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Poudre antispasmodique de la pharmacopée de Paris. Prenez du bois de gui de chêne une once & demie, de racine de valeriane sauvage, de dictame blanc & de pivoine mâle ; de semence de pivoine mâle & de corne de pié d’élan préparée, de chacun demi-once ; semence d’arroche deux gros, corail rouge préparé, succin jaune, corne de cerf philosophiquement préparée, de chacun une dragme & demie ; castoreum un scrupule, cinabre factice deux dragmes : faites selon l’art une poudre très-subtile. Cette poudre, pour être réellement efficace, doit être donnée à haute dose dans les maladies nerveuses : la dose ordinaire qui est d’un demi-gros ou d’un gros tout au plus, paroit insuffisante. Voyez ci-dessous Poudre de guttete.

Poudre contre les vers, qu’il faut distinguer de la poudre à vers, Voyez Poudre à vers ou semen contra. Voyez Semen contra. Prenez coralline porphyrisée, semen contra, semences d’absynthe vulgaire, de tanaisie, de pourprier, de citron, des feuilles de scordium & de séné, de rhubarbe choisie, de chacun parties égales ; faites selon l’art une poudre que vous renouvellerez chaque année. Cette poudre composée qui se trouve dans la pharmacopée de Paris, est réellement un bon contre-vers qu’on peut donner à la dose d’une dragme jusqu’à deux ; il est cependant moins éprouvé que les compositions analogues dans lesquelles on fait entrer la racine de fougere & l’écorce de racine de murier. Voyez Fougere & Murier, Mat. méd.

Poudre cornachine, Poudre de tribus, Poudre du comte de Warvick ; ce dernier nom lui vient de son inventeur, d’un comte de Warvick qui commandoit les galeres du grand duc de Toscane au commencement du dernier siecle. Ce comte de Warvick donna son secret à Marc Cornacchini, professeur de Médecine à Pise, qui en a exposé les vertus & la composition dans un petit traité, d’où le charlatan Aillaud paroît avoir tiré la substance de l’écrit qu’il a fait courir, pour annoncer sa poudre qui est purgative comme la poudre cornachine. Voyez Secrets, Médecine. On voit que cet autre nom de poudre cornachine est dû au professeur Cornacchini ; quant à celui de poudre de tribus, il est dû au nombre des ingrédiens.

La poudre cornachine est un mélange à parties égales de diagrede, de crême de tartre & d’antimoine diaphorétique. Le professeur Cornacchini ne fait pas mention de la lotion de son antimoine diaphorétique ; mais il paroît que ce n’est-là qu’une omission, car il emploie pour le préparer, six parties de nitre, pour une d’antimoine ; & il observe qu’après la calcination, la quantité de la matiere est à-peu-près la même qu’avant cette opération ; ce qui ne seroit certainement point, s’il n’avoit enlevé par la lotion une grande partie des sels : quoi qu’il en soit, c’est l’antimoine diaphorétique lavé qu’on emploie dans la composition de la poudre cornachine.

La poudre cornachine est un bon purgatif hydragogue, qui est rentré depuis qu’il a perdu la vogue & l’appui de la charlatannerie dans les classes des purgatifs ordinaires. Voyez Purgatif. On peut le donner depuis demi-gros jusqu’à un gros, un gros & demi, & même deux gros & davantage dans les sujets vigoureux & dans le cas de vrais relâchemens. Voyez Purgatif.

Poudre de guttete vulgaire de la pharmacopée de Paris ; prenez bois de gui de chêne, racine de dictame blanc & de pivoine mâle, semences de pivoine mâle, de chacun demi-once ; semence d’arroche & corail rouge préparé, de chacun deux dragmes, cornes de pié d’elan préparées, demi-once, faites une poudre très-subtile.

