Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.07

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Gauthier-Villars et Fils (1p. 335-382).

CHAPITRE VII.

SOLUTIONS ASYMPTOTIQUES.


104.Soient

(1)

équations différentielles simultanées. Les sont des fonctions des et de

Par rapport aux elles peuvent être développées en séries de puissances.

Par rapport à elles sont périodiques de période

Soit

une solution particulière périodique de ces équations. Les seront des fonctions de périodiques de période Posons

Il viendra
(2)

Les seront des fonctions des et de périodiques par rapport à et développées suivant les puissances des mais il n’y aura plus de termes indépendants des

Si les sont très petits et qu’on néglige leurs carrés, les équations se réduisent à

(3)

qui sont les équations aux variations des équations (1).

Elles sont linéaires et à coefficients périodiques. On connaît la forme de leur solution générale, on trouve

les sont des constantes d’intégration, les des constantes fixes qu’on appelle exposants caractéristiques, les des fonctions périodiques de

Si alors nous posons

les équations (2) deviendront

(2′)

où les sont des fonctions de et des de même forme que les

Nous pourrons d’ailleurs écrire

(2′′)

représente l’ensemble des termes de qui sont de degré par rapport aux

Quant aux équations (3), elles deviennent

(3′)

Cherchons maintenant la forme des solutions générales des équations (2) et (2').

Je dis que nous devrons trouver :

fonction développée suivant les puissances de dont les coefficients sont des fonctions périodiques de

Nous pouvons écrire alors

(4′)

représentant l’ensemble des termes de qui sont de degré par rapport aux

Nous remplacerons les par leurs valeurs dans et nous trouverons

désignant l’ensemble des termes qui sont de degré par rapport aux

Nous trouverons alors

Ces équations permettront de calculer successivement par récurrence

En effet, ne dépend que des Si nous supposons que ces quantités aient été préalablement calculées, nous pourrons écrire sous la forme suivante

les étant des entiers positifs dont la somme est et une fonction périodique.

On peut écrire encore

étant un coefficient généralement imaginaire et un entier positif ou négatif. Nous écrirons, pour abréger,

et il viendra

Or on peut satisfaire à cette équation en faisant

Il y aurait exception dans le cas où l’on aurait

auquel cas il s’introduirait dans les formules des termes en Nous réserverons ce cas, qui ne se présente pas en général.

Convergence des séries.

105.Nous devons maintenant traiter la question de la convergence de ces séries. La seule difficulté provient d’ailleurs, comme on va le voir, des diviseurs

(5)

Remplaçons les équations (2′) par les suivantes

(2′′)

Définissons On voit sans peine que est de la forme suivante

est une constante quelconque, les sont des entiers positifs dont la somme est est un entier positif ou négatif. Nous prendrons alors

Les séries ainsi obtenues seront convergentes pourvu que les séries trigonométriques qui définissent les fonctions périodiques dont dépendent les convergent absolument et uniformément ; or cela aura toujours lieu parce que ces fonctions périodiques sont analytiques. Quant à c’est une constante positive.

On peut tirer des équations (2′′) les sous la forme suivante

(4′′)

Plusieurs termes pourront d’ailleurs correspondre aux mêmes exposants et est un entier positif. Si l’on compare avec les séries tirées de (2′) qui s’écrivent

voici ce qu’on observe : 1o est réel positif et plus grand que 2o désigne le produit des diviseurs (5) dont le nombre est au plus égal à

Si donc la série (4′′) converge et si aucun des diviseurs (5) n’est plus petit que la série (4′) convergera également. Voici donc comment on peut énoncer la condition de convergence.

La série converge si l’expression

ne peut pas devenir plus petite que toute quantité donnée pour des valeurs entières et positives des et entières (positives ou négatives) de c’est-à-dire si aucun des deux polygones convexes qui enveloppe, le premier les et le second les et ne contient l’origine ; ou si toutes les quantités ont leurs parties réelles de même signe et si aucune d’elles n’a sa partie réelle nulle.

Que ferons-nous alors s’il n’en est pas ainsi ?

