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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/522

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avant cette époque la philosophie athée d’Épicure et de Lucrèce étoit à la mode ? Et, pour donner un exemple plus décisif, qui ne se rappelle le discours que César prononça en plein sénat lors de la conjuration de Catilina, et dans lequel, niant les dogmes les plus importants pour le maintien de l’ordre social, il dit en propres termes que la mort est la fin de toutes les inquiétudes, au lieu d’être un supplice, et qu’au delà du tombeau il n’y a ni peines ni plaisirs ? »


4e. — page 220.

Ce jardin délicieux étoit la stérile Judée.

Ce sont là les plaisanteries de Voltaire sur la Judée. Eudore répond à ces plaisanteries. Je n’ignore pas qu’il eût pu répliquer que la Judée étoit très-fertile : et sans beaucoup de travail j’aurois trouvé les preuves réunies de ce fait dans l’abbé Fleury, et surtout dans le docteur Shemd. Mais, selon moi, une simple observation peut concilier les autorités qui ont l’air de se contredire ; car si plusieurs auteurs anciens parlent de la fécondité de la Judée, Strabon dit en toutes lettres qu’on n’étoit point tenté de disputer aux Juifs des rochers déserts. L’Écriture offre sur le même sujet des passages si contradictoires, que saint Jérôme a cru que la fertilité de la Judée devoit s’entendre dans le sens spirituel. La vue des lieux résout sur-le-champ la difficulté. La Judée proprement dite étoit certainement un pays sec et ingrat, à l’exception de quelques vallées, telles que celles de Bethléem, d’Engaddi et de Béthanie ; mais le pays des Hébreux étoit une terre d’abondance. La Galilée au nord ; l’Idumée et la plaine de Saron au midi ; au levant, les environs de Jéricho, sont des pays excellents. Jérusalem étoit bâtie sur un rocher, dans les montagnes, au centre d’un pays fertile qui la nourrissoit. Voilà la vérité. Pourquoi les législateurs des Juifs placèrent-ils, par l’ordre de Dieu, la cité sainte dans un lieu sauvage ? Eudore en donne, humainement parlant, la raison principale.


5e. — page 221.

Les chrétiens s’assemblent la nuit, etc.

Les anciens apologistes font mention de ces calomnies. On voit bien que le mystère de l’Eucharistie avoit pu faire naître la fable des repas de chair humaine ; mais on ne sait pas ce qui pouvoit avoir donné lieu à l’histoire du chien, des incestes, etc. Fleury remarque judicieusement que les païens, accoutumés aux abominations des fêtes de Flore et de Bacchus, avoient naturellement supposé que les chrétiens se livroient dans leurs assemblées secrètes aux mêmes crimes.