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che & sert à racler la langue : en considérant sa forme à sa partie supérieure, on voit qu’elle a une dépression dans le milieu, & qu’elle est composée de deux corps musculeux qui font sur les côtés deux éminences, selon toute sa longueur. On s’est déterminé en conséquence de cette structure, à faire des racloires d’argent dont la lame est pour-ainsi-dire festonnée, suivant la concavité du milieu de la langue, & les deux convexités de ses parties latérales. Les extrémités un peu plus fortes sont configurées en cœur, & servent à être maintenues entre le pouce & le doigt indicateur de chaque main.

Il y a des racloires faites en espece de rateau sans dents & qui ont une queue, qui leur sert de manche ; cet instrument s’appelle aussi gratte-langue. Le sieur de Lescluze, dans un traité qui a pour titre, nouveaux élémens d’odontologie, publiés en 1754, dit qu’il a remarqué qu’il est presque impossible de nettoyer exactement les dents à leur partie postérieure, & qu’il a imaginé un gratte-langue, dont la queue est à pinces courbes. Les branches de cette pince se serrent par un anneau, comme un porte-crayon ; on met une éponge entre ces branches, & par ce moyen on enleve aisément de dessus les surfaces de toutes les dents, le limon qui forme le tartre, si préjudiciable à leur durée & à celle des gencives. (Y)

Racloire, (Artillerie.) instrument de fer qui, dans l’artillerie, sert à nettoyer l’ame & la chambre du mortier. Voyez Mortier, Ame & Chambre. (Q)

Racloire, (Outil de divers ouvriers.) instrument avec lequel on racle. Les Chauderonniers ont des racloires pour gratter les ustensiles de cuivre qu’ils veulent étamer ; les Graveurs au burin, pour ratisser les faux traits de leur gravure ; les Tonneliers, pour nettoyer les douves par le dedans des futailles ; ceux des Graveurs & Chauderonniers se nomment plus proprement des grattoirs, & la racloire des Tonneliers est ce qu’on appelle essette. Savary. (D. J.)

Racloire, terme d’Ebeniste, c’est un outil dont se servent les menuisiers de placage & de marquetterie ; il est partie d’acier & partie de bois : ce qui est d’acier est une espece de lame de trois à quatre pouces de longueur, & de deux ou trois de haut ; la partie de bois qui sert de poignée est de même longueur, arrondie par le haut, avec une rainure par le bas, dans laquelle la lame est engagée. (D. J.)

Racloire, pour graver en mezatinta ou en maniere noire, est un outil d’acier plat & emmanché d’un manche de bois ; cet outil est aiguisé en biseau & diagonalement comme on le voit représenté dans nos Planches ; les graveurs en maniere noire s’en servent pour racler le grain du cuivre & le rendre uni. Voyez Gravure en maniere noire.

Racloire, (Horlogerie.) lame tranchante des deux côtés, portée par un manche. Les Horlogers & d’autres artistes se servent de cet outil pour racler les plaques & les platines, & pour en effacer promptement les traits de la lime. Voyez nos Planches de l’Horlogerie.

Racloire, instrument de bois fait en forme de regle, qui sert à racler ou rader les mesures de grains quand elles sont trop pleines & qu’on ne veut pas les rendre comble. Voyez Racler.

RACLURE, s. f. c’est la poussiere ou les parties détachées d’un corps avec la racloire ; on dit de la raclure de corne de cerf ; de la raclure de parchemin, &c.

RACOLEUR, s. m. (Grammaire.) espece de coquin, dont le métier est d’engager des hommes d’adresse ou de force. Au milieu d’une campagne, il y a peu d’officiers qui se fassent un scrupule d’employer des racoleurs.

RACONI, (Géog. mod.) ou Raconigi ; ville d’I-

talie dans le Piémont, entre Savillan & Turin, dans

un pays charmant, sur les petites rivieres de Grana & de Macra. Il y a dans cette ville deux paroisses, onze couvens, dix d’hommes, un de filles, & environ sept mille habitans. Long. 25. 16. latit. 44. 35. (D. J.)

