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Les Martyrs/Remarques sur le livre XII

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Garnier frères (Œuvres complètes de Chateaubriand, tome 4p. 480-486).

LIVRE DOUZIÈME.

L’action recommence dans ce livre au moment ou le lecteur l’a laissée à la fin du livre de l’Enfer : l’amour dans Hiéroclès, l’ambition dans Galérius, la superstition dans Dioclétien, sont réveillés à la fois par les esprits des ténèbres ; et ces esprits conjurés, ignorent qu’il ne font qu’obéir aux décrets de l’Éternel et concourir au triomphe de la foi.


1re Remarquepage 168.

La mère de Galérius, etc.

(Voyez pour tout ceci le 1er livre du récit, ou le ive de l’ouvrage. Voyez aussi les notes de ce même livre.)


2e. — page 169.

Enivré de ses victoires sur les Parthes, etc.

(Voyez livre v et la note 25e du même livre.)


3e. — page 169.

Votre épouse séduite.

(Voyez livre v, à l’aventure des catacombes.)


4e. — page 169.

Voilà les trésors de l’Église, etc.

J’attribue à Marcellin la touchante histoire de saint Laurent. Celui-ci, sommé par le gouverneur de Rome de livrer les trésors de l’Église, rassembla tous les malheureux de cette grande ville, les aveugles, les boiteux, les mendiants : « Tous, dit Prudence, étoient connus de Laurent, et ils le connoissoient tous. » Tel fut le trésor qu’il présenta au persécuteur des fidèles. (Voyez Prud., in Coron., et Act. Mart.)


5e. — page 170.

Dans la vaste enceinte, etc.

Καλῇ ὑπὸ πλατανίστῳ ὅθεν ῥέεν ἀγλαὸν ὕδωρ·
Ἔνθ’ ἐφάνη μέγα σῆμα· δράκων ἐπὶ νῶτα δαφοινὸς,
Σμερδαλέος, τόν ῥ’ αὐτὸς Ὀλύμπιος ἧκε φόωςδε,
Βωμοῦ ὑπαΐξας πρός ῥα πλατάνιστον ὄρουσεν.

Ἔνθα δ’ ἔσαν στρουθοῖο νεοσσοί, νήπια τέκνα,
Ὄζῳ ἐπ’ ἀκροτάτῳ πετάλοις ὑποπεπτηῶτες
Ὀκτώ, ἀτὰρ μήτηρ ἐνάτη ἦν ἣ τέκε τέκνα·
Ἔνθ’ ὅ γε τοὺς ἐλεεινὰ κατήσθιε τετριγῶτας·
Μήτηρ δ’ ἀμφεποτᾶτο ὀδυρομένη φίλα τέκνα·
Τὴν δ’ ἐλελιξάμενος πτέρυγος λάβεν ἀμφιαχυῖαν.

(Iliad., ii, v. 307.)


6e. — page 170.

Les balances d’or.

(Voyez Homère et l’Écriture.)


7e. — page 170.

Il veut que les officiers, etc.

Dioclétien commença en effet la persécution par forcer les officiers de son palais, et même sa femme et sa fille, à sacrifier aux dieux de l’empire.


8e. — page 170.

Du Tmolus.

Montagne de Lydie. Elle étoit célèbre par ses vins et par la culture du safran :

.... Nonne vides croceos ut Tmolus odores, etc.
(Georg., I, 56.)


9e. — page 170.

Fils de Jupiter, etc.

Les formes de l’adulation la plus abjecte étoient en usage à cette époque : on le verra dans les notes du livre xvie. Eudore a déjà parlé, livre ive, du titre d’Éternel que prenoient les empereurs.


10e. — page 171.

Il franchit rapidement cette mer qui vit passer Alcibiade, etc.

Ce fut dans la fatale expédition de Nicias contre Syracuse.


11e. — page 171.

Les jardins d’Alcinoüs.

Dans l’île de Schérie, aujourd’hui Corfou. (Odyssée, liv. vii.)


12e. — page 171.

Les hauteurs de Buthrotum.

Aujourd’hui Butrento, en Épire, en face de Corfou.

