Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/831-840

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Fascicules du tome 2
pages 821 à 830

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 831 à 840

pages 841 à 850


qui prend garde à toutes les circonstances, à toutes les bienséances d’une action. Consideratus, prudens, circumspectus. Cet homme est fort considérant, il reconnoît les services qu’on lui rend. Ce mot se dit peu, & jamais hors du discours familier.

CONSIDÉRATION. s. f. action par laquelle on considère, on examine la nature, le mérite d’une chose. Consideratio, contemplatio. Il n’y a rien qui ne mérite une grande considération. Il ne faut pas juger d’un homme par une seule action ; mais par la considération de toute sa vie. S. Evr. Dès que l’on se renferme dans la considération de soi-même, & que l’on ne dissipe point ses réflexions sur les autres, il est plus aisé de se prescrire une conduite raisonnable. Abad.

Considération se dit aussi pour vue, raison, motif, ratio, respectus ; des considerations particulières m’ont empêché de faire cela. Par des considérations d’honneur & d’intérêt. Les conversions qui se font par des vûes, & par des considérations mondaines, ne sont ni sincères ni solides. Le Roi met dans tous ses Edits : A ces causes & autres considérations, à ce nous mouvant, &c.

Considération signifie encore, réflexion, ☞ attention dans sa conduite, manquer de considération, avoir de la considération, un imprudent agit sans considération.

Considération, ratio, respectus, attention réfléchie & mesurée avec laquelle on témoigne, dans les différentes occasions qui se présentent, la distinction & le cas qu’on fait de quelqu’un. Cette espèce de considération est une suite de l’estime ou du devoir. L’esprit du monde veut qu’on ait de la considération pour la qualité & les gens en place. Ce n’est pas entendre ses intérêts, que de négliger de donner des marques de considération aux personnes dont on a besoin dans ses affaires ou dont on espère quelque service. M. L’Abbé Girard. Voyez Circonspection, Égards, Ménagement.

Considération signifie aussi l’estime, la réputation que méritent les bonnes qualités, ou que la dignité & les charges attirent. Acad. Fr. Le mépris de la fortune n’étoit dans les Philosophes qu’un chemin détourné pour aller à la considération qu’ils ne pouvoient avoir par les richesses. Rochef. Je veux mettre tout en usage pour donner de la considération. S. Evr. Un homme de grande considération, qui n’a nulle considération dans le monde. Malgré l’autorité de l’Académie, il paroît que ces deux mots considération & réputation présentent des idées différentes. La considération est attachée à la place, aux dignités, aux richesses, en général au besoin qu’on a des gens à qui on l’accorde. La réputation est le fruit du mérite & des talens. L’Auteur de Cinna avoit de la réputation. Un sot opulent a de la considération, on peut avoir besoin de lui. Un homme élevé à une place éminente, dont il est incapable, a de la considération sans réputation.

Considération, terme de politesse qu’on emploie en parlant, ou en écrivant. Le terme de respect est toujours bienséant à un homme en parlant à une Dame. Celui de considération ne peut être mis en usage qu’avec les inférieurs. J’ai bien de la considération pour vous. Il y a beaucoup de gens qui abusent de cette façon de parler : les uns, parce qu’ils n’en savent pas la véritable signification ; les autres, pour faire connoitre leur prétendue supériorité à ceux auxquels ils l’appliquent. Mots à la mode.

Considération se dit encore, pour conséquence, importance, poids. Momentum, pondus. Elles se rendirent avec trente autres villes de moindre considération. Ablanc. C’est une autorité qui n’est pas de petite considération. Pasc. Tous ces argumens ne sont d’aucune considération à mon égard

CONSIDÉRÉMENT. adv. d’une manière prudente & circonspecte. Consideratè, circumspectè, prudenter. Il a agi en cette affaire fort considérément.

CONSIDÉRER, v. act. observer, regarder avec attention. Considerare, contemplari. On ne peut trop considérer les merveilles de la nature. Vous ne considérez pas assez le travail de ce tableau, & le nombre des figures.

☞ Il signifie aussi, examiner avec attention quelque chose pour nous corriger plus sûrement de nos fautes, il faut nous les faire considérer dans les autres. S. Real. Il est peu de spectacle plus agréable aux yeux du sage, que de considérer la conduite des hypocrites, dans les occasions où leur intérêt ne s’accorde pas avec la conscience. Id.

Considérer signifie encore peser une chose, en faire le cas qu’elle mérite. Ponderare, attendere ad. L’homme ne considere pas assez son néant & la grandeur de Dieu. Nos passions nous entraînent avec tant de rapidité, qu’elle ne nous permettent pas de considérer nos sentimens à loisir. S. Real.

Considérer signifie aussi avoir égard à quelque chose. Un bon Juge ne doit considérer ni la faveur, nu la qualité des personnes, mais seulement le bon droit. Considérez les bons services qu’il vous a rendus. Ac. Fr.

Il signifie encore estimer une chose pour sa valeur, pour son mérite. Æstismare, magni facere. Les hommes ne considerent la vertu que selon les sujets où elle se trouve, & point du tout en elle-même. S. Real.

Il signifie aussi avoir de la considération pour quelqu’un, en faire cas. On dit c’est un homme que je considere beaucoup ; mais cela ne se dit qu’en parlant de ses inférieurs. Ac. Fr.

Considérer. (Se faire) C’est par sa conduite ou par ses talens s’attirer de l’estime & la considération de la part des autres. Cet Officier se fait considérer à l’armée par son courage & son intelligence.

CONSIDÉRÉ, ÉE. part. Consideratus, spectatus, perpensus. Au Palais on se sert de ces formules, la conclusion des Requêtes commence toujours par, ce consideré, Nosseigneurs. Les Arrêts peu avant le dispositif, disent toujours, le tout vû & considéré.

CONSIDIA. s. f. Nom propre d’une famille Romaine. Considia gens. La famille Considia étoit plébéienne. Ses médailles portent le prénom de C. Cajus, & le surnom de Pætus. Paeti. Il y a aussi sur les médailles un Considius adopté par un Nonius, qui, en vertu de son adoption, porte le nom de Considius Nonianus. Considii Noniani. Voyez les familles de Patin, p. 80.

CONSIGE. s. f. En Provence, dans les Bureaux pour la réception des droits du Roi, elle signifie la somme que l’on consigne pour caution. Ainsi l’on dit : Il est resté entre les mains des Commis cent écus de consige : la consige a été de deux cens livres.

Consige ou Consive. On appelle à Lyon Livre de consige, le livre du Maître des Coches, sur lequel il consigne, & enregistre les balles de marchandises dont il se charge, pour en faire la voiture.

CONSIGNATAIRE. s. m. dépositaire d’un somme consignée. Sequester, depositorum custos, depositarius. Quand la difficulté des parties est levée, on s’adresse au consignataire, pour délivrer les deniers à celui à qui ils appartiennent.

CONSIGNATION. s. f. dépot d’une somme d’argent, de billets ou papiers, fait par autorité de Justice entre les mains d’un Officier public établi pour recevoir ces sortes de dépots. Depositum. Depositio. Les Receveurs des Consignations du Parlement, du Châtelet, &c. sont des dépositaires publics établis par autorité du Roi & de la Justice.

Consignation signifie aussi ce que l’on consigne, ou ce qu’on met en dépôt. Depositum, res deposita. On met deux ou trois consignations entre les mains du Buvetier, pour faire juger un procès de grands Commissaires. Chaque consignation est de quatorze écus & demi pour chaque heure de vacation. On appelle demi-consignation, celle qui se fait pour juger au Conseil une affaire par forclusion. On fait aussi des consignations entre les mains d’un ami pour une gageure, pour une partie, &c. Le Greffe des consignations est un gouffre, ou une mer qui reçoit les eaux de tous les fleuves, & qui ne les rend pas. La Bruy.

☞ Ce mot vient de consignare qui signifie cacheter, à cause qu’anciennement on ne donnoit pas par compte l’argent qu’on déposoit, mais dans des sacs où l’on apposoit son cachet : quoique nous n’ayons pas reçu cet usage, nous avons toujours donné le nom de consignation à tout dépôt judiciaire.

Consignations (Les) se faisoient autrefois au Greffe. Elles se font aujourd’hui entre le mains du Receveur des consignations à qui de certains Droits ont été attribues par différentes Déclarations : de sorte qu’aucune consignation ne peut être faite par ordonnance du Juge, en d’autres mains qu’en celles du Receveur des consignations.

☞ On appelle les consignations le Bureau établi pour recevoir les dépôts qui s’y font par autorité de Justice. Porter son argent aux consignations.

Consignation, terme de coutume. C’est le remplacement de la dot de la femme fait & stipulé par le contrat de mariage sur tous les biens du mari. Oppignerata pro uxoris dote mariti bona. Par l’art. 365 de la Coutume de Normandie, la dot de la femme, lorsqu’il n’y a point de consignation, se reprend sur les meubles, & au défaut des meubles sur les conquêts.

CONSIGNE. adj. m. & f. terme d’Algèbre. Qui a les mêmes signes. Ce mot a été inventé par M. de la Loubère dans son Traité de la Résolution des équations, pour signifier des termes d’équations qui ont les mêmes signes, c’est-à-dire, qui ont tous deux +, ou tous deux −, ou tous deux + & − ; ou − & +. En un mot, qui ont les mêmes signes & dans la même disposition. Son contraire est dissigne, qui se dit des termes des équations qui ont des signes différens. Simili signo, ou signis similibus affectus, est consigne au reste ajoûté, qui est . La Loubere. Le deuxième période est consigne au premier. Id. En ce cas-là le deuxième période qui commencera par le reste sera consigne au premier. Id. M. de la Loubere fait toujours gouverner à ces adjectifs le nom suivant avec la particule au, c’est-à-dire, comme l’on parle communément, qu’il leur fait régir le datif ; on pouroit au lieu d’au mettre de, & leur faire régir le génitif, & dire l’un est consigne ou dissigne de l’autre. ☞ On ne se sert point des termes consigne & dissigne.

