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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/841-850

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Fascicules du tome 2
pages 831 à 840

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 841 à 850

pages 851 à 860


commença à élever les murailles ; mais étant venu à Byzance, il fut charmé de sa merveilleuse situation, il changea de dessein, & résolut de bâtir en ce lieu la ville qu’il méditoit. Cependant, parce que Constantin la prit sur Licinius, quelques-uns ont dit qu’il l’avoit rebâtie comme un monument de sa victoire. En effet il commença à y faire travailler peu après, c’est-à-dire, l’an 326, & il la fit solennellement dédier l’an 330, indiction troisième, le lundi 11 de Mai l’an 1080, depuis la fondation de Rome, & par conséquent l’an 981, après la fondation de Byzance, s’il est vrai qu’elle fut bâtie par Byzas, Roi de Thrace, la troisième année de la trentième olympiade, qui est l’an 99 de la fondation de Rome. Cette nouvelle ville fut appelée en grec, qui étoit la langue du pays, Κωνσταντίνου πόλις Ville de Constantin. Delà se fit en latin Constantinopolis, & en françois dans la suite, Constantinople. ☞ Constantin ayant dans la suite divisé les États en Empire d’Orient & en Empire d’Occident, Constantinople fut la capitale de l’Empire d’Orient, & elle a subsisté aussi sous 76 Empereurs, jusqu’à Constantin Paléologue, détroné par Mahomet II, en 1453, qui en fit la capitale de l’Empire Ottoman. L’Archevêque de Constantinople n’a eu le titre de Patriarche qu’au premier Concile de Constantinople en 385. Nous avens beaucoup d’anciennes monnoies de bronze fort petites, sur lesquelles on voit d’un côté un buste de femme armée d’un casque & d’une cuirasse, avec une espèce de sceptre à gauche qu’elle tient droit de la main. L’inscription est Constantinopolis. Au revers est un Ange qui de la main droite tient un sceptre semblable à celui de la femme, & appuie sa main gauche sur un bouclier qui porte à terre : à ses piés à droite, il a une pouppe de navire, & quelquefois une branche de palme. Dans l’éxergue plc, ou con, & une ou deux étoiles, trp, & une étoile, ou quelques autres lettres ; car il y en a de bien des sortes. Constantinople fut aussi nommée la Nouvelle Rome. Sa dédicace se célébroit tous les ans comme un jour de fête, par des jeux solennels. L’enceinte des nouveaux murs ne fût que de quinze stades, qui font environ trois quarts de lieues ; mais elle fut augmentée par les Empereurs suivans. Constantin y attira des habitans de l’Ancienne Rome & des Provinces, & lui donna de grands revenus, tant pour l’entretien des bâtimens, que pour la nourriture des Citoyens. Il y établit un Sénat des Magistrats, & des Ordres du peuple, de même que dans l’Ancienne Rome. Elle étoit divisée, comme celle là, en 14 régions ou quartiers, & ornée des mêmes sortes d’édifices publics, hormis les temples. Il y avoit plusieurs places environnées de galeries couvertes, deux Palais pour l’Empereur ; un cirque ou hippodrome pour les courses des chevaux ; des stades ou carrières pour les courses à pié ; un amphithéâtre pour les combats des bêtes ; des théâtres pour les autres spectacles ; plusieurs portiques pour les promenades, des bains, des aqueducs, des fontaines en grand nombre ; un capitole, où les Professeurs des Arts avoient leur auditoire ; un prétoire, & plusieurs basiliques, où l’on s’assembloit pour les affaires ; des greniers publics ; & sur-tout il fit consacrer à Dieu tous les temples. La principale Eglise fût dédiée à la Sagesse Eternelle, & eut le nom de Sainte Sophie, qu’elle garde encore. Il y en eut une des douze Apôtres, d’autres de Sainte Irene, de Sainte Euphémie, de S. Mocius, de S. Procope, de S. Acace, de S. Agathonique, de S. Diomède, de S. Jean l’Evangéliste, de S. Michel, &c. Il y mit aussi une très-belle bibliothèque.

Constantinople est la plus belle ville du monde par sa situation, & pour ses vues. Son port passe aussi pour être le plus beau & le plus sûr du monde.

Le plan de cette grande ville est triangulaire. Le côté du port est long de 4 milles, celui de l’Hellespont d’autant, & le côté de la terre est plus grand d’un mille que les autres. Le serrail qui est un petit triangle de deux milles de retraits, compris dans la ville, est au bout du promontoire chrysocéras, qui se nomme aujourd’hui la pointe du serrail, où se joignent les deux premiers côtés, qui lui sont communs avec les murs de la ville. Les bâtimens en sont reculés jusques sur le haut de la colline, & au dessus des jardins qui s’étendent jusqu’au bord de la mer. L’apparence extérieure n’en est pas bien belle, parce que l’architecture n’en est pas fort régulière, & que ce sont des appartemens détachés en forme de pavillons & de dômes. Du côté du port sont les portes secrettes, qui ne servent qu’à l’usage du Grand-Seigneur & de ses femmes, & les remises de ses brigantins & de ses caïques. Il y a aussi sur le rivage un de ces pavillons que les Turcs appellent Kiosk, soûtenu de douze belles colonnes de marbre, & enrichi d’un superbe lambris peint à la persanne, où le Grand-Seigneur vient quelquefois prendre l’air, & jouir de la vue du port. Du côté de l’Hellespont, en allant vers les sept tours, qui font l’angle qui regarde le midi & le couchant, il y a une fontaine que les Grecs ont en si grande vénération, que le jour de la Transfiguration ils n’en font pas boire seulement à ceux qui sont travaillés de la fièvre ; mais ils les enterrent encore dans le sable qui est autour, croyant, par ce moyen, les soulager de leurs maladies. La grande porte du serrail est du côté du septentrion, gardée par des Capidgis. Sainte Sophie en est si proche, que la sacristie, qui servoit autrefois à cet auguste Temple, sert maintenant de magasin d’armes. Dans la première cour du serrail, on la voit à main gauche, & les infirmeries du serrail vis-à-vis de l’autre côté.

De cette cour on entre dans une plus grande, dont la porte est gardée avec le plus grand soin, & elle conduit au Divan par une belle allée d’arbres. Le trésor du Grand-Seigneur est à main gauche, aussi bien qu’une fontaine où l’on fait couper la tête à tous les Bachas que le Grand-Seigneur fait mourir publiquement.

Un peu au-delà de Sainte Sophie, dont nous parlons au mot Sophie, sont les logemens des Dgebedgis. Il y a aussi une vieille tour, qui étoit autrefois un Temple de Chrétiens fort obscur ; on y tient des bêtes, lions, &c. En allant à la Mosquée neuve qui est près de ce lieu, on voit dans une petite rue trois grandes colonnes de marbre blanc, disposées en triangle. Les Chrétiens du pays tiennent par tradition, à ce que Nicéphore rapporte, que Constantin fit ériger trois croix de bronze sur ces trois colonnes, & qu’en chacune il fit graver séparément un de ces trois mots : ΙΗΣΟΥΣ ΧΡΙΣΤΟΣ ΝΙΚΑ Jesus-Christ surmonte, & ils en racontent beaucoup de choses merveilleuses qu’on peut voir dans Du Loir, p. 51 & 52.

La Mosquée neuve qu’ils appellent Ynghi thestschii ou Dgiami, est bâtie sur le haut d’une des sept collines, qui sont comprises dans les murs de Constantinople. Son plan n’est pas moins grand que celui de Sainte Sophie, qui a été le modèle de son bâtiment comme de tous les autres. Quatre gros piliers ronds soûtiennent le dôme, & tout autour des murailles, quantité de colonnes appuient une petite galerie qui n’a pas plus de six piés de large. Les murs jusqu’aux galeries sont revêtus de pièces de façon de porcelaine, & il y a une grande quantité de lampes, de chandeliers, de boules de verre, de petits vaisseaux, de galères & d’autres choses suspendues. Pour y entrer il faut passer par un cloître carré qui a une fontaine au milieu, & dont les galeries sont couvertes de plusieurs dômes soûtenus de 26 colonnes de marbre jaspé, qui ont bien 20 piés de haut.

La principale porte de cette Mosquée regarde l’Hippodrome des Grecs. Cette place se nomme Ameydan, c’est-à-dire, Place des chevaux, parce qu’elle sert encore aujourd’hui à les exercer, & ordinairement les vendredis, les jeunes Spahis courant à toute bride, y lancent la zagaie. Elle a bien quatre à cinq cens pas de long, & cent cinquante de large. Il ne s’y voit pour toute antiquité qu’un bel obelisque d’une seule pierre miste, de la hauteur de plus de 30 coudées, enrichie de lettres hiéroglyphiques, & élevée surr quatre boules de marbre très-fin. Il y a encore deux colonnes, l’une de marbre & l’autre de bronze, qui est faite de trois serpens entortillés, dont la tête avec la gueule ouverte font le chapiteau. Les bains & l’hôpital de la Mosquée neuve sont très-beaux, & il n’y a qu’un turbé dans lequel est enterré Sultan Achmet, qui l’a bâti, & toute sa famille.

Le serrail des Zulufdgiles est à un des coins de l’Atmeydan. Au delà de la Mosquée neuve sont les deux Bézestins, ou marchés, le vieux & le neuf. Près delà est la place où se vendent les esclaves : on la nomme Auret Bazari, c’est-à-dire, le marché des femmes, parce qu’il s’y vend plus de femmes que d’hommes. Non loin delà est la Mosquée du Sultan Bajazet, plus petite que les autres, mais qui a pourtant toutes ses appartenances, excepté des turbés. Elle est sur le haut de la colline proche du vieux serrail, où l’on met les veuves des Grands-Seigneurs. Il y a une grande place auprès de cette Mosquée, où les bateleurs font leurs tours de gobelets & de mains. Dans une longue galerie qui fait un des côtés de cette place on vend toutes sortes de gentillesses, comme on fait à Paris au Palais, excepté des rubans, parce que les Turcs n’en portent point.

