Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/170

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plaisir quand on en a contracté l’habitude. Aussi, pour parler sommairement, toutes les choses que l’on fait de sa propre initiative, ou sont bonnes ou nous paraissent bonnes, ou sont agréables ou nous paraissent telles ; or, comme on fait volontiers ce qui émane de son initiative, et malgré soi ce qui n’en émane point, tout ce que l’on fait volontiers est bon ou paraît bon, ou bien est agréable, ou encore paraît l’être. J’établis aussi que la cessation des maux ou de ce que l’on prend pour tel, ou encore la substitution d’un mal plus petit à un plus grand, compte parmi les biens ; car ce sont choses préférables, en quelque façon ; et la cessation des choses pénibles ou soi-disant telles, ou encore la substitution de choses moins pénibles à d’autres qui le sont davantage, comptent pareillement au nombre des choses agréables.

XIX. Il faut donc traiter des choses utiles et des choses agréables, en considérer la nature et le nombre. Nous avons parlé de l’utile précédemment, en traitant des arguments délibératifs[1] ; parlons maintenant de l’agréable. Nous devrons juger les définitions suffisantes chaque fois qu’elles ne seront, sur le point à définir, ni obscures, ni trop minutieuses[2].

CHAPITRE XI


Des choses agréables.


I. Établissons que le plaisir est un mouvement de l’âme, et sa disposition soudaine et sensible dans un état naturel ; — que la peine est le contraire.


  1. Chap. IV, VI, VIII, etc.
  2. Cp. Top., VI, 1, p. 136 b 15.