Consigne. s. f. terme de guerre. Avis, instruction que l’on donne à un soldat, à une sentinelle, de tout ce qu’il doit faire & observer dans le poste où on le place. Admonitio, instructio, documentum vigiliæ datum. Le Caporal est chargé de distribuer avec exactitude la consigne aux sentinelles qu’il pose en faction. Bomb. Une sentinelle doit sur toutes choses écouter attentivement la consigne qui lui est donnée, afin de s’en souvenir & de l’exécuter précisément. Id. Il faut que la sentinelle qui va être relevée dise mot à mot à celle qui la relève, tout ce qu’il y a à expliquer sur la consigne, tant de jour que de nuit. Id. Le Caporal de consigne. Voyez Caporal.

Consigne est encore dans les places de guerre un particulier ou commis posté près de la barrière de chaque porte, pour examiner tout ce qui entre, & sonder toutes les voitures, écrire le nom des Etrangers, & où ils vont loger, afin d’en rendre compte tous les soirs au Commandant de la place. Bomb. Lorsqu’il n’y a point de consigne à la porte, c’est aux Caporaux à visiter les voitures qui se présentent pour entrer, & à sonder les chariots chargés de fourage, &c. Idem.

CONSIGNER, v. a. déposer une somme, la mettre en dépôt entre les mains de la Justice ou de quelque particulier, en attendant qu’on la délivre en temps & lieu, à qui il appartiendra. Deponere. On consigne l’argent contesté entre les mains des Notaires, Greffiers, ou du Receveur général commis à cet effet. Quand on a fait des offres raisonnables qui ont été refusées, on demande permission de consigner son argent.

Consigner se dit aussi des papiers, des cédules qu’on dépose entre les mains d’un ami, pour les garder jusqu’à un certain temps convenu ; ou d’un Greffier, quand il est ainsi ordonné par le Juge.

On dit consigner en papier ; pour dire, donner un billet, portant obligation de la somme qu’on doit consigner. Acad. Fr.

Consigner, terme de commerce, signifie remettre & adresser. J’ai ordonné de consigner ce ballot à votre Commissionnaire ; c’est-à-dire, de le lui remettre.

Il signifie encore enregistrer des marchandises sur les livres des Messagers, & autres Voituriers publics.

Consigner se dit aussi en parlant des sommes qui ne sont pas encore dûes. On consigne les vacations des Commissaires qui doivent juger un procès, les salaires des arbitres. On a consigné l’argent, les frais d’une partie de divertissement, pour la rendre sûre, afin qu’on ne manque pas de s’y trouver.

Consigner sa dot, en terme de Coutumes, c’est la remplacer sur tous les biens du mari. Oppignerare pro uxoris dote mariti bona. Par la Coutume de Normandie, les intérêts de la dot, lorsqu’elle est consignée, courent du jour de la mort du mari.

Consigner, terme de guerre, c’est avertir une sentinelle, instruire un soldat posé dans un poste, lui ordonner ce qu’il doit faire sur telle ou telle chose, en tel ou tel cas, le charger de quelque chose. Admonere, docere, præcipere. Aux portes des Commandans il est consigné de laisser passer ; aux portes des magasins, & sur le rempart il doit être consigné de ne laisser passer personne après la retraite battue, à l’exception des rondes & des patrouilles. Bomb. Dès que le détachement posera les armes, à l’instant le Caporal mettra une sentinelle pour garder l’entrée du poste, & lui consignera les armes. Id.

☞ On dit figurément consigner quelqu’un à une porte, ordonner qu’on ne le laisse point entrer, & quelquefois donner ordre qu’on le laisse entrer.

Consigner à la postérité, consigner dans ses écrits un événement pour en conserver la mémoire ; phrases barbares, purement latines. Consignata publicis litteris memoria, événement dont on a fait mention dans les registres publics. Consignatæ in animis notiones : notions gravées, empreintes dans les esprits. Litteris consignatum, mis par écrit.

Consigné, ée. part.

☞ CONSISTANCE. s. f. mieux que consistence, état de perfection dans les choses qui sont susceptibles d’accroissement & de diminution : temps pendant lequel elles sont dans leur plus grande vigueur, sans augmentation ni dépérissement. Vigor, robur. Les animaux, les arbres, &c. ont leur état d’accroissement, de consistance, & de dépérissement. Un arbre qui a pris tout l’accroissement dont il étoit susceptible, est dans son état, dans son âge de consistance ; après ce temps il est sur le retour, il commence dépérir, à décliner. Voyez Accroissement & les articles relatifs.

Consistance, terme de Physique, état du corps dans lequel les parties qui le composent sont tellement liées entr’elles, qu’elles résistent plus ou moins à leur séparation. Firmitas, firmitudo. La consistance exprime de la difficulté à séparer les parties continues : la continuité ne présente l’idée que de contiguité. Les simples taffetas n’ont point de consistance. Le bois a plus de consistance que la cire ; le marbre plus que le bois. Voyez Cohésion.

Consistance se dit encore pour exprima un certain degré de solidité qu’acquièrent les choses fluides lorsqu’elles deviennent épaisses. Densatio, spissitudo. Ainsi l’on dit que de la gelée, des confitures, de la bouillie, &c. n’ont pas assez de consistance, ont trop de consistance ; cet opiate, cette composition doit avoir un certain degré de consistance ; faire bouillir des drogues jusqu’à consistance de syrop.

☞ Dans les choses morales, on dit qu’un esprit n’a point de consistance ; pour dire, qu’il n’est pas ferme dans ses résolutions. Les choses de ce monde n’ont point de consistance ; pour dire, n’ont point de stabilité, sont sujettes au changement. Les affaires de Rome sembloient avoir pris quelque consistance, paroissoient dans une situation à ne pas changer sitôt.

Consistance, en termes de Jurisprudence, se dit de la totalité d’une chose, la totalité des parties qui la contiennent dans son intégrité. Dans ce sens on dit la consistance d’une succession, tout ce qui la compose. La consistance d’une terre, d’une Seigneurie, c’est-à-dire, le sol, les droits, les redevances qui lui appartiennent. Il faut savoir la consistance d’une succession, en connoître les effets & les dettes, avant que de se porter héritier pur & simple. Dans une déclaration, on donne un état de la consistance d’une terre.

☞ CONSISTANT, ANTE, qui consiste. En jurisprudence, on dit une terre consistante en bois, en prés, en terres labourables. Constans. Voyez l’article précédent.

Consistant, en termes de physique, qui a un certain degré de solidité. Corps consistans, c’est-à-dire, fixes & solides, par opposition à fluides. Voy. Consistance, terme de physique.

☞ CONSISTER, v. n. qui se dit de l’état d’une chose considérée quant à sa nature, à ses qualités, à ses propriétés. Consistere, contineri, stare, situm, positum esse. La perfection Chrétienne consiste dans la charité. L’art de régner consiste à savoir bien dissimuler. La Justice consiste à rendre à chacun ce qui lui appartient. Le pouvoir des Rois ne consiste que dans l’amour & dans la soumission de leurs Sujets. Il y a des passions malignes dont tout l’agrément consiste dans la douleur d’autrui. S. Real. La beauté consiste dans la proportion des parties. La vie de l’homme consiste dans l’union du corps avec l’ame. La véritable bravoure ne consiste point dans une entière insensibilité des dangers. S. Real.

☞ Dans ce sens, en parlant de ce qu’il y a de principal & de plus important dans une affaire, dans une question, dans une difficulté, on dit, le tout consiste à savoir. Acad. Fr.

Consister se dit aussi de l’état d’une chose considérée en ses parties. Constare, contineri, consistere. Toute la Loi consiste en deux points, à aimer Dieu sur toutes choses, & son prochain comme soi-même. Cette armée consiste en tant de bataillons, & tant d’escadrons. Tout son revenu consiste en maisons, & en rentes. Cette maison consiste en une cour, tant de chambres, cave & grenier. Cette ferme consiste en tant d’arpens.

On dit, que la vertu consiste dans le milieu ; pour dire, qu’il faut garder la modération en tout.

CONSISTOIRE. s. m. ☞ Conseil du Pape, assemblée des Cardinaux convoqués par le Pape, pour les consulter & demander leur avis sur quelques affaires importantes. Sacrum Pontificis Consilium, Consistorum. C’est le premier Tribunal de Rome & la Juridiction la plus majestueuse de la Cour du Pape. Le Consistoire ne s’assemble que quand il plaît au Pape de le convoquer. Le Pape le préside sur un Trône fort élevé, couvert d’écarlate, & sur un siège de drap d’or. Il a à droite les Cardinaux Prêtres & Evêques, & à gauche les Cardinaux Diacres. Le Consistoire public s’assemble dans la grande sale du salais Apostolique de S. Pierre, où l’on reçoit les Princes & Ambassadeurs des Rois. Le Pape est en ses habits Pontificaux. Les autres Prélats, Protonotaires, Auditeurs de Rote, & autres Officiers, sont aussi sur les degrés du Trône. Les Courtisans sont assis à terre. Les Ambassadeurs des Rois sont au côté droit du Pape ; les Avocats Fiscaux & Consistoriaux derrière les Cardinaux Evêques. Là se plaident des causes judiciaires devant le Pape.

