Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ27.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 197-202).





HÂ 27




Ce Hâ est consacré à la formation du Parâhôm : le Hôm et l’Urvarâm sont pilés (§§ 1-5), mêlés d’eau zôhr (§ 5), pressés et filtrés : le liquide qui coule est le Parâhôm.

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Le Zôt retire le pilon de la cuve 1[1] et dit avec le Râspî :


1. Ceci est pour prendre, comme le plus grand de tous, pour Seigneur et pour Maître 2[2], Ahura Mazda.


En disant « pour seigneur » (ahùmca), le Zôt touche la table avec la tête du pilon ; en disant « et pour maître » (ratùmca), il la touche avec le bout du pilon.

Il frappe le pilon contre le hâvan, du côté du Levant, et ils disent ; }}


pour frapper (snathâi) le damné Angra Mainyu ;


il frappe le pilon contre le hàvan, du côté du Midi, et ils disent :


pour frapper Aêshma 3[3], à l’arme meurtrière ; il frappe le pilon contre le hàvan, du côté du Couchant, et ils disent  :

pour frapper les démons du Mâzana^ ;

il frappe le pilon contre le hàvan, du côté du Nord, et ils disent  :

pour frapper tous les démons et les damnés de Yareiia'^.

Tous deux en hâj  :

[Brisé soit Ganâ Mainyô ! Malédiction mille fois sur Ahriman® !]

2 (3). Pour l’agrandissement (fradathâi) d’Aliura Mazda, brillant et glorieux  ;

pour l’agrandissement des Ameslia-Spentas ;

pour l’agrandissement de Tishlrya, étoile brillante et glorieuse ;

pour l’agrandissement du Juste ;

pour l’agrandissement de toutes les créatures saintes (dàmanâm ashaonâm) de l’Esprit du Bien.

« A chaque fVadatliàî lever le pilon de quatre doigts, de telle sorte qu’au cinquième fradathài le Zôt ait la main à la hauteur de l’oreille ; aux mots dàiuanàm ashaonâm, mettre le pilon à l’entrée du hàvan®. »

3. Yathâahû vairyô.Le désir du Seigneur est la règle du bien.

Les biens de Vohu Manô aux œuvres faites en ce monde pour Mazda !

11 fait régner Ahura, celui qui secourt le pauvre [4 fois).

« Au premier Yalhà ahù vairyù, tourner le pilon dans la bouche du hàvan', dans le sens du mouvement du soleil*  : frapper un coup® au mot shyaothenanàm, un coup au mot aiihéush, un coup au mot Mazdài*®.

4. Voir Yt. V, 22, texte et note.

5. Shlkasta Ganâ-Mninyô har Akérman lennut sad-kazàr-hàr.

G. Indication mal placée dans le ms. PU qui la reporte à la lin du chapitre  : pun kuld fradatliài apar hàvan 4 anfiùshl harâ afràzishn îlîtn aîgh pini panj fradathài gôs/i hâldi xjadà apar ijakhsanûnêl  ; pan dàinanàin nsUnonùm aparhdvan ol hahd î hàvan anakhlîinishn.

7. C’est-à-dire lui faire faire le tour du hàvan, sur le bord intérieur. — Voir le texte du A'allià aliii vairyù, page 161 .

8. PL‘  : aparhàvan pun yaiàhûvalryôk farlîun apar liàvau pun bahà î hàvan cigûn khorshél gardêt harà garlhiiahn (supprimer une fois le mot apar hàvan).

9. Pour broyer le Hôm et VUrvaràni.

10. Pun yalàhûvairyûk farlîun pun shyaothcnanàin évàk /n/r, pun anhéush Hak hdr^ pun Maz«lài êvak-hàr kôftan . « Au second Yatlià aliù vairyù, frapper deux coups à chacun des mois cités.

« Au troisième, frapper trois cou[)s" ; au mot khsliallircuicà, lever le pilon à la hauteur de l’oreille.

