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Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ30.

La bibliothèque libre.
Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 217-222).

HÂ 30. — GÂTHA AHUNAVAITI 3


Exposition du principe du dualisme : on trouvera une exposition parallèle au Hâ XLV.


1-2. Proclamez les lois d’Ahura à qui le désire, et que les hommes écoutent et comprennent ; car du choix qu’ils feront entre les deux religions dépend leur sort dans l’autre monde.

3-6. Il est deux Esprits, contraires de pensée, de parole et d’action ; l’un a choisi le Bien, l’autre le Mal ; l’un apporte la vie, l’autre la mort, et ainsi ont-ils fait depuis le premier homme jusqu’à la fin du monde. Ceux qui veulent satisfaire Ahura suivent l’Esprit du Bien ; les démons et ceux qu’ils trompent ont suivi l’Esprit du Mal.

7-8. Que viennent au secours du fidèle Khshathra, Vohu Manô et Asha ! Le Pouvoir et le Paradis à ceux qui livreront la Druj aux mains d’Asha !

9-10. Quant à nous, notre choix est pour Ahura : nous sommes de ceux qui travaillent à l’avènement du monde futur par le triomphe d’Ahura ; nous voulons briser la Druj et mériter sur terre bon renom pour entrer au Paradis.

11. Ahura a donné sa loi pour le bonheur des hommes et pour leur épargner la souffrance : car longue torture attend le méchant et longue félicité le juste.


Une expression du troisième vers semble avoir donné naissance à la légende des Zervanites qui fait d’Auhrmazd et d’Ahriman deux frères jumeaux conçus dans un même sein (voir note 10).

Consulter Dînkarl, IX, 7 (Sûthar), ‘2Q[Varshtmânsar), 52 (Bak).

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1 . At tâ vakhshyâ. — Ces lois de Mazda', qui les connaît les dise à qui les désire^ ; ces louanges d’Ahura, ces liturgies de Vohu Manô ^  : œuvre sainte et de bonne pensée, ceux qui dans la lumière céleste^ la verront se réjouiront.

2. Ecoutez de vos oreilles la doctrine excellente “ et examinez bien d’une intelligence claire, afin que nous choisissions chacun pour nous, homme et femme, [la loi] à préférer®. [Car] au jour de la grande affaire’, nous recevrons le prix de renseignement que nous aurons suivi *.

3. Les deux Esprits primitifs ® ont eux-mêmes proclamé leurs deux na-

1. Mazili'itlia, contracté de Mazdà-datlià (Auhrmazd-dàt P.) ; litl.  : « les dons de Mazda », c’est-à-dire la parole sainte « l’Avesta et le Zend » (P.).

2. « Le sage doit les enseigner » (P.)  ; cf. XLV, 1 ; LI, 8.

3. Les staotà en l’honneur d’Ahura et les yêsnyâ inspirées de Vohu Manô (récitées dans un esprit de piété) ; sur les Staotà yêsnyà voir à l’Introduction l’analyse du Yasna.

4. Les dieux. « Les dieux, voyant l’Esprit du sacriflce, se réjouiront » (P.). Paraphrase du Dinkart, IX, 30, 1  : « PEsprit du sacrifice de l’homme sage, instruit, et qui pense le bien, se mêle vite à la lumière du soleil et vient combler les vœux et faire la joie des Amshaspands ». — Le sens littéral est  : « [il y en a] qui [sont] pensant le bien avec sainteté ; et il y a vue dans la lumière céleste avec joie ».

5. valiishtà  : est rendu ici, non pahlûm, mais p&vvakhshtnishn « qui fait grandir» ;

cf. p. 171, note 68.

6. âvarenào vîcitlialiyà  : kâmak lanâ barâ vicînishn.

7. para mazé yâonliô  : j)un zak mas kdr, pun pasàkht pun tant pasîn </. à la grande affaire, à l’épreuve [duVar ; v. note 39], au jour de la résurrection ». La grande affaire, la plus grande des affaires (mazishtem yâonliàm), la plus grande de toutes les choses (vîspé-niazislilem) sont des expressions employées pour désigner la résurrection  : Y. XXXVI, 2, note 5 ; LVIIl, 7 ; XXXIII, 5.

8. Ou peut-être  : « que nous aurons fait suivre ». Litt. « montrant (baodhantô] à nous en retour (paili) pour cet enseignement ». — Glose  : ô zak âmûkhtishn lanâ nikizênd pdtdahishn, aîgliamân mandûm î frârûn âmûkhtan râi pâtdahishn obdûnênd '< pour cet enseignement de nous, on nous montre récompense ; c’est-à-dire qu’on nous donne récompense pour notre apprendre quelque chose de bien ». — sazdyâi, de sas(“ sanh)-di ; cf. sàsna.