Le Consistoire secret se tient en une Chambre plus secrette qu’on appelle la Chambre du Papegai, où le Pape pour tout Trône a un siège qui n’est élevé que de deux degrés. Consilii Pontificii Conclave secretius. Il n’y demeure que deux Cardinaux dont il recueille les opinions, qu’on appelle sentences. En ce sens on dit, que le Pape a tenu Consistoire. On n’expédie point de Bulles d’Evêchés, ni d’Abbayes qu’elles n’aient passé par le Consistoire, & qu’elles n’y aient été proposées. Vavre, en son Histoire de la Cour Romaine. Du Cange dérive ce mot de consistorium, locus ubi consistitur, qui s’est dit premièrement d’un vestibule, d’une galerie, ou d’une antichambre où les Courtisans attendent qu’on leur ouvre ; ainsi dit, à consistente multitudine. Il s’est dit aussi du lieu où le Prince sortant de sa chambre venoit donner audience. Et depuis on l’a dit généralement des lieux où le Prince tenoit Conseil pour délibérer sur ses affaires, ou juger les procès. On a appelé Consistoire, le lieu où s’assembloient les Prélats & les Prêtres sur les affaires survenantes. Et enfin, ce mot s’est appliqué à l’Assemblée des Cardinaux.

Consistoire, dans le Droit Romain, signifie, ou le lieu où l’on traite des affaires publiques, ou le lieu où l’on rend la justice.

Consistoire s’est dit autrefois du Conseil des Empereurs, & on le dit encore en parlant de ce tems-là. Constantin fit venir le Donatiste Cécilien & ses accusateurs dans son Consistoire ; car c’est ainsi que l’on nommoit le Conseil où l’Empereur traitoit les affaires les plus importantes, & où il jugeoit lui-même. Fleury. De-là vient que plusieurs appellent en latin le Conseil d’Etat de nos Rois, Sacrum Consistorium, Regium Consistorium. Ainsi M. Paschal, Conseiller d’Etat, a intitulé son ouvrage des Couronnes : Caroli Paschalii, Regis in sacro Consistorio Consiliarii, & apud Rætos Legati, Coronæ. D’autres disent Sacri Consistorii Comes, parce qu’on appeloit ainsi les membres du Consistoire des Empereurs.

Consistoire signifie aussi, parmi ceux de la religion réformée, un Conseil ou une assemblée composée des Ministres & des anciens de leur Secte, pour régler leurs affaires, leur police & leur discipline. Calvinistarum Consilium. Le Ministre en semaine y préside. On a mandé cette fille au Consistoire pour recevoir correction de ce qu’elle a été au bal.

On dit figurément Consistoire, de toute assemblée & de tout Conseil, en style familier, comique, ou burlesque.

Tout est fait pour Louis, & dans leur Consistoire,
Les Dieux ont résolu de suivre ses désirs. Nouv. choix de vers.

Consistoire de la bourse. C’est à Toulouse le lieu où les Prieur & Consuls des marchands de cette ville s’assemblent pour y tenir leur Juridiction ou traiter des affaires relatives au commerce.

☞ CONSISTORIAL, ALE. adj. qui appartient, qui a rapport au Consistoire du Pape. Consistorialis, ad sacrum pontificis Consistorium pertinens. Matière consistoriale. Officiers consistoriaux, jugemens consistoriaux, bénéfice consistorial. On nomme ainsi tout bénéfice dont les bulles sont demandées & expédiées par la voie du Consistoire. Les Abbayes, les Evêchés sont des bénéfices consistoriaux à la nomination du Roi : & ceux qui y sont nommés, sont proposés au Pape en plein consistoire, par le Cardinal protecteur, qui, la veille, donne aux Cardinaux du Consistoire des mémoires qui expriment le genre de vacance, le nom, surnom, qualités & capacités de l’impétrant. Les bulles doivent être obtenues dans neuf mois. Quand celui qui a été nommé a reçu ses bulles, il se fait sacrer, & ensuite il prête serment de fidélité entre les mains du Roi. Pour faire cesser la régale, il faut que le serment de fidélité soit régistré à la Chambre des Comptes. Ces bénéfices étoient autrefois électifs ; mais par le concordat qui abolit les élections, ils sont conférés par le Pape sur la nomination du Roi.

Il y a des Avocats & autres Officiers consistoriaux. Les Avocats consistoriaux ont de beaux privilèges ; comme de donner des lettres de docteur in utroque jure, &c.

CONSISTORIALEMENT. adv. en Consistoire, selon les règles du Consistoire. In Pontificii Consilii conventu, ex formula Pontificii conventus. Cela a été résolu consistorialement.

CONSISTORIALITÉ. s. f. qualité de celui qui est consistorial, ou la forme observée dans les expéditions du Consistoire. Encyc.

CONSIVE. s. f. nom de divinité payenne. Consiva. C’étoit la Déesse des biens de la terre, de même qu’Ops, Rhéa & la Terre. Ses fêtes qui tombent le 15 d’Août, s’appeloient Opecosiva Voy. Varron, De L. Lat. L. V. Vossius, de Idol. L. II, c. 58. à la fin.

Ce nom vient de conserere, consero, consevi, planter,

CONSOLABLE. adj. m. & f. qui peut être consolé. Consolabilis. Elle n’est pas consolable de la mort de son galant. Scar. On ne le dit guère qu’avec la négative.

CONSOLANT, ANTE. adj. qui console. Consolans, consolationem afferens, plenus solatio. Un testament à notre profit est une chose fort consolante. Ce que vous me dites-là n’est guère consolant.

☞ CONSOLAT. s. m. terme de coutume. C’est ainsi qu’on appelle à Gap un droit qui se lève sur les blés qui sont exposés au marché.

CONSOLATEUR. s. m. qui console, qui modère la douleur. Consolator. Dieu est le grand consolateur des affligés. Parmi les chrétiens, le Saint-Esprit est appelé le consolateur, l’esprit consolateur.

CONSOLATIF, IVE, adj. m. & f. La gazette qui se distribue à Paris tous les samedis, est une chose fort récréative & fort consolative aussi, entant que cette babillarde ne dit jamais de mauvaises nouvelles. Gui Patin. Expression passable pour ce temps là.

☞ CONSOLATION. s. f. soulagement qu’on donne à l’affliction de quelqu’un ; discours qui tend à adoucir, ou dans lequel on se propose de modérer la douleur ou la peine des autres. Consolatio, solatium. Donner, apporter, recevoir de la consolation. Ecrire une lettre de consolation. L’homme, dans les accidens imprévus qui lui arrivent, dont il feint de n’être point ébranlé, ne reçoit bien souvent d’autre consolation que de sa vanité. M. Esp. L’amitié adoucit toutes les douleurs, & fait que dans les plus grandes infortunes on trouve la consolation. S. Evr. Combien de misérables à qui il ne reste d’autre consolation que celle de redire ennuieusement leur misère ! Fléch.

Que de sots complimens de consolation,
Qui sont surcroît d’affliction ! La Font.

Consolation se dit aussi d’un véritable sujet de joie. C’est une grande consolation pour un pere de voir ses enfans se porter au bien.

Consolation, en termes de dévotion & de spiritualité, signifie une certaine joie de l’ame dévote, un mouvement intérieur d’amour & d’espérance. Ceux qui ne veulent nourrir leur dévotion que de consolation & d’espérances, envisagent Dieu comme père, & croyent n’avoir rien à faire avec lui comme juge. Fléch. Les spirituels, lorsque les consolations leur manquent, tombent dans ce qu’ils appellent aridité & sécheresse. S. Evr.

☞ Consolation se dit aussi des choses & des personnes qui consolent. La philosophie, les livres, sont toute sa consolation. Dieu est notre consolation. Sa fille est son unique consolation.

Consolation, dans l’Histoire Ecclésiastique, est une cérémonie que les Manichéens Albigeois substituoient au Sacrement de Pénitence & au Viatique à l’article de la mort. Ils prétendoient que tous les péchés étoient remis sans confession ni satisfaction par cette cérémonie ; pourvu que le Ministre qui la faisoit, ne fut point en péché mortel. Consolatio, manuum impositio. Elle consistoit à réciter le Pater noster, & à recevoir l’imposition des mains de leurs Docteurs, qu’ils nommoient leurs Docteurs Prévôts, Præpositi, Evêques ou Diacres, & en général Ordonnés, Ordinati. Celui qui faisoit cette cérémonie, avant que d’imposer les mains, les lavoit sur la tête du pénitent, sur laquelle il mettoit aussi le livre des évangiles, & disoit sept fois le Pater, avec le commencement de l’évangile de S. Jean. Selon ces hérétiques, tout le secret du salut consistoit à saisir heureusement les derniers momens de la vie, afin d’y dire simplement le Pater noster, & recevoir l’imposition des mains, que leur faisoient leurs Docteurs, & que l’on nommoit parmi eux la consolation. Consolés, en effet, avec ce viatique de tout ce qu’une mort prochaine & une conscience bourelée de crimes peuvent causer d’inquiétudes, ils mouroient tranquilles, sur-ce dans les flâmes, & auroient acheté la consolation au prix de tous leurs biens. P. Fontenay. Voyez au mot Parfait.

On dit proverbialement que la consolation des malheureux, c’est d’avoir des semblables.

Consolation, terme de jeu de cartes. A l’hombre, au quadrille, &c. celui qui a demandé à jouer, & qui perd, distribue aux joueurs un tribut convenu qu’on appelle consolation.

