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BAT

Bastion irrégulier, ou difforme, comme parle M. Harris, est celui qui n’a point une de ses demi-gorges, parce qu’un de ses flancs est trop court.

Bastion régulier, est celui dont les faces, les flancs & les gorges, ont la proportion requise.

Bastion à orillon. C’est une espèce de bastion dont les flancs font un centre, la concavité en dedans. Orillon est un diminutif d’oreille, & ce bastion est appelé bastion à orillon ; parce que de la façon dont les flancs s’unissent à la courtine, cela représente à-peu-près la figure d’une oreille.

Bastion plat, est un bastion posé au milieu d’une courtine, quand elle est trop longue pour être défendue par les bastions qui sont à son extrémité ; au lieu qu’on les met ordinairement sur les angles de la place, quand elle est régulière. M. Harris le définit un bastion construit sur une ligne droite.

Demi-Bastion, est une pièce de fortification qui n’a qu’une face & un flanc. Pour fortifier un angle trop aigu d’une place, on en coupe la pointe, & on y met deux demi-bastions qui font une tenaille, ou un angle rentrant. Leur plus grand usage, c’est d’être à la tête des ouvrages à corne ou à couronne.

☞ En termes de Médecine, le mot de bastion s’applique par analogie, à une partie du corps qui sert comme de rempart, de défense à une autre. Tel est le thorax par rapport au cœur & aux poumons.

On appelle le bastion de France, une petite place qui est sur la côte de Barbarie entre Tunis & Alger, quoique ce ne soit qu’une tour & un donjon où les marchands entretiennent une garnison de 50 hommes pour favoriser la pêche du corail, qu’ils font à huit milles de-là. On donne des noms aux bastions pour la commodité du service. Bastion du Roi, bastion de la Reine, &c.

BASTIONNÉ, ÉE. adj. Tout bastionnée : c’est une sorte de fortification qui tient de la tour & du bastion, inventée & mise en usage par M. de Vauban. On dit que la tour bastionnée vaut mieux que le bastion ordinaire.

BASTIR. Voyez Bâtir.

BASTISSE. Voyez Bâtisse.

BASTISSEUR. Voyez Bâtisseur.

☞ BASTOGNE. Petite ville des Pays-Bas, au Comté de Chiny, à huit lieues de Luxembourg.

☞ BASTON. Ville d’Angleterre. Voyez Boston.

BASTON. Voyez Bâton.

BASTONNABLE. adj. Mot burlesque, pour dire, qui mérite des coups de bâton. Dignus fustibus. Le Héros de son Roman est très-bastonnable. Scar.

BASTONNADE. s. f. Action par laquelle on donne des coups de bâton. Fustis ictus, fustuarium. Les satyriques médisans sont sujets aux bastonnades.

BASTONNÉE. s. f. Voyez Bâtonnée.

BASTONNER. Voyez Bâtonner.

BASTONNET. Voyez Bâtonnet.

BASTONNIER. Voyez Bâtonnier.

BASTUDE. s. f. Terme de Marine. Le s se prononce. C’est une espèce de filet, duquel on se sert pour pêcher dans les étangs salés, dont il est fait mention dans l’Ordonnance.

☞ BAS-VENTRE. Terme d’Anatomie. Voyez Abdomen, terme synonyme.

☞ BASVILLE. Bassivilla. Ville de l’Amérique, dans l’Île de la Martinique, proche du Fort Royal, bâtie pendant que M. le Bas étoit Gouverneur de l’île.

BAT.

☞ BAT, ou BATH. Espèce d’interjection dont nous nous servons dans la conversation pour faire connoître que ce qu’on nous dit, est une sottise, n’est point de notre goût. Bat.... c’est-à-dire, vous vous trompez, vous ne savez ce que vous dites.

BAT. s. m. Queue du poisson. Vieux mot qui n’est plus en l’usage qu’en la cuisine du Roi, en cette phrase : on mesure les poissons selon la quantité des pouces qu’ils ont entre œil & bat ; c’est-à-dire, l’œil & la queue. Cauda.

Bat. Petite monnoie d’argent qui a cours dans plusieurs villes d’Allemagne, particulièrement à Nuremberg. Le bat vaut quatre crutzers, à raison de quatre deniers, ou huit fenins le crutzer. Il y a aussi des bats en Suisse, qui sont des monnoies de billon, c’est-à-dire, d’argent & de cuivre.

