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autres. La corneille avertit des malheurs à venir. La Font. Il y a en Angleterre beaucoup de corneilles toutes blanches. Morton, Hist. nat. de Northampton.

Corneille emmentelée, est celle qui est en partie noire, en partie grise, qui a la couleur depuis le cou, jusqu’à la moitié du corps, différente du reste. Cornix partim atri, partim cinerei coloris.

Il y a plusieurs autres espèces de corneilles, La corneille de bois, appelée Freux, Graie, ou Grosse. Cornix frugilega. La corneille bleue, cornix cærulea, qui se voit en Misnie, ou en Allemagne. C’est un oiseau vorace qui n’est recommandable que par la beauté de ses couleurs. Son bec est noir, les cuisses brunes & courtes. Il a du bleu à plusieurs endroits de son pennage ; savoir à la queue, aux ailes, à la tête, autour du croupion, à la partie de dessus. Par endroits il est couvert, en d’autres il est mêlé d’une couleur verte. Le dos, le cou & le devant sont bruns, les grandes pennes des aîles sont noires. Corneille de mer. Voyez Corbeau de bois.

Il y a dans la Fauconnerie du Roi, des oiseaux & des Officiers pour le vol de la corneille.

On dit figurément d’un Auteur qui a fait quelque Ouvrage en ramassant ou en dérobant les pensées des autres, que c’est la corneille d’Esope, ou la corneille d’Horace, par allusion à la sable qu’ils rapportent de la corneille, qui se trouva sans plumes, quand les autres oiseaux eurent repris celles qu’elle leur avoit dérobées pour se parer. La Fontaine dit dans ses fables que ce fut au geai que cette avanture arriva.

La corneille est le symbole d’Apollon, le Dieu des Devins. Politien, dans ses Miscellan. c. 67. Quand elle est perchée, elle marque la foi conjugale. P. Jobert.

Corneille, terme de Botanique. s. f. Lysimachia. Plante qu’on appelle encore Lysimachie. On en connoît plusieurs espèces ; la plus ordinaire est celle qu’on nomme Lysimachia lutea major, forte Dioscoridis. C. B. & qu’on trouve au bord des ruisseaux & dans les endroits humides. Sa racine trace considérablement, & donne plusieurs tiges qui sont d’abord rougeâtres, & qui s’élèvent à la hauteur de trois à quatre piés, un peu velues, cannelées & noueuses par intervalle, de ces nœuds naissent trois, quatre, rarement cinq feuilles, qui environnent la tige ; elles sont plus ou moins larges, suivant la bonté du terroir ; pareilles en quelque manière par leur figure à celles du saule ordinaire, un peu plus larges, d’un vert-blanchâtre. L’extrémité des tiges est branchue, & est garnie de bouquets de fleurs jaunes, d’une seule pièce, découpées assez profondément en cinq parties, à peu-près de même grandeur que celles du millepertuis, & soûtenues par un calice verdâtre à cinq pointes, du milieu duquel s’élève un pistil qui enfile la fleur, & qui devient un fruit sphérique de la grosseur & figure d’un grain de coriandre. Ce fruit s’ouvre à sa pointe en plusieurs parties, & il contient plusieurs semences dans sa cavité. Cette plante porte le nom de Lysimachus, qu’on prétend avoir été son premier inventeur. La corneille est astringente. On assure sur plusieurs expériences, que l’on prétend certaines, que le jus de la corneille versé sur les plaies les plus dangereuses, les guérit en très-peu de temps.

CORNELIA. s. f. nom propre d’une famille des anciens Romains. Cornelia gens. La famille Cornelia, étoit une des plus grandes, des plus illustres & des plus étendues de Rome. Elle avoit plusieurs branches, les unes Patriciennes, & les autres Plébéïennes. Les Patriciennes étoient les Blasions, les Lentulus, les Scipions, les Cinna, les Sisenna, les Sulla, les Cossus, les Metula, les Dolabella & les Céthégus. Il y a beaucoup de médailles de la famille Cornelia, la plupart des Lentulus. Il ne faut point dire la famille des Corneliens, comme on fait dans le Moréri, mais la famille Cornelia ; nos Antiquaires parlent toujours ainsi. On peut dire aussi les Cornelius, la famille des Cornelius.