........ Portuque subimus
Chaonio, et celsam Buthroti accedimus urbem.

(Æneid., III, v. 292.)


13e. — page 171.

Où respirent encore les feux de la fille de Lesbos.

Vivuntque commissi calores
Æoliæ fidibus puellæ.

(Horat. Od., ix, lib. iv.)


14e. — page 171.

Zacynthe couverte de forêts.

Nemorosa Zacynthos.
(Æneid., III, v. 270.)


15e. — page 171.

Céphallénie aimée des colombes.

C’est l’épithète qu’Homère donne à Thisbé (Iliad., liv. ii). Je l’ai donnée à Céphallénie parce qu’en passant près de cette île j’y ai vu voler des troupes de colombes.


16e. — page 171.

Il découvre les Strophades, demeure impure de Céléno.

..... Strophades Graio stant nomine dictæ
Insulæ Ionio in magno, quas dira Celano
Harpyiæque colunt.

(Æneid., III, v. 210.)


17e. — page 171.

Il rase le sablonneux rivage où Nestor, etc.

Οἱ δὲ Πύλον, Νηλῆος ἐϋκτίμενον πτολίεθρον,
Ἷξον, τοὶ δ' ἐπὶ θινὶ θαλάσσης ἱερὰ ῥέζον,
Ταύρους παμμέλανας, ἐνοσίχθονι κυανοχαίτῃ.

(Odyss., lib. iii, v. 4.)


18e. — page 172.

Sphactérie.

Île qui ferme le port de Pylos, et fameuse, dans la guerre du Péloponèse, par la capitulation des Spartiates, qui furent forcés de se rendre aux Athéniens. (Voyez Thucydide.)


19e. — page 172.

Mothone.

Aujourd’hui Modon. C’est à Modon que j’ai abordé pour la première fois les rivages de la Grèce.


20e. — page 173.

Les hauts sommets du Cyllène.

Voyez le livre ii et les notes. Il n’y a rien ici de nouveau, excepté l’histoire de Syrinx. Syrinx étoit la fille du Ladon ; Pan l’aima et la poursuivit au bord du fleuve. Elle échappa aux embrassements du dieu de l’Arcadie, par le secours des nymphes. Elle fut changée en roseau. Le Zéphyr, en balançant ces roseaux, en fit sortir des plaintes ; Pan, frappé de ces plaintes, arracha les roseaux, et en composa cette espèce de flûte que les anciens appeloient syrinx.


21e. — page 173.

Elle se retrace vivement la beauté, le courage, etc.

Multa viri virtus animo, multusque recursat
Gentis honos : hærent infixi pectore vultus
Verbaque.

(Æneid., IV, v. 3.)


22e. — page 175.

Les désirs, les querelles amoureuses, les entretiens secrets, etc.

Ἦ, καὶ ἀπὸ στήθεσφιν ἐλύσατο κεστὸν ἱμάντα
Ποικίλον, ἔνθα δέ οἱ θελκτήρια πάντα τέτυκτο·
Ἔνθ’ ἔνι μὲν φιλότης, ἐν δ’ ἵμερος, ἐν δ’ ὀαριστὺς,
Πάρφασις, ἥ τ’ ἔκλεψε νόον πύκα περ φρονεόντων.

(Iliad., liv. xiv, v. 214.)

Teneri sdegni, e placide e tranquille
Repulse, cari vezzi, eliete paci,
Sorrisi, parolette, e dolci stille
Di pianto, e sospir tronchi, e molli baci.

(Gerusal., canto xvi, st. 25.)


23e. — page 175.

La colère de cette déesse, etc.

Ô haine de Vénus, ô fatale colère !
(Racine, Phèdre, acte I, sc. 3.)


24e. — page 175.

À chercher le jeune homme dans la palestre.

Βασεῦμαι ποτὶ τὰν Τιμαγήτοιο παλαίστραν
Αὔριον.

(Théocr., Idylle ii, v. 8.)


25e. — page 175.

La langue embarrassée.

