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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/539

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22e. — page 249.

Des dragons semblables, etc.

Si l’on en croit Plutarque et Lucain, Caton d’Utique trouva sur les bords de la Bagrada, en Afrique, un serpent si monstrueux, que l’on fut obligé d’employer pour le tuer les machines de guerre.


23e. — page 249.

Des monstres inconnus, etc.

Les anciens disoient que l’Afrique enfantoit tous les ans un monstre nouveau.


24e. — page 250.

La persécution s’étend dans un moment, etc.

Tout ce qui suit dans le texte est un abrégé exact et fidèle des passages que je vais citer. La vérité est ici bien au-dessus de la fiction. Je me servirai des traductions connues, afin que tous les lecteurs puissent voir que je n’ai pas inventé un seul mot.

Extrait d’Eusèbe. « Un grand nombre (de chrétiens) furent condamnés à mourir, les uns par le feu et les autres par le fer. On dit que cet arrêt n’eut pas été sitôt prononcé, qu’on vit une quantité incroyable d’hommes et de femmes se jeter dans le bûcher avec une joie et une promptitude non pareilles. Il y eut aussi une multitude presque innombrable de chrétiens qui furent liés dans les barques et jetés au fond de la mer… Les prisons, qui ne servoient autrefois qu’à renfermer ceux qui avoient commis des meurtres ou violé la sainteté des tombeaux, furent remplies d’une multitude incroyable de personnes innocentes, d’évêques, de prêtres, de diacres, de lecteurs, d’exorcistes ; de sorte qu’il n’y restoit plus de place où l’on put mettre les coupables… Quelqu’un peut-il voir sans admiration la constance invincible avec laquelle ces généreux défenseurs de la religion chrétienne souffrirent les coups de fouet, la rage des bêtes accoutumées à sucer le sang humain, l’impétuosité des léopards, des ours, des sangliers et des taureaux, que les païens irritoient contre eux avec des fers chauds ?… Une quantité presque innombrable d’hommes, de femmes et d’enfants, méprisèrent cette vie mortelle pour la défense de la doctrine du Sauveur. Les uns furent brûlés vifs et les autres jetés dans la mer, après avoir été déchirés avec des ongles de fer et avoir souffert toutes sortes d’autres supplices. D’autres présentèrent avec joie leur tête aux bourreaux pour être coupée ; quelques-uns moururent au milieu des tourments ; quelques-uns furent consumés par la faim ; quelques-uns furent attachés en croix, soit en la posture où l’on y attache d’ordinaire les criminels, ou la tête en bas, et percés avec des clous, et y demeurèrent jusqu’à ce