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Le sens du mot préparation pour signifier la confection, l’exécution extemporanée d’un remede, est plus arbitraire, car la préposition præ qui signifie d’avance, n’a ici aucun sens ; on emploie ce mot en Pharmacie d’après son acception très-vulgaire : on dit préparer une médecine, un clistere, au-lieu de faire exécuter, adornare, &c.

On se sert encore en Pharmacie du mot préparation dans un troisieme sens, on l’applique au produit même des préparations : il est à-peu-près synonyme du mot composition, s’il n’est même plus général. Ainsi une potion, un julep, un sirop, un électuaire, &c. sont des préparations ou des compositions pharmaceutiques.

Les Chimistes se servent aussi du mot préparation dans ce dernier sens ; ils nomment un sel neutre artificiel une teinture, un extrait, &c. des préparations chimiques. (b)

PRÉPARATOIRE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui n’est qu’une préparation à quelque autre chose ; ainsi on appelle jugement préparatoire, celui qui ne tend qu’à quelque éclaircissement, comme celui qui ordonne une enquête, une visite ou descente, un procès-verbal, une communication de pieces.

On appelle question préparatoire, en matiere criminelle, la torture qui est donnée à un accusé avant son jugement définitif, pour tâcher de tirer de lui la vérité & la révélation de ses complices, si l’on pense qu’il puisse en avoir quelqu’un. Voyez Question. (A)

PRÉPARER, v. act. (Gram.) c’est donner à une chose la disposition convenable à l’usage auquel on la destine ; on dit préparer un médicament, se préparer au combat & à la mort ; préparer les esprits à recevoir les choses qu’on veut leur annoncer, &c.

Préparer, (Critique sacrée.) ce mot se met pour apprêter, Matt. xxij. 4. pour disposer, ps. lx. 3. pour destiner, ps. lxvij. 4. pour faire éclater, Is. lij. 10. pour établir, affermir, ps. xcxij. 2. & ps. lxiv. 7. pour apporter, causer, procurer, prov. xxviij. 3. (D. J.)

Préparer, en Musique, c’est traiter les dissonnances dans l’harmonie, de maniere qu’à la faveur de ce qui les précede, elles sont le moins dures à l’oreille qu’il est possible. Il n’y a fondamentalement qu’une seule dissonnance qui se prépare : c’est la septieme, encore cette préparation n’est-elle point nécessaire dans l’accord dominant. Voyez Accord ; mais comme cet accord de septieme se renverse, se combine de plusieurs manieres, de-là naissent aussi diverses manieres apparentes de préparer, qui, dans le fond, reviennent pourtant toujours à la même.

Il faut considérer trois choses dans la pratique des dissonnances, savoir l’accord qui précede la dissonnance, celui où elle se trouve, & celui qui la suit : la préparation ne regarde que les deux premiers ; pour la troisieme, voyez Sauver.

Quand on veut préparer régulierement une dissonnance, il faut choisir, pour arriver à son accord, une telle marche de basse fondamentale, que le son qui forme la dissonnance soit prolongé d’une consonnance de l’accord précédent, c’est ce qu’on appelle syncoper. Voyez Syncope.

De cette préparation il résulte deux avantages ; savoir qu’il y a nécessairement liaison harmonique entre ces deux accords, puisque c’est la dissonnance même qui forme cette liaison, & que cette dissonnance n’étant que le prolongement d’un son agréable, devient beaucoup moins dure à l’oreille qu’elle ne le seroit sur un son nouvellement frappé ; or c’est là tout ce que l’on cherche dans la préparation. Voyez Cadence, Dissonnance, Harmonie.

On voit par ce que je viens de dire, qu’il n’y a aucune partie destinée spécialement à préparer la dissonnance que celle même qui la fait entendre ; de-

sorte que si le dessus sonne la dissonnance, c’est à lui de syncoper : mais si la dissonnance est à la basse, il faut que la basse syncope : quoiqu’il n’y ait rien là que de très-simple, les maîtres de composition ont furieusement embrouillé tout cela.

