Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.28

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CHAPITRE XXVIII.

SOLUTIONS PÉRIODIQUES DU DEUXIÈME GENRE.


314.Considérons un système d’équations

(1)

où les sont des fonctions de et de périodiques de période par rapport à

Soit

(2)

une solution périodique de période des équations (1).

Nous allons chercher si les équations (1) admettent d’autres solutions périodiques, très voisines de (2) et dont la période soit multiple de

Ces solutions, si elles existent, s’appelleront solutions périodiques du deuxième genre.

Considérons une solution des équations (1), très voisine de (2). Soit

la valeur de pour et

la valeur de pour ( étant un entier).

Les et les dont la définition est ainsi la même qu’au Chapitre III seront très petits et l’on verrait comme au Chapitre III que les sont des fonctions des développables suivant les puissances croissantes des

Pour que la solution soit périodique de période il faut et il suffit que

(3)

Les étant des fonctions périodiques, les s’annulent avec les

Nous supposerons que les fonctions qui figurent dans les équations (1) dépendent d’un certain paramètre Alors, les fonctions dépendront non seulement de mais de par rapport à elles seront périodiques de période étant une constante indépendante de

Dans ces conditions, les fonctions dont la définition reste la même, dépendront non seulement des mais de Si nous regardons

comme les coordonnées d’un point dans l’espace à dimensions, les équations (3) représentent une courbe dans cet espace. À chaque point de cette courbe correspondra une solution périodique, de période

Comme les s’annulent tous, quand les s’annulent tous à la fois, cette courbe comprendra la droite

(4)

Aux différents points de cette droite correspondra la solution (2) qui, étant une solution périodique de période est, par cela même, une solution périodique de période

Mais nous devons nous demander s’il existe d’autres solutions périodiques, voisines de la première, ou, en d’autres termes, si la courbe (3) comprend, outre la droite (4), d’autres branches de courbe s’approchant très près de la droite (4).

En d’autres termes, y a-t-il des points de la droite (4) par où passent des branches de la courbe (3) autres que cette droite ?

Soit

un point de la droite (4).

Pour que par le point passent plusieurs branches de courbe, il faut qu’en ce point le déterminant fonctionnel, ou jacobien, des par rapport aux s’annule.

Cette condition n’est d’ailleurs pas suffisante, comme nous le verrons plus loin, pour que par le point passent plusieurs branches de courbe réelles.

Formons le déterminant des par rapport aux ajoutons à tous les termes de la diagonale principale et égalons à zéro le déterminant ainsi obtenu. Nous obtiendrons ainsi l’équation connue sous le nom d’équation en

Les racines de cette équation (Cf. no 60) sont

étant l’un des exposants caractéristiques des équations (1).

Pour que le déterminant fonctionnel soit nul il faut et il suffit qu’une des racines soit nulle ; on doit donc avoir

ce qui veut dire que soit un multiple de

Donc, pour que par le point passent plusieurs branches de courbe, il faut que l’un des exposants caractéristiques soit multiple de

315.Cette condition n’est pas suffisante et une discussion plus complète est nécessaire.

Posons

et cherchons à développer les suivant les puissances entières ou fractionnaires de

Nous supposons que le jacobien des par rapport aux est nul ; ce jacobien s’annule pour mais ne sera pas en général identiquement nul ; il faudrait pour cela que l’un des exposants caractéristiques fût constant, indépendant de et égal à un multiple de

Nous supposerons donc que le jacobien s’annule pour mais que sa dérivée, par rapport à ne s’annule pas.

De même, nous supposerons d’abord que les mineurs du premier ordre de ce jacobien ne s’annulent pas tous à la fois.

Dans ce cas, en vertu du théorème du no 30, de des équations (3) on pourra tirer des quantités en séries développées suivant les puissances entières de et de la ième quantité par exemple de

Dans la ième équation (3), substituons les valeurs de

ainsi trouvées. Le premier membre de cette ième équation, se trouvera ainsi développé suivant les puissances de et de écrivons-la sous la forme

J’observe d’abord que doit être divisible par car la droite (4) doit faire partie de la courbe (3).

D’autre part, la dérivée de par rapport à doit s’annuler pour puisque le jacobien s’annule. Pour ne contient donc pas de terme du premier degré ; supposons qu’il ne contienne pas non plus de termes du deuxième, …, du ième degré, mais qu’il contienne un terme de degré

Enfin, comme la dérivée du jacobien par rapport à ne s’annule pas, nous aurons un terme en

Je puis donc écrire

étant un ensemble de termes contenant en facteur ou et et étant des coefficients constants qui ne sont pas nuls.

On voit qu’on peut tirer de là en série procédant suivant les puissances de et la question est de savoir si cette série est réelle.

Si est pair, ou si, étant impair, et sont de signes contraires, la série est réelle et il existe des solutions périodiques du deuxième genre.

Si est impair et si et sont de signes contraires, la série est imaginaire et il n’y a pas de solution périodique du deuxième genre.

Je suppose maintenant que non seulement le jacobien s’annule pour mais qu’il en soit de même de tous ses mineurs du premier, du second, etc., du ième ordre. Je suppose toutefois que les mineurs du ième ordre ne sont pas tous nuls à la fois.

Dans ces conditions, d’après le no 57, il y aura non pas un, mais exposants caractéristiques qui seront multiples de

De des équations (3), on pourra alors tirer des quantités sous la forme de séries développées suivant les puissances de et des dernières quantités

Pour abréger le langage, je dirai les pour désigner les premières quantités et les pour désigner les dernières quantités Nous aurons donc les développées suivant les puissances de et des

Substituons ces développements à la place des dans les dernières équations (3), nous obtiendrons équations

(5)

dont les premiers membres seront développables suivant les puissances de et des

Le jacobien et ses mineurs des premiers ordres étant nuls, ces premiers membres ne contiendront pas de termes du premier degré en indépendants de Il faut voir maintenant si les premiers membres des équations (5) contiendront des termes du premier degré par rapport aux et en même temps du premier degré par rapport à

Soit l’ensemble des termes de qui sont du premier degré par rapport aux il est clair que pourra se développer suivant les puissances de soit

ce développement ; les seront des polynômes homogènes du premier degré par rapport aux

D’après ce qui précède, sera identiquement nul ; mais il faut voir s’il n’en est pas de même de

Le jacobien des par rapport aux est égal à

le produit indiqué par le signe s’étendant à facteurs correspondant aux exposants caractéristiques

Soient ces exposants et soit

le jacobien sera égal au produit

Pour le jacobien s’annule ainsi que ses mineurs des premiers ordres ; il en résulte que des exposants sont multiples de Donc, des facteurs s’annulent pour et sont, par conséquent, divisibles par Le produit, c’est-à-dire le jacobien sera donc divisible par

Nous supposerons que pour aucun des ne s’annule ; c’est ce que nous avions déjà supposé plus haut. Dans ces conditions aucun des n’est divisible par Donc le produit n’est pas divisible par

Ainsi, le jacobien est divisible par mais pas par

Il résulte de là que le déterminant des est différent de zéro, et par conséquent qu’aucun des ne s’annule identiquement.