CONSOLATOIRE. adj. m. & f. propre à consoler. Consolatorius. Il ne se dit qu’en cette phrase, épitre consolatoire, discours consolatoire. Il est vieux.

CONSOLATRICE, celle qui console. La Sainte-Vierge est appelée dans les litanies la consolatrice des affligés. Consolatrix aflictorum.

CONSOLE. s. f. pièce d’Architecture, ou de menuiserie, qui est en saillie, qui sert à soûtenir quelque buste, quelque vase, ou quelque poutre, ou petite voûte, ou corniche. Prothyris. On les appelle aussi rouleaux, ou mutiles, modillons & corbeaux ; & il s’en fait de plusieurs sortes de figures. Console se dit aussi de la partie d’une pièce de bois qui est coupée en pointe, ou en diminuant par le bout. Ancon. On appelle console adossée en serrurrerie, un petit enroulement, en manière de doubles consoles. La console avec enroulemens, est celle qui a des volutes en haut & en bas. La console arrasée est celle dont les enroulemens affleurent les côtés. La console gravée est celle qui a des gravures. La console plate, celle qui est en manière de corbeau, avec des glyphes & goûtes. Console en encorbellement, celle qui sert à porter les ménianes & les balcons, & qui a des enroulemens & nervures, qui la distinguent du corbeau. La console coudée est celle dont le contour en ligne courbe est interrompu par quelque angle. Console renversée, celle dont le plus grand ornement est en bas. Console rampante, celle qui suit la pente d’un fronton pointu, pour en soûtenir les corniches. Souvent on entaille des consoles sur les clefs des arcades.

On appelle aussi console, un enroulement de fer en forme de console renversée qui se met au commencement & au bas d’un escalier devant le premier polets, pour appuyer & affermir la balustrade ; ou contre des piliers de portes ou de clairevoie de fer pour affermir.

Consoles, terme de Charron. Ce sont deux morceaux de bois quarrés qui sont enchassés dans des mortoises faites au lisoir de devant, & qui servent à supporter la coquille. Encycl.

Console, terme de Botanique. On se sert de ce terme en Botanique pour exprimer les bases des feuilles de certaines plantes qui sont taillées en console. Dict. de James.

CONSOLEMENT. s. m. vieux mot. Consolation.

CONSOLER, v. a. adoucir le chagrin, la tristesse ; soulager l’affliction de quelqu’un, soit par le discours, soit par quelque autre moyen. Consolari, alicujus dolorem consolando levare. Le temps console de toutes douleurs. La Philosophie console ceux qui sont capables de réflexions. Nous nous consolons quelquefois par foiblesse des maux dont la raison n’a pas la force de nous consoler. Rochef. C’est un artifice pour consoler un affligé, que de comparer sa misère à une plus grande. Le tempérament aide bien à la raison à se consoler. B. Rab. On se peut consoler de tout quand on est médiocrement sage, ou médiocrement fou. Ch. de Mer.

Isis me consoloit de tout,
Et rien ne me console d’elle. La Sabl.

Sur les ailes du temps, la tristesse s’envole ;
On fait beaucoup de bruit, & puis on se console. La Font.

On dit, consoler les affligés est une des sept œuvres de miséricorde. On dit encore, quand on nous menace de la perte d’une chose dont nous ne nous soucions pas beaucoup : il s’en faudra consoler ; j’en serai bientôt console.

☞ Corneille, dans les Horaces a dit, consoler contre les infortunes, cela n’est pas François ; on console du malheur ; on s’arme contre le malheur. Vot.

CONSOLÉ, ÉE. part. pass. & adj. Consolatione recreatus.

Combien de fois, de douleurs accablé,
Par tes soins généreux me vis-je consolé ? Vill.

CONSOLEUR. s. m. vieux mot, ou mot fait par Marot pour avoir une sillable de moins & faire son vers. Consolateur. Consolator.

Qui te fut consoleur,
Pour supporter maintenant ta douleur ? Mar.

☞ CONSOLIDANT. adj. & s. m. terme de Chirurgie par lequel on désigne des médicamens qui, purifiant avec une chaleur & une force modérée, attirent ou chassent la corruption des plaies, affermit & cicatrise les parties divisées. Les baumes sont des consolidans, des médicamens consolidans.

CONSOLIDATION. s. f. terme de Chirurgie, qui se dit de l’action par laquelle la nature réunit les os fracturés, ou les lèvres d’une plaie. Conglutinatio, cicatrix. Cette plaie est dans une partie qui fera que sa consolidation sera longue.

Consolidation est aussi un terme de Jurisprudence, qui signifie la réunion de l’usufruit à la propriété que l’on avoit déjà d’un héritage ; ce qui arrive par la mort de l’usufruitier. Consolidatio. Forget employe le mot de consolidation pour signifier l’union des dixmes à un fief noble. L. II, p. 17

CONSOLIDE. s. f. Plante médecinale qu’on appelle à présent consoude. Voyez Consoude.

CONSOLIDER, v. a. retrait, rejoindre, rafermir. Consolidare. On ne le dit au propre qu’en Chirurgie. Les baumes consolident les plaies. On dit qu’une plaie se consolide, lorsque la chair vive commence à croître, & que la plaie se referme. Solidescere, solidari. La partie nerveuse du diaphragme étant blessée, ne se peut consolider, non plus que les intestins grêles, le cœur, le poumon, le foie, l’estomac, le cerveau, &c. On dit figurément consolider une union, consolider un traité. ☞ En Jurisprudence, on dit consolider l’usufruit à la propriété ; c’est-à-dire, réunir, ce qui arrive par la mort de l’usufruitier. Consolidare.

Consolidé, ée. part.

CONSOMMATEUR. s. m. terme théologique. Perfector. Il ne se dit qu’en certaines phrases consacrées. Jesus-Christ est l’auteur & le consommateur de notre foi. Fen. C’est-à-dire, il a achevé, il a accompli le mistère de notre foi, confirmé nos espérances. Cette expression est prise de l’Epitre aux Hébreux, XII. 2. où Saint Paul dit : jetant les yeux sur Jesus l’auteur & le Consommateur de la foi.

Consommateur se dit aussi dans l’ordre civil des citoyens qui consument le produit des terres. Plus il y a de consommateurs dans un Etat, plus cet état est puissant, mais par la même raison, beaucoup de consommation faite par un petit nombre de consommateurs, est une corrosion continuelle, & toujours croissante, du nerf de la population. L’Ami des hom.

CONSOMMATION. s. f. Ce terme a chez nous plusieurs acceptions. Quelquefois il est synonime à accomplissement, fin, consummatio, perfectio, absolutio. L’Incarnation a fait la consommation de toutes les prophéties. La consommation d’une affaire, d’un ouvrage. ☞ C’est dans ce sens qu’on dit qu’un collateur ne peut plus revenir après sa nomination, après la consommation de son droit.

☞ C’est aussi dans ce sens que l’on dit la consommation du mariage, l’union charnelle du mari & de la femme, après la bénédiction nuptiale, union qui fait que le mariage ne peut plus être dissous que par la mort d’un des deux conjoints.

Consommation se dit aussi de l’emploi, du fréquent usage des choses qui servent à l’entretien de la vie ou de la société, comme les vivres, les denrées, & qui se détruisent par l’usage. Consumptio. On devroit dite consomption ou consummation ; mais par abus on dit consommation en plusieurs phrases. Il se fait dans Paris une grande consommation de blés, de vins, de fourages, d’étofes. Il se fait une grande consommation de poudre dans une bataille. Les Fermiers des Aides ont intérêt qu’il se fasse une grande consommation de denrées. Ce malade ne pourra pas faire la Consommation de l’hostie.

☞ On dit aussi la consommation des siècles, & dans ce cas, le mot de consommation est synonime à fin ; la fin, la destruction du monde : ou bien il sera synonime à accomplissement, parce que si la consommation des siècles est la destruction de plusieurs choses, elle est aussi l’accomplissement & la perfection d’une infinité d’autres.

☞ C’est aussi dans ce sens qu’on dit en marine qu’un écrivain doit tenir régistre de la consommation ; c’est-à-dire, des cordages, voiles, poudre, balles, & en un mot de tout ce qui est employé au service du vaisseau.

Consommation, dans le terme de commerce, est synonime à débit, distribution des marchandises. Quand le commerce ne va pas, les marchands disent qu’il n’y a pas de consommation.

CONSOMMÉ. s. m. bouillon succulent qu’on tire d’une viande ☞ long temps bouillie, & qui a déposé la plus grande partie de ses sucs dans l’eau. Succus ex decoctis carnibus expressus. On lui a donné un consommé très-nourrissant.

CONSOMMER, v. a. user, dissiper des denrées, des provisions nécessaires à la vie. Consumere, absumere, effundere. Une grosse garnison consomme en peu temps bien des provisions : hors ces sortes d’exemples, où le mauvais usage a prévalu sur le bon, il faut se servir de consumer, quand on veut signifier détruire, anéantir, &c. & c’est aussi la décision de l’Académie.

Consommer (Faire) de la viande, c’est la faire bouillir assez long temps, pour que les sucs qui en sont exprimés forment une espèce de gelée avec le bouillon. Succum ex decoctis carnibus exprimere. Il faut faire consommer la viande pour faire de la gelée. Les Chimistes ne peuvent tirer des essences des corps que les substances ne soient entièrement consommées.

Consommer signifie aussi achever, finir, terminer. Perficere, absolvere, consummare. Il faut consigner encore quatre vacations pour consommer, pour faire juger cette affaire. Jesus-Christ dit en mourant que tout étoit consommé ; pour dire, que toutes les Prophéties étoient accomplies.