« .Au quatrième Yatlià aliù vairyù, broyer le Hnm et V (frvnymn^^- d’une façon continue. »

4 Mazda at moi. « 0 Ma/da, dis-moi les paroles et les œuvres excellentes afin que par la Bonne Pensée et la Sainteté [du Fidèle] qui vous paie sa dette de louange, vous puissiez, ô Ahura, en votre puissance, faire paraître à votre gré le monde de la résurrection » ( / fois).

I.e Zôt broie le Hôm et Vürvarnm et sonne '®.

•a. Â Airyémâishyô'A « Qu’Airyaman qui comble les vœux vienne ici pour la joie des hommes et des femmes de Zaralhushtra ! Pour la joie de Yoliu Manô ! Avec la récompense désirée que la Religion mérite  !

11. Pun datigar ijalâhûvah'ijôk ham Uùnpiin dand vnjak kulà éoak dô hàr.

Pan salîgar yatâ/nivan’ijâk hnm pun dand vdjilid kulà evak 3 bdv.

Suit une indication moins claire  : Uûn man farlîun gahvùnél 3 bdr, pun daligar 6 bdr, pun salîgar 0 bdr kôflak yahvùnrt, ce qui semble signifier  : « s’il a frappé trois fois au premier, il frappe six fois au second, neuf fois au troisième », ou mieux, en lisant U au lieu de Uûn (il n’y a qu’un trait à laisser tomber) : « il y en a qui frappent trois fois au premier, six au second, trois au troisième ».

12. Pun klisliallirciiicà salîgar apar hdvan gôshbdldl bard afrdzishn.

Pun yaldhûmîrgôk clbdrûm Hôm û Urvarâm hamdî kôpishn.

Dans la liturgie hindoue « aux trois premiers Abunvars, le Zôt broie le Hôm ; au quatrième il sonne du hdvan ». « Il sonne du hdvan » signifie qu’au lieu de frapper le fond du bâvan, il frappe les côtés, ce qui produit un long son métallique. (De là vient que les traductions indigènes rendent parfois liàvana par « sonnette ».)

13. Strophe finale de la Gàtba Abunavaiti (AA XXXIV, 15).

14. « Les paroles et les actes conformes à l’idéal des Gàthas [gdsdnîk) ». Cette citation est comme une introduction et une invitation à la récitation de la Gàtba Abunavaiti qu’elle termine et qu’elle résume.

15. Le Mazda at mùî est déjà cité dans le A’endidad comme un des Cathrusliàmrùta (X, 12).

16. Hôm U Urvarâm kôftan hdvan shikàflan. L’opération est répétée quatre fois comme la strophe. D’après la liturgie hindoue, le Zôt broie le Hôm aux trois premières fois et sonne à la quatrième. — D'après le iJddisldn (XLVHl, 31), cette sonnerie qui accompagne le pressurage de Haoma et la récitation des paroles sacrées annonce symboliquement l’arrivée sur la terre des trois prophètes de l’avenir (Osbétar, Oshétarmâh, Sôshyans).

17. Y’asna LIV ; prière très efficace, qui termine les Gàthas, dont elle représente ici la récitation complète. — Voir l'Introduction au A'asna LIV. Je demande pour la sainlelé la faveur convoitée qu’Ahura Mazda accorde grandement. ( / /ois)'’^.

Le, Zôt broie le Hôm et l’IIrvarâiii et sonne du liàvan

Ashem vohû. La sainteté est le bien suprême et c’est aussi le bonheur. Bonheur à celui qui est saint de la sainteté suprême (S fois).

« A chaque Aslicm vohù, le Zùl verse un peu de zâhr^'‘ dans le hdvan au mot voliù*'. Puis il fait tourner trois fois le pilon dans le hdvan dans le sens du soleil, en récitant » ”  :

b. Voici les llaomas filtrés ô Mazda, Khshathra, Asha, ô Maîtres ! Que le bon Sraosha, qui suit le grand directeur de l’Asha-^, vienne ici avec toi  !