Le cas le plus simple est celui où, pour les termes du deuxième degré ne disparaissent pas dans les et où ces termes du deuxième degré ne peuvent pas s’annuler à la fois, à moins que tous les ne s’annulent à la fois.

Soit alors l’ensemble des termes du deuxième degré de pour

Il suffira alors d’envisager les équations algébriques

dont les premiers membres sont des polynômes homogènes du deuxième degré par rapport à et aux

Si ces équations admettent des solutions réelles, nous aurons des solutions périodiques du deuxième genre.

Je ne développerai pas la discussion dans les autres cas, me réservant de la faire complètement en ce qui concerne les équations de la Dynamique.

Cas où le temps n’entre pas explicitement.

316.Supposons que les fonctions qui figurent dans les équations (1) ne dépendent pas du temps

Dans ce cas, comme nous l’avons vu au no 61, l’un des exposants caractéristiques est toujours nul.

D’autre part, si

est une solution périodique de période il en est de même de

quelle que soit la constante

Dans le numéro précédent, nous supposions qu’il y avait, quel que soit une solution périodique

et la période ne pouvait être que puisque les étaient des fonctions périodiques de de période

La période était donc indépendante de

Il n’en est plus de même ici. Nous supposerons toujours que, quel que soit les équations (1) admettent une solution périodique

Mais la période dépendra de en général. J’appellerai la période, et la valeur de pour c’est-à-dire pour

Nous modifierons alors un peu la définition des quantités et

Nous désignerons toujours par la valeur de pour mais nous représenterons par la valeur de pour (et non pour ).

Alors, les seront des fonctions des variables

Si l’on continue à regarder les et comme les coordonnées d’un point dans l’espace à dimensions, les équations

(3)

représenteront alors non plus une courbe, mais une surface puisque nous pouvons faire varier indépendamment et d’une manière continue les deux paramètres et

Mais il importe de remarquer que sur cette surface sont tracées des courbes dont les divers points correspondent à des solutions périodiques qui ne peuvent pas être regardées comme essentiellement distinctes.

Si, en effet,

est une solution périodique, il eu sera de même de

quelle que soit la constante et cette nouvelle solution ne sera pas réellement distincte de la première.

À la première correspond le point

et à la seconde le point

Quand on fait varier d’une manière continue, le second point décrit une courbe dont les divers points ne correspondent pas ainsi à des solutions réellement distinctes.

En particulier, envisageons la solution

À cette solution correspondra le point

qui appartient à la droite (4).

À la solution

qui n’est pas réellement distincte de la première, correspondra le point

(4 bis)

qui appartient à une certaine surface (4 bis) faisant partie de la surface (3).

Il s’agit de savoir si la surface (3) contient des nappes autres que (4 bis) et s’approchant très près de (4 bis) ; c’est-à-dire s’il y a sur la surface (4 bis) des points par où passent d’autres nappes de la surface (3) que la surface (4 bis) elle-même.

Nous pourrons, sans restreindre la généralité, supposer (ou nous imposer une autre relation arbitraire entre les ).

En effet, les solutions

ne sont pas réellement distinctes et il suffira d’envisager l’une d’elles.

Nous pouvons donc choisir arbitrairement la constante et nous pouvons le faire, par exemple, de telle façon que

d’où

C. Q. F. D.

Si nous nous imposons cette condition les deux surfaces (3) et (4 bis) se réduisent à des courbes et, en particulier, la surface (4 bis) se réduit à la droite (4). . Nous sommes amenés de nouveau à rechercher si par un point de la droite (4) passe une autre branche de la courbe (3).

Pour cela, combinons l’équation avec les équations (3) ; ces équations représenteront la courbe (3) ou une courbe dont la courbe (3) n’est qu’une partie. Pour que cette courbe, dans le domaine considéré, ne se réduise pas à la droite (4), il faut que le jacobien de par rapport à et celui de par rapport à soit nul pour

Comme rien ne distingue des autres les jacobiens des par rapport à et à quelconques des devront s’annuler tous. C’est-à-dire que tous les déterminants contenus dans la matrice des nos 38 et 63 doivent s’annuler à la fois. En raisonnant comme au no 63, on verrait que l’équation en doit avoir deux racines nulles.

Il en résulte que deux des exposants caractéristiques devront être multiples de Cela est déjà vrai de l’un d’entre eux qui est nul. Un second exposant devra être multiple de

Si cette condition est remplie, nous formerons un système de équations comprenant les équations (3) et Nous en tirerons et les en séries développées suivant les puissances entières et fractionnaires de

Si les séries sont réelles, il y aura des solutions périodiques du deuxième genre ; si les séries sont imaginaires, il n’y en aura pas.

Je ne développerai pas la discussion.

317.Supposons maintenant que les équations

(1)

où le temps entre explicitement, admettent une intégrale uniforme

de telle façon que l’on ait

Nous avons vu au no 64 que dans ce cas le jacobien des par rapport aux s’annule et que l’un des exposants caractéristiques est nul.

Les équations

(3)

ne sont pas alors distinctes puisqu’on a identiquement

Elles ne représentent donc pas une courbe, mais une surface.

Mais dans ce cas, d’après les principes du Chapitre III, nous avons une double infinité de solutions périodiques de période

puisqu’il y en a une qui correspond à chaque valeur du paramètre et à chaque valeur de la constante

Nous conviendrons de donner à la constante une valeur déterminée et nous n’aurons plus qu’une simple infinité de solutions périodiques de période

chacune d’elles correspondant à une valeur de

Les équations (3) n’étant pas distinctes peuvent être remplacées par d’entre elles, par exemple par

Considérons alors le système

(3 bis)

Les équations (3 bis) représentent non plus une surface mais une courbe dont fait partie la droite

(4)

Pour que par un point de la droite (4) passe une autre branche de courbe, il faut que le jacobien de

par rapport aux s’annule.

Cette condition peut encore se mettre sous une autre forme.

Supposons que nous résolvions l’équation

par rapport à et que cette résolution donne

Substituons à la place de dans et soit le résultat de cette substitution.

Les équations (1) se trouveront ainsi remplacées par les suivantes

(1 bis)

Ces équations (1 bis) admettront pour solution périodique

Les exposants caractéristiques de cette solution périodique, considérée comme appartenant aux équations (1 bis), seront au nombre de Soient ces exposants. Ce seront les mêmes que ceux de cette solution périodique considérée comme appartenant aux équations (1) en supprimant celui des exposants qui est égal à zéro.