CORNÉLIE, s. f. nom propre de femme. Cornelia est le féminin de Corneille ou Cornelius, & les noms des femmes de la famille Cornelia.

Et je ne puis au calme abandonner ma vie,
Ou craindre des périls, qu’affronte Cornélie. Brebeuf.

Nos Antiquaires & nos Médaillistes disent aussi souvent Cornelia : on ne dit même Jamais autrement, quand on y joint un autre nom, Cornelia Salonina, & non pas Cornélie Salonina, quoiqu’on dise communément Salonine tout seul.

CORNELIUS, CORNELIA. Voyez Corneille, Cornelia, Cornélie.

CORNEMENT. s. m. maladie d’oreille qui fait croire au malade qu’il entend toujours un bruit de cornet. Tinnitus aurium. Le cornement d’oreille vient souvent d’obstruction. Ce mot n’est plus en usage. On dit tintement d’oreille.

CORNEMUSE. s. f. instrument rustique dont se servent les bergers pour faire danser. Uter symphoniacus, utriculus. La cornemuse est la même chose que la chalemie, à la réserve que la chalemie n’a point de petit bourdon. La cornemuse a deux parties. L’une est la peau de mouton qu’on enfle comme un ballon par le moyen d’un porte-vent qui est enté sur cette peau, qui est bouché par une soupape. L’autre partie consiste en trois chalumeaux ou flûtes. L’un s’appelle le gros bourdon, & le second petit bourdon, qui ne font sortir le vent que par leurs pates ; & le troisième chalumeau est fait à anches, & on en joue en serrant la peau sous le bras, quand elle est enflée, & en ouvrant & fermant avec les doigts les trous dont il est percé, qui sont au nombre de huit. Le petit bourdon a un pié de long, le porte-vent six pouces, le chalumeau treize pouces, y compris son anche, lesquels se brisent & se divisent par les nœuds, pour être plus portatifs. Sa peau est d’un pié & demi de long, & de dix pouces de large : ce qui est pourtant arbitraire. La cornemuse a trois octaves d’étendue. La cornemuse sert de dessus aux hautbois du Poitou.

On dit proverbialement & bassement, quand la cornemuse est pleine, on en chante mieux & plus volontiers.

☞ CORNEMUSEUR. s. m. qui joue de la cornemuse. Rabelais s’est servi de ce mot. On ne le dit plus.

CORNÉOLE. s. f. pierre précieuse. Voyez Cornaline.

Cornéole ou Coronéole. s. f. plante, espèce de genêt, qui rampe presque toujours sur terre. Sa racine est ligneuse. Ses feuilles naissent alternes le long des branches ; elles sont minces, longues, semblables à celles de l’hyssope. Sa semence est petite, de la figure d’un petit rein, & renfermée dans une gousse platte. On l’appelle aussi fleur à teindre, ou herbe à jaunir, parce que les Teinturiers s’en servent pour teindre les draps en jaune, & s’ils les plongent auparavant dans le pastel ou guède, ils les teignent en vert. En Latin genisia tinctoria Germanica.

☞ CORNER, v. n. sonner d’un cornet, d’une corne. Cornu canere. Les vachers cornent pour rassembler les vaches qu’ils menent aux champs.

☞ On dit en ce sens d’un homme qui sonne mal du cor, qu’il ne fait que corner.

Corner signifie aussi parler dans un cornet pour se faire entendre à un sourd. Il faut lui corner aux oreilles pour se faire entendre. Aurem alicui personare.

☞ On dit activement, mais dans le style familier seulement, corner une chose, une nouvelle par tout, par toute la ville, avec imprudence & importunité. Aliquid palam & ubique serere, disseminare, evulgare. On avoit fait cette confidence en secret, il l’est allé corner par-tout.