touchant les paroles de la consécration. L’opinion la plus commune, & la plus reçue dans l’église latine, est que la consécration du pain & du vin, consiste en ces mots : Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Ambroise Catharin, qui a assisté au Concile de Trente, & Chef-Fontaine, Archevêque de Césarée, ont combattu ce sentiment par des écrits publics. Le premier a composé là-dessus deux dissertations, qui ont été imprimées à Rome en 1552, avec ses autres opuscules : dans son Epitre dédicatoire au Pape Jule III, il réfute assez au long les disciples de S. Thomas. De Chef-Fontaine, dans un petit ouvrage qu’il a publié sous ces titres, de necessaria Theologiæ scholasticæ correctione, qui est adressé au Pape Sixte V, prétend qu’il faut corriger sur ce sujet l’opinion commune des Théologiens de l’école, comme étant contraire au Concile de Trente, & même au texte des Evangélistes. Il cite en sa faveur, les Docteurs de Cologne, Lindanus & quelques autres Théologiens. Quoique cette opinion n’ait point été censurée par la Faculté de Théologie de Paris à laquelle le livre de l’Archevêque de Césarée fut déféré, elle n’est point reçue communément dans l’église latine ; mais elle est reçue de toutes les Eglises d’Orient.

Les Grecs d’aujourd’hui attribuent, au moins en partie, le changement du pain & du vin au corps & au sang de notre Seigneur, à une certaine prière qu’ils appelent l’invocation du Saint-Esprit. Dans cette prière ou invocation, le Prêtre demande à Dieu qu’il envoye son Saint-Esprit sur le pain & sur le vin, & que par sa présence, il les sanctifie & les change au corps & au sang de Jesus-Christ. Elle se fait après que le Prêtre a récité ces paroles : Ceci est mon corps, ceci est mon sang ; que les mêmes grecs croient être seulement nécessaires pour la consécration des symboles, parce qu’elles renferment l’histoire de l’institution de ce divin sacrifice. Cette opinion est reçue généralement de toute l’église grecque, qui s’est déclarée la-dessus depuis quelques années dans une confession de foi écrite en Grec vulgaire, sous le titre de Confession orthodoxe de l’église catholique & apostolique d’Orient. L’original de ce livre se trouve en manuscrit avec les souscriptions des Evêques, dans la bibliothèque de M. L’Archevêque de Reims. Il n’y a rien de plus clair ni de plus décisif pour établir la transubstantiation, & en même-temps l’opinion des Grecs touchant la consécration, que des paroles qui se trouvent dans cette confession : Le Prêtre n’a pas plutôt récité la prière qu’on appelle l’invocation du Saint-Esprit, que la transubstantiation se fait, & que le pain se change au véritable corps de Jesus-Curist, & le vin en son véritable sang, ne restant plus que les espèces qui paroissent.

Cette prière, ou invocation du Saint-Esprit, dans laquelle les Grecs font consister en partie les paroles de la consécration, se trouve dans tous les exemplaires de leurs liturgies. Comme la liturgie Grecque est la source de toutes les liturgies des Eglises d’Orient, aussi n’y en a-t’il aucune, en quelque langue qu’elle soit écrite, à moins qu’elle n’ait été réformée par les Latins, qui ne contienne l’invocation du Saint-Esprit de la même manière qu’elle est dans la liturgie grecque. Les Grecs la lisent à Rome dans leur Missel. Ceux qui voudront être instruits plus à fonds de tout ce qui regarde la consécration, doivent consulter les notes étendues du P. Simon, sur les Opuscules de Gabriel, Archevêque de Philadelphie, qui ont été imprimées à Paris en 1671. Il traite aussi cette question dans son petit ouvrage de la créance de l’Eglise Orientale sur la transubstantiation, & dans ses remarques sur le voyage du Mont Liban ; ces deux livres ont été imprimés au même lieu.

Consécration. Imposition des mains ; cérémonie pour consacrer un Evêque. Consecratio. Toutes les cérémonies de la consécration représentent quels sont les devoirs & les fonctions d’un Evêque. S. Evr. La consécration de l’Evêque est sa vraie réception. Loyseau.

Ce mot se dit peu, on dit vulgairement sacre & sacrer.

L’usage de consacrer à Dieu les hommes destinés à son service, & au ministère de ses temples & de ses autels, les lieux, les vases, les instrumens, les vêtemens qui y servent, est très-ancien ; Dieu l’avoit ordonné dans l’ancienne Loi, & il en avoit prescrit toutes les cérémonies, comme on le voit dans l’Ecriture. Exod. XXVIII, 41. XXIX, 1, 7, 21, 29, 35, XXXII, 29, XL, 11. Lévit. VII, 30, 37, VIII, 9, 22, 31, 33, XVIII, 21, XXI, 7, 10, XXII, 2, 53, XXIII, 12, XXVII, 10, 16, 21, 28. Nombr. III, 3, VI, 5, 9, 13, VII, 1, &c. VIII, 12, XVIII, 10. Jos. VI, 24. Jug. XVI, 17, XVII, 3, 3, des Rois, XV, 13, 1. Paral. X, 10, XVIII, 11, XXII, 19, 2, Paral. 11, 4, XVII, 16, XXVI, 18, 1, d’Esdr. III, 5, VIII, 23. Ecclesiast. XLIX, 9. Dans la Loi nouvelle, quand ces consécrations regardent des hommes, & qu’elles se font par un Sacrement institué de Jesus-Christ, nous les nommons en françois Ordinations, excepté celle des Evêques, que nous appelons consécration. Quand elles se sont seulement par une cérémonie instituée par l’Eglise, nous les nommons Bénédictions ; quand elles se font pour des temples, des autels, des vases, des vêtemens, nous disons Dédicace, Bénédictions. Voyez tous ces mots.

Consécration s’est dit autrefois d’une cérémonie usitée à la profession des Religieuses. Cet usage a cessé dans presque toute l’Eglise depuis le treizième siècle. L’Abbaye de Ronceray en Anjou est la seule qui l’ait conservé en France. Marc Cornaro, Evêque de Padoue, au commencement du dernier siècle la voulut rétablir dans son Diocèse, & il consacra plus de deux cens Religieuses en différens Monastères. Il semble qu’elle soit encore en pratique dans l’Abbaye de S. Zachaire à Venise. En 1709, M. Poncet, Evêque d’Angers, consacra treize jeunes Professés de l’Abbaye de Ronceray. Les cérémonies de cette Consécration sont celles qui sont prescrites dans le Pontifical Romain pour la Consécration des Vierges. A Ronceray il y a de plus quelques usages particuliers.

Consécration. L’Abbé des Fontaines s’est servi de ce mot en parlant des enfans qu’on destine à l’état monastique. On décrit à cette occasion l’abus qui régnoit alors dans l’Eglise au sujet de la consécration des enfans. Obs. sur les Ecr. mod. t. 19, p. 200.

Consécration se dit aussi des cérémonies & bénédictions qui se font sur quelque chose, afin que de prophane qu’elle étoit, elle devienne sainte ; comme la consécration, ou la dédicace d’une Eglise. Elle se fait par un grand nombre de bénédictions, & d’aspersions dedans & dehors. L’Evêque consacrant, la parfume d’encens, & fait aux murailles plusieurs onctions avec le saint Chrême. C’est une cérémonie Episcopale.

Consécration, terme de Médaillistes. C’est l’Apothéose d’un Empereur, sa translation & sa réception dans le ciel parmi les Dieux exprimée sur une médaille, d’un côté est la tête de l’Empereur, couronnée de laurier, & souvent voilée, & dans l’inscription on lui donne le titre de Divus. Au revers il y a un temple, ou un autel, ou un bûcher, ou une aigle sur un globe, & qui prend son essor pour s’élever au ciel ; quelquefois l’aigle est sur l’autel, ou sur un cippe. D’autres fois l’Empereur paroît dans les airs porté sur un aigle qui l’enlève au ciel ; & pour inscription toujours Consecratio. Ce sont là les types les plus ordinaires. Antonin Pie, a au revers de ses consécrations quelquefois la colonne Antonine. Au lieu d’une aigle les Impératrices ont un paon. Pour les honneurs rendus après la mort aux Empereurs, qui consistent à les mettre au nombre des Dieux, ils s’expliquent par le mot Consecratio, par celui de Pater, de Divus, & de Deus. Deo Pio, Divus Augustus Pater. Deo & Domino caro. Quelquefois autour des Temples & des autels on met Memoria felix, ou Memoriæ æternæ. Quelquefois aux Princesses. Æternitas, ou Sideribus recepta : & du côté de la tête Diva & les Grecs Θεά. P. Jobert.

Consécration est aussi la cérémonie de l’apothéose des Empereurs & des Impératrices, Voyez Apothéose.

Consécration des Pontifes Romains. On le faisoit descendre dans une fosse avec ses habits pontificaux, puis on couvroit la fosse d’une planche percée de plusieurs trous, alors le victimaire & les autres Ministres servans aux sacrifices amenoient sur la planche un taureau orné de guirlandes de fleurs, & lui enfonçoient le couteau dans la gorge, le sang qui en découloit, tomboit par les trous de la planche sur le pontife, qui s’en frottoit les yeux, le nez, les oreilles & la langue. Après cette cérémonie on le tiroit de la fosse tout couvert de sang, on le saluoit par ces paroles, salve Pontifex, & après lui avoir fait changer d’habits, on le conduisoit chez lui, où il y avoit un magnifique repas.