Consommer signifie, dans le même sens, venir au dernier but du mariage. Un mariage n’est point parfait, jusqu’à ce qu’il soit consommé.

Consommer, en termes de Jurisprudence Canonique, signifie remplir son droit. Un Collateur consomme son droit, quand il confère un bénéfice à une personne, quoiqu’indigne.

☞ On ne dit point consumer pour consommer. Personne ne s’avise de dire consumer le mariage, une vertu consumée : l’abus est de dire par-tout consommer, même dans les cas où il faudroit dire consumer ; par exemple, consommer son bien, son patrimoine. On dit de même, presque par-tout, consommer la Sainte Hostie. Il faut absolument dire consumer. Le Prêtre consomme le Sacrifice, & consume l’Hostie. Cet abus s’est glissé dans plusieurs autres phrases. Bien des gens disent indifféremment consommer & consumer ses forces, consommer & consumer son bien. Néanmoins consommer ne veut point dire cela, mais accomplir, comme quand on dit consommer le mariage, une vertu consommée. Consumer, c’est détruire, anéantir un sujet. Consommer, c’est le mettre dans la dernière perfection.

CONSOMMÉ, ÉE. part. & adj. Perfectus, absolutus, consummatus ou consumtus, absumtus.

Consommé signifie encore parfait, très-profond. Perfectus, cumulatus, in aliquâ re versatissimus. C’est un homme consommé en vertu, en science, en expérience. Toute la gloire qui peut rendre un Evêque consommé dans les souffrances, étoit renfermée en la personne d’Ozius. Herman. Le Politique le plus consommé n’auroit pu prendre de plus justes mesures. S. Evr. S. François de Sales étoit un Saint consommé dans la vie intérieure & contemplative. Fenel.

CONSOMPTIF, IVE ou CONSUMPTIF, IVE. adj. terme de Médecine & de Chirurgie, qui se dit des remedes qui ont la force de consumer les humeurs ou les chairs. Consumptivus, a, um. Les pierres à cautère, l’eau phagédénique sont des remèdes consomptifs. Burlet. Acad. des S. 1700. Mem. p. 122. On dit aussi substantivement, des consomptifs, pour des remèdes consomptifs, comme on dit des dessicatifs, des lénitifs, &c.

CONSOMPTION. s. f. c’est le même que consommation ; & il se dit presque des mêmes choses qui se consument. Consumptio. Il se fait une grande consomption de vivres dans cette maison, dans cette ville. La consomption des espèces Sacramentelles dans l’Eucharistie. Le Critique du Dictionnaire de l’Académie soûtient qu’on ne doit point confondre ces deux mois, consomption & consommation. Voyez Consommation & Consommer.

Consomption est aussi une certaine maladie de langueur, ☞ espèce de phtisie fort ordinaire en Angleterre, qui consume & dessèche le poumon, les entrailles, & cause enfin la mort. Consumptio. On croit qu’elle est causée par la vapeur du charbon de mine qu’on brûle en ce pays.

CONSONNANCE. s. f. terme de Musique, union, convenance de deux sons, l’un grave, & l’autre aigu, qui se mêlent avec une certaine proportion, en sorte qu’ils font un accord agréable à l’oreille. Convenientia, consonantia. Consonnance mixte. Consonnance parfaite, imparfaite, doublée, triplée, &c. L’unisson est la première des consonnances. La seconde consonnance est l’octave. La troisième, la quinte, & ensuite la quarte, les tierces & les sixièmes majeures & mineures. Les autres sont les doubles ou répétitions de celle-là. Il n’y a que sept ou huit consonnances simples.

Les consonnances majeures sont celles qui surpassent les mineures d’un demi-ton. Les consonnances mixtes sont celles qui sont tantôt majeures & tantôt mineures. Lancelot. Les quartes & les quintes sont les consonnances les plus considérables. Id. Les consonnances parfaites sont l’unisson, l’octave & la quinte, & leurs répliques.

Nivers, dans son Traité de la composition de la Musique, rejette l’unisson du nombre des consonnances, parce que toute consonnance est entre des tons différens en nombre & en espèce ; mais l’usage a prévalu. Le même Auteur distingue deux sortes de consonnance, les parfaites & les imparfaites. Les parfaites, sont la quinte & l’octave. Les imparfaites sont, la tierce & la sixième, qui se divisent en majeures & mineures.

Plusieurs anciens Musiciens ne mettoient point l’unisson au nombre des consonnances, parce qu’ils regardoient la consonnance comme un mêlange agréable de sons dissemblables, graves & aigus, qui frappent doucement l’oreille. Les consonnances se divisent en simples & en composées : les consonnances simples sont celles en la proportion desquelles les deux extrêmes sont tellement ordonnés entr’eux, que telle proportion ne peut être divisée par un terme mitoyen : les consonnances composées sont celles qui peuvent être divisées en une autre proportion par un terme mitoyen. P. Parran. Toute consonnance est parfaite ou imparfaite ; les parfaites sont trois, l’unisson, le diapente, & le diatessaron : elles sont parfaites, parce qu’elles ne sauroient recevoir de changement, ou altération, sans quelque mauvais effet ; les imparfaites sont le diton, le semi-diton, l’éxachorde majeur, & l’éxachorde mineur : on les nomme imparfaites, parce qu’étant comparées aux autres, elles ne sont pas si parfaites, & parce qu’elles peuvent recevoir quelque altération, en diminuant ou en augmentant. Id. C’est l’oreille qui doit faire le rapport des sons à la raison, afin qu’elle juge de la bonté des accords, & de la justesse des consonnances. Lancelot.

Consonnance dissonnante. Tout accord dissonnant ne peut être composé que de l’union des consonnances ; & c’est de la comparaison que l’on fait de deux consonnances prises en particulier dans un accord que se forme la dissonnance ; ainsi dans l’accord de la septième, composé de l’union de deux quintes & de trois tierces l’on trouvera que les deux sons extrêmes sont dissonnans entr’eux, puisqu’ils ne font ni quinte, ni tierce ensemble, & qu’ils font au contraire septième ou seconde par renversement. Il ne faut pas examiner seulement les intervalles qui se trouvent entre la basse & les autres sons d’un accord, sans avoir égard aux différens intervalles que tous les sons peuvent former ensemble en les comparant les uns aux autres, de sorte que l’on prend quelquefois pour consonnant un son qui est en effet dissonnant. Par exemple, dans l’accord de la petite sixte, il ne se trouve que trois consonnances qui sont la tierce, la quarte & la sixte ; mais si l’on confronte la tierce avec la quinte, l’on trouvera que ces deux sons forment dissonnance ensemble. Pareillement dans l’accord de la grande sixte, il se trouve trois consonnances, qui sont la tierce, la quinte & la sixte, où l’on trouvera encore une dissonnance entre la quinte & la sixte. Donc ces consonnances sont dissonnantes entr’elles, & il ne reste plus qu’à savoir distinguer celle qui forme la dissonnance, ce qui est facile, en rapportant ces accords à leur fondement, où l’on verra que dans l’accord de la petite sixte c’est la tierce qui forme la dissonnance & que dans celui de la grande sixte c’est la quinte ; puisque cette tierce & cette quinte sont en effet la septième du son fondamental de l’accord de la septième, dont ces deux dernières dérivent. Rameau. Pour connoître les consonnances qui doivent être préférées lorsqu’il s’agit de les doubler, il n’y a qu’à compter les consonnances par ordre : ainsi, l’octave, la quinte, la quarte, la tierce & la sixte, pour savoir distinguer que l’on doit préférer l’octave à la quinte ; & ainsi de suite, en remarquant que l’octave est déja une réplique, & que dans l’accord consonnant de la sixte, l’octave de la tierce ou de la sixte est aussi bonne que celle de la basse. Id. Voyez Dissonnance.

Consonnance, en terme de Grammaire, se dit aussi des cadences semblables, ☞ de la ressemblance des sons des mots dans la même phrase. Consonantia similiter desinens. Ce qui rend quelquefois une longue Poësie françoise ennuyeuse, ce sont les rimes qui ont trop de consonnances, ou de mêmes chutes. Les consonnances sont vicieuses dans la Prose françoise, quoique les latins en fassent une figure qu’ils appellent ὁμοιοτέλευτον. ☞ Comme la rime entre dans le méchanisme de nos vers françois, nous ne voulons la voir que là, & l’oreille est frappée désagréablement quand deux mots qui ont le même son, se trouvent l’un auprès de l’autre ; comme si je disois, lorsque deux mots qui ont le même son, sont l’un auprès de l’autre. Il faut, disent Vaugelas & Bouhours, éviter en Prose, non-seulement les rimes, mais encore les consonnances des mots ; comme celle qui le trouve entre Soleil & immortel. Les consonnances sont autorisées dans nos proverbes.

CONSONNANT. adj. terme de Musique. On le dit des tons, ou des intervalles. Il y a des intervalles consonnans : il y en a de dissonnans.

CONSONNE. Quelques-uns disent CONSONNANTE. adj. & s. f. Lettre qui ne produit point de son toute seule. Consonnans. La consonne, selon la Grammaire, est une lettre qui ne produit de son qu’avec une autre qui doit être voyelle, ou dipthongue ; & c’est de-là que lui vient son nom de consonne, qui veut dire une lettre qui rend un son quand elle est jointe avec une autre, quæ sonat cum alia. Une consonne, selon la Philosophie, n’est autre chose que la modification du son qui se fait par le moyen des organes de la voix : ainsi les sons marqués par ces caractères, a, e, i, o, u, ai, au, &c. ieu, eau, yeu, &c. sont autrement modifiés quand on dit ab, ou ba, que quand on dit ac, ou ca, ad, ou da, &c. & ces modifications s’appellent consonnes, lettres consonnes.

