Notes sur le Grand-Pressigny et ses environs/Texte entier

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Notes sur le Grand-Pressigny et ses environs


Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs


Avant-propos


La satisfaction d’un simple sentiment de curiosité personnelle, celle de connaître l’histoire du canton que j’habitais, m’a amené à chercher dans les quelques auteurs que je possède, dans les anciens titres dont je pouvais disposer, dans les archives communales et privées que l’on a bien voulu me communiquer, tout ce qu’il y avait de spécial au Grand-Pressigny et à en prendre note.

Le travail qui suit n’est que la reproduction, après les avoir coordonnées, des notes dont il s’agit.

Il ne faudrait pas donner à ce travail une importance qu’il n’a pas. Je n’ai pas entendu écrire « l’histoire du canton du Grand-Pressigny. » Cette tâche est trop au-dessus de mes forces pour que la pensée me soit venue de l’entreprendre. Il ne faut donc y voir que ce qui y est réellement et ce que je me suis proposé, c’est-à-dire une réunion de matériaux puisés un peu partout, classés et mis en ordre, ou, si l’on veut, une compilation plus ou moins méthodique pouvant éviter des recherches, et à ce titre, être utile à ceux qui voudront essayer d’écrire cette histoire.

C’est dans l’intéressante collection des mémoires de la Société archéologique de Touraine, dans les ouvrages de Dufour, de Chalmel, de Moréri, etc., etc., que j’ai recueilli la majeure partie de mes renseignements. Les archives communales et privées que l’on a bien voulu me permettre de compulser, m’en ont fourni un certain nombre d’inédits.


Commune du Grand-Pressigny


Pressigny-le-Grand, ou le Grand-Pressigny, bourg qualifié aussi du titre de petite ville, notamment par l’annuaire de la Touraine de l’année 1787, est situé au confluent et sur la rive droite des rivières l’Egronne (Gumesia) et la Claise (Clasia). Il forme l’un des six chefs-lieux de canton de l’arrondissement de Loches.

II est désigné dans les titres, chartes et écrits de l’antiquité sous les noms de Pressigny, Précigny, Precigni, Pressigny-le-Souverain, Pressigny-les-Quatre-Églises, Prisciniacum, Præsigniacus, Preciniacum, Precigneium-superior, Pressigne, Priscigniacus.

Les auteurs sont d’accord pour reconnaître que le Grand-Pressigny est une des plus anciennes communes du département d’Indre-et-Loire, et notre célèbre historien du VIe siècle, Grégoire de Tours, le cite dans ses ouvrages, spécialement à l’occasion d’une remise de reliques de saint Nicet, faite à l’église de Pressigny.

Il est probable qu’avant la consolidation de la féodalité, Pressigny, ainsi que les localités voisines, n’avait pas une grande importance ; en effet, c’est sous la modeste qualification de locus qu’on le trouve généralement indiqué antérieurement au XIe siècle.

Au cours du moyen âge, Pressigny reçut le titre de baronnie qu’il conserva jusqu’à l’abolition du régime féodal en France. Plusieurs familles illustres en ont été les possesseurs ; nous en donnerons la liste.

Un nombre assez considérable de châtellenies, seigneuries et domaines, relevaient de la baronnie du Grand-Pressigny, les uns à foi et hommage simple[1] ; de plus cette baronnie avait droit de haute, moyenne et basse justice et de fourches patibulaires[2]. Un champ situé proche le bourg, où avaient lieu les exécutions, a conservé le nom de champ de la Justice.

En 1789, Pressigny faisait partie du ressort de l’élection de Chinon, dépendant de la Généralité de Tours[3], et cette baronnie était régie par la coutume de Touraine.

La paroisse du Grand-Pressigny a pour patrons saint Gervais et saint Protais ; celle de saint Martin d’Etableau y a été réunie depuis la révolution de 1789.

Le doyenné du Grand-Pressigny, tel qu’il existait encore en 1787, se composait de onze paroisses :

1o Le Grand-Pressigny, à la présentation de l’archevêque ;

2o St-Martin d’Etableau, — de l’abbé de Pontlevoy ;

3o Guerche, — de l’abbé de Preuilly ;

4o Barrou, — id id

5o Chambon, — de l’archevêque ;

6o Chaumussay, — de l’abbé de Fongombault ;

7o La Celle-Draon — du seigneur de la Celle-Guenand ;

8o Le Petit-Pressigny — de l’abbé de Pontlevoy ;

9o Retz, — de l’archevêque ;

10o Ferrière-Larcon, — id

11o Paulmy, — du seigneur de Paulmy.

Ce doyenné, lors de la division qui eut lieu, vers 1673, du diocèse en trois archidiaconnés, cinq archiprêtés et vingt-trois doyennés, fut compris dans l’archidiaconné d’Outre-Vienne et dans l’archiprêtré de sainte-Maure.

Depuis le décret de l’assemblée constituante du 26 février 1790, le Grand-Pressigny est chef-lieu de canton et en même temps siège d’une justice de paix.

La composition du canton du Grand-Pressigny, telle qu’elle avait été primitivement organisée par le décret de 1790 a été modifiée par un autre décret en date du 5 vendémiaire an X. La commune de St-Flovier qui, dans le principe, avait été constituée chef-lieu de canton et de justice de paix a été réunie à partir de cette dernière époque, au canton du Grand-Pressigny, qui, depuis lors, est demeuré formé des communes :

1o du Grand-Pressigny, à laquelle a été réunie, depuis, celle de St-Martin-d’Etableau ; 2o de Barrou ; 3o Retz ; 4o La Celle-Guenand ; 5o Ferrière-Larçon ; 6o la Guerche ; 7o Paulmy ; 8o Le Petit-Pressigny et 9o St-Flovier.

Château du Grand-Pressigny.

L’antique château féodal du Grand-Pressigny a subi le sort commun aux monuments de ce genre. Les spéculateurs et les démolisseurs l’ont réduit en presque totalité à l’état de ruines, mais ces ruines sont suffisantes pour attester son importance passée.

Dominant les vallées de l’Egronne et de la Claise, non loin des principales voies de communication avec les provinces voisines et protégé par d’importants travaux de fortification que le temps et la pioche n’ont pas réussi à faire disparaître entièrement, ce château, par sa position et par ses moyens de défense a dû, pendant les guerres-civiles des temps féodaux ainsi que pendant les troubles religieux du XVIe siècle, être le théâtre ou le témoin de faits d’armes que nous aurions été heureux de retrouver consignés dans l’histoire ou rappelés par la tradition. Le souvenir de ces luttes s’est effacé et la seule donnée historique que nous ayons à consigner ici nous est fournie par Belleforest. On lit dans cet historien « qu’en 1417 le duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur, après avoir délivré la reine Ysabeau, femme de Charles VI, du château de Tours où elle était gardée à vue, et s’être rendu maître de cette ville, s’empara de Pressigny et y mit garnison. » Le duc ne conserva pas longtemps sa conquête ; Charles VII, la lui enleva l’année suivante.

Dès avant l’année 1200, la seigneurie du Grand-Pressigny était fortifiée.

En 1202, cette seigneurie et celle de Sainte-Maure appartenaient à Guillaume de Pressigny. A cette époque, Arthur, duc de Bretagne, était en guerre avec son oncle Jean-sans-Terre, roi d’Angleterre. Guillaume de Pressigny combattait dans les rangs des partisans de Philippe-Auguste, contre les Anglais. Arthur s’étant laissé surprendre à Chinon par son ennemi le 1er août 1202, fut fait prisonnier, et Jean-sans-Terre, par ses lettres patentes datées de Chinon du 4 du même mois, enjoignit à Guillaume des Roches, sénéchal du Poitou, d’avoir à remettre à Girard d’Athée, qui tenait pour les Anglais, les terres de Guillaume de Pressigny et de raser les forteresses du Grand-Pressigny et de Sainte-Maure.

Peu de temps après, Guillaume de Pressigny rentra en possession de ses domaines et se hâta de réparer les désastres que les résultats défavorables de cette guerre lui avaient fait éprouver.

En 1213, il fit construire ce qu’on appelle aujourd’hui le vieux château du Grand-Pressigny. Trois siècles plus tard ce vieux château fit place au château moderne dû au marquis de Villars qui possédait la terre de Pressigny au XVIe siècle.

Il existe encore quelques parties remarquables du vieux château, entre autres le magnifique donjon quadrangulaire, la porte fortifiée du pont-levis, des douves et plusieurs autres restes d’ouvrages de fortification.

La majeure partie du château moderne a disparu à son tour sous le marteau des démolisseurs, après les événements de 1789 ; le principal corps d’habitation notamment a été rasé en entier, ainsi que la chapelle et les cuisines.

Le donjon ou vieille tour carrée, les anciennes galeries, la tour octogone, dite tour vironne, la porte fortifiée du pont-levis, les douves, les souterrains et le puits composent l’ensemble de ce que Pressigny possède aujourd’hui de plus remarquable de son château seigneurial.

I. Donjon. — La tour carrée date de la même époque que le vieux château dont elle faisait partie : il est probable qu’elle formait la pièce principale de défense et le dernier refuge des assiégés.

Ce donjon était divisé en plusieurs, étages au moyen de voûtes et de planchers intérieurs auxquels on communiquait par un escalier tournant pratiqué dans l’épaisseur du mur. De plus, il était surmonté par une haute toiture en charpenté, qui donnait à l’édifice une. hauteur totale double environ de celle qu’elle a actuellement. La toiture en charpente, les voûtes et les planchers intérieurs ont été démolis depuis 1789.

Dans la partie supérieure du donjon se trouvait « le Trésor des titres » ; c’était là qu’étaient déposés les titres, chartes et papiers concernant la terre de Pressigny ; ces papiers ont été détruits ou dispersés en totalité à la suite de la révolution de 1789. Un inventaire dressé en mars 1728, au château, par Tenèbre, notaire au Grand-Pressigny, donne l’énumération de ceux que contenait une armoire à quinze guichets, placée dans cette tour.

Après 1789, le donjon et les autres dépendances du château et de la terre de Pressigny ont été saisis au profit de l’État sur M. Gilbert de Voisins, alors propriétaire de cette terre et vendus comme biens nationaux provenant d’émigré. M. Guillaume-François Poyard, demeurant à Tours, s’en rendit adjudicataire et, après son décès, le donjon et le château furent partagés entre ses enfants ; ils échurent à Madame Renée-Emilie Poyard sa fille, épouse de M. Stanislas Moreau, directeur de diligences à Tours.

De Madame Moreau-Poyard, le donjon passa, au moyen de ventes successives à Hippolyte Delaunay père et à Louis Hippolyte Delaunay son fils ; enfin, et pour en assurer la conservation la commune du Grand-Pressigny en fit l’acquisition, suivant contrat de vente passé devant Me Malardier, notaire au Grand-Pressigny, le 24 décembre 1856. Classée maintenant au rang des monuments historiques et placée sous la protection immédiate de l’administration, cette tour échappera, nous l’espérons, à la destruction.

II. Anciennes galeries. — Les anciennes galeries du château forment un vaste corps de bâtiment, élevé sur un rez-de-chaussée à arcades cintrées avec tourelle à la tète orientale, orné d’une façade à colonnades du côté du nord, et communiquant par le côté occidental à la tour octogone dont nous allons parler.

Ce corps de bâtiment fut transmis à Mme Moreau-Poyard par son père, de la même manière que le donjon ; il fut acheté ensuite avec la tour octogone par M. Hospice Guérin, puis, en sont successivement devenus acquéreurs les époux Pasquier-Cellerin, M. Legry, M. Vigeant-Moreau, M. Auguste Page, et enfin le département d’Indre-et-Loire, qui en a fait l’acquisition par contrat passé devant Me Malardier, notaire, au Grand-Pressigny, pour y établir la caserne de gendarmerie.

Les différents propriétaires des anciennes galeries du château ont fait éprouver à cet édifice diverses modifications et mutilations : la toiture, qui se terminait autrefois à angle aigu, a été abaissée d’une manière sensible, les tourelles ont été dégarnies de leur charpente supérieure, et la distribution intérieure a été complètement dénaturée.

Une des cheminées de ce bâtiment est remarquable par les ornements d’architecture qui terminent son tuyau.

C’est à M. le marquis de Villars que l’on doit la construction des anciennes galeries, et son chiffre, consistant en deux V entrelacées de deux S, se voit encore dans les vestiges des belles peintures murales qui les décoraient.

III. Tour octogone, dite tour vironne. — D’une architecture hardie et élégante, cette tour parfaitement conservée est terminée en forme de dôme et couronnée par une galerie circulaire extérieure. On y monte par un escalier tournant pratiqué à l’intérieur, et, du sommet de la galerie supérieure, on domine tous les environs qui viennent réjouir la vue par le spectacle d’un panorama magnifique.

Cette tour se reliait autrefois au château, mais les parties voisines ont été démolies et elle se trouve à peu près isolée.

Elle est comprise dans l’acquisition faite par le département.

IV. Porte fortifiée. — A la partie occidentale de l’enceinte du château se trouve la porte d’entrée encore garnie de la majeure partie de ses anciennes fortifications, telles que tours crénelées, bastions, etc. Un pont-levis jeté au-dessus des douves, venait s’abaisser devant cette porte.

V. Doûves, souterrains, puits. — Le puits à eau, garni d’un couronnement à colonnes a été conservé pour l’usage des habitants. Ce puits, creusé à une grande profondeur, ne tarit pas, même par les plus grandes sécheresses. Un souterrain, actuellement comblé, permettait autrefois de descendre jusqu’au vaste bassin qui forme le fond de ce puits.

Les douves de ceinture encore garnies en partie de murs et flanquées de leurs bastions en ruine, sont transformées en terres cultivées, et les nombreux souterrains qui existaient dans l’enceinte du château et dont on voit encore plusieurs embouchures, sont comblés.

Nous ne ferons pas ici une description plus étendue de ces ruines : nous constatons seulement qu’elles méritent tout l’intérêt de l’archéologue, et nous terminons en appelant sur elles l’attention de l’artiste et de l’observateur.

M. Breton-Dubreuil, ancien maire du Grand-Pressigny, possède une gravure du XVIIe siècle, représentant le château de Pressigny tel qu’il était alors. A l’aide de la photographie, M. Breton a fait reproduire cette gravure à un certain nombre d’exemplaires qu’il a bien voulu offrir aux personnes qui s’intéressent aux souvenirs historiques de la localité.

L’inventaire fait au château en 1728, et dont nous avons conservé une copie, dénomme ainsi les divers appartements où le mobilier inventorié se trouvait placé : 1° la chambre du sieur Moreau, concierge ; 2° la cuisine à côté ; 3° la chambre à côté de celle du concierge ; 4° le cabinet sous un escalier, près la chambre de Madame ; 5° la chambre de Madame ; 6° la chambre à coucher de Madame ; 7° le cabinet dit de la reine-mère ; 8° la petite salle à manger ; 9° la grande salle voûtée du château ; 10° la chambre des demoiselles ; 11° le petit cabinet à côté ; 12° un autre cabinet à côté ; 13° la chambre jaune ; 14° une autre petite chambre ; 15° la chambre de la tour, sur la prison ; 16° un cabinet au-dessus des remises ; 17° un autre cabinet au-dessus des remises ; 18° la chambre au-dessus de celle de Madame ; 19° le cabinet doré ; 20° la chambre bleue ; 21° la chambre d’Holopherne ; 22° le petit cabinet à côté ; 23° la garde-robe de la même chambre ; 24° la grande salle ; 23° la chambre du mauvais riche ; 26° la garde-robe de la dite chambre ; 27° la petite chambre verte ; 28° la grande galerie ; 29° la chambre de M. le marquis ; 30° le cabinet à côté ; 31° le cabinet à écrire ; 32° la chambre des serpents ; 33° le cabinet à côté ; 34° une chambre de domestique ; 35° la chambre vis-à -vis le grand garde-meuble ; 36° la chambre des laquais ; 37° la chambre des officiers ; 38° la chambre du maître-d’hôtel ; 39° la cuisine ; 40» l’office ; 41° la serre ; 42° la chapelle ; 43° le grand garde-meuble ; 44° les caves du château ; 45° les écuries ; 46° la chambre sur l’écurie ; 47° une autre écurie ; 48° le pressoir.

Parc du château. — Il dépendait du château du Grand-Pressigny un parc d’une grande étendue, entièrement entouré de murs, ayant dans son enceinte une orangerie remarquable, des jardins, des parterres, etc.

A l’angle nord-est se trouve une tourelle en ruine.

Vers l’extrémité septentrionale il existe un bassin d’eau vive qui sert à irriguer les prairies voisines. L’un des seigneurs de Pressigny, M. de Maison-Rouge, dit-on, avait projeté d’amener l’eau de ce bassin jusqu’à la place publique du bourg. Des travaux assez importants ont même été commencés dans ce but, et la charrue a mis à jour encore tout récemment, dans plusieurs endroits du parc, des tuyaux de conduite appropriés à cette destination, mais l’entreprise a été abandonnée avant d’être terminée, et elle n’a pas été reprise depuis.

On remarque encore dans le parc une grotte construite en maçonnerie, garnie d’une belle voûte en pierre de taille, avec une façade ornée de médaillons, niches et autres détails d’architecture ; le chiffre de la famille de Villars s’y rencontre sculpté dans plusieurs endroits. Cette grotte était surmontée par un belvédère qui n’existe plus. Dans son voisinage, on voit les excavations où les glacières du château étaient pratiquées.

Capitaines-gouverneurs du Château du Grand-Pressigny.

La garde du château du Grand-Pressigny a été, à plusieurs reprises, confiée à des capitaines-gouverneurs chargés des intérêts des seigneurs du lieu, pendant que ceux-ci, investis de fonctions importantes ou occupés à guerroyer, se tenaient éloignés de leur terre.

Nous citerons notamment comme ayant porté le titre de capitaine du château du Grand-Pressigny :

1. — Antoine François, écuyer, sieur de la Marre, capitaine du château en 1575. Il avait épousé en 1568 Perrine Mesgret ; son fils, ci-après, lui succéda.

2. — Honorat François, sieur de la Borde, devenu depuis, propriétaire des Courtils ; il était capitaine du château en 1605. Marié à Anne Quantin.

3. — Etienne Mathé, écuyer, sieur de la Verdure et de Crançay ; d’abord maître-d’hôtel du marquis de Villars, puis capitaine du château, fonction qu’il exerçait en 1629. Il mourut âgé de 84 ans, le 14 février 1637 ; marié à Elisabeth de Gabet.

4. — Théophile de Casenoue, d’abord précepteur des enfants du marquis de Sillery, puis capitaine du château, fonction qu’il exerçait en 1645. Décédé le 20 juillet 1649 ; marié à Jeanne Gouaillon.

5. — Guillaume Pol, sieur de Malbastit, vivait en 1658. Il avait épousé Gabrielle Maret.

6. — Jean-Mathieu de la Mothe, écuyer, sieur du Monsel ; marié à Anne François des Rosiers.

7. — Vautier de Roy, sieur des Voustes, commença son exercice en 1664 ; il avait épousé Denise Haran.

8. — Charles Gardret, capitaine du château en 1676.

9. — Marin Lucas exerçait en 1714 ; mort le 1er février 1721.

Les registres de l’état civil de l’époque, nous fournissent sur M. du Monsel, capitaine 6e nommé, un article nécrologique contenant certains détails utiles à consulter pour notre histoire locale. Nous les reproduisons ici.

« Le 23 décembre 1713 a été inhumé Jean-Mathieu du Monsel, gouverneur du château de Pressigny. Il était originaire de Gascogne, et après plusieurs campagnes en Italie et en Flandre, il vint ici vers l’année 1650, au service de Monseigneur le marquis de Sillery, qui le choisit pour être gouverneur de M. le marquis de Puisieux, son fils aîné, ci-devant ambassadeur en Suisse et gouverneur d’Orives, et le conduire à l’armée dans ses premières campagnes. Il resta auprès M. de la Basinière après qu’il eut acheté le Grand-Pressigny de M. de Sillery, pendant lequel temps il épousa Mlle des Rosiers, et après la mort de M. de la Basinière, Mme la comtesse de Nancré, sa fille s’étant trouvée dame de ce lieu, l’a conservé dans sa maison où il a vécu toujours fort exemplairement et avec une fidélité si inviolable à ses maîtres, qu’étant tombé dans un âge décrépit, sa maîtresse a cru ne pouvoir reconnaître ses services, qu’en lui faisant fournir abondamment tout le nécessaire à la vie jusqu’au dernier soupir. Son humilité l’a porté à être enterré sans cercueil dans le cimetière, immédiatement derrière l’autel. Messieurs du Chapitre ont assisté à ses funérailles. »

(Signé) Davaillau, curé.

Église du Grand-Pressigny.

A l’exception des peintures murales de la sacristie, l’église du Grand-Pressigny n’offre rien de bien remarquable. L’abside est de forme circulaire, elle se rattache au style roman ; la nef et les autres portions du vaisseau présentent une distribution irrégulière qui indique des retouches et des augmentations faites sans uniformité de composition et à des époques assez éloignées les unes des autres.

Depuis longtemps, Pressigny est en possession d’une église. Grégoire de Tours la cite dans ses ouvrages, et il indique qu’elle était bâtie bien avant le temps où il écrivait (VIe siècle). Il nous apprend aussi (vie de saint Nicet) qu’il lui donna des reliques de saint Nicet, évêque de Lyon. Les reliques n’ont pas été conservées et notre église n’en possède plus.

Saint Gervais et saint Protais sont ses patrons.

Une litre seigneuriale, encore apparente, entourait l’église à l’extérieur ; les armoiries en ont été effacées.

Clocher. — Le clocher a été reconstruit en 1656 aux frais de M. Brulard de Sillery, baron du Grand-Pressigny, par Jacques Poitou, charpentier, décédé le 6 avril 1638.

Inscription. — Au-dessus de la principale porte latérale, du côté du nord, à l’extérieur, on remarque une inscription occupant trois pierres superposées, et gravée eu caractères gothiques. La lecture en est devenue assez difficile par suite de quelques dégradations et aussi par l’effet de la couche de badigeon qui la recouvre.

Avec le concours de M. l’abbé Hersant, alors vicaire du Grand-Pressigny, j’ai étudié cette inscription, j’en ai dressé un fac-similé que j’ai adressé à la Société archéologique de Touraine, et il en a été rendu compte dans la séance du 25 novembre 1863 (v. le tome 17 des mémoires, page XXXVIII*).

La première pierre, celle supérieure, paraît avoir été occupée par des armoiries, effacées avec l’aide du marteau et du ciseau. La surface des deux autres est occupée par l’inscription qui contient douze lignes.

Voici les phrases et parties de phrases que M. Hersant et moi avons déchiffrées : « ..... mette en son mémoire qu’en ceste église a fait faire feu messire Jacques de Tigne, chevalier, sieur de Pressigne, qui espousa dame Hardouyne de Laval, c’est chose certayne, l’an mil cinq cent et ung en may le quart jor trépassa ..... céans en ... Dieu en ayt l’âme en paradis. Amen ... ceux qui près ci passe prie Dieu pour les trespassés Jehan de Laurene, servitur dudit signur. »

Ces fragments sont assez complets pour permettre de supposer que ces pierres faisaient partie d’un monument funèbre élevé dans l’église du Grand-Pressigny, à la mémoire de Jacques de Tigny, l’un des barons du Grand-Pressigny, et que le déplacement de ce monument étant devenu nécessaire, probablement en raison de l’agrandissement de l’église par l’addition d’une aile supplémentaire, les pierres contenant l’inscription ont été placées dans le mur de la partie ajoutée, à la place où on les voit maintenant, afin d’en assurer la conservation.

Crypte. — Sous l’abside, il existe une crypte, mais l’entrée est murée par le dallage.

Sacristie ; chapelle seigneuriale. — La sacristie est placée dans une chapelle voûtée qui, autrefois, était la chapelle seigneuriale du lieu.

Des peintures murales du plus grand mérite, et dont l’auteur n’est pas connu, ornaient, il y a peu de temps encore, tout l’intérieur de cette chapelle. Le badigeon, des ouvrages de menuiserie et de maçonnerie nous en ont enlevé la majeure partie, au grand regret des amis des arts ; cependant ce qui a été épargné est encore un digne sujet d’admiration, et M. le comte de Galembert, dans une notice publiée dans les mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome V, page 226, en a donné une description aussi intéressante qu’exacte. Nous y renvoyons.