Pour que dans le voisinage d’un point de la droite (4), les équations (1) admettent des solutions périodiques du second genre, il faut et il suffit que les équations (1 bis) en admettent, c’est-à-dire qu’en un point de la droite (4) l’un des exposants caractéristiques soit multiple de

Ainsi, la condition énoncée plus haut que le jacobien de est nul est susceptible d’un énoncé tout différent. Pour qu’elle soit remplie, il faut que deux des exposants soient multiples de cela est toujours vrai d’un d’entre eux qui est nul ; cela doit être vrai d’un second exposant.

Supposons cette condition remplie. Des équations (3 bis) nous tirerons les en séries ordonnées suivant les puissances entières et fractionnaires de Je ne ferai pas la discussion pour savoir si ces séries sont réelles.

318.Supposons maintenant que les ne dépendent pas explicitement du temps, et que les équations (1) admettent une intégrale

Dans ce cas, d’après le no 66, deux des exposants caractéristiques sont nuls. Si, pour un système de valeurs de et de les équations admettent une solution périodique, elles en admettront encore pour les valeurs voisines de sorte que nous aurons une double infinité de solutions périodiques

dépendant des deux paramètres et La période ne sera pas constante, ce sera une fonction de et de

Donnons alors à une valeur déterminée et soient encore

les valeurs de pour et pour

Aux équations

(3)

nous adjoindrons d’abord l’équation et ensuite une relation arbitraire entre les par exemple

Nous pouvons en effet, sans restreindre la généralité, et pour la même raison qu’au no 316, supposer

Nous obtiendrons ainsi le système

(3 ter)

Ces équations représentent une courbe ; en effet, le nombre des équations est égal à mais les équations (3) ne sont pas distinctes et peuvent être remplacées par d’entre elles et cela pour la même raison qu’au numéro précédent. Le système (3 ter) se réduit ainsi à équations. Le nombre des variables est à savoir

Cette courbe (3 ter) comprend la droite

(4)

Soit un point de cette droite. Pour que, par ce point, passe une autre branche de courbe, il faut que le jacobien des premiers membres des équations (3 ter) soit nul, ou, ce qui revient au même, que le jacobien de des et de par rapport à et soit nul, ou enfin, puisque rien ne distingue des autres que les jacobiens de et de quelconques des par rapport à et à quelconques des soient tous nuls.

Cette condition est susceptible d’un autre énoncé.

Comme dans le numéro précédent, de l’équation nous tirerons

et nous obtiendrons les équations

(1 bis)

Il faut alors, d’après le no 316, que des exposants caractéristiques [si la solution périodique est regardée comme appartenant aux équations (1 bis)], un soit nul et un autre multiple de ou, ce qui revient au même, que des exposants caractéristiques [si la solution périodique est regardée comme appartenant aux équations (1)], deux soient nuls et un troisième multiple de

Supposons cette condition remplie ; on tirera de (3 ter) les et en séries ordonnées suivant les puissances entières ou fractionnaires de je m’abstiendrai encore ici de la discussion.

Application aux équations de la Dynamique.

319. Je voudrais faire une discussion plus complète de ce qui concerne les équations de la Dynamique ; mais pour cela, j’ai besoin d’abord de démontrer une importante propriété de ces équations.

Soient et les valeurs de et pour soient et les valeurs de et pour Nous savons que

est un invariant intégral ; on aura donc

l’intégrale double étant étendue à une aire quelconque

Cela peut s’écrire

l’intégrale simple étant étendue au contour de l’aire c’est-à-dire à un contour fermé quelconque.

En d’autres termes, l’expression

est une différentielle exacte.

Il en résulte que

est aussi une différentielle exacte.

320. Si l’on fait varier il est clair que sera fonction de Calculons la dérivée de par rapport à à l’aide des équations

Il vient

ou bien

ou, en intégrant, par parties,

ou enfin

fonction arbitraire de

Nous prendrons la fonction arbitraire de égale à une constante et nous aurons

Pour on a et par conséquent

Nous prendrons cette constante nulle de sorte que s’annulera identiquement pour la fonction est ainsi entièrement déterminée.

321.Cherchons les maxima et les minima de la fonction Considérons d’abord comme une constante. Pour que la fonction présente un maximum ou un minimum, il faut, à supposer que cette fonction puisse être regardée comme fonction uniforme des variables et dans le domaine considéré, il faut, dis-je, que ses dérivées par rapport à ces variables soient nulles, c’est-à-dire que l’on ait

La solution correspondante est donc une solution périodique de période et cette période est ici une des données de la question.

Ne regardons plus comme une donnée ; pour que présente un maximum ou un minimum, il faudra que l’on ait d’abord

et, de plus,

Mais, si il reste

d’où

La solution correspondante sera encore une solution périodique de période

Mais la période ne sera plus une donnée de la question : ce qui sera une donnée, c’est la constante des forces vives qui n’intervenait pas dans le cas précédent.

Les deux manières de rechercher les maxima de se rattachent aux deux manières d’entendre le principe de moindre action, celle de Hamilton, et celle de Maupertuis. On le comprendra mieux après avoir lu le Chapitre suivant.

322.On peut aussi modifier de la façon suivante la définition de la fonction

Dans un grand nombre d’applications, est une fonction périodique de période par rapport aux Dans ce cas, une solution peut encore être regardée comme périodique, quand et que est multiple de

Alors il est clair que si nous posons

sont des entiers quelconques, l’expression sera encore une différentielle exacte.

On trouvera d’ailleurs

fonct. arb. de

Nous prendrons

Pour on a

Nous prendrons

ce qui achève de déterminer la fonction S.

Les maxima et minima de en supposant donné, s’obtiendront en égalant à zéro ses dérivées, ce qui donne

La solution correspondante est encore une solution périodique puisque est un multiple de La période est donnée.

Si n’est pas donné, il faut d’abord que

et, de plus, que

d’où

323.Il faut maintenant que nous apprenions à discerner les véritables maxima et les véritables minima de en effet, nous avons seulement jusqu’ici cherché la condition pour que les dérivées premières de soient nulles ; mais on sait que cette condition n’est pas suffisante pour qu’il y ait un maximum ; il faut encore que les dérivées secondes satisfassent à certaines inégalités.

Supposons-nous d’abord placés dans les conditions du no 319 et regardons comme donné.

Soit

une solution périodique de période de telle sorte que

À cette solution pourra correspondre un maximum ou un minimum de la fonction

Soient

deux solutions très peu différentes de cette solution périodique.