Supposons, par exemple, que des quantités aient leur partie réelle positive, et que aient leur partie réelle négative ou nulle. Il arrivera alors que la série (4′) restera convergente si on y annule les constantes qui correspondent à un dont la partie réelle est négative ou nulle, de sorte que ces séries ne nous donneront plus la solution générale des équations proposées, mais une solution contenant seulement constantes arbitraires. Cette solution est représentée par une série (4′) développée suivant les puissances de

comme, par hypothèse, les parties réelles de

sont positives, les exponentielles

tendent vers 0 quand tend vers Il en est donc de même des quantités ce qui veut dire que, quand tend vers la solution représentée par la série (4′) se rapproche asymptotiquement de la solution périodique considérée. Nous l’appellerons pour cette raison solution asymptotique.

Nous obtiendrons un second système de solutions asymptotiques en annulant dans la série (4′) tous les coefficients qui correspondent à des exposants dont la partie réelle soit positive ou nulle. Cette série est alors développée suivant les puissances de

les exposants ayant leur partie réelle négative. Si alors on fait tendre vers la solution correspondante se rapprochera asymptotiquement de la solution périodique considérée.

Si l’on suppose que les équations données rentrent dans les équations de la Dynamique, nous avons vu que est pair et que les sont deux à deux égaux et de signe contraire.

Alors, si d’entre eux ont leur partie réelle positive, auront leur partie réelle négative et auront leur partie réelle nulle. En prenant d’abord les qui ont leur partie réelle positive, on obtiendra une solution particulière contenant constantes arbitraires ; on en obtiendra une seconde en prenant les qui ont leur partie réelle négative.

Dans le cas où aucun des n’a sa partie réelle nulle et, en particulier, si tous les sont réels, on a d’ailleurs

106.Supposons que dans les équations (1) les dépendent d’un paramètre et que les fonctions soient développables suivant les puissances de ce paramètre.

Imaginons que, pour les exposants caractéristiques soient tous distincts de telle façon que ces exposants, étant définis par une équation [analogue à celle du no 74, mais telle que l’équation ait toutes ses racines distinctes] soient eux-mêmes développables suivant les puissances de en vertu des no 30 et 31.

Supposons enfin que l’on ait, ainsi que nous venons de le dire, annulé toutes les constantes qui correspondent à un dont la partie réelle est négative ou nulle.

Les séries (4′) qui définissent les quantités dépendent alors de Je me propose d’établir que ces séries peuvent être développées, non seulement suivant les puissances des mais encore suivant les puissances de

Considérons l’inverse de l’un des diviseurs (5)

Je dis que cette expression peut être développée suivant les puissances de

Soient les exposants caractéristiques dont la partie réelle est positive pour et pour les petites valeurs de et que nous sommes convenus de conserver. Chacun d’eux est développable suivant les puissances de Soit la valeur de pour nous pourrons prendre assez petit pour que diffère aussi peu que nous voudrons de quand Soit alors une quantité positive plus petite que la plus petite des parties réelles des quantités nous pourrons prendre assez petit pour que, quand les exposants aient leur partie réelle plus grande que

La partie réelle de sera alors plus grande que (si ), de sorte qu’on aura

(6)

Ainsi, si la fonction

reste uniforme, continue, finie et plus petite en valeur absolue que

Nous en conclurons d’après un théorème bien connu que cette fonction est développable suivant les puissances de et que les coefficients du développement sont plus petits en valeur absolue que ceux du développement de

Il est à remarquer que les nombres et sont indépendants des entiers et

Il y aurait exception dans le cas où serait nul. La partie réelle du diviseur (5) pourrait alors être plus petite que et même être négative. Elle est égale, en effet, à la partie réelle de qui est positive, moins la partie réelle de qui est également positive et qui peut être plus grande que celle de si est nul.

Supposons que la partie réelle de reste plus petite qu’un certain nombre tant que Alors, si

(7)

la partie réelle de (5) est certainement plus grande que il ne peut donc y avoir de difficulté que pour ceux des diviseurs (5), pour lesquels l’inégalité (7) n’a pas lieu.

Supposons maintenant que la partie imaginaire des quantités reste constamment plus petite en valeur absolue qu’un certain nombre positif si l’on a alors

(8)

la partie imaginaire de (5) et, par conséquent, son module seront encore plus grands que de telle sorte qu’il ne peut y avoir de difficulté que pour ceux des diviseurs (5) pour lesquels aucune des inégalités (7) et (8) n’a lieu. Mais ces diviseurs qui ne satisfont à aucune de ces inégalités sont en nombre fini.