Comme nous venons de le dire, l’auteur de ces peintures est encore inconnu ; le champ des suppositions est donc ouvert. Les devons-nous au pinceau d’un grand maître tel que le Primatice ou Philippe de Champagne, ainsi que quelques personnes le pensent, ou bien devons-nous les attribuer à un nom moins célèbre ? Nous n’avons pas les éléments suffisants pour répondre d’une manière satisfaisante à cette question, mais, sans émettre ici notre opinion, nous ferons remarquer, à titre de simple renseignement, que sur les registres des actes de baptême de la paroisse du Grand-Pressigny, se trouve inscrit, à la date du 28 mai 1620, un acte où figurent : comme marraine « demoiselle Jeanne de Saulx, fille de M. le vicomte de Tavannes, étant près de la marquise de Villars, sa tante, » et comme parrain, « Jean Dichyer, peintre de Monseigneur le marquis (de Villars, baron du Grand-Pressigny). »

Ce Jean Dichyer ne serait-il pas l’auteur des peintures murales dont il s’agit ? Nous serions assez disposé à le croire.

Caveau sous cette chapelle. — Ce caveau était destiné à recevoir les restes mortels des seigneurs du Grand-Pressigny.

Dans une notice adressée à la société archéologique de Touraine, insérée dans le tome 3 du bulletin de cette Société et que nous ne reproduisons pas ici, nous avons rendu compte d’une excursion que nous avions faite en 1867 en ce caveau avec M. Breton-Dubreuil, alors maire du Grand-Pressigny, et M. le docteur Léveillé. Nous y avons établi la description du caveau, l’indication des inscriptions qui y existaient, ainsi que l’inventaire des ossements que nous y avons trouvés, ossements qu’avaient contenus autrefois des cercueils brisés et enlevés à l’époque révolutionnaire. Enfin, dans notre conclusion, nous avons expliqué que, parmi ces ossements, une partie appartenait aux cinq personnages suivants :

1° Honorât de Savoie, marquis de Villars, baron du Grand-Pressigny, décédé le 20 septembre 1580 ;

2° Jeanne de Foix, sa femme, décédée le 30 mai 1542 ;

3° Philibert-Emmanuel des Prez de Montpezat, marquis de Villars, baron du Grand-Pressigny, tué au siège de Montauban, le 5 septembre 1621 ;

4° Henri de Lorraine ;

5° Et Macé Bertrand, fils aîné de Macé Bertrand de la Basinière, baron du Grand-Pressigny, tué le 14 novembre 1672 par le sieur de la Prade.

Chapelle dite actuellement de sainte Barbe. — Une autre chapelle, située dans la partie méridionale de l’église, est dédiée à sainte Barbe. Elle attire particulièrement les dévotions des habitants de la campagne, qui viennent, chaque année, invoquer la protection de la sainte contre la grêle.

Chapelle dite de sainte Anne, autrefois de sainte Barbe ou de la Borde, — La chapelle actuelle de sainte Barbe n’est pas celle qui, dans l’origine, avait été placée sous ce vocable. Cette dernière reconnaît maintenant sainte Anne pour patronne. Elle est située dans la partie septentrionale de l’église, à côté de la porte d’entrée ; elle forme une annexe en saillie sur la place, et un petit clocheton où se trouvait autrefois une cloche la surmonte.

C’est à la générosité d’un prêtre nommé Robert Chesneau, bachelier en droit, seigneur de la Borde, près de la Joubardière, et curé de Romainville, au diocèse de Chartres, que l’on doit la chapelle primitive de sainte Barbe, aujourd’hui de sainte Anne, et que quelques anciens titres désignent aussi sous le nom de chapelle de la Borde.

Elle fut construite en 1552 : les travaux commencèrent le 1er août de la même année ; le fondateur en posa la première pierre et il ordonna qu’il y serait inhumé, en réglant en même temps les cérémonies religieuses et les prières qui auraient lieu après son décès pour le repos de son âme.

Afin d’assurer le service du culte divin dans sa chapelle, Robert Chesneau y institua un chapitre composé d’un certain nombre de chapelains, et au moyen de diverses donations, il pourvut à l’entretien de cette chapellenie.

La date de l’acte de fondation et du chapitre est du 1er mars 1553. Pour les renseignements concernant le chapitre du Grand-Pressigny et sa composition, voir ci-après.

Liste des curés du Grand-Pressigny.

Les archives communales fournissent les éléments nécessaires pour établir cette liste d’une manière complète depuis 1579 ; les documents nous manquent pour l’époque antérieure.

Massot (Jean), curé en 1559.

Il faisait partie de l’assemblée des notables réunie à Tours pour la révision de la coutume le 3 octobre 1569.

Barre, curé en 1575 jusqu’en 1590.

On remarque de lui, sur les registres de l’état civil un acte de baptême à la date du 13 août 1579 où les parrains étaient Honorat de Savoie, comte de Tende, amiral de France, et Philippe de Créqui, chevalier de l’ordre du roi, sieur des Bordes, et la marraine madame Anne de Rochechouard dame de Villequier et d’Etableau.

Roy, de 1590 à 1638.

Vanneur, de 1638 à 1641.

Ce curé constata en ces termes, sur les registres, de l’état civil, la prise de possession de sa cure. « J’ai sousigné, pris possession de la cure des bienheureux saint Gervais et saint Protais du Grand-Pressigny en Touraine, le 24 février 1638 à l’issue de la grand’messe et vespres, environ midi, en vertu de mon visa, obtenu à Tours, le 19 du même mois et an et signé Bertrandus d’Eschaus ar. Turonensis, ayant en mains mes provisions de Rome, en date du 3 décembre 1637, lesquelles ont été expédiées suivant le contenu de la procure ad resignandum de messire Louis Roy, mon prédécesseur, passées en ma faveur par Dethays, notaire royal, demeurant à Sainte-Julitte le 26 octobre de la même année. »

Le dernier acte de baptême signé par ce curé porte la date du 16 avril 1641. Il y eut ensuite vacance dans la cure jusqu’en 1648. Pendant cette vacance, un délégué était chargé du service.

Bouguereau, de 1648 à 1657.

Son premier acte de baptême porte la date du 9 février 1648.

Delafond, de 1657 à 1666.

Le premier acte de baptême signé par ce curé est daté du 13 août 1657.

Ayant été appelé à protester contre les propositions de Jansenius, il a laissé sur les registres de l’état-civil la teneur de sa protestation ; elle est ainsi conçue :

« J’ai, prêtre, curé et chanoine de l’église de St-Gervais et de St-Protais du Grand-Pressigny étant en synode de ce diocèse de Tours, tenu par M. Victor le Bouthelier, archevêque, signé avec tous les curés les constitutions des papes Innocent X et Alexandre VII touchant les cinq propositions de Cornélius Jansenius, et les ai depuis fait signer dans le présent registre à Messire Charles-Louis Yvert, mon vicaire et maître du collège dudit lieu en la forme et teneur qui s’en suit :

« Je me soumets sincèrement à la constitution du pape Innocent X, du 31 mai 1653, selon son véritable sens qui a été déterminé par la constitution de N. S. P. le pape Alexandre VII, du 16 octobre 1656. Je reconnais que je suis obligé d’obéir à ces constitutions et je condamne de cœur et de bouche la doctrine des cinq propositions de C. Jansenius contenues dans, son livre intitulé : Augustinus, que ces deux papes et les évêques ont condamnées, laquelle doctrine n’est point celle de saint Augustin que Jansenius a mal expliqué contre le vrai sens de ce docteur. »

« (Signé) Delafond, curé, chanoine du Grand-Pressigny, Hyvert, vicaire du Grand-Pressigny et maître du collège. »

M. Delafond consigna encore sur les mêmes registres une ordonnance de l’archevêque de Tours en date du 2 juin 1661, qui défendait aux prêtres de son diocèse de fréquenter les cabarets et de dire la messe en justaucorps.

Imbault, de 1666 à 1683.

Trouvé, chanoine et curé, de 1683 à 1687.

Aviron, chanoine et curé, de 1687 à 1695.

Dumont, chanoine docteur en Sorbonne, de 1695 à 1699.

Davaillau, de 1699 à 1717 ; il fut inhumé le 31 janvier 1717.

Regnard, curé et chanoine, de 1717 à 1747 ; décédé le 7 mars 1747 à 67 ans.

Ténèbre, de 1747 à 1772 ; décédé le 26 septembre 1772.

Dutertre, de 1772 à la fin de 1817.

Il suspendit ses fonctions de curé pendant l’époque révolutionnaire qui suivit 1789 ; il ne les reprit, pour les exercer d’une manière régulière qu’en 1802.

Pendant cette période, le curé Martineau, prêtre assermenté, dit constitutionnel, exerçait le ministère du culte d’une manière ostensible, et le curé Drouard, de Saint-Martin d’Etableau, prêtre non assermenté, dit catholique, administrait secrètement les sacrements aux fidèles qui ne voulaient pas avoir recours au curé constitutionnel. M. Drouard avait reçu à cet effet de l’archevêque une autorisation qui s’étendait à tout le diocèse.

Ganne, de 1818 à 1830.

Pouant, de 1830 à 1868.

Baillif, exerce depuis 1868.

Chapitre du Grand-Pressigny.

Robert Chesneau, seigneur de la Borde, curé de Romainville, après avoir fait bâtir en 1552 de ses propres deniers, et avoir placé sous l’invocation de sainte Barbe « une belle chapelle au costé senestre entrant en l’église paroisse de St-Gervais et St-Protais du Grand-Pressigny, » pourvut cette chapelle de toutes choses nécessaires à l’exercice du culte, telles que nappes, linge, livres, calice et cloche, pour y célébrer à perpétuité le service divin ; puis, par acte passé devant notaire au Grand-Pressigny, le 1er mars 1552, il institua un chapitre composé de sept chapelains et de deux enfants de chœur,

Entre autres dispositions réglementaires que les chapelains devaient observer à peine d’amende, M. Chesneau ordonna que le service religieux se dirait paisiblement, posément et intelligiblement, sans précipitation ; que les chapelains seraient munis de leur surplis et chaperon ; qu’ils chanteraient matines ou vigiles depuis le jour de Pâques jusqu’à la Toussaint, à 5 heures du matin et depuis la Toussaint jusqu’à Pâques, à 6 heures ; qu’enfin ils diraient vêpres en tout temps à 3 heures après midi.

Le curé de la paroisse du Grand-Pressigny, mais non son vicaire, devait faire partie de droit du chapitre.

Pour former la première composition du personnel de ce chapitre, M. Chesneau désigna, outre Messire Jehan Massot, curé du Grand-Pressigny, savoir :

Comme premier et principal chapelain, Gérard Barre, clerc tonsuré, étudiant à l’Université de Poitiers, non encore prêtre, mais se disposant à le devenir ; jusqu’à sa nomination à la prêtrise l’un de ses collègues devait le suppléer.

Le premier chapelain présidait le Chapitre ; il émettait le premier, si bon lui semblait, son opinion aux conseils ; il recueillait l’avis des autres et en cas de partage des voix, la sienne était prépondérante. Il prélevait chaque année, en plus que les autres chanoines, 50 sols sur les ressources communes.

Comme deuxième chapelain, M. Pierre Dechartre, chargé de l’office de sacristain et de marguillier. Il avait la garde des clefs et des ornements ; il sonnait les offices, allumait et éteignait les cierges et fournissait l’encens. Il lui était alloué aussi une somme de 50 sols à prélever sur les ressources communes ; en cas de négligence, il pouvait être puni d’amende et privé de son traitement.

Comme troisième chapelain, M. Pierre Perrot, pointeur, avec mission de pointer les chapelains qui seraient présents et feraient leur devoir, et ceux qui s’absenteraient aux heures du service. Il devait, chaque semaine, placer dans la chapelle un tableau contenant la liste des chapelains, avec l’indication des devoirs et charges que chacun d’eux avait à remplir. Il prélevait sur les revenus du chapitre 25 sols.

Comme quatrième et cinquième chapelains, MM. Pierre Bernier et Pierre Groignard.

Quant au sixième, le droit de le présenter fut accordé à Madame Anne de Rochechouart, dame d’Étableau, sa vie durant, en reconnaissance de ses bienfaits, et cette dame présenta Adam du Mont.

Enfin, ont été désignés : pour premier enfant de chœur, Léonard Barre, et pour second, Émery Bidon. Onze sols tournois leur furent accordés à chacun annuellement sur le revenu de la fondation, et dans le cas où ils se feraient recevoir prêtres, ils pouvaient se faire recevoir chapelains par préférence à tous autres au fur et à mesure qu’il y aurait vacance de titres.

M. Chesneau se réserva pendant sa vie le droit de patronage et de présentation des chapelains ; après son décès ce droit revenait à l’archevêque.

Pour faire face aux charges de cette fondation, il consentit à l’abandon de différents cens, rentes, revenus et immeubles ; le titre qui nous fournit ces renseignements n’en contient pas l’énumération, mais d’autres documents font connaître que le domaine de la Borde, notamment, était compris dans l’abandon.

Cette dotation fut augmentée peu de temps après au moyen d’une nouvelle donation que M. Chesneau fit au Chapitre, par acte, en date du 21 février 1554.

La fondation du chapitre du Grand-Pressigny fut autorisée par Mgr Simon de Maillé, archevêque de Tours, en 1554, et elle fut confirmée par lettres patentes de Henri II, en date à Compiègne du mois de juillet 1557.

Par un testament en date de 1574, et des codiciles d’avril et de mai 1579, Honorat de Savoie, marquis de Villars, baron du Grand-Pressigny, donna au Chapitre de Ste-Barbe, érigé en l’église du Grand-Pressigny, une rente de 1000 livres, destinée à être employée à l’entretien d’un doyen, de six chanoines, de quatre chapelains et de deux enfants de chœur.

Sa fille Henriette, par contrat du 15 juin 1594, augmenta cette donation de 210 livres, ce qui portait la rente à 1210 livres. Plus tard, Henriette de Savoie revenant sur ces dispositions et abusant très probablement de son influence et de son autorité, fit accepter par le mandataire des chanoines, une convention passée devant deux notaires du Châtelet de Paris, le 18 septembre 1602, par laquelle elle se libérait envers les chanoines des dons qui leur avaient été faits, tant par elle que par Honorat de Savoie, son père, en échange de l’abandon qu’elle leur faisait d’une rente de 500 livres, due par Florentin Ruau, rachetable au capital de 6000 livres. — Les chanoines retenus par la crainte n’attaquèrent cette convention qu’après le décès d’Henriette de Savoie, et elle fut annulée comme entachée de lésion par lettres patentes de Louis XIII, en date du 23 juillet 1614.

M. Gilbert de Voisins, baron du Grand-Pressigny, fit supprimer le chapitre du Grand-Pressigny en 1785, par l’archevêque de Tours.

On lit à ce sujet sur les registres de l’état civil :

« Le 27 novembre 1785, le décret d’extinction du chapitre du Grand-Pressigny a été fulminé au prône de la messe paroissiale du dit Grand-Pressigny par le sieur Dutertre, curé de la dite. paroisse, en conséquence, l’office canonial a cessé dudit jour, lequel avait été établi en l’année 1552, et avait été fondé par Robert Chesneau, et depuis doté par les seigneurs de Pressigny. Il est aujourd’hui détruit à la réquisition de M. Gilbert de Voisins, président du Parlement de Paris, seigneur dudit Pressigny et Étableau. Les habitants des deux paroisses et autres circonvoisines ont marqué la sensibilité la plus grande à la destruction du dit Chapitre. »

Signé, Drouard, curé.

Le curé de la paroisse et les chanoines n’étaient pas toujours d’accord sur leurs prétentions respectives, si nous devons en juger par une note laissée par M. Dutertre, curé de Pressigny, sur le registre des baptêmes ; nous la rapportons ici textuellement :

« Comme les chanoines ont fait depuis qu’ils sont entrés dans l’église paroissiale, en 1630, bien des usurpations sur les droits honorifiques de la cure, de crainte qu’ils ne s’arrogent une armoire à deux battants qui y est placée derrière les stalles, je déclare qu’elle y a été placée par un curé et qu’elle leur a toujours servi seuls jusqu’en 1728, que M. Regnard, curé, en céda la moitié à M. Dupuy, chanoine. »

La rente que les seigneurs du Grand-Pressigny servaient au chapitre s’élevait à 2400 livres en 1664.

Voici les noms de quelques-uns des chanoines du Grand-Pressigny : En 1662, Noël Delafond, François Lambert, Charles Champanois, Pierre Chevalier, Claude Champanois, Mathieu Chaslant ; — en 1673, Jacques Imbault, Charles et Claude Champanois, Mathieu Chaslant, Charles-Louis Yvert, Gabriel Devant et Louis Girard ; — en 1730, Joseph Moreau, Guillaume Regnard, Emery Thibœuf, Théodore-Acton de Marsay, Charles Villeret, Mathieu Chrestien et Pierre Tenèbre.

Place de l'église

La plus grande partie de la place publique qui se trouve devant l’église était occupée autrefois par le cimetière.

Le curé Tenèbre la fit enclore en 1754. Les désagréments financiers que ce travail lui suscita sont racontés par lui dans une note que nous retrouvons sur les registres de l’état civil et que nous rapportons ici :

« Au mois d’octobre 1754, j’ai, curé soussigné, acheté de la paroisse sept gros ormeaux qui étaient sur la place en assez mauvais ordre : je les ai achetés 90 livres, de laquelle somme j’ai retenu 50 livres pour le prix de la croix argentée que j’ai rapportée de Paris. Le surplus de la dite somme a été employé à faire renfermer la dite place par des poteaux de six en six pieds et des membrures de l’un à l’autre. M. de Maisonrouge, seigneur de ce lieu, a fourni le bois qui a été pris dans le parc.

Comme je faisais tirer par un câble et un tour un des plus gros ormeaux qui était placé entre la croix nouvellement placée au coin du cimetière et la maison de madame Robin, un vent impétueux s’éleva tout d’un coup du sud-ouest et renversa l’arbre sur la maison qui était en fort mauvais état, la dite dame Robin étant absente. J’ai fait mettre à neuf sa maison, comptant qu’elle entrerait pour quelque chose dans la dépense, mais elle n’a jamais voulu y entendre. J’ai mieux aimé laisser la chose que d’en venir aux extrémités. La croix, avant cette nouvelle plantation, était où se trouve le premier arbre à droite de l’allée qui est le long de la halle. J’ai tiré les jeunes arbres de chez M. le marquis de la Grange, dont je suis fort l’ami.

M. de Maisonrouge m’a fait payer 100 livres le bois qu’il avait promis fournir gratis pour renfermer la place. »

Halles

Pressigny possédait d’anciennes halles, accompagnées d’un corps de bâtiment composé de deux pièces dont l’une servait de salle d’audience. Ces halles, dues probablement à la libéralité d’un des seigneurs du Grand-Pressigny, ne présentaient rien que de très disgracieux dans leur forme. Elles ont été démolies en 1864 ; sur leur emplacement et sur celui d’une petite maison y attenant, a été construit l’édifice communal dont le rez-de-chaussée est resté affecté à la destination de halles et dont le. premier étage sert de mairie et de justice de paix.

Collège

Le grand corps de bâtiment que l’on désigne sous le nom de collège est dû, suivant Dufour, à la générosité de l’un des seigneurs du Grand-Pressigny.

La destination qu’il reçut alors et que son nom indique, lui a été conservé jusqu’à nos jours : il est aujourd’hui le siège de l’école primaire de la commune, après avoir été celui d’un établissement d’enseignement public qui n’a pas laissé que d’avoir autrefois une certaine importance.

Quelle qu’ait pu être jadis cette importance, il est à remarquer que l’influence d’une bonne école s’est fait sentir dans la contrée, depuis la fin du XVIe siècle jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Pendant cette période, les actes de l’état civil et les actes notariés portent presque toujours la signature des parties contractantes, et à la hardiesse de cette signature on reconnaît une plume exercée.

On voit figurer dans les archives locales, en 1150, comme maître ou directeur du collège le nommé Charles-Louis Yvert, vicaire au Grand-Pressigny. — En 1787, le collège avait pour principal l’abbé Deletang.

En 1660, François Dieulefit, de Châtellerault, devait au collège du Grand-Pressigny une rente, et il en consentait titre nouvel devant Tenèbre, notaire, le 23 de la même année.

Four banal

Tout seigneur, haut et moyen justicier, possédant bourg, avait, d’après les coutumes, un four banal où chaque habitant du bourg relevant de la seigneurie, était tenu de faire cuire son pain à peine d’amende et même de confiscation.

Le four banal du Grand-Pressigny était situé dans la rue qui en porte encore aujourd’hui le nom, sur l’emplacement d’une grange appartenant maintenant à François Coursault, boucher.

Après la révolution, il fut adjugé à M. Victor-Nazaire Chevrier-Favier, suivant procès-verbal dressé au district de Preuilly, le 21 nivôse an 2, et par un acte passé devant Millé, notaire à Neuilly, le 19 messidor suivant, ce four devint la propriété commune de M. Chevrier-Favier et de quelques autres habitants de Pressigny que M. Chevrier s’associa dans son acquisition.

Malardier.




Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs

Suite[4]

Liste des anciens propriétaires de la baronnie
du Grand-Pressigny

La terre-baronnie du Grand-Pressigny a été successivement possédée par : 1o les chanoines de Saint-Martin de Tours ; 2o la famille de Pressigny ; 3o celle de Craon ; 4o celle de Chabot ; 5o celle de Beauvau ; 6o celle de Prie ; 7o celle de Savoie-Villars ; 8o celle des Prez ; 9o celle de Brulart de Sillery ; 10o celle de Bertrand de la Bazinière ; 11o celle de Masson de Maisonrouge ; et 12o celle de Gilbert de Voisins.

I
Chanoines de Saint-Martin de Tours

Les premiers possesseurs du lieu ou domaine de Pressigny dont on retrouve des traces dans l’histoire sont les chanoines de Saint-Martin de Tours.

En 774, Charlemagne confirma la donation de Pressigny faite à Saint-Martin par Antlandus, abbé de Saint-Martin.

Les auteurs citent une charte de Charles le Chauve, datée de l’an 862, portant affectation à la mense des chanoines de Saint-Martin de Tours, entre autres biens, de Pressigny, avec une chapelle, un domaine seigneurial et d’autres dépendances considérables dont ils avaient été précédemment dépouillés soit par la négligence de leurs abbés, soit par le malheur des temps ou par d’autres circonstances.

En 920, Charles le Chauve approuva ces possessions.

Le roi Raoul, par un diplôme de l’an 930, leur en confirma de nouveau la jouissance avec exemption de tous les droits et redevances qui se percevaient à cette époque.

II
Famille de Pressigny

Les historiens ne nous fournissent que des renseignements contradictoires sur l’origine de la famille de Pressigny. Le Laboureur prétend qu’elle est issue d’une famille de Loudun ; Duchesne la fait descendre de la maison de Berrie ; d’autres lui donnent pour origine la maison de Beauçay. En présence de cette divergence nous ne pouvons qu’en appeler à de nouvelles et plus amples recherches de la part des généalogistes.

On serait assez porté à croire que les anciens membres de cette famille s’emparèrent du fief de Pressigny sur l’église de Saint-Martin de Tours à la faveur des désordres et de l’anarchie où la France se vit plongée lors de la décadence de la maison de Charlemagne. De la possession de ce fief leur vint sans doute le nom de Pressigny, qu’ils échangèrent plus tard contre celui de Sainte-Maure.

Guillaume de Pressigny, qui suit, est, après les chanoines de Tours, le plus ancien seigneur de Pressigny et le premier membre de la famille de ce nom dont nous ayons connaissance.

1. — Guillaume de Pressigny, Ier du nom

Guillaume de Pressigny se distingua dans les armes sous Philippe-Auguste, qui récompensa ses services en le nommant chevalier banneret en 1204. On sait que ce titre conférait le droit de faire porter sa bannière dans les armées du roi à la condition toutefois de fournir armé et équipé un contingent de cinquante lances. Cette bannière était carrée, tandis que celle des simples chevaliers était fendue en forme de queue d’hirondelle.

Il épousa, vers 1160, Avoie ou Avoise, dame de Sainte-Maure, fille unique de Guillaume de Sainte-Maure, et il reçut d’elle en dot la baronnie de Sainte-Maure et tous les autres biens de son père.

Après son mariage, il prit tantôt le nom de Pressigny, tantôt celui de Sainte-Maure, suivant les actes qu’il faisait dans l’une ou dans l’autre de ces seigneuries ; quelque fois aussi il prenait le titre de Pressigny-Sainte-Maure, mais il scellait toujours du sceau de Pressigny.

Il confirma en 1205 les exemptions du péage que Guillaume de Sainte-Maure, son beau-père, avait accordées à l’abbaye de la Merci-Dieu. Avoise sa femme, ses fils Josbert et Hugues, et ses filles Garcie, Areniburge, Pétronille et Domète, concoururent à cet acte.

