gers que ceux des cavaliers. Enfin les chevaux avoient aussi leur armure, qui leur couvroit la tête & le poitrail. De toute cette armure on ne se sert à présent que de la cuirasse ; car le haussecol que portent les officiers, est plûtôt un habillement d’honneur, que de défense ; cependant il est pour l’infanterie comme une marque de gorgerin ou gorgerette, qui faisoit partie de l’ancienne armure. Les François pousserent si loin la coûtume d’aller au combat à decouvert & sans aucune armure défensive, que Louis XIV. fut obligé de faire publier souvent des ordonnances pour obliger les officiers à se servir d’armure ; en conséquence de quoi les officiers généraux & les officiers de cavalerie furent obligés de reprendre la cuirasse : la cavalerie de la maison du Roi porte aussi la cuirasse, & sur le chapeau une calotte de fer pour parer les coups de tranchant, ou une calote de meche en-dedans du chapeau. Le reste de la cavalerie porte des plastrons de fer, qui s’attachent derriere le dos avec deux fortes courroies passées en sautoir : les dragons ne portent point de cuirasse. Voyez Armes. (G)
Armure d’un aimant, (Physiq.) n’est autre chose que plusieurs plaques de fer qu’on attache à une pierre d’aimant, & par le moyen desquelles on augmente prodigieusement sa force. Voyez Aimant. (O)
Armure, s. f. dans les manufactures de soie ; c’est après que le métier est monté, l’ordre dans lequel on fait mouvoir les lisses tant de chaîne que de poil, pour la fabrication de l’étoffe. Cet ordre suppose une certaine correspondance déterminée par le genre de l’étoffe, entre les lisses & les marches ; d’où il s’ensuit qu’il doit y avoir un grand nombre d’armures différentes : nous donnerons ces armures aux articles des ouvrages auxquels elles appartiennent.
Ainsi à l’article Satin, on trouvera l’armure d’un satin à cinq lisses ; l’armure d’un satin à huit lisses, dont une prise & deux laissées ; celle d’un satin façonné courant, pour le satin & le liage de 5 le 6 ; celle d’un satin façonné broché, pour le satin & le liage de 9 le 10.
A l’article Lustrine, l’armure d’une lustrine courante, à une seule navette ; l’armure d’une lustrine courante, à deux navettes seulement, c’est-à-dire, rebordée & liserée ; l’armure d’une lustrine rebordée ou liserée & brochée ; celle d’une lustrine à poil.
A l’article Luquoise ou Valoise, l’arlure d’un double fond courant, à une navette pour le poil seulement.
A l’article Damas, l’armure du damas courant. ordinaire ; l’armure du damas ordinaire broché seulement ; celle du damas liséré & broché.
A l’article Serge, l’armure d’une serge à six lisses.
A l’article Ras, les armures des ras de S. Maur, de S. Cyr, & de Sicile.
A l’article Taffetas, les armures des taffetas.
A l’article Gros-de-Tours, l’armure d’un gros-de-tours broché ordinaire.
A l’article Cannelé, l’armure d’un cannelé.
A l’article Carrelé, l’armure d’un carrelé.
A l’article Brocard, l’armure d’un fond d’or à huit lisses de satin & à quatre de poil ; l’armure d’un fond d’or à cinq lisses de fond & cinq lisses de poil ; l’armure d’un fond d’or à cinq lisses de satin & quatre de poil ; celle d’un brocard dont la dorure est relevée, sans liage ou liée par la corde ; celle d’un brocard dont la dorure est relevée, & tous les lacs liés, excepté celui de la dorure relevée qui ne l’est jamais.
A l’article Velours, l’armure d’un tissu de couleur, l’endroit dessus, celle du velours à six lisses.
A l’article Toile, l’armure de la toile d’or. Voilà vingt-huit armures ; ces vingt-huit armures suffisent pour fixer la nature de toutes les étoffes de soie, de quelque nature qu’elles puissent être ; il n’y en a aucune dont l’armure ne puisse être rapportée à quelqu’une des précédentes.
