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Recuire carreaux, terme d’ancien Monnoiage, c’étoit mettre les carreaux au feu pour en rendre le métal plus facile & plus doux à travailler.

Recuire, en termes d’Orfevre en grosserie, c’est remettre au feu les pieces quand elles ont été réparées, pour brûler la crasse ou les ordures qui peuvent s’y trouver, & donner également prise au blanchissement sur toute la piece.

Recuire, en termes de Planeur, se dit de l’action de rendre le métal plus doux & plus friable, après qu’il a été forgé, pour les planer plus aisément & sans risque.

Recuire, en termes de Verrerie, c’est placer les pieces dans un four particulier, appellé de cet usage four à recuire, les y chauffer, & empêcher par cette manœuvre qu’elles ne se fêlent exposées à l’air.

RECUIT, s. m. (Gramm. & Arts méchan.) il se dit & de l’action de recuire, & de la qualité acquise à la piece par l’action de recuire.

Recuit, on dit en termes de Fondeur d’artillerie, &c. mettre ou porter un moule au recuit, lorsqu’effectivement ce moule étant vuidé par le dedans de la premiere terre qui avoit servi à le former, & qu’il ne reste plus que la chappe qui doit donner l’impression au métal, on le porte dans la fosse destinée pour cela, on le recuit, & on le seche avec force buches allumées qu’on jette dedans.

Recuit, s. m. (Monnoyage.) il se dit des métaux & du verre. Les monnoyeurs disent qu’un flaon a été au recuit quand on l’a mis au fourneau qui sert à recuire les especes avant qu’on les frappe. Les ordonnances veulent que les ouvriers mettent les flaons & carreaux au recuit à toutes les façons qu’ils donnent à l’ouvrage. Le recuit de verre consiste à être mis dans une arche du fourneau des verriers pour achever d’y prendre sa parfaite cuisson. Boisard.

RECUITEURS, s. m. pl. terme de Monnoyeurs, ouvriers des monnoies qui ont soin de cuire les flaons ; ce sont proprement les apprentis. On leur donne ce nom parce que c’est ordinairement la fonction des nouveaux ouvriers, & comme leur apprentissage en fait de monnoyage, de donner le recuit aux lames & aux flaons. (D. J.)

RECUL, s. m. (Fortificat.) est le mouvement en arriere de quelque corps que ce soit, mais singulierement d’une arme à feu. Voyez Canon, Mortier, &c.

Plus la charge est forte, cæteris paribus, plus le recul est considérable.

Par une expérience faite en présence de la société royale de Londres, & rapportée dans les Transactions philosophiques, on a trouvé que des canons avec une certaine charge, envoient le boulet à gauche de leur direction naturelle, & que le recul au contraire se faisoit en tirant sur la droite.

Quelques membres de l’académie royale des Sciences doutant de la justesse de l’observation, M. Cassini le jeune entreprit de répeter l’expérience ; ce qu’il fit avec une machine aussi semblable qu’il put à celle dont on s’étoit servi en Angleterre, & réitéra l’opération quantité de fois.

Le résultat de cette expérience fut que le boulet, quand le canon avoit la liberté du recul, s’écartoit en effet à droite de la ligne qu’il auroit suivie si le canon eût été arrêté de maniere à ne point pouvoir reculer ; mais on ne trouva point ces deux directions contraires entre le boulet & le recul qu’on avoit trouvées en Angleterre. Voyez l’histoire de l’academie royale des Sciences, année 1703, p. 120. &c. Chambers.

Le recul est causé par l’action de la poudre, qui en s’enflammant agit d’abord également sur toutes les parties intérieures de la chambre, ce qu’elle ne peut faire sans donner un petit mouvement à la piece de tout sens ; mais comme la résistance des côtés dirige

l’action de la poudre, selon la direction de l’ame du canon, lorsqu’elle agit sur le boulet pour le pousser ou chasser en avant, elle agit aussi vers la partie de l’ame opposée à l’ouverture de la piece, c’est-à-dire vers la culasse, à laquelle elle donne ce mouvement en arriere qu’on appelle recul. Le recul diminue une partie de l’action de la poudre sur le boulet, mais on ne peut éviter cet inconvenient. Si l’on vouloit empêcher l’affut de s’y prêter, l’action de la poudre le briseroit en très-peu de tems. (Q)

Recul, (Horlogerie.) c’est dans l’échapement dit à recul, l’excès de la force motrice transmise sur le régulateur, qui par son mouvement acquis fait retrograder la roue de rencontre.

Dans l’échappement à recul & à palette, l’on sait que l’axe de la roue de rencontre est perpendiculaire sur celui du balancier, & que la roue poussant par une de ses dents la palette du balancier, lui communique le mouvement en lui faisant décrire un arc appellé arc de levée ; & après cette levée le balancier ayant reçu du mouvement, continue l’arc qui devient cinq ou six fois plus grand. Pendant ce tems la dent diametralement opposée, qui est la suivante, pour pousser l’autre palette se trouve en action sur elle, & tend par son mouvement propre à retenir la vibration. Mais comme le balancier a acquis de la force pour continuer l’arc commencé, il arrive que la palette opposée qui doit succéder, a obligé la roue de rencontre de retrograder ; c’est ce qui forme le recul.

Ce recul est en raison composée de la directe des arcs que le balancier décrit après la levée, & de l’inverse du nombre des dents de la roue. Le balancier ayant fini sa vibration, se trouve ramené par le concours de la roue de rencontre qui reprend son mouvement direct & de la réaction de son ressort spiral.

Dans cet échappement, la vibration du balancier est gênée par l’extrémité de la palette opposée à celle qui vient de décrire l’arc de levée ; d’où il faut remarquer que le levier de résistance est plus court que la palette, puisqu’il n’est à cause de l’obliquité, que le sinus de l’angle qu’elle forme sur le plan de la roue ; de sorte que ce levier étant très-court & très-puissant pour faire retrograder la roue de rencontre, & celle-ci au contraire n’ayant que peu de force à l’extrémité de son rayon pour gêner la vibration, cet échappement est celui qui permet le plus puissant régulateur. M. Romilly.

RECULEMENT, s. m. en Architecture, se dit ordinairement d’une ligne verticale à une ligne inclinée, comme de l’aplomb au talud, ou de l’écartement d’une ligne courbe à l’égard de la tangente, comme à une porte en tour ronde ou creuse, à l’égard de sa corde, ou d’une parallele.

Reculement d’arestier, s. m. (Arch.) d’autres disent ralongement d’arestier ; c’est la ligne diagonale depuis le poinçon d’un croupe jusques au pié de l’arestier, qui porte dans l’encoignure de l’entablement. On le nomme aussi trait rameneret.

Reculemens, ou Bandes de côté, terme de Bourrelier, c’est une partie du harnois des chevaux de carrosse, qui consiste en une large bande de cuir épaisse & ourlée qui regne le long des côtés du cheval, & vient passer par-devant sur le poitrail qu’elle double en quelque maniere. Cette bande de cuir va se terminer des deux côtés à un gros anneau de fer, immédiatement à l’endroit où finit l’avaloir d’en-bas. On l’appelle reculement, parce que le cheval en reculant tire en arriere l’avaloir d’en-bas, laquelle au moyen de deux anneaux qui lui sont communs avec les reculemens, attire en arriere les chaînettes qui sont attachées au timon, & par cette méchanique font reculer le timon & par conséquent le carrosse. On l’appelle aussi bandes de côté, parce qu’effectivement cette partie des harnois regne le long des flancs du cheval.