Les lettres de l’Alphabet sont divisées en voyelles & en consonnes. Il y a des consonnances doubles, comme l’x dans le mot axillaire, le ξ en grec ; d’autres liquides, comme l, r, m, n ; d’autres muettes, comme b, d, &c, qui ne font aucun son sans voyelle.

La division la plus naturelle des consonnes est celle que font les Grammairiens Hébreux, qui ont été imités en cela par les Grammairiens des autres langues Orientales & savantes. Ils divisent les consonnes en cinq classes, par rapport aux cinq organes principaux de la voix, dont chacun contribue avec les quatre autres, mais plus que les quatre autres, à certaines modifications qui font cinq espèces générales de consonnes. Chaque espèce ou chaque classe renferme plusieurs consonnes, qui résultent des différens degrés qu’on distingue dans la même modification, ou dans les mouvemens des mêmes organes : ces organes sont le gosier, le palais, la langue, les dents & les lèvres. Les cinq espèces de consonnes sont, les gutturales, les palatiales, les linguales, les dentales ou les sifflantes, & les labiales.

On compte dix-sept consonnes dans la langue françoise, qui sont b, c, d, f, g, k, l, m, n, p, q, r, s, t, x, z, auxquelles il en faut ajouter trois autres, qui sont l’h aspirée, l’j consonne, & l’v consonne ; ce qui fait en tout vingt consonnes : une gutturale, h aspirée, comme dans les mots héros, hallebarde : cinq palatiales, qui sont c dur, comme on le prononce devant a, o, & u ; j consonne, k, & q. On peut les remarquer dans les mots suivans, caverne, colère, curiosité ; gendre, girandole, garantir, goblet, guerre, kalendes : quatre de la langue, qui sont, d, l, n, t : quatre dentales, dont les trois dernières sont sifflantes, r, s, x, z ; cinq labiales, qui sont, b, f, m, p, v consonne.

Il faut remarquer sur cette division des consonnes : 1o. Que quoique le g soit modifié de trois manières différentes, selon qu’il est devant l’a & l’o, ou devant 1’e & l’i, ou devant 1’u, il est toujours consonne du palais. 2o. Que le j consonne ne diffère que pour la figure & le caractère, & nullement pour la prononciation du g devant e ou i. 3o. Que le k n’a point d’autre prononciation que celle du c dur. 4o. Que le q a deux prononciations, l’une dure & ferme, par où il ressemble pour le son au k & au c dur, comme dans les mots quand, querelle, quatre, quolibet, &c. & une autre un peu plus douce, qu’il a quand il est suivi d’ue, ou d’ui, qu’on prononce mouillés, comme dans quelle, quille. 5o. Que quoique la prononciation du q paroisse différente dans quand & dans quadrupède, elle est en effet la même ; la différence apparente vient de ce que l’u ne se prononce pas dans quand, & qu’il a le son de l’ou dans quadragésime, quadrupède, &c. mais dans toutes ces occasions le q est toujours une lettre palatiale. 6o. L’s a deux sons ; l’un dur, qui est un sifflement rude, & son propre son, l’autre doux, par lequel elle ressemble au z ; elle prend ce son quand elle est entre deux voyelles, comme dans les mots vase, maison, asine, &c. 7o. L’x renferme deux lettres dans le son qu’elle fait entendre : savoir, un c dur ou un k, & une s ou un autre c, tel qu’on le prononce devant e ou i ; ainsi les mots Alexandre ou Alexis, se prononcent comme s’ils étoient écrits Alecsandre, Aleccis, ou Alecsis. 8o. Le c devant un e, ou un i, n’est point une consonne du palais, mais des dents, parce qu’il perd alors son propre son pour prendre le son sifflant de l’s.

M. l’Abbé de Dangeau trouve assez raisonnable la division des consonnes que les Grammairiens hébreux ont inventée, mais il n’est pas tout-à-fait de leur avis sur le partage qu’ils en ont fait. Pour trouver une division plus naturelle & plus juste des consonnes, il n’a point d’égard à leur figure, ou au caractère qui les représente, il ne considère que leur son, ou la modification qu’elles donnent au son : sur ce principe il trouve cinq consonnes labiales, qui sont b, p, v consonne, f & m : cinq palatiales, qui sont d, t, g, k, n : quatre sifflantes, qui sont s, z, j consonne, ch : deux liquides, l & r : deux mouillées, qui sont gn, ou le son qui commence la seconde syllabe d’ignorant, & deux ll mouillées, ou le son qui commence la dernière syllable de bouillon ; & l’h qui sert à marquer l’aspiration, ce qui fait dix-huit consonnes, & une aspiration. Il remarque ensuite les choses suivantes. 1o. Que l’m & l’n sont deux consonnes nasales, l’m un b passé par le nez, & l’n un d aussi passé par le nez ; en effet, ceux qui sont fort enrhumés prononcent banger pour manger, & je de saurois pour je ne saurois. 2o. qu’entre les consonnes il y en a de foibles & de fortes ; les foibles sont, b, v, d, g, z, j ; les fortes sont, p, f, t, k, s, ch : elles différent en ce que les foibles sont précédées d’une petite émission de voix qui les adoucit. On peut ajouter que quand on dit qu’une personne parle du nez, on doit entendre cela dans un sens tout différent que celui que présentent ces paroles ; car alors le nez concourt moins à la prononciation, que si l’on ne parloit pas du nez ; puisque l’air qui ne peut passer librement par le nez est renvoyé dans la bouche, où il forme un son obtus, qu’on appelle son nasal.

De tout ce qu’on vient de dire, on doit conclure qu’il n’y a plus de consonnes dans une langue que dans une autre, que parce qu’il y a plus de modifications de son reçues par l’usage, & établies dans une langue, que dans une autre ; car tous les hommes ayant les mêmes organes, ils peuvent former les mêmes modifications : ainsi c’est seulement à l’usage, & nullement à la nature, qu’il faut attribuer que les François n’aient point le θ des Grecs, ou le th Anglais, le ch des Allemands tel qu’ils le prononcent dans ich & dans euch, l’ain & le hheth des Hébreux, ou les conformes semblables des autres langues orientales ; que les Chinois n’aient point d’r ; que les Iroquois n’aient point de consonnes labiales, que les Hurons aient beaucoup d’aspirations ; que les Arabes & les Géorgiens aient beaucoup de consonnes doubles ; ce qui vient de ce qu’ils font concourir fortement plusieurs organes à la modification d’un son, au lieu que les François n’y emploient ordinairement d’une manière forte & bien sensible qu’un seul organe, & les autres que foiblement.

Il est encore visible que dans toutes les langues, les lettres gutturales ou les aspirations, sont de véritables consonnes, puisque le gosier modifie autant le son que le palais, la langue ou les lèvres.

Enfin, pour trouver toutes les consonnes qu’il peut y avoir dans toutes les langues qui ont été en usage, ou qui peuvent être formées, il n’y a qu’à observer toutes les modifications qui peuvent arriver au son de la parole, & l’on aura par ce moyen-là toutes les consonnes qu’on peut imaginer.

Les langues du Nord écorchent le gosier de ceux qui parlent, & les oreilles de ceux qui écoutent. Toutes leurs consonnes entassées les unes sur les autres, sont horribles à prononcer, & ont un son qui fait peur. Bouh. Il y en a qui attribuent cela au froid du climat, qui ne laisse pas un mouvement libre aux organes.

Consonnante est aussi un grand instrument de Musique nouvellement inventé par l’Abbé Du Mont, qui participe du clavecin & de la harpe. Son corps est comme un grand clavecin posé à plomb sur un piédestal, qui a des cordes des deux côtés de ses tables, lesquelles on touche à la manière de la harpe.

CONSORTS. s. m. pl. terme relatif, qui se dit au Palais, de ceux qui sont engagés dans la même affaire civile, qui y ont un intérêt commun. Consors, socius. Un Poursuivant criées poursuit tant pour lui que pour ses consorts, pour ceux qui sont créanciers comme lui, de la même personne. Cet héritier exerce les droits du défunt, tant pour lui que pour ses consorts & cohéritiers. On disoit autrefois d’une femme à l’égard de son mari, qu’elle étoit sa légitime épouse & consorte. Du Cange dérive ce mot de consortes, qui signifie des voisins, possesseurs d’héritages qui se touchent les uns les autres ; supposant que ces héritages avoient été autrefois distribués par le sort, & que ceux qui en avoient eu de contigus, avoient eu la même fortune.

Consort, nom d’une Société du Tiers Ordre de S. François, établie à Milan en Italie. Consortium, Congregatio Fratrum de Pænitentia. On confioit aux Frères & Sœurs du Consort le soin d’exécuter toutes les œuvres & les legs pieux que les Fidèles faisoient en faveur des pauvres & des affligés. Dans la suite, craignant qu’on ne les soupçonnât de se les attribuer, ils remirent ce soin entre les mains de quelques laïques de Milan. Mais l’expérience ayant appris que ces Freres & ces Sœurs du Confort s’en acquittoient avec plus de fidélité, les Milanois, l’an 1477, supplièrent Sixte IV d’ordonner à ces Tiercaires de reprendre la distribution de ces aumônes. Wading ne dit point ce qui fut réglé, ni ce que devint cette Société. Voyez cet Auteur à l’an 1477, nombre 46, & le P. Hélyot, T. 7, ch. 45.