Pour expliquer plus clairement cette matiere, qui est par elle-même très-importante & très-difficile, nous avons pris le parti de représenter les lisses par des lignes horisontales, & les marches par des lignes verticales ou perpendiculaires à ces horisontales ; & nous avons ensuite placé des zéros ou des étoiles aux intersections.
Armure, s. f. (en Serrurerie.) on donne généralement ce nom à toute la ferrure d’une poutre, d’une machine, &c. nécessaire soit à sa conservation, soit à ses usages. Ainsi on dit une poutre armée, un aimant armé, &c.
Armure ; ce sont chez les Passementiers, & autres ouvriers en soie, de petites pieces de fer que l’on met aux deux bouts de la navette, en faisant de petites échancrures dans le bois de ladite navette, de façon que ces petites pieces ne la désafleurent pas ; l’usage de l’armure est de préserver les bouts anguleux de la navette, lors de ses chûtes, Voyez Navette.
ARMURIER, s. m. celui qui faisoit autrefois les armes défensives dont les gens de guerre se couvroient, telles que le heaume ou le casque, le gorgeron, la cuirasse, les brossards, les cuissarts, le morion, le hausse-col, &c. On confond aujourd’hui l’armurier avec l’arquebusier ; il est cependant évident que l’armurerie & l’arquebuserie sont deux professions fort différentes ; & que l’une subsistoit dans toute sa vigueur, que l’autre n’étoit pas encore établie. Les armuriers s’appelloient aussi heaumiers du heaume ou casque ; leur communauté étoit nombreuse ; leurs premiers statuts sont de 1409, sous le regne de Charles VI. ils furent renouvellés en 1562 sous Charles IX. en voici les principaux articles.
1. Ils auront quatre jurés, dont deux seront élûs chaque année ; ces jurés veilleront à l’exécution des reglemens & à la conservation des priviléges. 2. Chaque maître ne fera qu’un apprenti à la fois, qui sera obligé par-devant Notaire & recû par les jurés. 3. L’apprentissage sera de cinq ans ; les fils de maître n’en seront pas exempts ; ils auront seulement le droit de faire apprentissage chez leur pere ; & les peres, celui d’avoir un autre apprenti avec leur fils. 4. Le chef d’œuvre sera donné par les jurés ; les fils de maître en seront exempts. 5. Les veuves, restant en viduité, joüiront des priviléges de leur mari, excepté de celui de faire des apprentis. 6. Les ouvrages & marchandises des forains seront visitées par les jurés. 7. Les matieres destinées à la fabrication des armures, fer, acier, fer blanc, cuivre, &c. seront aussi visitées. 8. Chaque maître n’aura qu’une boutique. 9. Toute piece de harnois sera marquée d’un poinçon donné par les jurés, & dont l’empreinte en plomb sera dans la chambre du Procureur du Roi. 10. Les apprentis de Paris, en concurrence de boutique avec les compagnons étrangers, leur seront préférés. 11. Les armuriers feront tous harnois pour hommes, comme corcelets, cuirasses, hausses-cols, &c.
Les armuriers avoient S. George pour patron, & leur confrairie étoit à S. Jacques de la Boucherie : mais les armures ayant passé de mode, la communauté des armuriers est tombée. La fabrique des corps de cuirasse dont on se sert encore dans quelques régimens de cavalerie Françoise est à Besançon.
* ARMYDEN, (Géog.) ville des Provinces-Unies des Pays-Bas, dans l’île de Valcheren. Long. 21. 10. lat. 51. 30.
ARNALDISTES, ou ARNAUDISTES, s. m. pl. (Théol Hist. eccles.) hérétiques, ainsi nommés d’Arnaud de Bresse leur chef. Ils parurent dans le XIIe. siecle ; & à l’exemple de leur maître, ils invectiverent hautement contre les possessions légitimes des biens appartenans aux églises & aux ecclésiastiques qu’ils traitoient d’usurpation. Ils enseignerent enfin des erreurs contre le Baptême & contre l’Eucharistie,