Préparer, (Jardinage.) se dit, 1°. des terres qu’on laboure, qu’on dispose à recevoir les plantes & les semences qui leur sont destinées ; 2°. les arbres qui promettent une belle pousse.

PRÉPONDERANT, ante, adj. (Méchan.) on appelle ainsi un poids qui étant mis dans un bras de balance, l’emporte sur le poids opposé, ce qui arrive quand le moment du poids préponderant est plus grand que le moment du poids opposé. Voyez Moment.

PRÉPOSÉ, PRÉPOSER, v. act. (Gram.) c’est charger de la conduite d’une chose. Le roi l’a préposé à l’entretien des grands chemins du royaume. Les intendans sont préposés par la cour pour exercer l’autorité du roi sur les provinces ; mais l’autorité consiste à reprimer le mal & à faire le bien.

PRÉPOSITE, s. m. (Hist. anc.) nom général donné à tous ceux qui avoient le commandement ou l’inspection de certaines personnes ou de certaines affaires, sur-tout dans le Bas-empire, & principalement sous les empereurs de Constantinople, ou le nombre de ces officiers fut extrèmement multiplié. Voici les principaux préposites dont il est parlé dans les anciens auteurs. Præpositus argenti potorii, celui qui avoit soin de la vaisselle d’argent des empereurs. Præpositus auri escarii, l’officier chargé de la vaisselle d’or. Præpositus barbaricariorum, celui qui avoit soin de faire faire pour l’empereur toutes sortes de vaisselles & d’armes. Il n’y avoit point de ces préposites dans le Levant, mais il y en avoit trois en Occident, à Arles, à Rheims & à Trèves. Præpositus bastagæ, l’officier qui avoit soin des habits, de la vaisselle & des meubles de l’empereur lorsqu’il étoit en voyage. Il y en avoit quatre dans l’Orient à qui l’on donnoit le titre de præpositi bastagæ primæ orientalis. Ils étoient obligés de fournir quatre fois par an de la laine, de la soie, des toiles fines, de la pourpre, du sucre & de la canelle qu’ils envoyoient par mer à Constantinople. Il y en avoit aussi quatre en Occident, qu’on appelloit præpositi primæ, secundæ, &c. Gallicanorum, c’est-à-dire préposites des choses qu’on envoyoit des Gaules, ou qui passoient par les Gaules ; le mot de bastage vient du grec βαστάζω, porter. Præpositus cameræ regalis étoit le même que cubicularius, qui signifie un valet-de-chambre, & le præpositus cubiculi, étoit le premier homme-de-chambre qui commandoit les autres. En vertu de sa charge il étoit attaché à la personne de l’empereur, & couchoit à côté de lui dans un lit séparé. Il jouissoit de divers privileges, comme de ne point payer d’impôt pour les chevaux qu’il entretenoit, d’être exempt de faire des corvées avec ses chevaux, & de loger des étrangers. Du tems des Paléologues, ces officiers portoient des habits de pourpre ornés d’or & d’argent. Præpositus cursorum, le surintendant des postes. Præpositus fibulæ, celui qui avoit soin des boucles, des ceinturons dont on serroit & attachoit les habits de l’empereur quand il se mettoit à table. Præpositus domus regiæ, étoit une espece d’intendant de la cour. Præpositi labarorum, ceux qui portoient devant l’empereur la banniere ou étendart nommé labarum ; ils étoient cinquante, selon Eusebe. Præpositus læti ou lætorum, celui qui avoit soin des biens fonds & des terres qui appartenoient au public, car le mot lætæ ou terræ lætitiæ, signifie les champs. Præpositus largitionum romanarum, c’étoit le trésorier de l’empereur, on l’appelloit autrement, comes sacrarum largitionum, parce que la ville de Rome portoit le titre de sacra. Præpositus limitum, étoit un officier de distinction qui commandoit les troupes dispersées dans les places frontieres.