Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/117

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leur salut du Seigneur, demandent le peuple de Dieu pour tuteur. Le genre humain tout entier a été empoisonné dans le premier homme par l’ennemi commun ; et nul ne passe du premier Adam au second sans le sacrement de baptême. Adam vit encore dans les petits enfants qui n’ont pas reçu le baptême ; le baptême leur a-t-il été conféré ? C’est Jésus-Christ qui vit en eux. Ne pas voir Adam en eux, lorsqu’ils viennent de naître, c’est se mettre dans l’impossibilité devoir en eux le Christ après leur renaissance. Pourquoi néanmoins, dit-on, un homme déjà baptisé et fidèle, à qui les péchés sont remis, engendrerait-il un enfant souillé par le péché du premier homme ? C’est que cette génération se fait par la chair et non par l’esprit. Or, ce qui naît de la chair est chair[1]. Sans doute, « si l’homme extérieur se corrompt en nous, l’homme intérieur se rajeunit de jour en jour[2] ». Mais la génération des enfants n’est pas l’œuvre de ce qui se rajeunit, elle est l’œuvre de ce qui se corrompt. C’est pour ne pas mourir éternellement que tu as eu le bonheur de renaître après ta naissance ; pour lui, il est né, mais il n’a pas eu encore le bonheur de renaître. C’est en renaissant que tu es arrivé à la vie ; laisse-le donc renaître pour qu’il vive aussi ; oui, laisse-le, laisse-le renaître. Pourquoi cette opposition ? Pourquoi essayer par ces disputes nouvelles de briser l’antique règle de foi ? Pourquoi dire que les petits enfants n’ont pas même le péché originel ? Pourquoi le dire, sinon pour les tenir éloignés de Jésus ? Jésus pourtant te crie : « Laisse venir à moi ces petits[3] ». Tournons-nous, etc.


SERMON CLXXV. L’ESPÉRANCE DES PÉCHEURS[4].

ANALYSE. – Jésus-Christ n’est venu au monde que pour sauver les pécheurs. Or, ce qui prouve combien les pécheurs doivent avoir en lui de confiance, c’est la grâce de conversion qu’il a daigné accorder aux Juifs en général et à saint Paul en particulier aux Juifs qui ont commis le plus grand crime en le mettant à mort dans leur fureur, et dont un grand nombre se sont convertis et sont devenus des saints quelques jours après ; à saint Paul, le premier, le plus grand des pécheurs, parce qu’il s’était montré le plus acharné des persécuteurs. Aussi dit-il lui-même que Dieu l’a converti, afin que nul ne désespère de sa conversion.

1. Ce qu’on vient de lire dans le saint Évangile est exprimé par ces paroles de l’Apôtre saint Paul : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, c’est que Jésus-Christ est avenu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier ». Le Christ n’avait, pour venir au monde, d’autre motif que celui de sauver les pécheurs. Qu’on supprime les maladies et les plaies ; à quoi bon la médecine ? Or, si un tel Médecin est descendu du ciel, c’est qu’il y avait sur la terre un grand malade étendu ; ce malade est le genre humain tout entier. Tous les hommes cependant n’ont pas la foi[5] ; mais le Seigneur connaît ceux qui sont à lui[6]. Les Juifs donc étaient orgueilleux, ils s’enflaient, avaient de hautes idées d’eux-mêmes, se croyaient justes ; ils allaient même jusqu’à faire un crime au Seigneur de ce qu’il appelait à lui les pécheurs. Aussi ces hommes hautains et fiers furent délaissés sur leurs montagnes, où ils font partie des quatre-vingt-dix-neuf[7]. Ils furent délaissés sur leurs montagnes, qu’est-ce à dire ? Qu’ils furent abandonnés à leur frayeur terrestre. Ils font partie des quatre-vingt-dix-neuf, qu’est-ce à dire encore ?

  1. Jn. 3, 6
  2. 2Co. 4, 16
  3. Mrc. 10, 14
  4. 1Ti. 1, 15
  5. 2Th. 3, 2
  6. 2Ti. 2, 19
  7. Mat. 18, 12