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dans la coupelle & à l’antimoine, qui jusqu’ici passoit pour le moyen le plus sûr pour dégager l’or des substances métalliques étrangeres avec lesquelles il étoit combiné. Cette espece d’analogie que la platine a avec l’or, est ce qui a donné lieu de l’appeller or blanc ; les Alchimistes trouveront peut-être dans cette substance, cet or non mur si desiré, à qui il ne manque que l’ame, ou le soufre colorant pour être un or parfait.

Malgré toutes les expériences qui ont été rapportées, bien des chimistes doutent encore que la platine soit un métal particulier ; ils croyent plutôt qu’on doit la regarder comme une combinaison particuliere dont le fer est la base, & qui est de la nature de la pyrite ; c’est au tems à nous apprendre ce que l’on doit penser de ces conjectures.

Quant aux usages de la platine, nous avons déja dit que les Espagnols en Amérique en font différens bijoux : il y a tout lieu de croire qu’ils y joignent pour cela soit du cuivre, soit de l’argent, soit quelqu’autre substance métallique, que l’on pourroit aisément découvrir si la platine étoit assez commune parmi nous, pour pouvoir être employée à ces usages. Elle paroît sur-tout très-propre à faire des miroirs de réflexion pour les télescopes, par la faculté que quelques métaux alliés avec elle, ont de ne point se ternir à l’air. C’est au tems à nous apprendre si cette substance si singuliere a quelques vertus médicinales, & si elle peut être employée plus utilement dans la société. (—)

Platine, s. f. terme d’Arquebusier, s’entend de toutes les pieces & ressorts montés à vis sur le corps de platine, & qui servent toutes ensemble à faire partir un fusil ; elle se place ordinairement vers la lumiere du canon, dans une entaille pratiquée au fût ou bois de fusil du côté droit.

Les fusils à deux coups ont deux platines, l’une à droite, & l’autre à gauche, qui ont chacune leur détente.

Platine, (corps de) terme d’Arquebusier, c’est un morceau de fer taillé en losange qui est percé de plusieurs trous vissés en écrous, qui sont faits pour recevoir les vis des pieces qui composent la platine, qui sont la batterie, le ressort de la batterie, le grand ressort, la noix, la bride, la gachette & le ressort de gachette.

Platine de lumiere, (Artillerie.) les platines de lumiere, sont des plaques de plomb en table, qui servent à couvrir la lumiere du canon. (D. J.)

Platine, (bas au métier.) il y a les platines à ondes, les platines à plomb, les barres à platines, les gardes-platines, le moule à platine ; toutes ces parties appartiennent au métier à bas. Voyez cet article.

Platines, (Fondeur de caracteres d’Imprimerie.) deux des pieces principales du moule, servant à fondre les caracteres d’Imprimerie. C’est la platine qui sert de point d’appui à toutes les autres, & sur laquelle elles sont assujetties par des vis & par des écrous. Voyez Moule & nos Planches.

Platine, terme d’Horlogerie, est une plaque de laiton à laquelle on donne une épaisseur suffisante, pour qu’elle ne puisse pas ployer ; il y a deux platines dans chaque montre & dans chaque pendule. Les Horlogers appellent platine des piliers, celle sur laquelle ces piliers sont rivés, & qui porte le cadran, on la fait toujours un peu plus forte que l’autre qu’on appelle platine du nom, platine de dessus, ou petite platine, cette derniere porte le cocq, la coulisse, la rosette, &c. elle s’ajuste sur les piliers, & on l’y fixe par le moyen de coupilles ; les platines ainsi ajustées, font ce que les Horlogers appellent cage. Voyez Cage, & voyez aussi nos figures, Pl. de l’Horlogerie, qui représentent les platines d’une montre vues des deux côtés.

Platine de presse d’Imprimerie, c’est une piece de cuivre très-poli, ou de bois bien uni ; son usage est de fouler sur la forme, par le moyen de la vis qui presse dessus, elle est attachée aux quatre coins de la boëte qui enveloppe la vis, avec des ficelles, mais dans plusieurs imprimeries avec des tirans de fer à vis. La platine est située entre les deux jumelles de la presse, & suit tous les mouvemens de la vis : elle foule lorsque la vis descend, & se releve lorsque la vis remonte ; c’est du bon ou du mauvais foulage d’une platine, que dépend souvent la qualité de l’impression : une platine doit être pour ses proportions, telle que l’exige le corps de presse pour laquelle elle a été faite : c’est pour cette raison qu’il y en a de différente grandeur. Voyez nos Pl. de l’Imprimerie.

Platine, (Ustensile de ménage.) on s’en sert pour étendre, secher, & dresser le menu linge ; la platine est faite d’un rond de cuivre jaune fort poli. Un pié de platine est ce qu’on met sous les vrais piés de la platine pour l’élever.

Platine se dit aussi d’une plaque de fer ou de cuivre qu’on applique en plusieurs endroits ; une platine ou écusson de porte qu’on met au-devant d’une serrure ; une platine de pistolet, de fusil, où s’attachent le ressort & le chien ; une platine de montre qui soutient les roues, les ressorts, les piliers, l’aiguille. Voyez ici les divers sens du mot Platine. (D. J.)

Platine, en terme de Metteur-en-œuvre, est cette partie de la chaîne d’une montre, derriere laquelle est le crochet pour suspendre la montre.

Platines, chez les Rubaniers, ce sont des plaques de plomb ou d’ardoise qu’on suspend sur chaque lisseron qui termine les hautes lisses ; quand le pié de l’ouvrier abandonne une marche, la platine fait retomber la haute lisse que le tirant avoit haussé.

Platine, (Serrur.) c’est une petite plaque de fer sur laquelle est attachée un verrouil ou une targette. On appelle platine à panaches, celle qui est chantournée en maniere de feuillage ; & platine ciselée. celle qui est emboutie ou relevée de ciselures.

Platine de loquet. Maniere de plaque de fer, plate & déliée, qu’on attache à la porte au-dessus de la serrure ; on l’appelle aussi entrée. (D. J.)

Platine, (Sucrerie.) On nomme la platine d’un moulin à sucre, une piece de fer acéré, longue de six pouces & large de trois, sur le milieu de laquelle on a pratiqué deux ou trois enfoncemens, pour recevoir la pointe du pivot du grand rôle ; elle s’emboîte dans ce qu’on appelle la table du moulin. Le P. Labat. (D. J.)

PLATON, voyez Bordeliere.

PLATONIQUE, adj. (Géom.) Les corps platoniques sont ceux que l’on appelle autrement & plus communément corps réguliers. Voyez Régulier. On les appelle ainsi, parce qu’on croit que la premiere découverte des propriétés de ces corps est dûe à l’école de Platon, à qui la Géométrie a d’ailleurs tant d’autres obligations. Voyez Géométrie. (O)

PLATONICIENS & ARISTOTÉLICIENS, guerre littéraire entre les, (Hist. de la Philos. mod.) Fabricius a développé très-distinctement cette querelle philosophique dans sa bibl. græc. tom. X. mais M. Boivin, dans les mém. de l’acad. des Inscript. tom. III en a donné un détail encore plus exact, & dont voici le précis.

Ce fut vers le milieu du quinzieme siecle que s’alluma l’espece de guerre civile des Platoniciens & des Aristotéliciens entre les philosophes grecs, qui florissoient alors en assez bon nombre à Venise, à Florence, à Rome, & dans le reste de l’Italie.

Gémiste Pléthon, homme savant, l’un des beaux génies de son siecle, & grand platonicien, entreprit de décrier Aristote, qui dominoit depuis long-tems dans