D’après une hypothèse que nous avons faite plus haut, aucun d’eux ne s’annule pour les valeurs de que nous considérons ; nous pouvons donc prendre et assez petits pour que la valeur absolue de l’un quelconque d’entre eux reste plus grande que quand reste plus petit que

Alors l’inverse d’un diviseur (5) quelconque est développable suivant les puissances de et les coefficients du développement sont plus petits en valeur absolue que ceux de

Nous avons écrit plus haut

D’après nos hypothèses, peut être développé suivant les puissances de de telle sorte que je puis poser

Reprenons maintenant les équations (2′′), en y faisant

Les seconds membres des équations (2′′) seront alors des séries convergentes ordonnées selon les puissances de de

On en tirera les sous la forme des séries (4′′), convergentes et ordonnées suivant les puissances de

Des équations (2′), nous tirerions d’autre part les sous la forme des séries (4′) ordonnées suivant les puissances de Chacun des termes de (4′) est plus petit en valeur absolue que le terme correspondant de (4′′), et comme les séries (4′′) convergent, il en sera de même des séries (4′).

Solutions asymptotiques des équations de la Dynamique.

107.Reprenons les équations (1) du no 13

(1)

et les hypothèses faites à leur sujet dans ce numéro.

Nous avons vu dans le no 42 que ces équations admettent des solutions périodiques et nous pouvons en conclure que, pourvu que l’un des exposants caractéristiques correspondants soit réel, ces équations admettront aussi des solutions asymptotiques.

À la fin du numéro précédent, nous avons envisagé le cas où, dans les équations (1) du no 104, les seconds membres sont développables suivant les puissances de mais où les exposants caractéristiques restent distincts les uns des autres pour

Dans le cas des équations qui vont maintenant nous occuper, c’est-à-dire des équations (1) du no 13, les seconds membres sont encore développables selon les puissances de mais tous les exposants caractéristiques sont nuls pour

Il en résulte un grand nombre de différences importantes.

En premier lieu, les exposants caractéristiques ne sont pas développables suivant les puissances de mais suivant celles de (cf. no 74). De même les fonctions que j’ai appelées au début du [[Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.07#par104|no 104]] (et qui, dans le cas particulier des équations de la Dynamique qui nous occupe ici, ne sont autres que les fonctions et du no 79), sont développables, non suivant les puissances de mais suivant les puissances de

Alors, dans les équations (2′) du no 104

le second membre est développé suivant les puissances des et de (et non pas de ).

On en tirera les sous la forme des séries obtenues au no 104

et et seront développés suivant les puissances de

Un certain nombre de questions se posent alors naturellement :

1o Nous savons que et sont développables suivant les puissances de en est-il de même du quotient

2o S’il en est ainsi, il existe des séries ordonnées suivant les puissances de des de et de qui satisfont formellement aux équations proposées ; ces séries sont-elles convergentes ?

3o Si elles ne sont pas convergentes, quel parti peut-on en tirer pour le calcul des solutions asymptotiques ?

Développement de ces solutions selon les puissances de

108.Je me propose de démontrer que l’on peut développer suivant les puissances de et que, par conséquent, il existe des séries ordonnées suivant les puissances de des de et de qui satisfont formellement aux équations (1). On pourrait en douter ; en effet, est le produit d’un certain nombre de diviseurs (5) du no 104. Tous ces diviseurs sont développables suivant les puissances de mais quelques-uns d’entre eux, ceux pour lesquels est nul, s’annulent avec Il peut donc arriver que s’annule avec et contienne en facteur une certaine puissance de Si alors ne contenait pas cette même puissance en facteur, le quotient se développerait encore selon les puissances croissantes de mais le développement commencerait par des puissances négatives.

Je dis qu’il n’en est pas ainsi et que le développement de ne contient que des puissances positives de

Voyons par quel mécanisme ces puissances négatives de disparaissent. Posons

et considérons les et les comme des fonctions des variables et

Il importe, avant d’aller plus loin, de faire la remarque suivante : parmi les exposants caractéristiques deux sont nuls et les autres sont deux à deux égaux et de signe contraire. Nous ne conserverons que au plus de ces exposants, en convenant de regarder comme nuls les coefficients et les variables qui correspondent aux exposants rejetés. Nous ne conserverons que ceux de ces exposants dont la partie réelle est positive.

