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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/72

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Sans doute, l’art wagnérien et, avant ou après lui, tout l’art contemporain, ont enlevé à la mélodie vocale la prépondérance absolue, la faculté de se développer en soi et pour soi, la brillante ornementation, que lui concédaient les anciennes écoles italiennes, et ils ont en échange exigé d’elle et des voix une stricte obéissance à l’expression verbale, une traduction musicale sans cesse claire et fidèle des accents de la parole : mais, pour ce style nouveau, tout ce qui était regardé comme essentiel autrefois dans la technique du chant, le fonctionnement rationnel des organes de la respiration, l’émission pure et la pose assurée de la voix, l’égalité des registres, l’art de filer les sons, de les lier, d’en graduer l’intensité, la netteté de l’articulation, la souplesse, l’aisance et la logique du phrasé, tout cela est demeuré le fonds indispensable de l’éducation du chanteur et de la théorie comme de la pratique du chant. (Voy. aux mots en italiques dans le texte et à Appareil vocal, Bouche, Déclamation, Larynx, Vocalise, Voix.) || 2. Cri modulé de certains oiseaux. Le charme, l’éclat et la volubilité qu’on y remarque et l’impossibilité pour l’homme d’en reproduire les formules ni même de les noter exactement s’expliquent par l’existence chez ces espèces d’un second larynx, dit larynx inférieur, ou syrynx, dans lequel se forment les sons spéciaux à chaque variété. Célébré par les poètes, le chant des oiseaux a été chez les musiciens l’objet de fréquents essais d’imitation vocale ou instrumentale. (Voy. Musique descriptive.) || 3. Partie d’une composition harmonique à laquelle est confiée la conduite de la mélodie. Le chant est, pour certains amateurs, synonyme de mélodie, et le reproche qu’ils adressent à une musique nouvelle de n’avoir pas de chant signifie qu’à leur avis ce morceau manque de motifs aisément reconnaissables et mis en évidence. Les mêmes personnes, dans l’exécution d’un morceau de piano à 4 mains, disent « jouer le chant » pour jouer la partie supérieure, celle qui est notée en clef de sol, parce que, dans la musique moderne, la mélodie se trouve le plus souvent placée à l’aigu. || 4. Titre général, n’impliquant aucune obligation de forme particulière, pour des pièces de musique vocale ou instrumentale : Cinquante chants français, par Rouget de Lisle (s. d.) ; Soixante chants sacrés, par Gounod (1879) ; Le chant de la Terre, pour piano par D. de Séverac (1900), etc. || Chant ambrosien, voy. ci-après, Chant liturgique. || Chant donné. Dans l’enseignement de l’harmonie, thème sous lequel l’élève doit s’exercer à écrire une basse. || Chant farci, genre de pièce dont on place l’origine au monstre de Saint-Gall (Suisse), au ixe s., et dans lequel on faisait alterner avec les paroles liturgiques des intercalations de circonstance, appelées tropes. Cette coutume s’appliquait particulièrement aux chants du Kyrie et du Gloria, mais elle s’introduisait parfois en d’autres parties de la messe. L’Épître farcie de saint Étienne, qui se chantait au xiiie s., le jour de la fête du saint, à Paris, Reims, Amiens, et en plusieurs autres églises, était mêlée de tropes en langue vulgaire ; Le Tellier, archevêque de Reims, fit défense en 1686 de la chanter davantage. Les kyriolés ou criaulés, que chantaient encore au xviiie s. les habitants des villages voisins de Remiremont, étaient une survivance des chants farcis dans le chant religieux populaire. (Voy. Tropes.) || Chant figuré. On a longtemps désigné sous ce nom le chant mesuré qui se notait au moyen de différentes figures de notes, par opposition au plain-chant, toujours chanté à l’unisson, en notes égales, et exprimé par un nombre très restreint de signes. || Chant gallican, et Chant grégorien, voy. ci-après, Chant liturgique. || Chant mozarabe, voy. ci-après, Chant liturgique. || Chant national. Hymne patriotique ou dynastique désigné pour servir d’emblème musical à une nation, ainsi que le drapeau lui sert d’emblème visible. Il est exécuté officiellement dans les cérémonies militaires ou civiles et, dans les relations internationales, lorsque des honneurs sont rendus aux couleurs ou aux représentants d’une puissance étrangère. L’usage des chants nationaux est relativement récent. Jusque dans le xviiie s., les peuples et les armées ne connurent que les sonneries guerrières propres à chaque corps, les cris d’armes ou de ralliement et les chansons relatives à quelque événement mémorable. C’est de l’époque révolutionnaire que date le mouvement d’opinion qui obligea chaque État à faire choix d’une bannière et d’un chant uniques. On regarde comme le plus ancien de ceux-ci l’hymne néerlandais, dont le texte a été recueilli parmi les chansons des Gueux (1581) et dont la mélodie fut imprimée pour la première fois en 1626. Nés sous la pression des circonstances, très peu de ces chants ont pour auteur un musicien célèbre, et le plus beau de tous, La Marseillaise, fut l’œuvre d’un simple amateur, animé par la flamme