Par un autre titre, qui porte la date de 1209, Guillaume de Pressigny, seigneur de Sainte-Maure, accorda, du consentement d’Avoise, sa femme, de Guillaume, son fils aîné et de ses autres enfants, aux religieux de la chartreuse du Liget, pour le rachat de ses péchés et de ceux de ses ancêtres, exemption pleine et entière du péage dans l’étendue de ses terres.

Sa femme et lui fondèrent dans l’église de Tours la chapelle Saint-Jacques, où leurs armes étaient peintes sur les vitraux.

Une charte, datée de 1213, de l’abbé, et des religieux de Saint-Julien, constate un accord fait entre le chapitre de Saint-Martin et le prévôt de Saint-Épain, d’une part, et Guillaume de Pressigny, seigneur de Sainte-Maure, de l’autre, au sujet des biens d’un certain Lambert, qui avait tué un homme. Ces biens ayant été confisqués appartenaient au seigneur de Sainte-Maure, mais le prévôt s’en empara le premier, et l’abbé de Saint-Julien, nommé commissaire avec son prieur et son sacristain, pour juger le différend, adjugea les biens au prévôt sans décider la question de droit. (Dom Housseau, nos 2359 et 2365.)

Artus, duc de Bretagne, venait de se laisser surprendre à Mirebeau par Jean-sans-Terre, son oncle, roi d’Angleterre, (1er août 1202). Quatre jours après cet éclatant fait d’armes, le roi d’Angleterre, par ses lettres patentes datées de Chinon, manda à Guillaume des Roches, sénéchal d’Anjou, de mettre entre les maius de Girard d’Athée, qui tenait pour le roi d’Angleterre, la terre de Guillaume de Pressigny, de la prendre sous sa garde et de la conserver au roi anglais ; quant à ses forteresses, ordre était donné de les raser. Il devait en outre laisser Girard saisir ceux qui avaient rompu le ban du roi Jean partout où il les trouverait et les mettre à rançon pour l’avantage commun du roi et du sénéchal. Guillaume de Pressigny était alors possesseur des deux seigneuries de Sainte-Maure et de Pressigny ; il tenait pour Philippe-Auguste. Le roi Jean ordonna de raser ces deux places fortes et de retenir les domaines entre ses mains jusqu’à la soumission de son vassal rebelle. (M. Salmon, Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome XIII.)

A la suite de ces événements, Guillaume de Pressigny fit construire le vieux château du Grand-Pressigny, dont le donjon ou tour carrée est encore debout.

Il établit vers 1190 un monastère au Grand-Pressigny, à la prière de Renald ou Renaud, abbé de Pont-Levoy.

Il eut de son mariage avec Avoise de Sainte-Maure : 1o Guillaume, qui suit ; 2o Josbert,qui va suivre ; 3o Hugues, doyen de Saint-Gatien et prieur de Loches en 1222-1229 ; 4o Garcie ; 5o Aremburge, femme de Renaud de Sublaines ; 6o Pétronille ; et 7o Domète.

2. — Guillaume, IIe du nom, fils du précèdent, dit de Sainte-Maure

Guillaume II de Pressigny, ou III de Sainte-Maure, laissa tout à fait le nom de Pressigny pour prendre celui de Sainte-Maure.

Il promit au roi que Guillaume de Faye ne prendrait les armes ni contre lui ni contre ses sujets, sous peine de 200 marcs d’argent ; il en donna acte en 1218.

Il fut l’un des bienfaiteurs du monastère de Beaugerais près de Loche, par un don qu’il fit à cette abbaye le 7 des ides d’octobre 1218, en exemptant les religieux de tout droit de péage dans l’étendue de ses terres. Ce titre est scellé de son sceau ayant pour légende : « S. Widelmi de Sa Maura ». Sur ce sceau il est représenté à cheval tenant d’une main l’épée haute et de l’autre l’écu de Sainte-Maure ; son cheval est caparaçonné des mêmes armes. (M. Martin.)

Il mourut sans postérité en 1223.

3. — Josbert, frère du précèdent

Josbert, seigneur de Pressigny, de Sainte-Maure, de Nouâtre, etc., succéda au précédent, son frère aîné.

Il ratifia au mois de janvier 1228 la fondation de la chapelle de Saint-Jacques, dont nous avons parlé, et il fut une des cautions du roi saint Louis pour son traité de paix avec le comte de Foix en 1229.

Il maintint, par des lettres en date de 1223, le monastère de Sainte-Croix de Poitiers dans la possession de certains droits sur les hommes de Saint-Romain et de Villèche. La même année il accorda le franc passage sur ses terres aux moines de Beaugerais. Le titre de cette dernière concession porte son sceau avec cette légende : « Sigillum Josberti de Sa Maura. » Il y est représenté à cheval, armé de toutes pièces, l’épée haute en une main ; de l’autre il tient un écu chargé d’une fasce, qui sont les armes de Sainte-Maure. Au contre-scel est un écu portant les armes de Pressigny.

La même année (1223), il confirma un don de 7 l. 1/2 tournois de rente affectée à l’érection d’une chapelle dans l’église de la Merci-Dieu, fait à cette église par Guillaume, son frère, à l’article de la mort. Cette donation fut approuvée tant par Josbert que par Hugues, son frère, alors son héritier présomptif, et il assigna cette rente sur le péage de Sainte-Maure, (Dom Housseau, no 2565.)

Il se croisa contre les Albigeois, et il fut un des chevaliers qui scellèrent de leur sceau le traité fait en 1229 au nom du roi saint Louis pour chasser les hérétiques des terres de Roger Bernard II, comte de Foix.

Josbert transigea en avril 1224 avec le chapitre de Saint-Martin, en présence du légat du pape, au sujet des injustices commises par lui contre les hommes de Saint-Epain, sujets de ce chapitre, et reçut 3000 s. et 10 l. tournois.

Cette même année il ratifia une donation faite par sa mère, Avoise, à l’église de Tours de 10 livres de rente pour y fonder son anniversaire ; il assigna cette rente sur les péages de Nouâtre. (Dom Housseau, no 2588.)

Encore en 1224, il transigea avec les religieux de Marmoutier au sujet des hommes de Saint-Épain. (Id., no 2596.)

En 1228, avec le consentement de sa femme, pour le repos de l’âme du comte de Vendôme, son beau-père, il exempta les religieux de Cormery de tous droits du péage coutumier sur ses terres. (Id. no 2661 ; M. Martin.)

Il épousa Agnès, fille de Bouchard V, comte de Vendôme, dont il eut : 1o Guillaume, qui suit ; 2o Josbert, chancelier de l’église de Saint-Martin de Tours, seigneur de Marans, de l’Alleu, de Loumeau, etc., et 3o Renaud de Pressigny, l’un des plus braves chevaliers de son temps. Il fut l’auteur de la branche cadette de Pressigny, qui reçut Etableau dans son patrimoine. (Voir la liste des seigneurs d’Etableau, que nous donnerons plus loin.)

Une charte dont la date nous est inconnue, constate que Mathieu Peloquin se disposant à faire le voyage de Jérusalem, emprunta de Josbert de Pressigny xxx livres. Josbert étant mort, Peloquin obtint de Guillaume de Pressigny et de sa mère la remise de sa dette à condition qu’il ferait une donation de 12 deniers de rente annuelle pour le repos de l’âme de Josbert. Il donna 6 deniers à l’abbaye de Luzay et 6 autres deniers à celle de Noyers, ainsi qu’à l’abbé Henry. (Dom Housseau.)

4. — Guillaume, IIIe du nom, fils du précèdent

Guillaume III de Pressigny (IV de Sainte-Maure), seigneur de Pressigny, de Sainte-Maure, la Croix-de-Bléré, le Plessis, Nouâtre, Chissay, etc.

Il fut présent en 1230 à une ordonnance rendue au château de Saumur par Charles, comte d’Anjou et de Provence, louchant le salaire des avocats en cour laye.

Il épousa Anne de Rançon, morte en 1302, dont il eut plusieurs enfants qui héritèrent en partie de Geoffroy, seigneur de Rançon et de Taillebourg, mort sans postérité. Cette succession fut la source d’un procès contre Hugues l’archevêque, qui fut jugé par Alphonse de France, frère de saint Louis, le 15 août 1269.

Il mourut en 1271, un an après saint Louis, qu’il accompagna probablement en Palestine.

Sa femme fut inhumée en l’abbaye de Suilly.

Guillaume, sur sa demande, obtint de Vincent, archevêque de Tours, la remise des tètes de sainte Maure et de sainte Britte, qui étaient renfermées avec les autres ossements dans une châsse en argent placée dans l’église de Sainte-Maure. Le titre constatant ce fait est en date du premier vendredi après le dimanche Reminiscere de l’année 1267.

Le seigneur d’Avoir, en Anjou, était vassal du seigneur de Sainte-Maure. Ils convinrent entre eux, par un concordat fait en 1268, que le seigneur d’Avoir servirait Guillaume pendant un an avec ses chevaliers dans le voyage de la Terre Sainte, où il devait accompagner saint Louis. Guillaume, en conséquence, s’engageait à payer à son vassal 1000 livres tournois. (Archives de Sainte-Maure ; M. Martin.)

Ses enfants furent : 1o Guillaume, qui suit ; 2o Pierre, seigneur de Montgoger, mort vers l’an 1324, époux de Mahaud de Nemours ; 3o Jeanne, femme de Pierre Charbonnel ; et 4o Isabeau qui épousa Philippe de Prie, seigneur de Buzançais et de Monpoupon, sénéchal de Beaucaire et de Nîmes, qui servit au siège d’Ypres en 1328.

Vers cette époque une Nicole de Pressigny épousa Renaud de Voyer, seigneur de Paulmy.

5. — Guillaume, IVe du nom, fils du précèdent

Guillaume IV de Pressigny (V de Sainte-Maure), seigneur de Pressigny, Sainte-Maure, Marcillac, Nouâtre, etc.

Il vivait en 1271 ; il mourut vers l’année 1300, et n’eut qu’une fille, Isabeau, qui hérita de tous ses biens.

Il avait épousé Blanche de Nemours, sœur de Mahaud, mariée à Pierre de Pressigny, frère dudit Guillaume.

Guillaume IV fit en 1271 déclaration de foi et hommage à Guillaume de Blaye, évêque d’Angoulême, et à Hélie Carel, abbé de Saint-Cybar, pour des domaines relevant de leurs seigneuries.

En juillet 1297 il fut caution d’Aliénor de Montfort, comtesse de Vendôme.

6. — Isabeau, fille du précèdent

Isabeau, dame de Pressigny, de Sainte-Maure, de Marcillac, etc.

Elle épousa en 1301 Amaury de Craon et porta la terre de Pressigny et ses autres biens dans la famille de Craon.

III
Famille de Craon

1. — Amaury de Craon, époux d’Isabeau de Pressigny

Isabeau de Pressigny-Sainte-Maure, par son mariage avec Amaury de Craon, porta, ainsi qu’on vient de le dire, tous ses biens et avec eux la terre de Pressigny dans la famille de Craon.

Amaury, son mari, seigneur de Sablé et de Briolet, fut, en 1292, le dernier sénéchal héréditaire des trois provinces de Touraine, Anjou et Maine.

Il fut nommé arbitre avec quelques autres seigneurs pour terminer le différend qui existait entre le roi Phillippe-le-Long, Eudes, duc de Bourgogne, et les nobles de Champagne et de Brie, a raison des hommages et de la manière de les faire.

Amaury de Craon était fils de Maurice de Craon et de Mahault de Malines.

Il mourut le 26 janvier 1332, âgé de cinquante-trois ans.

Il avait épousé : 1o Isabeau de Pressigny-Sainte-Maure, morte le 13 décembre 1310 et inhuminée aux Cordeliers d’Angers dans la chapelle de Craon ; et 2o Béatrix, dame de la Suze, fille de Jean IV de Coucy et de Jeanne de Dreux.

Sont issus du premier lit : 1o Maurice, seigneur de Craon et de Sablé, qui suit ; et 2o Guillaume, qui va suivre.

Du second lit : 1o Simon, mort le 26 janvier 1330 ; 2o Pierre, seigneur de la Suze, mort le 13 novembre 1376, époux en premier mariage de Marguerite de Pons et en seconde noces de Catherine de Mâchecoul. De ce second mariage est né Jean de Craon, seigneur de la Suze et de Chantocé, qui épousa Béatrix de Rochefort en premier mariage et Anne de Sillé en seconde union. De son premier mariage il eut entre autres enfants Marie de Craon, mariée vers 1404 à Guy de Laval, seigneur de Retz. De ce mariage est né le fameux Gilles de Laval, seigneur de Retz, maréchal de France, devenu célèbre par ses prodigalités et par ses crimes. Il fit égorger une quantité considérable d’enfants, dont il utilisait le sang dans ses pratiques de magie. Après dix ans d’impunité, l’évêque de Nantes lui fit faire son procès ; il fut condamné à être brûlé vif et l’arrêt fut exécuté à Nantes le 23 décembre 1440. 3o Jean, archevêque de Reims, d’abord évoque du Mans, mort le 26 mars 1373 ; 4o Béatrix, femme de Éon du Lodéac, morte le 26 septembre 1356 ; 5o Isabeau, morte sans alliance en 1333 ; et 6o Marguerite, religieuse, morte le 26 août 1336.

2. — Maurice, fils du précèdent

Maurice, VIIe du nom de Craon, seigneur de Craon et de Sablé.

Il fut baptisé en 1309 par Guillaume Lemaire, évêque d’Angers, et il mourut le 8 août 1330.

Il avait épousé Marguerite de Mello, dame de Sainte-Hermine, fille de Dreux de Mello, seigneur de Château-Chinon, Sainte-Hermine, etc., et d’Éléonore de Savoie.

Il en eut trois enfants : 1o Amaury, qui suit ; 2o Isabeau, qui va suivre ; et 3o Yolande, dont l’alliance est ignorée, mentionnée dans un arrêt du Parlement de Paris du dernier jour de février 1404.

Sa veuve épousa en secondes noces Jehan Châlon, seigneur d’Arlay.

3. — Amaury, fils du précèdent

Amaury, IVe du nom de Craon, comte de Dreux, vicomte de Thouars ; seigneur de Chantocé, Craon, Sablé, la Roche-Corbou, Chantocé, Ingrande, Sainte-Maure, etc.

Il épousa en 1324 Perronnelle de Thouars, sœur de Jean, comte de Roucy et fille de Louis, vicomte de Thouars et de Jeanne, comtesse de Dreux.

Il mourut sans postérité le 30 mai 1371 et fut inhuminé dans la chapelle de Craon, église des Cordeliers d’Angers. Sa veuve épousa en secondes noces Clément Rouant, seigneur de l’Ile-de-Rhé.

Dans le trésor des chartes du roi, au titre Craon, sont deux lettres d’Amaury à Charles V. Dans la première, du mois de janvier 1351, il dit qu’il a été chef de guerre et capitaine souverain pour lui ès pays de Touraine, d’Anjou et du Maine ; qu’il était à la prise des forteresses de Waas, de Rillé et de Loroux ; qu’il a servi à Saumur dans la compagnie de Bertrand du Guesclin, connétable de France. Dans la seconde, du 30 octobre 1367, il acquitte Charles V de ce qui lui était dû, tant à cause de ses gages et rançons qu’à cause des services qu’il lui avait rendus dans ses armées et dans celles de Philippe de Valois et du roi Jean. Cette pièce porte en même temps décharge au profit d’Amaury des sommes par lui reçues, pour l’entretien des gens de guerre.

Il fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers.

Il servit les rois Philippe de Valois, Jean et Charles V.

Il fonda eu 1366 une chapelle dans l’église de Sainte-Maure.

Il donna le 2 janvier 1371 la ville et le château de Sablé à Louis Ier d’Anjou, roi de Naples et de Sicile, et lui vendit les terres de Sablé et de Precigné (proche et canton de Sablé, — ne pas confondre Précigné en Anjou avec Pressigny en Touraine), à la charge de récompenser ses héritiers en terre d’un revenu pareil en Anjou, Touraine ou Maine.

En 1357 et 1358, étant prisonnier des Anglais, il constitua pour ses mandataires,à l’effet d administrer ses biens pendant son absence, Péronnelle de Thouars, sa femme, Isabeau de Craon, dame de Laval, sa sœur, et autres.

4. — Isabeau, sœur du précèdent.

Après la mort de son frère, elle recueillit sa succession. Elle fut mariée trois fois : 1o en 1338, à Guy de Laval, Xe du nom, seigneur de Vitré, de Gaure, etc., mort sans postérité en 1348 ; 2o à Jean-Bertrand de Briquebec, vicomte de Fauquernon ; et 3o à Louis de Sully, souverain de Boisbelle en Berry, qui fit son testament en 1381 et mourut peu de temps après. De ce dernier mariage elle laissa une fille unique, Marie de Sully, qui épousa en premières noces Charles de Berry, mort avant la consommation de son mariage ; en secondes noces (1386), Guy, dit le Vaillant, seigneur de la Trémouille ; et en troisièmes, Charles, sire d’Albret, comte de Dreux.

Isabeau de Craon fit son testament le 25 septembre 1383 et mourut le 2 février 1384 ; elle fut enterrée dans l’église des Cordeliers d’Angers, chapelle des Craon. Ménage dit d’elle qu’elle fut cordelière après sa mort parce que, suivant sa volonté, elle avait été inhumée en habit de sainte Claire.

En 1372, étant à Tours, le vendredi après la Saint-Denis, en sa qualité de dame de Sainte-Maure et de Nouâtre, Isabeau de Craon accorda à l’abbaye et aux religieux de Noyers la permission d’enlever leurs fourches patibulaires qui étaient placées dans le voisinage des murs de Nouâtre et de les transférer au lieu dit le Bois-aux-Moines. Elle spécifia qu’en reconnaissance de cette permission,les religieux lui offriraient chaque année un chapeau de fleurs à la Fête-Dieu.

Le 16 juin 1376, elle céda à Louis, duc d’Anjou, roi de Naples et de Sicile, tous ses droits sur la terre de Sablé et sur celle de Précigné en Anjou, pour la somme de 10,000 francs d’or.

5. — Guillaume II, dit le Grand, second fils d’Amaury (no Ier)

Guillaume de Craon, dit le Grand, seigneur de Pressigny, Sainte-Maure, la Ferté-Bernard.etc, devint, du vivant d’Isabeau de Craon, qui précède, propriétaire de Pressigny et de Sainte-Maure ; on ne connaît pas le titre d’acquisition.

Il épousa Marguerite de Flandre, vicomtesse de Châteaudun, fille puînée de Jean de Flandre, seigneur de Nesle, vicomte de Châteaudun, et de Béatrix de Châtillon-Saint-Paul.

Il fut chambellan de Philippe de Valois et du roi Jean ; il remplaça le duc d’Anjou dans ces fonctions vers la fin de l’année 1357, et fut nommé lieutenant général des parties de Touraine, d’Anjou, du Maine et de Bretagne. Il porta depuis le titre de lieutenant général du duc de Normandie, dauphin de Viennois pour ces mêmes provinces.

Il mourut vers 1384, laissant de son mariage : 1o Guillaume, qui suit ; 2o Pierre, seigneur de Sablé et de la Ferté-Bernard, fameux sous Charles VI par sa haine et sa jalousie contre le connétable de Clisson, qu’il tenta d’assassiner le 14 juin 1391, rue Culture-Sainte-Catherine à Paris ; il fut tué à la bataille d’Azincourt en 1415 ; 3o Jean, seigneur de Domart, vidame de Laon, mort en 1400, époux de Marie de Châtillon ; 4o Guy, seigneur de Sainte-Julitte en Touraine, chambellan du roi Charles VI, marié à Jeanne de Chourses ; 5o Marie, femme en premières noces de Marc d’Anton et en secondes de Hervé, seigneur de Maury (1373), morte en 1401, dame de Saint-Aignan ; 6o Béatrix, mariée à Renaud de Maulevrier.

6. — Guillaume III, fils du précédent

Guillaume de Craon, vicomte de Châteaudun, baron de Pressigny, Sainte-Maure, la Ferté-Bernard, seigneur de Nouâtre, etc., chambellan du roi Charles VI.

Il fit hommage au roi pour la baronnie de Pressigny, le 6 septembre 1392.

Il épousa Jeanne, dame de Montbazon, Colombiers. Montsoreau, Ferrière-Larçon, etc., fille unique de Renaud, seigneur de Montbazonet d’Eustache d’Anthenaise ; elle était veuve en premier mariage de Simon, fils puîné de Bouchard VII, comte de Vendôme.

Jeanne lui apporte en mariage les seigneuries de Montbazon, Colombiers, Savonnières, Montsoreau, Ferrière-Larçon, Montcontour et plusieurs autres grandes terres. La terre de Ferrière-Larçon ne cessa plus, depuis, d’appartenir aux seigneurs de Pressigny.

Elle fit son testament en 1394 ; elle eut sa sépulture dans l’église des Cordeliers de Tours.

De son alliance avec elle, Guillaume laissa : 1o Guillaume, qui suit ; 2o Jean, qui va suivre ; 3o Marguerite, épouse de Guy de la Rochefoucauld, chambellan des rois Charles V et Charles VI ; elle devint ensuite dame de Sainte-Maure ; 4o Marie, qui va suivre, femme de Louis Chabot, dame de Pressigny ; 5o Isabelle, qui épousa Guillaume Odart, seigneur de Verrière, dans le Loudunais ; 6o Louise, qui épousa, le 17 septembre 1404, Milez de Hangest, dit Rabâche, écuyer d’honneur de Charles VI, et en secondes noces, Jean de Mailly, seigneur d’Auvilliers, etc. ; et 7o Jeanne, nommée dans le testament de sa mère.

7. — Guillaume IV, fils du précèdent

Vicomte de Châteaudun, seigneur de Sainte-Maure, etc.

Il mourut sans enfants après 1407. En cette même année, il recevait de Jean, son frère, l’hommage pour la seigneurie du Puy de Sepmes.

Le 26 juillet 1395, il avait été pourvu par son père de la tierce partie des villes, châteaux, châtellenies et terres patrimoniales ; le même jour, une transaction fut signée à Chinon entre lui et Guillaume de Craon, son père, à raison de la succession de Jeanne de Montbazon, sa mère.

8. — Jean, frère puîné du précèdent

Seigneur de Montbazon, Sainte-Maure, etc. ; il succéda à son frère.

Il fut grand échanson de France.

Le 7 novembre 1399, il épousa Jacqueline de Montagu, fille de Jean de Montagu, grand maître de la maison du roi Charles VI. Ce sire de Montagu, fils d’un notaire de Paris, anobli par le roi Jean en 1363, avait d’abord obtenu la confiance de Charles V et s’était successivement élevé au premier rang dans le royaume. Depuis plus de vingt ans, il gouvernait tout en France, spécialement les finances. Le duc de Bourgogne et le roi de Navarre conspirèrent sa perte ; il fut mis en jugement et condamné, puis décapité le 17 octobre 1409.

Jean de Craon fut tué à la bataille d’Azincourt en 1415 et ne laissa pas de postérité.

Sa succession, celle de Guillaume, son frère, décédé aussi sans postérité, et celles de leurs père et mère furent partagées par lettres patentes du roi Charles VI en date du 5 janvier 1419, et la baronnie de Pressigny échut à Marie de Craon, sa sœur.

9. — Marie, sœur du précèdent

Marie de Craon, dame de Montcontour, Jarnac, Marnes, Montsoreau, Colombiers, Savonnières, Pressigny, Verneuil, Ferrière, etc., épousa par contrat du 4 avril 1396, Maurice de Mauvinet, bailli de Chartres. Devenue veuve peu de temps après, elle épousa en secondes noces Louis Chabot qui suit, et par ce mariage la terre de Pressigny passa dans la maison Chabot.

IV
Famille Chabot

1. — Louis

Louis Chabot, seigneur du Petit-Château, de la Grève en Poitou, du Chantemerle, etc. ; fils de Thibault Chabot et d’Amicie de Sainte-Maure, devint, par son mariage avec Marie de Craon, seigneur et baron du Grand-Pressigny.

Il mourut en 1422. Ses enfants furent : 1o Thibault, qui suit ; 2o Renaud, qui fut la souche des seigneurs de Jarnac, conseiller et chambellan du roi, mort en 1476, marié en premières noces à Françoise de la Rochefoucault, fille de Guy II, et en secondes à Isabeau de Rochechouard ; 3o Jean, mort sans alliance ; et 4o Anne, morte aussi sans alliance.

2. — Thibault, fils du précèdent

Thibault Chabot, seigneur de la Grève, de Montcontour, de Montsoreau, de Pressigny, Ferrière-Larçon, Colombiers, etc. rendit hommage au roi le 14 mars 1422 pour les seigneuries de Pressigny, de Colombiers et de Ferrière.

