Aller au contenu

L’Encyclopédie/1re édition/POITRINE

La bibliothèque libre.
◄  POITRINAL

POITRINE, on comprend communément sous ce nom, tout ce qui répond à l’étendue du sternum, des côtes, des vertebres du dos, soit au-dehors, soit au-dedans : les Anatomistes l’appellent thorax.

On divise le thorax en partie antérieure, nommée particulierement poitrine ; en partie postérieure, sous le nom de dos ; & en parties latérales, appellées simplement côtés, & distinguées en côté droit & en côté gauche.

Les parties externes du thorax, outre la peau & la membrane graisseuse, sont principalement les mamelles & les muscles qui couvrent la surface externe des côtes, & remplissent leurs intervalles. Les muscles sont principalement ceux-ci : les grands & les petits pectoraux, les sous-claviers, les grands dentelés, les dentelés postérieurs supérieurs, les grands dorsaux, les vertébraux, auxquels on peut ajouter ceux qui couvrent les omoplates. Voyez Sous-clavier, Dentelé, &c.

Les parties internes du thorax sont renfermées dans la grande cavité de cette portion du tronc, à laquelle cavité les anciens ont donné le nom de ventre moyen, comme j’ai dit ci-dessus, & à laquelle les modernes donnent simplement celui de cavité de la poitrine. Cette cavité est tapissée d’une membrane appellée plevre. Voyez Plevre.

Ces parties sont principalement le cœur, le péricarde, le tronc de l’aorte, la grande courbure de l’aorte, le tronc des arteres carotides, les arteres sous-clavieres, les troncs des arteres vertébrales, des arteres axillaires, la portion supérieure de l’aorte descendante, les arteres intercostales, la veine cave supérieure, la veine azigos, les veines sous-clavieres, les troncs des veines jugulaires, des veines vertébrales, des veines axillaires, une portion de la trachée-artere, une portion de l’œsophage, le conduit lactée ou canal thorachique, les poumons, l’artere pulmonaire, les veines pulmonaires, &c. Voyez Cœur, Poumon, &c.

Les arteres ou les veines particulieres propres du thorax, sont les arteres & les veines thorachiques supérieures & inférieures, les arteres & les veines mammaires internes & externes, les arteres & les veines intercostales supérieures & inférieures, les arteres & les veines spinales, avec les sinus veineux du canal de l’épine vertébrale. Voyez Artere, &c.

Les nerfs qui se distribuent au thorax, sont les lymphatiques moyens ou la huitieme paire, les lymphatiques universels ou grands lymphatiques, communément dits nerfs intercostaux, la derniere paire cervicale, les 12 paires dorsales, les nerfs diaphragmatiques. Voyez Nerf.

La cavité de la poitrine se termine en bas par le diaphragme, qui la sépare d’avec celle du bas-ventre. Winllow. Voyez Diaphragme.

La poitrine forme dans l’homme une espece de sphéroïde applati sur le devant ; mais dans les animaux elle est applatie sur les côtés : les efforts violens que font ces animaux en sautant sur les piés de devant, demandoient nécessairement cette figure. Voyez Saut.

Les côtes sont tellement disposées que celles du côté droit ne peuvent se baisser sans avancer vers le côté gauche ; il en est de même par rapport à celles du côté gauche : c’est donc une nécessité qu’elles supposent un obstacle mutuel sur le sternum, car elles s’y soutiennent comme autant de cintres ; mais ce n’est pas la seule cause qui suspende la poitrine. La premiere côte forme sur l’épine un cercle d’un diametre fort petit ; le cercle que forme la seconde côte est beaucoup plus grand : il est donc évident que le premier cercle ne sauroit suivre le second, puisque la partie antérieure du second parcourroit un plus grand arc, au lieu que ce premier cercle seroit obligé d’abandonner le sternum : donc la poitrine doit être suspendue par sa propre structure. Voyez Sternum, &c.

Les intercostaux sont presque les seuls muscles qui élevent les côtes ; car quand on a dépouillé la poitrine d’un chien des muscles qui pourroient agir extérieurement sur les côtes, la respiration marche comme auparavant. Voyez Intercostal.

L’usage du plan interne & du plan externe n’a pas paru facile à déterminer. Quelques physiciens ont cru que le plan externe sert à l’expiration, & que le plan interne sert à l’expiration ; mais soient deux plans paralleles, soit un de ces plans mobile & l’autre immobile, soient joints ces deux plans par deux cordes qui se croisent obliquement ; il est certain que si ces cordes se raccourcissent, le plan mobile s’approchera de l’immobile, & que l’action des deux cordes croisées concourra à rapprocher ces plans : or prenez deux côtes, la premiere & la seconde par exemple, les muscles intercostaux par l’action de leurs deux plans éléveront toujours la seconde côte.

