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RENGAGER, v. act. (Gram.) engager de-rechef. Rengager une action. Se rengager dans les mêmes liens. Voyez Engager.

RENGORGEUR, oblique. Voyez Droit.

Rengorgeur droit, voyez Transversaire de la tête, appellé premier transversaire.

RENGRAISSER, v. act. (Gramm.) engraisser de nouveau. Voyez Engraisser & Graisse.

RENGRENEMENT, s. m. (Monnoyage.) ce terme signifioit dans les hôtels des monnoies, dans le tems qu’on y faisoit encore le monnoyage au marteau, l’opération du monnoyeur, qui remettoit le flaon entre la pile & le trousseau, c’est-à-dire, entre les quarrés d’effigie & d’écusson, afin que s’il n’avoit pas été bien marqué du premier coup de marteau, on pût en achever plus parfaitement l’empreinte par un second coup. A l’égard des médailles, comme elles sont d’un grand relief, il faut souvent en faire le rengrenement, & les recuire à chaque fois qu’on l’a recommencé ; si le relief est excessif, il faut souvent en recommencer le rengrenement jusqu’à quinze ou seize fois, & à chaque fois limer la matiere qui déborde au-delà de la circonférence. Savary. (D. J.)

RENGRENER, terme de Monnoie ; on dit rengrener une médaille lorsqu’elle n’a pas bien reçu l’empreinte, & qu’on la presse entre les deux carrés, ce qui se réitere plusieurs fois.

RENIER, v. act. (Gram.) c’est méconnoître, abjurer, renoncer. On renie Dieu. On renie la religion. On renie son pere. On renie sa dette.

RENIFFLER, (Maréchal.) se dit du bruit que le cheval fait avec ses naseaux, lorsque quelque chose lui fait peur.

RENITENCE, s. f. en Philosophie, signifie la force des corps solides par laquelle ils résistent à l’impulsion des autres corps, ou réagissent avec une force égale à celle qui agit sur eux. Ce mot vient du latin reniti, faire effort contre quelque chose. Voyez Réaction, voyez aussi Résistance.

Dans tout choc de deux corps il y a une renitence ; car un corps qui en choque un autre perd une partie de son mouvement par le choc, s’il n’est pas à ressort ; & le corps qui étoit en repos est forcé de se mettre en mouvement : au reste le mot de renitence est peu usité, ceux de réaction ou de résistance sont presque les seuls en usage. (O)

Rénitence, terme de Chirurgie, qui signifie proprement une dureté, ou une résistance au tact. La rénitence est un des principaux caracteres des tumeurs skirrheuses. Voyez Skirrhe.

Il est à-propos de savoir juger par expérience des différens degrés de rénitence, pour estimer à quel point les humeurs épaissies qui forment la tumeur, sont privées de la sérosité qui leur servoit de véhicule dans l’état naturel, & regler les médicamens dont on peut user pour obtenir la résolution de la tumeur. On connoît aussi par le degré de rénitence bien apprécié de l’effet des médicamens qu’on a employés. Le froid contribue beaucoup à l’induration des tumeurs, & les glandes sont plus sujettes aux tumeurs dures que les autres parties, parce que la lymphe, fort susceptible d’épaississement, circule avec lenteur dans ces organes. Les glandes du cou sont plus sujettes à devenir skirrheuses que celles des aisselles & des aines, parce qu’elles sont plus exposées au froid. Les amygdales s’enflamment assez facilement, & leur gonflement inflammatoire devient souvent une tumeur dure & rénitente par l’action du froid. Voyez Esquinancie. (Y)

RENK, (Hist. nat.) nom d’un poisson d’eau douce, que l’on pêche en Baviere, dans un lac près du château de Starenberg. On dit que sa chair est blanche comme la neige, & que le goût en est admirable, & qu’il meurt aussi-tôt qu’il est sorti de l’eau.

