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ration des chairs, voyez l’article Incarnation. (Y)

PUSCHIAVO, (Géog. mod.) en allemand Peselas, communauté des pays des Grisons, dans la ligue de la Caddée ; le chef-lieu qui porte le même nom, est un gros bourg dans lequel se tiennent la régence & la communauté.

PUSILLANIME, adj. PUSILLANIMITÉ, s. f. (Gramm.) foiblesse d’esprit, manque de courage. Il y a des hommes nés pusillanimes. Il y en a qui ont de la force dans l’esprit, du courage d’ame, & à qui un petit accès de fievre, un frisson du pouls ôte ces qualités ; alors ils ont de l’inquiétude, ils tremblent, ils craignent tout ce qui les environne, ils se croient menacés de quelque accident imprévu. Il y a peu de personnes qui ne connoissent cet état.

PUSQUAM, (Hist. nat. Botan.) nom sous lequel quelques indiens de la nouvelle Espagne désignent le Méchoacan. Voyez cet article.

PUSSA, s. f. (Idolât. chinoise.) déesse des Chinois, que les Chrétiens nomment la Cibele chinoise. On la représente assise sur une fleur d’alisier, au haut de la tige de l’arbre. Elle est couverte d’ornemens fort riches, & toute brillante de pierreries. Elle a seize bras qu’elle étend, huit à droite & huit à gauche ; chaque main est armée de quelque chose, comme d’une épée, d’un couteau, d’un livre, d’un vase, d’une roue, & d’autres figures symboliques. Hist. de la Chine.

PUSTER, s. m. (Idolât. des Germains.) nom propre d’une idole des anciens Germains. Plusieurs auteurs ont fait mention de cette idole, entre autres Fabricius, dans son traité de rebus metallicis ; Théodore Zwinger, dans son theatrum vitæ humanæ ; Merian. dans sa description du cercle de la haute-Saxe ; André Toppius, dans celle de sonders hausen ; Henri Ernest, dans ses observations diverses ; Sagittarius, dans ses antiquités payennes ; Tollius, dans ses epistolæ itinerariæ ; Pretorius, dans sa magia divinatrix, &c. mais tout ce qu’ils nous en apprennent est plein de fables & de contradictions ; enfin, Jean-Philippe-Christien Staube a mieux débrouillé que personne ce qui regarde cet ancien monument des Germains idolâtres, dans une dissertation intitulée, Pusterus vetus Germanorum idolum, imprimée à Giessen en 1726, in-4°. Le lecteur peut la consulter. (D. J.)

PUSTO-OZERO, (Géogr. mod.) ou Pusto-Zerokoy, selon quelques cartes ; ville de l’empire russien, dans la province de Petzora, sur la rive droite du fleuve de même nom, proche son embouchure dans la mer Glaciale.

PUSTULE, s. f. petite élevure, ou éruption de la peau, laquelle est pleine de pus, & qui se forme ordinairement dans la grande & petite vérole. Voyez Exantheme.

PUTAIN, (Hist. mod.) voyez Courtisane & Concubine.

PUTANISME, s. m. (Grammaire.) terme francisé de l’italien ; vie ou condition de putain ou de ribaud. Ce terme vient de l’italie putta, qui originairement signifioit simplement petite fille, on a fait en françois pute ; de puttana dérivé de putta, on a fait putain, & de puttanismo, putanisme.

PUTATIF, adj. (Jurisprud.) se dit de celui qui est réputé avoir une qualité qu’il n’a pas réellement ; ainsi pere putatif est celui que l’on croit être le pere d’un enfant, quoiqu’il ne le soit pas en effet.

PUTÉA, (Géogr. anc.) nom d’une ville de l’Afrique propre, & d’une ville de Syrie dans la Palmyrène, selon Ptolomée.

PUTÉAL, s. m. (Antiq. rom.) espece de puits couvert à Rome, sur lequel on avoit dressé un autel dans le lieu des comices, proche du tribunal où on rendoit la justice. C’étoit sur cet autel qu’on prêtoit le serment, en le touchant de la main. Cicéron, lib. I.