Je supposerai que soient assez petits pour qu’on puisse en négliger les carrés et qu’on puisse regarder ces quantités comme satisfaisant aux équations aux variations (Cf. Chapitre IV).

Soient et les valeurs de et pour et les valeurs de et pour

Pour savoir si a un maximum ou un minimum, il suffit d’étudier l’ensemble des termes du second degré dans le développement de suivant les puissances des et des

Or il est aisé de reconnaître que cet ensemble de termes se réduit à

Étudions l’expression

(1)

D’après le no 56, cette expression doit se réduire à une constante.

Quelle est la forme de la solution générale des équations aux variations.

S’il y a degrés de liberté, nous aurons solutions particulières de la forme

Les sont les exposants caractéristiques et les sont des fonctions périodiques de période

Nous aurons autres solutions de la forme

correspondant aux exposants qui sont égaux et de signe contraire aux exposants

Nous aurons la solution évidente

et enfin la 2ième solution particulière sera

Donc, la solution générale pourra s’écrire

les étant des constantes d’intégration.

On aura de même,

avec une formule analogue pour

Les sont de nouvelles constantes.

Substituons ces valeurs dans l’expression (1) ; cette expression deviendra une forme bilinéaire par rapport aux deux séries de constantes

Cette forme devant s’annuler identiquement pour

sera une forme linéaire par rapport aux déterminants contenus dans la matrice

Les coefficients de cette forme linéaire devront être des constantes puisque l’expression (1) doit se réduire à une constante.

En général, aucun des exposants caractéristiques ne sera nul et deux de ces exposants ne seront pas égaux entre eux.

Il résulte de là que nous ne devons pas avoir de terme contenant l’un des déterminants

car le coefficient de ce terme devrait contenir en facteur l’une des exponentielles

et ne pourrait se réduire à une constante.

Les seuls déterminants qui puissent entrer dans notre forme sont donc

de sorte que je puis écrire

(2)

les et étant des.constantes.

Je dis que ne peut être nul ; sans quoi l’expression (1) ne dépendrait pas des constantes si alors nous supposions que toutes les constantes et et sont nulles à l’exception des deux constantes et auxquelles nous attribuerions des valeurs données, différentes de zéro, on aurait une relation

qui serait linéaire par rapport aux inconnues et et où les coefficients et seraient des fonctions données du temps, différentes de zéro. Une pareille relation ne peut exister puisque les variables et sont indépendantes. Donc ne peut être nul.

Si nous changeons en nous obtiendrons de nouvelles solutions des équations aux variations et ces solutions nouvelles s’obtiendront en changeant les constantes

en

Pour avoir

il suffira donc de faire dans l’expression (1),

d’où

(3)

324.Pour discuter l’équation (3), il faut distinguer plusieurs cas :

1o Les exposants sont réels ; les fonctions

sont alors aussi réelles.

2o Les exposants sont purement imaginaires et le carré est réel négatif.

Alors les fonctions et et sont imaginaires conjuguées.

3o Les exposants sont complexes. Alors nous aurons, parmi les exposants caractéristiques, les exposants qui seront imaginaires conjugués des exposants et

seront imaginaires conjugués de

Supposons maintenant les et les réels. Pour le calcul des constantes nous aurons équations que l’on obtiendra en faisant dans l’équation qui donne par exemple,

Ces équations sont linéaires par rapport aux inconnues Les seconds membres sont réels et les coefficients sont réels ou imaginaires conjugués deux à deux.

Quand on change en  :

1o et ne changent pas quand est réel ;

2o et se permutent quand est purement imaginaire ;

3o et se changent en et quand est complexe et imaginaire conjugué de

Donc :

1o et sont réels quand est réel ;

2o et sont imaginaires conjugués quand est purement imaginaire ;

3o et et sont imaginaires conjugués quand est complexe et imaginaire conjugué de

Enfin et sont réels.

Ces conditions sont d’ailleurs suffisantes pour que et soient réelles.

Donnons aux constantes de même qu’aux constantes des valeurs satisfaisant à ces conditions. Alors le second membre de (2) devra être réel ; et pour qu’il en soit ainsi il faut :

1o Que soit réel si est réel ;

2o Que soit purement imaginaire si est purement imaginaire ;

3o Que et soient imaginaires conjugués si et sont complexes et imaginaires conjugués.

La forme (3) contient un terme

et ne contient pas d’autre terme dépendant de ou

Si l’exposant est réel, la présence d’un terme en suffit pour que la forme quadratique (3) ne puisse être définie.

Si donc un seul des exposants est réel, la fonction ne peut présenter ni maximum ni minimum.

Supposons maintenant que deux exposants et soient complexes et imaginaires conjugués.

Annulons toutes les constantes sauf

la forme (3) se réduit à

Ces deux termes sont imaginaires conjugués, de sorte que la forme (3) est réelle.

Supposons que ne change pas et que change de signe ; qui est imaginaire conjugué de ne changera pas non plus, et qui est imaginaire conjugué de se changera en

Donc, la forme (3) changera de signe ; elle ne peut donc être définie.

Si donc un seul des exposants est complexe, la fonction ne peut avoir ni maximum ni minimum.

Supposons maintenant que soit purement imaginaire. Alors et sont imaginaires conjugués et le produit est la somme de deux carrés.

Pour que ait un maximum, il faut et il suffit que toutes les quantités

soient négatives ; pour que ait un minimum, il faut et il suffit que toutes ces quantités soient positives.

Il importe de remarquer que toutes ces quantités sont réelles ; car et sont réels.

325.Comment ces résultats sont-ils modifiés si l’on suppose que la constante des forces vives est regardée comme une des données de la question. On a alors identiquement

où l’on suppose que dans et et ont été remplacés par les fonctions périodiques et

Et, en effet, la valeur constante de la fonction doit être la même pour la solution périodique

et pour la solution infiniment voisine

Cette relation est une équation linéaire entre les constantes

et les coefficients doivent être indépendants de

Il résulte de là que et ne doivent pas figurer dans la relation, puisque ces constantes sont toujours multipliées par et que cette exponentielle ne pourrait disparaître.

De plus, n’y figure pas non plus puisque la solution

est une constante très petite, se déduit de la solution périodique en donnant au temps un très petit accroissement et correspond, par conséquent, à la même valeur de la constante des forces vives que la solution périodique.

Notre relation, qui ne peut se réduire à une identité, se réduit donc à

Mais, si est nul, le terme disparaît dans la forme (3).

Pour que admette un maximum ou un minimum, il suffit donc que les quantités

soient toutes de même signe.

S’il n’y a que deux degrés de liberté, 'il n’y a qu’une de ces quantités.

Donc, s’il n’y a que deux degrés de liberté et si est purement imaginaire, la fonction présente toujours soit un maximum, soit un minimum.

