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sont d’un verd foncé, excepté la pointe qui est bleue ; cette pointe bleue n’est pas marquée sur les plus petites plumes qui sont près de la côte de l’aîle : les grandes plumes de l’épaule qui s’étendent sur les deux côtés du dos sont d’un verd brun. La queue est courte, elle n’a qu’un pouce & demi de longueur ; elle est composée de douze plumes, toutes d’une couleur bleue obscure ; le tuyau est noir. Les pattes sont courtes, noirâtres par-devant, & rougeâtres par-derriere, de même que la plante des piés.

On dit qu’on trouve dans le nid de cet oiseau jusqu’à neuf petits. Willughby dit en avoir vû cinq dans un creux d’une demi-aune de profondeur sur la rive d’une petite riviere. Willughby, voyez Oiseau.

Martin, Saint- (Géogr.) île de l’Amérique septentrionale, l’une des Antilles du golfe de Mexique, au N. O. de l’île de Saint-Barthelemi, & au S. O. de l’Anguille. On lui donne dix huit lieues de tour, mais elle n’a ni port ni rivieres ; quelques François & quelques Hollandois en jouissent en commun. Long. 315. lat. 18. 10. (D. J.)

MARTINET, MARTELET, s. m. hirundo agrestis Plinii sive rustica, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau qui a cinq pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & neuf pouces huit lignes d’envergure. La tête est plate & le bec est très-applati, comme dans l’hirondelle ; il a les trois huitiemes d’un pouce de largeur à sa racine, & il se termine en pointe. La mâchoire supérieure est un peu plus longue que l’inférieure. Cet oiseau a le dedans de la bouche jaunâtre, la langue fourchue, & l’iris des yeux couleur de noisette. Les ongles sont blancs, les pattes sont petites & recouvertes jusqu’aux ongles d’une espece de duvet blanc ; ce caractere sert à faire distinguer très-aisément le martinet des autres oiseaux de son genre.

Le martinet a de même que l’hirondelle, la tête, le cou, le dos, la queue & les aîles d’un bleu foncé & pourpré ; cependant cette couleur est plus obscure dans le martinet. Le croupion, le ventre & la poitrine sont très-blancs ; la couleur du menton est moins blanche. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aîle ; les six ou sept plumes qui se trouvent placées après la dixieme sont crenelées, & plus larges que les extérieures ; les intérieures ont la pointe blanche. La queue est moins fourchue que celle de l’hirondelle ; les plumes extérieures sont les plus longues ; elles ont deux pouces trois lignes de longueur, & celles du milieu seulement un pouce neuf lignes. Le martinet ne fait pas comme l’hirondelle, son nid dans les cheminées, mais sous les fenêtres & sous les entablemens des toits. Willughbi, Ornithol. Voyez Oiseau.

Martinet grand, voyez Moutardier.

Martinet-Pêcheur, (Ornith.) voyez Martin pêcheur.

Martinet, s. m. (Marine.) c’est la corde ou manœuvre qui commence à la poulie, nommée cap de mouton, laquelle est au bout des marticles. Elle sert à faire hausser ou baisser la vergue d’artimon. voyez Marine, Planche premiere, ce martinet coté 49 ; & le martinet de l’avant, coté 23.

Martinet ; c’est encore un nom général qu’on donne aux marticles, à la maque, & aux araignées. (K)

Martinet, c’est ainsi qu’on appelle dans les grosses forges une espece d’usine. Voyez l’art. Grosse. Forge. Ce nom a été donné à ces usines du marteau qui y travaille.

Martinet, (Papeterie.) c’est ainsi qu’on appelle un gros marteau qui se meut par la force des roues d’un moulin. Il y a des martinets dans les moulins à papier, à tan, &c. Voyez les Pl. de Papeterie.

MARTINIENES, chroniques (Hist. Littér.)

ouvrage ainsi nommé, parce que presque toute la premiere partie est une traduction de la chronique latine de Martin le Polonois, dominicain, qui fleurissoit en Italie au milieu du treizieme siecle. Cet auteur écrivit en deux colonnes, mettant d’un côté les papes depuis saint Pierre, & sous chacun l’histoire de sa vie & les événemens ecclésiastiques arrivés de son tems ; de l’autre les empereurs romains depuis Auguste, avec un extrait de quelques-unes de leurs actions, & les principaux événemens civils & politiques.

Cette chronique a été conduite par l’auteur jusqu’en 1276 ; il mourut l’année suivante dans le tems qu’il venoit d’être nomme à l’archevêché de Gnesne en Pologne par le pape Nicolas III. son ouvrage fut fort estimé durant le reste du siecle, & on en fit plusieurs copies : celles qui furent faites les dernieres ont à la tête du livre, immédiatement après le prologue, une histoire abregée depuis la création du monde, dans laquelle l’auteur s’étend principalement sur le peuple romain.

Il ne s’écoula pas cinquante ans, qu’un autre auteur entreprit une seconde chronique, en adoptant celle de Martin, qu’il continua jusqu’à son tems : il fut suivi par deux autres écrivains, qui pousserent leurs recherches vers l’an 1400. Voilà ce qui forme le premier volume des chroniques martinienes : le second volume de ces chroniques ne porte le nom de martinienes que par ce qu’il est joint au premier volume, dont le prologue, l’histoire romaine, & le plus grand nombre des faits, sont tirés de l’ouvrage de Martin le Polonois. Il est certain que presque tout ce qui est contenu dans ce second volume n’a jamais été écrit qu’en françois : il forme un recueil de différens morceaux qui regardent l’histoire de France, à quelques articles près ; c’est une espece de chronique du royaume & de nos rois, depuis l’an 1400, jusqu’à l’an 1500.

On doit à Antoine Verard, libraire à Paris, l’édition unique de cette collection, qu’il donna un peu après l’an 1500 ; & cette édition des chroniques martinienes est d’autant plus estimable que les chroniques latines dont elles sont la traduction, n’ont jamais été imprimées.

Voici le titre qui est à la tête de tout l’ouvrage, & qui regarde les deux volumes joints ensemble : « la chronique martiniene de tous les papes qui furent jamais, & finit au pape Alexandre dernier, décédé en 1503, & avec ce, les additions de plusieurs chroniqueurs ; c’est à à savoir de messire Ververon, chanoine de Liege, monseigneur le chroniqueur Castel, monseigneur Gaguin, général des Mathurins,& autres.

La derniere édition latine de la chronique de Martinus Polonus est faite à Cologne en 1616, infolio. L’imprimé de Martinus forme deux colonnes, l’une des papes pour l’histoire ecclésiastique, & l’autre des empereurs pour l’histoire politique de l’empire & des royaumes. On trouve deux exemplaires des chroniques martinienes à la bibliotheque du Roi. Quoiqu’il y ait autant de chapitres dans ces chroniques, qu’il y a eu de papes depuis saint Pierre jusqu’à Clément V. cet ouvrage n’est pas pour cela une simple chronique des souverains pontifes ; c’est une histoire abregée de l’Eglise, des empereurs romains, & des rois de France, jusques à l’an 1315 ; tous les faits différens y sont rapportés sous l’article de chaque pape. La continuation des chroniques martinienes est de Bernard Guidonis, mort en 1331. Le second volume de la chronique martiniene, ainsi qualifiée par l’imprimeur Verard vers l’an 1500, est un ramas de différens livres manuscrits concernant l’histoire de France.

Nous avons cru devoir parler ici de cet ouvrage.