La raison pour laquelle le plan externe des muscles intercostaux finit aux cartilages, n’est pas difficile à trouver, puisque les côtes s’éloignent par la contraction des muscles intercostaux, & que les deux plans approchent de la perpendiculaire, & sont par conséquent presque paralleles, à proportion qu’ils arrivent plus près du sternum. C’étoit donc une nécessité que la nature terminât ce plan avant qu’il arrivât au sternum, puisqu’il est évident que deux pieces paralleles, jointes ensemble par deux cordes paralleles, doivent s’approcher quand les cordes se raccourcissent ; & que les côtes au contraire sont éloignées lorsque ces deux plans des muscles intercostaux se contractent.

Telle est la caisse qui renferme les poumons ; elle est bandée par les muscles intercostaux, & la force avec laquelle ils agissent paroîtroit surprenante si on en jugeoit par certains tours, qui ont souvent attiré l’admiration du public. Il y a des hommes qui ayant une enclume sur la poitrine, souffrent qu’on casse sur cette enclume une barre de fer à grands coups de marteau ; c’est dans l’enclume & dans le marteau qu’il faut chercher le nœud de la difficulté. Soit un marteau pesant un quart de livre, & ayant un degré de vitesse ; soit une enclume qui pese 600 livres, l’enclume frappée aura 400 fois moins de vitesse que le marteau : on voit par-là que le coup de marteau peut être assez violent sans que l’enclume parcoure plus d’une ligne : or la poitrine en s’applatissant & diminuant d’une ligne son petit diametre, ne souffrira pas beaucoup.

Pour trouver la cause de la force de la poitrine pour soutenir un poids aussi énorme que le poids d’une enclume, on n’a qu’à se souvenir qu’une vessie gonflée, & qui s’ouvre par un tuyau fort étroit, soutiendra un poids fort pesant, lorsqu’une force infiniment plus petite que la pesanteur du poids comprimera le tuyau. Les poumons doivent être regardés dans le cas dont il s’agit, comme une vessie gonflée d’air, & la glotte représente le petit tuyau. Une force très-petite qui resserrera la glotte, retiendra l’air dans les poumons, & l’air étant retenu dans la poitrine, elle pourra soutenir des corps très-pesans : de-là vient que ceux qui sont cette rude épreuve ne parlent point durant le tems qu’ils sont charges de l’enclume.

La capacité de la poitrine croit successivement dans le fœtus ; mais les poumons ne croissent pas proportionnellement, on les trouve à la partie postérieure du thorax, formant un volume très-resserré ; cet espace est donc occupé par le thymus. Heist. Anat. avec des essais. Voyez Thymus.

Poitrine, maladies de la, (Médec.) Les maladies qui attaquent différentes parties de la poitrine, exigent une cure particuliere. Les blessures qui ne pénetrent point, forment un sac qui se rompt intérieurement comme dans la contusion de cette partie ; celles au contraire qui sont pénétrantes, deviennent dangereuses à raison de l’effusion du sang, & de la lésion des organes intérieurs. La fistule de la poitrine est difficile à guérir ; pour y reussir, il faut empêcher l’air d’y entrer. La déformité alors plus fréquente tant dans les côtes que dans les vertebres & le sternum, se prévient & se guérit par le moyen des machines propres au rétablissement de ces parties. On trouve dans la Chirurgie ce qui concerne la luxation des os, & la fracture de cette partie.

L’amas de quelque humeur que ce soit dans la cavité de la poitrine, s’évacue plus difficilement que par-tout ailleurs. Son enflure extérieure, signe d’une hydropisie de poitrine ordinairement difficile à connoître, ou de l’empyéme, ne permet guere une compression extérieure, mais elle exige les diurétiques. On remédie à la fréquence de la respiration qu’on y remarque alors, par la suction de l’humeur amassée, & par une respiration artificielle ; ensuite il faut avoir soin de couvrir l’ouverture extérieure.

L’échymose & l’abscés dans les parties extérieures veulent être ouvertes plutôt qu’ailleurs. La métastase qui se fait à l’extérieur n’est point dangereuse, mais celle qui arrive intérieurement l’est extraordinairement. On connoît les crachats, le pus, & l’eau contenus dans l’intérieur par leurs signes propres & particuliers.

La matiere arthritique, catharreuse, rhumatique, podagrique, & toutes les douleurs qui attaquent les parties extérieures de la poitrine, rendent la maladie plus difficile que dans les extrémités, sans cependant qu’elle soit absolument dangereuse. Mais si la matiere vient une fois à se porter à l’intérieur, le danger augmente considérablement.

Il y a une très-grande sympathie entre la poitrine, les voies urinaires, & les extrémités inférieures ; c’est pourquoi la matiere morbifique de cette partie doit y être attirée. Les battemens de la poitrine prognostiquent quelquefois l’hæmophtysie : mais la palpitation se trouve souvent jointe aux maladies convulsives & à celles du cœur. L’inflammation & l’érésipelle extérieures suivent la cure générale. La sueur qui dans les maladies phtysiques, empyématiques, & certaines autres aiguës, ne paroît que sur la poitrine, annonce du danger.

Les maladies aiguës de l’intérieur de la poitrine présentent contre l’ordinaire un pouls foible & mou : les chroniques plus que toutes les autres, rendent l’urine épaisse & trouble. (D. J.)