Cela posé, les équations (1) deviennent

(2)
(3)

Cherchons, en partant de ces équations, à développer les et les suivant les puissances croissantes de et des de telle façon que les coefficients soient des fonctions périodiques de

Nous pouvons écrire

car nous avons vu au no 74 comment on peut développer les exposants caractéristiques suivant les puissances de

Écrivons, d’autre part,

les et les étant des fonctions de et des périodiques par rapport à et développables suivant les puissances des

Si, dans les équations (2) et (3), nous substituons ces valeurs à la place de des et des les deux membres de ces équations seront développés suivant les puissances de

Égalons dans les deux membres des équations (2) les coefficients de et dans les deux membres des équations (3) les coefficients de nous obtiendrons les équations suivantes

(4)

et ne dépendent que de

Convenons, comme nous l’avons fait plus haut, de représenter par la valeur moyenne de si est une fonction périodique de

Des équations (4), nous pourrons alors déduire les suivantes

(5)

Supposons maintenant qu’un calcul préalable nous ait fait connaître

Les équations (5) vont nous permettre de calculer et et par conséquent et Les équations (4) nous permettront ensuite de déterminer

et

de sorte que ce procédé nous fournira par récurrence tous les coefficients des développements de et de

La seule difficulté est la détermination de et par les équations (5).

Les fonctions et sont développées suivant les puissances croissantes des et nous allons calculer les divers termes de ces développements en commençant par les termes du degré le moins élevé.

Pour cela nous allons reprendre les notations du no 79, c’est-à-dire que nous allons poser

(pour les valeurs nulles des ).

Si alors nous appelons et les coefficients de

dans et nous aurons pour déterminer ces coefficients les équations suivantes

(6)

Dans ces équations (6), et sont des quantités connues, parce qu’elles ne dépendent que de

ou des ternies de et dont le degré par rapport aux est plus petit que

De plus, nous avons posé, pour abréger,

Nous avons donc pour le calcul des coefficients et un système d’équations linéaires. Il ne pourrait y avoir de difficulté que si le déterminant de ces équations était nul ; or ce déterminant est égal à

Il ne pourrait s’annuler que pour

c’est-à-dire pour

On ne pourrait donc rencontrer de difficulté que dans le calcul des termes du degré 0 ou 1 par rapport aux

Mais nous n’avons pas à revenir sur le calcul de ces termes ; en effet, nous avons appris à calculer les termes indépendants des dans le no 44 et les coefficients de

dans le no 79.

Les termes indépendants des ne sont en effet autre chose que les séries (2) du no 44 et les coefficients de

ne sont autre chose que les séries et du no 79.

Il me reste à dire un mot des premières approximations.

Nous donnerons aux des valeurs constantes qui ne sont autres que celles que nous avons désignées ainsi au no 44.

Nous aurons alors les équations suivantes :

(7)

Dans qui ne dépend que des ces quantités doivent être remplacées par Dans les sont remplacés par et les par devient alors une fonction périodique de dont la période est Nous désignerons par la valeur moyenne de cette fonction périodique est alors une fonction périodique et de période par rapport aux

Les deux premières équations (7) montrent que les et les ne dépendent que des En égalant dans les deux dernières équations (7) les valeurs moyennes des deux membres, il vient

(8)

Ces équations (8) doivent servir à déterminer les et les en fonctions des Peut-on satisfaire à ces équations en substituant à la place des et des des séries développées suivant les puissances de

Pour nous en rendre compte envisageons les équations différentielles suivantes

(9)

Ces équations différentielles où les fonctions inconnues sont les et les admettront une solution périodique

étant la quantité désignée ainsi au no 44.

Les exposants caractéristiques relatifs à cette solution périodique sont précisément les quantités Parmi ces quantités nous sommes convenus de ne conserver que celles dont la partie réelle est positive. Les équations (9) admettent un système de solutions asymptotiques et il est aisé de voir que ces solutions se présentent sous la forme de séries développées suivant les puissances des Ces séries satisferont alors aux équations (8). Ces équations peuvent donc être résolues.

Les et les étant ainsi déterminés, le reste du calcul ne présente plus, comme nous l’avons vu, aucune difficulté. Il existe donc des séries ordonnées suivant les puissances de des et de et qui satisfont formellement aux équations (1).

Cela prouve que le développement de ne débute jamais par une puissance négative de L’analyse des no 110 et 111 nous en fournira une nouvelle démonstration.

Divergence des séries du no 108.