RENNE, rangifer, s. f. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede qui ressemble beaucoup au cerf, mais qui est plus grand. Le bois de la renne a une figure très-différente de celle du bois du cerf. « Les cerfs dit M. Renard dans son voyage de Laponie, n’ont que deux bois, d’où sortent quantité de dagues ; mais les rennes en ont un autre sur le milieu du front, qui fait le même effet que celle qu’on peint sur la tête des licornes, & deux autres qui s’étendant sur ses yeux tombent sur sa bouche. Toutes ces branches néanmoins sortent de la même racine ; mais elles prennent des routes & des figures différentes ; ce qui leur embarrasse tellement la tête, qu’elles ont de la peine à paître, & qu’elles aiment mieux arracher les boutons des arbres, qu’elles peuvent prendre avec plus de facilité ». Toute les extrémités du bois des rennes sont larges, plattes & terminées par des pointes. Les femelles portent un bois comme le mâle, mais plus petit. Il y a plus de noir dans la couleur du poil des rennes, principalement lorsqu’elles sont jeunes, que dans celles du poil du cerf.

Les rennes sauvages sont plus fortes, plus grandes & plus noires que les rennes domestiques : ces animaux sont encore plus légers que les cerfs, quoiqu’ils n’aient point les jambes si menues.

Les rennes se trouvent dans tous les pays du nord. Les Lapons en ont des troupeaux qui leur sont de la plus grande utile. Ils se vétissent de la peau des rennes. Ils la portent l’hiver avec le poil, & ils la dépouillent pour l’été. Ils se nourrissent de la chair de ces animaux, qui est grasse & très-succulente ; celles des rennes sauvages est la plus délicate. Ils emploient les os pour faire des arbalêtes & des arcs, pour armer leurs fleches, pour faire des cuilliers, &c. Ils font aussi avec les nerfs de ces animaux des fils pour coudre leurs habits : ils les doublent pour attacher les planches de leurs barques. Ils boivent le sang des rennes ; mais ils aiment encore mieux le faire dessécher au froid dans la véssie de l’animal, & s’en servir pour faire des potages, en faisant bouillir avec du poisson un morceau de ce sang desséché. Le lait des rennes est la boisson ordinaire des Lapons ; ils y mêlent presque moitié d’eau, parce qu’il est gras & épais ; les meilleures rennes n’en donnent que lorsqu’elles ont mis bas, & on n’en tire qu’un demi-septier par jour. Les Lapons en font aussi des fromages, qui sont gras, & d’une odeur assez forte, mais fade, parce qu’il n’y a point de sel.

Les rennes tirent des traineaux, & portent des fardeaux. On les attele au traineau par le moyen d’un trait qui passe sous le ventre de l’animal entre ses jambes, & qui s’attache sur le poitrail à un morceau de peau servant de collier ; il n’y a pour guide qu’une seule corde attachée à la racine du bois de l’animal. Ces traineaux vont très-vîte, surtout quand ils sont trainés par une renne bâtarde, c’est-à-dire une renne produite par un mâle sauvage & par une femelle domestique, que l’on a laissé aller dans le bois pour y recevoir le mâle. Lorsque la neige est unie & gelée, un traineau tiré par une renne des plus vîtes & des plus vigoureuses & bien conduite, peut faire jusqu’à six lieues de France par heure ; mais elle ne peut résister à cette fatigue que pendant sept à huit heures. La plûpart des rennes sont très-dociles ; mais il s’en trouve des rétives, qui sont presqu’indomptables. Lorsqu’on les mene trop vîte, elles se mettent en fureur, se retournent, se dressent sur leurs piés de derriere, & se jettent sur l’homme qui est dans le traineau : on n’en peut pas sortir, parce qu’on y est attaché ; ainsi on n’a d’autre ressource que de se tourner contre terre, & de se couvrir du traineau, comme d’un bouclier, pour se mettre à l’abri des coups de la renne. On ne peut aller en traineau que l’hiver,