Il eut pour tuteur Jean l’Orson, prieur d’Angles-aux-Chanoines.

Il fut tué à la journée de Patay (1428), où il combattit en héros.

Marié par contrat du 21 janvier 1422 à Brunissande, fille de Guillaume, seigneur d’Argenton, il laissa : 1o Louis, qui suit ; 2o Catherine, mariée par contrat passé à Saumur le 6 mars 1445 à Charles de Châtillon, conseiller et chambellan du roi, morte en 1466 ; 3o et Jeanne, femme de Jean de Chambes, seigneur de Montsoreau, premier maître d’hôtel du roi. De ce mariage est née Nicole de Chambes, qui épousa en secondes noces Louis d’Amboise. La fin tragique de Nicole de Chambes a été racontée par les auteurs : ayant négligé son mari pour Charles de France, duc de Guyenne, frère de Louis XI, elle fut empoisonnée à l’aide d’une pêche qui lui fut présentée dans un souper et qui fut partagée entre elle et son amant. Elle mourut en peu d’heures et le duc de Guyenne succomba quelques semaines plus tard.

3. — Louis, fils du précédent

Louis Chabot, chevalier, baron de Pressigny et d’Argenton, seigneur de Ferrière-Larçon, etc., conseiller et chambellan de Louis XI, chevalier de l’ordre du Camail.

Il demeura d’abord en la garde noble de sa mère, et il eut ensuite pour tuteur jusqu’à sa majorité Guillaume d’Argenton, son aïeul maternel.

En la personne de Brunissande,sa mère, il rendit hommage au roi le 8 février 1433 pour la terre de Pressigny.

Par acte du 28 octobre de la même année, Jean de Lestenou, seigneur de Bouc-Ferré, lui rendit hommage pour cette seigneurie.

Il assista en 1468 aux états généraux tenus à Tours ; il commanda le ban et l’arrière-ban du Poitou en 1472 et 1475.

Il mourut en 1486.

Il épousa : 1o par contrat du 3 juin 1442, Jeanne de Courcillon de Montbon, morte le 26 août 1472, fille de Guillaume, bailli et capitaine de Chartres ; 2o Hesseline Chapperon, dont il n’eut point d’enfants.

Sont nés de sa première union : 1o René, seigneur de la Grève, mort en juillet 1469 ; 2o Marie, qui épousa en premier mariage Joachim Bouault ; 3o Madeleine, mariée à Navarin d’Anglade (1469).

Louis Chabot vendit la baronnie de Pressigny à Bertrand de Beauvau et à Françoise de Brezé, sa seconde femme.

V
Famille de Beauvau

Dans ses Recherches historiques sur la ville d’Angers, page 223, M. Bodin donne sur l’origine de la famille Beauvau les renseignements suivants :

« Beauvau, anciennement Beauval, bella vallis, était un château à trois lieues de Baugé, qui avait pris son nom de sa position dans un beau vallon et l’avait donné ensuite au bourg, qui s’était formé auprès, ainsi qu’à l’une des plus illustres et des plus anciennes familles de l’Anjou, qui l’avait fait bâtir. Ce n’est que depuis quatre siècles que cette famille a changé son nom de Beauval en celui de Beauvau comme on le voit par les lettres du roi et de la reine de Sicile écrites l’an 1420 à Macé de Beauval, gouverneur de Tarente, qui s’y trouve indifféremment nommé Beauvau et Beauval..... La bannière de Beauvau avait un fond d’argent à 4 lions cantonnés de gueules, couronnés, armés et lampassés d’or ; pour cimier une hure de sanglier au naturel ; pour supports deux sauvages armés de massue ; le cri de guerre était « Beauval », et la devise était composée de deux troncs d’arbres liés par deux pointes de fer avec ces mots : Sans départir. »

1. — Bertrand de Beauvau

Bertrand de Beauvau, fils puîné de Jean II de Beauvau et de Jeanne de Tigny, baron de Briançon, chambellan du roi, gouverneur bailli de Touraine de 1446 à 1450, premier président de la Cour des comptes, grand conservateur des domaines du roi, capitaine des châteaux de Tours et d’Angers, sénéchal d’Anjou, grand maître d’hôtel de René, roi de Sicile.

Il devint baron de Pressigny au moyen de l’acquisition qu’il fit de cette terre de Louis Chabot.

11 fut auteur de la branche Beauvau-Pressigny en Touraine.

En 1448, le roi le choisit pour son ambassadeur eu Ecosse, avec l’évèque de Maillezais et Guillaume Cousinot, maître des requêtes, à l’effet de renouveler un traité d’alliance avec Jacques II.

On le voit figurer en 1458 dans un lit de justice dont M. de Barante donne la description en ces termes : « En 1458 un lit de justice présidé par le roi (Charles VII) se tint à Vendôme pour y juger le duc d’Alençon, accusé du crime de lèse-majesté. Tout s’y passa en grande pompe et grande cérémonie ; le roi était sur son siège royal. A ses pieds était assis le comte de Dunois. Le haut banc, à la droite, était occupé par les ducs d’Orléans, de Bourbon, les comtes d’Angoulême et du Maine, les comtes de Foix et d’Eu, et les comtes de Vendôme et de Laval. Au dessous d’eux, les trois présidents du Parlement, le grand-maître de France, l’amiral, le grand prieur, le marquis de Saluées, fils du duc de Savoie ; quatre maîtres des requêtes, le bailli de Senlis, deux conseillers du roi et trente-quatre seigneurs du Parlement. Au pied du trône, le chancelier. A la gauche, sur le haut banc, les pairs ecclésiastiques, quatre évêques et l’abbé de SaintDenis. Au-dessous, les seigneurs de la Tour d’Auvergne, de Torcy, de Vauvert, de Prie, de Pressigny ; les baillis de Touraine et de Rouen, les trésoriers, Tristan l’Hermite, prévôt des Maréchaux ; le prévôt de l’hôtel et trente-quatre seigneurs du Parlement. Sur un banc séparé, le procureur général et deux avocats du roi. Enfin, cinq greffiers sur un petit banc. »

Le même historien nous apprend encore qu’après la bataille de Montlhéry, à la suite de la Ligue du bien public, en 1465, le sire de Pressigny, président de la chambre des comptes, le comte du Maine et Jean Dauvet, premier président de Toulouse, venaient de la part du roi assister aux conférences qui se tenaient chaque jour dans le but d’amener la paix entre le roi (Louis XI) et les princes ligués.

Comme chargé de la garde des règlements, Bertrand de Beauvau assista au combat singulier qui eut lieu à Tours le 5 février 1446 entre l’Anglais Jean Châlons et Louis de Bueil, mari de la dame de Sainte-Julitte. Ce dernier fut tué dans ce combat. Une relation manuscrite de cette joute existe en Angleterre au British Muséum, de la collection Landsdown, et M. Salmon a pu s’en procurer une copie publiée dans le volume de 1859 des Mémoires de la société archéologique de Touraine.

En raison de son excentricité nous rapportons le texte d’un aveu rendu en 1458 par Bertrand de Beauvau au duc d’Anjou :

« Item, avons droit de mener ou faire mener le jour de la Trinité par mes gens et officiers, à la danse, toutes les femmes jolies qu’ils trouveront à Saumur et ès faubourgs tout le dit jour ; et sera tenue chacune femme jolie baillera mes dits officiers quatre deniers et un chapeau de roses ; et au cas qu’elles ne voudraient venir danser avec mesdits gens et officiers sur ce ordonné, pouront piquer d’un bâton qui sera marqué de mes armes, et sera ferré au bout en manière d’aiguillon la dite femme jolie qui sera refusante de venir danser comme dit est, trois fois es fesses. Et avec ce, moi et mes officiers, à celui jour, par chacun an, de contraindre toutes les femmes qui ne seront jolies, de bordeau, qui seront notoirement diffamées de ribaudie de venir à ladite danse avec les dites femmes jolies ou de me payer cinq sols. »

Bertrand de Beauvau est peint aux premiers vitraux de la cathédrale de Tours, à genoux, avec cinq de ses fils ; en regard dans la même vitre est sa seconde femme, Françoise de Brézé, avec leurs filles, et au-dessus, des armes qui sont d’azur à un écusson d’or vidé et rempli d’argent, en cœur, a l’orle de huit croisettes d’or, trois en chef, deux en fasce et trois en pointe.

La baronnie de Pressigny ayant été acquise par lui, conjointement avec sa seconde femme, dont les enfants, suivant leurs conventions matrimoniales, devaient succéder aux acquêts, le père ordonna, par son testament du 10 février 1468, que cette baronnie appartiendrait à Antoine, fils aîné de cette seconde femme.

Disgracié par Louis XI, Bertrand mourut à Angers le 30 septembre 1474.

Il fut marié quatre fois : 1o à Jeanne de la Tour-Landry ; 2o à Françoise de Brézé-Maulevrier (février 1437) ; 3o à Ides du Châtelet ; 4o et à Blanche d’Anjou, fille naturelle de René d’Anjou, roi de Sicile, dit le bon roi René. — On voit dans l’église des Grands-Cannes à Aix en Provence un assez beau mausolée de Blanche d’Anjou, avec l’épitaphe suivante, gravée en lettres gothiques : « Ci-gît Blanche d’Anjou, dame de Pressigny, fille naturelle de très hault et puissant prince Bené, roi de Jérusalem et de Sicile, d’Arragon, duc d’Anjou, de Bar, comte de Barcelonne, de Provence, qui trespassa le 17e jour d’avril 1470. » (Explications des cérémonies de la Fête-Dieu d’Aix en Provence, volume imprimé à Aix en 1777, page 27. — Communication de M. le comte de Chasteigner).

Du premier lit il eut : 1o Louis, mort jeune ; 2o Catherine femme de Philippe de Lenoncourt ; 3o Charlotte, mariée à Yves de Scépeaux, premier président du Parlement de Paris, morte en 1493 ; 4o Marguerite, mariée à N. de Maigneville ; 5o Jean, évêque d’Angers.

Du second lit : 1o Antoine, qui continua la postérité ; 2o Jean, mort sans alliance et qui va suivre ; 3o Jacques, qui va suivre, marié à Hardouine de Laval, mort sans postérité ; 4o Charles, depuis baron de Pressigny ; 5o Bertrand, marié à Louise de Fontaine-Guérin ; 6o Pierre, archidiacre d’Angers ; 7o Isabelle, mariée à Pierre de la Jaille ; 8o Mathurine, mariée à Charles de Maillé ; 9o Charlotte, mariée à N. de Saint-Simonian, seigneur des Préaux.

Enfin du troisième lit : 1o René, marié à Marguerite de Haussonville ; 2o Jean, mort sans alliance ; 3o Guyonne, qui épousa Jean Juvénal des Ursins, puis, en 1478, René de Laval, seigneur de Boisdauphin, Saint-Aubin, etc., qui vivait en 1504, et auquel Moréri attribue aussi le titre de seigneur de Pressigny, ainsi qu’à deux de ses descendants, Jean, son fils, et René, son petit-fils ; mais cette attribution ne paraît pas fondée.

2. — Antoine, fils du précèdent

Antoine de Beauvau, premier président de la Chambre des comptes, conseiller et chambellan du roi, chevalier de son ordre, comte de Policaste, baron de Pressigny et de Sillé-le-Guillaume. — Il prit du vivant de son père le titre de baron de Pressigny.

Il assista le 10 novembre 1449 à l’entrée de Charles VII dans la ville de Rouen. L’Histoire de René d’Anjou, tome II, page 79, et les Mémoires de la Société archéologique de Tourraine, 1859,page 317, nous apprennent qu’Antoine de Beauvau, âgé à peine de treize ans, fut armé chevalier lors de cette entrée royale, par Pierre de Brezé, son oncle, devant la porte de Beauvais, du côté des Chartreux, en présence du brillant cortège qui suivait le roi.

Sa mort est indiquée comme ayant eu lieu en mai 1489.

Il avait épousé Anne Hiugant, fille de Raoul Hingant, seigneur du Hac, et de Françoise de Saint-Amadour.

Il laissa : 1o Louis, qui suit ; 2o Marguerite, mariée à Gilles de Couvran, baron de Sacé.

3. — Louis, fils du précèdent

Louis de Beauvau, chevalier, baron de Pressigny, de Sillé, seigneur de Yaudoeuvre et de Pimpan, baron de Villequier, etc.

Il épousa Renaude Huré, dont il n’eut qu’un fils, René, marié à Olive le Masson.

Par acte du 11 juin 1489, il fit hommage au roi pour les terres de Pressigny et de Ferrière-Larçon.

Louis de Beauvau, baron de Villequier, seigneur de Pressigny-les-Quatre-Églises, est cité dans un acte du 10 mai 1493. Ce même jour il recevait l’aveu féodal pour le fief du Puy, en qualité de baron de Pressigny et à cause de la terre de Ferrière-Larçon, dont il était seigneur. C’est la première fois que les seigneurs de Pressigny paraissent avoir pris le titre de baron. (Dom Housseau, no 7399.)

Un long procès s’étant élevé entre lui et ses oncles à l’occasion des terres de Pressigny et de Ferrière-Larçon, il fut obligé de leur abandonner ces terres.

4. — Jean, oncle du précèdent

Jean de Beauvau, seigneur de Tigny, né du second mariage de Bertrand, ci-dessus.

Il mourut sans alliance.

5. — Jacques, frère du précèdent

Jacques de Beauvau, seigneur de Tigny, chevalier, seigneur de Ternay, baron du Grand-Pressigny.

Il épousa, sans laisser de postérité, Hardouine de Laval, fille de Guy de Laval, IIe du nom, seigneur de Loué, et de Charlotte de Sainte-Maure.

Par acte du 7 avril 1499, David de Lestenou, seigneur de Bouc-Ferré, lui consentait une déclaration féodale à raison de cette seigneurie.

Jacques de Beauvau est mentionné, comme seigneur de Pressigny, dans l’inscription gravée sur pierre placée au dessus de la porte d’entrée latérale de l’église du Grand-Pressigny. Cette inscription paraît indiquer que Jacques de Beauvau serait décédé en 1501, le 4 mai.

Le 4 mars 1498 il recevait l’aveu d’Antoine du Boys, écuyer, seigneur de la Charlottière et de la dîme de Favier.

Un acte du 3 juillet 1497 constate le même aveu dans ces termes : « Jacques Tigny, dit de Beauvau, baron de Precigny en Touraine, seigneur de Tarnay et dudit lieu de Tigny, salut, savoir faisons que aujourd’hui, à l’assignation de nos hommages dudit lieu de Precigny est venu par devers nous noble homme Antoine de Boys, écuyer, seigneur de la Charlottière et des dîmes de Favier, tenant eu la paroisse de St Martin de Precigny, lequel nous a fait les foy et hommage simples qu’il nous était tenu faire pour raison de ladite dîme, etc. »

Il est encore cité comme baron de Pressigny dans un acte du 25 février 1495 et dans un autre de 1499.

6. — Charles, frère du précèdent

D’après Chalmel, nous plaçons ici au rang des barons de Pressigny Charles de Beauvau, seigneur de Passavent, de Tigny, de Ternay, troisième fils de Bertrand de Beauvau et de Françoise de Brezé. — Après la mort de ses deux frères aînés Jean et Jacques, il aurait, suivant cet historien, succédé à la baronnie du Grand-Pressigny, qui lui aurait appartenu en vertu des conventions matrimoniales de sa mère.

Mais s’il posséda cette terre, sa possession fut de peu de durée, car, peu de temps après le décès de Jacques de Beauvau, qui précède, elle se trouvait appartenir à la famille de Prie.

Charles de Beauvau épousa : 1o Bonne de Chauverson, morte sans postérité ; 2o Barbe de Talanges.

Il mourut en 1508, laissant de Barbe de Talanges : 1o Jacques, dit de Tigny, marié à Anne d’Espinay ; 2o Jeanne, mariée à Edmond de Prie, baron de Buzençais, neveu de René de Prie, qui suit ; 3o Isabeau, mariée en 1512 à Jean de Seraucourt ; et 4o Charles, qui épousa Barbe de Choiseul, fille de Nicolas, seigneur de Praslin.

IV
Famille de Prie

Nous ne pouvons indiquer le titre qui rendit la famille de Prie propriétaire de la terre de Pessigny.

Afin de faciliter les recherches sur l’époque et la forme de la mutation qui s’opéra de la maison de Beauvau au profit de celle de Prie, il est utile d’entrer dans quelques renseignements généalogiques.

Antoine de Prie, seigneur de Buzançais, épousa Madeleine d’Amboise. De ce mariage sont issus plusieurs enfants, entre autres : 1o René, cardinal de Bayeux, 2o et Louis, seigneur de Buzançais, qui épousa Jeanne de Salazart.

Du mariage de Louis de Prie et de Jeanne de Salazart est issu Edmond de Prie, seigneur de Buzançais, qui mourut eu 1505 après avoir été marié deux fois, la première avec Jeanne de Beauvau, fille de Charles de Beauvau et de Barbe de Talange, dont il vient d’être parlé, et la seconde avec Anne de Chabannes, comtesse de Dammartin.

Edmond de Prie ne laissa pas d’enfants de son second mariage. De son union avec Jeanne de Beauvau, sa première femme, sont issus Gabriel et René, morts tous deux sans laisser de postérité, et ayant eu pour tuteur le cardinal René de Prie, leur grand-oncle.

Charles de Beauvau ayant survécu à Jeanne sa fille, et à Edmond de Prie, mari de celle-ci, ces derniers n’ont pas dû posséder la terre de Pressigny.

Il y a plus de probabilité pour que leurs enfants, Gabriel et René, en soient devenus propriétaires après le décès de Charles de Beauvau, leur aïeul, ou même de son vivant, comme représentant leur mère, soit à titre héréditaire, soit par suite d’arrangement de famille.

Un aveu dont nous allons parler plus loin semblerait indiquer que cette terre leur a appartenu conjointement avec le cardinal René de Prie, leur grand-oncle et, tuteur.

D’autres titres énoncés également plus loin feraient supposer que le cardinal René de Prie l’a possédée avant ses petits-neveux. Mais la possédait-il comme propriétaire exclusif, ou comme tuteur de ses petits-neveux, ou encore comme la détenant en communauté avec eux ? Les renseignements nous font défaut pour nous permettre de répondre avec certitude à ces questions.

La collection de dom Housseau, série concernant la baronnie du Grand-Pressigny, nos 7393 à 7494, doit contenir la solution de ce petit problème historique ; aussi regrettons-nous de ne pouvoir la consulter.

Provisoirement, nous introduisons et nous maintenons dans notre liste le cardinal René de Prie et ses deux petits-neveux Gabriel et René.

1. — René de Prie

Il était fils d’Antoine de Prie, seigneur de Buzançais, et de Madeleine d’Amboise, ainsi que nous venons de le dire.

« Né en 1451, mort à Lyre, près d’Evreux, en 1519 — Grâce à son cousin, le cardinal Georges d’Amboise, il devint archidiacre de Bourges, protonotaire apostolique, fut pourvu a de riches abbayes, reçut le titre d’aumônier du roi, puis l’évêché Bayeux en 1498. Après avoir suivi Louis XII dans son expédition contre les Génois, René de Prie obtint de Jules II le chapeau de cardinal (1507). Deux ans plus tard, malgré la défense du pape, alors en guerre avec le roi de France, il quitta Rome, alla assister au concile de Pise (1511), convoqué par Louis XII, et fut alors déclaré déchu du cardinalat, qui, à la mort, du pape, lui fut rendu. De Prie devint évêque de Limoges en 1510, de Lectoure en 1512, célébra en 1514 le mariage de Louis XII et de Marie d’Angleterre, et tint un synode à Bayeux en 1515. » (Dre Larousse, tome XIII, page 140.)

Les auteurs, jusque dans ces derniers temps, n’avaient pas fait figurer le cardinal de Prie au nombre des anciens possesseurs de la terre de Pressigny. Ceci fut considéré comme une lacune ou plutôt comme une erreur par M. Lambron de Lignim, qui, dans le volume de 1858 des Mémoires de la Société archéologique de Touraine, page 233, la signala dans les termes suivants.

« D’après Chalmel, en 1507, le baron de Pressigny était Charles de Beauvau, seigneur de Passavant, de Tigny et de Ternay, mort en 1508. Moreri dit, au contraire, que c’était Louis de Beauvau, seigneur de Sillé-le-Guillaume. Ni l’un ni l’autre de ces historiens n’est dans le vrai : deux actes passées devant Me Jacques Foussedouaire, notaire à Tours, contastent que le seigneur de Pressigny était alors révérend père en Dieu monseigneur René de Prie, cardinal du titre de Sainte-Sabine, évêque de Bayeux, puis de Therouanne, qui mourut le 6 septembre 1516. » (Le Dictionnaire Larousse dit 1519.)

M. Lambron se borne à donner la date des actes par lui cités : 14 décembre 1507 et 17 novembre 1510, sans en faire connaître les termes ; il importerait cependant de savoir en quel nom, dans quelles qualités et à quel titre il figure dans ces actes, afin de pouvoir reconnaître s’il était en réalité possesseur soit pour partie, soit pour la totalité, de la terre de Pressigny. — Les minutes’de Jacques Foussedouaire sont en l’étude de Me Scoumane, notaire à Tours.

Le 9 décembre 1502, la reine Anne de Bretagne étant à Loches, y reçut les foi et hommage de René de Prie, évêque de Bayeux. (Dom Housseau, no 7408.)

En 1502, le capitaine du château de Pressigny recevait du seigneur de la Celle-Guenand, pour monseigneur de Bayeux, douze chapons.

René de Prie, cardinal, évêque de Bayeux est encore cité : 1o comme baron du Grand-Pressigny dans un acte du 24 juillet 1511 (dom Housseau, no 7406) ; 2o comme seigneur temporel de Ferrière-Larçon, dans un autre acte du 22 septembre 1511. (Id., no 7400.)

Le 2 octobre 1515 il recevait dans les termes suivants, en son nom et en celui de ses deux neveux, Gabriel et René de Prie, l’hommage d’Imbert de Bastarnay, seigneur du Bridoré. « De vous très noble et très révérend père en Dieu, monseigneur René de Prie, cardinal, évêque de Bayeux et de Limoges, abbé du Bourg-de-Déols, de la Prée et de Miseray, aussi comme tuteur et curateur de messeigneurs vos nepveux de Busançois, Gabriel et René de Prie, barons dudit Busançois, nous Imbert de Bastarnay, chevalier de l’ordre du roy, son conseiller et chambellan ordinaire, baron du Bouchaige et d’Authon, seigneur de Montrésor et du Bridoré, tenons et avouons tenir de vous, à foy et hommage lige à cause et au regard de la baronnie, châtellenie et seigneurie de Precigny, c’est à savoir, notre chastel, châtellenie, terre, fief, justice et seigneurie du Bridoré, etc. » (Dom Housseau, no 7413.)

Après la mort du cardinal de Prie, la terre de Pressigny paraît avoir appartenu à Gabriel de Prie, son petit-neveu, qui suit.

2. — Gabriel, petit-neveu du précèdent

Fils d’Edmond de Prie et de Jeanne de Beauvau.

Chalmel, à l’article Buzançais, le qualifie de baron de Pressigny et de seigneur de Ferrière-Larçon.

Il épousa Jacqueline de Marans.

Il mourut, sans postérité. D’après Moréri sa mort aurait eu lieu en 1524 ; suivant d’autres auteurs, il aurait été tué à la bataille de Pavie, qui eut lieu en 1525.

Son frère René, qui suit, lui succéda.

3. — René, frère du précèdent

Mort également sans postérité.

D’après l’aveu du 2 octobre 1515, dont nous venons de donner un extrait, lui et son frère Gabriel paraîtraient avoir eu des droits de copropriété dans la terre de Pressigny.

Mais, dès avant la date indiquée comme étant celle du décès de Gabriel, la terre de Pressigny passa dans la maison de Savoie-Villars par suite de l’acquisition qui en fut faite par René de Savoie, vers 1522. Nous manquons de renseignements sur le titre de cette acquisition.

Malardier.

Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs

Suite[5]


VII
Famille de Savoir-Villars

1. — René.

René, comte de Villars, Tende, Sommerive, Beaufort en Anjou, baron de Pressigny, seigneur de Ferrière-Larçon, Gondrant, Virieu-le-Grand, Virieu, Aspremont, Saint-Julien, etc., grand-maître de France, gouverneur et grand sénéchal de Provence, chevalier des ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel.

Il était fils naturel de Philippe Ier, duc de Savoie et de Bonne de Romagne, dame piémontaise.

S’étant rendu acquéreur de Pressigny et de Ferrière-Larçon, il fit hommage pour ces terres à François Ier, le 18 juillet 1523.