109.Malheureusement les séries ainsi obtenues ne sont pas convergentes.

Soit en effet

Si n’est pas nul, cette expression est développable suivant les puissances de mais le rayon de convergence de la série ainsi obtenue tend vers 0 quand tend vers 0.

Si donc on développe les diverses quantités suivant les puissances de on pourra toujours, parmi ces quantités, en trouver une infinité pour lesquelles le rayon de convergence du développement est aussi petit qu’on le veut.

On pourrait encore espérer, quelque invraisemblable que cela puisse paraître, qu’il n’en est pas de même pour les développements des diverses quantités mais la démonstration que j’ai donnée dans le tome XIII des Acta mathematica (p. 222) et sur laquelle je reviendrai dans la suite montre qu’il n’est pas ainsi en général ; il faut donc renoncer à ce faible espoir et conclure que les séries que nous venons de former sont divergentes.

Mais, quoiqu’elles soient divergentes, ne peut-on en tirer quelque parti ?

Considérons d’abord la série suivante qui est plus simple que celles que nous avons en vue

Cette série converge uniformément quand reste positif et que reste plus petit en valeur absolue qu’un nombre positif plus petit que 1, mais d’ailleurs quelconque. De même la série

converge uniformément.

Si maintenant l’on cherche à développer suivant les puissances de la série à laquelle on est conduit

(10)

ne converge pas. Si, dans cette série, on néglige tous les termes où l’exposant de est supérieur à on obtient une certaine fonction

Il est aisé de voir que l’expression

tend vers 0 quand tend vers 0 par valeurs positives, de sorte que la série (10) représente asymptotiquement la fonction pour les petites valeurs de de la même manière que la série de Stirling représente asymptotiquement la fonction eulérienne pour les grandes valeurs de

Je me propose d’établir, dans les numéros suivants, que les séries divergentes que nous avons appris à former dans le no 108 sont tout à fait analogues à la série (10).

Considérons en effet l’une des séries

(10′)

les raisonnements du no 105 ont montré que ces séries sont uniformément convergentes pourvu que les restent inférieurs en valeur absolue à certaines limites et que reste réel.

Si l’on développe suivant les puissances de les séries (10′) sont divergentes, ainsi que nous l’avons dit. Supposons que l’on néglige dans le développement les termes où l’exposant de est supérieur à on obtiendra une certaine fonction

qui sera développable suivant les puissances des de et qui sera un polynôme de degré en

On verra plus loin que l’expression

tend vers 0 quand tend vers 0 par valeurs positives, et cela quelque grand que soit

En effet, si l’on désigne par l’ensemble des termes du développement de où l’exposant de est au plus égal à on a

et je montrerai que la série du second membre est uniformément convergente et que tous les termes tendent vers 0 quand tend vers 0.

On peut donc dire que les séries que nous avons obtenues dans le no 108 représentent les solutions asymptotiques pour les petites valeurs de de la même manière que la série de Stirling représente les fonctions eulériennes.

Démonstration nouvelle de la proposition du no 108.

110.Pour démontrer ce fait, je vais faire subir aux équations une transformation qui me fournira en même temps une nouvelle démonstration du théorème qui a fait l’objet du no 108. Supposons 2 degrés de liberté seulement pour fixer les idées ; alors nous ne conserverons plus qu’une seule des quantités et nous pourrons écrire nos équations sous la forme suivante

en supprimant les indices de et de devenus inutiles.

Nous savons que est développable suivant les puissances impaires de et, par conséquent, suivant les puissances de inversement est développable suivant les puissances de nous pouvons remplacer par ce développement, de sorte que sera développée suivant les puissances de Pour se réduit à qui ne dépend que de et de

Soit

la solution périodique qui nous sert de point de départ. Posons, comme au no 79,

nos équations deviendront

(11)

et sont développés suivantes les puissances des des et de et les coefficients sont des fonctions périodiques de

Pour et par conséquent s’annulent ; donc est divisible par et je puis poser

représentant l’ensemble des termes du premier degré par rapport aux et aux et représentant l’ensemble des termes de degré supérieur.