CONSOUDE. s. f. On disoit autrefois Consyre. Consoude est un nom qui se tire de la propriété qu’on attribuoit à plusieurs espèces de ce genre pour consolider les plaies, tant internes qu’externes. On distinguoit autrefois ces plantes en grande, moyenne & petite Consoude, & Consoude Royale. La grande Consoude, symphytum ou Consolida major, croît dans des endroits humides. Ses racines sont grosses comme le doigt, cassantes, noirâtres en dehors, blanchâtres en dedans, visqueuses, & fades au goût. Elles poussent des tiges hautes de deux à trois piés, quelquefois plus velues, aîlées & garnies de feuilles alternes, longues, étroites, velues, & de la figure de celles d’Aunée, mais verdâtres des deux côtés, & beaucoup plus étroites. Celles qui sortent immédiatement de la racine sont à peu près de même : ses fleurs, qui viennent par bouquets aux extrémités des tiges & des branches, sont des tuyaux cylindriques, ouverts par leurs deux bouts, longues de plus de demi-pouce, légèrement échancrées à leur ouverture supérieure, & de couleur ou blanche, ou pâle, ou jaunâtre, ou purpurin clair ou purpurin plus foncé. Ces fleurs sont soûtenues par des calices verdâtres, à cinq pointes, & du milieu desquels s’élève un pistil qui enfile la fleur, & qui est garni à sa base de quatre embryons, qui deviennent autant de semences semblables à des têtes de vipère. On emploie en Médecine les racines de la grande Consoude pour les crachemens de sang, & pour les dyssenteries ; elles entrent dans les tisannes vulnéraires & adoucissantes. On appelle Consoude moyenne, la Bugle. Voyez Bugle. On donne le nom de petite Consoude à la pâquerette, à la brunelle. Voyez Paquerette. Et celui de Consoude royale, Consolida regalis, à cette espèce de pié d’alouette qui vient communément dans les champs, & qu’on nomme à présent Delphinium segetum. Voyez Pié d’Alouette.

Consoude Saraine, est une espèce de verge dorée, qui a ses tiges cannelées, hautes de deux ou trois coudées. Ses feuilles sont longues, semblables à celles du Saule, un peu dentelées & lisses. Ses fleurs sont radiées, de couleur jaune, disposées en épi le long des tiges. En latin virga aurea angustifolla serrata ou solidago Saracenica. On se sert en Médecine des feuilles, qui sont astringentes, amères, dessiccatives & vulnéraires. Elles sont bonnes pour mondifier, & pour guérir les ulcères malins.

☞ CONSPIRANT, ANTE, adj. terme de Mechanique. Les Puissances conspirantes ou concourantes sont celles dont les directions ne sont pas opposées, & qui concourent plus ou moins à produire le même effet. On ne devroit même appeler Puissances conspirantes, que celles qui agissent suivant la même direction.

CONSPIRATEUR. s. m. qui ne se prend guère qu’en mauvaise part, & se dit de celui qui forme une conspiration ou qui y a part, soit dans le dessein soit dans l’exécution. Voyez Conspiration. Conjuratus. Quelques Auteurs prétendent que conspirateur n’est pas encore bien établi, cependant l’Académie l’adopte, & Corneille a dit :

Non, jamais d’assassin ni de conspirateurs
N’attaquèrent le cours d’une si belle vie.

CONSPIRATION. s. f. Union de plusieurs personnes mal intentionnées contre l’État, contre les Princes, contre les personnes publiques. Conspiratio. Tramer, faire, former, conduire, découvrir une conspiration. Voyez au mot Conjuration, les différences relatives qui se trouvent entre les mots, Complot, Conspiration, Conjuration.

Conspiration se dit aussi, mais toujours en mauvaise part, de l’intelligence de plusieurs personnes réunies pour un même dessein sans aucun rapport à l’État ni au Gouvernement. On fait une conspiration contre un Auteur. Il y une conspiration, on a fait une conspiration pour lui faire perdre son procès, pour le lui faire gagner, pour lui faire avoir, pour lui faire perdre une charge. Il y a entre les hommes une espèce de conspiration à se dissimuler ce qu’on pense les uns des autres. Nicol.

☞ CONSPIRER, v. n. être unis d’esprit & de volonté pour l’exécution de quelque dessein. Conspirare. On le dit en bonne ou en mauvaise part, selon que le dessein est bon ou mauvais, louable ou blâmable. Conspirer au bien public. Tous conspirent à sa fortune, à sa ruine. Brutus & Cassius conspirèrent contre César, pour rendre à la République son ancienne liberté. On conspiroit souvent contre les Empereurs Romains.

Du rang que vous tenez, confus, désespéré,
Pour vous en dépouiller j’ai cent fois conspiré.

☞ On dit activement conspirer la perte, la mort de quelqu’un. Il semble qu’ils aient conspiré la ruine de l’Etat.

☞ Ce verbe employé absolument se prend toujours dans un sens odieux pour désigner un complot formé contre le Souverain, contre l’État, contre les personnes publiques. On fut averti que l’on conspiroit dans telle ville, dans telle province.

☞ On le dit neutralement dans un sens figuré des choses qui concourent, qui contribuent au même effet. Tous les événemens semblent conspirer à la gloire du Souverain, au bonheur de l’État.

Jettez les yeux sur cette Province, que la guerre & la sécheresse ont désolée, en sorte que le ciel & la terre semblent avoir conspiré sa ruine. Fléch. C’est à la Cour que les passions s’excitent, & conspirent toutes contre l’innocence. Id. Toutes choses conspiroient à la fortune du Cardinal de Richelieu ; tout conspiroit à son avancement. Les vœux du peuple conspirent à la gloire de leur Prince.

Je vois que la sagesse elle-même t’inspire :
Avec mes volontés ton sentiment conspire. Racine.

Tout conspire, Madame, à mon contentement. Mol.

Conspiré, ée. part.

CONSPUER, v. a. cracher sur quelqu’un. Conspuere, spuere in aliquem. Et au figuré mépriser quelqu’un d’une façon marquée. Il n’est d’usage que dans le style burlesque.

CONSPUÉ, ÉE. adj. & part. Couvert de crachats, sifflé, méprisé, mocqué. Pour consoler le Poète conspué du mauvais accueil du Parterre, il lui donne deux mille écus de pension, & lui en passe le contrat chez un Notaire. Observ. sur les Ecrits mod. Il est à propos de remarquer que ce mot n’est point de l’Auteur de Gil-Blas, quoiqu’il se trouve dans l’extrait qu’on donne ici du IVe Tome. Il faut dire aussi, pour la justification de l’Auteur des Observations, qu’il l’a mis en italique. Au reste, il n’est pas du bel usage, & ne peut passer que dans le style familier.

Et tout leur saoul l’ayant berné, hué,
Croquignolé, soufleté, conspué. R.

CONSTABLE. s. m. Nom d’homme. Constabilis. S. Constable, Abbé de Cave, près de Salerne, mourut l’an 1124.

CONSTAMMENT. adv. d’une manière certaine & indubitable. Certissimè, indubitanter, haud dubiè. Il est constamment vrai que le tout est plus grand que sa partie.

Constamment, signifie aussi, d’une manière uniforme, invariable, toujours égale, & qui ne change point. Constanter. Le soleil achève son cours constamment en 365 jours.

C’est aux gens mal tournés, c’est aux Amans vulgaires,
A brûler constamment pour des beautés sévères. Mol.

Il signifie aussi, avec fermeté. Les Martyrs ont enduré constamment les cruautés des Tyrans.

CONSTANCE. s. f. qualité, force de l’ame que les circonstances ne font point changer de disposition. Voyez Fermeté.

M. de La Chambre dit que la constance est une passion simple, qu’il définit un mouvement de l’appétit, par lequel l’ame s’affermit, & se roidit pour résister aux maux qui l’attaquent. Constantia, animi firmitas. La constance des Stoïciens les empêchoit d’avouer que la douleur fût un mal. Un coup si capable d’abattre les plus grands courages, n’ébranla point sa constance. P. d’Orl. Il y a plus de constance à user sa chaîne, qu’à la rompre. Mont. Possidonius, que Cicéron appelle le plus grand des Stoïciens, souffrit aussi impatiemment qu’un homme du Vulgaire, & la goutte fut l’écueil de sa constance. S. Evr. Le mépris de la mort dans Pétrone n’étoit point la constance forcée de Sénèque, qui a besoin de s’animer par le souvenir de ses préceptes. S. Evr. La constance de ces illustres Payens qui sembloient mépriser la mort, venoit non d’une force vertueuse, mais d’un stratagême de l’amour propre, qui occupoit leur esprit de toute autre chose.

Redoublez vos efforts ; le temps, votre constance
De vos profonds ennuis vaincront la violence.

Les anciens avoient fait de la constance une Divinité qu’ils représentoient sur leurs médailles sous la figure d’une femme en habit militaire, le casque en tête, une pique à la main gauche, & portant la droite jusqu’à la hauteur du visage, en élevant un doigt, ou bien elle tient la pique de la main droite, & une corne d’abondance de la gauche.

Constance signifie, persévérance dans le bien, dans quelque attachement, dans l’exécution d’un dessein ou d’une résolution. Ce n’est pas assez que d’entreprendre de grands desseins, il les faut poursuivre avec constance ; & ne se point rebuter par les premiers revers. Cette femme n’a pas accoutumé de lasser la constance de ses Amans, ni de les faire mourir de désespoir. Balz. L’attachement à la Religion qui prend le nom honorable de constance pour la bonne cause dans un parti, s’appelle opiniâtreté dans le mauvais parti. Vous avez éprouvé ma constance par vos rigueurs, & vous m’avez fait faire mes preuves de fidélité. B. Rab.