Le milieu de la ville, d’où l’on peut avoir entièrement la vue du port qui n’en est pas éloigné, est sur l’éminence de la colline, où Sultan Suleyman, l’Alexandre des Turcs, a fait bâtir une Mosquée. Elle est plus belle que les autres, parce qu’elle est plus semblable à Sainte Sophie, & entre toutes les riches colonnes qui sont dedans, il y en a quatre de porphyre d’environ 30 piés de haut. Son cloître n’est pas moins grand que celui de la Mosquée de Sultan Achmet. Il y a deux colonnes de moins ; mais cela est suppléé par la beauté du marbre fin & jaspé dont elles sont faites, & par l’artifice de la fontaine qui est au milieu. Les bains & l’hôpital répondent pareillement à la grandeur de celui qui les a bâtis, lequel est enterré dans un turbé, & sa femme dans un autre.

Dans une rue prochaine qui est belle & large, on vend les arcs & les carquois. Au bout de cette rue est une des sept mosquées, qu’ils comptent pour royales, quoiqu’elle n’ait été bâtie que par le fils de Suleyman, d’où vient qu’elle porte le nom de Chalzade, qui signifie fils de Roi, & de l’autre côte de cette mosquée, sont les vieilles chambres des Janissaires, qui sont les logemens de ceux qui demeurent dans Constantinople, & qui ne sont pas mariés. Il y a deux colonnes proche de-là fort remarquables : l’une qui s’appelle brûlée, parce qu’elle l’a été depuis peu, & qui, sans la base & le chapiteau, est faite de huit pierres de porphyre, qui étoient si bien jointes avant le feu, qu’on les croyoit d’une seule pièce, parce que les assemblages que le feu a fait paroître, étoient cachés par des branches de laurier qui sont taillés dessus ; la seconde appellée historiale, est où se tenoit autrefois le Marché des femmes. Les Turcs l’appellent Dykili-Tach, c’est-à-dire, Pierre plantée. Elle a bien 60 piés de haut, sur un piédestal qui en peut avoir six. Une expédition d’Arcadius est taillée en bas relief, de figure mal faite, & celle de cet Empereur qui l’a fait dresser étoit autrefois dessus. L’escalier en est merveilleux, régnant dedans tout du long comme une coquille de limaçon, quoiqu’elle n’ait que douze piés de diamètre au plus.

Un peu au-delà, & assez près de la porte Sanmathia, dans un lieu qui appartient aux Arméniens, nommé Solimonastir, il y a une grande salle où l’on voit encore plusieurs portraits de Saints, & où l’on dit que fut tenu autrefois un Synode. Les sept tours, nommées en Turc Yedikoulle, n’en sont pas fort éloignées. Elles font un des angles du plan de Constantinople, & les Grands-Seigneurs y ont mis autrefois leur trésor ; à présent, elles ne servent plus que de prison aux personnes de considération & aux Etrangers principalement.

En approchant de l’autre angle de la ville, qui est au bout du port, l’on rencontre des aqueducs, & sur l’éminence de la colline qui règne tout du long, Sultan Méhémet a fait bâtir une mosquée, à laquelle il a donné son nom. Le cloître en est assez beau ; le reste n’est pas magnifique. Entre les turbés qui y sont, on voit celui de Sultan Muhamet, & d’une Sultane qu’ils disent avoir été Princesse Françoise, & c’est de là que vient la raison de l’alliance, dont le Grand-Seigneur donne la qualité au Roi de France, qu’il appelle son frere. La mosquée du Sultan Selim est proche du port & moins grande que les autres royales. En allant de cette mosquée aux murs de la ville, on rencontre deux grandes places de citernes, il y a une très-belle Eglise des Grecs, qui étoit autrefois la Patriarche de Constantinople.

L’on voit encore près delà, du côté du Bosphore, entre la porte qu’ils appellent Egri & celle d’Andrinople, un reste de vieux bâtimens que les Grecs & les Turcs disent avoir été le palais du grand Constantin ; ce qui ne paroît pas vraisemblable, l’endroit étoit trop petit pour loger un Empereur & ses Officiers. L’Eglise patriarchale des Grecs est au-deçà du palais de Constantinople, en approchant du port & de la mosquée du Sultan Selim, dans le quartier que les Turcs appellent Balat, & que les Grecs appeloient Κυνηγὸς, parce que c’était le parc où les Empereurs se divertissoient à la chasse. Depuis l’angle qui est sur le port jusqu’aux sept tours, qui est le côté de la terre, les murs de la ville sont triples, avec de grosses tours distantes les unes des autres environ de 100 pas.

Constantinople n’a qu’un fauxbourg, qui est un peu au-delà de cette porte au fond du port, & au bas de la colline qui règne tout autour, où l’on fait & l’on vend des vases de terre sigillée. Il s’appelle Ayvensari vulgairement, & je crois que proprement c’est Yupunghisari, c’est-à-dire, la forteresse d’Yup, que les Turcs tiennent pour un de leurs plus célèbres Prophètes & un des plus vaillans Capitaines, qui, ayant combattu pour leur Religion, se soit signalé en ce lieu-là. Il y a une mosquée qui, au lieu de fontaine au milieu de son cloître, a une tribune de marbre élevée sur des piliers de même matière, où le Grand-Mufty ceint l’épée au Grand-Seigneur ; ce qui est comme la cérémonie du sacre des Rois parmi les Chrétiens.

Pour tourner de l’autre côté du port, il faut passer une petite rivière qui vient se décharger dans la mer après avoir arrosé une très-agréable prairie. Ensuite on rencontre une maison de plaisance du Grand-Seigneur, qui est bâtie sur le rivage du port, & est appelée Aym-serray, c’est-à-dire, le Serrail des miroirs, parce qu’elle est percée en tant d’endroits, qu’il semble que les murailles ne soient que des glaces de miroirs. L’Œmeydan, c’est-à-dire, la place des flèches est derrière les murs de ce Serrail, & les Turcs s’exercent en ce lieu à tirer de l’arc. Il y a des colonnes de marbre avec des inscriptions qu’on y a mises pour marquer les beaux & les grands coups. Proche delà, & parmi les cimetières des Turcs, est une tribune où ils viennent en procession faire leurs prières, lorsque la peste règne à Constantinople. Un peu au-deçà du serrail des miroirs, il y a des paux plantés au travers du pont, pour marquer l’endroit jusqu’où les grands vaisseaux peuvent avoir fond. Plus bas, où le port s’élargit, est le quartier de l’arsenal de la marine, appelé Cassun Bacha. Les galères du Grand-Seigneur y vont jeter l’ancre. Il y a six-vingt remises au rivage, sous lesquelles on fabrique des galères neuves, & on en tire celles qui sont désarmées pendant l’hiver, & durant que les Forçats sont dans le lieu que les Chrétiens appellent bain, je ne sçais pourquoi ; puisque c’est véritablement une prison. C’est dans cet arsenal que le Capoudan Bacha, qui est l’Amiral de la Porte Ottomane a sa juridiction, & où il traite des affaires appartenantes à sa charge. Du Loir, p. 40, 66. Quelques-uns regardent Galata & Pera comme un fauxbourg de Constantinople ; nous en parlerons à leur place. Pera & Galata sont de l’autre côté du port. La mer de ce port & du Bosphore est si tranquille, qu’on la passe sur des petites nacelles appelées permez. Voyez ce mot. Le trajet de Constantinople à Scutari n’est que d’un mille. Voyez Scutari.

Différence du méridien de Constantinople à celui de Paris, 1d 46′ 14″, orient, ou 26° 33′ 30″. Sa longitude 46° 24′ 50″. Sa latitude 41° 0′ 0″. Cassini.

Il y a plusieurs autres descriptions, tant anciennes que modernes, de la ville de Constantinople. On peut voir Codin, Grec anonyme, qui vivoit sous Alexis Comnène, M. du Cange, & les deux tomes qu’a imprimé le P. Banduri, sur l’histoire de Constantinople, aussi-bien que les quatre Livres de Gyllius, & les Voyages de P. de Valle, le Voyage du Levant de Thevenot, C. 16, 17, 19, 21. D’Herbelot, au mot Costhantinach, Vigénere, Illustr. sur Chalcondyle, p. 318 & suiv. 325 & suiv.

☞ CONSTANTINOW, petite ville de Pologne, dans la Volhinie, sur la rivière de Slucza.

CONSTATER, v. a. vérifier un fait, le rendre constant & certain, établir la vérité d’un fait par des preuves convaincantes. Probare, confirmare veritatem rei. C’est un fait que les Physiciens ont constaté par des expériences. Mém. de Trév. Juillet 1726. Je n’ai pas envie, pour constater ce fait, du moins pour l’éclaircir, d’aller m’enfoncer dans une bibliothèque avec une foule d’Interprètes, de Commentateurs, de Critiques, qui peut-être après avoir employé bien du temps, me laisseroient encore dans le doute où je suis. Merc. d’Août 1733. Il y a cette différence entre la preuve & l’amplification, que la preuve est pour établir une vérité, ou pour constater un fait, & que l’amplification est pour exagérer ou pour confirmer l’importance de la vérité ou du fait en question. M. l’Abbé Colin.

Constaté, ée. part. Fait constaté.

