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& son principal commerce consiste en verrerie & en fayance.

Cette ville a produit au xvj. siecle un célebre avocat du parlement de Paris, Marion (Simon), qui devint président aux enquêtes, puis avocat général. M. de Thou & les autres savans de son tems, en font les plus grands éloges. Les plaidoyers qu’il mit au jour en 1594, ne sont point tombés dans l’oubli. Il mourut à Paris en 1605, âgé de 65 ans.

Marigny (Jacques Carpentier de), poëte françois du xvij. siecle, étoit de Nevers ; il avoit beaucoup voyagé, & embrassa le parti de M. le prince de Condé. Son poëme du pain-beni renferme une satyre assez délicate contre les marguillers de Saint Paul, qui vouloient le forcer à rendre le pain-beni. Gui-Patin s’est trompé en lui attribuant le traité politique contre les tyrans, vindiciæ contra tyrannos. Il mourut à Paris en 1670.

Ravisius-Textor, grammairien françois du xv. siecle, étoit aussi natif de Nevers. On estimoit encore ses ouvrages au commencement du siecle suivant, parce que la France sortoit à peine de la barbarie. Il mourut à Paris en 1522.

Mais il ne faut pas oublier Billaut (Adam), connu sous le nom de maître Adam, menuisier de Nevers sa patrie, vivant sur la fin du regne de Louis XIII. Cet homme singulier, sans lettres & sans études, devint poëte dans sa boutique. On l’appelloit de son tems le Virgile au rabot. En effet, ses principaux ouvrages sont le rabot, les chevilles, le vilebrequin, & les autres outils de son métier. Enfin, dit M. de Voltaire, on ne peut s’empêcher de citer de lui le rondeau suivant, qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de Benserade.

Pour te guérir de cette sciatique,
Qui te retient comme un paralitique
Entre deux draps sans aucun mouvement ;
Prends-moi deux brocs d’un fin jus de sarment,
Puis lis comment on les met en pratique :
Prends-en deux doigts & bien chaud les applique
Sur l’épiderme où la douleur te pique,
Et tu boiras le reste promptement
Pour te guérir.
Sur cet avis ne sois point hérétique ;
Car je te fais un serment autentique
Que si tu crains ce doux médicament,
Ton médecin, pour ton soulagement,
Fera l’essai de ce qu’il communique
Pour te guérir.

Maître Adam étant venu à Paris pour un procès, au lieu de plaider, fit des vers à la louange du cardinal de Richelieu, dont il obtint une pension. Gaston, frere de Louis XIII. répandit aussi sur lui ses liberalités. Il mourut en 1662. (D. J.)

NEUC-NUM, (Cuisine.) c’est le nom que l’on donne au Tunquin à une sauce assez singuliere dont les Tunquinois font communément usage dans leurs ragoûts. Pour la faire ils mettent des petits poissons, & sur-tout des crevettes, en macération dans une eau fort salée. Lorsque le tout est réduit en une espece de bouillie, on la passe par un linge, & la partie liquide est le neuch-num. On dit que les Européens s’accoutument assez à cette espece de sauce.

NEVEL, s. m. (Comm.) petite monnoie de bas aloi dont on se sert le long de la côte de Coromandel. Le nevel vaut depuis trois cassers jusqu’à six.

NEVEU, s. m. (Jurispr.) sratris ou sororis filius ; est le fils du frere ou de la sœur de celui dont on parle ; de même la niece est la fille du frere ou de la sœur. Les neveux & nieces sont parens de leurs oncles & tantes au troisieme degré, selon le droit civil, & au deuxieme, selon le droit canon. L’oncle & la niece, la tante & le neveu, ne peuvent se ma-

rier ensemble sans dispense, laquelle s’accorde même

difficilement.

Suivant le droit romain, les neveux enfans des freres germains concourent dans la succession avec leurs oncles, freres germains du défunt ; ils excluent même leurs oncles qui sont seulement consanguins ou utérins. Nov. 118. cap. iij.

Dans la coutume de Paris, & beaucoup d’autres semblables, l’oncle & le neveu d’un défunt succedent également, comme étant en même degré. Coutume de Paris, art. 339. (A)

NEUF, adj. ce qui n’a point ou peu servi. Une étoffe neuve, une toile neuve, un habit neuf.

Dans le commerce de bois de chauffage, on appelle bois neuf celui qui vient par bateau & qui n’a pas flotté. Voyez Bois. Dictionnaire de Comm. (G)

Neuf, (Maréchall.) On appelle cheval neuf celui qui n’a été ni monté ni attelé. Pié & quartier neuf, Voyez Pied & Quartier.

1. Neuf, (Arithmétique.) c’est le dernier ou le plus grand des nombres exprimés par un seul chisfre. On peut le concevoir ou comme le produit de 3 multiplié par lui-même, ou comme la somme des trois premiers termes de la suite des impairs : d’où il résulte également (Voyez Impair) qu’il est un quarré dont 3 est la racine.

Deux propriétés l’ont rendu célebre, & font encore l’admiration de ceux qui n’en pénetrent pas le mystere.

2. Premiere propriété. La somme des chiffres qui expriment un multiple quelconque de 9, est elle-même un multiple de 9.... Comme réciproquement tout nombre dont la somme des chiffres est un multiple de 9, exprime lui-même un multiple de 9. 63, par exemple (multiple de 9) donne pour la somme de ses chiffres 6+3=9...378 (autre multiple de 9) donne 3+7+8=18=9×2.. &c.

Pareillement si on écrit au hasard une suite de chiffres en nombre quelconque, pourvu seulement que leur somme soit 9 ou l’un de ses multiples, comme 1107, 882, 11115, &c. on est assuré que le nombre résultant se divise exactement par 9.

3. Seconde propriété. Si l’on renverse l’ordre des chiffres qui expriment un nombre quelconque, la différence du nombre direct au nombre renversé, est toujours un multiple de 9.

Par exemple, 73−37=36=9×4....826−628=198=9×22.., &c.

4. Comme le nombre 9 ne tire ses propriétés que du rang qu’il occupe dans notre système de numération, où il précede immédiatement la racine 10 de notre échelle arithmétique, pour rendre la démonstration générale & applicable à tout autre nombre qui tienne respectivement le même rang dans son échelle particuliere, nommant r la racine d’une échelle quelconque, nous démontrerons les deux propriétés pour un nombre r−1 pris indéterminément ; mais avant que d’y procéder, il est bon de rappeller à l’esprit quelques propositions ou claires par elles-mêmes, ou prouvées ailleurs, desquelles dépend la démonstration.

Lemme I. 5. Soient deux nombres avec leur différence, ce qui en fait trois ; de ces 3 nombres si deux pris comme on voudra sont multiples d’un quatrieme nombre quelconque, le troisieme l’est aussi..... qu’on nomme les deux nombres par des lettres, conformément à l’hypothèse, & l’on sentira l’évidence de la proposition.

Lemme II. 6. La différence de deux puissances quelconques de la même racine, est un multiple de cette racine diminuée de l’unité ; c’est-à-dire que , & par une suite (faisant l’exposant ) sont multiples de ...pour la preuve, voyez Exposant.