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fossile ou pétrifiée ; on le nomme aussi tubulus concameratus polythalamium, ou tuyau chambré ; elle est droite, d’une figure conique, sans spirales, & son intérieur est partagé en cellules ou chambres, comme celles de la corne d’Ammon ou du Nautile, au travers desquelles passe un syphon ou tuyau. Quelquefois, mais rarement sa pointe est recourbée. Cette coquille se trouve dans un marbre brun des environs de Berlin ; on en trouve aussi dans un marbre nouvellement découvert en Provence.

Wallerius compte trois especes d’orthoceratites : 1°. Celles qui sont toutes droites, recti ; 2°. celles qui sont recourbées à leur sommet qu’on nomme lituites, parce qu’ils ressemblent à une crosse ou bâton pastoral ; 3°. celles qui sont applaties ou comprimées, comme la queue d’une écrévisse, compressis. Voyez Minéralogie, tom. II. (—).

ORTHODORON, s. m. (Mesur. anc.) ὀρθόδωρον, mesure grecque qui formoit la longueur de onze travers de doigt, suivant Arbuthnot. (D. J.)

ORTHODOXE, adj. (Gram.) celui qui se conforme aux décisions de l’église. Voyez Orthodoxie.

Orthodoxe Botaniste, (Botan.) Linnæus appelle Botanistes orthodoxes, les seuls écrivains systématiques qui ont formé leurs méthodes en botanique, sur les vrais fondemens de la nature, & qui en conséquence ont partagé les plantes en classes & en genres, conformément aux caracteres de leurs parties de fructification. (D. J.)

ORTHODOXIE, s. f. (Théol.) pureté de doctrine ou de croyance, par rapport aux points & articles de foi ; ce mot est formé du grec ορθος, droit, & δοξα, opinion ou jugement.

On se sert de ce terme par opposition à hétérodoxie ou hérésie. Voyez Hérésie.

Orthodoxie signifie aussi une fête solemnelle de l’église grecque, instituée par l’impératrice Théodore ; on la célebre encore aujourd’hui le premier dimanche de carême, en mémoire du rétablissement des images dans les églises, que les Iconoclastes en avoient fait enlever. Voyez Iconoclastes.

ORTHODOXOGRAPHE, s. f. (Gram.) auteur qui a écrit sur les dogmes catholiques & sur les ouvrages de cette classe d’écrivains.

ORTHODROMIQUE, s. f. (Navigat.) est l’art de naviger dans l’arc de quelque grand cercle : l’arc de chaque grand cercle est ὀρθοδρομία, c’est-à-dire, la distance la plus courte entre deux points quelconques sur la surface de la terre.

Ce mot est formé des deux mots grecs ὀρθός, droit, & δρόμω, je cours. Voyez au mot Navigation ; au reste ce mot est peu usité, & l’art qu’il exprime l’est encore moins. (O)

ORTHOGONAL, adj. (Géom.) se dit de ce qui est perpendiculaire ou à angles droits ; ainsi une courbe qui a des coordonnées orthogonales, est une courbe dont les abscisses & les ordonnées font entr’elles des angles droits. Voyez Abscisse, & Courbe. (O)

Orthogonal signifie aussi, en Géométrie, la même chose que rectangle, ou qui a des angles droits. Voyez Rectangle.

Quand ce mot se rapporte à une figure plane, il signifie qu’un des côtés de la figure est supposé perpendiculaire à l’autre. Quand on l’applique aux solides, il signifie que leur axe est supposé perpendiculaire à l’horison. Chambers. (O)

ORTHOGRAPHE, s. f. ce mot est grec d’origine : ὀρθογραφία, de l’adjectif ὀρθός, rectus, & du verbe γράφω, scribo ou pingo. Ce nom par sa valeur étymologique, signifie donc peinture ou représentation réguliere. Dans le langage des Grammairiens, qui se sont approprié ce terme, c’est ou la représenta-

tion réguliere de la parole, ou l’art de représenter

régulierement la parole.

Il ne peut y avoir qu’un seul système de principes pour peindre la parole, qui soit le meilleur & le véritable ; car il y auroit trop d’inconvéniens à trouver bons tous ceux que l’on peut imaginer. Cependant on donne également le nom d’orthographe à tous les systèmes d’écriture que différens auteurs ont publiés ; & l’on dit l’orthographe de Dubois, de Meigret, de Pelletier, de Ramus, de Rambaud, de Lesclache, de Lartigaut, de l’abbé de Saint-Pierre, de M. du Marsais, de M. Duclos, de M. de Voltaire, &c. pour désigner les systèmes particuliers que ces écrivains ont publiés ou suivis. C’est que la régularité indiquée par l’étymologie du mot, n’est autre chose que celle qui suit nécessairement de tout corps systématique de principes, qui réunit tous les cas pareils sous la même loi.

Aussi n’honore-t-on point du nom d’orthographe, la maniere d’écrire des gens non instruits, qui se rapprochent tant qu’ils peuvent de la valeur alphabétique des lettres, qui s’en écartent en quelque cas, lorsqu’ils se rappellent la maniere dont ils ont vû écrire quelques mots ; qui n’ont & ne peuvent avoir aucun égard aux différentes manieres d’écrire qui résultent de la différence des genres, des nombres, des personnes, & autres accidens grammaticaux ; en un mot, qui n’ont aucun principe stable, & qui donnent tout au hasard : on dit simplement qu’ils ne savent pas l’orthographe ; qu’ils n’ont point d’ortographe ; qu’il n’y en a point dans leurs écrits.

Si tout système d’orthographe n’est pas admissible, s’il en est un qui mérite sur tous les autres une préférence exclusive ; seroit-il possible d’en assigner ici le fondement, & d’indiquer les caracteres qui le rendent reconnoissable ?

Une langue est la totalité des usages propres à une nation pour exprimer les pensées par la voix. C’est la notion la plus précise & la plus vraie que l’on puisse donner des langues, parce que l’usage seul en est le législateur naturel, nécessaire & exclusif. Voyez Langue, au comm. D’où vient cette nécessité, de ne reconnoître dans les langues que les décisions de l’usage ? C’est qu’on ne parle que pour être entendu ; que l’on ne peut être entendu, qu’en employant les signes dont la signification est connue de ceux pour qui on les emploie ; qu’y ayant une nécessité indispensable d’employer les mêmes signes pour tous ceux avec qui l’on a les mêmes liaisons, afin de ne pas être surchargé par le grand nombre, ou embarrassé par la distinction qu’il faudroit en faire, il est également nécessaire d’user des signes connus & autorisés par la multitude ; & que pour y parvenir, il n’y a pas d’autre moyen que d’employer ceux qu’emploie la multitude elle-même, c’est-à-dire, ceux qui sont autorisés par l’usage.

Tout ce qui a la même fin & la même universalité, doit avoir le même fondement, & l’écriture est dans ce cas. C’est un autre moyen de communiquer ses pensées, par la peinture des sons usuels qui en constituent l’expression orale. La pensée étant purement intellectuelle, ne peut être représentée par aucun signe matériel ou sensible qui en soit le type naturel : elle ne peut l’être que par des signes conventionnels, & la convention ne peut être autorisée ni connue que par l’usage. Les productions de la voix ne pouvant être que du ressort de l’ouie, ne peuvent pareillement être représentées par aucune des choses qui ressortissent au tribunal des autres sens, à moins d’une convention qui établisse entre les élémens de la voix & certaines figures visibles, par exemple, la relation nécessaire pour fonder cette signification. Or, cette convention est de même