René fut un des guerriers les plus remarquables de son siècle. Le duc Philibert, dit le Beau, son oncle, lorsqu’il eut hérité des États de Savoie, le nomma en 1500 son lieutenant général et lui accorde des lettres de légitimation. Il se rendit à Rome pour les faire confirmer par le saint-siège, mais son acte de légitimation fut annulé par l’empereur, grâce aux intrigues de Marguerite d’Autriche, deuxième femme de Philibert.

Dévoué à la France et en butte aux persécutions de la duchesse de Savoie, qui ne pouvait pardonner aux Français l’injure que Charles VIII lui avait faite eu refusant de l’épouser, René fut obligé de s’expatrier. Il se retira à la cour de France vers le mois de juin 1502 et s’attacha au service du roi Louis XII qu’il accompagna à Gènes en la même année. Louis XII le nomma ensuite gouverneur et sénéchal de Provence. Après la mort de Louis XII, le crédit de René ne fit qu’augmenter à la cour sous François Ier, son neveu maternel. En 1515, il assista avec tous les princes à la cérémonie qui se fit à Amboise pour le baptême de François, dauphin de France. Il se signala à la bataille de Marignan, et François Ier lui confia, ainsi qu’à Trivulce, le commandement de sept cents lances et de sept mille Allemands envoyés au secours des Vénitiens, nos alliés, qui avaient assiégé Bresle, où Barthélémy d’Aviano, leur général fut tué.

Il fut choisi par le roi, avec le comte de Foix, seigneur de Lautrec,en 1515, pour conclure la paix avec les cantons suisses, (lettres patentes de François Ier du 28 septembre 1515).

Le 26 juin 1517, il porta au parlement de Paris une lettre de François Ier, enjoignant l’enregistrement immédiat du concordat que le parlement refusait d’enregistrer ; le parlement, au lieu d’obéir, dépêcha deux de ses membres vers le roi afin de réclamer contre l’envoi de René qui, n’étant pas pair de France, n’avait pas droit d’entrer dans l’assemblée, ce qui irrita fort le roi contre le parlement. La charge de grand maître de France lui fut confiée en 1519.

En 1521, il fut chargé par le roi d’une mission auprès des cantons suisses dans le but d’obtenir leur concours à l’occasion de la guerre que François Ier soutenait en Italie pour la possession du duché de Milan. Dans ce voyage, René avait cinq cents chevaux à sa suite. Il leva seize mille Suisses et les conduisit à Lautrec, qui était alors à Milan. Il se distingua au combat de la Bicoque (1522). En 1523, il assista en qualité de grand maître de France à plusieurs conseils tenus à Paris par François Ier contre Charles-Quint et contre Charles de Rourbon, alors en état de rébellion. Il fut envoyé ensuite en Bourbonnais avec quatre mille hommes de pied et cinq cents chevaux pour s’emparer des meilleures places de cette province, la pacifier et la faire rentrer sous l’obéissance du roi.

Enfin, en 1525, René, chargé d’un commandement important combattit à la bataille de Pavie et y fut blessé grièvement. Il mourut en la même année des suites de ses blessures. « Le roy, dit Martin du Bellay dans ses mémoires, ayant deffait la première troupe qu’il avoit trouvée, estant ses lansquenets deffaits et les Suisses retirés, tout le faiz de la bataille tomba sur luy, de sorte qu’enfin son cheval luy fut tué entre les jambes et luy blessé en une jambe, et de ceux qui estaient près de luy furent tués : l’amiral de Bounivet, le seigneur Louis de la Trémouille âgé de soixante-quinze ans, le seigneur Galeas de Saint-Severin, grand écuyer de France,le seigneur de Saint-Severin, premier maistre d’hôtel du roy, le seigneur de Marafin, aussi son premier écuyer d’écurie ; et furent pris le maréchal de Foix et le bâtard de Savoye, grand maître de France, lesquels depuis moururent des blessures qu’ils y reçurent. »

Il avait épousé par contrat du 14 février 1498 Anne de Lascaris, comtesse de Tende, issue des Lascaris, empereurs de Constantinople, fille de Jean-Antoine de Lascaris, comte de Tende, et d’Isabeau d’Anglure, et veuve en premier mariage de Clermont de Lodève, vicomte de Nebouson.

Le 15 janvier 1532, Claude de Lestenou seigneur de Boucferré consentait une déclaration féodale à l’occasion de cette seigneurie à Anne de Lascaris veuve de René de Savoie.

De ce mariage sont nés :

1o Claude, comte de Tende, colonel des Suisses, gouverneur et sénéchal de Provence, né le 27 mai 1507 et mort subitement à la Cadranache en 1566. Il eut d’un premier mariage avec Marie de Chabannes, Honorat, comte de Sommerive et d’un second mariage avec Françoise de Foix, René comte de Cypierre et une fille mariée à N. sieur du Cardet, de la maison de Saluées. — Tandis que Claude, comte de Tende, protégeait les protestants en Provence, son fils Honorat, comte de Sommerive, se mettait à la tête des catholiques et faisait la guerre à son propre père. En 1562, le comte de Sommerive prit Orange qu’il dépeupla par d’horribles cruautés ; la même année il s’empara de Sisteron et fit périr dans les supplices plus de treize cents réformés dont cinq cents femmes et enfants. Le comte de Cipierre, uni à son beau-frère le sieur du Cardet, luttait de son côté contre son propre frère dans le camp protestant, mais Cipierre fut massacré dans Fréjus en 1568 avec une trentaine de ses amis et le comte de Sommerive fut accusé d’avoir préparé ce meurtre.

2o Honorat, qui suit.

3o Madeleine, première dame d’honneur de la reine Élisabeth d’Autriche, femme de Charles IX, mariée le 10 janvier 1526 à Anne, duc de Montmorenci, connétable de France.

4o Marguerite, mariée par contrat passé à Crémieu en Dauphiné le 7 mars 1536 à Antoine de Luxembourg, comte de Brienne. Le roi assista à son mariage.

5o Isabelle, mariée en 1527 à René de Bastarnay comte du Bouchage. Le portrait d’Isabelle de Savoie et celui de René de Bastarnay, son mari, occupent deux médaillons qui existent dans les angles des portes de l’église de Montrésor. Leur mausolée se trouve aussi dans la même église. — Une difficulté survenue entre Honorat, baron de Pressigny et le comte de Bouchage, son beau-frère, donna lieu à un arrêt que relate du Boullay dans son commentaire de la coutume de Touraine, article 73.

6o Et Renée, mariée à Jacques, marquis d’Urfé.

2. — Honorat, fils du précèdent.

Honorat, marquis de Villars, baron du Graud-Pressigny, etc., maréchal et amiral de France, gouverneur de Guyenne de Provence, gouverneur du château de Loches, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit.

Né en 1509.

Il fit hommage au roi pour la baronnie du Grand-Pressigny le 25 novembre 1546.

Honorat, marquis de Villars, prit une part active à la guerre de Lorraine en 1553 et fut chargé avec Montmorenci et le comte Ringraff de la direction des opérations militaires dans les environs de Therouenne, puis le roi le chargea d’une négociation importante auprès de Maurice, duc de Saxe.

Il se trouva à la défense de Hesdin lorsque cette ville fut prise par Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, général de l’armée de l’empereur Charles-Quint ; il assista aussi à la bataille de Saint-Quentin, où il fut blessé. Après la défaite de l’armé royale, il se jeta dans la ville de Laon avec Condé et Montmorenci, et s’étant introduit avec 300 hommes d’armes dans Corbie, assiégée par les impériaux, il empêcha la prise de cette place.

En 1565, il accompagna Charles IX à Bayonne, et l’année suivante on le voit figurer dans l’assemblée des grands de France tenue à Moulins.

Dans nos guerres religieuses, à la tête des catholiques, les protestants trouvèrent en lui un adversaire courageux et parfois rigoureux. Il prit une part glorieuse à la bataille de Montcontour (1569). Dans une charge que le duc d’Anjou fit pendant cette bataille, ce dernier courut les plus grands dangers ; entouré par les ennemis il eut son cheval tué sous lui, mais le marquis de Villars qui était à ses côtés le remonta.

Il assista au siège de Poitiers, à la bataille de Saint-Denis et à différents combats livrés en Touraine.

Ses services militaires furent récompensés par le bâton de maréchal de France et parla charge d’amiral de France (1572). Il succéda en cette dernière fonction à Coligny, l’une des victimes les plus illustres de la Saint-Barthélémy. Puis le roi lui confia une armée de 8,000 hommes d’infanterie et de 2,000 hommes de cavalerie destinée à l’occupation du Quercy et pays circonvoisins.

En 1573, il assiégea et prit Saint-Geniez en haut Quercy et emmena le seigneur du lieu prisonnier à Cahors, malgré la composition de vie et bagues sauves à lui accordée. Il fit capituler Brifenel en baut Rouergue, mais au mois de mai il perdit Sorèze, Montesquiou à deux lieues de Toulouse, Lodève et les Mas-Sainte-Puelle, près de Casteluaudari. En Gascogne, ses armes furent plus heureuses : Terride, Flaignac et généralement tout ce que les protestants occupaient en cette province au delà de la Garonne tomba en son pouvoir. Cependant Caussade lui résista et arrêta le cours de ses exploits. LaMotte-Pujol gardait cette place avec 600 arquebusiers Villars y perdit une partie de son armée ; le vicomte de Gourdon, au passage de la Dordogne, la réduisit encore d’une compagnie. Ces pertes déterminèrent la dissolution de ses troupes et ce qui en resta, harcelé par Gourdon, s’achemina vers La Rochelle, place protestante assiégée par les catholiques.

Honorat fut nommé chevalier du Saint-Esprit le 1er janvier 1579.

Il mourut au Grand-Pressigny le 20 septembre 1580 ; il fut inhumé dans l’église du Grand-Pressigny, et Dubuisson, dans sa relation manuscrite d’un voyage qu’il fit en Touraine vers 1650, nous apprend que l’on voyait dans l’église du Grand-Pressigny une très belle table contenant une inscription en lettres d’or ainsi conçue : « Ci gist Honorat de Savoie, marquis de Villars, comte de Tende, admirai de France, chevalier des deux ordres du roy et lieutenant-général pour Sa Majesté en Guienne, qui décéda à Pressigny le 20 septembre 1580, et sa femme, Jeanne de Foix, vicomtesse de Castillon et captale de Buch, qui décéda le 30 mai 1542. » — Cette table était surmontée d’un écusson couronné aux armes du marquis de Villars, entouré des colliers des ordres de France « écartelé au 1er et dernier de gueules à la croix d’argent de Savoie, au 2e et 3e de gueules encore écartelé, au 1er et dernier un aigle à deux testes esployées et couronnées de même au 2e et 3e, chef d’or. »

Par son testament en date de 1574 et ses codiciles d’avril et de mai 1579 il donna au chapitre de Sainte Barbe érigé en l’église du Grand-Pressigny une rente de 1,000 livres. (Voir à l’article chapitre du Grand-Pressigny).

Il figure comme parrain dans un acte de baptême inscrit aux registres de l’état civil du Grand-Pressigny à la date du 13 août 1579 ; la marraine était Anne de Rochechouart, dame de Villequier et d’Etableau ; l’un des parrains était Philippe de Créqui seigneur des Bordes.

Il avait épousé Jeanne de Foix, fille d’Alain, comte de Foix et de Castillon, et de Françoise de Montpezat. Jeanne de Foix est décédée le 30 mai 1542 et elle eut sa sépulture dans l’église du Grand-Pressigny, ainsi que le fait connaître l’inscription précitée.

De son mariage est née Henriette, qui suit :

3. — Henriette, fille du précédent.

Henriette de Savoie-Villars fut d’abord fiancée à Jean IX de Créqui, prince de Foix, fait prisonnier près de Doulens, tué à la bataille de Saint Quentin en 1557.

Elle épousa le 26 janvier 1560 Melchior des Prez, seigneur de Montpezat et du Fou, maître des eaux et forêts, gouverneur et sénéchal du Poitou, chevalier de l’ordre du roi et son lieutenant en Guyenne, seigneur de Citière en Poitou, grand sénéchal de Châtellerault en 1544, nommé à cette fonction à l’âge de vingt ans. Il était fils d’Antoine de Lette, seigneur des Prez, de Montpezat et du Fou, grand sénéchal du Poitou, sénéchal et gouverneur de Châtellerault.

Une empreinte du sceau des Montpezat se trouve au bas d’une sentence rendue au nom de sénéchal du Châtellerault le dernier jour de juin 1539. Il porte trois chevrons au chef chargé de trois étoiles : pour légende : de Montpezat s. de Châtellerault. (Archives du département de la Vienne, chap. de N.-D. de Châtellerault, liasse 19e. — L’abbé Lalanne, Histoire de Châtellerault.)

Et par contrat du 23 juillet 1576, elle épousa en secondes noces Charles de Lorraine, duc de Mayenne, pair, amiral et grand chambellan de France, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses armées, gouverneur de Bourgogne, qui mourut à Soissons le 3 octobre 1611, âgé de cinquante-sept ans.

De son mariage avec Melchior des Prez sont nés :

1o Philibert Emmanuel, qui suit.

2o Henri, seigneur de Montpezat, nommé à l’évéché de Montauban qu’il quitta, et depuis, capitaine de cinquante hommes d’armes, gouverneur de Muret et de Grenade, mort le 14 août 1619 sans laisser d’enfants de Suzanne d’Aure, sa femme.

3o Claude, mort en 1597.

4o Jacques, mort en 1616.

5o Éléonore, mariée à Gaspard de Pontevez, comte de Garces, sénéchal de Provence.

6o Madeleine, abbesse de Saint-Puitz de Nonenque.

7o Gabrielle, mariée à Jean de Saulx-Tavannes, fils du maréchal de Tavannes.

8o Madeleine, mariée le 23 octobre 1583 à Rostaing, comte de la Baume-Suze, fait prisonnier à Montélimart le 20 août 1587, laissant de cette union : 1o Jacques-Honorat de la Baume, comte de Suze, marquis de Villars et héritier de Philibert-Emmanuel, son oncle, qui va suivre. Il épousa Françoise Apronne des Porcelets de Maillane ; 2o Marguerite épouse de Henri de Beaumanoir, marquis de Lavardin.

De son mariage avec le duc de Mayenne sont nés :

1o Henri de Lorraine, duc de Mayenne et d’Aiguillon, pair et grand chambellan de France, gouverneur de Guyenne, né à Dijon le 20 décembre 1578, tué au siège de Montauban en 1621 sans laisser de postérité de Henriette de Gonzague-Clèves qu’il avait épousée en 1599. (Voir à l’article Philibert-Emmanuel, ci-après, la relation de ses funérailles.)

2o Charles-Emmanuel, comte de Sommerive, né la 19 octobre 1581, mort en 1609 à Naples, sans alliance.

3o Catherine, mariée en 1599 à Charles de Couzagues duc de Nevers et de Mantoue, morte le 8 mars 1618, âgée de trentetrois ans. On trouve sur les registres de l’état civil du Grand-Pressigny la note suivante : « Le 21 septembre 1623, jeudi, le duc de Nevers vint au Grand-Pressigny, arrivant du havre de Nantes visiter ses vaisseaux ; il s’y arrêta pour dîner et s’en alla vers Nevers. »

4o Et Renée, alliée en 1613 à Mario Sforce, duc d’Ognano, morte le 23 septembre 1638 à Rome.

Par un contrat passé le 15 juin 1594, Henriette de Savoie avait consenti aux chanoines du chapitre du Grand-Pressigny une donation, mais elle voulut restreindre ensuite l’étendue de cette donation et elle contraignit les chanoines à accepter une convention qui leur était défavorable. Ils se pourvurent plus tard devant le roi et la donation primitive fut maintenue. (Voir chapitre du Grand-Pressigny.)

VIII
Famille des Frez-Montpezat

Philibert Emmanuel, dit de Savoie-Villars, fils de la précédente.

Philibert-Emmanuel, dit de Savoie, marquis de Villars, baron de Pressigny, sénéchal de Châtellerault, seigneur de la Brosse et de la Citière en Poitou. Il hérita de la baronnie du Grand-Pressigny du chef de sa mère.

Il épousa Léonore de Thomassin, fille de René de Thomassin, seigneur de Montmartin, qui ne lui donna pas d’enfants.

Cette dame figure comme marraine dans plusieurs actes de baptême inscrits sur les registres du Grand-Pressigny, notamment aux dates du 30 mars 1615 et 8 mai 1617.

Philibert prit une part active, pendant les trou blés religieux, aux luttes que les catholiques soutinrent contre les protestants du Quercy. Chargé de la pacification de cette province en état de rébellion, il vint à la tète d’un détachement de l’ armée royale concourir au siège de Montauban (1621). Blessé grièvement devant cette place au début du siège, le 1er septembre 1621, il mourut des suites de ses blessures le 5 du même mois, et son corps fut rapporté au Grand-Pressigny,où il fut inhumé en grande pompe.

Une note inscrite sur les registres de l’état civil de la paroisse du Grand-Pressigny nous fournit la relation des cérémonies de son inhumation ; on y voit que le corps avant d’avoir sa sépulture dans l’église du Grand-Pressigny fut apporté d’abord dans celle de Saint-Martin de Pressigny, où il resta déposé depuis le 29 novembre 1621 jusqu’au 1er février suivant, jour de son inhumation au Grand-Pressigny.

Nous reproduisons ici cette note :

.Le cinquième jour de septembre 1621, trépassa de ce siècle haut et puissant seigneur Philibert-Emmanuel de Savoie, marquis de Villars et baron de Pressigny, près Montauban, et mourut icelui pour avoir été brûlé des poudres avec beaucoup d’autres, lequel brulement arriva le mercredi premier jour dudit mois de septembre, et mourut le dimanche cinquième jour en suivant.

« Le corps dudit défunt seigneur fut fait amener par madame sa chère épouse et fut conduit icelui corps fort honorablement avec plusieurs gens d’église et grand nombre de noblesse et très grand nombre d’autres personnes jusque dans l’église de Saint-Martin de Pressigny et y fut laissé et déposé depuis le jour de l’arrivée du corps qui fut le 29e jour de novembre 1621 jusqu’au 1er jour de février 1622 que le corps fut amené fort solennellement dans un chariot couvert d’un drap mortuaire de velours noir, avec l’assistance de Mgr l’évèque de Périgueux, qui fit l’office, avec l’assistance de M. de Villeloing, de M. l’abbé de Noyers et jusqu’au nombre de cent autres ecclésiastiques que religieux.

« A laquelle sépulture était assistant portant le deuil, M. le comte de Suze, neveu du défunt, et deux autres envoyés de la part de Madame de Carces et de Madame de Tavannes.

« Se trouva le jour de ladite sépulture jusqu’au nombre de 1,400 pauvres, dans lesquels pauvres il y en avait cent qui avaient chacun une robe noire, tous lesquels étaient destinés à porter des torches.

« M. le duc de Mayenne, frère dudit défunt seigneur baron de Pressigny, fut tué d’une arquebusade dont une balle lui donna dans l’œil gauche et fut tué tout mort. Il n’a été tant fait de solennité à son corps qu’à celui de son frère ci-dessus fut tué onze jours après la mort de son frère…

Nous indiquons ici les noms des quelques personnes qui furent attachées à la maison du marquis de Villars de 1612 à 1620 : — 1612, Claude Gruyer, aumônier ; 1613, Marc Rodier, secrétaire ; François Marsay, pourvoyeur ; Mathurin Noguet, concierge ; 1615, Etienne de Mathé, écuyer, maître d’hôtel ; Pierre Venin, tapissier ; Marthe Jaquet, fille de chambre ; 1616, Charles Raguin, receveur ; Jean Vallée, valet de chambre ; Jean Dichyer, peintre.

Après la mort de Philibert-Emmanuel, Jean Frédéric de Foix, comte de Gurson, son créancier de 45000 livrés fit saisir la terre du Grand-Pressigny sur : 1o Charles de Gonzague de Clèves, duc de Nevers, comme père et tuteur légal des enfants nés de son mariage avec Catherine de Lorraine ; 2o Renée de Lorraine, duchesse d’Onano ; 3o Jacques Honorat de la Beaume, comte de Surie, marquis de Villars ; 4o et Gabrielle des Prez de Montpezat, vicomtesse de Tavannes, tous héritiers de Philibert-Emmanuel.

Pierre Juteau fut établi commissaire à la saisie ; Julien Gautier se rendit fermier judiciaire de cette terre, et enfin par décret du parlement en date du 16 juillet 1627, de Paris, elle fut vendue et adjugée à Pierre Brulart de qui suit.

IX
Famille Brulart de Sillery

1. — Pierre Brulart.

Pierre Brulart, marquis de Sillery, vicomte de Puisieux, baron de Pressigny, seigneur de Marine, Berni, etc., conseiller du roi, commandeur de ses ordres, secrétaire d’État, etc., était fils de Nicolas Brulart, seigneur de Sillery en Champagne, ambassadeur et chancelier de France.

« Pierre Brulart, dit Moréri d’après Fauvelet du Toc et Anselme, fut secrétaire d’État sous Henri IV et sous Louis XIII ; il fut reçu en cette charge eu 1606, en survivance de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroi, dont il avait épousé la petite-nièce. Cette alliance et cette charge furent favorables à son avancement, et le roi l’honora l’année suivante de l’office de grand trésorier de ses ordres. Après la mort de Henri IV, la reine lui confia les plus importantes affaires. Elle l’employa à la négociation du double mariage des princesses de France et d’Espagne et l’envoya ambassadeur extraordinaire pour en faire signer les contrats. Il fut aussi envoyé sur la frontière pour l’échange des deux reines et il eut l’honneur de saluer le premier celle de France sur la rivière d’Andaye. Son autorité dans le conseil du roi était telle que le maréchal d’Ancre qui ne souffrait qu’avec une peine extrême le chancelier de Sillery et Villeroi, qu’il appelait les barbons, conçut de l’ombrage de son génie et le fit éloigner de la cour en 1616. Sa disgrâce, lui fut d’autant plus glorieuse que tout le monde savait qu’elle n’avait point d’autre cause que la probité de son père, celle du grand-père de sa femme et la sienne particulière. L’année suivante, après l’assassinat du maréchal d’Ancre, il fut rappelé et rétabli dans sa charge avec honneur. Pendant la faveur du connétable de Luynes, il ne cessa pas d’exercer sa charge, et dès qu’il fut mort il posséda tellement les bonnes grâces du roi qu’il disposait presque de tout. Lors du siège Montpellier, il négocia de la paix avec les huguenots, rendit le roi maître de la place et l’y fit entrer en armes. Sa Majesté, voulant reconnaître ce service le fit chevalier de ses ordres en présence du prince de Condé, ce qui n’empêcha pas que ceux qui se mirent en faveur ne lui fissent donner ordre de se retirer aussi bien qu’à son père en 1624. On tâcha d’obtenir de lui sa démission, mais il la refusa avec fermeté et ne voulut jamais recevoir 50,000 écus et ensuite 200,000 livres que le roi lui offrait pour récompense, avec son rang au conseil des dépèches et l’ambassade de Rome. Sa fermeté fut trouvée si juste qu’après sa mort même ses héritiers touchèrent cette somme. Pendant sa faveur, il ne tint qu’à lui d’être fait duc et pair, mais sa modération l’empêcha d’accepter cette haute dignité que le roi lui offrait. Il vécut dans sa retraite avec une égalité et quiétude admirables et y mourut le 22 avril 1640, âgé de cinquante-sept ans. »

Un manuscrit du fonds de Saint-Germain, bibliothèque nationale, no 1553, fournit des détails assez curieux sur la lutte de Vieuville et des Brulart, et sur leurs efforts pour écarter la reine-mère du conseil.

Il épousa en premières noces (1606), Madeleine de Neufville, fille de Charles de Neufville, marquis d’Alincourt et de Villeroi, gouverneur de Lyon, décédée sans laisser d’enfant le 24 novembre 1613.

En second mariage, il épousa par contrat du 11 janvier 1615 Charlotte d’Étampes de Valençay, fille de Jean d’Étampes marquis de Valençay, morte le 8 septembre 1677, âgée de quatre-vingts ans. Elle figure comme marraine sur les registres des baptêmes du Grand-Pressigny à la date du 16 janvier 1628 ; le parrain était Mgr d’Étampes, évêque de Chartres.

Dans ses mémoires, Saint-Simon fournit sur Charlotte d’Étampes des renseignements assez piquants.