Divinat. rapporte la formule des sermens, qui consistoit à attester Jupiter, & à le prier qu’il dépouillât de ses biens celui qui faisoit le serment, s’il juroit faux, comme il se dépouilloit d’une pierre qu’il tenoit à la main, & qu’il laissoit tomber : si ego te sciens fallo, ita me ejiciat Diespiter bonis, salvâ urbe & arce, ut ego hunc lapidem. « Si je vous trompe en le sachant, que Jupiter me dépouille de mes biens, comme je me défais de cette pierre ». Putéal vient du mot puteus, un puits.

Le putéal de Libon, puteal libonis, si célebre dans l’histoire romaine, étoit un rebord de puits avec un couvercle dans la place romaine, que Scribonius Libo avoit fait élever par ordre du sénat, sur un endroit où la foudre étoit tombée, suivant la coutume superstitieuse des Romains en pareilles occasions. Ce putéal étoit attenant le temple de Faustine, près des statues de Marsyas & de Janus ; il renfermoit dans son enceinte un autel, une chapelle, & tout-auprès étoit le tribunal d’un préteur, ou d’un centumvir, qui connoissoit des affaires concernant le commerce. Les banquiers se tenoient au-tour de ce puits couvert. On voit encore la figure de ce putéal dans quelques médailles, avec l’inscription putéal libon. (D. J.)

PUTEOLI, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans la Campanie heureuse, aujourd’hui Pozzuolo, & par les François Poussol. Voyez Poussol.

Les Grecs nommerent cette ville Διχαιαρχία ou Διχαίαρχεια, & c’est son plus ancien nom : Dicæarchia, dit Etienne le géographe, urbs Italiæ quam Puteolos vocari aiunt. Festus & lui rendent raison du nom latin ; ils disent que le nom de Puteoli vient de la puanteur des eaux chaudes qui sont aux environs, ab aquæ calidæ putore ; Festus ajoute pourtant que, selon quelques-uns, ce nom a été occasionné par la grande quantité de puits qu’on avoit creusés à cause de ces eaux, à multitudine puteorum earumdem aquarum caussâ factorum.

Dès le tems de la guerre d’Annibal, Puteoli étoit une place forte, où les Romains tenoient une garnison de 6000 hommes qui résisterent aux efforts d’Annibal. Tite-Live, l. XXXIV. c. xlv. & Velleius Paterculus, l. I. c. xv. nous apprennent qu’après que cette guerre fut finie, les Romains firent de Puteoli une colonie romaine. Comme Tacite, l. XIV. c. xxv. dit qu’elle acquit le droit & le nom de colonie sous l’empereur Néron, il ne faut pas l’entendre du simple droit de colonie dont elle jouissoit il y avoit déja long-tems, mais du droit de colonie d’Auguste qui étoit plus considérable que le premier.

Puteoli fut bâtie par les Samiens l’an 4 de la lxiv. olympiade, qui étoit le 232 de Rome. Ils la nommerent, comme je l’ai déja dit, Dicæarchia, & les poëtes latins se sont servis de ce mot pour la désigner, lors même qu’elle eut changé de nom. Elle appartint quelque tems à ceux de Cumes qui en firent leur port. Les Romains la subjuguerent pendant la seconde guerre punique l’an 538 de Rome, & y mirent une bonne garnison. Ils l’érigerent en colonie vingt ans après, & lui changerent son nom en celui de Puteoli. Ce fut l’un des meilleurs ports qu’ils eussent sur cette mer-là, & les navires marchands d’Alexandrie y avoient leur étape.

Elle devint très-considérable par la beauté des édifices publics que l’on y bâtit, je veux dire par ses temples, par ses cirques, par ses théâtres & par ses amphithéâtres. Les maisons de plaisance que les plus riches citoyens de Rome & Cicéron entr’autres firent élever dans son voisinage, contribuerent encore à la rendre illustre. Ses bains furent renommés, & le sont toujours.

Il y avoit aussi dans ses environs une fontaine célebre ; cette fontaine ne croissoit & ne diminuoit ja-