CONSÉCUTIF, IVE. adj. Qui suit immédiatement un autre. Consequens, subsequens. Il ne se dit pas des personnes, mais seulement des choses, qui se suivent immédiatement dans l’ordre du temps. On a fait cette réjouissance par trois jours consécutifs, c’est-à-dire, de suite. On publie les monitoires par trois Dimanches consécutifs ; les ajournemens par trois briefs jours de marché consécutifs. On dit dans le même sens des malheurs consécutifs, des disgraces consécutives.

CONSÉCUTION. s. f. terme d’Astronomie. On appelle mois de consécution, l’espace de temps entre deux conjonctions de la lune avec le soleil. Cet espace est de 19 jours & demi, c’est ce que les Astronomes appellent mois de consécution. Ils le nomment encore mois synodique & de progression. Ce mois est plus long que celui de propagation de deux jours & quatre heures, parce que la lune partant d’un point du Zodiaque avec le soleil, elle le devance, & après qu’elle a fait son tour, & qu’elle est revenue au même point du Zodiaque, elle n’y trouve plus le soleil qui a parcouru deux des signes, ou environ : en sorte qu’il faut encore deux jours & quatre heures à la lune pour le ratrapper.

CONSÉCUTIVEMENT. adv. tout de suite, immédiatement après selon l’ordre du temps. Continenter. Cette faute n’est pas pardonnable, il l’a faite deux ou trois fois consécutivement. Il a fait trois voyages consécutivement.

CONSEIGNEUR. s. m. ou plutôt Co-seigneur, terme de Droit, & de Coutumes. Celui qui est Seigneur conjointement avec quelque autre d’un lieu, d’une terre.

☞ CONSEIL. s. m. c’est le nom qu’on donne à des assemblées établies par l’autorité du Souverain, pour délibérer sur les affaires importantes de l’État, ou pour juger les affaires des particuliers. Consilium.

☞ Le Conseil du Roi est une assemblée de certaines personnes qu’il plaît au Roi d’appeler pour les consulter sur ce qui concerne l’ordre & l’administration de son Royaume.

☞ Le Conseil du Roi est partagé en plusieurs séances, savoir ; le Conseil des affaires étrangères, Conseil d’Etat ou Conseil d’enhaut ; le Conseil des dépêches ; le Conseil de commerce, & le Conseil privé, ou le Conseil des parties. Conseil des affaires étrangères, Conseil d’Etat, ou Conseil d’enhaut, c’est un Conseil où sont traitées les affaires d’Etat, de la paix, de la guerre & autres, dont le Roi veut prendre connoissance en personne : les Arrêts qui en viennent sont signés en commandement par un des Secrétaires d’Etat. Consilium sanctius, secretius.

☞ Le Conseil des dépêches est l’assemblée où se portent les affaires qui concernent l’intérieur du Royaume.

☞ Le Conseil des finances est celui où se traitent les affaires qui concernent les finances du Roi, tout ce qui a rapport à l’administration des finances. Consilium regium de rebus ad ærarium pertinentibus.

☞ Le Conseil de commerce est celui où se traitent les affaires qui concernent le commerce.

Le Conseil privé, autrement Conseil des parties, que dans l’usage ordinaire on appelle simplement le Conseil : & dont les Conseillers se nomment Conseillers d’Etat : c’est un Conseil qui se tient dans la Salle du Conseil par M. le Chancelier ou le Garde des Sceaux, & les jours qu’il lui plaît ; & quoique le Roi n’y assiste pas, le fauteuil de Sa Majesté y est toujours placé & demeure vide. Regium Consilium, Regium Consistorium, Consistorianorum Comitum Senatus, ou Concilium. La charge de Chancelier étant vacante, le Roi Louis le Grand a été une fois tenir le Conseil des parties. Les Conseillers d’Etat & les Maîtres des Requêtes y assistent & y opinent, quand ils sont de service : de plus, les Maîtres des Requêtes y rapportent. Les affaires qui y sont rapportées, sont des cassations d’Arrêts des Parlemens & autres Cours Souveraines, ou des évocations, pour récusation d’une Juridiction particulière, où d’un Parlement ou autre Juridiction entière ; soit pour des affaires particulières de Ville à Ville, ou de particulier à particulier, que le Conseil évoque à soi, & dont il s’est réservé la connoissance. Louis XIV a ordonné, par l’Article I, de son Règlement du 3 Janvier 1673, que le Conseil d’Etat sera composé de M. le Chancelier ou Garde des Sceaux, de XXI Conseillers d’Etat ordinaires, dont trois seront d’église, trois d’épée, du Contrôleur Général des Finances, des Intendans des Finances, tous ordinaires, & de douze Conseillers d’Etat, qui serviront par semestre. État de la France, T. III, C. 5.

☞ Ce Conseil est le plus nombreux : les affaires y sont décidées à la pluralité des voix ; & il n’y a jamais de partage, parce qu’en cas d’égalité de suffrages, la voix de M. le Chancelier, est prépondérante.

☞ Quand on dit Avocat, Greffier au Conseil, se pourvoir au Conseil, être à la suite du Conseil, &c. on entend toujours le Conseil des parties.

Le Conseil des directions, est un Conseil où l’on dirige les affaires des Finances, après le rapport qui a été fait en présence de M. le Chancelier, & de ceux qui composent le Conseil Royal. Regium de regendo ærario Consilium. Le Conseil de grande direction se tient une fois toutes les semaines chez le chef du Conseil Royal.

Conseil de guerre & de marine, sont des Conseils secrets, que le Roi tient avec ses Ministres, pour délibérer des affaires de la guerre, tant par terre que par mer, où le Roi appelle quelquefois les Princes & les Principaux Officiers qui l’ont servi dans ses armées. Consilium militare, navale.

Il y a aussi en fait de marine un Conseil de construction, qui se fait pour délibérer sur le bâtiment & le radoub des vaisseaux. Il se tient par l’Amiral, Vice-Amiral, Chefs-d’Escadre, Lieutenans, Intendans, Commissaires Généraux, & les Capitaines des Ports.

On appelle aussi Conseil de guerre, l’assemblée des Chefs d’une armée, ou d’une flote, pour délibérer sur les affaires qui se présentent selon les occasions, comme entreprise de sièges, retraites, batailles, &c. & encore l’assemblée des Officiers d’un régiment, ou d’un vaisseau, pour y juger des affaires des soldats, ou des matelots, qui ont fait quelques crimes, & dont le procès a été instruit par les Prévôts. Consilium militare.

Le Grand-Conseil, est une Juridiction Souveraine qui a été établie par Charles VIII, l’an 1492, en Juridiction particulière. Consilium majus. Après que le Parlement, qui étoit l’ancien Conseil des Rois, eût été fixé à Paris, les Rois s’établirent un nouveau Conseil, composé des plus grands Seigneurs du Royaume, ou de Conseillers tirés du Parlement. Ce nouveau Conseil fut appelé d’abord Conseil secret, ou Conseil étroit, & plus ordinairement le Grand-Conseil. Dans son établissement, ce n’étoit point une Juridiction contentieuse ; il ne connoissoit que des affaires qui concernoient les finances & la guerre, mais dans la suite ce Grand-Conseil, pour se donner plus d’autorité évoquoit une partie des affaires, & en enlevoit la connoissance au Parlement : en sorte que sous Charles VIII, les Etats assemblés requirent le Roi d’établir un Conseil toujours séant, où présideroit le Chancelier, pour terminer les affaires de Justice qui s’y présentoient ; ainsi le Grand Conseil fut érigé en Cour Souveraine. Le Chancelier y présida jusqu’au temps de François I, qui créa une charge de Président. La compétence du Grand-Conseil n’étoit pas trop certaine. La résistance que fit le Parlement pour vérifier le Concordat fait entre François I & Léon X, augmenta fort la Juridiction du Grand-Conseil ; car François I, pour se venger des refus du Parlement, par une Déclaration de 1517, attribua au Grand-Conseil, à l’exclusion du Parlement, la connoissance de tous les procès concernans les Archevêchés, Evêchés, Abbayes, &c. ce qui s’exécute encore aujourd’hui. Son pouvoir s’étend par toute la France, il connoît des contrariétés d’Arrêts, des Réglemens entre Juges Royaux, des Bénéfices Consistoriaux, & généralement de tous les Bénéfices qui sont à la nomination du Roi, excepté de ceux que le Roi confère en Régale, des Indults des Cardinaux, & du Parlement ; des retraits de biens Ecclésiastiques, & des affaires de plusieurs grands Ordres du Royaume, comme celui de Cluni, par des attributions particulières. Il est composé de huit Présidens, tous Maîtres des Requêtes, & de 54 Conseillers servant par semestre ; c’est à-dire, quatre Présidens & 27 Conseillers, pour chaque semestre. M. le Chancelier y va présider quand il lui plaît. Il y a un Procureur-Général & deux Avocats Généraux. Le Procureur-Général est perpétuel, les Argents Généraux servent par semestre. Les Présidens & Avocats Généraux commencent leurs semestres aux mois de Janvier & de Juillet, & les Conseillers les commencent aux mois d’Avril & d’Octobre. Par Edit du mois de Janvier 1738, les charges de Présidens du Grand-Conseil ont été supprimées, & elles sont exercées en Commissions par un Conseiller d’Etat & huit Maîtres des Requêtes. La Commission du Conseiller d’Etat dure un an, & celles des Maîtres des Requêtes ne sont que pour six mois, quatre par chaque quartier. Les Officiers du Grand-Conseil jouissent de plusieurs Privilèges comme les Officiers des Cours Souveraines, & notamment de ceux de Commensaux de la Maison du Roi.