« Mme de Puyzieux, dit cet auteur, veuve dès 1640, ne mourut qu’en 1677 à quatre-vingts ans, avec toute sa tête et sa santé. C’était une femme souverainement glorieuse que la disgrâce n’avait pu abattre. On ne pouvait avoir plus d’esprit qu’elle en avait et quoiqu’impérieux, plus tourné à l’intrigue. Elle était dans l’intime confiance de la reine. Revenue de Sillery dès 1640, cette amitié se resserra de plus en plus par les besoins et par les intrigues en sorte, que lorsque la reine fut régente, chacun compta avec Mme de Puyzieux et y a compté tant qu’elle a vécu. Le roi et Monsieur dans leur enfance,ne bougeaient de chez elle ; dans leur jeunesse, ils continuèrent à y aller et tant qu’elle a été au monde, le roi l’a toujours singulièrement distinguée et considérée. Elle était magnanime, et ruina elle et ses enfants. On portait en ces temps-là force points de Gènes, qui étaient extrêmement chers ; c’était la grande parure et la parure de tout âge : elle en mangea pour cinquante mille écus en une année à ronger entre ses dents ce qu’elle avait autour de la tête et des bras. »

De ce second mariage sont issus : 1o Louis qui suit ; 2o Nicolas-François, chanoine de Tours, abbé de Lespau, etc. ; 3o Charlotte, mariée le 15 mai 1641 à François d’Étampes, marquis de Mauny en Normandie, lieutenant général des armées du roi, morte le 22 septembre 1697 ; 4o Léonor-Adam, seigneur de Marine, mort en 1699 ; 5o Claude-Charles, reçu chevalier de Malte le 16 juillet 1640 ; 6o Marie-Éléonore, abbesse d’Avenay, morte le 3 février 1687 ; 7o et Françoise, religieuse.

Sur les registres des baptêmes du Grand-Pressigny, on trouve 1o à la date du 16 janvier 1628, Louis et Charlotte Brulart, parrain et marraine de Charles-Louis de Saint-Amand ; 2o et à celle du 18 février 1645, Claude-Charles et Léonor-Adam, parrains des deux cloches de l’église du Grand-Pressigny.

2. — Louis, fils du précèdent.

Louis Brulart, marquis de Sillery, gouverneur de la ville et citadelle de Damvilliers, baron de Pressigny, seigneur de Ferrière, d’Étableau, etc., mestre de camp d’infanterie.

Né en 1619, mort le 19 mars 1691.

Il épousa le 29 avril 1638 Marie-Catherine-Élisabeth de la Rochefoucault, fille de François de la Rochefoucault, pair de France et de Gabrielle du Plessis Liancourt, née le 16 février 1622, morte le 7 mars 1698.

De ce mariage sont nés :

1o Charles-Roger, marquis de Sillery et de Puisieux, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses armées, gouverneur d’Huningue, conseiller d’État, ambassadeur en Suisse, mort le 28 mars 1719, âgé de soixante-dix-neuf ans. Il avait épousé en 1668 Claude Godet, dame de Renneville, dont il eut un fils et sept filles. Il figure comme parrain au Grand-Pressigny le 21 novembre 1642.

2o Marie-Catherine, mariée le 23 novembre 1664 à Jean-Baptiste de Rochefort d’Ailly, comte de Saint-Point et de Montferrand. Elle fut marraine de l’une des cloches du Grand-Pressigny le 18 février 1645.

3o Louis, chevalier de Malte, abbé commandataire de Saint-Baud du Gard, mort le 17 juillet 1664 en Portugal, âgé de vingt-deux ans. Il figure comme parrain au Grand-Pressigny les 11 février 1652 et 26 septembre 1655.

4o François, abbé de Saint-Basle, mort en 1668 ; il a signé aussi un acte de baptême sur les registres du Grand-Pressigny le 20 septembre 1657.

5o Achille, baptisé au Grand-Pressigny le 24 juillet 1666[6], chevalier de Malte, aide de camp du vicomte de Turenne, mort à Landau, des blessures qu’il reçut au combat Sintzeim le 3 juillet 1674 à l’âge de vingt ans.

6o Charles-Henri, seigneur de Briançon, enseigne colonel au régiment de Turenne, tué an combat de Saint-Gothard en Hongrie contre les Turcs le 1er août 1664, âgé de treize ans et demi. Il a signé comme parrain un acte de baptême porté sur les registres du Grand-Pressigny à la date du 11 septembre 1657.

7o Fabio, né au Grand-Pressigny le 25 octobre 1655 (nous avons cherché en vain son acte de baptême sur les registres de l’état civil du Grand-Pressigny), évêque de Soissons, membre de l’Académie française, mort le 20 novembre 1714. — A l’Académie française, il succéda à Etienne Pavillon, et le fauteuil qu’il occupa l’a été dans ces derniers temps par Lamartine. Son éloge se trouve dans le tome III des mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

« Reçu en 1681 docteur en Sorbonne, dit le Dre Larousse, article Sillery Fabio, il siégea à l’assemblée du clergé en 1685, puis il fut nommé, en 1689, à l’évêché d’Avranches, qu’il permuta la même année contre l’évêché de Soissons. — Il était membre honoraire de l’Académie des inscriptions (1701) et membre de l’Académie française (1705). Ce prélat instruit, mais plein de morgue, a laissé les écrits suivants : Harangue, au nom du clergé, à Jacques II d’Angleterre (Paris, 1695 in-4o) ; Réflexions sur l’éloquence (Paris, 1700, in-12) ; Statuts synodaux (1730, in-12) ; des dissertations, des pièces de vers, etc. »

8o Carloman-Philogène, baptisé au Grand-Pressigny le 24 décembre 1659[7], né le 27 novembre 1656, colonel d’infanterie, capitaine de vaisseau, gouverneur d’Épernay, mort le 27 novembre 1727. Il accompagna le prince de Comti dans toutes ses campagnes ; il assista notamment aux batailles de Steinkerque et de Norwinde et fut dangereusement blessé à ce dernier combat. 11 épousa Louise Bigot.

9o Jeanne-Andrée-Charlotte, mariée en 1672 à Gabriel de Langan, marquis de Bois-Février, morte le 21 octobre 1710.

10o Gabrielle-Françoise, mariée à Louis Thibergeau, marquis de la Motte, en 1678, décédée le 17 juin 1732.

11o Et Marie-Françoise,mariée en 1683 à François-Hyacinthe de Gonthery marquis de Cavaglia, lieutenant général des armées du duc de Savoie et général des postes, morte le 31 janvier 1707.

Le 8 juin 1660, Marie-Catherine de la Rochefoucault, épouse de Louis Brulart vendit le droit que possédait la terre de Pressigny au port et au bac de Lesigny à Suzanne de Meaussé, veuve de Jean du Refuge, comte de Coinel, baron de Confargis et de la Bouthelaye.

« Louis Brulart, dit Saint-Simon, avait beaucoup d’esprit mais nulle conduite et se ruina en fils de ministre, sans guerre ni cour. Il ne laissait pas d’être fort dans le monde et désiré par la bonne compagnie. Il allait à pied partout faute d’équipages et ne bougeait de l’hôtel de la Rochefoucault ou de Liancourt avec sa femme qui s’y retira dans a le désordre de ses affaires, longtemps avant la mort de son mari. Sa mère commença sa ruine. »

Suivant contrat passé devant Lenormand et Gigault, notaires à Paris le 21 juillet 1661, Louis Brulart de Sillery vendit la terre de Pressigny à Macé Bertrand de la Basinière, qui suit.

X
Famille Bertrand de la Basinière

1. — Macé.

Macé Bertrand, premier du nom, seigneur de la Basinière, Vouvant, Vervant, Mouilleron, Étableau, Chauceaux, Ferrière-Larçon, Clichy, Courcelles, Bessé, etc., trésorier de l’épargne.

Il épousa Marguerite de Vertamont, veuve de Daniel Voisin, mort à Paris le 20 mai 1621, âgé de cinquante-huit ans, notaire et secrétaire du roi, seigneur de Villebourg et de la Noiraie en Touraine.

De son mariage sont issus : 1o Macé, qui suit et qui succéda à son père vers 1661 ; 2o et Louise, morte en 1655, épouse de Guillaume Bautru, comte de Serrant, chancelier de Philippe duc d’Orléans, mort en 1711.

2. — Macé 2e, fils du précèdent.

Macé Bertrand, deuxième du nom, chevalier, baron du Grand-Pressigny, seigneur de la Basinière, de Vervant, Mouilleron, Etableau, Chanceaux, Ferrière-Larçon, Bessé, Clichyla-Garenne, Courcelles, etc., conseiller du roi, commandeur, maître des cérémonies, grand prévôt des ordres de Sa Majesté, trésorier de son épargne.

Le canal qui sert de lit à la rivière l’Egronne, le long des murs des Bas-Jardins, au Grand-Pressigny, a été fait par lui en 1677. Une partie de ce canal se trouve sur un pré qui lui a été cédé à cet effet par Autoine Thureaux, sieur du Buisson, maître d’hôtel de Mgr le chancelier le 9 août 1677.

Des difficultés s’étant élevées entre François Menard, curé de la Celle-Guenand et plusieurs seigneurs du voisinage, un jugement fut rendu le 3 septembre 1688, prononçant différentes condamnations au profit de M. Menard contre Macé Bertrand, baron du Grand-Pressigny, René-Urbain de Lestenou, écuyer, seigneur de la Gaudeterie, Louis de Périon, chevalier, marquis de Ports, seigneur de Ray, et Jacques Lepaintre, archiprêtre.

Le 1er avril 1662, par acte passé devant Tenèbre, notaire au Grand-Pressigny, le mandataire de Bertrand de la Basinière. seigneur du Grand-Pressigny fit un marché avec un voiturier pour transporter du château du Grand-Pressigny à Paris plusieurs ballots de meubles moyennant 1300 livres.

Le 31 mai 1669, Jean Quantin sieur de la Varenne, porteur des ordres de Sa Majesté pour la garde et la conservation du château du Grand-Pressigny en date des 10 et 12 du même mois, faisait signifier ses ordres du sieur Delestang avec sommation d’avoir à lui faire remise des clefs du château.

Macé Bertrand fut un des financiers poursuivis en 1661 à l’époque de l’arrestation et du procès de Fouquet. Il fut ensuite mis à la Bastille, privé de ses charges et exilé dans ses terres.

« C’était, dit Saint Simon dans ses mémoires, un riche, délicieux et fastueux financier qui jouait gros jeu, qui était souvent de celui de là reine. Il était bon homme et obligeant, fort galant, libéral, magnifique ; homme de grande chère et si aimé que tout le monde s’intéressa pour lui. Il parut constant qu’il n’y avait nulle friponnerie en son fait, mais un grand désordre faute de travail, et faute d’avoir su régler sa dépense. Il sortit enfin d’affaires et quoique dépouillé et réduit au petit pied, il fut le reste de sa vie bien reçu partout et accueilli de la meilleure compagnie. »

La terre de Pressigny fut saisie sur lui à la requête de Claude Charles Voisin, seigneur de Bonneval, et en 1682, à la suite de cette saisie, elle était administrée par un fermier judiciaire nommé Jean Lavergne, de Paris.

Il mourut vers la fin de 1688.

Il avait épousé, par contrat du 2 mai 1644, Françoise de Chemerault de Barbesières, fille d’honneur de la reine-mère, et fille de Geoffroy de Barbesières et de Louise de Marans ; elle décéda en octobre 1688. Elle figure comme marraine à la date du 26 septembre 1669 sur les registres des baptêmes du Grand-Pressigny ; le parrain était messire d’Aguesseau.

Saintine, dans Une maîtresse sous Louis XIII, trace de Mlle de Chemerault le portrait suivant : « Mlle de Chemerault, belle, gracieuse, spirituelle, adroite, galante, nécessiteuse, profondément dissimulée, aimant l’intrigue, car elle y pouvait habilement jouer son rôle, attendait sa fortune et son mari d’un haut et puissant personnage, le cardinal de Richelieu, dont elle se disait ouvertement l’ennemie, mais qui la tenait à gages. A cette époque (après la disgrâce de Mlle de la Fayette), le jeune Cinq-Mars était épris d’elle. Le roi Louis XIII ne l’aimait pas. On a trouvé une collection de ses lettres dans la cassette du cardinal après sa mort, et le recueil des pièces historiques et curieuses, tome V, de la vie du cardinal de Richelieu, par Leclerc, en publie une, écrite en langage narquois, argot de l’époque, ainsi conçue : L’Aurore (Mlle de Hautefort, favorite du roi) a obligé Céphale (le roi Louis XIII) à commander Pluton (La Chenaye, valet de chambre du roi) de ne se mêler plus de ses affaires avec l’Aurore. L’Aurore croit être ruinée dans l’esprit de Céphale par les mauvais offices que l’Oracle (le cardinal de Richelieu) lui a faits. Procris (la reine) y prend part et est si mal satisfaite de l’Oracle qu’il ne se peut davantage, etc.»

Du mariage de Macé Bertrand avec Mlle de Chemerault sont nés :

lo Macé, qui figure comme parrain sur plusieurs actes de baptême à Ferrière-Larçon ; il était l’aîné de ses frères et sœurs.

Le 14 novembre 1672, il fut tué d’un coup de fusil près du parc d’Etableau par Mathurin Haran, dit la Prade. Il fut inhumé le lendemain dans le caveau de l’église du Grand-Pressigny sous la chapelle dite de Monsieur, lieu ordinaire de la sépulture des seigneurs de Pressigny[8]. La cause et les détails de cet événement tragique ne nous sont pas connus. Mathurin Haran aura sans doute payé de sa vie le meurtre de Macé Bertrand, car en 1673, sa succession était vacante et administrée par un curateur nommé Jean Patras. Les biens qui en dépendaient furent saisis devant le siège présidial de Châtillon-sur-Indre. A la suite de cette saisie, le 19 juillet 1673, le moulin à Foulon de Benagu, paroisse de Chaumussay, fut affermé à René Robin et à Etiennette Bougrier sa femme, par le mandataire du sieur Quantin, caution de l’adjudicataire. Ce moulin, qui devint ensuite la propriété de Macé Bertrand, baron du Grand-Pressigny, fut revendu par lui à Etiennette Bougrier veuve de René Robin, moyennant 150 livres de rente perpétuelle par bail à rente passé en 1675 devant Tenèbre, notaire au Grand-Pressigny. — En 1670, Mathurin Haran était poursuivi criminellement par un nommé Jean Chevalier, sieur de la Gerbe, maitre de danse, pour cause de blessures faites à ce dernier par Haran. Le blessé fut soigné par M. Moreau, chirurgien au Grand-Pressigny ; jusqu’à son rétablissement, il séjourna chez le nommé Ferrière, cabaretier, puis le 26 octobre 1670 il fit la cession de ses droits en dommages-intérêts contre Haran à André Chastin, marchand à Sainte-Catherine-de-Fierbois.

2o Louis, mort en 1686. Il a signé deux actes de baptême sur les registres du Grand-Pressigny les 25 août 1662 et 23 avril 1663.

3o Alexis, capitaine de chevau-légers, le 23 décembre 1681. Il a signé, sur les mêmes registres, un acte de baptême le 2 septembre 1662.

4o Claude, seigneur de Courcelles.

5o Marguerite, morte en octobre 1688, mariée par contrat du 8 mars 1660 à Jean-Jacques de Mesmes, comte d’Avaux, membre de l’Académie française, mort le 9 janvier 1688, président au parlement de Paris, où il fut reçu le 22 avril 1672, après la démission de Macé Bertrand, son beau-père. Du mariage de Marguerite sont nés : 1o Jean Antoine de Mesmes, le 16 novembre 1661, marié le 23 mai 1695 à Marie-Thérèse Feydeau, décédée le 29 janvier 1705 et dont il a eu Marie-Anne-Antoinette dont il va être parlé ci-après et Henriette-Antoinette citée également ci-après ; 2o Davis-Thérèse citée aussi plus loin ; 3o et plusieurs autres enfants.

6o Marie-Anne, marquise de Nancré, qui suit.

7o Et un fils, abbé, tué en duel place des Victoires.

La succession de Macé Bertrand étant restée vacante, le sieur Débit, curateur à cette succession, vendit la terre de Pressigny à Mme la marquise de Nancré, suivant contrat passé devant Bechet, notaire à Paris, le 31 août 1690.

3. — Marie-Anne, fille du précédent.

Marie-Anne Bertrand de la Basinière, épouse de Claude Dreux, marquis de Nancré, capitaine, aux gardes, gouverneur d’Arras, lieutenant général des armées, mort en 1689.

« Les Dreux de Nancré, dit Saint-Simon dans ses mémoires, prétendent remonter à Pierre Dreux, seigneur de Ligueil, dont le fils, Thomas, écuyer, seigneur de Ligueil, fit une donation le 7 juillet 1472. »

Elle fit l’acquisition, comme on vient de le dire, de la terre du Grand-Pressigny du curateur à la succession vacante de son père.

Elle figure comme marraine sur les registres du Grand-Pressigny aux dates des 25 août 1662, 18 octobre 1696, 20 octobre 1704, 19 juillet 1715 ; elle assistait aussi à un mariage le 30 octobre 1691.

Suivant bail à rente passé devant Berthelot, notaire en la baronnie du Grand-Pressigny le 1er octobre 1696 elle aliéna la seigneurie de la Groitière au profit de Claude Chrétien et de Marie Garnier, sa femme.

Décédée sans postérité, ses héritiers, qui suivent, recueillirent la terre du Grand-Pressigny dans sa succession.

Et ils firent dresser au château du Grand-Pressigny par Ténèbre notaire au Grand-Prsssigny le 8 avril 1728, l’inventaire du mobilier ainsi que des titres et papiers qui s’y trouvaient.

4. — Héritiers de Marie Anne, qui précède.

1o Marie ou Davis de Mesmes, sa nièce, née en 1668, fille de Marguerite Bertrand et de Jean-Jacques de Mesmes, mariée en 1683 à François de la Roche, chevalier, marquis de Fontenailles, comte de Courtenay, seigneur d’Hautye, et duquel elle était séparée de biens.

2o Marie-Anne-Antoinette de Mesmes, née le 15 mai 1696, mariée le 14 décembre 1720 à Guy de Durfort, duc de Lorges, baron de Quentin, vicomte de Pomery, seigneur d’Avangour, etc., veuf en premier mariage de Geneviève-Thérèse Chamillart. Il payait à sa femme une pension annuelle de 22,000 livres.

3o Et Henriette-Antoinette de Mesmes, née le 29 avril 1698, mariée le 7 août 1713 à Hector Louis de Gelas marquis d’Ambre, brigadier des armées du roi et duquel elle était séparée de biens et d’habitation.

Ces deux dernières étaient petites-nièces de la marquise de Nancré et filles de Jean-Antoine de Mesmes, né à Paris le 18 novembre 1661, mort subitement le 23 août 1723. Il était fils de Jean-Jacques dont il est parlé plus haut.

Les héritiers de la marquise de Nancré vendirent la terre du Grand-Pressigny à M. Masson de Maisonrouge, qui suit, par contrat passé devant Hachette et Boursier, notaires à Paris le 7 juillet 1736. Sa prise de possession est constatée par un acte passé devant Chevrier, notaire à Étableau le 13 juillet 1736.

XI
Famille Masson de Maisonrouge

Pierre-Étienne.

Pierre-Étienne Masson de Maisonrouge, receveur général des finances de la généralité d’Amiens, écuyer, conseiller du roi, baron du Grand-Pressigny, demeurant à Paris, rue Courfault-Villain.

Il épousa : 1o Philiberte Durand de Chalas, qui se sépara d’habitation d’avec lui par arrêt du parlement en date du 16 mars 1751 ; 2o et Geneviève Bellaud.

Il consacra des sommes importantes à faire réparer le château du Grand-Pressigny et il compromit sa fortune par son luxe et sa dépense.

Après sa séparation d’avec sa première femme, un inventaire fut dressé au château du Grand-Pressigny par Me Ténèbre, notaire au Grand-Pressigny, le 23 avril 1751 ; ses créanciers firent vendre ensuite le mobilier qui s’y trouvait, suivant procès-verbal dressé parle même notaire le 16 août 1759.

Le 1er juillet 1745, M. de Maisonrouge transigeait avec un chanoine du Grand-Pressigny nommé Roupnel sur une plainte portée contre lui.

Le 20 février 1754, Me Garnier, notaire et procureur, faisait dresser un procès-verbal pour démontrer qu’il avait été destitué sans cause par M. Masson de Maisonrouge et que l’entrée de l’audience lui était refusée à tort par le juge.

La terre du Grand-Pressigny passa ensuite à M. Gilbert de Voisins, qui en fit l’acquisition le 27 septembre 1776.

XII
Famille Gilbert de Voisins

Pierre.

Pierre Gilbert de Voisins, président au parlement de Paris, marquis de Villaine, Belgrade, Saint-Étienne, Saint-Priest, baron de Pressigny et du fort de Chailly, seigneur de Chanceaux, Etableau, Neuilly-le-Noble, Ferrière-Larçon, Mazaire, Meudon, Orgeval, etc., premier baron du Forest.

Il épousa Marie-Annede Merle, et il fut le dernier seigneur du Grand-Pressigny. Cette terre fut confisquée sur lui, après 1789, et vendue comme bien national provenant d’émigré par le district de Preuilly en l’an IIIe de la république, sauf quelques dépendances qui furent restituées plus tard à sa famille.

Malardier.


Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs


Commune du Grand-Pressigny
Suite[9]

Lieux divers

Les articles précédents font connaître ce que le bourg, ou, si l’on veut, la petite ville du Grand-Pressigny présente de plus intéressant à signaler. Nous citerons maintenant quelques propriétés rurales, dont l’origine remonte à l’époque féodale, et pour terminer, nous relaterons un certain nombre de faits que les archives locales ou la tradition nous ont révélés.

1. — Saint-Martin

Le petit bourg de Saint-Martin, situé à un kilomètre du Grand-Pressigny, a été chef-lieu de paroisse et de commune. La commune portait le nom de Saint-Martin d’Étableau ; en 1812 elle fut réunie à celle du Grand-Pressigny. La paroisse, qui était anciennement distincte de celle d’Étableau et portait le nom de Saint-Martin de Pressigny, vit s’adjoindre Étableau dans sa circonscription ; elle prit alors le nom de paroisse de Saint-Martin d’Étableau, mais dans ces derniers temps elle fut à son tour supprimée et réunie à celle du Grand-Pressigny.

D’après Dufour[10], Guillaume de Pressigny, à la demande de Rainald ou Renaud abbé de Pontlevoy, fonda à Pressigny un monastère, et comme l’abbaye de Pontlevoy jouissait encore à l’époque de la Révolution du bénéfice curial de l’église de Saint-Martin, il est vraisemblable que ce monastère a dû être placé sur le territoire de Saint-Martin, et que le bourg de Saint-Martin s’est créé à la suite de la fondation de cet établissement religieux.

De ce bourg il ne reste plus que l’église, le presbytère, la propriété des Plantes et celle de la Groitière.

Église. — L’église de Saint-Martin est encore debout. Elle appartient au style roman. Lorsqu’elle cessa d’être affectée à l’exercice du culte, elle devint la propriété de la famille Vigeant qui la convertit en grange. La suppression de son clocher ne fut pas la seule mutilation qu’elle éprouva ; cependant, malgré les outrages que le temps et la main des hommes lui ont fait subir, elle n’en est pas moins intéressante à visiter. Son propriétaire actuel, M. Breton, arrivera, nous n’en doutons pas, sinon à la restaurer d’une manière complète et à la remettre dans son état primitif, du moins à la réparer et à la maintenir dans de bonnes conditions de conservation.

Ce n’est pas dans l’église de Saint-Martin que les barons de Pressigny avaient leur sépulture, mais bien dans le caveau qui existe au-dessous de leur chapelle seigneuriale dans l’église du Grand-Pressigny.

De notables réparations ont été faites à l’église de Saint-Martin en 1778 ; une note de M. Drouard, curé de la paroisse, fournit à ce sujet les renseignements suivants :

« Le 16 décembre 1778, M. Drouet Charles, expert à Loches a fait la réception des réparations faites au chœur et au clocher de cette église, faites par Jean Dubois, adjudicataire des dites réparations suivant l’acte du 21 mai 1778, reçu par Me Chevrier, notaire royal à la résidence de ce lieu, à la requête des décimateurs de cette paroisse, ainsi qu’il résulte des écrits que j’ai joints aux titres de cette cure. Je souhaite à mes successeurs qu’ils ne se trouvent jamais en pareil cas : le clocher entier était dans une ruine totale ; j’ai fait mon possible pour le faire construire solidement. Quoique je n’en aie pas fait tous les frais il m’en a bien coûté de la dépense extraordinaire et de l’embarras pour y pourvoir. Dieu le conserve ! Il reste maintenant les réparations de l’église et du cimetière qui n’est nullement clos. L’adjudication en est donnée à Dominique Blanchet, charpentier à Pressigny, du 8 mars 1778, ainsi qu’il appert par le procès-verbal d’adjudication. Je n’ai pas voulu comprendre les réparations du presbytère dont les gros murs et la charpente tombent également en ruines, par ménagement pour les habitants[11] ».

