Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ1. - Appendice C.

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Appendice C. — Les Génies du mois


Le mois. — Le mois dure trente jours ; l’année, qui est solaire et composée de trois cent soixante-cinq jours, contient douze mois faisant 360 jours (30 × 12 360), plus cinq jours complémentaires. L’année 1[1] commençait à l’équinoxe du printemps, soit le 21 mars. Les douze mois sont consacrés chacun à une divinité spéciale dont ils portent le nom :


1. Farvardin, commençant le 21 mars en zend le mois des Fravashis
2. Ardibahisht, 20 avril, Asha Vahishta
3. Khordâd, 20 mai Haurvatât
4. Tir, 19 juin Tishtrya
5. Murdâd, 19 juillet Ameretât
6. Shahrévar, 18 août Khshathra Vairya
7. Mihr, 17 septembre Mithra
8. Âbân, 17 octobre Apô
9. Âdar, 16 novembre Âtar
10. Dai, 16 décembre Dathush
11. Bahman, 15 janvier Vohu Manô
12. Asfandârmad, 14 février Spenta Ârmaiti

Les 30 jours de chaque mois sont consacrés à une divinité spéciale : le 1er, le 8e, le 15e et le 23e sont consacrés à la même divinité, qui est la divinité suprême, appelée de son nom d’Auhrmazd pour le ler jour, de son épithète de Dai 2[2] « créateur » dans les trois autres. Cette quadruple invocation coupe le mois en 4 semaines, les deux premières de 7 jours, les deux suivantes de 8 :


  1. Auhrmazd, en zend Ahura Mazda
  2. Bahman, Vohu Manô
  3. Ardibahisht, Asha Vahista
  4. Shahrévar, Khshathra Vairya
  5. Asfandârmad, Spenta Ârmaîti
  6. Khordâd, Haurvatât
  7. Murdâd, Ameretât
       
  8. Dai pa Âdar,    
  9. Âdar, Âtar
  10. Âbân, Âpô
  11. Khôr, Hvare khshaêtem
  12. Mâh, Mâonha
  13. Tîr, Tishtrya
  14. Gôsh, Géush
         
  15. Dai pa Mihr,    
  16. Mihr, Mithra
  17. Srôsh, Sraosha
  18. Rashn, Rashnu
  19. Farvardin, Fravashis
  20. Bahrâm, Verethraghna
  21. Râm, Râma
  22. Bâd ; Vâta
         
  23. Dai pa Din,    
  24. Din, Daêna
  25. Ard, Ashi (Vanubi)
  26. Ashtâd, Arshtât
  27. Âsmân, Asman
  28. Zamyâd, Zem
  29. Mârasfand, Mâthra Spenta
  30. Aniran, Anaghra

Les 5 jours épagomènes ou complémentaires qui terminent l’année solaire (16 mars-20 mars) sont consacrés aux cinq Gâhs ou Gâthas, c’est-à-dire aux cinq séries d’hymnes révélées à Zoroastre et qui sont adorées comme divines. On les appelle pour cette raison les Gâhs ou Andargâhs ils portent chacun le nom de l’une de ces Gâthas :


  Akunvat gâh Ahunavaiti Gâtha
  Ushtvat gâh Ushtvaiti
  Spantômat gâh Speñta Maînyu
  Vohushatr gâh Vohu Khshathra
  Vahishtôisht gâh Vahishtôishti 3[3]

Dans toute cérémonie religieuse l’invocation du jour 4[4] et du mois 5[5] est un élément indispensable : c’est une façon de dater la cérémonie. L’ensemble des invocations aux trente jours forme le Sirôza (voir au vol. II).

Outre la division en jours, le mois connaît une division en trois sections, déterminées par trois moments : Añtare-mânha, Perenὸ-mâoṅha et Vîshaptatha « la nouvelle Lune, la pleine Lune et la Lune décroissante » : ces trois moments sont célébrés par la récitation du Yasht de la Lune (voir page 12, note 34).


    le groupe de signes qui représente d’ordinaire Dîn, le génie de la religion : mais étant donnée la complexité du premier signe, on peut lire aussi bien Dadû, et la forme khvârizmienne rend cette lecture aussi vraisemblable que possible. — Dai pa Adar, pa Mihr, etc., signifie « Ormazd sur Âdar, sur Mihr ».

  1. 1. L’année théorique : en fait, le quart de jour perdu chaque année faisait retarder le commencement de l’année d’un jour tous les quatre ans : au lieu de rétablir l’équilibre au moyen d’une année bissextile, on attendait que l’année fût en retard d’un mois, et on intercalait un mois tous les 120 ans. L’almanach cappadocien donne une forme encore plus fidèle : τεθευσία. Après la chute de l’empire sassanide, on négligea l’intercalation, et les erreurs qui en ont suivi ainsi que les mesures imparfaites prises pour les corriger ont porté un trouble profond dans le calendrier religieux. Nous laissons de côté les débats chronologiques des sectes modernes et nous nous reportons à l’époque normale où il y avait accord entre la théorie et la pratique.
  2. 2. Comme il y a un persan dai, signifiant hier, on serait tenté de faire de Dai pa Âdar « la veille d’Âdar » : mais outre que le persan ne connaît pas cet emploi, la forme zende de dai nous est conservée dans le nom du dixième mois : c’est Dathush, « le créateur », la première épithète d’Ahura (Yasna I, 1) : Dai vient de Dathush comme mai de madhu. Le calendrier du Khvârizm (Khîvâ) conservait la forme très archaïque Dadhû {{persan}}[en écriture {{arabe}} ?] (Albîrûnî, Chronology, p. 58) : si la forme donnée pour le calendrier sogdien, Dast, ibid., p. 56, est correcte, elle est encore plus proche de la forme zende dont elle ne diffère que par l’interversion des consonnes. Le pehlvi rend Dai par
  3. 3. Albirûni, p. 53 ; Grand Bundahish, p. 23.
  4. 4. Voir un exemple Yasna, I, 11, 36.
  5. 5. Voir Yasna, I, 11, 37.