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ARRIERE-GARDE, terme de Droit coûtumier, est une sorte de garde qui a lieu quelquefois dans les coûtumes où la garde appartient au roi ou au seigneur, comme en Normandie ; dans le cas où il échet une garde seigneuriale à un mineur, qui lui-même à cause de son bas âge, est en la garde de son seigneur ; car alors la garde de l’arriere-vassal tourne au profit du seigneur suzerain, & c’est ce qu’on appelle arriere-garde ; & cela en conséquence d’une maxime de droit, que celui qui est sous la puissance d’autrui ne peut pas exercer la même puissance sur un autre. C’est par la même raison qu’un fils de famille en pays de droit écrit, n’a pas ses enfans sous sa puissance ; qu’un esclave ne peut pas posséder des esclaves, ni un mineur exercer une tutele. Voyez Garde, Fils de famille, Tutele, &c. (H)

ARRIERE-MAIN, (Maréchal. & Manége.) c’est tout le train de derriere du cheval. (V)

Arriere-main, terme de Paumier ; prendre une balle d’arriere-main, c’est la prendre à sa gauche. Pour cela il faut avoir le bras plié & l’étendre en la chassant.

ARRIERE-NEVEU ou ARRIERE-PETIT-NEVEU, terme de Généalogie & de Droit, est le petit-fils du neveu, ou fils du petit-neveu. Il est distant de la souche commune ou de son bisayeul au cinquieme degré. Voyez Degré. (H)

ARRIERE-PANAGE, terme de Droit, usité en matiere d’eaux & forêts, qui signifie le tems auquel on laisse les bestiaux paître dans la forêt après que le panage est fini. Voyez Panage. (H)

ARRIERE-PETIT-FILS ou ARRIERE-PETITE-FILLE, c’est le fils ou la fille du petit-fils ou de la petite-fille, descendans en droite ligne du bisayeul ou de la bisayeule dont ils sont distans de trois degrés. Voyez Degré. (H)

ARRIERE-POINT, s. m. maniere de coudre que les Couturieres employent aux poignets des chemises, aux surplis, & sur tous les ouvrages en linge où il s’agit de tracer des façons ou des desseins. Pour former l’arriere-point on commence par séparer avec la pointe de l’aiguille un des fils de la toile qu’on arrache sur toute la longueur où l’on veut former des arriere-points ; quand ce fil est arraché, on apperçoit les fils de la chaîne seuls, si c’est un fil de trame qu’on a arraché ; & les fils de la trame seuls, si c’est un fil de chaîne : on passe l’aiguille en-dessus ; on embrasse en-dessous trois fils de chaîne ou de trame ; on revient repasser ensuite son aiguille en-dessus dans le même endroit, & l’on embrasse en-dessous les trois premiers fils & les trois suivans ; on repasse son aiguille en-dessus, entre le troisieme & le quatrieme de ces six fils ; l’on continue d’embrasser en-dessous les trois derniers fils avec les trois suivans, & de repasser son aiguille en-dessus, entre le troisieme & le quatrieme des six derniers fils embrassés ; & à chaque fois on forme ce qu’on appelle un arriere-point. Si l’on n’eût embrassé d’abord que deux fils, on eût fait des arriere-points de deux en deux fils, mais l’opération eût été la même. Si l’on veut que les arriere-points aillent en zig-zag, on n’arrache point de fil : mais on compte ceux de la trame ou de la chaîne, car cela dépend du sens dans lequel on travaille la toile ; & l’on opere comme dans le cas où le fil est arraché, laissant à droite ou à gauche autant de fils que le demande le dessein qu’on exécute, & embrassant avec son aiguille autant de fils perpendiculaires aux fils laissés, qu’on veut donner d’étendue à ses arriere-points. Mais il faut observer dans le cas où les arriere-points sont en ligne droite, & où l’on arrache un fil, d’arracher un fil de chaîne ou un fil parallele à la lisiere, préférablement à un fil de trame, les points en seront plus étroits & plus serrés : ce qui n’est pas difficile à concevoir ; car la trame paroissant toûjours moins que la chaîne, la matiere

qu’on y employe est moins belle & plus grosse ; d’où il arrive que l’espace que laisse un fil de cette matiere, arraché, est plus grand & plus large.