326.Supposons-nous maintenant placés dans les conditions du no 322, de sorte que

et regardons comme une constante. Pour que ait un maximum ou un minimum, il faut d’abord que l’on ait une solution périodique

Nous envisagerons alors une solution voisine

et la discussion se poursuivra comme plus haut ; les résultats sont les mêmes.

Pour qu’il y ait un maximum ou un minimum, il faut d’abord que tous les exposants soient purement imaginaires ; il faut ensuite que toutes les quantités

soient de même signe.

Si l’on considère la constante des forces vives comme une donnée de la question, est nul, le terme disparaît et il suffit que les quantités

soient toutes de même signe.

327.Qu’arrive-t-il maintenant si les équations admettent d’autres intégrales uniformes que celle des forces vives et si, par conséquent, quelques-uns des exposants caractéristiques sont nuls ?

On pourrait néanmoins faire une discussion analogue à celle qui précède.

Supposons, par exemple, que nos équations admettent, outre l’intégrale des forces vives, autres intégrales uniformes :

et de telle façon que les crochets deux à deux de ces intégrales soient nuls. Nous savons alors par le no 69 que exposants caractéristiques sont nuls. Nous supposerons que tous les autres exposants sont différents de zéro.

Nous aurons alors couples de constantes analogues aux constantes et et couples de constantes et analogues aux constantes et

La forme (3) deviendrait alors

est une somme de termes analogues au terme

Si maintenant nous regardons les valeurs de nos intégrales comme des données de la question, les constantes seront toutes nulles, les termes disparaîtront et la condition pour que soit maximum ou minimum sera encore que toutes les quantités

soient de même signe.

Je n’insiste pas d’ailleurs sur ce point, car, dans le cas du problème des trois corps, ou bien nous aurons affaire au problème restreint du no 9, ou bien nous pourrons diminuer le nombre des degrés de liberté en employant les procédés des nos 15 et 16.

Or, dans le cas des problèmes réduits des nos 9, 15 et 16, il n’y a plus qu’une seule intégrale uniforme, celle des forces vives, et il n’y a que deux exposants nuls, comme nous l’avons vu au no 78.

Solutions du deuxième genre des équations de la Dynamique.

328.Changeons successivement en la fonction définie plus haut dépend de soit

Cherchons les maxima et les minima de en regardant comme une constante.

Si nous envisageons une solution périodique de période ce sera également une solution périodique de période Donc, les dérivées premières de sont nulles.

Pour qu’il y ait maximum ou minimum, il faut d’abord que tous les exposants soient purement imaginaires.

Si ensuite toutes les quantités

(1)

sont négatives, il y aura maximum ; si elles sont toutes positives, il y aura minimum.

Voici le premier point sur lequel je voulais attirer l’attention.

Si nous donnons à l’entier toutes les valeurs entières possibles, les quantités (1) présenteront, en général, toutes les combinaisons de signes possibles.

Posons, en effet, pour abréger,

et soit

Donnons à et aux toutes les valeurs entières possibles ; si nous regardons comme les coordonnées d’un point dans l’espace à dimensions, nous obtiendrons ainsi une infinité de points. Je dis qu’il y aura une infinité de ces points dans toute portion de l’espace à dimensions si petite qu’elle soit.

Je n’aurais, pour le montrer, qu’à avoir recours aux raisonnements par lesquels on établit qu’une fonction uniforme de variables réelles ne peut avoir périodes distinctes.

Les quantités inscrites dans le tableau suivant :

joueraient dans ce raisonnement le rôle des périodes.

Il y aurait exception si ces périodes n’étaient pas distinctes, c’est-à-dire si l’une des quantités était commensurable avec ou, plus généralement, s’il existe une combinaison linéaire des n’admettant qu’une seule période, c’est-à-dire s’il y a une relation de la forme

(2)

les étant entiers.

Laissons d’abord de côté ce cas d’exception ; les quantités (1) seront égales à

Dire que l’on peut choisir l’entier de telle sorte que ces quantités réalisent une combinaison de signe donnée, c’est dire qu’il y a des nombres satisfaisant à des inégalités de la forme

(3)

les étant égaux à 0 ou à

Or, c’est ce qui résulte immédiatement de ce que nous venons de dire plus haut.

Passons au cas où l’on a une relation de la forme (2). Nous pouvons toujours supposer les entiers premiers entre eux ; dans ce cas, l’expression

(4)

admet pour période unique

Pour qu’il n’existe pas de nombres satisfaisant aux inégalités (3), il faut et il suffit que la différence entre la plus grande et la plus petite valeur que prenne l’expression (4), quand on donne aux toutes les valeurs compatibles avec les inégalités (3), que cette différence, dis-je, soit plus petite que c’est-à-dire qu’une période de cette expression (4).

Or, cette différence est manifestement

on doit donc avoir

(5)

L’inégalité ne peut avoir lieu que si tous les sont nuls, sauf un d’entre eux qui doit être égal à

Dans ce cas doit être égal à un multiple de cela reviendrait à dire que devrait être nul, puisque n’est déterminé qu'à un multiple près de

Or, nous avons précisément exclu le cas où l’un des est nul.

L’égalité ne peut avoir lieu que si tous les sont nuls, sauf deux d’entre eux qui doivent être égaux à

Alors la somme de la différence de deux des sera un multiple de et, si nous remarquons que les ne sont déterminés qu’à un multiple près de nous pouvons énoncer ce résultat d’une autre manière.

Deux des exposants caractéristiques seront égaux.

C’est le seul cas d’exception qui subsiste et que l’on peut facilement exclure.

329.Supposons maintenant que les équations de la Dynamique considérées dépendent d’un paramètre arbitraire ainsi que cela arrive, comme nous le savons, pour le problème des trois corps.

Quand nous ferons varier d’une manière continue, la solution périodique

variera aussi d’une manière continue, ainsi que l’on peut s’en rendre compte par la lecture du Chapitre III.

Les quantités varieront aussi d’une manière continue, mais, ainsi qu’il a été expliqué au no 323, elles ne pourront jamais s’annuler ; elles conserveront donc toujours le même signe ; or, c’est leur signe seul qui nous intéresse.

La constante des forces vives sera regardée comme une des données de la question, mais cette donnée pourra dépendre de et nous la choisirons de telle façon que la période de la solution périodique demeure constante.

Les exposants varieront aussi d’une manière continue quand on fera varier d’une manière continue ; voyons un peu comment se fait cette variation dans le cas du problème des trois corps. Pour tous les exposants sont nuls ; mais, dès que cesse d’être nul, les exposants cessent aussi de l’être ; un de ces exposants ne pourra s’annuler, ou devenir égal à un multiple de ou devenir égal à un autre exposant caractéristique que pour certaines valeurs particulières de

330.Envisageons une solution périodique de période telle que tous les exposants soient purement imaginaires ; c’est ce que nous avons appelé plus haut une solution stable ; nous avons démontré aux Chapitres III et IV l’existence de ces solutions.

