Aller au contenu

Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/521

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LIVRE SEIZIÈME.

La question touchant le polythéisme, la religion naturelle et le christianisme, est la plus grande question qu’on puisse soumettre au jugement des hommes. Elle fourniroit la matière de plusieurs volumes, et je ne pouvois y consacrer que quelques pages.

La scène est fondée sur deux faits historiques :

1o Il est vrai que Dioclétien délibéra pendant tout un hiver, avec son conseil, sur le sort des chrétiens ;

2o Sous l’empire d’Honorius, on voulut ôter du Capitole l’autel de la Victoire. Symmaque, pontife de Jupiter, prononça à ce sujet un discours qui nous a été conservé dans les Œuvres de saint Ambroise. Saint Ambroise répondit à Symmaque, et nous avons aussi la réponse de l’éloquent archevêque de Milan.


1re Remarquepage 217.

Je suppose que Rome chargée d’années, etc.

Ceci est emprunté du discours du vrai Symmaque. Je ne sais si l’on a jamais remarqué que le fameux morceau de Massillon, dans son sermon du petit nombre des Élus, est imité du beau mouvement oratoire du prêtre des faux dieux. C’est le cas de dire, comme les Pères, qu’il est permis quelquefois de dérober l’or des Égyptiens.


2e. — page 218.

Nous ne refusons point de l’admettre dans le Panthéon, etc.

Tibère avoit voulu mettre Jésus-Christ au rang des dieux ; Adrien lui avoit élevé des temples, et Alexandre Sévère le révéroit avec les images des âmes saintes.


3e. — page 219.

Galérius laissoit un libre cours aux blasphèmes de son ministre.

Cela seul suffiroit pour établir la vraisemblance poétique et faire tomber la critique de ceux qui disent qu’Hiéroclès ne pouvoit pas parler si librement dans le sénat romain. Mais l’auteur de la brochure que j’ai citée a très-bien montré que je n’étois pas sorti des bornes de la vérité historique.

« Sous Dioclétien, dit-il, il n’y avoit guère à Rome que le peuple qui suivît de bonne foi le culte des idoles. Des systèmes philosophiques plus absurdes peut-être que le polythéisme étoient professés publiquement, et l’on jouissoit sur ce point de la liberté la plus absolue, pourvu qu’on rendît un hommage extérieur aux dieux de l’empire. Qui ignore que même longtemps