Curés. — Nous n’avons que très peu de renseignements sur les curés de Saint-Martin ; nous nous bornerons à citer les suivants :

1738. — Delamotte, curé et bachelier en Sorbonne. I1 a commencé le premier à dire la Passion dans cette paroisse en 1738.

1757. — Charles Barat. — Il quitta en 1557 la cure de Saint-Martin d’Ètableau pour aller occuper celle de Saint-Venant. Il eut pour successeur M. Chevalier, chanoine de l’église de Saint-Martin de Tours en 1769.

1774. — Pierre Chevalier, né à Sainte-Maure. Il mourut le 20 décembre 1774, âgé de 70 ans. Son successeur Drouard, laissa sur les registres de l’état civil une note nécrologique que nous transcrivons :

« Le sieur Chevalier, vivant curé de cette paroisse, natif de Sainte-Maure, âgé de 70 ans, a édifié son peuple par les exemples de vertu qu’il lui donna et par les solides instructions dont il le fortifia pendant sa vie. Son corps repose en cette église au bas du... au milieu do la dernière marche, en descendant sous la grosse tombe. Prions Dieu pour le repos de son âme. Il décéda le 20 décembre 1774 à onze heures du matin et fut inhumé le 22 à midi par Messieurs les curés et prêtres du Doyenné, et notamment M. Ferrand, curé de Ghaumussay, qui en fit la cérémonie. Son zèle pour le salut des âmes, sa patience dans les souffrances, son humilité, sa charité envers le prochain et particulièrement en faveur des pauvres entre les mains desquels il dépensa souvent la plus grande partie de ses propres ressources, sont autant de vertus qui excitèrent le cri public en témoignage de leurs justes regrets au moment de ses obsèques. Fasse le ciel que fidèle à la grâce du seigneur, après avoir été le témoin de ses belles qualités et particulièrement de sa solide piété je ne sois pas l’infructueux admirateur, et que devenant son successeur en vertu de la nomination faite par Mgr Charles Gilbert de Termont, évêque de Blois, en date du 22 décembre 1774 et la prise de possession le 29 janvier 1775, par Thierry, notaire apostolique à la Haye, je puisse aussi l’imiter dans ses vertus pour le salut de mon âme et le bonheur de ceux qui me sont confiés. Ce sont les vœux, la grâce que demande au Seigneur celui est votre serviteur. » (Signé) « Drouard, curé de Saint d’Étableau Martin ».

1774. — Louis Jacques Drouard, dont la nomination vient d’être indiquée.

Le Dictionnaire géographique d’Indre-et-Loire[12] indique comme prédécesseurs des curés qui viennent d’être nommés, les suivants :

1579. — Jacques Roy ;

1604. — Noël Moreau ;

1638. — François Auvray ;

1664. — Briu Marchand ;

1692. — Charles,Chauvin ;

1705. — Jacques Chevrier ;

1733. — Antoine Mousnier.

Presbytère. — Le presbytère, devenu la propriété et l’habitation de M. Vigeant-Moreau, a été acquis ensuite par M. Breton-Dubreuil. Il est situé à côté de l’église.

Il a fait l’objet, de la part des curés de Saint-Martin, de plusieurs notes[13] que nous relevons ici.

I. — Le 18 de juillet 1780, la grange de la cure a été refaite entièrement par Jean Desccoux et Saturnin Robin, maçons au Grand-Pressigny, Dominique Blanchef, charpentier, le tout à mes dépens. Je l’ai fait faire avec plaisir pour moi et mes successeurs curés. Je me suis appliqué à y donner autant de solidité qu’il a été possible et.... » (le surplus rayé et illisible).

II. — « J’ai fait construire à neuf les écuries, cellier, murs de cour et portail, et grande porte de la cure dans le courant de mai et mois suivant 1782, le tout à mes dépens, ainsi que la grange. » (Signé) Drouard, curé.

III. — « Les murs de clôture du parterre ont été faits à neuf en la présente année 1783, à mes dépens. » (Signé) Drouard.

IV. — J’ai fait construire à neuf dans le courant du mois d’août et septembre de la présente année 1786, la boulangerie, four et commodités de la cure de Saint-Martin d’Etableau, le tout à mes dépens. » (Signé) Drouard.

V. — « En la présente année 1788 le presbytère de cette cure de Saint-Martin d’Etableau a été construit à neuf par Dominique Blanchet, entrepreneur. »

Cimetière. — L’emplacement qu’occupait le cimetière de Saint-Martin d’Étableau. est resté sans aucun signe qui puisse le faire reconnaître. Des fouilles faites dans la partie occidentale plantée en bois de l’enclos de la Groitière, appartenant à M. Breton, ont fait découvrir plusieurs tombeaux et ont mis à jour un nombre assez considérable d’ossements humains. Il est probable que le cimetière occupait autrefois ce terrain ; on retrouve aussi quelques vestiges de sépultures dans le voisinage de l’église.

Les Plantes. — La maison située en face de l’église, appelée les Plantes, paraît fort ancienne. Son architecture, sa distribution semblent indiquer qu’elle a dû être habitée autrefois par des. religieux.

La Groitière.— Voir plus loin.

2. — Étableau.

Le bourg d’Étableau, dénommé aussi dans certains titres Etableaux, Estableau,et en latin Stabula, Stabulum (gîte, logis, fort, repaire élevé), fait partie maintenant de la commune du Grand-Pressigny ; précédemment il appartenait à la commune de Saint-Martin d’Etableau qui fut supprimée et réunie à celle du Grand-Pressigny.

Autrefois, il était le chef-lieu d’une paroisse qui, plus tard, fut annexée à celle de Saint-Martin ou de Saint-Martin de Pressigny et qui, après cette annexion, prit le nom de paroisse de Saint-Martin d’Étableau. Il appartient actuellement à la paroisse du Grand-Pressigny depuis que celle de Saint-Martin d’Etableau y a été réunie.

Étableau avait le titre de châtellenie. Ce fief relevait de la comté de Tours et ne devait hommage qu’au roi.

La baronnie du Grand-Pressigny en fit l’acquisition par saisie féodale et adjudication vers le commencement du XVIIe siècle et il en dépendait encore à la révolution.

Il faisait partie au XIIIe siècle du patrimoine de la branche cadette de la maison de Pressigny, ayant pour chef Renaud de Pressigny. Par suite d’alliance, il passa ensuite dans la famille de Linières puis dans celle de Le Maingre dit Boucicault ; puis par concession de Charles VII ou d’Agnès Sorel il devint la propriété d’Antoinette de Maignelais, cousine de celle-ci, et par le mariage d’Antoinette avec André de Villequier Etableau passa à la famille de Villequier pour faire retour ensuite, au XVIIe siècle, à la baronnie du Grand-Pressigny.

Le vieux château d’Étableau, assis sur le sommet d’un mamelon dominant le bourg d’Étableau et placé entre la vallée de la Claise et celle de l’Egronne, devait avoir une certaine importance. En cas de guerre il devait être un allié utile ou un voisin gênant pour les barons du Grand-Pressigny.

Nous ne possédons plus de cet antique château féodal, détruit depuis longtemps, que des pans de murailles, des restes de fortifications et l’emplacement des douves. Le tout est dans un état complet de dégradation. Ces ruines produisent de loin un effet très pittoresque et à leur inspection on reconnaît que l’édifice datait d’une époque fort ancienne.

Il y a tout lieu de croire que la destruction du château d’Étableau s’est accomplie pendant nos guerres de religion ; en tout cas l’histoire nous apprend qu’en 1569 le château d’Étableau, appartenant alors à René de Villequier, et le château de Chançeaux furent pris d’assaut par les protestants sous la conduite d’un chef nommé la Loue ou la Louve.

Cependant, la démolition du château d’Étableau n’a pas eu lieu totalement à l’époque que nous venons d’indiquer. Des réparations importantes ont dû encore prolonger son existence car, à la date du 7 décembre 1684, nous retrouvons une quittance consentie par le nommé Chichery, couvreur, de 1734 livres qui lui étaient dues pour avoir recouvert lé château.

Mais en 1728 il n’existait plus ; ce fait est attesté d’une manière précise dans un inventaire fait au château du Grand-Pressigny en cette même année. Au nombre des objets inventoriés on y trouve : « soixante pièces de bois de charpente provenant de la démolition du vieux château d’Étableau. »

Étableau possédait une chapelle située proche le château, placée sous le vocable de sainte Catherine et dont il ne reste plus que quelques vestiges. Elle était desservie par un abbé titulaire.

Un notaire s’intitulant « notaire des châtellenies d’Étableau et de Chanceaux » résidait à Étableau. Le greffe des mêmes châtellenies était affirmé en 1664 à Louis Moreau moyennant 60 livres par an.

Une foire s’y tenait annuellement le 25 novembre, jour de sainte Catherine : elle avait été établie et autorisée par lettres, patentes du roi en 1366, à la demande de Jean Le Maingre, dit Boucicault, seigneur d’Étableau. [14]

D’après Dufour [15] on comptait autrefois à Étableau 116 feux.


Seigneurs d’Étableau


Famille de Pressigny


Renaud de Pressigny, fils de Josbert de Pressigny, épousa Létice de Mauzé, dame de Marans et de l’Aleu, lfille pûinée de Guillaume de Mauzé. seigneur de Marans. a Jarrie, l’Aleu, etc. La soeur aînée de Létice avait épousé Rriant de Varèze qui vivait en 1262.

Chalmel, dans son Histoire de Touraine [16], lui consacre un intéressant article biographique : nous le reproduisons :

« Du Tillet et l’auteur de la nouvelle histoire de saint Louis mettent Renaud de Pressigny au nombre des maréchaux de France ; on sait qu’alors il n’y en avait qu’un seul. Le même historien rapporte qu’en 1270 l’armée chrétienne ayant fait une descente au port de Tunis, les Sarrazins sortirent tout à coup de leurs retranchements et marchèrent en bon ordre de bataille sur le camp des chrétiens en poussant des cris épouvantables, en sorte que ceux-ci se virent obligés d’en venir aux mains avant que d’avoir eu le temps de s’y préparer. Renaud de Pressigny qui depuis peu avait été fait maréchal de France, Hugues de Bauçay et Guy, son frère, gentilshommes tourangeaux se précipitèrent sur les ennemis, firent plier tout ce qu’ils attaquèrent, et portèrent la mort dans les rangs des Sarrazins, mais leur courage les ayant entraînés trop loin, ils se virent bientôt enveloppés malgré les prodiges de valeur qu’ils firent en se défendant. On croit qu’ils furent tués dans la mêlée. Ce ne fut que trois semaines après que l’on fut instruit de ces détails par le rapport de quelques prisonniers qui étaient parvenus à s’échapper. »

« Guillaume Guyard, poète qui vivait dans le même siècle, parle ainsi de ce combat dans son histoire intitulée : Roumans de la branche aux reaux lignages.

« Hue et Guy de Bauçay, deux frères,
Avec-eux ly fils et ly père
De Precigny qui les suivirent,
Entre Sarrazins s’embattirent
Bruyans comme foudres et acerres. »

De son mariage est né Renaud, qui suit.


Renaud II de Pressigny. Fils du précédent, seigneur de Marans, de l’Aleu, etc. Jeanne, sa femme, du consentement de son mari, donna à l’abbaye et aux religieux de la Merci-Dieu soixante arpents de landes situées entre la maison de l’hôpital appelée l’Espinacerie et la rivière de Claise, par une charte de mai 1267 [17].


Renaud III de Pressigny. Fils du précédent, seigneur de Marans, l’Alleu, etc.

Il épousa, vers 1325, Eustache de l’Ile-Bouchard et mourut en 1334.

Sont nés de ce mariage :

a) Renaud IV, seigneur de Marans, qui épousa Isabeau Trousselle et mourut sans lignée. Il fut décapité en 1353 par ordre du roi Jean. Peut-être est-ce à lui que s’applique ce que dit Chateaubriand d’un Renaud de Pressigny, seigneur de Marans, qui se plaisait à arracher la barbe et à crever un oeil à tout moine traversant les terres de sa seigneurie ;

b) Marguerite qui suit :

c) Guillaume qui eut deux filles ; l’une, Jeanne, épousa Guichardin d’Angles, et l’autre, Isabeau, fut mariée à Pierre de Sainte-Maure ;

d) Et Jeanne mariée à Geoffroy d’Ancenis.


Marguerite de Pressigny, fille du précédent, épousa Godemar, baron de Linières, qui suit, et par ce mariage elle fit passer la terre d’Étableau dans la famille de Linières, originaire du Berry.


Famille de Linières


Godemar de Linières, baron de Linière, seigneur de Rezai, Mereville, Achères, etc. fils de Jean III du nom, baron de Linières, et de Florie de Jarez.

Il prit part à la bataille de Bouvines, en 1340 et mourut la même année.

Devenu veuf d’Agnès de Sancerre, fille de Louis, seigneur de Sagonne et d’Isabeau de Thouars, il épousa en second mariage Marguerite de Pressigny.

Sont nés : de son premier mariage : 1°Jean, baron de Linières, marié à Jacquette de Mussy ; 2° Agnès, mariée à Guillaume de la Châtre. — Et de sa seconde union : 1° Godemar de Linières, seigneur de Mereville, Rougemont, Achères, Marans, Nançay, etc. ; 3° et Florie qui suit :


Florie de Linières. Fille du précédent, dame d’Étableau, de la Bretmière, du Breuil-Doré.

Elle épousa en premier mariage Jean Le Maingre, dit Boucicault qui suit, et en secondes noces Guillaume Mauvinet, chevalier, vivant en 1375. Par son mariage avec Jean Le Maingre elle transmit la terre d’Étableau dans la famille de ce nom. Le 7 mars 1410, elle recevait, comme dame d’Étableau, l’aveu de Gauvin d’Aloigny, à raison du fief des Riveaux, de Chaumussay.


Famille Le Maingre dit Boucicault


« Le nom de Boucicault, dit M. d’Ornano [18], n’était d’abord qu’un sobriquet. Boucicault voulait dire dans le français du temps, un soldat mercenaire, expression à laquelle on n’attachait pas alors la même idée qu’aujourd’hui. Mercenaire, loin d’être pris en mauvaise part, désignait le soldat permanent du roi à une époque où l’on n’avait pas encore conçu l’idée de troupes régulières. » Jean I Le Maingre dit Boucicault, maréchal de France.

« Né à Tours en 1310, dit M. d’Ornano, il entra au service sous Philippe de Valois et combattit successivement sous les rois Jean et Charles V. Ce fut le premier de ces trois rois qui voyant charger dans une mêlée le jeune Le Maingre lui dit : pousse, Bouciquault ! comme il aurait dit : pousse, mon soldat ! Dès lors le nom de Boucicault devient le nom patronymique du jeune guerrier et de tous les siens.

« Jean Boucicault devint maréchal de France. Il, fut un des plénipotentiaires du roi de France à Brétigny où fut signé le 8 mai 1360 un traité de paix avec le roi d’Angleterre. Frère d’armes de Duguesclin contre le roi de Navarre, Charles le Mauvais, il reprit à ce prince les places de Mantes et de Meulan. Il fut fait lieutenant général au gouvernementde Touraine en 1360, et il accompagna le roi Jean en 1362 lorsque ce monarque se rendit à Avignon auprès du pape Innocent VI. Ce fut encore Jean Boucicault qui fut l’heureux médiateur entre Jean de Monfort et la veuve de Charles, comte de Blois, pour faire conclure le traité de Guérande du 12 avril 1365.

« Il mourut à Dijon le 15 mars 1372. Son corps fut transporté à Tours et il reposait dans une chapelle particulière de Saint Martin de Tours. On lisait sur son tombeau l’épitaphe suivante : Cy gist noble chevalier messire Jehan Le Meingre, dit Bouciquaut, mareschal de France, qui trespassa à Dijon le 15e jour de mars 1372. »

Pour la fondation de deux chapelles, l’une en l’église de Saint Martin d’Étableau et l’autre en celle de Chaumussay, Jean Le Maingre avait donné une somme de 100 liv. qui fut amortie par lettres patentes du roi Jean de 1360 [19].

Par autres lettres patentes du roi Charles, sur la demande de Jean Le Maingre, en 1366, une foire fut établie au bourg d’Étableau [20]. Elle s’y tenait le jour de Ste Catherine.

Il possédait la ferme de la Maingrière, située commune de Ferrière-Larçon.

Sa femme, Florie de Linières, est décédée au château du Breuil-Doré, actuellement Bridoré.

De leur mariage sontnés : 1° Jean qui suit ; 2° Geoffroy qui va suivre ; 3° et, selon quelques auteurs, Oudard, maître d’hôtel de la reine, capitaine de la tour de Villeneuve-le-roi en 1393.


Jean II, fils du précédent, comte de Beaufort, vicomte de Turenne, maréchal de France, etc.

Il n’avait que quatre ans lorsque son père mourut et il demeura, ainsi que son jeune frère, Geoffroy, sous la tutelle de Florie de Linières leur mère.

Il se rendit célèbre dans la carrière des armes, et sa vie fut employée à guerroyer. En nous appuyant sur un historien dont l’ouvrage, sans nom d’auteur, a été imprimé à Cologne en 1727, nous retracerons ici en peu de mots le résumé de ses exploits.

Après la mort de son père et en récompense des services que ce dernier avait rendus à Charles V, Jean II fut placé à la cour, auprès du Dauphin, en qualité de garçon d’honneur.

A douze ans, en 1378, il fit sa première campagne en Normandie sous le duc de Bourbon contre Charles le Mauvais, roi de Navarre. En 1380 il prit part aux combats que nos troupes eurent à soutenir contre le duc de Buckingham, puis il accompagna le maréchal de Sancerre dans son expédition en Guyenne contre les Anglais.

Notre historien fait remarquer que dès cette époque, pendant le temps de repos, le jeune Boucicault était dans une agitation perpétuelle et qu’il faisait une guerre aussi rude à l’oisiveté qu’aux ennemis de l’État ; il marchait et courait longtemps à pied, frappait de grands coups de sabre ou de hache d’armes, lançait le javelot, courait la lance et s’exerçait à l’équitation pour s’endurcir.

En 1381, lors de la campagne de Flandre, il fut reçu chevalier et se distingua à la bataille de Rosebecque. Au plus fort de la mêlée il se trouva aux prises avec un Flamand d’une taille de géant qui, le raillant, se contenta de lui faire tomber sa hache d’armes en lui disant : « Va teter ; les Français ont bien disette de gens « puisqu’ils envoient des enfants au combat. » Mais Boucicault outré de ce mépris lui répondit… « Les « enfants de ton pays jouent-ils à de tels jeux ? » et tirant son épée il en perça le géant.

Après la paix il alla en Prusse et y fit deux campagnes en 1383 et 1384, puis il revint en France, assista au siège de Verteuil en 1385, à l’assaut et à la prise de la place forte de Mauléon, et secondé par Mauvinet, son frère utérin, par Renaud de Roye, Jean de ChâteauMorand et plusieurs autres braves, il passa l’hiver à fatiguer l’ennemi. Il se distingua à l’assaut des châteaux des Granges et de Gorbie^ se battit en combat singulier avec Sicard de la Borde, chevalier gascon partisan des Anglais ; puis, la campagne terminée, il rentra en France mais n’y séjourna pas longtemps. En 1386 et 1387 il accompagna le duc de Bourbon en Espagne dans la guerre contre les Portugais et en Guyenne dans celle contre les Anglais.

Boucicault employa en voyages les années 1387, 1388 et 1389. Il visita Venise., Constantinople Gallipoli, la Hongrie, Jérusalem, les Lieux saints et Damas ; retenu prisonnier pendant quatre mois dans cette dernière ville, il n’obtint sa liberté qu’en payant rançon. Il se rendit ensuite au Mont Sinaï et parcourut la Syrie. Arrêté une seconde fois à Beirout il rentra en France en passant par Rhodes, Chypre et l’Italie.

En 1390, Boucicault, Roye et Sampi tinrent contre les Anglais le fameux pas d’armes de Saint-Engilbert, dans la plaine entre Calais et Boulogne. Ce pas d’armes qui dura trente jours se fit aux frais de Boucicault.

N’ayant pu obtenir d’accompagner le duc de Bourbon en Afrique, il passa de nouveau en Prusse, s’y battit en 1391 et fut rappelé en France auprès du roi qui était alors à Tours. Le roi le nomma maréchal de France et le jour de Noël il lui en remit le bâton à l’issue de la messe.

En 1393 et 1394 il fut envoyé à Bordeaux en mission auprès du duc de Lancastre et à Avignon auprès du pape. En 1396 il alla en Hongrie assister le roi Sigismond contre les Turcs et fut fait prisonnier à la funeste bataille de Nicopolis ; il ne rentra en France qu’en 1398. Peu de temps après, il fut employé contre le comte de Périgord, assiégea et prit le château de Montignac et pacifia la Guyenne, où il resta jusqu’au printemps de l’année suivante.

En 1399 il fit la campagne de Grèce contre les Turcs et secourut l’empereur d’Orient. La paix étant faite, il revint en France (1400), et il institua l’ordre militaire de la Dame blanche à l’écu vert, dont le but était de donner secours et protection à toute dame ou demoiselle noble.

En 1401 les Génois l’appelèrent auprès d’eux et le nommèrent gouverneur de leur république ; il pacifia cette contrée et eut à soutenir plusieurs combats sur mer et sur terre sur les côtes de la Turquie.

En 1405 il protégea Pise et travailla en même temps à faire cesser le schisme auquel donnait lieu l’existence de deux papes, l’un à Avignon et l’autre à Rome.

En 1408, le maréchal fit un voyage en Provence sur une galère qui fut attaquée en route par des Corsaires Peu de temps après il rentra à Gênes et fit trancher la tête au comte de Pise qui conspirait sa perte. Il secourut ensuite (1409) les Milanais. Pendant son absence survint la révolution de Gênes et de l’Italie. Le maréchal n’ayant pas reçu les secours qu’il attendait de France se retira en Savoie avec ses troupes et rentra en France.

Les factions des Bourguignons et des Orléans vinrent alors désoler le pays ; il prit parti pour les Bourguignons et eut à livrer plusieurs combats (1411-1413).

Enfin arriva la funeste bataille d’Azincourt ; le maréchal Boucicault y fut dangereusement blessé, et emmené prisonnier en Angleterre où il mourut en 1421. Son corps ayant été embaumé fut rapporté en France et reçu l’honneur de la sépulture dans l’église abbatiale de saint Martin à Tours, auprès du maréchal, son père, et de la maréchale, sa mère, dans la chapelle des Boucicault qui était derrière le chœur. Son tombeau portait l’épitaphe suivante, gravée sur bronze : « Cy gist noble chevalier, messire Jean Le Meingre, dit Boucicault, le fils, Maréchal de France, Grand Connétable de l’Empereur, et de l’empire de Constantinople, Gouverneur de Gennes pour le roi, comte de Beaufort, de Clux, d’Àllest et vicomte de Turenne, lequel trépassa en Angleterre, illec étant prisonnier le vingt-septième jour de… MCCCCXXI. »

On a de Jean Boucicault plusieurs rondeaux, ballades, virelets et autres ouvrages en vers.

Il épousa en 1393 Antoinette de Turenne, fille ainée de Raimond, vicomte de Turenne et d’Eléonore de Gomminge. Il perdit sa femme en 1413 ; leur fils unique, nommé Jean, mourut peu de temps avant sa mère.


Geoffroy, frère puiné du précédent, seigneur d’Étableau, du Breuil-Doré, de Saint-Luc, etc., né à Tours en 1369, capitaine châtelain d’Alezan en la sénéchaussée de Toulouse par lettres du 3 octobre 1397. Il fut aussi gouverneur, du Dauphiné (1er avril 1399), mais n’étant aimé ni du peuple ni de la noblesse il se vit contraint de résigner ses fonctions en 1404.

Il prit part à la bataille d’Azincourt en 1415 et mourut en 1429.

En cette même année il poursuivait criminellement un habitant de sa terre d’Étableau qui y avait commis plusieurs violences. Sa veuve continuait la poursuite l’année suivante.

Il épousa Constance de Saluées dont il n’eut pas d’enfants, et en secondes noces Isabeau de Poitiers qui lui donna Jean, seigneur de l’Ile Savoyé, mort sans postérité et Louis, mort aussi sans postérité, ayant ainsi que son frère aine institué pour son héritier en tous ses biens Aimar de Poitiers, seigneur de Saint Vallier, son cousin germain, à condition de porter le nom et d’écarteler ses armes de celles de Boucicault. — Isabeau de Poitiers était fille de Louis de Saint-Vallier, ; elle vivait en 1457.