☞ Il y avoit au Grand-Conseil des Procureurs des 1489. Ils furent créés en titre d’office au nombre de 23 au mois de Septembre 1679. On les appelle Avocats au Conseil, parce qu’ils y plaident.

On appelle Secrétaires du Conseil, ceux qui servent au Conseil des finances.

Il y a aussi des Conseils Souverains établis en plusieurs villes pour rendre la justice, comme à Perpignan & à Colmar en Alsace, &c. qui tiennent lieu de Parlement dans les endroits où ils sont établis.

Après la mort de Louis XIV, M. le Duc d’Orléans, Régent du Royaume, établit différens Conseils. M. le Duc de Bourbon, comme Chef du Conseil Royal, étoit chef de chacun de ces Conseils en particulier. M. le Duc du Maine y entroit aussi. Il y avoit outre cela dans chacun un Président, un Vice-Président en quelques-uns ; plusieurs Conseillers, un Secrétaire, des Commis, dont quelques-uns avoient le titre & la fonction de premier Commis. Ces Conseils étoient,

Conseil (Le) de la Régence, composé de tous les Princes du Sang en âge d’y assister. Outre les Princes, il y avoit encore d’autres Conseillers Ecclésiastiques & Laïques. Les Secrétaires de ce Conseil étoient les Secrétaires d’Etat. Les Présidens des autres Conseils y entroient aussi. Généralement toutes les affaires alloient à ce Conseil, & elles y étoient décidées après avoir été examinées & préparées dans les autres Conseils.

Conseil de conscience. C’est là que s’examinoient toutes les affaires qui alloient auparavant au Secrétaire d’Etat, pour les affaires Ecclésiastiques.

Conseil de ou pour la guerre, qui connoissoit de tout ce qui étoit compris dans la fonction de Secrétaire d’Etat de la guerre.

Conseil des ou pour les finances, qui étoit chargé des affaires qui alloient au Contrôleur Général & aux Intendans des finances.

Conseil de ou pour la marine. Il n’avoit que ce qui regarde la marine.

Conseil pour les affaires du dedans du Royaume. Son nom fait connoître quelles affaires on y traitoit.

Conseil pour les affaires étrangères. Il connoissoit des affaires qui alloient au Secrétaire d’Etat pour les affaires étrangères.

Conseil du commerce. Ce Conseil a été établi après les autres ; & comme le commerce a un rapport nécessaire avec les finances & avec la marine, le chef de ce Conseil étoit le même que celui du Conseil des finances, & le Président du Conseil de marine étoit Président de ce Conseil de commerce.

Les expéditions de ces Conseils étoient rédigées par le Secrétaire de chaque Conseil, & signées par le Président & par le Conseiller qui avoit rapporté l’affaire. Quoique nous employions ici le terme de Conseiller, pour distinguer des Présidens ceux qui étoient après eux, on ne s’en servoit point dans l’usage ordinaire ; car on ne disoit point, M. tel est Conseiller du Conseil de la Régence, ou du Conseil de la guerre, &c. mais simplement, M. tel est du Conseil de la Régence, du Conseil de la guerre, du Conseil des finances, &c. Il n’en étoit pas de même des Présidens.

Tous ces Conseils ne subsistent plus, ou ont changé de forme depuis la majorité du Roi.

☞ Il y a aussi un Conseil de conscience, dans lequel on examinoit ce qui avoit rapport à l’Eglise & à la Religion : il fut supprimé en 1718.

Conseil de ville est l’assemblée de plusieurs Conseillers qui assistent les Prévôt des Marchands & Echevins à régler les affaires générales & importantes de la ville. Consilium urbanum. Ils sont au nombre de 20, & ils ne se mêlent point de la Police particulière.

On appelle, dans les Sièges de Justice, la Chambre du Conseil, celle où l’on rapporte les procès par écrit. Cubiculum Consilii. Et on appelle un appointement au Conseil, un appointement qui se donne sur une appellation verbale dans une audience après une plaidoirie.

On dit aussi, le premier, le second Conseil, la première ou seconde partie des Juges, dont le Président prend les avis, & souvent à diverses reprises.

On appelle le Conseil des Princes, des grands Seigneurs & des Communautés, l’assemblée de leurs Intendans, Avocats & Procureurs, pour régler les affaires de leur Maison, & l’admininstration de leurs revenus.

Conseil aulique. Tribunal créé par l’Empereur, qui tient ses séances à Vienne, composé d’un Président, d’un Vice-Président que l’Electeur de Mayence présente, & de 18 Conseillers, dont six Protestans. Il connoît de toutes causes civiles entre les Princes & les particuliers de l’Empire ; mais il finit avec la vie de l’Empereur, au lieu que la Chambre Impériale subsiste pendant la vacance de l’Empire.

Conseil des rétentions. C’est dans l’Ordre de Masse un Conseil qui se forme pour terminer les affaires qu’on n’a pas pu régler dans le Chapitre général. Outre ce Conseil provisoire, il y a toujours à Malte quatre Conseils ; l’ordinaire, le complet, le secret & le criminel. Voyez l’abbé de Vertot, dans son Histoire de Malte, tome V, page 168, de l’édition in-12.

Conseil se dit aussi d’une simple Consultation d’Avocats, de Médecins. Il faut aller au Conseil, appeler du Conseil. J’en veux communiquer à mon conseil. Les consultations d’Avocats commencent toutes ainsi : Le Conseil soussigné qui a vu, &c.

Conseil signifie quelquefois un Avocat nommé par le Juge, pour servir de conseil à quelqu’un dans ses affaires, & sans l’assistance duquel il ne peut intenter de procès.

☞ CONSEIL considéré comme présentant à l’esprit la même idée générale qu’avertissement & avis, c’est-à-dire l’action d’instruire quelqu’un d’une chose qu’il lui importe de faire ou de savoir actuellement, est une instruction relative à ce qu’on doit faire ou ne pas faire. Consilium.

☞ Le but de l’avertissement, dit M. l’abbé Girard, est précisément d’instruire ; il se fait pour nous apprendre certaines choses qu’on ne veut pas que nous ignorions, ou que nous négligions.

☞ L’avis & le conseil ont aussi pour but l’instruction, mais avec un rapport plus marqué à une conséquence de conduite, se donnant dans la vue de faire agir ou parler ; avec cette différence que l’avis ne renferme dans sa signification, aucune idée accessoire de supériorité, soit d’état, soit de génie ; au lieu que le conseil emporte avec lui du moins une de ces deux idées de supériorité, & quelquefois toutes les deux ensemble.

☞ Malgré cette remarque de M. l’abbé Girard, il semble qu’on dit très-bien d’un supérieur, qu’il donne des avis à son inférieur.

☞ Le conseil devant conduire, il doit être sage & sincère. Les peres & les meres ont soin de donner des conseils à leurs enfans avant que de les produire dans le monde. La vanité toujours choquée du ton de maître, empêche de faire aucune distinction entre la sagesse du conseil & l’impertinence de la manière dont il est donné, en sorte que tout n’aboutit qu’à faire mépriser le conseil, & rendre le conseiller odieux.

☞ Le conseil considéré comme une raison capable de faire impression sur l’esprit d’un homme, & de le porter à faire ou à ne pas faire quelque chose, est opposé à loi, précepte, commandement ; & pour commander, il faut avoir autorité ; pour donner conseil, il suffit d’être sage & éclairé. Les anciens disoient en ce sens, que c’est aux jeunes gens à faire la guerre, & aux vieillards à donner conseil. Consilia senum, hastas juvenum esse. Il y a des gens qui sont ennemis de tous les conseils qu’ils ne ne donnent pas. S. Evr. Il ne faut pas même rejeter tous les mauvais conseils, de peur de rebuter ceux qui en pourroient donner de bons. Id. Cromwel ne laissoit rien à faire à la fortune de ce qu’il lui pouvoir ôter par conseil ou par prévoyance. Fléch. Le Prince doit prendre garde à ne se rendre pas trop farouche sur les conseils qu’on lui donne. S. Evr. On ne doit risquer des conseils & des avertissemens qu’avec beaucoup de circonspection. Id. La pauvreté ne donne que de mauvais conseils. Fléch. Ne donnez pas vos conseils comme une loi que vous imposez. S. Evr. Il faut autant de discrétion pour donner conseil, que de docilité pour le recevoir. S. Evr.

On dit qu’une femme prend conseil de son miroir pour se bien mettre.

Conseil signifie quelquefois résolution. Le conseil en est pris, c’est-à-dire, l’affaire est conclue, arrêtée. Un bon Capitaine doit prendre conseil sur le champ : ce que les Latins appeloient, in arenâ.