RACONTER, v. act. (Gramm.) c’est faire le récit d’un fait, sans ajouter ni retrancher aux circonstances ; sans cela le récit devient un mensonge. L’histoire du faux Arnauld est une fourberie si compliquée, qu’elle est devenue presque impossible à raconter. On raconte d’Alexandre qu’il fit traîner à un char celui qui commandoit dans Gaza, quoique cet homme brave ne fût coupable à ses yeux que de s’être bien défendu. Il faut rabattre la moitié, & quelquefois le tout, de la plupart des choses merveilleuses qu’on entend raconter. Celui qui raconte sans cesse, fatigue. Il montre beaucoup de mémoire, & peu de jugement. Le talent de bien raconter est rare.

RACORNIR, se, v. passif. (Gram.) c’est prendre la consistance & la couleur de la corne. Le feu racornit le parchemin, le cuir, la peau, le blanc d’œuf, la viande.

RACOVI, (Géog. mod.) ou Aracovi ; village de Grece, dans la Livadie. George Wheler, voyage, tom. II. pag. 16. dit : Dans ce village composé de grecs & d’albanois, avec un soubachi ou vayvode turc qui les gouverne, il n’y a point de mosquée ; mais il y a plusieurs églises, dont la meilleure est panagia, ou l’église de la sainte Vierge : les autres sont dédiées à S. George, à S. Démétrius & à S. Nicolas, & quelques autres petites chapelles. Les femmes ajustent là de petites pieces de monnoie, qui leur pendent sur le cou & sur les épaules : elles en parent aussi leurs corps-de-jupes & leurs manches. Elle peignent leurs cheveux en arriere, qu’elles tressent fort joliment sur leur dos, & y pendent à l’extrémité des boutons d’argent : le reste de leur habillement est une longue veste de drap blanc. Ce sont tous des bergers & des bergeres qui paissent leurs troupeaux sur les montagnes.

On trouve quelques fragmens d’antiquité dans une église ; on y voit quelques morceaux de colonnes de marbre, & des chapiteaux d’ordre corinthien, ce qui fait croire que Racovi est une place ancienne. M. Spon a jugé que c’étoit l’ancienne Amphrysus ; mais Wheler, voyage de Zante à Athènes, liv. I. pag. 58. n’est point de ce sentiment, qui, dit-il, ne s’accorde ni avec Strabon, ni avec Pausanias, qui placent Amphrysus fort loin de l’endroit où est Racovi. (D. J.)

RACOVIE, (Géog. mod.) ville ruinée de la petite Pologne, dans le palatinat de Sendomir. Elle est fameuse dans l’histoire par l’école & l’imprimerie que les Sociniens y ont eue, & elle étoit alors le siege de leur secte, qui s’est répandue dans tout le monde. Depuis qu’ils furent chassés de cette ville, en 1645, elle est devenue déserte.

Lubienietski (Stanislas), gentilhomme polonois, y prit naissance en 1623. Il est connu par son theatrum cometicum, & par quelques ouvrages dont on trouve les titres dans la bibliotheque des unitaires. Il étoit en grand commerce de lettres par toute l’Europe, & mourut empoisonné en 1675, à 52 ans.

RACOUR, s. m. (Manufact. en laine.) c’est la quantité dont l’étoffe se raccourcit au moulin, à la teinture, & aux différens apprêts qu’on lui donne.

RACQUITTER, v. act. & passif. (Gram.) c’est en général réparer une perte faite au-delà de ses fonds. Celui qui se racquitte au jeu, s’y étoit endetté par une perte qui alloit au-delà de son argent comptant. Il se prend au figuré ; on racquite le tems perdu ; on se racquitte d’une défaite par une victoire, &c.

RADAINUS, s. m. (Hist. nat.) nom d’une pierre