ARRIERE-VASSAL, terme de Jurisprudence féodale, est le vassal d’un autre vassal. Voyez Vassal & Arriere-fief. (H)

ARRIERE-VOUSSURE, coupe des pierres, c’est une sorte de petite voûte dont le nom exprime la position, parce qu’elle ne se met que derriere l’ouverture d’une baie de porte ou de fenêtre, dans l’épaisseur du mur, au-dedans de la feuillure du tableau des pié-droits. Son usage est de former une fermeture en plate-bande, ou seulement bombée ou en plein cintre. Celles qui sont en plate-bande à la feuillure du linteau, & en demi-cerçle par derriere, s’appellent arriere-voussure-saint-Antoine, parce qu’elle est exécutée à la porte saint-Antoine à Paris. La fig. 5. Pl. de la coupe des pierres, la représente en perspective. Celles au contraire qui sont en plein cintre à la feuillure & en plate-bande par derriere, s’appellent arriere-voussure de Montpellier. La fig. 6. la représente en perspective. (D)

ARRIERÉ, adj. dans le Commerce, se dit d’un marchand lorsqu’il ne paye pas régulierement ses lettres de change, billets, promesses, obligations, & autres dettes, & que pour ainsi dire, il les laisse en arriere. (G)

ARRIMAGE, s. m. (Marine.) c’est la disposition, l’ordre, & l’arrangement de la cargaison du vaisseau : c’est aussi l’action de ranger les marchandises dans le fond de cale, dont les plus pesantes se mettent auprès du lest. (Z)

ARRIMER, v. act. (Marine.) c’est placer & arranger d’une maniere convenable la cargaison d’un vaisseau. Un vaisseau mal arrimé, est celui dont la charge est mal arrangée, de façon qu’il est trop sur l’avant ou sur le cul, ce qui l’empêche de gouverner : cela s’appelle sur les mers du Levant, être mal mis en estive. C’est aussi un mauvais arrimage, lorsque les futailles se déplacent & roulent hors de leur place ; desorte qu’elles se heurtent, se défoncent, & causent de grands coulages. Par l’ordonnance de 1672, il est défendu de défoncer les futailles vuides, & de les mettre en fagot, & ordonné qu’elles seront remplies d’eau salée pour servir à l’arrimage des vaisseaux.

ARRIMEUR, s. m. Voyez Arrumeur.

ARRISER, amener, abaisser, mettre bas, v. act. (Marine.) on dit qu’un vaisseau a arrisé ses huniers, ses perroquets, pour dire qu’il a baissé ces sortes de voiles.

Arriser les vergues, (Marine.) c’est les baisser pour les attacher sur les deux bords du vibord. (Z)

ARRIVAGE, s. m. terme de Police, qui signifie l’abord des marchandises au port. (H)

ARRIVER, ou obéir au vent, terme de Marine. Pour arriver, on pousse la barre du gouvernail sous le vent, & on manœuvre comme si on vouloit prendre le vent en poupe, lorsqu’on ne veut plus tenir le vent : ainsi on fait arriver le vaisseau pour aller à bord d’un autre qui est sous le vent, ou pour éviter quelque banc.

Arrive ; cela se dit par commandement au timonier, pour lui faire pousser le gouvernail, afin que le vaisseau obéisse au vent, & qu’il mette vent en poupe.

Arrive sous le vent a lui, n’arrive pas ; c’est un commandement au timonier, pour qu’il gouverne le vaisseau plus vers le vent, ou qu’il tienne plus le vent.

Arrive tout ; terme de commandement que l’officier prononce, pour obliger le timonier à pousser la barre sous le vent, comme s’il vouloit faire vent arriere.