CONSTELLATION. s. f. assemblage, amas de plusieurs étoiles que les Anciens ont appelé du nom de quelques animaux, comme le Dragon, la grande Ourse, la petite Ourse, le grand Chien, &c. ou de quelques autres choses qui leur étoient connues, comme la Balance, les Gémeaux, le Verseau, &c. Signum cæleste, fidus, signum. Les Anciens ont divisé le Firmament en plusieurs parties ou constellations, en réduisant plusieurs étoiles sous la représentation de quelques images, afin de soulager l’imagination & la mémoire, pour en faire retenir & concevoir le nombre & la disposition, même pour en connoître les propriétés & les prétendues influences. C’est dans ce sens qu’on a dit : cet homme est né sous une heureuse constellation, c’est-à-dire, sous une heureuse disposition des corps célestes ; pour dire, qu’il est heureux ou malheureux. Les Anciens ont divisé le ciel en 48 constellations, qu’ils ont appelées astérismes, dont il y en a 12 qui forment les signes du Zodiaque, & les Modernes y en ont ajoûté 12, qu’ils ont observées vers le Pôle Antarctique. On tient qu’Anaximandre est le premier qui a divisé le ciel en constellations vers la 58e olympiade. Les douze constellations qui sont dans le Zodiaque s’appellent les douze signes.

Toutes les constellations, & principalement celles de l’écliptique, ont changé de place depuis les observations des plus anciens Astronomes. La constellation du Bélier, par exemple, qui paroissoit du tems d’Hipparques dans la commune section de l’écliptique & de l’équateur, n’a laissé que son nom dans cette région du Ciel : car présentement elle paroît avancée jusques dans le lieu où étoit autrefois celle du Taureau, & celle-ci a pris la place de la constellation des Gémeaux, laquelle occupe actuellement le lieu où les Anciens ont placé l’Ecrevisse.

CONSTELLÉ, ÉE. adj. mis au nombre des constellations, des astres. Relatus in astra, inter sidera. Un Poëte s’est servi de ce mot dans une pièce badine, sur la mort d’un chien.

Maintenant chose étrange ; il est froid comme glace,
Car il est mort. Grand bien lui fasse ?
Puisse-t-il être constellé,
C’est-à-dire, bien instalé
Au dessus du signe d’Hercule,
Dans le ciel de la Canicule.

Nouv. choix de vers.

Constellé, ée. adj. Ce qui a été fait sous une certaine constellation. Une figure constellée. Un anneau constellé. Une pierre constellée. Les talismans sont des figures constellées ; & Borel assûre même dans les Etymologies, qu’il vient d’un mot persan qui signifie gravure constellée.

Autrefois on portoit des bagues constellées ; c’est-à-dire, ornées d’étoiles. Pétrone dit que Trimalcion en avoit une semblable. Pline & Trebellius Pollio parlent de ces anneaux constellés, comme le rapporte François Nodot ; & Scaliger assure qu’il en a encore vu à Marseille. ☞ La superstition attachoit des propriétés merveilleuses aux anneaux constellés. Constellatus. Ce mot latin signifie proprement, garni d’étoiles. Constellati balthei, baudriers ornés d’étoiles en broderie.

CONSTER, v. n. impersonnel. Etre certain & évident. Constare. Il ne se dit guère qu’au Palais. Il conste par les pièces produites, que le fait est véritable.

CONSTERNATION. s. f. accablement, abattement de courage, causé par un malheur, ou une calamité publique. Consternatio. C’est selon M. de la Chambre, un mouvement de l’appétit, par lequel l’ame se relâche & s’abandonne à la violence du mal. Le même Auteur met la consternation au rang des passions simples.

☞ C’est proprement le dernier degré de frayeur dans lequel on est jeté par l’attente ou la nouvelle de quelque grand malheur. Ce mal arrivé, cause de la douleur ; la consternation est l’effet du mal que l’on craint. La perte d’une bataille répand la consternation dans tout un pays ; on en craint les suites.

☞ L’étonnement, dit M. l’abbé Girard, est plus dans les sens, & vient des choses blâmables ou peu approuvées. La surprise est plus dans l’esprit, & vient des choses extraordinaires. Voyez ces mots. La consternation est plus dans le cœur, & vient des choses affligeantes.

☞ Le premier de ces mots ne se dit guère en bonne part ; le second se dit également en bonne & en mauvaise part ; & le troisième ne s’emploie jamais qu’en mauvaise part. La beauté d’une femme ne cause point d’étonnement, & sa laideur produit quelquefois cet effet. La rencontre d’un ami comme celle d’un ennemi peut causer de la surprise. Un accident qui attaque l’honneur ou qui dérange la fortune, est capable de jeter la consternation.

☞ L’étonnement suppose dans l’événement qui le produit une idée de force ; il peut frapper jusqu’à suspendre les sens extérieurs. La surprise y suppose une idée de merveilleux ; elle peut aller jusqu’à l’admiration. La consternation y en suppose un de généralité, elle peut pousser la sensibilité, jusqu’à un entier abattement. Les cœurs bien placés sont toujours étonnés des perfidies, quelque fréquentes qu’elles soient. Le peuple est surpris de beaucoup d’effets naturels, dont il enrichit la liste des miracles & des sortilèges. Dans les calamités publiques & dans les maux pressans, on est consterné, parce qu’on manque de ressources, ou qu’on se défie de celles qu’on a. Le parfait Chrétien & le vrai Philosophe sont à l’abri de toute consternation, parce qu’ils connoissent la supériorité de la Providence & des causes premières dont ils respectent les desseins & les effets par une entière soumission.

CONSTERNER, v. a. mettre dans la consternation, abattre, faire perdre courage. Consternare. À la mort d’Alexandre tous ses Capitaines & ses Soldats furent consternés. Brutus fut consterné par l’apparition d’un spectre. La prise de cette ville a consterné toute la Province. Pendant que les ames vulgaires étoient consternées, le héros faisoit paroître un courage intrépide. Il avoit un air si effaré & si consterné, qu’il étoit aisé de s’appercevoir qu’une crainte excessive le troubloit. M. Scud.

Consterné, ée. part. & adj. Consternatus.

CONSTIPATION. s. f. ☞ état de celui qui est constipé, rétention des excrémens causée par leur sécheresse & leur dureté. C’est proprement le contraire de la diarrhée. Alvus adstricta. Alvi adstrictio. Il y a une constipation naturelle qu’on ne peut regarder comme une incommodité. On voit des gens qui ne vont à la selle que tous les cinq ou six jours, & qui jouissent d’une santé parfaite. Dans la constipation contre nature, on fait usage des émolliens, de lavemens, & quelquefois de bains froids.

CONSTIPER, v. a. durcir le ventre, le resserrer de telle sorte, qu’on ne peut aller librement à la selle. Alvum adstringere, contrahere. Courir la poste, manger des nèfles, des coins, sont des choses qui constipent, qui empêchent d’aller à la selle.

Constipé, ée. adj.

CONSTIPÉ est quelquefois substantif. Cet homme est chagrin, il nous a montre un visage constipé. Tristis, morosus, tetricus. Il a la mine d’un constipé. Ablanc.

CONSTITUANT, ANTE. adj. & subst. Qui constitue un Procureur ; qui crée, qui établit une rente. Constituens. Le constituant a donné à N. pouvoir de poursuivre, appeler, subroger, &c. Cette rente ne sera point rachetable sans avertir la Dame constituante un mois auparavant.

Constituant, ante. part. du présent, & adj. Ce qui constitue, ce qui compose un être, un corps. Constituens. Nous avons trouvé qu’en séparant & volatilisant l’esprit acide après la dissolution des parties constituantes du sel par le feu, les parties d’air changent en grand nombre de l’état fixe à l’état élastique. De Ruffon.

CONSTITUER, v. a. ☞ qui se prend dans des significations différentes, relativement à plusieurs choses unies ensemble, & qui, par leur union, forment un tout dont elles font partie. C’est composer un tout. Constituere. Ce terme est aussi relatif aux attributs d’une chose. C’est le mêlange des élémens qui constitue tous les corps. Il est impossible qu’un concours fortuit d’atomes constitue un corps parfait, un corps animé. L’ame & le corps constituent l’homme. Ce qui constitue la vertu, c’est, &c. Virtus constat ex, &c. Corpus constat ex alimentis.

☞ On le dit figurément des parties qui composent un corps politique. Les Ducs & Pairs, les Présidens, les Conseillers constituent le Parlement.

☞ Constituer, en style didactique, est quelquefois relatif au lieu, au point où une chose est placée ; & souvent il est synonime à faire constituer. Ponere, constituere, locare. Copernic a constitué le soleil au centre du monde. Les Philosophes païens constituoient le souverain bien dans la possession de la vertu. Les Chrétiens le constituent, le font consister dans la vision béatifique de Dieu, en extirpant tous les désirs, & en dépouillait l’homme de toute volonté ; il est dangereux de se constituer dans l’indolence & dans l’inaction. Boss.

Constituer est quelquefois relatif au poste, à la dignité, & synonime à établir, constituere, instituere. Le Roi a constitué un tel en dignité. Qui vous a constitué Juge sur Israël ? Je l’ai constitué mon Procureur.

Constituer Procureur ; en termes de Palais, c’est donner charge à quelqu’un de défendre en Justice une cause, ou lui donner pouvoir d’agir en des affaires générales & particulières.

On dit aussi constituer un homme prisonnier, pour dire, le mettre en prison. Aliquem in carcerem compingere, trudere.

Constituer signifie aussi, assigner, créer, établir une rente, une pension. Constituere, instituere. On constitue les rentes au denier 14, au denier 20. Quand on constitue des rentes, on aliène le fonds. Les pensions ne se peuvent constituer sur des bénéfices sans le consentement du Patron laïque. Constituer une dot, l’établir. Constituer une somme, un héritage en dot, assigner une dot sur une somme, sur un héritage.

Constituer quelqu’un en frais, en dépenses, causer de la dépense, des frais. On a abrégé plusieurs procédures qui constituoient en frais les parties. Il signifie encore, former une demande. Il s’est constitué incidemment demandeur par ses défenses pour une telle garantie, pour son remboursement. Constituere se, instituere se.

CONSTITUÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe. Tout constitué de telles parties. Homme constitué en dignité. Rente constituée. Procureur constitué.

☞ On dit qu’un homme est bien constitué, qu’il a le corps bien constitué ; pour dire, qu’il est de bonne complexion. voyez ce mot. On dit dans un sens contraire qu’il est mal constitué.

☞ CONSTITUT. s. m. terme de Jurisprudence, reconnoissance qu’on possède naturellement & corporellement, sans aucun droit de propriété ou de possession civile, une chose, au nom d’un autre qui nous en a donné la jouissance sous cette condition. Constitutum. Ferr.

☞ Cette clause de constitut se met ordinairement dans la donation ou dans la vente d’un fonds, avec réserve de l’usufruit, pendant la vie du donateur ou du vendeur ; par exemple, un donateur abandonne la propriété de ses biens à un autre, & déclare qu’il ne veut jouir de l’usufruit qu’il s’est réservé, que par un constitut de précaire, c’est à-dire, par souffrance, & comme par emprunt.

CONSTITUTIF, IVE. adj. Qui constitue, qui établit quelque chose. Il fut ordonné à l’Evêque de rapporter dans trois mois les titres constitutifs de cette redevance. Hist. de l’Egl. de Meaux, Tom. I, pag. 536.

☞ On le dit aussi en Physique de ce qui constitue essentiellement une chose. La divisibilité est une propriété constitutive de l’étendue.

CONSTITUTION. s. f. Etablissement, ordonnance, règlement qui se fait par autorité du Prince ou des Supérieurs. Constitutio, decretum. Les Constitutions des Empereurs sont dans le corps du Droit Romain ; celles de l’Eglise dans le corps du Droit Canon. Les Fondateurs des Ordres Religieux ont fait approuver par les Papes les Constitutions, les règles de leur Ordre.

Constitution du Prince est tout ce que le Roi veut avoit force de loi. Le droit de faire des loix est le principal effet de la souveraineté & son caractère essentiel. Parmi nous, comme chez les Romains, les Constitutions du Prince sont ou générales ou particulières.

☞ Les Constitutions générales règlent principalement ce qui est de droit public, elles établissent la Juridiction des Magistrats & des Juges, & règlent quelquefois aussi les droits des particuliers.

☞ Il y a trois sortes de Constitutions générales. Les Ordonnances, les Edits & les Déclarations. Voyez ces mots.

☞ Les constitutions particulières sont celles qui ne se publient point & qui ne regardent que les personnes, les Compagnies & Communautés qui y sont nommées, ensuite qu’elles n’ont point force de loi à l’égard de toutes autres.

☞ Tels sont les Rescrits, les Lettres de Jussion, les Lettres-Patentes, & les Arrêts du Conseil d’Etat. Voyez ces mots.

Constitutions Apostoliques. C’est un recueil de règlemens attribués aux Apôtres. Constitutiones Apostolicæ. On ne connoît point l’Auteur de ces Constitutions. Tous les Savans conviennent qu’elles sont supposées, & S. Clément n’en est pas l’Auteur. Elles sont divisées en 8 livres. Elles contiennent un grand nombre de préceptes touchant les devoirs des Chrétiens, & particulièrement touchant les cérémonies & la discipline de l’Eglise.

Constitution se dit aussi des décisions que font les souverains Pontifes sur les matières qui regardent la Foi & les mœurs, & des règlemens qu’ils font pour la discipline Ecclésiastique. On appelle absolument la Constitution, celle du Pape Clément XI, qui commence par le mot Unigenitus. Il y a des Constitutions en forme de Bulle, & d’autres en forme de Bref. Pour savoir en quoi consiste la différence de ces deux sortes de Constitutions. Voyez Bref & Bulle.

Constitution, relativement à l’Empire d’Allemagne, se dit de l’état du Gouvernement de ce vaste corps, & des loix générales qui servent de règle à tout l’Empire. Melchior Haiminsfeld Goldat a fait le recueil de ces loix générales sous le titre de Collatio Constitutionum Imperialium. Christophe Strinius a fait un Traité des Constitutions Impériales, intitulé Nomothesia Romano-Germanica.

Constitution, en termes de Jurisprudence, est aussi un établissement, une création d’une rente, d’une pension, d’une charge, d’une servitude sur son bien, sur son héritage. Pecuniæ in prædio, fundo collocatæ annua pensio. Quelque ancienne que soit la constitution d’une servitude, il en faut rapporter le titre. La constitution d’une pension sur un bénéfice doit être approuvée par le Pape.

On appelle absolument & par excellence, constitution, les rentes créées à prix d’argent. Un Marchand perd son crédit sur la place, quand il met son bien en constitutions. Tout le bien de ce bourgeois est en constitutions.

Constitution de dot. Acte qui établit ce que les futurs époux apportent en dot. Dans les pays coutumiers, où il n’y a point de paraphernaux, tout ce qu’une femme apporte en ménage forme sa dot. Dans les pays du droit écrit, il n’y a de biens dotaux que ceux qui sont nommément constitués ; les autres sont réputés paraphernaux. Voyez ce mot.

Constitution de Procureur. C’est un acte par lequel un Procureur déclare au Procureur de la partie adverse qu’il occupera pour celui qui le constitue.

Constitution d’un nouveau Procureur a lieu quand le Procureur d’une partie est mort. En ce cas si celui pour qui il occupoit n’en constitue pas un autre, la partie adverse le peut assigner en constitution de nouveau Procureur.

Constitution de précaire. Voyez Constitut.

Constitution, en Philosophie, signifie assemblage de plusieurs parties pour faire la composition d’un tout. Compositio. Nous voyons encore le monde comme il étoit dans sa première constitution : c’est à-dire, l’ordre & la situation des parties du monde entr’elles. Sa constitution ne peut provenir que d’une sagesse infinie. La constitution de nos Opéra doit paroître bien extravagante à ceux qui ont le bon goût du vraisemblable. S. Evr. On dit qu’un homme est de bonne constitution, lorsqu’il est bien composé, qu’il est sain & robuste ; qu’il endure le froid, le chaud, la fatigue, sans en être incommodé. Firma corporis constitutio. Dans ce sens il est synonime à tempérament, complexion. Rien n’altère plus la constitution du visage, que les emportemens de la colère. Fel. Déranger la constitution naturelle d’un corps, Burettes, Acad. des B. L. c’est-à-dire, l’ordre, l’arrangement de ses parties.

CONSTITUTIONNAIRE. s. m. & f. C’est le nom que l’on donne à présent à ceux qui se soumettent à la Constitution Unigenitus. Voyez Molinistes, Jansénistes.

CONSTRICTEUR. s. m. terme d’Anatomie, qui serre, qui resserre. Constrictor. Epithète que les Anatomistes donnent à deux muscles du nez. Les constricteurs sont deux muscles du nez internes, & cachés sous la tunique qui revêt les narines : ils sont petits & membraneux ; ils naissent de la partie interne de l’os du nez, & s’insèrent à l’aile intérieure de la narine pour la resserrer. Dionis.

On donne encore ce nom à un muscle qui entoure les lèvres de ses fibres, qui sont orbiculaires ; de sorte que quand il agit, il les serre & les fronce, comme quand on veut baiser quelqu’un. C’est pourquoi il est aussi appelé Osculatorius, baiseur. Harris. Il y a aussi des constricteurs du vagin, de la vessie, du pharinx, &c. dont les fonctions sont les mêmes.

☞ CONSTRICTION. s. f. terme de Physique, resserrement des parties d’un corps : état d’une chose qui éprouve ce resserrement de parties. Constrictio, astrictio. La condensation est une suite de la constriction des parties.

CONSTRINGENT, ENTE. adj. qui resserre. L’absinte est une herbe chaude, constringente & corroborative. Alimens constringens.

☞ CONSTRUCTION. s. f. disposition, arrangement des parties d’un bâtiment. Constructio. Construction belle & solide. Philibert de Lorme fut chargé de la construction de l’ancien palais des Thuilleries.

Construction de pièce de trait. C’est le développement des lignes ralongées du plan par rapport au profil d’une pièce de trait.

Construction se dit, en termes de Marine, de l’art de bâtir des vaisseaux. Cet homme entend bien la construction des vaisseaux.

Construction se dit, en parlant des problêmes de Géométrie & d’Astrologie, de la figure qu’on trace & des lignes qu’on tire pour résoudre un problême. Les Auteurs sont différens sur la construction du thême céleste. L’égalité des lignes ou des côtés de ce triangle est démontrée par la construction.

En termes d’Algèbre, construction des équations est l’invention des lignes ou figures, qui puissent démontrer que l’équation, la règle ou le théorême, est vrai géométriquement. Ces constructions sont souvent d’un grand usage pour résoudre, ou pour éclaircir les équations algébriques. Harris.

Construction se dit, dans un sens figuré, en parlant des ouvrages d’esprit, pour désigner l’arrangement, la disposition des parties. Constructio, structura. La construction de ce poëme, de cette pièce n’est pas régulière, n’est pas heureuse.

☞ On le dit aussi dans un sens métaphorique, en grammaire, pour désigner l’arrangement des mots suivant les règles & l’usage de la langue. Constructio, structura verborum. Il y a quelque chose qui manque dans la construction de cette phrase. Cette construction est louche, c’est-à-dire, que les mots sont placés de façon, qu’ils semblent se rapporter à ce qui précède, pendant qu’ils se rapportent à ce qui suit, de même que les louches semblent regarder d’un côté pendant qu’ils regardent de l’autre. Construction vicieuse, quand l’arrangement n’est pas conforme aux règles, à l’usage.

☞ On dit construction pleine, quand on exprime sous les mots dont les rapports successifs forment le sens que l’on veut énoncer.