On attribue le conseil aux choses inanimées & aux passions, & on appelle conseils, les mouvemens qu’elles excitent dans l’ame. Il suivoit toujours les conseils de l’avarice. Il n’a pris conseil que de son amour.

Il faut se contenter de sa condition,
Aux conseils de l’amour & de l’ambition
Nous devons fermer les oreilles.

☞ En parlant des décrets de la Providence, on dit les conseils de Dieu. Les conseils de Dieu sont impénétrables. Notre destinée est résolue de toute éternité dans le conseil de Dieu ; nous nous tourmentons en vain, nous n’en changerons point les arrêts. S. Evr. Il ne faut point censurer la conduite de la Providence, ni pénétrer ses conseils. Claud.

☞ On appelle conseils évangéliques, certains conseils que l’Evangile propose pour une plus grande perfection. Ce sont des actions excellentes que J. C. nous a proposées, & auxquelles il a exhorté, sans imposer aucune obligation de les pratiquer. Ainsi la différence qu’il y a entre les préceptes & les conseils de l’Evangile consiste en ce que les préceptes sont d’obligation par eux-mêmes : on ne peut jamais être sauvé sans les accomplir, en quelqu’état qu’on se trouve ; mais on peut être sauvé sans pratiquer les conseils de l’Evangile : ils ne sont d’obligation que pour ceux qui sont engagés par vœu à les suivre »

Les conseils que Jesus-Christ donne aux hommes en général, dit l’Abbé de la Trappe, lui sont devenus par sa vocation des préceptes indispensables. Dom Masson, Général des Chartreux, dans sa réponse, pag. 135, dit que cette proposition n’est ni véritable, ni soûtenable ; que la Profession religieuse ne change point la qualité des conseils de l’Evangile, si ce n’est en ce qui est essentiel au vœu de la Religion, qui est devenu d’obligation au Religieux par la force de son vœu.

Conseil se dit aussi en ces phrases : La nuit porte conseil ; pour dire, qu’il faut rêver à une affaire avant que de l’entreprendre. On dit aussi, qu’un homme ne prend conseil que de sa tête ; pour dire, qu’il ne demande conseil à personne. On disoit en ce sens de la mule du Roi Louis XI, qu’elle étoit bien forte, qu’elle portoit le Roi & tout son Conseil. On dit aussi, à nouvelles affaires, nouveaux conseils ; pour dire, qu’il faut se déterminer selon les conjonctures. On dit aussi, qu’un homme a bientôt assemblé son conseil ; pour dire, qu’il est prompt à prendre ses résolutions.

☞ CONSEILLER, ÈRE. f. C’est en général celui ou celle qui donne conseil. Consiliarius, consiliator, consiliatrix. On le dit aussi figurément des passions & des choses qui servent à régler l’esprit & le cœur. Vous êtes un bon, un mauvais conseiller. La colère, la nécessité sont de mauvaises conseillères. A l’étude des langues, le prince des Asturies joignit celle de l’histoire, la sage conseillère des Princes & des Rois. Mongin.

☞ Le Roi a des Conseillers auprès de sa personne, pour l’aider dans le gouvernement de l’Etat. Plusieurs, sans être auprès du Roi directement, portent le titre de Conseillers du Roi, comme ceux qui sont auprès des Juges royaux. Quelques-uns même, sans faire aucune fonction de judicature, prennent ce titre. Il n’y a pas jusqu’aux Notaires, qui prennent maintenant la qualité de Conseillers-Notaires & Garde-notes du Roi. On a expédié plusieurs brevets de Conseillers, Aumôniers & Prédicateurs ordinaires du Roi, à des gens qui n’ont jamais fait cette fonction. Regis Consiliarius, Regi à consiliis.

☞ Le titre de Conseiller d’Etat, de Conseiller du Roi en tous ses conseils se donnent particulièrement aux Ministres, Secrétaires d’Etat & autres personnes considérables qu’il plaît au Roi d’appeler auprès de sa personne pour les consulter. Voyez Conseil du Roi. Regi sanctioribus à consiliis. Conseiller au Conseil royal, celui qui a entrée au Conseil royal des Finances. Un Conseiller d’Etat ne doit être ni de ces gens hardis qui hasardent trop ; ni de ces timides qui s’allarment de tout. S. Evr, Le Prince doit autoriser lui-même par des manières humaines la sage liberté de ses Conseillers. Id.

Conseiller se dit aussi particulièrement des Juges établis pour l’administration de la justice, dans une compagnie réglée. A Paris, & dans tout le ressort du Parlement, Conseiller en la Cour, signifie absolument un Conseiller au Parlement de Paris. Cette qualification doit se prendre relativement au pays. Supremæ Curiæ, in Supremâ Curiâ Senator.

Au temps du premier établissement du Parlement, on appeloit les Conseillers, Maîtres du Parlement. Dans une Ordonnance de l’an 1321, il y a une défense aux Maîtres de désemparer de la ville, sans la permission du Souverain ; c’est-à-dire, du premier Président. Pasq. Les Conseillers de la Chambre des Comptes ont encore conservé le nom de Maîtres. Un Conseiller aux Enquêtes, à la Grand’Chambre, à la Cour des Aides, au Grand-Conseil, à la Cour des Monnoies. Les Conseillers au Parlement ont été distingués en Jugeurs ou Regardeurs des Enquêtes, & Enquêteurs ou Rapporteurs, aussi-bien que ceux des autres corps, comme les Olim en font foi, & M. de la Mare le prouve dans son Traité de la Police, L. I, T. XI, c. 3.

On le dit encore des Présidiaux & Sièges royaux. Præsidialis Curiæ Senator. Conseiller au Châtelet, au Bailliage du Palais, aux Eaux & forêts, au Trésor, à l’Election. Conseillers de ville, &c.

On divise encore les Conseillers en Conseillers d’Eglise, qui sont Ecclésiastiques, & en Conseillers laïques, qui sont les séculiers. Les Conseillers Ecclésiastiques sont appelés communément Conseillers-clercs. Charles IX. par un Edit de 1573, créa un Office de Conseiller-clerc dans tous les Sièges Présidiaux du Royaume ; afin qu’en qualité d’Ecclésiastique il tînt la main à ce que les droits de l’Eglise ne fussent point usurpés. Les Conseillers-clercs jouissent du revenu de leurs bénéfices, quoiqu’ils ne résident pas, parce qu’ils rendent service à l’Eglise par l’exercice de leur charge, en conservant ses droits, & en veillant à ses intérêts. Les Conseillers-clercs n’assistent point aux procès criminels. Il y a quatre anciennes charges de Conseillers-clercs au Châtelet, qui dans la suite se sont trouvées remplies par des laïques. La Roche Flavin observe que la même chose étoit arrivée au Parlement ; que néanmoins ces Charges n’ont été cassées par aucun Edit ; mais qu’autrefois de simples Clercs y ont été admis trop facilement ; & qu’ils les ont fait passer insensiblement dans l’état laïque, en se mariant au préjudice du serment qu’ils avoient fait à leur réception, de prendre les Ordres dans l’année. Lors de la création des Présidiaux, l’on ne pensa point à y mettre des Clercs. Le Clergé s’en plaignit ; ses remontrances réitérées donnèrent lieu aux Edits de création de deux Conseillers-clercs en chaque Présidial, du mois d’Août 1573, & Décembre 1635.

☞ On appelle Conseiller d’honneur, celui qui sans être, ni avoir été titulaire d’un office de Conseiller, a entrée & voix délibérative dans une Cour Souveraine, une séance distinguée au dessus de tous ses Conseillers titulaires. Les Conseillers d’honneur ne rapportent point, & n’ont aucune part aux épices.

☞ Le Conseiller d’honneur né, est celui à la dignité duquel le titre & la fonction de Conseiller d’honneur sont attachés. Il y en a d’autres qui ne le sont qu’en vertu d’un brevet du Prince. L’Archevêque de Paris est Conseiller né au Parlement. Speciali quodam muneris & officii jure Senator.

Conseiller honoraire, celui qui après 20 ans d’exercice, vend sa charge, & obtient des lettres de vétérance qui lui donnent entrée, séance & voix délibérative dans la compagnie, sans pouvoir cependant rapporter ni participer aux émolumens. Senator honorarius.

Conseiller. C’est aussi un titre qu’on donne à dix Seigneurs Vénitiens, qui, conjointement avec le Doge, représentent le Corps de la République de Venise. On les appelle Conseillers de la Seigneurie.

Conseiller Pensionnaire. C’est ainsi qu’on appelle, dans la plupart des villes de Flandre & des Pays-bas, un gradué qui fait le rapport des procès & donne son avis aux Echevins & Officiers municipaux qui, dans ce pays, jugent les affaites en première instance. Le Conseiller Pensionnaire n’a que la voix consultative, & les Juges peuvent prononcer contre son avis.

Conseillers, en termes de commerce, s’entend des Marchands établis dans les villes où les diverses nations de l’Europe ont des Consuls, & qui sont choisis pour les assister de leurs conseils.

On dit à ceux qui se mêlent de donner conseil sans qu’on le leur demande, que les Conseillers n’ont point de gages.

On dit, en termes burlesques & précieux, le Conseiller des graces ; pour dire, un miroir. Mol. On l’appelle aussi le conseiller muet dont les Dames se servent. La Font.