De la famille Le Maingre Etableau passa par concession, dit-on, de Charles VII ou d’Agnès Sorel à Antoinette de Maignelais, sa cousine.

Malardier.

(A suivre.)


Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs


Commune du Grand-Pressigny
Suite[21]

Famille de Villequier

Antoinette de Maignelais et André de Villequier, son mari. — André de Villequier, seigneur de Saint-Sauveurle-Vicomte, de Montrésor, de la Guerche, des Iles d’Oléron, etc., premier gentilhomme de la chambre du roi, capitaine de 50 hommes d’armes et de la Rochelle.

Il épousa en 1450 Antoinette de Maignelais et devint seigneur de la Guerche.

Henri Martin, dans son histoire de France, parle de ce mariage en des termes qui sont loin d’être flatteurs pour les deux époux. Nous citons cet historien :

«... Tandis que Charles VII (1450) étalait une grande douleur d’apparat à la mort d’Agnès Sorel en lui faisant élever deux somptueux monuments à Jumièges et à Loches, la belle des belles était déjà publiquement remplacée par une rivale qui l’avait supplantée en secret dans les derniers temps de sa vie. C’était sa propre cousine, Antoinette de Maignelais, vile créature qui inaugura des exemples de corruption jusqu’alors inconnus et depuis trop bien suivis et se fit marier par le roi afin d’avoir une position officielle, à un pauvre gentilhomme, le sire de Villequier, dont Charles VII dora et titra la honte. Il devint conseiller et chambellan du roi... etc. Antoinette assura la perpétuité de son crédit en se faisant la surintendante d’une espèce de harem qu’elle remplissait de jeunes filles séduites ou achetées à leurs parents. »

André de Villequier fit son testament le 15 juin 1454. Il mourut la même année en laissant d’Antoinette de Maignelais plusieurs enfants dont Artus, qui suit, et Antoine.

Sa veuve, devenue tutrice de ses enfants mineurs, rendit hommage au roi des terres qu’elle détenait le 16 juillet 1454. Elle devint ensuite la maîtresse du duc de Bretagne, François II ; elle poussa ce prince à entrer dans la Ligue du bien public formée contre Louis XI (1465). En punition de ses intrigues, Louis XI confisqua les terres d’Étableau, de la Guerche et de Montrésor, mais à la paix les biens d’Antoinette lui furent rendus ; elle fut même confirmée dans une pension de 6000 livres qu’elle recevait, et gratifiée des seigneureries de Montmorillon et de l’île d’Oléron. Elle eut deux fils et deux filles du duc de Bretagne. Des largesses de ce duc elle acheta la terre de Chollet et y fit sa demeure. Elle mourut vers l’an 1474.

Elle était fille de Jean, dit Tristan, seigneur de Maignelais, capitaine de Gournay et de Creil, et de Marie de Jouy.


Artus de Villequier, fils du précédent.

Il épousa Marie de Monberon, fille de Guichard de Monberon et de Catherine Martel.

Après la mort d’André de Villequier, ses deux enfants Artus et Antoine eurent un procès occasionné par le partage de la succession et terminé par un arrêt du Parlement qui décida qu’Artus, comme aîné, aurait la moitié des domaines de la Guerche, d’Étableau et de Montrésor avec les manoirs principaux, et qu’Antoine aurait l’autre moitié mais sans aucun droit sur les manoirs [22] Antoine fut conseiller et chambellan du roi ; il mourut en 1490 laissant de son mariage avec Charlotte de Bretagne un fils unique, François, qui mourut en bas âge et dont la succession fut recueillie par Jean-Baptiste de Villequier qui suit, né du mariage d’Artus de Villequier avec Marie de Monberon.


Jean-Baptiste de Villequier, fils du précédent, seigneur d’Étableau, vicomte de la Guerche, etc.

Il épousa : 1° Jacqueline de Miolans, inhumée dans l’église de la Guerche, laissant un testament en date du 17 septembre 1518 ;

2° Et par contrat du 28 mai 1519, Anne de Rochechouart, née en 1506, fille d’Aimery de Rochechouart, comte de Mortemart et de Jeanne de Ponville. Anne de Rochechouart dame d’Étableau, figure en qualité de marraine au Grand-Pressignyle 13 août 1579 [23]. — Un frère de cette dame, François, sieur de Mortemart, né le 25 décembre 1502, épousa Renée Taveau, fille unique de Léon, sieur de Lussac et de Jeanne Frottier. Cette Renée Taveau étant tombée en pâmoison fut crue morte et ensevelie avec un diamant à son doigt. Un de ses domestiques voulant dérober ce bijou ouvrit son cercueil pendant la nuit et la trouva vivante. Elle eut depuis plusieurs enfants. Ce fait donna lieu à la fable que François de Mortemart avait eu des enfants d’un démon succube qui avait pris la forme d’une femme.

En 1559 Jean-Baptiste de Villequier comparaissait à la seconde réformation de la coutume de Touraine.

De son premier mariage il eut un fils, René, qui mourut jeune.

Et du second : 1° Claude, vicomte de la Guerche, décédé sans postérité ; 2° René qui suit ; 3° et Jacqueline qui épousa Claude Savary, seigneur de Lancôme.


René, fils du précédent et frère de Claude, vicomte de la Guerche, dit le Jeune et le Gros, possédait Étableau et Chanceaux en 1569.

D’abord grand-maître de la maison de Henri III lorsqu’il n’était encore que roi de Pologne, il fut ensuite son capitaine des gardes lorsqu’il devint roi de France, puis premier gentilhomme de sa chambre, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit (1578), gouverneur de Paris et de l’Île de France.

Un passage de Henri Martin (Histoire de France), que nous citons ici, fait suffisamment connaître ce personnage : «… Henri III fit quelques choix bien entendus. Il donna (1578) le bâton de maréchal à Biron, à Ma« tignon et à d’Aumont, braves et habiles capitaines, mais il perdit le bénéfice de ces choix en élevant des misérables, tels que René de Villequier et François d’O, les Narcisses et les Pallas qui présidaient dans sa cour impure à des mystères dignes de Néron et d’Elagabale. C’étaient Villequier et d’O, le beau-père et le gendre tous deux connus, surtout Villequier, par leurs habitudes infâmes, qui avaient introduit la plupart des mignons auprès de Henri III. L’exécration qu’inspirait Villequier était au comble depuis qu’il avait poignardé sa femme enceinte à Poitiers, presque sous les yeux du roi, « qui haïssait cette dame parce qu’elle avait médit de Sa Majesté en pleine compagnie » et qui accorda sans difficulté rémission d’un crime ordonné ou consenti par lui. Villequier prétexta l’in« conduite de sa femme qui était notoire et dont il ne s’était jamais soucié. Il prétendait en outre qu’elle avait voulu l’empoisonner de concert avec un amant. »

En 1588 il prit part à la journée dite des Barricades à Paris, comme gouverneur de cette ville pour le parti du roi.

Il épousa :

Françoise de la Marck dont il eut une fille unique, Charlotte-Catherine, qui va suivre.

Et en second mariage Louise de Savonnières dont il eut Claude, qui suit.

Il mourut le 22 septembre 1590.

Après sa mort, Louise de Savonnières se remaria à Martin du Bellay, prince d’Yvetot. Ce dernier recevait le 5 mars 1607 l’aveu féodal de Georges de Bouchardière, Seigneur de la Duretière : « De vous, très haut et très puissant seigneur, messire Martin du Bellay, chevalier de l’ordre du roi, etc., et de vous, haute et puissante dame Louise de Savonnières votre épouse, aussi seigneur et dame à cause d’elle des châtellenies, terres et seigneuries d’Estableau et Chanceaux, j’ai Georges de Bouchardière, escuyer, Seigneur de la Duretière et du fief du Chêne, advoue, etc.. »


Claude de Villequier, fils du précédent et de Louise de Savonnières.

Mort sans enfants en 1607 à Fontainebleau, à 19 ans.

Ses propriétés furent recueillies par sa sœur, qui suit.


Charlotte-Catherine, sœur du précédent.

Elle fut mariée deux fois : 1° avec François d’O, seigneur du Fresne et de Maillebois, surintendant des finances sous Henri III ; 2° Et avec Jacques d’Aumont, baron de Chapes.


Barons du Grand-Pressigny


Vers la première moitié du XVIe siècle, la châtellenie d’Etableau fit retour aux barons du Grand-Pressigny en vertu d’adjudication dont la date précise nous est inconnue mais qui paraît avoir été prononcée sur saisie féodale, et jusqu’à la Révolution elle est restée en leur possession.

3. — Abbaye de Clairefeuille

Dans la forêt de Pressigny se trouvent les ruines d’une ancienne abbaye de Grandmontains (ordre religieux fondé par Saint-Etienne), connue sous le nom d’abbaye de Clairefeuille.

Suivant la tradition rapportée par Dufour [24], ce monastère fut détruit dans le XVIIe siècle par un duc de Lorges. Ce seigneur aurait, dit-on, fait attacher les moines à la queue de plusieurs chevaux et les aurait fait jeter ensuite dans un étang voisin de leur maison. Il est certain, dit encore le même auteur, que Clairefeuille (clarus folius) était un ancien prieuré de l’ordre de Grandmont, dont la réunion à la maison conventuelle de Bois-Rahier, près Tours, était déjà effectuée au commencement du XVIIe siècle.

Les registres de l’état civil du Grand-Pressigny constatent qu’en 1604 il a été fondu une cloche pour l’église de Clairefeuille.

Clairefeuille n’est plus aujourd’hui qu’une simple ferme qui devint au cours du XVIIe siècle la propriété des seigneurs du Grand-Pressigny.

Dans le bois qui l’entoure et que l’on désigne sous le nom de forêt du Grand-Pressigny, il existe des amas assez considérables de mâchefer. Ces scories sont le résidu de forges à bras détruites depuis longtemps et dont on fait remonter l’origine jusqu’à l’époque gauloise. (ï)


4. — La Vienne (seigneurie)

La seigneurie de la Vienne dépendait autrefois de la terre de Pressigny.

Antérieurement, elle avait appartenu à la famille de Bouchardière.

A. — Vers la fin du XVIe siècle, le seigneur de la Vienne était Georges de Bouchardière écuyer, sieur de la Duretière et de la Vienne, marié en premier mariage à Louise de Montalembert et en second à Renée de Rougemont. Il n’existait plus en 1623.

Les enfants de Georges furent : 1° Gabrielle, qui épousa René de Lestenou, seigneur de Boucferré ; 2° Claude, qui suit ; 3° et René, sieur de Valençay et de la Barbotinière, homme d’armes delà compagnie du roi. Ce dernier épousa à Barrou le 14 juin 1621 Anne François, fille de Honorat François, seigneur des Courtils de Barrou, et de ce mariage sont issus René et Renée.

B. — Claude de Bouchardière, sieur de la Duretière et de la Vienne, baptisé à la Guerche le 13 novembre 1590, marié à Madeleine Dumoulin. — De ce mariage sont nés : 1° Emmanuel, qui suit ; 2° Claude, baptisé à Etableau le 13 mai 1623 ; 3° Louise, baptisée au même lieu le même jour ; 4° Marie, baptisée aussi à Etableau le 7 mai 1624 ; 5° Et Charlotte dont le baptême eut lieu également à Etableau le 26 août 1628.

C. — Emmanuel de Bouchardière, baptisé au Grand-Pressigny le 3 janvier 1621. Il épousa le 13 juin 1650 Marie de Thiauges, fille de Daniel, seigneur du Roullet, et sœur de Louis de Thianges qui se rendit célèbre par la terreur qu’il inspira à Saint-Flovier et dans les environs par ses crimes et sa tyrannie.

Il y a quelques années, l’ancien manoir de la Vienne a été démoli et reconstruit à neuf ; il est transformé maintenant en une jolie maison d’habitation qui domine et orne la vallée de la Claise.

La terre de la Vienne appartient actuellement à M. François.

Au-dessus de Tune des portes d’entrée de l’ancienne maison d’habitation on remarquait une pierre portant un écusson avec des armes sculptées : trois besants, posés 2 et 1 sur champ dont l’émail ne pouvait être reconnu. Ces armes sont celles de la famille Poitevin. On peut en conclure que cette famille a possédé la Vienne avant la famille de Bouchardière. — Le Dictionnaire géographique de Touraine (t. VI, p. 401) dit qu’en 1551 elle appartenait à Jeanne de Marans, veuve de Louis Poitevin, écuyer. Dans le contrat d’acquisition de la terre du Grand-Pressigny faite le 31 août 1690 par Mme de Nancré, la seigneurie de la Vienne qui faisait partie de cette terre est comprise dans la vente avec cette simple désignation : la terre et seigneurie de la Vienne consistant en maison, métairie, terres labourables, prés, bois et autres héritages.


5. — La Groitière (seigneurie)

La Groitière faisait partie également des dépendances de la terre du Grand-Pressigny.

Elle fut vendue par Mme de Nancré, baronne du Grand-Pressigny, à Claude Chrétien, sieur des Imbertières, suivant contrat passé devant Berthelot, notaire du Grand-Pressigny, le 31 octobre 1696. Claude Chrétien et Marie Garnier, sa femme, la transmirent à leurs enfants qui étaient Marthe Chrétien veuve Urbain Rullière, Suzanne Chrétien femme Jean Begenne, et Antoine Chrétien.

Ceux-ci en consentirent la vente à François Arnault-Dubreuil et à Jeanne-Charlotte Chevrier-Favier, sa femme, par contrat passé devant Chevrier-Favier, notaire au Grand-Pressigny le 17 mai 1777.

Ces derniers la laissèrent dans leurs successions à leurs enfants. Elle échut par partage à Marie-Jeanne Arnault, épouse de Louis-Gilbert Barrault de la Glandière et à Anne-Marie-Pierre Arnault, épouse de PierreDenis Rousseau. Après leur décès, arrivé sans postérité, elle fut attribuée aussi par partage à Jean-FrançoisProsper Arnault-Dubreuil, leur frère, qui en fit donation à Mme Evelina Arnault-Dubreuil, sa fille, épouse de M. Emile-Adolphe Breton. M. Emilien Breton, leur fils, en est actuellement le propriétaire.

M. et Mme Breton-Dubreuil ont déplacé et fait reconstruire à neuf l’ensemble des bâtiments de la Groitière.


6. — L’Allier (seigneurie)

La seigneurie de l’Allier dépendait de la terre du Grand-Pressigny, et après 1789 ce domaine devint la propriété de M. Arnault-Dubreuil.

S’il faut en croire Dufour [25], le domaine de l’Allier qu’il nomme la terre d’Analiæae serait d’une origine fort ancienne, et se trouvait appartenir à l’église de St.-Martin de Tours lorsque la maison de Pressigny vint s’établir dans la contrée.

En 1684, la cour de l’Allier se trouvait sans clôture et il n’y avait plus d’étables pour loger les bestiaux. Cet état de choses obligea le fermier, nommé Jean Chevrier,à présenter une requête au baron de Pressigny en lui exposant qu’il ne pouvait plus demeurer à l’Allier, à moins que la grande cour ne fût close et des étables construites pour loger ses troupeaux et les mettre à l’abri des loups. Sur cette requête, le baron de Pressigny donna l’ordre de vendre quelques noyers, et le 15 mars 1684 un marché fut conclu avec plusieurs ouvriers pour faire construire deux petites étables proche le cellier, refaire les murailles de la grande cour avec deux grands portails et deux, portes bâtardes, et faire à la boulangerie et aux bâtiments d’habitations différentes réparations.


7. — Bouc-ferré (seigneurie)

On trouvera au tome XVII, p. 112 etc. des Mémoires de la Société Archéologique de Touraine la notice que nous avons donnée sur la terre de Bouc-ferré, ancienne seigneurie qui a été possédée pendant plus de 400 ans par la famille de Lestenou. Elle comprend une liste chronologique et généalogique de ses seigneurs depuis Jeanne de Bouc-ferré qui épousa Jean de Lestenou, vivant en 1433, jusqu’à Joseph Isaac de Lestenou, décédé à Bouc-ferré le 3 juillet 1807.

Il dépend de Bouc-ferré les domaines du Rouchoux, de la Russellerie (autrefois Lussellerie), de la Poterie, de la Croix, de l’Epinelte (ancienne seigneurie qui a appartenu à la famille des Housseaux) et de la Raterie. Notre notice s’occupe également de ces différents domaines.

Afin d’abréger notre travail nous nous bornons à renvoyer au volume précité.


8. — La Borde, la Joubardière, la Pinetterie

Ces propriétés ont appartenu à la famille Le François.

Honorat François, sieur de la Borde, capitaine au château du Grand-Pressigny vers 1600, devint ensuite propriétaire des Courtils de Barrou.

Jean, fils d’Honorat, seigneur de Soulangé et de la Borde, possédait aussi le domaine de la Joubardière. Il naquit à Barrou en 1619, mourut le 17 juin 1694 et fut inhumé en la chapelle de la Borde dans l’église du Grand-Pressigny.

Par bail à rente passé devant Ténèbre, notaire au Grand-Pressigny, le 8 novembre 16S0, Jean François sieur de la Borde et de Soulangé arrenta à Pierre Duplessis notaire au Grand-Pressigny : 1° le lieu et métairie de la Joubardière ; 2° le lieu et métairie de la Borde ; 3° et la borderie de la Cognauderie et de la Pinetterie qui n’avait alors aucun logement mais seulement des masures et des vestiges de bâtiments ; 4° et diverses rentes, le tout moyennant 310livres de rente.

La Borde relevait pour partie de la Guerche envers laquelle elle était tenue à deux chapons et 30 sols de cens et rente.

La Joubardière est appelée à acquérir une certaine importance par suite de l’établissement des gares des deux lignes de chemin de fer qui desservent le Grand-Pressigny.


9. — La Villatte

La métairie de la Villatte dépendait autrefois de la terre du Grand-Pressigny.

Comme la Borde, elle relevait pour partie de la vicomte de la Guerche, au devoir de 5 sols et de deux chapons par an. Le 24 mai 1683, le baron du Grand-Pressigny en passait déclaration à « haute et puissante dame damée Anne d’Aumont, femme séparée de biens de messire Gilles Fouquet, vicomtesse de la Guerche ».

Cette déclaration fait connaître qu’un des anciens propriétaires de la métairie de la Villatte, nommé Robert Chesneau, fit donation de cette métairie et de diverses autres propriétés pour la fondation, dans l’église du Grand-Pressigny, d’une chapelle érigée sous le titre de chapelle de la Borde, et pour l’entretien de ses chapelains. Elle indique aussi que par suite d’arrangements les chapelains cédèrent ensuite cette chapelle aux barons du Grand-Pressigny (voir plus haut le chapitre qui concerne l’église).

Plusieurs souterrains existent sous la cour de la Villatte. On y communique par une petite ouverture ménagée dans l’orifice du puits à eau à deux mètres environ au-dessous du sol.


Malardier.

(A suivre.)

  1. Il y avait, comme on le sait, deux sortes d’hommage : 1o le lige (celui qui lie), engagement absolu, dont le serment se prêtait à genoux, sans épée ni éperons, les mains dans celles du seigneur: l’homme lige devait le service personnel à l’armée ; il était en quelque sorte attaché à la glèbe comme le serf, car il ne pouvait affranchir sa personne de la vassalité en renonçant au fief. 2o Le simple, dont le serment se prêtait debout, l’épés au coté, les mains libres. Le simple vassal pouvait se faire remplacer dans le service militaire et il pouvait renoncer à l’obéissance du seigneur en rendant le fief (Henri Martin).
  2. Les justices seigneuriales s’exerçaient an nom des seigneurs et par des juges qu’ils instituaient et dont le chef se nommait communément bailli ; elles se divisaient en hautes, moyennes et basses justices suivant le degré plus ou moins éminent des seigneurs. Tous les fiefs n’avaient pas le droit de justice, ce qui faisait dire que fief et justice n’avaient rien de commun. La coutume de Touraine réglait la compétence de ces diverses classes de justices.
  3. Les généralités étaient ainsi nommées parce que chacune d’elles formait le ressort des receveurs généraux ou d’un bureau de finances. Les receveurs généraux nommaient, inspectaient, destituaient les élus, greneliers, contrôleurs, receveurs particuliers, sergents des aides. Chaque généralité avait plusieurs élections. Les élections jugeaient en première instance la plupart des affaires relatives aux impôts dont les Cours des aides connaissaient par appel. Les officiers qui les composaient étaient en outre chargés de la répartition de l’impôt et d’en faire opérer la perception par des collecteurs. Il y avait en outre dans chaque généralité un Intendant et des subdélégués nommés par lui, dont les attributions avaient beaucoup de rapport avec les préfets et les sous-préfets de nos jours. Ils étaient chargés de maintenir le bon ordre et d’exécuter les commissions ou ordres que les rois ou leur conseil leur donnaient. La généralité de Tours s’étendait dans le Maine, l’Anjou et la Touraine, et ses élections étaient : le Mans, Laval, Château-du-Loir, Angers, Beaugé, la Flèche, Châleau-Gontier, Saumur, Montreuil-Bellay, Tours, Amboise, Loches, Chinon, Mayenne, Richelieu et Loudun (Paillet).
  4. Voir le Bulletin de 1879, page 424.
  5. Voir le Bulletin de 1885, page 343.
  6. « Le 24e jour de juillet 1655 fut baptisé Achilles, fils de haut et puissant seigneur M. Loys Bruslart, marquis de Sillery, gouverneur pour le roy de la ville et citadelle de Damvilliers, baron de Pressigny, Ferrière et Étableau, Saint-Clau, la Borde-Marine et autres places, et de haute et puissante dame Marye-Catherine de la Rochefoucault, son épouse. Fut parrain vénérable et discrète personne M. Nycolas-François Bruslard, abbé de Sillery. La marraine haute et puissante dame Audrée-Françoise de Villonne, duchesse de la Rochefoucault, par moi soubzsigné. — (Signé) A. de Villonne, Bruslart de Sillery, et Bouguereau, curé du Grand-Pressigny. Registres de l’état civil du Grand-Pressigny. »
  7. L’an 1659 le 24e jour de décembre ont été suppléées les cérémonies de baptême de Carloman-Philogène, fils de haut et puissant seigneur messire Louis Bruslart, chevalier, marquis de Sillery, seigneur de ce lieu et de haute et puissante dame madame Marie-Catherine de la Rochefoucault, son épouse, ledit enfant âgé de trois ans ou environ étant né le 27 novembre 1656 et ondoyé le lendemain. Son parrain a été haut et puissant seigneur messire Henri de la Rochefoucault, abbé de Notre-Dame-de-Celles, sa marraine haute et puissante dame Jeanne-Charlotte du Plessis, princesse de Marcillac, épouse de haut et puissant seigneur messire François de la Rochefoucault prince de Marcillac, lesquels ont signé avec moi prêtre curé et chanoine de ce lieu. (Signé) Jeanne-Charlotte du Plessis. H. de la Rochefoucault et Delafond, curé du Grand-Pessigny (id.).
  8. « Le cinquième novembre mil six cent soixante-douze, le corps de Macé, fils aîné de messire Macé Bertrand, chevalier, seigneur de la Basinière, baron de ce lieu du Graud-Pressigny, a été inhumé dans le caveau sous la chapelle de Monsieur, sépulture ordinaire des seigneurs de ce lieu. Il avait été tué le jour précédent d’un coup do fusil proche le parc d’Etableau par Mathurin Haran dit la Prade. » (Registres de l’état civil du Grand-Pressigny.)
  9. Bulletin, t. IV, p. 424 ; t. VI, pp. 343 et 408.
  10. Dictionnaire de l’arrondissement de Loches, t. II, p. 367.
  11. Anciens registres de l’état civil.
  12. III, p. 31 (Mém. de la Soc. arch. de Touraine, t. XXIX).
  13. Ancien registre de l’état civil.
  14. Dom Housseau, n° 3639.
  15. Hist. de l’arr. de Loches, t. 1, p. 238.
  16. T. IV, p. 396.
  17. Dom Housseau, n°3204.
  18. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. I.
  19. Dom Housseau, n°3639.
  20. Id, n°3656.
  21. Bulletin, t. IV, p. 424 ; t. VI, pp. 313 et 408 ; t. VIII, p. 368.
  22. Dictionnaire géographique de Tours, t. III, p. 277.
  23. Reg. de l’état civil du Grand-Pressigny.
  24. Dictionnaire de l’arrondissement de Loches, t.II, p. 369.
  25. Histoire de l’arrondissement de Loches, t. II, p. 361.