Construction elliptique, lorsque quelqu’un de ces mots est sous entendu. Il n’y a point de langue dont la construction soit plus simple & plus facile que celle de la langue françoise. On n’y trouve point de ces inversions qui causent tant d’embarras & tant d’obscurité dans la langue latine. Elle épargne à l’esprit jusqu’aux moindres efforts ; le nominatif précède toujours le verbe ; & le verbe marche toujours devant les cas obliques qu’il régit. Elle expose les pensées dans le même ordre que l’imagination les a conçues ; & cette construction naturelle ne fatigue point le lecteur. Gill. La langue francoise est peut-être la seule qui suive l’ordre naturel dans la construction. Les Grecs & les Latins finissent le plus souvent leurs périodes par où le bon sens veut qu’on les commence. L’élégance de leur langue consiste en partie dans cet arrangement bizarre, ou plutôt dans ce désordre, & cette transposition étrange de mots. S. Evr. L’une des beautés de la langue françoise, c’est la construction directe, laquelle sans doute est préférable à la construction renversée & transposée des Latins. Charp. Les parties du discours se peuvent lier ensemble ou par une construction simple, lorsque tous les termes sont placés dans leur ordre naturel ; ou par une construction figurée, lorsque s’éloignant de cette simplicité, l’on use de certaines expressions plus courtes & plus élégantes. Or, ceux qui excellent dans l’art de la Grammaire rappellent aisément cette construction figurée aux loix de la simple, & remarquent bien, que ce qui paroît construit sans aucune règle, & par un usage arbitraire de la langue, se peut réduire aux loix générales de la construction ordinaire. Port-R.

CONSTRUIRE, v. a. Je construis, nous construisons, je construisis, j’ai construit, je construirai, qu’il construise, que je construisisse. Il signifie, bâtir, édifier, élever un bâtiment. Construere. Il en coûtera cent mille écus pour construire cette Eglise. Il a fait construire deux pavillons aux deux bouts de sa maison. Construire un Palais. On dit aussi, construire un vaisseau, un bâtiment de mer.

Construire se dit aussi en Géométrie & en Astrologie. Construire un thème céleste. Il faut construire un problême, avant que d’en faire la démonstration. Construire, dans cette acception, signifie tracer la figure, tirer des lignes, faire toutes les opérations relatives au but qu’on se propose.

Construire, en termes de Grammaire, signifie au figuré, arranger les mots suivant les règles & l’usage de la langue. Voyez Construction.

Cette période est bien construite, toutes les règles grammaticales y sont bien observées.

Construire se dit aussi figurément en parlant des ouvrages d’esprit. C’est en disposer, en arranger toutes les parties. Pour bien construire un poëme, il faut beaucoup d’imagination & de jugement. On a vu éclore différens ouvrages très-utiles sur l’état militaire, entr’autres celui de M. le Chevalier Follard, livre curieux & très-estimable, bien qu’assez mal construit. Observ. sur les Ecr. Mod. Pertharite, Tragédie de Corneille, est une pièce mal construite, mais pleine de beaux traits. Id.

Construit, ite. part.

CONSUALES. adj. & s. f. pl. terme de Mythologie. Consualia, Consuales ludi. Fêtes à l’honneur du Dieu Conse ou Consus, c’est-à-dire, Neptune. On y faisoit une cavalcade magnifique, parce que Neptune passoit pour avoir donné le cheval aux hommes. De là lui venoit son surnom d’Equestre, ἵππειος. On dit que c’est Evandre qui institua cette Fête. Romulus la rétablit ensuite sous le nom de Consus, parce que ce Dieu lui avoit suggéré le dessein d’enlever les Sabines. Car Romulus ayant institué les jeux Consuales, y invita ses voisins, & se servit de la solennité des sacrifices & des jeux pour enlever les Sabines, qui étoient venues à la cérémonie. Pour y attirer plus de monde, il avoit répandu de tous côtés qu’il avoit trouvé un autel caché sous terre, qu’il vouloit consacrer en faisant des sacrifices au Dieu à qui cet autel avoit été érigé. Ceux qui prétendent expliquer les mystères de la Théologie payenne disent, l’autel caché sous terre est un symbole du dessein que Romulus avoit d’enlever les femmes de ses voisins. Il est parlé des Consuales en plusieurs endroits du Calendrier Romain. Les Consuales étoient du nombre des jeux que les Romains appeloient sacrés, parce qu’ils étoient consacrés à une Divinité. Voyez Varron, Festus, Tite-Live, Plutarque, Rosinus, le Calendrier Romain, &c. Dans les commencemens ces fêtes & ces jeux ne différoient point de ceux du Cirque ; de là vient que Valere Maxime, L. II, c. 4, dit que l’enlèvement des Sabines se fit aux jeux du Cirque ; & Servius, Enéïd. L. VIII, v. 636, aux Consuales. On couronnoit & on laissoit reposer les chevaux & les ânes ces jours-là, parce que c’étoit la fête de Neptune l’Equestre, dit Plutarque, Rom. quæst. 48. Festus écrit que ces jeux se célébroient avec des mulets, parce qu’on croyoit que c’étoit le premier animal qui eût servi à traîner le char. Servius dit que les Consuales tomboient au 13e d’Août ; mais Plutarque & Denis d’Halicarnasse les mettent au mois de Mars. Ces fêtes diffèrent de celles qu’on appeloit Neptunales, Neptunalia. Voyez Vossius, de Idolol. Lib. I, c. 15. Vigenère sur Tite-Live.

CONSUBSTANTIALITÉ. s. f. terme de Théologie, unité, égalité, identité de substance. Consubstantialitas. C’est le mot dont on se sert dans l’Ecole. Le nœud de la dispute entre les Orthodoxes & les Ariens, consistoit dans la consubstantialité du Fils avec le Père.

CONSUBSTANTIATEUR, TRICE. s. m. & f. Celui ou celle, qui croit le Verbe, le Fils de Dieu consubstantiel à son Père. Qui Filium Dei ὁμοούσιος consubstantialem Patri esse credit, docet. Après que le Concile de Nicée eut trouvé le mot de consubstantiel, qui fermoit la porte aux équivoques des Ariens, ils n’appelèrent plus les Orthodoxes que Homousiens, c’est-à-dire, consubstantiels ou Consubstantiateurs. Hélas ! comme nos freres nous appellent quelquefois Transubstantiateurs dans leurs Ecrits. Peliss.

☞ Cet Auteur veut faire voit que les Reformés donnent aux Catholiques des noms odieux, à l’exemple des Ariens. Mais le mot homousiens est-il exactement rendu par celui de Consunstantiateurs.

☞ CONSUBSTANTIATION. s. f. terme dont se servent les Luthériens pour exprimer leur croyance sur la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Voyez Impanation. C’est la même chose.

☞ CONSUBSTANTIEL, ELLE. adj. terme de Théologie, dont on se sert en parlant des personnes de la Trinité, pour faire entendre qu’elles n’ont qu’une seule & même nature. Ejusdem cum altero substantiæ, consubstantialis. C’est le mot qui est en usage dans l’Ecole. Le Fils de Dieu est consubstantiel au Père. Ce terme fut choisi & adopté par les Pères du Concile de Nicée, pour exprimer la Doctrine de l’Eglise avec plus de précision, & pour servir de barrière & de précaution contre les erreurs & contre les surprises des Ariens. Le terme de consubstantiel étoit en usage parmi les Pères de l’Eglise pour exprimer ce que nous croyons de la Divinité éternelle du Fils de Dieu, avant que Plotin & Jamblique fussent au monde ; & s’il se trouve dans les Ouvrages de ces Philosophes quelque chose de semblable à ce que les Chrétiens ont dit, c’est de la doctrine des mêmes Chrétiens qu’ils l’ont pris. P. Baltus. s. Denis d’Alexandrie, dans sa lettre contre Paul de Samosate, nous apprend que les SS. Pères qui l’avoient précédé, avoient appelé le Fils de Dieu consubstantiel à son Père. Id.

Le même Père s’en étoit encore servi, en parlant du Verbe, dans l’Apologie qu’il envoya au Pape. Le Concile de Nicée l’employa pour couper pié à toutes les vaines subtilités des Ariens qui avouoient tout, excepté ce que signifie le mot ὁμοούσιος, consubstantiel ; car ils alloient jusqu’à reconnoître que le Fils étoit véritablement Dieu ; mais ils nioient qu’il fût un même Dieu & une même substance que le Pere. Aussi firent-ils toujours tout ce qu’ils purent pour abolir l’usage de ce terme. On persécuta les défenseurs du consubstantiel ; Constantius fit tous ses efforts pour obliger les Évêques à supprimer le terme de consubstantiel ; mais la vérité triompha, & ce terme a été maintenu dans les symboles.

Sandius prétend que le terme de consubstantiel étoit inconnu avant le Concile de Nicée. Mais on l’avoit déja proposé au Concile d’Antioche, lequel condamna Paul de Samosate, en rejettant pourtant le mot de consubstantiel. Courcelles au contraire a soûtenu que le Concile de Nicée avoit innové dans la doctrine, en admettant une expression dont le Concile d’Antioche avoir aboli l’usage. Il est vrai que le mot de consubstantiel fut toujours l’écueil des Ariens, parce qu’il attaquoit l’erreur dans sa source, & qu’il prévenoit toutes leurs distinctions & toutes leurs subtilités. Selon S. Athanase le mot de consubstantiel ne fut condamné par le Concile d’Antioche, qu’en tant qu’il renferme l’idée d’une matière préexistente, & antérieure aux choses qui en ont été formées & que l’on appelle coessentielles. Or, en ce sens le Père & le Fils ne sont point consubstantiel, parce qu’il n’y a point de matière préexistente. L’heureuse fécondité de la langue grecque, accoutumée aux mots composés, fournit aux Peres de cette sainte Assemblée le mot d’homoousios ὁμοούσιος, c’est-à-dire, consubstantiel au Pere ou de même substance que le Pere, qui fermoit la porte aux équivoques des Ariens. Quel bruit ne firent-ils pas dans tout le monde Chrétien pour se soulever contre la nouveauté de ce mot pris, disoient-ils, de la fausse sagesse, inconnu aux Apôtres, & aux trois premiers siècles de l’Eglise ? Ils n’appelèrent plus les Orthodoxes qu’Homoousiens, c’est-à-dire, Consubstantiels ou Consubstantiateurs.