7. Nous enseignons la docile observance-® de l’AhunaVairya pieusement

18. Cité déjà comme un des CîtthnisliAinn'ila dans le Vd. 12.

19. Même texte que note 10 ; même liturgie hindoue.

20. zôhr, zaollir.i, la libation consacrée.

"21. As/ipni ]'ulrîih 3 gu flan. Pan. halâ êvahê zôhr andahc pan Voliù dar hdvan hunijshn. — L’opération, trois fois répétée, symbolise, d’après le Dddistdn, .XLVlll, 32, les trois actes du drame atmospbéi ique  : l'action de Tisbtrya, saisissant les eaux pour faire les nuées ; la formation de la pluie ; les effets bienfaisants qu’elle produit.

22. aparhüvan cigîm khorshêl gardé ! dar hdvan 3 bdr garlinishn.

23. C’est-à-dire « devenus Parûhôm ». — pairisli-harcshyaùlè  : dans le passage correspondant du Vispéred XII (XIV), 1, Iiaomanàm harcsliyaiiianàiu est traduit « le Hôm Paràbôm ». On pourrait traduire aussi, si liaresb est une forme de futur, « les Haomas prêts à être filtrés »  ; harcz, proprement « verser », d’où « filtrer » (cf. Iiaoiiuj-aiîliai-czàiia « filtre de llaoma »)  : c’est le filtrage qui transforme le Hôm en Paràliôm  : il a lion à la strophe suivante.

24. yô aslialiê iiiâzàraya lia<‘altc est pris de Yasna XLHI, 12, où il est traduit  : Srush ahll VishUïsp manash zak î mas rat Ivald daslôbarih î Zartûsht « le pieux Srôsli, c’est-à-dire Gushtàsp, qui va avec le grand chef spirituel, c’est-à-dire avec la direction de Zoroastre ». Sraosha personnifie donc ici le fidèle qui suit docilement la direction du Ratu, du Dastùr. — Cf. le commentaire du passage original.

25. liéca idlia yô llmà (Geldner yôltlmà) astu ; la lecture yô tlmà (.P, S', K") est appuyée par le pehlvi zakic lelamâ lak  : nivakîh lelamâ min Ink.

26. liuuiaya iipaiihào cislimaidê ; upanbào est ohscur  : je le traduis d’après le pehlvi pdnakih ; mais il semble que pànakîh ne soit qu’une traduction étymologique, upanbào étant ramené à pà, ce qui ne pourrait se justifier qu’avec une lecture buiua>a-paiibùo (cf. bava-panbàisb, Y. V, 3), ou eu corrigeant eu bu-panhào. Le pas- récité ; du Hâvana pieusement mis en action-^, et des Paroles bien dites*®.

« Le Zôt prend du Hôm et de t’Urvarâm sur le bout du pilon et en verse- une goutte dans le vase à jîvâm [jiv-dân) »

Et plus docilement encore soient-ils observés de nous ! (athâ zî né humayôtara arihen).

Le Zôt tient entre le pouce et l’inde.v de la main droite 1e pilon avec la tige de Hôm et la tige d’Urvarâm et, en prononçant le mot athà, touche le Barsom ; au mot zi né le vase àjîvârn, au mot humayô la coupe à Hôm placée devant le Mâhrù, au mot tara la table ; au mot aniien, il remet dans le hâvan le pilon, le Hôm et l’Urvarâm

Yathâ ahû vairyô (-4 fois).

« Au premier /l/mnuar, au mot s'iyaothnanàm verser lezô/irdans te filtre ; au mot klishathremcâ, presser ; presser de même au second, au troisième et au quatrième Ahunvar »

8. « O très bienfaisant Ahura Mazda, et Ârmaiti ; et toi, Asha, qui fais croître le monde ; et vous, Vohu Manô et Khshathra ! Écoutez-moi, pardonnez-moi, et donnez-moi partout l’empire (âdâi kahyâcit paitî)

« Répéter cette stance trois fois ; à chaque fois, au mot paitî, presser » [le Hôm et l’Urvaràm].

sage parallèle du Vispéred traduit nivakîh « bonté, bien »  ; Frâmji traduit nîkUi des deux côtés.