De même, quand est nul, et par conséquent ne dépendent plus que des et non des

Je puis donc poser

représentant l’ensemble des termes du premier degré par rapport aux et pendant que représentent l’ensemble des termes de degré supérieur au premier. Je suppose en outre que et ne dépendent que de et de

Posons

deviendra divisible par et par de sorte que je pourrai poser

et que nos équations deviendront

(12)

Considérons les équations

(13)

Ces équations sont linéaires par rapport aux inconnues et Elles ne diffèrent pas des équations (2) du no 79, sinon parce que et y sont remplacés par et D’après ce que nous avons aux nos 69 et 74, l’équation qui définit les exposants caractéristiques admet quatre racines, l’une égale à l’autre à et les deux autres à 0.

À la première racine, c’est-à-dire à la racine correspondra une solution des équations (2) du no 79, que nous avons appris à former dans ce numéro et que nous avons écrite ainsi

Je rappelle que est nul et, par conséquent, que est divisible par

À la seconde racine correspondra de même une autre solution des équations (2) et nous l’écrirons

Enfin aux deux racines 0, correspondront (cf. no 80) deux solutions des équations (2) que nous écrirons

sont des fonctions périodiques de comme et

D’après ce que nous avons vu aux nos 79 et 80, et seront comme divisibles par

Posons alors

(13 bis)

Les fonctions ainsi définies joueront un rôle analogue à celui des fonctions du no 105. Les équations (12) deviennent alors

(14)

sont des fonctions développées suivant les puissances de et dont tous les termes sont du deuxième degré au moins par rapport aux et dont les coefficients sont des fonctions périodiques de De plus, les doivent être des fonctions périodiques de et les termes du premier degré en dans et doivent se réduire à 0, 0 et 0.

Ces équations (14) sont analogues aux équations (2′′) du no 105.

On trouve en effet

ce qui nous donne quatre équations d’où l’on peut tirer les quatre fonctions puisque les les les et les sont des fonctions connues. Je dis qu’on trouvera

les étant des fonctions périodiques de développables suivant les puissances croissantes et positives de Il suffit en effet, pour cela, que le déterminant

ne soit pas divisible par c’est-à-dire ne s’annule pas pour

Pour se réduit à la quantité que nous avons appelée au no 79 et à et ces quantités satisfont aux équations (9) et (10) de ce no 79.

Ici nous développons non suivant les puissances de mais suivant celles de de sorte que la quantité que nous avions [13]appelée dans le no 79 est égale à 1. Les équations (9) du no 79 vont donc s’écrire

et elles devront être satisfaites pour

En ce qui concerne la seconde solution, l’exposant est égal à et, par conséquent, est égal à de sorte que ces équations deviennent

ce qui permet de supposer

étant divisible par s’annule pour En même temps, pour on a

Pour s’annule et on a

on trouve

Nous pouvons conclure de là que le déterminant se réduit pour à

On trouve d’ailleurs

Le déterminant des qui n’est autre chose que le hessien de ne s’annule pas en général, de sorte que ne peut s’annuler que si l’on a

mais, si l’on observe que

on en déduirait

ce qui ne peut avoir lieu.

Le déterminant n’est donc pas nul. On peut encore l’établir de la manière suivante. Considérons les équations suivantes

Ce sont des équations linéaires à coefficients constants. Elles admettent quatre solutions linéairement indépendantes, à savoir

Il va sans dire que, dans les et les il faut faire de telle sorte que ces quantités se réduisent à des constantes.

Ces quatre solutions étant linéairement indépendantes, leur déterminant pour ne doit pas s’annuler ; or ce déterminant est précisément Donc n’est pas nul.

C.Q.F.D.

On voit ainsi que les fonctions jouissent bien des propriétés énoncées.

111.L’analyse précédente s’étend immédiatement au cas où il y a plus de 2 degrés de liberté.

Si nous posons

les équations pourront s’écrire comme dans le numéro précédent

Les fonctions et jouissent des mêmes propriétés que dans le numéro précédent, c’est-à-dire qu’elles sont développables suivant les puissances des des et de et périodiques par rapport à De plus, et sont linéaires par rapport aux et aux et et ne contiennent que des termes du second degré au moins par rapport à ces variables.

Considérons ensuite les équations

elles admettront solutions linéairement indépendantes correspondant aux exposants caractéristiques qui ne sont pas nuls ; ces solutions pourront s’écrire

elles admettront en outre deux solutions dégénérescentes définies au no 80 et que j’écrirai

et

Les fonctions et sont périodiques en De plus est divisible par

Nous pouvons alors poser

et alors nous trouverons les équations

(14 bis)

Les fonctions sont définies par les