CONSUBSTANTIELLEMENT. adv. d’une manière consubstantielle. Consubstantialiter. C’est le mot dont on se sert en Théologie. Le Fils est consubstantiellement un avec le Pere.

☞ CONSUEGRE, ville de la nouvelle Castille, en Espagne, à dix lieues de Tolède.

CONSUÉTUDINAIRE. s. m. & f. Qui a coutume de faire quelque chose. Assuetus aliquid facere, solitus aliquid facere. Ce mot n’est point dans l’usage ordinaire de la langue. Pontas s’en sert dans son Dictionnaire des cas de conscience.

CONSUIVIR. v. a. Mot du vieux langage, qui signifioit attendre, attraper. On trouve ainsi consuivre.

CONSUL, s. m. ☞ L’un des Magistrats qui avoit la principale autorité dans Rome ; le premier de la République, quand il n’y avoit point de Dictateur. Consul. Les Consuls étoient les chefs du Sénat, commandoient les armées, & jugeoient souverainement des différends entre les Citoyens Romains ; mais parce qu’ils abusèrent de leur pouvoir, il fut permis par la loi Valeria d’en appeler au peuple, sur-tout lorsqu’il s’agissoit de la vie d’un citoyen. Dans la suite, les Consuls étant trop occupés des affaires générales de l’État, ou à Rome, ou à la tête des armées, on créa d’autres Magistrats pour rendre la justice au peuple à la place des Consuls.

Les Romains, depuis qu’ils eurent chassé leur Roi, furent gouvernés par des Consuls qui furent établis l’an 244 ou 245 de la fondation de la ville, ainsi appelés à consulendo. Brutus & Collatinus furent les premiers élus par l’assemblée du peuple. On désignoit les années par les noms des Consuls. Quand l’un des Consuls mouroit dans le cours de l’année de son consulat, on en élisoit un autre ; mais on continuoit à donner à l’année le nom de celui qui avoit eu le consulat ordinaire ; c’est-à-dire, celui qui avoit été élu au mois de Janvier. On ne pouvoit être Consul qu’à 43 ans. Il y eut encore des Consuls du temps des Empereurs, mais ce n’étoit plus sous eux qu’un titre honorable ; cependant ils affectèrent de conserver cette dignité comme un reste de liberté. Enfin, il s’éteignit insensiblement au temps de Justinien ; ensorte que depuis lui, aucun Empereur n’a fait des Consuls, & n’en a pris la qualité. Basile est le nom du dernier Consul marqué sur les Fastes-Consulaires, en l’année 541. Cette dignité étoit alors tellement avilie, qu’on la conféroit aux dernières personnes de l’Empire. L’Empereur Justin la voulut rétablir 25 ans après, & se créa lui-même Consul ; mais ce dessein n’eut pas de suite. Caligula fit désigner Consul son cheval.

Depuis l’établissement de la République, & le consulat de L. Jun. Brutus & de L. Tarq. Collat. auquel Valerius Publicola fut substitué, jusqu’au consulat de Basile, c’est-à-dire depuis l’an 244 ou 245 de la fondation de Rome, 509 ans avant Jesus-Christ, jusqu’à l’an 1293 de la fondation de Rome, 540 après Jesus-Christ ; pendant 1049, on compta les années par les Consuls ; mais depuis l’année 540 de J. C. que Basile étoit Consul, nous ne trouvons plus de Consuls ni de consulats suivis. On compta dans la suite par les années du règne des Empereurs, & par les indictions. Cependant les années qui suivirent le consulat de Basile sont encore marquées quelquefois ainsi ; post consulatum Basilii 1, 2, &c. jusqu’à la 25e. Voyez les Fastes Consulaires imprimés à Amsterdam en 1705, par M. d’Almeloveen, Jurisconsulte hollandois. Dans cet espace de temps, cet Auteur, compte 1060 Consuls, sans parler des Consuls substitués, suffecti. Cependant, de l’an 509 avant J. C. jusqu’à l’an 541 de J. C. il n’y a que 1049 ans, & conséquemment 1049 consulats ; encore fait-il commencer les Consuls l’an 244, de Rome, quoiqu’ils n’aient commencé qu’en 245, selon Tite-Live ; qui, à la fin de son premier livre, dit que le Gouvernement des Rois dura 244 ans.

Les consulats perpétuels des Empereurs d’Orient, qui composent les fastes Byzantins, commencerent l’an de J. C. 567, & finirent l’an 668, avec la dernière année de Constans, petit fils d’Héraclius. Constantin Pogonate voulut que le consulat fut inséparable de l’Empire, ce qui dura jusqu’à Constantin Porphyrogénète. Dans cette forme de gouvernement, l’Empire & le consulat étoient si étroitement unis, que l’Impératrice Irène voulut prendre le consulat, lorsqu’elle fut Régente. Les Empereurs françois, ceux d’Italie, & les Princes Sarrazins, qui commandoient en Espagne, ayant pris le consulat, comme les Empereurs de Constantinople, ceux-ci méprisèrent ce titre, & le quittèrent parce qu’il étoit devenu trop commun ; de sorte qu’il ne resta plus qu’aux Magistrats des villes, & à certains autres Officiers, ce qui arriva vers l’an 900. Voyez le P. Pagi dans sa Dissertation Hypatique, ou sur le consulat.

Sous les Empereurs, il y avoit des Consuls ordinaires, des Consuls honoraires, & des Consuls subrogés, c’est-à-dire, mis à la place des ordinaires, ou par la mort ou autrement. Il y en eut aussi de cette dernière sorte dans le temps de la République. Ceux qui ont donné des listes des Consuls, sont Tite-Live & Tacite, Dion Cassiodore, Idatius, un Anonyme imprimé par le Cardinal Noris, Onuphrius, Panvinius dans ses Fastes Consulaires, Pighius, le P. Petau dans son XIIIe liv. de Doctrina temporum, & Janson d’Ameloveen, Jurisconsulte hollandois, en 1705, avec des notes.

Consul se dit aussi, dans les Auteurs du moyen âge, pour Comte, & Proconsul ou Vice-Consul, pour Vicomte ; ainsi que M. de Marca l’a montré dans son Hist. de Bearn. L. III, c. 3, par plusieurs Auteurs, & beaucoup d’exemples. Epelman a fait la même remarque dans son Glossaire.

Consul signifie aussi les principaux Officiers d’un bourg ou d’une petite ville dans les provinces méridionales de France, qui ont soin des affaires publiques de la communauté, comme les Echevins en d’autres endroits. Ce sont les Consuls qui reglent les impositions, les logemens de gens de guerre, &c. Voyez les notes de Durand sur les Origines de Clermont en Auvergne, p. 37 & 291. Les Echevins y ont été appelés d’abord Consuls, & jusqu’en 1536.

Consul se dit aussi des Juges qui sont élus entre les marchands pour régler les affaires du commerce, suivant les privilèges à eux accordés. Charles IX étant un jour entré dans la Grand’Chambre du Parlement de Paris, & ayant ouï prononcer sur un différend qui étoit entre deux marchands qu’on envoya hors de Cour & sans dépens, après avoir consumé dans une poursuite de dix ou douze années, le meilleur de leur bien, fut si sensiblement touché de voir que les longueurs de la chicane, en ruinant les marchands, détruisoient le commerce, qu’il fit un édit au mois d’Octobre, l’an 1565, par lequel il érigea dans les principales villes du Royaume, comme il y en avoit déjà dans Marseille & dans Rouen, des juridictions particulières de Juges Consuls, tirés du corps des marchands, où l’on décidât promptement les différens qui arrivent sur le commerce. D’autres disent que cette juridiction fut établie d’abord à Paris en 1563, & puis en 1566, par un édit général, dans toutes les bonnes villes du Royaume. Il y a un titre dans la dernière ordonnance de 1675, qui regle la Juridiction des Juges-Consuls. Les Consuls jugent des affaires de marchand pour le fait du négoce, dont ils se mêlent seulement. Les sentences des Consuls portent contrainte par corps. A Paris il y a un Juge & quatre Consuls. En d’autres villes, il n’y a qu’un Juge & deux Consuls. Ils jugent en dernier ressort, jusqu’à la somme de 500 livres, suivant l’article 8 de l’édit de création. Dans les Parlemens de Rouen & de Toulouse, au lieu de Juges & Consuls, on les appelle Prieurs & Consuls.

Consul est aussi un office établi en vertu de commission du Roi, dans toutes les échelles du Levant, ou autres villes de commerce, pour faciliter le négoce, protéger les marchands de la nation, & juger tous les différends qui naissent entre les marchands françois, en se conformant, tant en matière civile que criminelle, aux capitulations faites avec les Souverains des lieux de leur établissement.

☞ Les appellations des jugemens des Consuls, tant aux échelles du Levant, qu’aux côtes d’Affrique & de Barbarie, se relevent au Parlement d’Aix, & les appellations des jugemens des autres Consuls, au Parlement le plus proche du consulat où les sentences ont été rendues.

☞ En matière criminelle, quand il n’échet aucune peine afflictive, ils peuvent juger définitivement, pourvû que les jugemens soient rendus avec les députés, & quatre notables de la nation.

