L’Encyclopédie/1re édition/JAUNE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 476).
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JAUNE, adj. (Gram. Physiq. & Teint.) couleur brillante, & celle qui réfléchit le plus de lumiere après le blanc. Voyez Couleur & Lumiere.

Il y a plusieurs substances jaunes qui deviennent blanches, en les mettant alternativement pendant quelque tems au soleil & à la rosée, telles sont la cire, la toile de chanvre, &c. Voyez Blanchissement, Poil, &c.

Ces mêmes substances, quoiqu’entierement blanches, si on les laisse long-tems sans les mouiller redeviennent jaunes.

Le papier & l’ivoire présentés au feu deviennent successivement jaunes, rouges & noirs. La soie qui est devenue jaune se blanchit, par le moyen de la fumée du soufre. Voyez Blanc & Blancheur.

Le jaune en teinture est une des cinq couleurs primitives. Voyez Couleur & Teinture.

Pour avoir les jaunes les plus fins, on commence par faire bouillir le drap ou l’étoffe dans de l’alun & de la potasse, ensuite on lui donne la couleur avec la gaude. Voyez Gaude.

La turmeric donne aussi un bon jaune, mais moins estimé cependant. On a encore un bois des Indes, qui donne un jaune tirant sur l’or ; & l’on fait une quatrieme espece de jaune avec de la sariette, mais c’est le moindre de tous.

Le verd se fait ordinairement avec du jaune & du bleu, mêlés l’un avec l’autre.

Avec du jaune, du rouge de garance, & du poil de chevre teint par la garance, on fait le jaune doré, l’aurore, la pensée, le nacarat, l’isabelle & la couleur de chamois, qui sont toutes des nuances du jaune.

Jaune de Naples. (Peinture.) Le jaune de Naples est une pierre seche, & trouée comme nos pierres communes que l’on met dans des fondations avec la chaux & sable pour faire corps ensemble ; elle est cependant friable. Elle se tire des environs du mont Vésuve, proche Naples, & participe beaucoup du soufre ; elle a un sel très-âcre, que l’on ne peut lui ôter qu’en la faisant tremper dans de l’eau, & la changeant d’eau tous les jours ; malgré cela le sel pénetre au travers de la terrine, & paroît tout blanc au-dehors ; il faut aussi la réduire en poudre avant de la mettre tremper, & lorsqu’on la broye sur le porphyre, ne point se servir de couteau de fer pour la ramasser, parce que le fer la fait verdir & noircir ; mais on se sert pour cela de couteau de bois de châtaignier, cette couleur est très-bonne à l’huile comme à l’eau.

Jaune des Corroyeurs, couleur que ces ouvriers donnent aux cuirs ; cette couleur se fait avec de la graine d’Avignon & de l’alun, dont ils mettent une demi-livre de chacun sur trois pintes d’eau, qu’ils font bouillir à petit feu, jusqu’à ce que le tout soit réduit aux deux tiers pour le moins. Voyez Corroyeur.

Jaune d’œuf. Voyez Œuf.