9. « Auhrmazd et Zanâk Mînôî » (P.). tures  : l’un bon, l’autre mauvais, de pensée, de parole et d’action “  ; et de ces deux esprits, l’Esprit Sage a choisi le Droit  ; ainsi n’a pas fait l’Esprit d’erreur.

4. Et les deux Esprits se rencontrèrent sur le premier créé des êtres [apportant] la vie et la mort et ainsi en sera-t-il jusqu’à la fin du monde  : les méchants au Mauvais [Esprit] et l’excellente pensée à [l’Esprit] Juste

O. De ces deux Esprits, l’Esprit méchant a préféré de faire le mal  ; le bien a été préféré par l’Esprit très bienfaisant^ qui a pour vêtement la pierre

10. \à jémà livafnà asrvàtem  : zakt gûmàî ( ?) bnafshâ srîit, aighshân vinâs ukarfak bnafshâ barà gûft « ils ont fait entendre eux-mêmes leurs gûmni, c’est-à-dire qu’ils ont dit eux-mêmes le péché et la bonne œuvre ». La glose prouve que gîimâl désigne les deux lois contraires et probablement signifie « le couple des lois », jéuia étant le sanscrit yama « jumeau ». — Le groupe gûmâi réparait Y. X. 32 (baèshaza iriritbare ~ bishazishnîh gûmâi), où il est rendu par le sanscrit yukta « uni, en couple » (arogya-yukta). Comme iritb est généralement traduit par gujnikhtan, peut-être gûmâi doit-il se lire gimiz.

La doctrine zervanite, qui fut la doctrine officielle sou ; Yazdgard II (438-457), et suivant laquelle Auhrmazd et Ahriman sont nés tous deux du Temps sans bornes, Zrvan, et sont « deux jumeaux conçus dans le sein d’une même mère » (cf. ürmazd et Ahriman, p. 327), s’appuyait sans doute sur notre vers, et reconnaissait dans yéiuà les « deux esprits jumeaux » ; carie Dinkart (IX, 30, 4) polémise au sujet de ce vers contre la doctrine zervanite, qu’il attribue au démon Aresh (Y. XXXI, 5 b, note 24). « Le démon Aresh dit aux hommes  : Auhrmazd et Ahriman ont été deux frères dans un même sein [2 akhi pun êvak ashkôm)  ; de ces deux, préférez l’Amshaspand du mal [Amahlaspand zakî saritâr dôshêt) ». Le Dinkart signale ensuite le mensonge d’Aresb « sur l’origine distincte de la lumière et des ténèbres » [u jûl bûnîh î rôshan utôm).

11. « Zanâk Minôi dit  : A moi, ô Spênâk Mainôg (Spenta_ Mainyu), appartiennent les mauvaises pensées, les mauvaises paroles, les mauvaises actions, et mon vêtement est un vêtement de ténèbres, très épais, avec des coins descendants, plus obscurs plus on descend ; les mauvaises pensées, les mauvaises paroles, les mauvaises actions sont mon aliment et j’aime ceux qui y vivent  : » Dinkart, l.L, § 5. Le Dinkart met cette profession de foi dans la bouche d’Ahriman à cause des mots hvafnà asrvàtem « ils ont fait entendre eux-mêmes ». Cf. note 16.

12. atcâ hyat « et ainsi [arriva] que » — paoirim dazdè, fartûm dahishn  : « c’est-àdire que les deux Esprits vinrent sur Gayômart » (voir dans le Bundahish, 111, le aécit de la lutte qu'Ormazd et Ahriman se livrent autour de Gayômart).

13. « Auhrmazd est occupé à augmenter la vie, et Ahriman à faire périr ».

14. C’est-à-dire « avec les autres hommes après Gayômart », P. — « De la quantité de mort qu’il y avait dans Gayômart sortit la mort pour toutes les créatures jusqu’au jour de la résurrection » [Grand Bundahish, p. 100).

15. Ahriman inspirant les méchants et Auhrmazd ceux qui pensent le bien. très solide [du firmament] et par ceux qui veulent satisfaire Aliura en professant ouvertement Mazda dans leurs œuvres.