CONSEILLER, v. a. donner conseil. Voyez Conseil. Consilium dare alicui, aliquem consilio juvare. Nous ne nous contentons pas d’ordinaire de conseiller nos amis, nous prétendons les régler. S. Réal. Il y a encore plus de gens qui conseillent, que de gens disposés à suivre ses conseils qu’on leur donne. Ab. Il est dangereux de conseiller les Grands. Vaug. Si ta religion est bonne, elle ne t’auroit pas conseillé une méchante action, dit le Maréchal de Matignon à un Protestant convaincu d’avoir voulu l’assassiner. Cail. Alcibiade crut que conduit & conseillé par l’amour, il pouvoit tout entreprendre. Vill.

Aimez qu’on vous conseille, & non pas qu’on vous loue.

Conseiller (Se) à quelqu’un, expression un peu surannée ; pour dire, prendre ou suivre les conseils de quelqu’un. Aliquem in consilium advocare, in consilio habere.

Conseillé, ée. part. Consilio adjutus, fretus.

CONSEILLERE. s. f. se dit dans les Communautés de filles, de celles qui composent le Conseil de la Supérieure, comme chez les Miramiones. Quand on est reçue, on passe un contrat entre celle qui est reçue, la Supérieure & ses Conseilleres. P. Hélyot, T. VIII, p. 231.

CONSENS. s. m. terme de Banquier, & de Chancellerie Romaine. Le jour du consens est le jour que la résignation d’un Bénéfice est admise en Cour de Rome, & que le correspondant du Banquier a rempli, & signé la procuration qui lui a été envoyée avec le serment accoutumé, dont il est fait mention sur les dos du titre qu’on expédie en conséquence. Dies quo transcripta in alterum Beneficii Ecclesiastici possessio admissa est.

☞ Le consens, consensus, est proprement la note qui est délivrée à la Chancellerie Romaine, portant qu’un tel Procureur constitué par la procuration ad resignandum, a l’expédition de la présente signature, & que l’original de la procuration est demeuré à la Chancellerie ou à la Chambre Apostolique. Formalité introduite pour obvier aux fraudes occasionnées par les petites dates.

CONSENTANT, ANTE. adj. terme de pratique. Qui agrée une chose, qui consent. Consentiens. Les contrats ne se sont point, les mariages ne se célèbrent point, que les parties n’en soient consentantes. J’ai joui dix ans de cette terre, un tel le voyant & consentant, j’ai ma prescription acquise contre lui par la Coutume.

☞ CONSENTEMENT. s. m. Acte par lequel on agrée & l’on permet ce que les autres veulent. Voyez Consentir. Le consentement se demande aux personnes intéressées ; la permission au supérieur ; l’agrément à celui qui a inspection sur la chose dont il s’agit. Consensus, consensio.

☞ En style de Palais, le consentement est le concours mutuel de la volonté des parties sur un fait dont elles ont connoissance & qu’elles approuvent. Un testament ou un contrat de mariage fait par un consentement extorqué de force, est nul. L’élection de ce Magistrat s’est faite du consentement de toute l’Assemblée. Unanimi omnium consensu, omnibus assentientibus. Point de contrat sans le consentement des parties. Les Moines ne sortent qu’avec la permission du Supérieur. Pour acquérir une charge à la Cour, il faut l’agrément du Roi.

Consentement se dit aussi en logique & en morale pour acquiescement. Assensus. L’ame ne peut refuser son consentement à tout ce qui paroît revêtu du caractère de l’évidence. On doit peu estimer le consentement téméraire d’une multitude, qui suit plutôt ses intérêts que ses lumières dans le choix des opinions.

☞ Le consentement est exprès ou tacite, ou présume ou supposé. Le consentement universel de l’Eglise est une preuve de la vérité de notre foi.

Consentement, terme de Médecine. Voyez Sympathie.

☞ CONSENTES. s. m. pl. terme de Mythologie. Les Romains appeloient ainsi des Dieux du premier ordre, mais dont les noms étoient cachés & inconnus. Consentes. Les inscriptions nous apprennent que parmi les consentes il y avoit non-seulement des Dieux, mais aussi des Déesses. Varron dans Arnobe, L. III, dit que ce nom venoit des Etruriens, qui les appeloient aussi complices ; mais on est partagé sur la raison qui leur fit donner ce nom, & sur son origine & sa signification. Quelques-uns veulent que consentes soit la même chose que consentientes, & qu’ils ont été ainsi nommés, parce qu’ils étoient toujours d’accord dans ce qu’ils promettoient tous de concert. D’autres prétendent que consentes est la même chose que consulentes, & que la raison qui leur fit donner ce nom, est qu’ils étoient les Conseillers de Jupiter. Varron le dit en effet dans Arnobe ; mais il apporte une autre raison de ce nom, c’est, dit-il, qu’ils naissoient & qu’ils mouroient ensemble, quòd unà orientur, & occidant unà. Junius croit que ce nom vient de l’ancien verbe conso, consis, qui signifioit la même chose que consulo. Il y avoit douze Divinités consentes, six Dieux & six Déesses, & Varron dit qu’ils avoient peu de pitié, miserationis parcissimæ. On dit communément que ces Dieux consentes étoient ceux qu’Ennius a renfermés dans ces deux vers,

Juno, Vesta, Minerva, Ceres, Diana, Venus, Mars,
Mercurius, Jovis, Neptunus, Vulcanus, Apollo ;

que ces douze Divinités présidoient chacune à un mois de l’année, ainsi qu’il est marqué dans un ancien Calendrier des Paysans Romains, qui se voit sur un marbre au Palais Farnese. Mais comment ignoroit-on les noms des Dieux consentes ? Comment étoit-il défendu de les savoir, si c’étoient là leurs noms ? Comment Jupiter se trouve-t-il parmi les Conseillers de Jupiter ? Scaliger sur Festus remarque que les Dieux consentes étoient des Dieux de familles. Voyez aussi Vigenère sur Tite-Live.

☞ Il y avoit encore douze Divinités que les anciens reconnoissoient pour celles qui avoient le soin particulier des choses nécessaires à une vie tranquille & heureuse. Jupiter & la Terre étoient révérés comme les Protecteurs de tout ce qui est à notre usage. Le Soleil & la Lune, comme les modérateurs des temps : Cerès & Bacchus, comme les dispensateurs du boire & du manger : Bacchus & Flore, comme les conservateurs des fruits & des fleurs : Minerve & Mercure, comme les protecteurs des Beaux-Arts qui perfectionnent l’esprit, & du Commerce qui entretient & augmente les richesses ; & enfin, Vénus & le succès, comme les auteurs de notre bonheur & de notre joye, par le don d’une nombreuse lignée & par l’accomplissement de nos vœux.

☞ Les Grecs joignirent à ces douze Divinités Alexandre-le-Grand, comme le Dieu des conquêtes ; mais il ne fut pas reconnu par les Romains qui avoient transporté les douze autres de Grèce en Italie, où ils étoient adorés dans un Temple commun qui leur avoir été consacré à Pise.

☞ CONSENTIES, ou CONSENTIENNES, adj. pris substantivement, terme de Mythologie. Consentia. Fêtes à l’honneur des Dieux consentes ; fêtes, dit Festus, instituées par le consentement de plusieurs personnes, c’est-à-dire, selon Scaliger, de toute une famille : car cet auteur, dans ses Notes sur le mot de Festus, prétend que les Dieux consentes étoient des Dieux que chaque famille se choisissoit, & les Fêtes consentiennes, les fêtes & sacrifices que chaque famille leur faisoit ; car, outre les Dieux généraux, & les fêtes publiques, chaque famille avoit ses Dieux tutélaires, ses patrons, ses fêtes & ses sacrifices particuliers.

☞ CONSENTIR, v. n. c’est agréer & promettre ce que les autres veulent. Assentire, asentiri. Les mots consentir, aquiescer, adhérer, tomber d’accord, sont souvent très-synonimes dans la bouche de ceux qui s’en servent. Mais il semble que le mot de consentir suppose un peu de supériorité, que celui d’aquiescer emporte un peu de soumission ; qu’il entre dans l’idée d’adhérer un peu de complaisance ; & que tomber d’accord marque un peu d’aversion pour la dispute. Les parens consentent à l’établissement de leurs enfans. Les parens aquiescent au jugement d’un arbitre. Les amans adherent aux caprices de leurs maîtresses. Les bonnes-gens tombent d’accord de tout. M. l’Abbé Girard. On s’oppose aux choses auxquelles on ne veut pas consentir.

C’est une maxime de Droit. Qui se taît, semble consentir, c’est là-dessus qu’est fondée la prescription, la tacite réconduction. Dans les contrats de mariage, on met toujours cette clause, si Dieu & notre Mère la Sainte Eglise y consentent.

Consentir est un verbe neutre qui régit le datif. Je consens à votre demande, à donner, &c. On ne dit point consentir quelque chose, mais à quelque chose.

☞ Il est vrai qu’on viole cette règle au barreau ou l’on dit à l’actif consentir une vente, consentir l’adjudication d’une terre, &c. Mais, dit Voltaire, le style du barreau est celui des barbarismes.

CONSENTI, IE, part. Il n’a d’usage qu’au Palais. Pactus, a, um. Appointement consenti par les parties.