Bat. Voyez Bath.

BÂT, en prononçant l’a long & ouvert, s. m. Selle grossière qu’on met sur le dos des bêtes de somme. Clitellæ. C’est une manière de harnois qui est composé d’un bois, qu’on appelle fût, d’un panneau & de deux crochets. Le bât d’un âne ; un cheval de bât. Jumentum clitellarium. ☞ Si vous voulez une définition recherchée, voici celle des Vocabulistes. Selle grossière qui sert aux ânes, aux mulets, & autres bêtes de somme.

Ce mot vient du latin bastum, signifiant la même chose, qui est dérivé du grec βάκτρον, signifiant un bâton avec lequel on porte des fardeaux. Mén. & Du Cange, que le Port-Royal a copié dans ses Racines grecques. Nicot le dérive du grec βασάζω, c’est-à-dire, bajulo, je porte. D’autres le dérivent par méathatèse de l’hébreu צב, qui signifie, tumidum, cameratum. Etienne Guichard du même mot hébreu צב, tsab, dans le sens de couverture d’un char, ou d’une litière, d’où il prétend que se fait bât, parce que c’est la couverture d’une bête de somme, stramentum, stratorium. Mais il y a plus d’apparence qu’il vient du vieux mot celtique bass, qu’on dit encore en basse-Bretagne dans la même signification. Dans les lois Palatines de Jacques I Roi de Majorque, au titre De faliis, on trouve le mot bât. Cum animalis sive de fellâ, sive de bast fuerit. Sur quoi le P. Papebrock, Acta SS. Jun. T. III, p. LXXXII, dit que ce mot bât, vient de l’Allemand bast, qui signifie une corde, parce que le bât s’attache avec des cordes, & non pas avec des courroies, comme la selle. Dans les Acta Sanct. Bened. sæc. III. P. I, p. 581, on trouve bastæ, qui se dit du harnois d’un âne, & que le P. Mabillon prend pour les paniers ou mannequins qui se mettent sur le bast, & qui s’appellent, dit-il, dans ce pays-là, c’est-à-dire, proche de Sarlat, bastes. On paroit en effet distinguer cela du bât ; car il y a Stravit Asinum, &, ut rusticè loquar, super imposuit bastas, in quarum una, &c. Ce nom vient de ce qu’ils s’attachoient au bât.

On dit proverbialement d’un homme qui est trop vêtu, qu’il est rembourré comme le bât d’un mulet. On dit de celui qui a quelque affaire domestique fâcheuse, & qu’il cache, qu’on ne sait pas où le bât le blesse. On dit aussi d’un homme fort stupide, que c’est un cheval de bât. On dit encore d’une chose qui peut servir à plusieurs usages & à plusieurs personnes, que c’est un bât à tous ânes. On dit qu’il n’importe de quoi le bât soit rembourré, pourvu qu’il ne blesse point la bête ; pour dire, qu’il n’importe ce que l’on mange, pourvu qu’on n’en soit point incommodé.

☞ BATA. Province d’Afrique, au royaume de Congo, dans la basse Ethiopie. La ville principale a aussi le nom de Bata.

BATADOUR. s. m. Terme du jeu de revertier, qui se dit des ☞ dames qui font surcase, sur la même flèche où il y en a déjà d’accouplées. On les appelle ainsi, parce qu’avec elles on bat les dames découvertes, sans se découvrir soi-même.

BÂTAGE. s. m. Droit que lèvent quelques Seigneurs sur les chevaux de bât. Vectigal jumentorum clitellariorum. Ce droit se prend pour tous les chevaux bâtés, chargés, ou non chargés, pour raison du bât, outre le péage, pour raison de la marchandise. M. De Lauriere, sur Ragueau.

BATAIL. s. m. Espèce de marteau fait en forme de massue, ou morceau de fer long & rond, & beaucoup plus gros par le bout d’en-bas, que par le bout d’en-haut, qui pend au milieu de la cloche étant attaché à la belière, & qui frappant à droite & à gauche sur les bords la fait sonner. Il est vieux. Clava tudicula. Le poids du batail doit être proportionné au poids de la cloche. L’art de le fondre & de le proportionner est