6. Les démons et ceux qu’ils trompenf'n’ont point choisi le Droit  : c’est eux que vient consulter tout ce qui a préféré les pensées de mal, et ils fondent avec fureur’®, pour le mettre à mal*®, sur le monde des mortels

7. Que vienne donc à lui Khshathra avec Vohu Manô et Asha Qu’à ton corps donne la force l’indomptable^® Ârmaiti  ! Qu’ils soient tous avec toi tels qu’ils furent avec le premier homme

8. Et le jour où sur ces pécheurs viendra la vengeance alors, ô Mazda,

16. jé khraozhdisteftjf asénô vaste  : zak sdkht sang nuhûft (cf. Yt. XIII, 3). — « Et Auhrmazcl dit  : A moi les bonnes pensées, les bonnes paroles, les bonnes actions, ô Zanàk Mainôg, et j’ai pour vêtement le ciel, qui a été créé, le premier de ce monde matériel, avec cette pierre qui est au-dessus de toutes les pierres, et incrusté de toutes pierreries [dsmân li ît vastrag man fartûm frâz brêhinit min zak î stihân stî man pun zak sang madani harvisp sang barâ yabbUnt yakoyamûnêt aîghash hamâk gohar dar pôsît yakoyamûnêt)  ; les bonnes pensées, les bonnes paroles, les bonnes actions sont mon aliment », etc.  ; cf. note Il (Dinkart, IX, 30, 7). — Ce vers est un des derniers souvenirs naturalistes du caractère primitif d’Ahura, dieu du ciel ; v. page 22.

17. « Comme Zohâk » (N.). — l‘y»î cî* îsÉ ûdcbaomà, oldshdn man shêdâân frlft yakoijamûnêt. âdebaomà semble être une formation nominale de â-delm « tromper » (voir Y. XXXI, 17, note 66), thème âdebao-man « la tromperie », pris au sens passif et collectif (« ce qui est trompé »).

18. Ou en prenant aêshma pour nom propre  : « ils fondent en compagnie d’Aêshma » (le démon de la colère).

19. bànayea, vhnd.rinU « le rendre malade » (le corrompre matériellement et moralement).

20. Nériosengh entend ceci de l’autre monde  : ils détruisent l’autre monde pour les hommes (en perdant leur âme).

21. Le juste  : old î gdsdnîk ashpun nîvakîh patash kartan madam ydmatûnand « ils viennent à l’homme qui suit la loi des Gâthas pour lui faire du bien » (P.).

22. A'^ohu Manô, la Bonne Pensée, la vertu ; Asha, la Sainteté ; Khshathra, le Pouvoir dirigé vers le bien. « Auhrmazd envoie pour sauver le monde la Royauté et la Connaissance de la Loi » [D\nkart, IX, 30, 10).

23. ànma, pun astûhih « avec non-abattement » [stûh ~ p. sulùh)  ; ànma est donc une formation négative, *a-nama, probablement « qui ne plie pas » ; et en effet, nôit tarshtô frànàmaitè « il ne plie pas de terreur » (Y. LVIl, 18), traduit « lâ pun tars frâj dndmit » est glosé « aîgh stûb lâ yahvûnît, c’est-à-dire qu’il ne devient pas abattu » ; cf. Y. XLIV, 20 d. — Cf. Y. XXXIII, 12 o.

24. Pour qu’ils lui inspirent « les mêmes désirs [de vertu] et les mêmes actions ».

25. Au jour de la résurrection. — Vers prononcé par la Terre, selon le Grand Bundahish (p. 41), au moment où Ahriman fondit sur elle. tu donneras Khshalhra avec Voliu Manù'^*^ à ceux qui, selon ton instruction, ô Ahura, livrent la Druj aux mains d’Asha

« Ici jeter du Hôm et de rUrvarùm dans le Hàvan »

9. Et nous, puissions-nous être à toi Etre de ceux qui travailleront au renouveau du monde tenant compagnie à Ahura Mazda et Asha^M Et que notre pensée soit là où demeure la Connaissance  !

10. Alors sera abattue, sera brisée l’armée de la Druj et bien vi te accourent à la belle demeure de Vobu Manô, de Mazda et d’Asha tous ceux qui ont mérité bon renom

26. Khsbathra, la domination, avec Vohu Manù, c’est-à-dire avec les biens du Paradis qu’il ouvre (Vd. XIX, 31, 102).

27. Qui écraseront les hérétiques [Drûj î a/iarmôkîh). — C’est sans doute d’après le dernier vers de cette strophe que le Clrn t Gdsân consacre le Ma à Ardibahisht.

28. Acte symbolique de cet écrasement des impies (Pt*  : Hôm u Urvarâm dar kâvan ramilûnishn).

29. toi hyama  : cf. Y. XL, 4.