Considérons l’un des exposants, par exemple ; quand variera d’une manière continue, qui est réel, deviendra une infinité de fois commensurable avec Donnons à une valeur telle que

et étant des entiers premiers entre eux ; et qui, de plus, ne corresponde pas à un maximum ou à un minimum de

On verra plus loin, au no 334, pourquoi je mets au numérateur et non pas

Dans tout intervalle, si petit qu’il soit, il y a une infinité de pareilles valeurs.

Si est un entier quelconque, pour cette valeur l’expression

est nulle ; de plus, comme ne correspond pas à un maximum ou à un minimum de cette expression changera de signe quand passera de à

Supposons, par exemple, qu’elle passe du négatif au positif.

En raisonnant comme au no 328 nous verrons que l’on peut choisir l’entier de telle façon que les expressions

présentent toutes les combinaisons possibles de signes, et en particulier qu’elles soient toutes négatives.

Cela posé, pour notre fonction présentera un maximum, puisque toutes nos expressions seront négatives ; mais pour notre solution périodique ne correspondra plus à un maximum de puisque l’une de ces expressions sera devenue positive.

Théorèmes sur les maxima.

331.Pour aller plus loin, il est nécessaire de démontrer une propriété des maxima ; soit une fonction de trois variables et développable suivant les puissances croissantes de ces trois variables. Je suppose :

1o Que, pour s’annule ainsi que ses dérivées et cela quel que soit

2o Que pour présente un maximum pour et un minimum pour

Je dis que les équations

admettront d’autres solutions réelles que la solution

En effet, développons suivant les puissances de et soit

Les fonctions sont elles-mêmes développables suivant les puissances de et de mais ces développements ne contiendront, ni termes de degré 0, ni terme de degré 1, car on doit avoir quel que soit

pour

De plus, ne contient pas non plus de termes du second degré, sans quoi en passant de à on ne saurait passer du cas du maximum au cas du minimum.

Au contraire, contiendra des termes du premier degré, du moins nous le supposerons. Envisageons alors les équations

(1)

qu’il s’agit de résoudre.

Soient et les termes de degré le moins élevé de et de d’après ce que nous avons vu, est de second degré et de degré étant plus grand que 2 ; posons

peut se développer suivant les puissances de soit

On a évidemment

et sont deux polynômes homogènes en et l’un de degré 2, l’autre de degré Je prends le signe ou suivant que j’ai pris L’expression

se trouvera aussi développée suivant les puissances de quand on y aura remplacé et par et elle contiendra en facteur une certaine puissance de divisons par ce facteur et soit le quotient. Ce quotient développé suivant les puissances de s’écrira

sera la première des expressions

qui ne s’annulera pas.

Les équations

peuvent être remplacées par les suivantes

et je me propose de démontrer que l’on peut tirer de ces équations les en séries ordonnées suivant les puissances entières et fractionnaires de s’annulant avec et à coefficients réels.

Pour cela, il suffit d’établir, d’après les nos 32 et 33, que, pour ces équations admettent une solution réelle d’ordre impair.

Or, pour ces équations se réduisent à

ou bien

(2)

et

(3)

L’équation (2) exprime que, si l’on suppose et liés par la relation admet un maximum ou un minimum.

Or, si l’on regarde un instant et comme les coordonnées d’un point dans un plan, la relation représentera une ellipse, car la forme quadratique (et par conséquent la forme ) doit être définie pour que puisse admettre un maximum ou un minimum. Or, l’ellipse étant une courbe fermée, la fonction devra présenter au moins un maximum et un minimum quand le point décrira cette courbe fermée.

Donc, quelle que soit la valeur constante attribuée à l’équation (2) admettra au moins deux racines, et deux racines d’ordre impair, car nous avons vu au no 34 qu’un maximum ou un minimum correspond toujours à une racine d’ordre impair. D’ailleurs ici, où nous n’avons plus qu’une variable indépendante, le théorème du no 34 est presque évident.

Cela posé, deux cas sont à distinguer :

Premier cas. n’est pas une puissance de dans ce cas on n’a pas identiquement

On aura donc et

L’équation est alors homogène en et Quelle que soit la valeur constante attribuée à elle nous donnera pour le rapport la même valeur.

Nous tirerons donc d’abord de l’équation (2) et, d’après ce qui précède, nous obtiendrons au moins deux solutions d’ordre impair.

Soit l’une de ces solutions ; posons et substituons dans l’équation (3), nous aurons

et l’équation (3) se réduit à

Si est impair, cette équation nous donnera une valeur réelle pour

Si est pair ; deux cas sont à distinguer.

Si et sont de même signe, nous prendrons le signe inférieur

Si et sont de signes contraires, nous prendrons le signe supérieur

et nous aurons toujours deux valeurs réelles pour

Dans tous les cas, ces solutions réelles sont simples.

Ainsi, les équations (2) et (3) admettront toujours des solutions d’ordre impair.

Deuxième cas. — On a

Nous commencerons alors par résoudre l’équation (3) qui s’écrit

Cette équation nous donne la valeur de cette valeur est réelle et simple ; mais cela ne suffit pas, car est une forme définie négative ; il faut pour que la solution convienne que la valeur trouvée pour soit négative ; nous choisirons en conséquence le signe

La valeur de ainsi déterminée, on attribue à cette valeur constante et l’on n’a plus pour résoudre l’équation (3) qu’à chercher les maxima et minima de Comme nous l’avons vu, on trouvera au moins deux solutions d’ordre impair.

Nous avons donc établi que les équations (2) et (3) ont toujours des solutions réelles d’ordre impair. Le théorème énoncé au début de ce numéro est donc démontré.

332.Soit maintenant une fonction de variables

 et 

Je suppose :

1o Que est développable suivant les puissances de et de

2o Que pour

on a quel que soit

3o Envisageons l’ensemble des termes de qui sont du second degré par rapport aux Ils représentent une forme quadratique qui peut être égalée à la somme de carrés affectés de coefficients positifs ou négatifs.

Je suppose que, quand passe du positif au négatif, deux de ces coefficients passent du positif au négatif et que les autres coefficients ne s’annulent pas.

Je dis que, dans ces conditions, les équations

(1)

admettent des solutions réelles différentes de

En effet, développons suivant les puissances de et soit

Soient et l’ensemble des termes du deuxième degré de et

L’ensemble est une forme quadratique décomposable en une somme de carrés ; car nous savons que, pour deux des coefficients dont il a été question plus haut s’annulent.

