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Le Koran (Traduction de Kazimirski)/66

La bibliothèque libre.
Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 466-468).

CHAPITRE LXVI.

LA DÉFENSE.


Donné à Médine. — 12 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. O prophète ! pourquoi défends-tu ce que Dieu à permis[1] ? Tu recherches la satisfaction de tes femmes. Le Seigneur est indulgent et miséricordieux.
  2. Dieu vous a permis de délier vos serments, il est votre patron. Il est le Savant, le Sage.
  3. Un jour le prophète communique certain secret à une de ses femmes, celle-ci en instruisit une autre[2] ; Dieu le fit savoir au prophète[3], qui, à son tour, fit connaître une partie de cette révélation et se tut sur l’autre ; et, quand le prophète le fit connaître à cette femme, elle lui demanda : Qui donc t’a instruit de tout cela ? — C’est le Savant, l’instruit, répondit le prophète.
  4. Si vous revenez à Dieu (si vous vous repentez), car vos cœurs (à vous, Hafsa et Aïcha), ont gauchi, Dieu nous pardonnera ; mais, si vous vous joignez toutes deux contre le prophète, sachez que Dieu est son patron, que Gabriel, que tout homme juste parmi les croyants et les anges, lui prêteront assistance.
  5. S’il vous répudie, Dieu peut lui donner des épouses meilleures que vous ; des femmes musulmanes et croyantes[4], pieuses, aimant à se repentir, soumises, observant le jeûne, tant femmes mariées précédemment à d’autres que vierges ;
  6. O vous qui croyez ! sauvez vos familles et vous-mêmes du feu, dont l’aliment sera les hommes et les pierres. Au-dessus planeront des anges durs et terribles qui ne sont point rebelles aux ordres de Dieu, qui exécutent ce qu’il leur ordonne.
  7. O infidèles ! n’ayez point aujourd’hui recours à de vaines excuses. Vous serez récompensés selon vos œuvres.
  8. O croyants ! repentez-vous d’un repentir sincère ; peut-être Dieu effacera-t-il vos péchés et vous introduira-t-il dans les jardins arrosés de cours d’eau, au jour où il ne couvrira pas de honte le prophète et ceux qui l’ont suivi. Leur lumière courra devant eux et à leur droite[5]. Ils diront : Seigneur, rends parfaite cette lumière, et pardonne-nous nos péchés, car tu es tout-puissant.
  9. O prophète ! fais la guerre aux infidèles et aux hypocrites, sois sévère à leur égard. La géhenne sera leur demeure. Quel détestable séjour !
  10. Dieu propose pour exemple aux infidèles la femme de Noé et celle de Loth ; elles étaient sous l’empire de deux hommes justes d’entre nos serviteurs ; toutes deux ont été perfides envers leurs maris, mais cela ne leur servit de rien contre Dieu. On leur a dit : Entrez au feu avec ceux qui y entrent.
  11. Quant aux croyants, Dieu leur propose pour modèle la femme de Pharaon[6]. Seigneur ! s’écriait-elle, construis-moi une maison chez toi, dans le paradis, et délivre-moi de Pharaon et de ses œuvres ; délivre-moi des méchants.
  12. Et Marie, fille d’Imran qui conserva sa virginité[7], nous lui inspirâmes une partie de notre esprit. Elle crut aux paroles du Seigneur, à ses livres ; et elle était du nombre des personnes pieuses.

  1. Voici à quelle occasion fut révélé le verset 4 de ce chapitre. Mahomet, comme on sait, avait plusieurs femmes à la fois, et passait alternativement la nuit chez une d’elles. Il arriva qu’une nuit réservée à Hafsa, il avait couché avec Marie la Copte, qui lui avait été envoyée par Mokawkas, gouverneur de l’Égypte. Cette conduite offensa vivement Hafsa, qui lui en fit des reproches tellement durs, que le prophète, pour la calmer, lui jura de rompre tout à fait avec Marie. La révélation contenue dans ce verset a pour but de dégager Mahomet de son serment qu’il avait fait à la légère, surtout lorsque par des révélations précédentes Dieu avait accordé aux maris une grande latitude dans leurs rapports avec leurs femmes.
  2. Hafsa a dû raconter l’aventure à Aïcha, autre femme de Mahomet, avec laquelle elle était très-liée.
  3. Mahomet reproche à Hafsa de n’avoir pas gardé le silence sur ce qui s’était passé, et de l’avoir raconté à Aïcha ; et lorsque Hafsa, étonnée de se voir trahie à son tour, demanda au prophète qui avait pu l’instruire de son indiscrétion, Mahomet lui répondit que c’était Dieu lui-même. En réalité, il l’avait deviné par la conduite d’Aïcha à son égard.
  4. En arabe, mouslimat, mouminât ; voyez, sur la nuance entre ces deux mots, chap. II, p. 17, note 4.
  5. Voy. chap. XXIV, v. 35, et LVII, v. 7, 7, 12, 18.
  6. Le nom de la femme de Pharaon, dont il s’agit ici, est, selon les mahométans, Asia. Mahomet avait coutume de dire qu’il n’y avait que quatre femmes parfaites : Asia, femme de Pharaon ; Marie, mère de Jésus ; Khadidja, première femme de Mahomet, et Fatima, sa fille, mariée à Ali.
  7. Mot à mot : et Maria filia Imrani quæ rimam suam tuita est, in quam (rimam) inflavimus spiritus nostri partam.
    traduction (du latin) :
    et Marie fille d’Imran dont la fente est préservée, (fente) dans laquelle nous avons insufflé notre esprit et qui a enfanté.