Je sens de veine en veine une subtile flamme
Courir par tout mon corps sitôt que je te vois ;
Et dans les doux transports où s’égare non âme,
Je ne saurois trouver de langue ni de voix.
(Boileau, Traduction de Sapho.)

Mes yeux ne voyoient plus, je ne pouvois parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
(Racine, Phèdre, acte I, sc. 3.)


26e. — page 175.

À recourir à des philtres.

Πᾷ μοι ταὶ δάφναι ; φέρε, Θέστυλι. Πᾷ δὲ τὰ φίλτρα ;
............. Αλλά, Σελάνα,
Φαῖνε κακόν· τὶν γὰρ ποταείσομαι ἄσυχα, δαῖμον,
etc.
(Théocr., Idylle ii, v. 1 et 10.)


27e. — page 175.

Qu’il s’assied sur le dos du lion, etc.

(Voyez les mythologues et sculpteurs antiques.)


28e. — page 175.

Quelle religion est la vôtre ?

Voilà ce qui explique l’espèce de contradiction que l’on remarque entre le commencement et la fin du discours de Cymodocée.


29e. — page 175.

Lorsque le Tout-Puissant, etc.

« Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terræ. »

« … Plantaverat autem Dominus Deus Paradisum voluptatis a principio, in quo posuit hominem… » (Genes., cap. ii, v. 7 et 8.)


30e. — page 175.

L’Éternel tira du côté d’Adam, etc.

« Et ædificavit Dominus Deus costam, quam tulerat de Adam, in mulierem. »

« … Hoc nunc, os ex ossibus meis, et caro de carne mea. » (Genes., cap. ii, v. 22 et 23.)


31e. — page 176.

Adam étoit formé pour la puissance, etc.

Not equal, as their sex not equal seem’d;
For contemplation he, and valour form’d;
For softness she, and sweet attractive grace.

(Milt., Parad. lost.)


32e. — page 176.

Je tâcherois de vous gagner à moi, au nom de tous les attraits, etc.

« In funiculis Adam traham eos, in vinculis charitatis. » (Osée, cap. xi, v. 4.)


33e. — page 176.

Je vous rendrois mon épouse par une alliance, etc.

« Et sponsabo te mihi in sempiternam, et sponsabo te mihi in justitia, et judicio, et in misericordia, et in miserationibus. » (Osée, cap. II, v. 19.)


34e. — page 176.

Ainsi le fils d’Abraham, etc.

« Qui introduxit eam in tabernaculum Saræ matris suæ, et accepit eam uxorem : et in tantum dilexit eam, ut dolorem qui ex morte matris ejus acciderat temperaret. » (Genes., cap. xxiv, v. 67.)


35e. — page 176.

Avant que tu n’aies achevé de m’enseigner la pudeur.

C’est ordinairement la fille vertueuse et innocente qui peut enseigner la pudeur à un jeune homme passionné : la religion chrétienne prouve ici sa puissance, puisqu’elle met le langage chaste dans la bouche d’Eudore, et l’expression hardie dans celle de Cymodocée. Cela est nouveau et extraordinaire sans doute, mais naturel, par l’effet des deux religions, et c’eût été blesser la vérité que de présenter des mœurs contraires.


36e. — page 177.

Elle promet aisément de se faire instruire dans la religion du maître de son cœur.

C’est ici la simple nature, et cela ne blesse point la religion, parce que Cymodocée n’est plus demandée comme une victime immédiate. (Voyez le livre du Ciel.)


37e. — page 177.

La tombe d’Épaminondas et la cime du bois de Pelagus.

« En sortant de Mantinée par le chemin de Pallantium, vous trouverez, à trente stades de la ville, le bois appelé Pelagus… Épaminondas fut tué dans ce lieu. Ce grand homme fut enterré sur le champ de bataille. » (Pausan., in Arcad., cap. ii.)

Ce livre offre le contraste de tout ce que la mythologie nous a laissé de plus riant et de plus passionné sur l’amour, et de tout ce que l’Écriture a dit de plus grave et de plus saint sur la tendresse conjugale. Lequel de ces deux amours l’emporte ? C’est au lecteur à prononcer.