Le Koran (Traduction de Kazimirski)/45

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Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 408-410).

CHAPITRE XLV.

L’AGENOUILLÉE[1].


Donné à la Mecque. — 36 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Ha. Min. La révélation du Livre vient du Dieu puissant et sage.
  2. Il y a dans les cieux et sur la terre des signes pour les croyants.
  3. Dans votre création, dans toutes les bêtes répandues sur la terre, il y a des signes pour les gens qui croient fermement.
  4. Dans la succession de la nuit et du jour, dans les bienfaits que Dieu envoie du ciel, et par lesquels il vivifie la terre naguère morte ; dans la direction qu’il imprime aux vents, il y a des signes pour les hommes qui ont de l’intelligence.
  5. Ce sont des enseignements de Dieu[2], nous te les récitons en toute vérité : à quoi donc croiront les infidèles, s’ils rejettent Dieu et ses signes ?
  6. Malheur à tout menteur criminel,
  7. Qui entend la lecture des enseignements de Dieu, et persévère néanmoins dans l’orgueil, comme s’il ne les entendait pas ! Annonce donc à celui-là un châtiment cruel.
  8. Et s’il apprend quelques-uns de ces enseignements (versets du Koran ), il les tourne en dérision. Ces hommes-là auront le supplice ignominieux pour partage.
  9. Derrière eux est la géhenne ; les biens qu’ils ont ramassés ne leur serviront de rien, pas plus que ceux qu’ils ont pris pour patrons à côté de Dieu. Un grand supplice les attend.
  10. Telle est la direction de Dieu. Le châtiment douloureux des tourments est préparé pour ceux qui ne croient pas aux signes de Dieu.
  11. C’est Dieu qui vous a soumis la mer, afin que les vaisseaux la parcourent par ses ordres, que vous obteniez des dons de là générosité de Dieu, et que vous lui soyez reconnaissants.
  12. Il vous a soumis tout ce qui est dans les cieux et sur la terre ; tout vient de lui. Il y a dans ceci des signes pour les hommes qui réfléchissent.
  13. Dis aux croyants qu’ils pardonnent à ceux qui n’espèrent point dans les jours de Dieu institués pour récompenser les hommes selon leurs œuvres[3].
  14. Car quiconque fait le bien, le fait pour soi-même ; quiconque fait le mal, le fait contre soi-même (à son détriment). Vous retournerez tous à Dieu.
  15. Nous avons donné aux enfants d’Israël le Livre (le Pentateuque), la sagesse et les prophètes ; nous leur accordâmes pour nourriture d’excellentes choses, et nous les élevâmes au-dessus de tous les peuples.
  16. Nous leur avons fait voir des preuves évidentes de nos ordres, et ils ne commencèrent à se diviser entre eux que depuis qu’ils furent mis en possession de la science, et ce, par méchanceté les uns envers les autres. Au jour de la résurrection, ton Seigneur décidera entre eux sur les points de leurs disputes.
  17. Depuis, nous t’avons établi porteur d’une loi divine. Suis-la, et ne suis point les désirs de ceux qui ne savent rien[4].
  18. Car ils ne sauraient te servir en rien contre Dieu. Les méchants sont amis les uns des autres ; mais Dieu est ami de ceux qui le craignent.
  19. Ce Koran est comme la lumière pour les hommes ; il est la direction et une preuve de la miséricorde de Dieu pour ceux qui croient fermement.
  20. Ceux qui font le mal pensent-ils que nous les traiterons à l’égal de ceux qui croient, qui pratiquent le bien, en sorte que la vie et la mort des uns et des autres soient les mêmes ? Qu’ils jugent mal !
  21. Dieu a créé les cieux et la terre en toute vérité ; IL récompensera tout homme selon ses œuvres, et personne ne sera lésé.
  22. Qu’en penses-tu ? Celui qui a fait son dieu de ses passions ; celui que Dieu fait errer sciemment, sur l’ouïe et le cœur duquel il a appose le sceau, dont il a couvert la vue avec un bandeau, qui pourrait diriger un tel homme, après que Dieu l’a égaré ? N’y réfléchirez-vous pas ?
  23. Ils disent : Il n’y a point d’autre vie que la vie actuelle. Nous mourons et nous vivons, le temps seul nous anéantit. Ils n’en savent rien, ils ne forment que des suppositions.
  24. Lorsqu’on leur récite nos miracles évidents (nos versets clairs ), que disent-ils ? Ils disent : Faites donc revenir à la vie nos pères, si vous dites la vérité.
  25. Dis-leur : Dieu vous fera revivre, et puis il vous fera mourir ; ensuite il vous rassemblera au jour de la résurrection. Il n’y a point de doute là-dessus ; mais la plupart des hommes ne le savent pas.
  26. A Dieu appartiennent les cieux et la ferre ; au jour où l’heure viendra, les hommes qui nient la vérité seront perdus.
  27. Tu verras tous les peuples à genoux. Chaque peuple sera appelé devant son livre[5]. Ce jour-là vous serez récompensés selon vos œuvres.
  28. C’est notre livre à nous ; il parlera sur vous en toute vérité, car nous couchons par écrit tout ce que vous faites.
  29. Dieu comprendra dans sa miséricorde ceux qui ont cru et pratiqué le bien. C’est un honneur évident.
  30. Pour les incrédules, on leur dira : Ne vous a-t-on pas fait le récit de nos miracles ? Mais vous vous êtes enflés d’orgueil, et vous étiez un peuple criminel.
  31. Quand on vous disait : Les promesses de Dieu sont la vérité même ; et l’arrivée de l’heure ne souffre pas de doute, vous disiez : Nous ne savons pas ce que c’est que l’heure ; nous n’en avons qu’une opinion vague, et nous n’en avons aucune certitude.
  32. Alors leurs mauvaises actions se présenteront à leurs yeux,
  1. On lit dans le verset 27 de ce chapitre ces mots : Tu verras toute nation agenouillée (tu verras tous les peuples à genoux). Le chapitre en a reçu son titre.
  2. Le mot aïè, pluriel aïat, comme nous l’avons déjà fait observer, veut dire en arabe miracle, signe et verset du Koran ; c’est pourquoi il peut se joindre avec les verbes lire, réciter. Dans ce dernier cas, nous traduisons aïat par enseignement.
  3. Par les jours de Dieu, on entend les jours de victoires et de succès promis aux croyants sur leurs ennemis. Ce passage est en contradiction avec l’esprit de tant d’autres passages où l’on recommande de poursuivre les infidèles à outrance.
  4. De ceux qui ne savent rien, c’est-à-dire des Arabes qui n’ont par devers eux aucun livre divin, qui n’ont pas reçu de révélation.
  5. Devant le livre où sont inscrites les œuvres de chacun.