☞ CONSÉQUEMMENT. adv. qui se prend dans différentes significations. Quelquefois il sert à marquer la suite des idées liées les unes avec les autres, la juste liaison des propositions les unes avec les autres. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme raisonne conséquemment. Voyez Liaison.

☞ Quelquefois il sert à marquer la conformité de l’action avec la cause qui nous fait agir. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme parle, agit conséquemment ; pour dire, conséquemment à ses vues, à ses principes. Voyez Conformité.

☞ Quelquefois il signifie, par une suite raisonnable & nécessaire. Si je me porte héritier pur & simple, je serai conséquemment chargé des dettes de la succession. Consequenter.

☞ CONSÉQUENCE. s. f. conclusion, signifie en général une dépendance d’idées, dont l’une est la suite de l’autre. Consecutio, consequentia. La plûpart des gens sont plus portés à aquiescer à des preuves de sentiment, qu’à suivre le fil d’un infinité de conséquences enchaînées avec méthode. Bayl. Un dogme si abstrait ne peut être compris que par un esprit accoutumé à suivre un raisonnement de conséquence en conséquence. S. Evr.

Conséquence se dit en Philosophie dans une signification plus étroite, pour marquer la liaison d’une proposition avec les prémisses dont on l’a tirée : d’où il est évident qu’il n’est pas nécessaire que les prémisses soient vraies, pour que la conséquence soit bonne, parce qu’elle peut être très-bien tirée de propositions fausses. Or, la conséquence n’est que la liaison de la proposition déduite avec celles dont elle est déduite. Ainsi il y a liaison, ou il n’y en a point, c’est-à-dire, que la conséquence est bien ou mal déduite ; & dans ce cas on l’accorde, ou on la nie, mais on ne la distingue point. Il est évident encore que la conséquence est bonne ou mauvaise, mais qu’on ne peut pas dire qu’elle est vraie ou fausse Voyez Conséquent, Conclusion, Syllogisme.

Conséquence se dit encore de la suite des choses, des suites qu’une action ou une chose peut avoir. C’est par la raison que l’homme voir les conséquences. Per rationem homo consequentia cernit. Cicéron entend qu’à l’aide de la raison l’homme découvre la suite des choses. Cette chose peut avoir d’étranges conséquences. Ex eâ re consequi, nasci possunt. Exemple d’une dangereuse conséquence. On dit dans ce sens qu’une chose tireroit à conséquence, pour dire, qu’il seroit à craindre que d’autres ne s’en prévalussent.

Conséquence se dit aussi dans le sens de considération. Gravis, magni momenti, ponderis. Ainsi l’on dit un homme de conséquence, de peu de conséquence. Un emploi, une place de conséquence. Une affaire de nulle conséquence. Une terre de conséquence.

Conséquence, (Sans) façon de parler adverbiale, dont on se sert en divers sens. On le dit quelquefois pour marquer qu’il ne faut pas prendre à la rigueur ce que dit ou fait quelqu’un accoutumé à dire ou à faire ce qui lui plaît, sans aucun inconvénient ; qu’il ne faut pas se formaliser des libertés qu’il prend. Tout ce qu’il vous dit est sans conséquence, vous ne devez pas vous en fâcher.

☞ En matières de galanterie, quand on dit qu’un homme est sans conséquence : on entend que son âge & sa réputation le mettent à couvert de tout soupçon.

☞ Dans le discours ordinaire, un homme sans conséquence, est celui qui mérite si peu de considération, qu’on ne doit pas prendre garde à ses discours.

☞ On le dit aussi en parlant de certains privilèges qui sont tellement attachés à certaines personnes, que les autres ne peuvent pas se prévaloir de ce qu’on fait pour elles. Les honneurs qu’on lui a rendus dans telle occasion, sont sans conséquence pour d’autres.

☞ On dit qu’une grace est sans conséquence ; pour dire, qu’elle ne doit pas être prise pour exemple. Exemplum ex aliquâ re sumere, capere.

Conséquence, (En) Autre façon de parler adverbiale, qui signifie par une suite nécessaire, naturelle. Comme la matière n’agit qu’en conséquence des loix que Dieu a établies, il en connoît tous les effets.

☞ On dit aussi, j’ai reçu votre lettre, & j’agirai en conséquence, ou avec un régime, en conséquence de ce que vous me mandez, en conséquence de vos ordres ; pour dire, conformément.

☞ CONSÉQUENT. s. m. ou adj. pris substantivement, terme de Logique, par lequel on désigne la seconde partie d’un argument appelé enthymème. Consequent. Un enthymème est compose de deux propositions, dont la première s’appelle antécédent, & la seconde conséquent. C’est la proposition qu’on déduit ou qu’on infère de l’antécédent, des prémisses d’un raisonnement.

☞ Il ne faut pas confondre conséquent & conséquence. Le conséquent est la proposition déduite de l’antécédent, prise matériellement ou absolument. La conséquence est la liaison du conséquent avec l’antécédent. Dieu est infiniment parfait ; donc il est infiniment bon. Si je considère cette proposition, Dieu est infiniment bon, simplement selon la chose qu’elle exprime, c’est un conséquent. Si je la considère en tant qu’on la conclut de celle-ci, Dieu est infiniment parfait, en tant qu’elle exprime la liaison qui se trouve entre ces deux propositions ; c’est une conséquence.

Le conséquent peut être vrai, quoique la conséquence soit mauvaise. Si je dis, par exemple, tout cercle est une figure ; donc il est rond, ce conséquent donc il est rond, est vrai, puisque le cercle est une figure ronde ; mais la conséquence est mauvaise, c’est-à-dire, qu’il n’y a point de liaison entre le conséquent & l’antécédent ; c’est-à-dire, de ce que le cercle est une figure ; on ne peut pas inférer que ce soit une figure ronde. Voyez Conséquence.

☞ On distingue le conséquent lorsqu’il est équivoque, & susceptible de deux sens dans l’un desquels il est vrai, & faux dans l’autre. Dans le sens vrai du conséquent, on accorde la conséquence, c’est-à-dire, qu’on convient. Le conséquent est bien déduit de l’antécédent en le prenant dans tel sens : dans le sens faux du conséquent, on nie la conséquence, c’est-à-dire, on nie qu’il y ait conséquence ou liaison entre l’antécédent & le conséquent, entendu dans tel sens ; mais on ne distingue jamais la conséquence, parce qu’il y a liaison entre l’antécédent & la conséquence, où il n’y en a point. Dans le premier cas la conséquence est bonne ; dans le second elle est mauvaise ; mais on ne doit pas dire qu’elle est vraie ou fausse.

Conséquent, en termes de Mathématiques, signifie le second terme d’une raison, d’un rapport. Dans le rapport de b à c, la grandeur c est le conséquent. Voyez Rapport, Raison, &c.

CONSEQUENT, ENTE, ad], qui agit, qui raisonne conséquemment, avec justesse. Les Poëtes ne sont pas toujours fort conséquens : ils disent le pour & le contre, selon que l’imagination le leur présente ; & comme ils ne pensent pas d’ordinaire par principes, il ne faut pas s’étonner s’ils se condamnent quelquefois eux-mêmes, sans s’en appercevoir. M. de la Motte. Disc. sur Homere. M. l’Abbé Houtteville, dans l’éloquent discours qui précède son Traité de la Religion Chrétienne, prouvé par les faits, parle en ces termes de l’Apôtre Saint Paul : à juger de lui par ses ouvrages, c’étoit un génie supérieur, vif, solide, conséquent, & lumineux. Prenant toujours le plus haut point de vue, il s’élevoit jusqu’aux premières vérités. De-là toutes leurs suites, toutes leurs branches se montroient à lui, rangées comme par ordre, & personne aussi n’a jamais si bien fait voir les conclusions renfermées dans leurs principes. On peut voir par ces deux exemples cités avec un peu d’étendue, quelle est la signification & la force du terme conséquent, qui paroît heureusement inventé. Si Descartes se trompa, ce fut au moins avec méthode & avec un esprit conséquent. On appelle esprit géométrique, l’esprit méthodique & conséquent. Lettres Philosophiques. Pour suivre Descartes & Newton, il faut un esprit prépare par des connoissances préliminaires, qui ne sont pas communes, un esprit pénétrant, judicieux, conséquent, qui n’a pas été donné à tout le monde. Obs. sur les Ecr. mod. t. 13, p. 140. Génie conséquent, esprit conséquent, est une expression très-juste & très-usitée. Le Préservatif, ou Critique des Observations sur les Ecrits mod. p. 18.

Conséquent, (Par) adv. donc, conséquemment, par une suite nécessaire, ou raisonnable. Ideo, igitur, atque adeo, ob eam rem, itaque. Le soleil éclaire, par conséquent il est jour. Si l’on agit bien dans les affaires publiques, on offensera les hommes : si l’on y agit mal, on offensera Dieu, & par conséquent on ne s’en doit point mêler. Port-R.

Cette façon de parler adverbiale se met quelquefois absolument dans la conversation, & alors on sousentend la conclusion qui résulte naturellement de la première proposition. Vous m’avez donné votre parole, & par conséquent ; pour dire, & par conséquent vous êtes obligé de la tenir. Acad. Fr. Mauvaise locution.