Si donc nous considérons le discriminant de c’est-à-dire le déterminant fonctionnel de

par rapport à

ce déterminant s’annule ainsi que tous ses mineurs du premier ordre ; mais tous les mineurs du deuxième ordre ne s’annulent pas, sans quoi un troisième coefficient serait nul, ce que nous ne supposons pas.

Nous pouvons aussi supposer qu’on ait fait un changement linéaire de variables tel que soit ramené à la forme

et, par conséquent, que le déterminant fonctionnel de

par rapport à

ne soit pas nul.

Envisageons alors les équations

(2)

qui sont des équations (1). Je dis qu’on pourra en tirer

en séries ordonnées suivant les puissances de

Pour cela, il suffit, en vertu du no 30, que le déterminant fonctionnel des équations (2) par rapport à

ne s’annule pas quand on y fait

Or, les équations (2), quand on fait et qu’on se restreint aux termes du premier degré par rapport aux se réduisent à

et nous venons de voir que le déterminant fonctionnel correspondant n’est pas nul.

Dans remplaçons par leurs valeurs tirées ainsi des équations (2) ; je dis que nous allons nous retrouver dans les conditions du numéro précédent :

1o En effet, nous n’avons plus que trois variables indépendantes et  ;

2o La fonction est développable suivant les puissances de ces variables ;

3o Les équations (1) peuvent être remplacées par

(3)

où les représentent des dérivées prises en regardant les comme des fonctions de et de définies par les équations (2).

Nous avons, en effet,

d’où, en vertu des équations (2),

4o Pour considéré comme fonction de et de présente un maximum quand ces deux variables sont nulles.

Pour le voir, il nous faut rechercher dans les termes du deuxième degré par rapport à et à Soient

ces termes. Pour obtenir

qui seuls m’intéressent, je prends les deux termes

et je néglige les autres termes de qui ne peuvent influer sur

Je tire des équations (2)

en séries ordonnées suivant les puissances de et je conserve seulement dans ces séries, les termes qui sont de degré 1 par rapport à et et de degré 0 ou 1 par rapport à les autres termes peuvent être négligés car ils n’influent pas sur

Les équations (2) se réduisent alors à

Si, dans nous substituons à la place de les valeurs ainsi obtenues, nous voyons que devient divisible par quant à il se réduit à

n’est autre chose que ce que devient quand on y annule et où et sont deux autres formes quadratiques par rapport aux On aura donc

et

Pour le calcul de je puis négliger les deux derniers termes qui sont divisibles par et et j’aurai simplement

Je me propose de démontrer que présente un maximum pour et pour positif et très petit ; or il suffit de le faire voir pour c’est-à-dire pour

Il reste donc finalement à démontrer que est une forme définie négative.

Pour nous en rendre compte, nous écrirons la forme quadratique de la manière suivante

est une somme de deux carrés affectés de coefficients dont je ne préjuge pas le signe ; dépend seulement des variables

Cela est toujours possible d’après les propriétés générales des formes quadratiques.

Considérons la forme

est supposé positif et très petit. La forme ne dépendant que des variables pourra être égalée à une somme de carrés affectés de coefficients dont les signes devront être les mêmes que ceux de puisque, étant très petit, cette forme diffère très peu de Ils ne changent donc pas de signe quand passe du positif au négatif.

D’après nos hypothèses, quand passe du positif au négatif, de nos coefficients ne s’annulent pas et deux coefficients au contraire passent du négatif au positif.

Ces deux derniers ne peuvent être que les coefficients de

Donc est la somme de deux carrés affectés de coefficients négatifs.

Pour avoir il faut dans faire

Alors s’annule et se réduit à

Donc est une forme définie négative. C. Q. F. D.

Donc considéré comme fonction de et est maximum pour positif et très petit et pour

On verrait de même, ou plutôt on voit en même temps, que est minimum pour négatif et très petit et pour

Nous sommes donc bien, comme je l’avais annoncé, ramenés aux conditions du numéro précédent et le théorème énoncé au début de ce numéro peut être regardé comme établi.

Existence des solutions du deuxième genre.

333.Revenons aux hypothèses du no 330 ; nous avons défini la fonction qui dépend de des variables

(α)

Les et les sont les valeurs de et pour les et les sont les valeurs de et pour

Nous voulons étudier les solutions des équations

(1)

d’après les nos 321 et 322, ces solutions correspondent aux solutions périodiques de période Nous en connaissons déjà une, puisqu’une solution périodique de période est en même temps périodique de période je me propose de montrer qu’il y en a d’autres.

Mais, auparavant, je veux faire voir par quel artifice on peut regarder comme dépendant seulement de et des variables

(β)

Pour cela, nous supposerons

Envisageons maintenant les équations

(1 bis)

Nous employons les pour représenter les dérivées de regardée comme fonction des variables (α) et les pour représenter les dérivées de cette même fonction regardée comme fonction des variables (β).

Je me propose de démontrer l’équivalence des équations (1) et (1 bis).

Le no 322 nous a donné

Les équations (1) peuvent donc s’écrire

et les équations (1 bis)

Mais, en vertu de l’équation des forces vives, on a identiquement

Or, d’après les équations (1 bis), tous les sont égaux aux et tous les (sauf un), à L’identité précédente peut donc s’écrire de la manière suivante ; j’écris, pour abréger,

Mon identité peut s’écrire sous la forme

ou, en vertu du théorème des accroissements finis,

(2)

est compris entre 0 et 1, et où est la dérivée de par rapport à

Soient et les valeurs de et qui correspondent à la solution périodique de période le domaine envisagé ne comprend que le voisinage immédiat du point donc et ne s’écarteront jamais beaucoup de ni ou de donc le second facteur de la relation (2) ne s’écarte jamais beaucoup de sa valeur pour et cette valeur ne sera pas nulle en général.

Donc, le premier facteur de la relation (2) doit s’annuler, et l’on a

En d’autres termes, les équations (1 bis) entraînent les équations (1). Nous pouvons donc regarder comme fonction des variables (β) : et, quand elle sera maxima, comme fonction des variables (β), elle sera également maxima comme fonction des variables (α).

J’ai appelé et les valeurs de et de qui correspondent à la solution périodique de période les valeurs correspondantes de et seront et (si la solution périodique de période change en conformément aux hypothèses du no 322). Soit la valeur correspondante de posons

et considérons comme fonction de des et des la fonction se trouvera dans les mêmes conditions que la fonction du numéro précédent.

En effet, quel que soit et ses dérivées premières par rapport aux et aux s’annulent quand

Si l’on envisage l’ensemble des termes du second degré de par rapport aux et aux et qu’on le considère comme une forme quadratique décomposée en une somme de carrés, on voit que deux de ces coefficients de ces carrés passent tous deux du négatif au positif, ou tous deux du positif au négatif quand change de signe, et que les autres coefficients ne s’annulent pas.