30. frashem kerenàun ahùm « qui feront le Frashkart ». L’objet de la lutte soutenue par le bon principe est d’amener la Frasliô-kcreti, le renouveau du monde, l’avènement d’un monde d’où le mal et la mort seront bannis. Ceux qui y travaillent sont des Saosliyaût et sont dits frasho-caretar  ; cf. Y. XXIV, 5 et Yt. XIX, 94 sq.

31. Mazdàoscâ ahuràonliù âmùyastrà baraiià ashàcà  ; litt. « tenant compagnie, ainsi qu’Ahura Mazda et Asha » (la copule cà joue le rôle d’une préposition avec cas oblique ; le pluriel Mazdàonbô est soit un pluriel de majesté, soit un dvandva  : Mazda et les Amshaspands). — àmùyaslrà, Iiamâk anjumanikih, doit se lire âiuôistrà (lecture de L’, exigée par le rythme et l’étymologie  : môistra *uiaèt-lra de mit).

32. Litt. « qu’il soit ayant sa pensée là où demeure Cisti » (la Connaissance de la fin des choses, voir Y. 1, note 57). Cette connaissance est incarnée dans le Dastùr  : « c'est-à-dire qu’il tient sa pensée dans la règle du Seigneur » (P.). — Paraphrase du Dînkart, IX, 30, 15  : « Celui qui tient sa pensée docile à la règle du Seigneur pense toujours le bien et sa sagesse grandit ».

33. « A la résurrection » (P.).

34. Litt. « Ainsi alors a lieu le bris de l’armée ( ?) de la Drùj ». Je traduis spayatbrabyà « armée » d’après le pehlvi spâh  : l’homonymie partielle des deux mots et leur différence d’origine [spâh — spàda) rendent suspecte cette traduction, qui pourrait ne reposer que sur cette homonymie même (cf. p. 41). Le mot semble plutôt de spay « précipiter », qui se dit précisément de Pacte de précipiter dans l’enfer (Vd. III, 35, 119), et l’on serait tenté de voir dans spayatbra « le lieu où l’on précipite » et d’en faire un nom de l’enfer. A la résurrection l’enfer doit disparaître [liund. XXX, 29).

35. « Pour recevoir leur récompense » (P.).

36. Au Paradis. Le pehlvi semble prendre busbitùisb au figuré  : ceux qui habitent bien avec Vohu Manô (c’est-à-dire vivent vertueusement).

37. Ceux qui se sont fait une bonne réputation sur terre parleur vertu reçoivent au ciel la récompense spirituelle. Cf. LXII, 6, texte et note. 11. Voilà les doctrines^® et les instructions que iMaz la a données aux hommes, pour leur bonheur et pour qu’ils n’aient pas à souffrir  ; car il y aura toujours longue torture pour les méchants^®, et pour les justes il y aura succès et plus tard félicité^'.

Le Zôt et le Râspî ensemble  :

12. Dans ma prière, les mains tendues... (XXVIII, 1  ; 2 fois).

Yathà ahù vairyô [4 fois).

Asbem vobù (5 fois).

Nous sacrifions au Hâ At tâ vakhshyâ.

Yônhê hâtàm **.

38. urvàtà ; voir Y. XXXI, notel.

39. hviticà éneiti. La traduction pelilvie manque et nous sommes réduits à des combinaisons étymologiques. La glose indique pourtant qu’il s’agit de résister à l’épreuve finale du feu  ; aîgh od am pun pasâkht gazishn là galivûndt « c’est-à-dire pour que dans l’épreuve je ne sois pas mordu ». A la résurrection, les hommes passent dans un ruisseau de métal en fusion, qui ne mord que sur les méchants  : les justes ont la sensation de marcher dans un bain de lait chaud (Bund. XXX, 19). C’est une sorte de Var Nlrang (Y. XXXI, note 15) de la fin du monde ; cf. Y. XXXll, 7, note 27.

Nous rapprochons éneiti de anaiti z= a-kînili « non-vengeance » (Zend-Pahl. Glossarg)  : hviti, synonyme positif de éneiti, est peut-être *hu-itl « bonne marche » (employé au propre Yt. X, 68, ici au figuré ; l’inverse du sanscrit dnrita).

40. « Dans l’épreuve finale du feu (P.).

41. Il réussit dans l’épreuve et passe de là au bonheur éternel.

42. Ici finit le groupe des Tishrù paoirya et s’intercale, dans le Vendidad Sadé, le Vispéred XIII.