CONSÉRANS ou COUSERANS. (Le) Contrée de France, dans la Gascogne, entre le Comté de Foix au levant, celui de Comminges au nord & au couchant, & la Catalogne au midi. Consoranni, Consorannus ager. Ce nom vient de celui de ses anciens habitans nommés Consoranniens. Pline en parle, L. IV, ch. 19. Leur ville est appelée dans les anciennes notices la Cité des Consoranniens, Consorannorum civitas ; c’est la cinquième des douze villes de la Novempopulanie. Aujourd’hui elle s’appelle S. Lizier ou Lezier de Consérans. Fanum S. Licerii in Consorannis. C’est un Evêché suffragant d’Auch. Le Consérans a eu titre de Comté. Jean Arnaud d’Espagne, chef de la maison de Montespan, le posséda avec ce titre. De ses descendans il passa à Eschivat, Comte de Bigorre, dont Simon, Comte de Montfort, son oncle hérita. Ce dernier céda ensuite son droit à Thibaut VII, Roi de Navarre. On prononce communément Consérans, & quelquefois Coserans en Gascogne. M. de Marca, dans son Hist. de Bearn, L. I, ch. 3 & 9, écrit toujours ainsi. Le Comenge & le Coserans confinent avec les trois Cités de Toulouse, de Carcassonne & de Narbonne, suivant l’ancienne étendue qu’elles avoient du temps de l’Empire Romain. De Marca. La Capitale du Conserans est appelée S. Lezer, à cause de Glycerius, Evêque de Conserans, recommandable par sa sainteté. Id.

CONSERVATEUR. s. m. celui qui conserve. Conservator. C’est Dieu seul qui est notre conservateur. Le Roi est le conservateur de la société.

Conservateur, (Juge) est celui qui est établi pour conserver les Privilèges accordés à certains Corps, ou qui a une commission pour juger de leurs différends. Judex Conservator. Les appellations des ordonnances des Conservateurs ressortissent au Parlement. Il y a à Lyon un Juge Conservateur des Privilèges des Foires de la ville. Le Prévôt de Paris est Juge Conservateur des Privilèges de l’Université. Cette qualité fut annexée à sa Charge par Philippe de Valois en 1340. Il y a d’ordinaire deux Conservateurs dans chaque Université ; le Conservateur des Privilèges Royaux, c’est-à-dire, ceux qui ont été accordés par les Rois, & le Conservateur des Privilèges Apostoliques, c’est-à-dire, de ceux qui ont été accordés par les Papes aux Universités. Le Conservateur des Privilèges Royaux connoît des causes personnelles & mixtes des Régens, des Ecoliers, & des Suppôts de l’Université, & même du possessoire des bénéfices. Le Conservateur Apostolique connoît des matières spirituelles entre personnes Ecclésiastiques. Si le Pape délègue des Juges Conservateurs pour quelques causes particulières, ils doivent être Ecclésiastiques, & commis pour choses qui concernent les Ecclésiastiques.

On nommoit autrefois des Conservateurs des Traités de paix, ou des trêves qui se faisoient entre les Princes. Ils devoient être Juges des infractions sui se feroient aux Traités, & étoient changés d’en faire faire satisfaction. C’étoit un ancien usage en France, & dans les pays circonvoisins, où au lieu qu’aujourd’hui on s’adresse à des Princes étrangers pour être garants des Traités, c’étoient les feudataires des Princes mêmes qui l’étoient de part & d’autre, & qui s’obligeoient même souvent à se déclarer contre leur propre Seigneur, au cas qu’il violât le Traité. P. Daniel. T. II, p. 1425. Sous Louis XI, cet usage fut encore observé au Traité de Lens.

Conservateur. (Grand) Nom d’une dignité dans l’Ordre de Malte. La charge de Grand Conservateur est attachée à la Langue d’Arragon. Vertot. Le Grand Conservateur de Malte est le Conservateur du trésor commun dont il doit empêcher la dissipation, & faire la distribution nécessaire. Il peut être Chevalier ou Chapelain & Servant. On l’appelle aussi Conservateur général. Le Conservateur général est changé à chaque Chapitre général. Il a une espèce d’Inspecteur qu’on appelle le Prud’homme du Conservateur.

Conservateur des Hypothèques est un Officier de la grande Chancellerie, qui garde les rôles des oppositions qui se font au sceau, aux lettres de ratification de la vente des rentes sur l’Hôtel de Ville.

CONSERVATION. s. f. action par laquelle une chose est conservée, l’effet qui résulte de cette action. Conservatio, salus. On doit préférer la conservation de l’honneur à celle des biens. Dès que l’un des membres est en péril, tous les autres concourent à sa conservation ; sans avoir besoin des ordres de la raison & de la volonté. P. Dan. Si l’on ne peut pas remonter jusqu’à la fondation des Etats, pour en représenter la constitution originaire, l’on ne peut contester que la conservation mutuelle n’en ait été le motif universel. Ben. Le corps sollicite sans cesse l’ame à la recherche des choses nécessaires à sa conservation. Maleb. L’attachement des hommes pour la vie les a rendus vigilans pour leur conservation, & les a appliqués à discerner les choses qui peuvent hâter ou reculer la mort. Le Cl. On doit supposer que c’est une convention tacite, que les hommes ne se sont assemblés en société que pour leur conservation commune. S. Evr.

Conservation se prend particulièrement pour l’action par laquelle Dieu conserve toutes choses. Actio conservativa, conservans. Quelques Philosophes disent que la conservation des choses n’est autre chose que la continuation de l’action par laquelle elles ont été produites. Sans la conservation tous les êtres retomberoient dans le néant. Voyez Conserver.

Conservation, terme d’Antiquaire Médailliste. Il signifie le bon état, la perfection, l’intégrité d’une médaille, que le temps n’a point usée, n’a point rongée ; dont toutes les figures, tous les traits, toute l’inscription, toutes les lettres sont bien conservées. Integritas. Les médailles du Cabinet du Roi, sont d’une conservation charmante. Une belle conservation. Il y a différens degrés de conservation, une conservation plus ou moins belle. Voilà une médaille d’une grande conservation. Celles-ce sont encore d’une assez bonne conservation.

Conservation de Lyon, juridiction établie en la ville de Lyon, pour la conservation des Foires de cette ville, & pour juger de toutes les contestations qui naissent à l’égard du Commerce ou des payemens à faire aux échéances des quatre Foires de Lyon, de tout ce qui a rapport au commerce, lettres de répi, banqueroutes, faillites, déconfitures, &c. ce Tribunal juge en dernier ressort, jusqu’à la concurrence de 500 livres, & au dessus de cette somme, les Sentences sont exécutées par provision, dans toute l’étendue du Royaume, sans qu’il soit besoin de visa ni pareatis.

CONSERVATOIRE. s. m. Hôpital fondé à Rome par le Cardinal Baronius, pour y retirer de pauvres filles orphelines. Conservatorium. Cette maison fut bâtie proche l’Eglise de Sainte Euphémie, & s’appelle le Conservatoire de Sainte Euphémie. Les Orphelines de Sainte Euphémie sont élevées dans leur Conservatoire sous la direction de quelques femmes pieuses.P. Helyot, T. VII, p. 207.

Conservatoire. s. m. Maison où l’on retire des filles & des femmes pour les préserver de la débauche. Conservatorium. Il y a de ces Conservatoires en Italie. Le Conservatoire de la Splendeur des Vierges à Naples.

Conservatoire, s. f. c’est la même chose que Conservation, Tribunal, siège d’un Conservateur des Droits de quelque Corps, comme d’une Université. Conservatorium, conservatio. Juges Magistrats au Bailliage, Conservatoire & Siége Présidial. Un arrêt du Conseil de 1695 dit : Vu la requête contenant qu’ils exercent la justice au siège de la Conservatoire, Bailliage & Présidial. On trouve dans un procès-verbal d’élection de 1506, que le Lieutenant à la Conservation prenoit le titre de Lieutenant-Général à la Conservatoire, & qu’il avoit un Lieutenant particulier. Delambon.

CONSERVATRICE, s. f. celle qui conserve, qui garde, qui prend soin des choses qui lui sont confiées. Conservatrix. Cette Dame est la conservatrice du bien de cette Abbaye. Nous avons bien de l’obligation à cette Princesse, c’est notre conservatrice.

Conservatrice, surnom qu’on donnoit à Junon, & sous lequel elle est désignée dans les médailles par un cerf, parce que de cinq biches aux cornes d’or, & plus grandes que des taureaux, que Diane poursuivoit un jour dans les plaines de la Thessalie, elle n’en prit que quatre, & la cinquième qui fut sauvée par Junon, devint le symbole de cette Déesse, sous le nom de Junon Conservatrice. Servatrix.

CONSERVE. s. f. confiture sêche qui se fait de plusieurs pâtes, ou fruits, ou fleurs, ou de racines, le tout mêlé avec une certaine quantité de sucre pour les rendre plus agréables au goût. Flores, fructus saccharo conditi. Conserve de roses, Rosæ saccharo conditæ, &c. d’orange, de citron, de pistaches, de grenade. Les Médecins, sous le nom de conserve, comprennent toutes sortes de confitures de fleurs, de fruits, semences, racines, écorces, feuilles, soit liquides, soit sèches, faites avec du sucre ou du miel, pour conserver long temps les qualités des simples.