Et en effet l’expression

change de signe et les autres expressions

ne s’annulent pas. Le coefficient que j’ai appelé au no 323 ne s’annule pas non plus et d’ailleurs il n’y en a pas d’autre puisque nous avons seulement variables, les variables (β).

Nous sommes donc dans les conditions du numéro précédent et nous pouvons affirmer que les équations

admettent d’autres solutions réelles que ou, ce qui revient au même, les équations

(1)

admettent d’autres solutions réelles que celles qui correspondent à la solution périodique de période

Or, les maxima de la fonction ou, plus généralement, les solutions des équations (1) correspondent aux solutions périodiques de période

Nous devons donc conclure que nos équations différentielles admettent des solutions périodiques de période différentes de la solution de période se confondant avec celle-ci pour et en différant très peu pour voisin de

Si l’on fait attention au raisonnement qui précède, on verra qu’il n’exige pas que la solution périodique de période corresponde à un maximum de

Nous pourrons donc supposer

Il n’exige même pas que la solution de période soit stable ; il suffit que l’un des exposants caractéristiques soit égal pour à

Nous arrivons donc au résultat suivant :

Si les équations de la Dynamique admettent une solution périodique de période et telle que l’un des exposants caractéristiques soit voisin de

elles admettront également des solutions périodiques de période peu différentes de la solution de période et se confondant avec celles-ci quand l’exposant caractéristique devient égal à

Ce sont les solutions du deuxième genre.

remarque.

334. Tous ces raisonnements supposent que est une fonction uniforme de C’est à cette condition seulement que l’on peut affirmer que tous les maxima de correspondent à une solution périodique (voir no 321). Cette circonstance à laquelle il faut faire la plus grande attention, est un obstacle que l’on rencontrera souvent quand on voudra tirer les conséquences du théorème du no 321.

Vérifions si est bien fonction uniforme de ces variables. Nous pouvons supposer d’après ce que nous venons de voir. D’autre part, est évidemment fonction uniforme des et des elle sera aussi fonction uniforme des et des pourvu que le déterminant fonctionnel des et des par rapport aux et aux ne s’annule pas dans le domaine envisagé ; ce domaine se réduisant aux environs immédiats des valeurs

il suffira que le déterminant fonctionnel ne soit pas nul en ce point. Or, ce déterminant fonctionnel s’écrit (en supposant pour fixer les idées)

Il faut, donc vérifier que l’équation en

n’a pas de racine égale à

Or, les racines de cette équation sont, d’après le no 60, égales à

les étant les exposants caractéristiques ; il faut donc vérifier que l’on n’a pas

étant entier ; or, l’exposant est égal par hypothèse à

étant entier, et les autres exposants ne sont pas en général commensurables avec

La difficulté qui nous occupe ne se présentera donc pas.

C’est pour l’éviter que j’ai supposé au no 330

 ( entier)

et non pas

 ( entier).

Cas particuliers.

335.Disons quelques mots des cas les plus simples ; supposons seulement deux degrés de liberté.

Supposons que la forme analogue à celle que j’ai appelée dans l’analyse du no 331, soit homogène du troisième degré seulement en et

L’équation

(1)

admet toujours, comme nous l’avons vu, des racines réelles.

Le théorème est ici d’ailleurs évident, puisque cette équation est du troisième degré en Elle peut avoir une ou trois racines réelles ; supposons d’abord qu’elle n’en ait qu’une pour fixer les idées.

Si alors nous posons

en choisissant les coefficients et de telle sorte que se réduise à le rapport

 considéré au no 331

admettra seulement un- maximum et un minimum, quand variera de à ce maximum et ce minimum d’ailleurs égaux et de signes contraires correspondront à des valeurs de distantes de

On aura alors

La fonction présente un maximum et un minimum égaux et de signes contraires ; la fonction présente alors :

Pour un maximum pour et deux minimax.

Pour un minimum pour et deux maxima.

J’appelle minimax, à l’exemple des Anglais, un point pour lequel les dérivées premières s’annulent et où il n’y a ni maximum, ni minimum.

La fonction se comportera de la même manière, puisque, si est très petit, les termes auront seuls de l’influence.

Les équations différentielles admettront donc quel que soit

Une solution de période du premier genre, stable ;

Une solution de période du deuxième genre, stable pour et instable pour

Supposons maintenant que l’équation (1) ait trois racines réelles.

La fonction aura trois maxima et trois minima deux à deux égaux et de signes contraires.

Dans ce cas et, par conséquent, présentent :

Pour un maximum pour et six minimax ;

Pour un minimum pour six maxima.

Les équations différentielles admettront donc, quel que soit

Une solution de période du premier genre, stable ;

Trois solutions de période du deuxième genre. Nous verrons plus loin qu’à un certain point de vue toutes ces solutions ne sont pas distinctes.

Passons à un cas un peu plus compliqué et supposons que soit du quatrième degré.

Dans ce cas, l’équation (1) est du quatrième degré, et comme elle a toujours au moins deux racines réelles d’après le no 331, elle en aura deux ou quatre. On n’a plus alors

mais bien

Supposons d’abord qu’il n’y ait que deux racines réelles.

Alors, la fonction présentera un maximum et un minimum quand variera de 0 à et autant quand variera de à

Trois cas sont à distinguer suivant les signes de ce maximum et de ce minimum.

Premier cas. — Le maximum et le minimum sont positifs.

Les fonctions et présentent :

Pour un maximum pour deux minima et deux minimax.

Pour un minimum pour

Les équations différentielles admettent, outre la solution du premier genre qui existe toujours, deux solutions du deuxième genre pour et n’en admettent aucune pour de ces deux solutions, une est stable et une instable.

Deuxième cas. — Le maximum est positif et le minimum négatif.

Les fonctions et présentent :

Pour un maximum pour deux minimax ;

Pour un minimum pour deux minimax.

Les équations différentielles admettent toujours, outre la solution du premier genre qui est stable, une solution instable du deuxième genre.

Troisième cas. — Le maximum lui-même est négatif.

Les équations différentielles ont alors :

Pour une solution du premier genre stable ;

Pour une solution du premier genre stable et deux solutions du deuxième genre dont une stable et instable.

Il resterait à examiner le cas où l’équation (1) a quatre racines réelles.

Les équations admettent alors :

Pour une solution du premier genre stable, solutions du deuxième genre instables, solutions du second genre stable ;

Pour une solution du premier genre stable, solutions du second genre stables, solutions du deuxième genre instables.

Les nombres entiers et peuvent, suivant les signes des maxima et des minima de prendre les valeurs suivantes

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