Cette poudre est regardée comme une espece de spécifique dans les maladies nerveuses, & principalement dans l’épilepsie, le tremblement des membres

convulsif, la paralysie, &c. Mais quoique plusieurs célebres Médecins ne manquent presque jamais de la mettre en usage dans ces cas, on peut assurer que sa prétendue vertu anti-spasmodique n’est point constatée par un succès décidé, & qu’il paroît au contraire la renvoyer avec justice dans la foule des remedes inutiles : ce n’est pas au reste que la plupart de ces ingrediens ne puissent posseder réellement la vertu anti-spasmodique ; mais cette vertu fût-elle d’ailleurs véritablement démontrée, il paroît qu’on ne sauroit espérer aucun effet marqué de la petite dose à laquelle on emploie communément cette poudre : cette dose n’excede guere une demi-dragme ; or comme elle ne contient point l’ingredient le plus actif de la poudre anti-spasmodique ci-dessus décrite, savoir, la racine de valeriane sauvage, il est encore plus vrai de la poudre de guttete, que de la poudre anti-spasmodique, qu’elle doit être donnée à haute dose. Quant au castoreum & au cinnabre qui entrent dans la poudre anti-spasmodique, & qui n’entrent point dans la poudre de guttete, ce n’est pas-là de quoi fonder une différence qui mérite quelque considération ; car le castor est employé pour cela dans la premiere en trop petite dose, & le cinnabre n’y est absolument utile que pour la coloration. Voyez Coloration, Pharmacie. Il suit que de ces deux poudres qui ont entr’elles beaucoup d’analogie, la poudre anti-spasmodique est la meilleure, & qu’il faut donner l’une & l’autre à haute dose.

Poudre pectorale ou Looch sec de la pharmacopée de Paris ; prenez mere de perles préparées, corne de cerf philosophiquement préparée, & ivoire calciné à blancheur, de chacun un gros & demi ; sucre candi en poudre deux gros & demi, beurre de cacao un gros & demi, racines de guimauve & de réglisse seches, gommes arabique & adragan de chacun deux scrupules, de racine seche d’iris de Florence demi-gros, de cachou dix-huit grains ; faites une poudre selon l’art. Ce mélange d’absorbans de matieres mucilagineuses ou douces, d’une matiere huileuse très-grasse, légerement animé par le parfum de l’iris & par l’amertume du cachou, est un remede composé avec intelligence, & qui est très-utile dans les toux gutturales, & dans les toux stomachales : ce seroit une addition très-avantageuse à cette poudre, qu’une dose modérée d’opium.

Poudres sternutatoires, prenez feuilles seches de marjolaine & de bétoine, fleurs seches de muguet, de chacun un gros, feuilles seches de cabaret un demi-gros, faites une poudre selon l’art.

Cette poudre est un sternutatoire assez puissant, & sur-tout à raison des feuilles de cabaret : on ne peut cependant le regarder que comme un remede tempéré, en comparaison de beaucoup de remedes violens dont est pourvue la classe des sternutatoires. Voyez Sternutatoire.

Poudre tempérante appellée de Stalh ; prenez tartre vitriolé & nitre purifié de chacun trois gros, cinnabre factice deux scrupules ; faites une poudre subtile selon l’art.

On croit avec beaucoup de fondement que c’est-là la poudre que le célebre Stahl employoit beaucoup dans sa pratique, sous le nom de poudre tempérante quoiqu’il ne soit pas évident que c’en fût-là positivement la composition. Quoi qu’il en soit, la poudre que nous venons de décrire, est un remede très-employé dans la pratique la plus suivie, & dont la vertu réelle dépend des deux sels neutres ; car le cinnabre ne paroît servir qu’à la colorer : cette poudre s’ordonne à petite dose, à celle de cinq, six ou dix grains au plus qu’on réitere plusieurs fois dans la journée, & cela dans la vue d’opérer l’effet annoncé par le titre qu’elle porte, savoir de tempérer. Voyez Tempérans, Thérapeutique.