☞ S’il échet peine afflictive, l’instruction faite, ils sont tenus d’envoyer le procès avec l’accusé dans le premier vaisseau faisant son retour en France, pour être jugé par les Officiers de l’amirauté du premier port où le vaisseau fera sa décharge.

L’Ordonnance de la Marine veut qu’un Consul soit âgé de trente ans, & que tous les actes expédiés en pays étrangers ne fassent point de foi en France, s’ils ne sont légalisés par les Consuls. Il y a des Consuls à Alep, à Alexandrie, à Smirne, à Soïd, à Tripoli, à Alger, &c. Le Consul du Caire est celui qui fait le trafic du séné qu’on vend en Europe. Le nom de Consul est demeuré à des Juges de la Marine, lequel, chez les Auteurs du moyen âge, signifie un Juge ordinaire, aussi-bien que celui de Comte, ainsi qu’a remarqué d’Argentré en son Histoire de Bretagne, & M. de Marca en celle de bearn.

Consul se dit du chef de l’Académie de Florence. Le Jurisconsulte Altoviti fut fait Consul de cette Académie en 1723.

On dit aussi Vice-Consul, Vice-Consulis pro Consule. Il y a des Vice-Consuls à Leopoli & à la Carale. L’Ambassadeur du Roi à la Porte ordonna au Consul de Smyrne d’envoyer incessamment à Scio un Vice-Consul. Jean Toubeau, Imprimeur Libraire, & ancien Juge Consul de la ville de Bourges, a fait les institutes du droit consulaire, la Jurisprudence du droit des marchands. C’est un commentaire sur le droit établi par Charles IX, & sur les ordonnances qui le concernent, dans lequel il est traité des droits, titres d’honneur, & prééminences des Juges-Consuls.

CONSULAIRE. adj. Qui a passé par la charge de Consul. Consularis. Cicéron a été homme consulaire.

☞ On le dit aussi de ce qui appartient à la dignité de Consul, de ce qui y a rapport. Dignité consulaire. Province consulaire, qui étoit gouvernée par un homme consulaire. Famille consulaire, où il y avoit eu un Consul. Age consulaire, où l’on pouvoit parvenir au consulat, savoir à 43 ans.

☞ Cette loi fut enfreinte par César, qui nomma Consul Dolabella, n’étant encore âgé que de 25 ans. Les Empereurs qui vinrent après lui, firent des Consuls qui n’avoient pas même de barbe. Des enfans, avant même qu’ils eussent l’usage de la parole, furent désignés Consuls.

On donna même ce titre à des gens qui, sans avoir exercé le consulat, jouissoient du rang & des marques de cette dignité. Mais leur rang étoit designé par le mot de consularitas.

On appelle médailles consulaires, les médailles qui ont été frappées pendant que la République romaine étoit gouvernée par des Consuls. Goltzius en a fait un recueil par ordre chronologique. Ursain a disposé les médailles consulaires par l’ordre des familles romaines. Les curieux n’ont pu assembler que 1037 médailles consulaires, qu’on rapporte à 178 familles romaines. M. Patin a expliqué ces 1037 médailles consulaires. Quoiqu’on leur donne le nom de consulaires, il ne s’ensuit pas qu’elles aient toutes été battues par l’ordre des Consuls : c’est seulement pour les distinguer de celles que les Empereurs ont fait fabriquer, & cela marque l’état de la République.

Consulaire se dit aussi de ce qui regarde les Juges Consuls. L’action d’un marchand contre un bourgeois n’est pas un fait consulaire. Quand un marchand est mal dans ses affaires, qu’il fait banqueroutte, & qu’il ne sort point de sa maison, de crainte d’être pris & mis en prison, on appelle cela à Paris, par métaphore, avoir la goutte consulaire. Un tel ne sort point, il a la goutte consulaire. Il est familier. Billet consulaire dont on peut poursuivre le payement aux Consuls, & qui emporte la contrainte par corps. Dette consulaire, pour laquelle on peut être assigné par devant les Juges-Consuls. Juridiction consulaire, qui est exercée par les Juges-Consuls. Matières, affaires consulaires, dont les Juges-Consuls doivent connoître. Jugement consulaire, émané de la juridiction des Consuls, & dans l’usage ordinaire, condamnation de ce tribunal, qui emporte la contrainte par corps. En terme de blâzon, on appelle une hache consulaire, celle qui est entourée d’un faisceau de verges, telle qu’en avoit une dans ses armes le Cardinal Mazarin & telle qu’en portent aujourd’hui les La Porte-Mazarin, & les Mancini-Mazarin.

Consulaire. s. m. Consularis. Nom d’un Officier de l’Empire Romain. On appeloit consulaires les Gouverneurs de certaines Provinces. Il y avoit quinze Consulaires en Orient, cinq en Asie, trois dans le Pont, deux dans la Thrace, trois en Illyrie, huit en Italie, deux en Afrique, trois en Espagne, sept dans les Gaules, deux en Pannonie. Voyez les Notices de l’Empire. L. Cœlius Rufus avoir été Consulaire de la Campanie & de la Pouille. De Tillemont.

CONSULAIREMENT. adv. à la manière des Juges-Consuls. Consulariter. Cette demande a été jugée consulairement ; c’est-à-dire, suivant les maximes des Juges-Consuls, dont les sentences sont exécutoires par corps & par provision.

CONSULAT. s. m. dignité de Consul, ou le temps que dure cette magistrature. Consulatus. Le Consulat étoit fort brigué chez les Romains. Marius est parvenu jusqu’au VIIe Consulat. La conjuration de Catilina fut découverte sous le Consulat de Cicéron. Voyez le commencement & la fin du Consulat, & le nombre des Consulats, au mot Consul.

Consulat est aussi la charge de Consul, & le temps qu’elle dure, soit dans les provinces, soit dans les villes de commerce. Quand on a exercé le Consulat des Marchands, on peut parvenir à l’échevinage. Les Consuls, dans les nations étrangères, ont un greffe qu’on appelle la Chancellerie du Consulat. Tous contrats maritimes & polices d’assurances, peuvent être passés en la Chancellerie du Consulat, suivant la dernière Ordonnance de la Marine.

Consulat s’est dit aussi pour échevinage, comme Consul s’est dit pour Echevin. Le changement du Consulat en échevinage, se fit par la Reine mere des Rois, en l’an 1556, & fut confirmé par le Roi Henri II en la même année. Savaron, Origine de Clermont.

CONSULTANT. s. m. & adj. Homme expérimenté que l’on consulte au besoin, dont on prend l’avis. Advocatus de jure consultoribus respondens. Il ne se dit guère que des anciens Avocats & Médecins. Avocat consultant, Médecin consultant. Il est du nombre des consultans.

Ecoutez tout le monde assidu consultant,
Un fat quelquefois ouvre un avis important. Boil.

CONSULTAT. s. m. Conseiller-Commissaire. Le Pape (Jean XXII) pour lever tout scrupule à ses Consultats, suspendit cette défense (d’expliquer autrement qu’à la lettre la pauvreté de J. C.) jusqu’à son bon plaisir, par une bulle du 26 de Mars 1322. Fleury.

Consultat, c’est le nom qu’on donne à un compte qu’on rend tous les vendredis au Roi d’Espagne de tout ce qui s’est passé, de tout ce qu’on a réglé & jugé dans tous ses Conseils pendant le cours de la semaine. Comme tous ces Conseils se tiennent dans différentes salles du Palais du Roi, & qu’elles sont disposées de manière qu’il peut voir & entendre, par des jalousies, tout ce qui s’y fait & s’y règle, cela engage tous les Conseillers d’état à s’observer dans les Jugemens qu’ils rendent ; mais de plus, ils sont obligés tous les vendredis au consultat.

☞ CONSULTATION. s. f. conférence que l’on tient pour consulter sur une affaire, sur une maladie. Consultatio. Les Avocats, les Médecins ont été long tems en consultation. Ils n’ont rien résolu après une longue consultation.

☞ Ménage observe qu’on dit ordinairement consultation à l’égard des Avocats, & consulte à l’égard des Médecins, & que le mot vient de consulta, latin, qu’on a dit pour consultatio. L’usage a prévalu contre la décision de Ménage, & l’on dit également consultation d’Avocats, consultation de Médecins. Le mot de consulte n’est plus guère d’usage que dans les provinces.

Consultation se dit aussi figurément des conférences que nous tenons intérieurement avec nous-mêmes sur ce que nous devons, ou ne devons pas faire. L’avarice préside à toutes les consultations du cœur d’un avare. Claud.

Consultation est aussi un résultat de délibération & de l’avis qu’on a pris en consultant. Summa consultationis ; id quod in consultatione, deliberatione decretum, constitutum, conclusum est. On a voulu avoir une consultation par écrit sur cette difficulté. Au Parlement de Bourgogne, les parties produisent de part & d’autre parmi leurs pièces, les consultations de leurs Avocats.

Consultation se dit non seulement de l’avis qu’on donne, mais encore de celui qu’on demande : & l’on dit fort bien, répondre à une consultation. Consultation, avis demandé, conseil donné.

☞ On appelle au Palais banc des consultations, pilier des consultations, chambre des consultations, les endroits où l’on trouve les Avocats consultans, & où l’on va les consulter au Palais.

☞ On appelle consultations de charité, celles que donnent gratuitement à la bibliothèque des Avocats, un jour de la semaine, six Avocats nommés pour cela, qui ont au moins dix ans de Palais, & un plus jeune, chargé de faire le rapport des questions & de rédiger les consultations.

☞ Droit de consultation, c’est un droit qu’on passe en taxe aux Procureurs, dans leurs mémoires de frais, dans le cas où ils ont consulté, ou sont censés avoir consulté un Avocat. Jus consultationis.