Conserves, en termes d’Optique, se dit de certaine espèce de lunettes qui ne grossissent pas les objets, mais qui affoiblissent au contraire la trop grande lumière qui en rejaillit, & qui pourroit offenser la vue. Les gens sur l’âge se servent de ces lunettes. Conspicillium tuendis & conservandis oculis adhibitum.

Conserve, en termes de Marine, se dit des vaisseaux qui vont en mer de compagnie pour se défendre, s’escorter & se secourir les uns les autres. Fœderatæ naves, cursum eumdem tenentes. Il est parti dix vaisseaux qui vont de conserve. On dit aussi dans le même sens, aller de flotte, ou bailler cap à un autre vaisseau, ou à la flotte. On dit dans le même sens que deux vaisseaux sont de conserve ; pour dire, qu’ils font route ensemble. Acad. Fr. Les Navires chargés de marchandises de prix sont obligés de marcher de flotte, de faire conserve, de faire cap, & de s’attendre les uns les autres, & ne doivent point partir qu’ils ne soient du moins quatre. Ils doivent élire entr’eux un Vice-Amiral, & faire serment de s’entre-secourir, suivant les Ordonnances de la Marine. Naves itineris sociæ.

Conserve, en terme de Fortification, est la même chose que ce qu’on appelle contregarde. Præsidium.

Conserve, est aussi un réservoir d’eaux, pour les distribuer par des aqueducs. Receptaculum, castellum, selon Bubée.

CONSERVER, v. a. ☞ par rapport à Dieu, c’est soûtenir les choses qu’il a tirées du néant, empêcher qu’elles ne rentrent dans le néant, soit que cette action soit une création continuée, renouvellée à chaque instant, comme le prétendent quelques Philosophes, soit que dès la création même, Dieu ait donné à chaque être la faculté de conserver son existence, dans laquelle il le laisse persévérer, jusqu’à ce qu’il juge à propos de le détruire par un acte aussi positif que celui de la création ; opinion qui ne répond pas assez à l’idée que nous avons de la Souveraine puissance de Dieu, & paroît rendre l’homme indépendant, & anéantir la providence. Quelle que soit cette action, les créatures n’existent que parce que Dieu les a tirées du néant, elles ne perséverent dans leur existence que par une volonté efficace de Dieu, de par une opération qui influe directement sur leur existence continuée. Conservare.

Conserver, par rapport aux créatures, c’est apporter tout le soin nécessaire pour soûtenir son existence, ne rien faire qui puisse la détruire ou l’altérer, & faire de son mieux pour exister le plus long temps qu’il est possible. Nous avons tous un desir naturel de nous conserver, S. Evr. C’est une des loix principales de la nature. C’est un traité que nous avons fait avec la Société par les rapports que nous avons contractés avec elle, rapport que nous ne pouvons plus dissoudre sans injustice. Conserver, par rapport aux choses qui sont à notre usage, c’est apporter tout le soin nécessaire pour empêcher qu’une chose ne se gâte, ne dépérisse. Conserver ses habits, ses meubles, des fruits. On le dit avec le nom personnel ; pour dire, que les choses durent, ou ne durent pas beaucoup ; qu’elles périssent ou se corrompent bien vite. Les vins fumeux se conservent long temps. Les fruits d’été ne se conservent pas. Vin qui se conserve long temps. Vinum perenne.

On dit d’une femme qui est encore belle, quoiqu’un peu âgée, qu’elle se conserve bien, qu’elle a bien conservé son teint ; & au contraire d’un homme qui est malade pour faire souvent des excès, qu’il ne se conserve point. La santé est un bien si précieux, qu’on ne sauroit trop se conserver, ni trop se ménager. Curare valetudinem.

On dit, conserver ses terres, les terres des autres, son pays, &c. c’est en général les garantir de tout ce qui peut y apporter quelque dommage.

Conserver se dit aussi en choses morales & spirituelles. Servare, conservare, tueri. Cet homme a conservé son bon sens, sa mémoire jusqu’à sa dernière vieillesse. Il a conservé son crédit, son autorité, les droits, &c. empêcher qu’on y donne atteinte : il a conservé son amour, sa colère, sa vengeance, son orgueil, &c. Conserver son honneur, sa réputation, maintenir sans aucune tâche.

Je ne m’étonne point, qu’en ma tendre jeunesse,
Mon cœur des passions ait suivi la fureur ;
Mais ce qui me surprend, c’est de voir mon erreur
Se conserver dans ma vieillesse. L’Ab. Tetu.

On dit aussi, qu’un homme s’est conservé entre deux partis pour dire, qu’il est demeuré neutre, également ami de l’un & de l’autre.

Conserver, en passant des troupes, est opposé à licentier : à la paix on licentia tels & tels régimens, on n’en conserva que tant. Voyez Licentier.

Conserver. En termes de Marine. On appelle conserver un vaisseau, le suivre de près, ne le point perdre de vue. Le grand vent & l’agitation des vagues m’obligèrent de conserver ces trois vaisseaux pendant deux jours ; au bout desquels j’étois sur le point de hazarder un combat inégal. Du Guay-Trouin. Nous découvrîmes pendant la nuit une flotte de trente voiles, nous la conservâmes jusqu’au jour. Id. Pendant la nuit un vaisseau passa entre mon camarade & moi : nous revirâmes sur lui, & le conservâmes jusqu’à la pointe du jour. Id.

Conserver, au jeu de Trictrac, c’est pouvoir jouer son coup sans dégarnir aucune des cases qui forment le plein. Autant de fois qu’on conserve, on doit marquer quatre ou six points avant que de jouer son coup. On marque six points, quand on conserve par doublet, & quatre, quand on conserve par simple. Conserver par impuissance. On conserve par impuissance le plein du petit ou du grand jan, du jan de retour, & de la pile de misère, quand on ne rompt pas faute de pouvoir jouer. On marque également comme si l’on conservoit en jouant, mais l’adversaire marque deux points pour chaque dame non jouée. Conserver par privilège. Quand un joueur a son jan de retour plein, & toutes ses dames dedans, s’il fait un coup qui pourroit être joué par les dames surnuméraires, si le tablier avoit une fiche de plus, il conserve par privilège, il prend le bord du tablier pour une flèche, & y met la dame ou les dames surnuméraires. C’est le privilège du jan de retour.

CONSERVÉ, ÉE. part. Conservatus, servatus. Il a les usages & la signification de son verbe.

Outre cela conservé est un terme de Médailliste, qui se dit des médailles antiques, que le temps n’a point usées, rongées, gâtées, qui sont entières, dont les figures sont bien marquées, se distinguent bien. Il est opposé à fruste. Integer, incorruptus, illæsus. Cette médaille est rare, c’est dommage qu’elle soit si mal conservée. Cette autre plus commune est aussi mieux conservée. Il y a des Empereurs, dont les médailles sont presque toujours bien conservées, & d’autres dont les médailles le sont communément très-mal. Cela vient apparemment de la qualité & de la fonte du métal. L’or est toujours bien conservé, & l’argent presque toujours ; mais le bronze est souvent fruste. On le dit de même des tableaux qui ont encore tout leur éclat.

CONSÉVIUS. s. m. terme de Mythologie. Nom d’un Dieu des Romains. Consivius. C’étoit le Dieu qui présidoit à la conception des hommes, dit Tertullien, ad Nation. L. II, c. 11. C’étoit le même que Janus ; car Macrobe, Saturn, L. I, c. 9, dit que Janus s’appeloit Consivius, & que ce nom lui venoit à conferendo, parce qu’il présidoit à la conception, conferendo, id est, à propagine generis humani quæ Jano auctore conferitur ; ou comme parle Tertullien, qui consationibus concubitalibus præsit.

CONSIDENCE, s. f. terme dogmatique, qui se dit de l’affaissement, & de l’abaissement des choses appuyées les unes sur les autres. Sedimentum. Perr. Ess. de Phys. Ainsi lorsque les parties de l’eau qui sont élevées dans les vagues s’abaissent pour revenir à leur niveau, on dit que cela se fait par considence.

CONSIDÉRABLE. adj. m. & f. ☞ Clarus, spectatus, insignis, qui mérite d’être considéré ; qui mérite de l’attention par sa qualité ou par sa quantité ; dans l’usage il paroît synonime à grand ; mais il y a des occasions où ils ne pourroient pas figurer l’un pour l’autre. Un Prince est un homme considérable, tient un rang considérable. Voltaire est un grand Poëte, sa Henriade est un grand ouvrage. Voyez Grand. Il y a des gens qui ne cherchent à s’élever, que pour se rendre considérables par le mal qu’ils pourront faire. S. Real. Cette somme n’est pas assez considérable pour entreprendre un procès. Les mauvais succès de l’Amiral de Chastillon ne le rendoient pas moins redoutable à ses ennemis, ni moins considerable à ceux de sa faction. Cail. Si les hommes défendent l’innocence opprimée, ce n’est que pour se rendre considérables par la profession apparente de quelque vertu que tout le monde révère. Maleb. Cet homme est chargé de tant d’or, qu’il est la partie la moins considérable de lui-même. Id.

CONSIDÉRABLEMENT. adv. d’une manière considérable. Valdè, maximè. Il a été lésé considérablement en ce traité. Il augmenta considérablement le prix des monnoyes. Maucroix.

CONSIDÉRANT, ANTE. adj. qui est circonspect,