27. frashulayâo  ; indique le mouvement de va-et-vient du pilon dans le mortier.

28. Les formules de l’Avesta  : voir Y. XVI, note 2.

29. Bôm U urvarâm pun apar hâvanyansagûntan, srishkê dar jiv-ddn ramîtûnishn.

30. Le ms. Pt* a seulement  : apar hâvan Ivatâ Hôm u urvarâm pun sar i Barsom anakhlûntan pun var î zôhrak dar hôi, « mettre le pilon avec le Hôm et l’Urvarâm au-dessus du Barsom  ; avec la coupe à Zôhr dans la main gauche ( ?) ».

31. Pun zagî fartûmpun shyaothnanàm zôrdar Hôm pâlak kunishn ; pun khshathremcâ barâ afshârisfm  ; pun zag î datîgar usatigar u ciliârûm ham îtûn barâ afshârishn. La kh-yâ imprimée porte  : « Pendant les Ahunvar, \q Zôt pile le Hôm et TUrvaràm, il sonne au quatrième. Après quoi il verse quelques gouttes de Hôm du hâvan dans le filtre, presse le Hôm entre les doigts et dit  ; ... »

32. Cette strophe et les trois suivantes forment la fin de Yasna XXXlll, où ces opérations sont indiquées à nouveau. Voir là le commentaire et les autres indications rituelles. 9. « Délivrez-moi, ô Ahura ! O Ârmaiti, donnez-moi la force ! O très bienfaisant Esprit, Mazda, puissé-je vertueusement saisir par Asha la force triomphante et par Yohu Manô la Maîtrise !

10. « Donnez-moi que je puisse, par la force qui est vôtre, faire à plaisir la joie [des hommes] ; par les dons de Khshathra, ô Ahura, et par la dévotion de Vohu Manô ; et toi, ô Spenta-Armaiti, forme nos caractères par Asha  !

11. « Et Zarathushtra, lui, fait don de son âme. II donne à Mazda la conduite de sa pensée dans le bien  ; à Asha, celle de ses actions, et à Khshathra et Sraosha celle de sa parole. »

Ashem vohù [3 fois).

En récitant ces trois Ashem vohû, le Zôt lève la coupe à zô/ir au-dessus du filtre placé sur le hâvan, y verse trois gouttes et dit  :

Fravarânê. Je me déclare adorateur de Mazda, disciple de Zarathushtra, ennemi des Daêvas, sectateur de la loi d’Ahura ;

offrant sacrifice, prière, réjouissance et glorification à Hâvani, saint, maître de sainteté  ;

offrant sacrifice, prière, réjouissance et glorification à Sâvahhi et Vîsya, saints, maîtres de sainteté  ;

offrant sacrifice, prière, réjouissance et glorification aux Génies des veilles, des jours, des mois, des fêtes de saison et des années.

Le Zôt remet la coupe à Zôhr au pied du Mâhrû et pose le filtre par-dessus.

33. 3 gùftan pun A'u/âpaiti bara afskdrishn.

33. Dans le rituel irani « le Zôt tient la coupe à Zôhr au-dessus du Barsom datûsh (voir pages 139-140), puis la dépose sur la pierre urvîs »  : \tashtak rnanash zôhrak andar pun rôishâ î Barsôm datûsh yakhsanûnishn, pun urvis barâ anakhtûnishn).




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  1. 1. Pour broyer le Hôm : v. §§-5. — Pt4 : apar hâvan harà afrâzishn « lever le pilon » (uparem havanem ; Y. X, note 5).
  2. 2. Voir plus haut, page 162. — il prend Ahura pour ahu et ratu en lui offrant le sacrifice de Haoma. Dans la symbolique qui suit, le pilon est l’arme qui écrase les démons : cf. Vd. XIX, 9, 30.
  3. 3. Voir plus haut, page 100, note 22.