CONSULTATIVE. adj. f. Le genre masculin n’est point en usage. Avoir voix consultative, c’est avoir droit de dire son avis dans quelque compagnie, mais sans que l’avis soit compté dans les délibérations de la compagnie. Dans les conciles, les Èvêques ont voix délibérative, les Docteurs n’ont que voix consultative. On n’est pas obligé de suivre le sentiment de ceux qui n’ont que voix consultative dans une Assemblée, dans un Conseil, quoiqu’ils aient droit de le dire.

☞ CONSULTER, v. a. demander, prendre conseil de quelqu’un. Consulere aliquem, in consilium adhibere ; consilium ab aliquo petere. Un plaideur consulte son Avocat pour se défendre on pour agir contre sa partie. Un malade consulte son Médecin pour savoir ce qu’il doit faire relativement à sa santé. On consulte le Devin pour découvrir ce qui est caché. On consultoit les Oracles pour savoir ce qui devoit arriver. Saül consulta la Pythonisse & l’ombre de Samuel, pour savoir le succès de la bataille qu’il devoit donner. Les Payens ne faisoient aucune entreprise sans consulter les Oracles, ni les Persans & les Indiens sans consulter les Astrologues. On consulte les Casuistes sur des cas de conscience. On devroit toujours demander avis à des gens expérimentés dans un art, sur les difficultés qu’on a dans des circonstances épineuses. Consulere aliquem consilium ab aliquo petere, aliquem in consilium adhibere. Il est allé consulter sa donation à des Avocats. Il a appelé des Médecins pour consulter sur son mal. Il est allé consulter les Casuistes de Sorbonne sur un scrupule de conscience. Il a longtemps consulté, conféré avec les amis s’il devoit se marier. On dit, consulter l’Oracle. Consulter les Devins. Consulter le Prince. Ablanc. Le Sage consulte quelquefois les hommes les moins intelligens. Morale de Confucius.

Il semble que le Roi dans ce choix d’importance
Ait daigné tous nous consulter,
Et sans user de sa puissance,
N’ait songé qu’à nous contenter.

Nouv. choix de vers.

☞ On dit en ce sens consulter les Astres, consulter ses livres, chercher dans ses livres le parti qu’on doit prendre.

☞ Dans un sens figuré, consulter son devoir, sa conscience, ses forces : examiner avec attention si le devoir, la conscience, les forces permettent de faire ce qu’on le propose. On doit excuser le crime commis dans le mouvement de la colère, & sans avoir consulté la raison. M. Esp. Ce bon mari ne loue & ne blâme rien sans avoir consulté les yeux & le visage de la femme. La Bruy. Chacun consulte toujours son intérêt, quand il s’agit de ceux d’autrui. Vaug.

Prononcez par vous-même, & ne consultez pas
Des cœurs intéressés à troubler vos États. Capistron.

Quand je consultois la nature,
Je ne pensois qu’à me venger. L’Abbé Tétu.

☞ On dit de même, qu’une femme consulte son miroir, sur la manière d’étaler les appas qu’elle prend sur sa toilette. Les appas viennent de ces grâces cultivées que forme un fidèle miroir consulté avec attention, & qui sont le travail entendu de l’art de plaire.

☞ Dans le style familier, consulter son chevet, se donner le temps de délibérer, passer la nuit avant que de se déterminer.

Consulter s’emploie absolument pour délibérer ensemble.

Les Médecins ont consulté sur sa maladie, les Avocats sur son affaire.

Consulter se dit aussi de la chose sur laquelle on demande avis. Consulter une affaire, une maladie. Dans ce sens il se dit aussi passif. Cette affaire a été consultée aux meilleurs Avocats. Acad. Fr.

Consulter signifie aussi délibérer avec soi-méme, être irrésolu, incertain quel parti on doit choisir. Consultare, deliberare. Il consulte encore en lui-même s’il achètera cette charge.

Lorsque vous consultez si vous devez vous rendre,
Hélas ! vous êtes tout rendus. Vill.

Consulté, ée. part,

CONSULTEUR. s. m. terme de Capucin. Consultor. Celui qui donne avis au Général. Il y a d’autres Ordres Religieux où ce terme est en usage, pour signifier ceux que le Supérieur choisit pour les consulter, pour prendre conseil d’eux, pour écouter leurs avis : ces consulteurs doivent écrire en certain temps au Général, & lui rendre compte des affaires.

Consulteur du S. Office. On donne ce nom aux Théologiens que le Pape commet pour examiner les livres ou les propositions qui lui sont déférées, ou pour donner leur avis sur quelques matières qui regardent la foi ou la discipline. Consultor. Les consulteurs n’ont point voix délibérative dans les Congrégations. Ils y rendent seulement compte des livres ou propositions qu’on les a chargés d’examiner, & en donnent leur avis doctrinal.

Consulteur d’État, nom de Charge ou d’Office dans la République de Venise. Consultor Reipublicæ. Ce sont des Jurisconsultes que l’État consulte dans les affaires difficiles. Il y a des consulteurs d’État en matière Ecclésiastique & des Consulteurs d’État en matière civile, comme on le peut voir dans le Raccolti s’Opusc. T. XIV, p. 58.

CONSULTRICE. s. f. Consultrix. Celle qui conseille, ou que l’on conseille. Pomey.

Consultrice. s. f. nom en usage dans la Congrégation des filles & veuves appelées Dimesses, ou Modestes. Consultrix. Dans cette Congrégation deux maisons voisines élisent tous les ans une Supérieure, deux Ajutantes, ou majeures, pour chaque maison, qui doivent avoir demeuré au moins trois ans dans la Congrégation, & qu’on appelle aussi Consultrices. P. Hélyot, T. VIII, p. 11.

CONSUMANT, ANTE, qui consume. Consumens. Un feu consumant. Il y a des plaies qui demandent des remèdes consumans, ou caustiques.

☞ CONSUMER, v. a. détruire, réduire à rien. Consumere, absumere. On le dit au propre, particulièrement du feu qui détruit par une action vive & rapide, & au figuré, du temps & des maux dont les progrès sont plus lents. Le feu consuma une partie du bâtiment. La victime fut consumée par le feu. Le temps consume tout. Tempus edax rerum. Le temps qui consume les marbres les plus durs, peut venir à bout de la résistance la plus obstinée. S. Evr. Il a une fièvre lente qui le consume. Le mouvement le plus délicat de l’amour, c’est la langueur, qui, comme une flamme secrette nous consume doucement. S. Evr. Le feu de l’amitié échauffe le cœur sans le consumer. Pourquoi vous laissez-vous consumer aux chagrins & à la tristesse ? ☞ On le dit aussi avec le pronom personnel. Cette femme se consume en regrets superflus. Exedi. Les filles de Darius fondoient en larmes, & se consumoient d’ennui. Vaug. C’est un amant discret, qui se laissera plutôt consumer que de se plaindre. Le Pays.

N’allez pas sur des vers sans fruit vous consumer,
Ni prendre pour génie un amour de rimer. Boil.

Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,
Je souffre tous les maux que j’ai fait devant Troye. Rac.

Consumer se dit encore des choses qui se détruisent par l’usage. Consumer son bien, son patrimoine. Abligurire. Consumer son bien en débauches, en folles dépenses. L’Espagnol dit en proverbe que les Juifs consument leur argent en Pâques, les Maures en noces, & les Chrétiens en procès. Le Prêtre consume la Sainte Hostie.

Dans cette acception on dit abusivement consommer ; & cet abus paroît autorisé par l’usage.

Consumée, ée, part.

CONSUS ou CONSE. s. m. terme de Mythologie, faux Dieu des anciens Romains. Consus. C’étoit le Dieu des Conseils. On prétend que c’étoit Neptune, Dieu des choses cachées. Il avoit à Rome dans le Cirque un Temple, en un lieu couvert & caché, pour montrer que les conseils doivent être secrets. Pour la même raison nos anciens Auvergnats sacrifioient au Dieu consus, dans des bocages épais & bien touffus. Savaron. Orig. Ses fêtes s’appeloient Consualia. ☞ C’est pendant la célébration de ces fêtes que Romulus & ses compagnons enlevèrent les filles des Sabins. Voyez Consuales. On l’appelle aussi Neptune Equestre, Neptunus Equestris, Tite-Live, Liv. I. Plutarque dans la vie de Romulus ; Tertullien de spectaculis, c. 5. Servius sur le VIIIe Liv. de l’Enéïde, Vossius, de Idololatr. Lib. I, c. 15. Vigenère, sur T. Live, T. I, p. 793, 963.

☞ CONTACT. s. m. (Prononcez le dernier c,) terme Didactique, synonime d’attouchement. État relatif de deux choses qui se touchent. Contactus. Le contact de deux Corps, est l’application immédiate d’un Corps sur un autre.

☞ En Géométrie on appelle point de contact, le point où une ligne droite touche une ligne courbe, tel que le point où la tangente touche le cercle, ou bien où deux lignes courbes se touchent. Deux globes parfaitement ronds ne se touchent que dans un point qui s’appelle point de contact.

CONTADIN. s. m. Paysan, habitant de la campagne, de l’Italien Contadino qui signifie la même chose.

A l’aide, Contadins, aux armes,
Leur disoit-il, c’est tout de bon :
Au loup, vous dis-je, au loup, il m’emporte un mouton.
Mais il a beau crier, on rit de ses alarmes. La Font.

CONTAGIEUX, EUSE. adj. qui se communique par contagion. Contagiosus. La petite vérole, la peste, la ladrerie, sont des maux contagieux. Il y a aussi des fièvres contagieuses.

☞ Les maladies contagieuses se communiquent, ou par un contact immédiat, ou par celui des habits, ou de quelque corps infecté, ou par le moyen de l’air qui transmet les semences morbifigues. Ce mot,