La constance, & la foi, ne sont que de vains noms
Dont les laides, & les barbons,
Tâchent d’embarrasser la jeunesse crédule. Des-Houl.

La constance est une chimère
Qui ne fait qu’amortir les plus ardens désirs. Vill.

☞ La constance, dit M, l’Abbé Girard, empêche de changer, & fournir au cœur des ressources contre le dégoût & l’ennui d’un même objet : elle tient de la persévérance & fait briller l’attachement.

☞ La stabilité empêche de varier, & soûtient le cœur contre les mouvemens de légèreté & de curiosité, que la diversité des objets pourroit y produire : elle tient de la préférence & justifie le choix.

☞ La fermeté empêche de céder, & donne au Cœur des forces contre les attaques qu’on lui porte : elle tient de la résistance, & répand un éclat de victoire.

☞ Les petits maîtres se piquent aujourd’hui d’être volages, bien loin de se piquer de stabilité dans leurs engagemens. Si ceux des femmes ne durent pas éternellement, c’est moins par défaut de constance pour ce qu’elles aiment, que par défaut de fermeté contre ceux qui veulent s’en faire aimer.

Constance est aussi un nom propre de femme, que plusieurs Princesses ont porté, non-seulement de la famille de Constantin, mais en France & en Espagne. Constantia. On retient aussi souvent le mot latin Constantia. L’Impératice Constantia étoit femme de Licinius, & sœur de Constantin, fille de Constantius Chlorus. La bonne Reine Constance pensoit être bien obligée au Roi Robert son mari, de ce qu’il avoit fait mention d’elle en l’hymne qui commence, O Constantia Martyrum ! Mascurat.

Constance, ville du Cercle de Suabe en Allemagne. Constantia. Quelques Géographes prétendent que Constance est l’ancienne Gannodurum, que d’autres placent à Zurzachou, à Lausenbourg. Constance est une ville grande & riche, sur le Rhin : elle porte les titres de ville Impériale & de ville libre. Il y a à Constance un Evêché suffragant de Mayence. Il y a été transféré de Windisch ou Windinissa, ruiné en 594 par Childebert II, Roi de France. De tous les Conciles de Constance, le plus célèbre est celui qui fut assemblé en 1414 & dura jusqu’en 1418. On l’imprima à Francfort l’an 1700 en six petits volumes in-folio, avec l’Histoire, & d’autres pièces qui le concernent. L’Evêché de Constance, Constantiensis Episcopatus, est un des États du Cercle de Suabe, aux environs des lacs de Constance & de Zell, & aux confins de la Suisse. L’Evêque de Constance, Prince de l’Empire, Souverain dans son Evêché, ne l’est plus de la ville de Constance, & réside dans le fauxbourg, nommé Peterlingen ou Petershaufen, de l’autre côté du Rhin. Voyez Imhoff Not. Imp. L. III, c. 9. Le lac de Constance, qu’on nomme aussi, mais rarement en France, Bodenzée, s’étend du sudest au nordouest, entre la Suabe & la Suisse.

CONSTANT, ANTE. adj. ce qui est certain, indubitable. Certus, indubitatus, haud dubius. Il est constant que deux & deux font quatre. Il passe pour constant qu’on a battu les ennemis ; pour dire, on le tient assûré. Il est constant qu’il y a dans les hommes une idée naturelle de bienséance. S. Real.

Constant se dit aussi de celui qui a cette qualité de l’ame que les circonstances ne font point changer, qui persévère dans son attachement au même objet. Constans. Celui qui sera constant jusqu’à la fin, obtiendra la couronne du ciel. Constant dans ses desseins, dans sa foi, dans son amour. Esprit constant, qui ne change point ; ferme, qui ne cède point ; inébranlable, qui résiste aux obstacles ; inflexible, qui ne s’amollit point. Constant en amitié, ferme dans le malheur, inébranlable aux menaces, inflexible aux prières. Les coquettes se moquent des passions héroïques, & selon leur goût, la persévérance d’un amant constant est une langueur triste & ennuyeuse. S. Evr. Moitié par habitude, moitié par honneur qu’on se fait d’être constant, on entretient long temps les misérables restes d’une passion usée. Id. Une conduite constante & réglée, qui est l’ouvrage de la raison, est plus louable que ces actions d’éclat, qui ne sont que les effets du hasard. P. Rap.

L’honneur de passer pour constant,
Ne vaut pas la peine de l’être.

Constant considéré comme synonime à durable. Ce qui est constant ne change point ; il est ferme par sa résolution. Ce qui est durable, ne cesse point ; il est ferme par sa solidité. Syn. Fr.

Il n’est point de liaisons durables entre les hommes, si elles ne sont fondées sur le mérite & sur la vertu. De toutes les passions, l’amour est celle qui se pique le plus d’être constante & qui l’est le moins.

Constant se dit figurément de toutes les choses qui ne changent point, ou qui sont long temps les mêmes. Fortune constante, état constant, prospérité constante.

On dit au Palais, pendant & constant le mariage ; c’est-à-dire, pendant le cours & la durée du mariage. Durante, perstante matrimonio.

CONSTANTE, (Quantité.) terme de géométrie & d’algèbre, qui se dit des quantités qui demeurent toujours les mêmes par opposition à d’autres quantités variables, qui croissent ou décroissent toujours. Constans. Ainsi le demi-diamètre d’un cercle est une quantité constante, ou la constante, parce que pendant que les absisses & les semi-ordonnées croissent, il demeure toujours le même. Tout ce qu’il y a ici à faire, c’est de substituer dans la formule générale les valeurs de y & de v, trouvées en x & en constantes par le moyen des courbes données, Varign. Acad. 1699. Mem. p. 55.

CONSTANTIN. s. m. nom d’homme. Constantinus. Constantin le Grand est le premier Empereur Chrétien, devenu odieux aux Romains par son attachement à la religion chrétienne qu’il avoit embrassée ; ce Prince rétablit la ville de Bysance, qui de son nom fut appelée Constantinople, & y établit le siège de son empire.

Les Chevaliers de l’Ordre de Constantin, appelés aussi Dores, Angéliques & de saint George. Voy. au mot Angéliques, où nous en avons parlé. Voy. aussi le P. Helyot, Hist. des Ordres Religieux, &c. P. I. C. 13.

CONSTANTINE, nom de ville. Constantina. Ville capitale de Numidie en Afrique, nommée autrement Cirthe, qui, sous Constantin le Grand, prit le nom de Constantine. Les Evêques d’Afrique écrivirent à Constantin (en 316,) que les Donatistes s’étoient emparés de l’église, que lui-même avoit fait bruit pour les Catholiques dans la ville de Cirthe, capitale de Numidie, nommée alors Constantine de son nom. Fleury. Voyez Marmol, livre VI, chap. 28.

Constantine est encore une ville de Phénicie, ainsi nommée par le même Empereur Constantin le Grand. Constantina.

Constantine est aussi une province de Barbarie en Afrique, appelée autrement par les anciens la nouvelle Numidie. C’est aujourd’hui une province d’Alger, qui a la Méditerrannée au nord, au levant le royaume de Tunis, au midi le Bildulgerid, & au couchant le Susegmar.

CONSTANTINIEN, ENNE. adj. qui appartient à Constantin, qui vient de Constantin. Constantinianus, a, um. L’Ordre Constantinien est un Ordre de Chevalerie que l’on pretend avoir été institué par Constantin. Voy. le P. Honoré de Sainte Marie, dans ses Dissertations historiques & critiques sur la Chevalerie ancienne & moderne. Ce fut par le canal des Angeli de Drivasto, que l’Ordre Constantinien passa en Italie. Les preuves justificatives de leur Chevalerie Constantinienne qu’ils produisirent à Rome, furent enrégistrées au Vatican. Calliste II, approuva cet Ordre. Pie II, Sixte IV, Innocent VIII, Paul III, Léon X, Paul IV, Clément VIII, Urbain VIII & quelques autres Papes en firent autant. Jean-André l’Ange, dernier Grand-Maître, transféra tous ses droits & toutes les prérogatives attachées au titre de Grand-Maître à François I, Duc de Parme. L’acte fut expédié à Venise le 27e Juillet 1697, & deux ans après confirmé par un bref d’Innocent XII, & un édit de l’Empereur Léopold. En 1701, Clément XI ratifia par un décret le bref d’Innocent XII. Voyez l’Auteur cité ci-dessus, Dissertation cinquième. Plusieurs Eglises bâties par Constantin ont porté le nom de Constantiniennes.

CONSTANTINOPLE, Constantinopolis. Ville de Turquie en Europe, dans la Romanie, sur une petite langue de terre, qui s’avance vers la Natolie, dont elle n’est séparée que par un canal, qui n’a qu’un mille de largeur. C’est l’ancienne Byzance. Voyez ce nom. Elle ne porte celui de Constantinople que depuis l’an 330. Constantin s’étant rendu odieux au Sénat & au peuple idolâtre de Rome, par le mépris qu’il faisoit de l’idolâtrie, se dégoûta de cette ville, & résolut d’en bâtir une autre qui pût lui être comparée, & d’y établir sa résidence. Dioclétien avoit déjà voulu le faire à Nicomédie. Constantin voulut d’abord bâtir près de l’ancienne Troye. Il y jeta des fondemens, &