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réellement le degré de chaleur animale. Voyez l’article suivant.

Les rafraîchissans sont employés contre les incommodités, & dans le traitement des maladies proprement dites ; il est traité assez au long de leur emploi au premier égard dans les articles Chaleur animale contre nature, Echauffant, & Echauffement.

Quant au second usage des rafraîchissans, savoir, leur emploi dans le traitement des maladies aiguës, on doit le considérer sous deux points de vue, ou comme fournissant le fond, la ressource principale d’une méthode curative générale, telle, par exemple, que celle que professa Hecquet, & qui regne encore assez communément en France. L’usage des rafraîchissans est encore jugé à cet égard dans l’article Chaleur animale contre nature, pag. 36, col. 2, & pag. 37, col. 1.

L’autre usage des rafraîchissans dans le traitement des maladies aiguës, est de remédier par leur moyen à quelques symptomes graves de ces maladies, savoir, la chaleur véritablement excessive, & portée à un degré dangereux (voyez Chaleur contre nature), mais principalement les sueurs symptomatiques excessives, & qui jettent le malade dans un véritable état d’épuisement.

On a recours dans ces derniers cas aux rafraîchissans extérieurs qui sont les plus directs & les plus efficaces, & même aux plus énergiques d’entr’eux : on découvre un malade, on l’évente dans son lit, on l’arrose d’eau à la glace, & même on le couvre de neige ou de glace. Ces secours, quoiqu’on les emploie rarement, sont pourtant le plus souvent suivis des plus heureux succès.

Le plus efficace des rafraîchissans destinés à l’usage intérieur sont les liqueurs acidules qui sont indiquées aussi contre les symptomes des maladies aiguës dont nous venons de parler ; & il est souvent utile, quoique cela soit rarement pratiqué, de donner ces liqueurs rafraîchies, & même à la glace.

Les liqueurs aqueuses actuellement froides, sont aussi comme telles, c’est-à-dire, par leur froideur des remedes qu’on emploie utilement dans le même cas.

Tous les autres’rafraîchissans, dont nous avons fait mention au commencement de cet article, méritent à peine ce nom, & ne produisent absolument que l’effet délayant. Voyez Délayant. (b)

Rafraichissans, terme de Chirurgie concernant la matiere médicale externe. Ce sont des médicamens qui ont la vertu de tempérer & de calmer la chaleur extraordinaire qu’on sent dans une partie ; telles sont les lotions faites avec les sucs de laitue, de pourpier, de grande & de petite joubarbe, l’eau de plantain, de mouron, de fleur de lis blancs, de nénuphar, de morelle, le petit-lait, l’eau de frai de grenouilles, &c. l’onguent blanc, l’onguent de céruse, le nutritum fait avec la litharge, l’huile & le vinaigre ; le cérat rafraîchissant de Galien, camphré ou non camphré, l’emplâtre de saturne, & différentes préparations de plomb ; le sel de saturne, les trochisques blancs de rhasis, &c.

Ces remedes agissent sur les solides & sur les fluides, en resserrant les premiers, ou en les disposant à se contracter, & en diminuant le mouvement intestin des liqueurs. On met les rafraîchissans au nombre des repercussifs, & ils en font effectivement une classe. Ils seront dont nuisibles lorsqu’il y aura à craindre de repercuter, même modérément ; mais l’application de ce remede sera très-utile quand on devra borner la force expansive des liqueurs & la végétation concomitante des solides : ce qu’on observe principalement dans les cancers ulcérés. C’est pourquoi les rafraîchissans en diminuant le mouvement du sang qui

afflue sur la partie, & en réprimant l’expansion & l’orgasme des humeurs qui y sont en stagnation, & les repoussant légerement par la contraction ou le resserrement qu’elles occasionnent aux solides, la douleur, la chaleur & l’inflammation de la partie diminuent.

Ambroise Paré recommande l’usage de l’huile d’œufs agitée long-tems dans un mortier de plomb, jusqu’à ce qu’elle soit épaissie & devenue noire : on y ajoûte un peu de camphre & de poudre d’écrevisse brûlée ; ce liniment calme la douleur des cancers. Le sucre de saturne dans de l’eau de plantain, est un très bon remede, ainsi que les sucs de morelle ou de semper vivum battus long-tems dans un mortier de plomb avec un pilon de même métal, &c. Voyez Rafraichissement. (Y)

RAFRAICHISSEMENT, s. m. l’action de rafraîchir, de rendre frais. Tout le monde sait que le corps humain est affecté des changemens qui arrivent dans l’air par le chaud & par le froid : un certain degré de chaleur pas assez fort pour dessécher ou détruire les solides, alonge & relâche les fibres ; de-là l’abattement & la foiblesse qu’on sent dans les jours chauds. L’effet de ce relâchement des fibres, & l’expansion des fluides par la chaleur, sont évidens à la vûe & au toucher ; car les parties extérieures du corps sont plus gonflées en tems chaud qu’en tems froid. Ces considérations, qui établissent une cause de la gangrene qui survient si fréquemment aux plaies pendant les grandes chaleurs, nous indiquent les moyens de la prévenir par des secours fort simples. Une infinité d’accidens procedent de ce qu’on tient la chambre d’un homme attaqué de fievre, trop chaude ; car on l’expose par-là aux mauvais effets des vapeurs animales qui détruisent l’élasticité de l’air, & on le prive de l’avantage de la refrigération par l’air frais, dont on sait par expérience que les malades recherchent avidement la jouissance, jusque là même qu’ils sortent du lit pour se procurer du frais. Le rafraichissement de la place qu’occupe un membre fracturé, prévient les prurits & les démangeaisons érésipellateuses que la chaleur occasionne. Nous en avons parlé au mot Flabellation.

Le renouvellement de l’air dans la chambre d’un malade, en donnant à ce fluide une libre entrée par l’ouverture des portes, des rideaux du lit, & même en quelque cas par l’ouverture des fenêtres, ou le faisant entrer par des tuyaux ; en un mot la juste distribution de l’air en général devroit faire, selon le docteur Arbuthnot, une des principales branches du régime dans les maladies inflammatoires. Les soins trop scrupuleux des gardes ignorantes à cet égard, augmentent, dit-il, alongent & rendent souvent la maladie fatale ; cette erreur est encore plus dangereuse dans les personnes robustes, & dont les solides sont d’un tissu serré, que dans ceux dont l’habitude est lâche ; les corps retenant la chaleur à raison de leur densité. (Y)

Rafraichissement, (Marine.) nom général ou collectif qu’on donne à toutes sortes de vivres agréables ou nécessaires, comme du pain frais, de la viande fraîche, des herbes, du fruit, &c. & pour les matelots, du tabac, de l’ail & de l’eau-de-vie.

Rafraichissement, quartiers de rafraîchissement, voyez Quartier.

Rafraichissement des liqueurs, voyez Refroidissement.

RAFRAICHISSOIR, s. m. terme de Raffineur, est un grand vase de cuivre rouge composé de plusieurs pieces assemblées, où l’on rassemble plusieurs cuites pour emplir un nombre de formes proportionné à celui des ouvriers, qui ne pourroient ni emplir, ni opaler, ni mouver au tems nécessaire, si le nombre surpassoit leurs forces. Voyez ces mots à leurs articles. On