Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ36.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 262-263).




HÂ 36. — YASNA HAPTANHÂITI 2




« Les six stances du Hâ Ahyâ thwâ âthrô, dit le Cim i Gâsàn, § 17, se rapportent aux six épreuves du feu, le cathrayâim âthraiâm du Nask Hûspàram 1[1]. » Ce Hâ, en effet, est consacré à l’invocation du feu, considéré comme agent de l’ordalie et principalement dans la grande épreuve à laquelle, à l’heure de la résurrection, seront soumis les bons et les méchants (V. XXXI, n. 15).


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1. Ahyâ thwâ âthrô. — C’est ton feu tout d’abord que nous venons servir, ô Ahura Mazda ; c’est toi, [ô Feu], et ta forme céleste 2[2], ô Spénishta !

Qui maltraite le feu, tu le maltraites 3[3].

2 (4) Que l’homme vienne donc, autant qu’il peut, réjouir le feu d’Âhura Mazda’ ! lU^^jouir celui qui sait le mieux réjouir, prier celui qui sait le mieux prier, et puisse le Feu venir à son secours à l’heure de la grande épreuve ^ 1

3(7). Àtar, tu connais" Aluira .Mazda, tu connais cet Esprit. Tu es Spénishta et sous un autre de les noms, Vàzishta ’. Atar, fils d’Aliura Mazda, sous tes deux formes * nous venons te servir. 4 (10). Nous t’abordons avec la bonne Pensée, avec la bonne Sainteté, avec les œuvres et les paroles de la bonne Connaissance". 5(l2)-(i(i4i. Nous le prions, nous te réclamons la dette ’", ô Ahura Mazda.

Avec toutes les bonnes pensées, toutes les bonnes paroles, toutes les bonnes œuvres nous venons à toi : — nous proclamons ton corps le plus beau des corps, ô Mazda" : — [nous venons à toi] vers ces espaces lumineux ’-, celte hauteur des hauteurs, là où l’on dit qu’est le soleil. Yênhêhâtâm.

mallraite le feu en lui apportant du bois vert, en y laissant tomber des matières impures, en réteignant.

4. Voir l’Atash Nyàyish, JAll, 8 lin. — .vàtàjà, pun tavdn. 5. A l’épreuve flnale ; v. Y. XXXI, note 15 ; XXX, note 7 : .< L’œuvre la plus grande qui soit, l’épreuve par laquelle à la résurrection les créatures deviennent pures, se fait au moyen du feu » [D’mkart, I.X, 35, 12). 6. vôi, forme obscure traduite àM%, comme si elle venait de vid : : peut-être n’estce qu’une étymologie. On serait tenté de voir dans vôi le sanscrit vài, certes : « certes tu es d’Âhura .Mazda [le lits] ; certes tu es de cet Esprit » c’est-à-dire tu as la forme -spirituelle et céleste (" quand il siège comme feu Varahràa »). 7. Spénisht.-», le feu qui brille devant .hura ; Yàzishta, le feu de l’éclair (Y. XVII, 11, 66-67) ; Vàzislita semble ici pris pour le feu matériel par opposition au feu céleste, de sorte que la formule revient à : tu as deux formes, une forme céleste ou spirituelle, une forme terrestre ou matérielle. 8. Ou : dans les deux mondes. Glose : a’ighasli hé/ir l tninôî u gît ! azash lakhvdr ijakfisûnam « c’est-à-dire que j’éloigne de toi l’impureté spirituelle et matérielle ». 9. cisti, voir Y. I, note 57.

10. isliùidyâmahi ; algh afàin pun Ink yahvûnàt « c’est-à-dire que dette soit sur toi » : nous le mettons en dette par nos bonnes œuvres auxquelles il doit récompense ; cf. XXXIV, note 45.

11. La lumière infinie où il réside et qui est son corps : voir plus haut,, page 22.

— Cf. LVIIl, 8, fin.

12. imào raocào ; dépend de pairijasàmaidè « nous venons à toi » (^fin du § 51. Glose : » que notre âme arrive à la sphère du soleil ■ c’est-à-dire au troisième paradis.


  1. 1. Il faut sans doute, avec M. West (Pahlavi Texts, I, 360, note 3), corriger Hûspâram en Sakàtùm (voir plus haut, p. 228, n. 15). — Je doute que cathrayâim (ou cathràyàim) àthraiàm puisse signifier « a quadruple tire », surtout venant après la mention de sir épreuves. Je corrigerais volontiers en cithràyâim et traduirais « l’épreuve du feu », litt. « la manifestation par le feu » ; cf. cithrà-avanhem, épithète du feu de l’épreuve (Yasna XXXIV, 4, note 12).
    1. Paroles récitées dans la purification du feu : Vd. XI, 4.
  2. 2. thwâ thwâ mainyù Spénishtâ : le premier thwâ s’adresse au feu visible, en face duquel est placé le Zaotar ; le second au feu céleste qui brûle devant Auhrmazd, le feu Spénishta (v. page 150).
  3. 3. yé â akhtish ahmâi yém akhtôyôi dâonhê ; yém « [est celui] que », équivaut donc à téni. — akhtish, ênigih (dérivé pehlvi de aènô, dvesham) ; 90. On